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La Haute Autorité de Santé vient de remettre ce rapport, fruit de deux ans et demi de travail. Ce matin à 7h50, notre invitée est Anaïs Perrin-Prevelle, directrice de l'association OUTRANS, qui travaille notamment sur la formation aux questions autour de la transidentité. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50-du-week-end/l-invite-de-7h50-du-we-du-samedi-19-juillet-2025-5985848

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Transcription
00:00France Inter, le 6-9
00:047h52, comment améliorer l'accompagnement et la prise en charge des personnes transgenres dans leur transition ?
00:13Après deux ans et demi de travail, la Haute Autorité de Santé a commencé à répondre à cette question hier.
00:19Bonjour Anaïs Perrin-Prével, vous êtes directrice de l'association Outrans, qui fait notamment de la formation sur la transidentité.
00:26Vous avez participé à ce groupe de travail, à la rédaction du rapport.
00:30On va parler des recommandations bien sûr, mais d'abord une question sur ce qui ne figure pas dans ce rapport.
00:36Les recommandations concernant les mineurs, les travaux sont repoussés à 2026.
00:41Il y a eu une absence de consensus sur la question, dit le président de l'HAS.
00:46Est-ce que c'est parce que les pressions autour de cette commission étaient trop fortes ?
00:49Les pressions ont été extrêmement fortes.
00:51Il n'y a jamais eu de pression aussi forte sur quelque travail que ce soit de la Haute Autorité de Santé.
00:56Et je ne suis pas d'accord avec ce que dit le président de l'HAS sur le fait qu'il n'y ait pas de consensus.
01:00Il y a des consensus, il y a clairement un consensus qu'on retrouve dans beaucoup de recommandations internationales,
01:05que ce soit en Italie, en Allemagne, en France même, avec la Société Française de Pélo-Androchronologie.
01:09Donc il n'y a pas de sujet là-dessus.
01:10Le sujet c'est que dès le départ, on ne devait pas travailler sur les mineurs,
01:14vu que dans la feuille de route, enfin la note de cadrage, ça n'était ouvert qu'à partir de 16 ans.
01:18Donc en fait c'est les mineurs les deux dernières années, 16-18 ans,
01:21et qu'il y a un découpage qui est complètement artificiel, c'est un découpage qui n'a aucune raison médicale
01:26et qui n'a aucune raison légale non plus.
01:29On ne gagne rien à travailler strictement sur les 16-18.
01:32Donc tant qu'on a la garantie qu'il y aura un travail qui se fera sur les mineurs,
01:35il n'y a pas d'enjeu principal.
01:37Début 2026 dit l'AHF.
01:40Le temps que ça se mette en place, c'est-à-dire qu'il va y avoir pendant l'automne,
01:42sans doute la rédaction de la note de cadrage, la constitution du groupe de travail.
01:46Et on imagine qu'effectivement en 2026, le groupe de travail commencera à se réunir.
01:50Parlons donc maintenant des recommandations pour les adultes.
01:54Ce rapport, deux ans et demi de travail, je le disais,
01:56des experts indépendants qui ont analysé toutes les études sur la transidentité,
02:01notamment sur les traitements hormonaux, la chirurgie.
02:04Un travail sérieux dans cette commission.
02:06Le constat de départ, il est assez impressionnant, c'est qu'il y a beaucoup de souffrance aujourd'hui
02:12dans la vie des personnes trans, beaucoup d'errance médicale aussi.
02:16Une personne trans sur cinq est en état de dépression, souffre de dépression ?
02:21Oui, encore ça, c'est des chiffres qui sont compliqués à avoir
02:24et qui sont sans doute minimisés par rapport à la réalité.
02:27On a des chiffres qui montrent que 70% des personnes trans
02:30ont subi des discriminations dans les 12 derniers mois.
02:3358% des femmes trans ont des difficultés dans la recherche de l'emploi.
02:36Donc forcément, derrière, il y a beaucoup de souffrances qui peuvent être liées,
02:40non pas au fait d'être une personne trans, mais au rejet de la société vis-à-vis des personnes trans.
02:44Et c'est là où les choses changent.
02:46C'est-à-dire que, historiquement, quand on pensait transidentité,
02:49on pensait que c'était le fait d'être trans qui était une souffrance.
02:51Maintenant, on commence à comprendre que ce n'est pas le fait d'être trans,
02:54c'est le fait d'avoir une société qui rejette les personnes trans.
02:56Et ce rapport, j'allais dire, il commence par la base,
02:59ce qui est reconnaître et respecter les personnes trans en tant que telles
03:03pour les accompagner correctement dans leur transition.
03:06Ce rapport, il parle de l'autodétermination.
03:09Vous pouvez nous expliquer un peu ce que c'est ?
03:10Il commence par l'autodétermination, c'est-à-dire que personne d'autre que soi-même
03:13ne peut dire à notre place si on est un homme, une femme, une personne non-binaire,
03:16quelle que soit la façon dont on peut s'identifier soi-même.
03:19Et c'est un élément qui semble assez évident,
03:22parce que je ne peux pas décider à votre place si vous êtes un homme, une femme, une personne non-binaire.
03:26Donc de la même façon, pour les personnes trans,
03:28chacun et chacune a la capacité de dire qui il ou elle est
03:31et de pouvoir faire des actes d'affirmation de genre comme tout à chacun.
03:35Il n'y a pas d'exception pour les personnes trans.
03:37C'est les mêmes actes que les personnes trans font,
03:40que les actes que les personnes qui ne sont pas trans, qu'on appelle les personnes cis,
03:43peuvent faire pour affirmer leur genre.
03:45Pour que les transitions de genre puissent avoir lieu dans de bonnes conditions,
03:49il faut former les professionnels de santé.
03:51Ça, c'est un axe très important des recommandations.
03:54Les médecins généralistes, notamment,
03:56ce sont eux qui doivent être un peu les référents dans l'accompagnement ?
04:00Oui, il y a des fantasmes souvent sur la formation du professionnel de santé.
04:04Les recommandations placent les généralistes au centre.
04:07Parce qu'il y a une question de proximité, il y a une question de capacité.
04:10Ce n'est pas compliqué de faire des transitions médicales.
04:13Ce n'est pas compliqué de prescrire des hormones, par exemple.
04:16Il n'y a rien de dramatique à pouvoir le faire.
04:18Et chaque médecin est déjà capable de le faire.
04:20parce qu'il ou elle a la technique de pouvoir le faire.
04:23C'est les préjugés qu'il faut faire tomber.
04:25Donc nous, on fait les formations à l'accueil des personnes trans.
04:27Mais il ne faut pas que la question de la formation soit un élément
04:29qui semble une montagne indépassable
04:31et qui serait le prétexte pour ne pas prendre en charge les personnes
04:34sous prétexte qu'on n'aurait pas eu une formation adaptée.
04:37Dans la réalité, ce n'est vraiment pas compliqué de prendre en charge des personnes trans
04:40si on prend les personnes dans leur humanité, tout simplement.
04:43Et donc ce que vous dites, c'est que c'est plus un problème potentiellement de discrimination.
04:47Il y a des médecins, des professionnels de santé
04:49qui ne veulent pas prendre en charge des personnes trans ?
04:53Il y en a beaucoup.
04:53C'est même l'exception des personnes qui acceptent de prendre en charge des personnes trans.
04:57D'où l'errance médicale dont je parlais au début.
04:59D'où l'immense difficulté à pouvoir engager une transition médicale à cause du jugement.
05:03Mais il faut comprendre qu'on est sur une bascule.
05:04C'est-à-dire jusqu'en 2022, on considérait la transcendentité comme un trouble mental
05:07au niveau de l'Organisation Mondiale de la Santé.
05:09La sortie de la transcendentité des troubles mentaux, c'est 2022.
05:12Ça, c'était il y a trois ans.
05:13C'était il y a trois ans.
05:14Pour vous donner une idée, la sortie de l'homosexualité des troubles mentaux, c'est de 1993.
05:19Donc on a 30 ans de retard sur les questions transidentitaires
05:22avec plus d'enjeux de santé pour les personnes trans.
05:24Ce qui fait qu'au final, si on prend sur Paris, région parisienne,
05:28il y a 10 000 médecins généralistes qui sont en activité selon le site Amélie.
05:31Toutes associations confondues, on en connaît une soixantaine,
05:33qui acceptent de lancer des prescriptions pour les personnes trans.
05:36Alors comment on fait pour que tout ça change justement, auprès des médecins ?
05:39On a les recommandations de l'AHS qui sont extrêmement détaillées et très précises
05:43parce que les recommandations, il y a quatre documents qui ont été publiés hier.
05:46Les recommandations en tant que telles, l'argumentaire qui amène à ces recommandations
05:49avec toutes les études qui montrent le travail qui a pu être fait par le groupe de travail.
05:53Une sorte de résumé du parcours de soins pour dire comment on peut avancer
05:58pour faire tout type de transition médicale souhaitée.
06:02Et puis une fiche pratique pour les médecins, pour les médecins généralistes
06:06qui dit exactement les bilans à avoir en amont, les taux à suivre,
06:10les effets que les personnes peuvent en attendre,
06:12les éléments sur lesquels il peut y avoir quelques petites alertes.
06:15Il y en a très très peu.
06:16de façon à ce que simplement on applique les règles,
06:19on applique les éléments qui sortent de la littérature médicale
06:22et qu'on puisse simplement accompagner sans préjugés.
06:25Et c'est ça le sujet, c'est sortir des préjugés médicaux
06:27que l'on peut avoir pour accompagner les personnes trans.
06:29Il nous reste très peu de temps.
06:31Est-ce qu'il y a selon vous, est-ce qu'il y a des angles morts dans ce rapport ?
06:35Est-ce qu'il y a des choses qui n'ont pas été assez peut-être étudiées ?
06:39Il y a des choses très intéressantes qui ont été poussées.
06:41Il y a des frustrations sans doute de la part des médecins
06:42de ne pas rentrer dans le détail sur certains types d'opérations.
06:45À partir du moment où on dit qu'on peut les faire,
06:47on peut les faire et après c'est à chaque médecin de monter en compétence.
06:49Nous on a plus deux points de vigilance.
06:51Justement sur cette formation, que ça ne soit pas un frein.
06:54Et sur un terme qui a été rajouté dans le rapport,
06:56qui est l'aspect un délai raisonnable.
06:59Il faut que ce délai raisonnable est proportionné
07:00entre le moment où on demande une mise sous hormone
07:03et le moment où on a des hormones.
07:04Ne soit pas délirant.
07:06En matière de santé, par exemple en chirurgie esthétique,
07:09un délai raisonnable c'est 15 jours.
07:10Donc on pourrait considérer, par rapport à ce que dit déjà la loi,
07:13qu'on pourrait être sur 15 jours.
07:15Et je tiens à juste préciser ce qu'a dit la Haute Autorité de Santé.
07:18Les soins pour les personnes trans ne sont pas des soins de confort,
07:21mais dans beaucoup de situations,
07:22ce sont des soins de survie tout simplement.
07:25Anaïs Perrin-Prével, vous êtes directrice de l'association Outrans.
07:28Merci beaucoup d'avoir été l'invité de France Inter ce matin.
07:30Et bonne journée.

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