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De plus en plus de festivals sont en difficulté financière. Est-ce la fin du modèle français ? On en parle avec Aurélie Hannedouche, directrice du syndicat musique actuelle (SMA), Angelo Gopee, directeur général de Live Nation France et Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes de Belfort. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-dimanche-20-juillet-2025-7583546

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00:00France Inter, Kevin Dufresch, le 6-9
00:07A 8h18, le plus grand festival de France, sans doute le plus connu,
00:11sont pleins ce soir. Dernier jour, des vieilles charrues sur Scène Zao de Sagazan,
00:15les Sexpistols ou encore Damso, 60 000 entrées par jour depuis jeudi.
00:20Et pourtant le festival breton, comme beaucoup d'autres, est en difficulté financière.
00:25Alors le modèle français des festivals est-il en péril ?
00:29On en parle ce matin avec nos trois invités en ligne avec nous.
00:33Jean-Paul Roland, bonjour.
00:35Bonjour.
00:35Vous êtes le directeur des Eurocayennes de Belfort.
00:38Aurélie Andouche, bonjour.
00:40Bonjour.
00:41Vous êtes délégué général du SMA, le syndicat des musiques actuelles.
00:45Vous représentez un peu plus de 150 festivals indépendants.
00:49Et avec moi en studio, Angelo Gopé. Bonjour monsieur.
00:52Bonjour.
00:52Directeur général de Live Nation France, Live Nation leader mondial de la production de concerts.
00:59Vous êtes notamment derrière le festival Lola Paluzza qui se tient lui aussi ce week-end.
01:04Et bien rapidement pour commencer, puisque nous avons deux organisateurs, vous demandez d'abord si le public est au rendez-vous cet été.
01:11Jean-Paul Roland, les Eurocs étaient-ils il y a deux semaines ? Est-ce que c'était plein ?
01:15Alors c'était presque plein, mais c'était quand même la deuxième fréquentation de toute son histoire, qui est déjà en scène puisqu'elle a 35 ans.
01:23Donc oui, c'était une très grande et joyeuse édition.
01:26Donc pour nous, il n'y a pas eu de problème d'affluence, on va dire.
01:29Angelo Gopé à l'hippodrome de Longchamp, tout près de Paris. Il y a du monde ce week-end au Lola Paluzza ?
01:35Il y a du monde ce week-end. On a terminé il y a quelques heures.
01:38Et vous êtes là quand même, merci.
01:40Sur une belle soirée avec Mike Lamar et David Guetta.
01:43Le public est au rendez-vous. On a eu un peu de pluie, mais ça fait partie de l'expérience.
01:46Donc je pense qu'on a fait une très belle édition 2025 qui se termine ce soir par de la K-pop, par de la frose, par de la musique anglaise et par Justin Tibarric.
01:55Vous êtes sur deux modèles différents entre la Paluzza et les Eurocaines.
01:59On va en reparler justement parce que ça fait aussi partie du sujet.
02:02Aurélien Ndouche, de façon générale, le public est toujours au rendez-vous dans les festivals de musique français ?
02:11Oui, effectivement, le public est au rendez-vous.
02:13On a fait le bilan de la saison des festivals 2024 pour les adhérents du SMA l'année dernière.
02:19Et on voit en fait que 49% des festivals qui sont adhérents ont affiché le complet sur au moins une des journées.
02:23Donc ça a été long après le Covid, parce qu'il faut se souvenir que les concerts de boue ont été interdits pendant près de deux ans,
02:29de mars 2020 jusqu'à février 2022.
02:322022, ça a été assez compliqué encore, mais on voit qu'il y a eu un vrai retour du public à partir de 2023.
02:38Et ce qui pose question, ce n'est pas la fréquentation, mais c'est plutôt le modèle économique.
02:41Et on va sans doute en reparler après avec un effet ciseau avec une inflation qui est extrêmement forte.
02:45Alors justement, allons-y et continuons avec vous Aurélie Andouche.
02:49Je le disais, la fréquentation est plutôt au rendez-vous et pourtant près de la moitié des festivals français l'an dernier étaient déficitaires.
02:57Comment ça se fait en fait ? Comment on l'explique ?
02:59Alors effectivement, c'est extrêmement préoccupant parce qu'on voit dans l'étude notamment que le Centre national de la musique
03:05et le ministère de la culture ont réalisé avec notre concours que près de la moitié des festivals qui remplissaient à plus de 90% étaient déficitaires.
03:12Donc c'est extrêmement alarmant de voir ces chiffres-là. Ça se confirme encore cette année.
03:16On a des adhérents qui jouent complet cette année, mais qui perdent de l'argent.
03:19Alors le problème en fait, c'est qu'on a un effet ciseau, ce qu'on appelle l'effet ciseau.
03:23C'est qu'on a des charges qui ne font qu'augmenter avec des primes d'assurance qui sont de plus en plus élevées,
03:28avec des salaires, avec des frais liés à la restauration, à l'hôtellerie.
03:32L'ensemble des charges augmente, la sécurité, la technique.
03:36Et dans le même temps, on a des ressources qui sont de plus en plus dégradées,
03:40avec notamment un apport des collectivités qui stagne, voire qui baisse,
03:44parce qu'il y a un contexte économique qui est compliqué.
03:47Et puis il faut rajouter aussi à ça une spéculation sur les cachets des têtes d'affiches qui est de plus en plus forte.
03:52Et donc à un moment donné, on n'arrive plus à équilibrer ce modèle économique.
03:55La seule solution, ça serait d'augmenter de manière très forte le prix des places.
03:59Mais à un moment, on va avoir un décrochage avec l'attention du public si on va là-dessus.
04:03Et on a aussi une vraie volonté sur les festivals indépendants et associatifs de rester accessibles,
04:07d'avoir des tarifs de place qui permettent à tous et à toutes d'être présents
04:13et de ne pas avoir une culture du luxe.
04:15Donc c'est un peu cette équation qu'on essaye de résoudre actuellement.
04:18Sachant que le prix moyen d'une place en festival a déjà augmenté à 60% sur 10 ans,
04:25c'est plus que l'inflation.
04:26Angélo Gopé, justement, sur ces coûts et ce que disait notre invité à l'instant,
04:34les primes d'assurance notamment qui augmentent.
04:37Vous le constatez, vous, dans l'organisation des festivals, des concerts de manière générale ?
04:42On a subi entre 40, 50, 60% de l'ensemble des coûts d'exploitation depuis la sortie du Covid.
04:49Donc effectivement, il y a eu les assurances parce qu'il y a eu sa fameuse assurance Covid.
04:53Donc du coup, il va falloir qu'ils récupèrent un peu leur argent quelque part.
04:57Donc ils ont explosé les coûts de l'assurance, le coût de la matière première a augmenté,
05:01les coûts d'essence et d'inflation.
05:03Donc je pense qu'on en parle aussi directement.
05:07C'est non-voix très bien sur Paris.
05:10Entre 2022 et aujourd'hui, on a eu quasiment 80% de coûts d'augmentation sur les coûts d'exploitation.
05:17Et ça se ressent aujourd'hui aussi également sur les artistes.
05:22Parce que si nos charges de production augmentent, les leurs aussi.
05:25On se rend compte qu'on est aussi producteurs de spectacles et pas que de festivals.
05:29Les coûts de plateau des artistes entre l'avant-Covid et l'après-Covid ont doublé, voire triplé.
05:34Pourquoi ? Parce que comme pour un festival, l'assurance, les assurances ont augmenté.
05:39Un bus aujourd'hui avec le coût de l'essence qui a augmenté depuis le Covid, c'est quasiment le double.
05:43L'équivalent, c'est le double. Donc les coûts de Platon ont également augmenté.
05:48Et forcément, les cachets l'ont fait aussi.
05:51Donc il y a une part, une spéculation de certains artistes.
05:54Et d'autre part, il y a des coûts quand même explosés du côté des artistes également.
05:58Jean-Paul Roland, justement, allons-y.
06:00Tiens, sur les cachets des artistes, vous qui travaillez et qui êtes à la tête depuis un certain temps des eurocaïennes de Belfort.
06:07Vous l'avez constaté aussi, ce phénomène.
06:09Ça vous coûte... Faire une affiche vous coûte de plus en plus cher ?
06:13Oui, mais ça coûte de plus en plus cher, effectivement, par les artistes.
06:16Ça a été dit et on l'a expliqué et réexpliqué depuis, bien entendu, le fait que le centre de gravité économique pour les artistes s'est déplacé de la perte de disques, j'allais dire, de vente de disques au live.
06:28Ça, on le sait, on va dire depuis les années 2000 que ça existe.
06:33Après, moi, ce que je crois quand même dans cette affaire-là, effectivement, c'est qu'il y a beaucoup, beaucoup de festivals, beaucoup de modèles de festivals.
06:42Il est très difficile de les mettre tous, j'allais dire, sur une même vision parce qu'on a tous des histoires différentes.
06:48Il y a des festivals ruraux énormes, le Hellfest.
06:52Il y a des petits festivals qui sont en milieu urbain, etc.
06:54Je pense que ça a tout le monde de trouver un peu son économie.
06:59La problématique, effectivement, qu'on peut avoir, c'est l'effet ciseau dont a parlé Aurélie.
07:03C'est entre, finalement, des coûts croissants d'organisation et puis, bien entendu, une volonté affichée d'avoir, de maintenir des prix modérés.
07:12Parce que venir dans un festival, c'est aussi passer du temps en dehors du festival.
07:17C'est arriver au festival, c'est manger.
07:18C'est ce, c'est bien entendu, trouver un hébergement, etc.
07:22Mais justement, sur les prix Jean-Paul Roland, est-ce que vous n'allez pas être obligé de les augmenter ?
07:28Ils ont déjà augmenté, mais est-ce que vous n'allez pas être obligé pour que le festival survive,
07:33enfin, pour vous parler des Eurokéennes, mais de manière générale, augmenter le prix des billets ?
07:3770% des recettes du festival des Eurokéennes proviennent de la billetterie.
07:43Mais il en reste encore 30%.
07:45Dans ces 30%, il y en a 20% qui sont sur le sponsoring et le mécénat.
07:50Et je dois dire que sponsoring et mécénat, c'est quand même pour nous, effectivement, une des solutions pour pouvoir,
07:56effectivement, et on le dit à nos mécènes, que faire un don aux Eurokéennes, c'est permettre de maintenir encore le prix du billet.
08:04Alors, bien entendu, le prix du billet augmente.
08:07Mais enfin, vous regardez, mon collègue, confrère Angelo, pour en parler,
08:11venir à un festival comme les Eurokéennes coûte, on va dire, en moyenne entre une soixantaine d'euros.
08:17Si vous regardez pour une vingtaine d'artistes, quand même, dont certains quand même majeurs,
08:21puisque certains font des stades, ça reste malgré tout un prix, on va dire, modéré,
08:27même si on voit bien qu'il n'est pas accessible pour tous.
08:29Angelo Gopé, là-dessus, justement, ça reste toujours rentable de venir dans un festival.
08:33On a pu se rendre compte, en France, on a les prix des festivals et des concerts les moins chers.
08:37C'est-à-dire qu'on n'a pas suivi, on se rend compte que l'inflation des coûts de production a été de 70% quand même depuis quelques années,
08:43l'augmentation des billets a été de 13%.
08:45Et comme le dit Jean-Paul, on est aujourd'hui au rapport qualité prix, on est les meilleurs en Europe.
08:49Là où au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, n'en parlons pas, les prix des billets sont hallucinants.
08:54Moi, je pense que, comme le dit Jean-Paul, et ça a été l'un des premiers de le faire, mais pas 2000, bien avant,
08:59il faut être ambitieux, il faut être audacieux aujourd'hui dans la programmation,
09:04aller chercher d'autres artistes et être beaucoup plus avant-gardiste.
09:07Et Jean-Paul a été l'un de ceux-là.
09:08Il faut le rappeler, c'est un des premiers festivals qui a fait du rap en France.
09:11C'est un des premiers qui a fait Jay-Z.
09:13Moi, à l'époque, je suis venu aux Rose-Horocaines avec Jay-Z.
09:16Et voilà, qu'on fait sa programmation aujourd'hui, il a Kalash, il a DJ Snake, il a Maiden.
09:19Il va plus loin.
09:20Donc, je pense qu'il a parlé du LFS.
09:23Je pense qu'aujourd'hui, il y a un modèle à revoir, mais il y a également aussi un modèle artistique à revoir.
09:27Je pense qu'il faut aller beaucoup plus loin que ce qu'on fait aujourd'hui.
09:30Nous, on le voit, on met Thames, on met Ivy qui a de la K-pop.
09:33Il n'y a aucun festival en France qui met de la K-pop.
09:35C'est un des genres majeurs aujourd'hui de la musique.
09:37Donc, je pense qu'il y a un véritable, aujourd'hui, renouvellement à faire dans les festivals.
09:42Il faut se poser parce qu'on ne peut pas continuer, effectivement, à avoir cette façon de cacher.
09:46Mais le problème, c'est qu'il y a une surenchère qui se fait.
09:48Certains en profitent, même voire en abusent.
09:50Je pense qu'il faut remettre tout ça à plat et tous ensemble, surtout ce qui est important,
09:55et pas chacun dans son coin, et revoir des choses.
09:57Aurélie Handou, justement, sur la diversification des affiches, peut-être,
10:02et je voulais peut-être revenir sur un critère que donnait Jean-Paul Roland,
10:06en parlant du mécénat, du sponsoring.
10:09La diversification des revenus, on l'imagine, elle est plus facile pour les plus gros festivals que pour les plus petits ?
10:16Pas nécessairement, en fait, parce que ça dépend vraiment du contexte territorial.
10:20Si vous êtes sur un contexte urbain où il y a énormément de concurrence,
10:24si vous avez aussi, par exemple, du sport qui va chercher du sponsoring,
10:27si vous avez d'autres festivals, si vous êtes sur une grande ville où il y a beaucoup d'acteurs associatifs
10:31qui vont chercher du mécénat, du sponsoring, vous allez être sur une concurrence très forte.
10:35Alors que si vous êtes dans un territoire plus rural,
10:37où vous avez un peu la main pour aller chercher des entreprises pour vous suivre,
10:41ça va être peut-être plus simple.
10:43Donc je pense qu'il ne faut pas être maniquaire.
10:44En effet, il n'y a pas une recette, les gros vont bien, les petits vont mal.
10:47Nous, ce n'est pas du tout ce qu'on constate au niveau de nos adhérents.
10:49C'est beaucoup plus contrasté que ça.
10:51Et effectivement, il y a quand même cet enjeu de rester dans une culture accessible,
10:55de rester dans une culture du quotidien, de ne pas tomber dans le tout événementiel,
10:58avec des prix de place jour qui peuvent être autour d'une quintaine d'euros.
11:01Alors que pour continuer à faire venir le public à nos événements,
11:05effectivement, il faut rester avec des tarifs abordables.
11:08Comme l'a dit Jean-Paul Roland, il y a aussi le coût pour se nourrir,
11:11pour se déplacer, pour se loger.
11:14Et à un moment donné, on voit qu'il y a un décrochage.
11:16Et en fait, moins il y aura de culture aussi sur les territoires.
11:19Il faut penser aussi qu'il ne faut pas qu'il y ait uniquement des événements
11:21dans des grandes villes, dans des grandes métropoles.
11:24Il faut penser aussi sur l'aménagement du territoire.
11:26En France, un tiers de la population vit en milieu rural.
11:28Et en fait, si on retire ces festivals,
11:30bien souvent, on retire toute la culture qu'il y a sur le territoire.
11:33C'est ce qui fait le lien social.
11:34C'est ce qui fait aussi qu'il se passe des choses entre les habitants,
11:38avec le sport, évidemment, avec la vie associative.
11:40Et il faut aussi qu'on pense ça en termes électoraux.
11:43C'est aussi à un moment comment les habitants se sentent intégrés.
11:46Et puis, ce que ça va donner en termes de résultats des votes
11:48sur les prochaines élections.
11:49Aurélien Douche, il y a aussi la question des subventions
11:52qu'on n'a pas encore abordées
11:54et qui sont importantes pour un certain nombre de festivals,
11:57notamment en zone rurale.
12:00Le contexte budgétaire de la France, on le connaît.
12:03Les subventions à la culture, de manière générale, ont baissé.
12:08Ça peut mener à la disparition de certaines structures de festivals ?
12:13Oui, et je pense qu'il ne faut pas le résumer uniquement au milieu rural.
12:16En fait, cette baisse des subventions, elle concerne tout le monde.
12:18Effectivement, on a sorti une enquête au mois d'avril au SMA
12:21pour montrer l'ampleur des coupes budgétaires,
12:24que ce soit du côté des régions.
12:25Rien que du côté des régions, en 2025,
12:27c'est 66 millions d'euros en moins qui vont aller dans la culture.
12:31Avec ça, des coupes du côté du ministère de la Culture,
12:33du coupes des collectivités territoriales.
12:36Tout n'avait pas encore été voté en avril du côté des départements et des villes.
12:39Mais effectivement, c'est beaucoup d'argent en moins
12:41qui va aller dans les événements culturels.
12:44Et donc, encore une fois, ça pose la question de la pérennité,
12:47de la survie de ces événements.
12:49Qu'est-ce qui va en être ?
12:50On voit que si on compare sur un contexte international,
12:54en Grande-Bretagne disparaissent des centaines de festivals indépendants.
12:58Donc, qu'est-ce qu'on veut comme politique culturelle ?
13:00La France est toujours targuée d'avoir une exception culturelle,
13:03d'avoir une accessibilité forte.
13:05Si on retire aussi tout ça, c'est aussi en termes de vision sociétale.
13:10Qu'est-ce que le gouvernement cherche à obtenir à l'avenir ?
13:13Je voudrais revenir sur la question de la programmation,
13:17Angelo Gopé.
13:18Pour Live Nation, est-ce que voir des stars internationales dans les festivals,
13:23finalement, ce n'est pas bientôt terminé ?
13:26Parce que dans un sens, est-ce que ça ne vous arrange pas plus de les avoir
13:29dans un stade, dans une grande salle,
13:31où les gens ne viennent que pour eux et payent plus cher que de les voir dans un festival ?
13:36Et du coup, ça peut les enlever des affiches des festivals ?
13:38Il y a deux modèles différents. Aujourd'hui, il y a des artistes qui veulent leur propre show.
13:41Donc, ce n'est pas un choix de quelqu'un d'aller décider d'aller en festival ou d'aller en stade.
13:44On voit Billie Eilish cette année, elle voulait faire sa performance dans sa salle,
13:48allonger sur scène, mettre son écran et mettre son environnement.
13:51Et aujourd'hui, il y a des artistes qui veulent faire leur propre tournée
13:53et leur propre environnement, ce qu'on ne peut pas faire sur un festival.
13:57Mais par contre, on continue à avoir des têtes d'affiches internationales.
13:59On a fait Fed, qui est le nouveau Bad Bunny.
14:03Comme je dis, il faut être ambitieux aujourd'hui.
14:05On a fait Bad Bunny à Lola Paluzza il y a six ans, personne ne le connaissait.
14:08Aujourd'hui, il est rempli des stades.
14:09Donc, je pense que des têtes d'affiches internationales, on en a.
14:12À Evic, la K-pop ce soir, c'est une star.
14:14Bien sûr.
14:14Thames, c'est une star.
14:15Donc, je pense qu'après, le premier idée, c'est comment on envisage
14:19ce qu'on va être les stars de demain.
14:21On avait, par exemple, vendredi soir, Lola Young à Lola Paluzza
14:25qu'on a programmé il y a neuf mois, qui n'avait pas encore explosé.
14:27Aujourd'hui, elle explose.
14:28Mais il y a neuf mois, qu'on l'a proposé à certains festivals,
14:31personne n'en voulait parce que les stats Spotify n'étaient pas bonnes.
14:35Donc, je pense qu'aujourd'hui, il y a aussi, à un moment donné,
14:37une remise en question de la programmation et se dire
14:40comment on va essayer d'être beaucoup plus innovateur
14:42et se dire qu'on va parier sur des artistes, comme on fait tout le temps,
14:46et qu'elles seront beaucoup moins chères que d'énormes stars.
14:49Parce qu'aujourd'hui, les énormes stars,
14:50ce n'est pas qu'elles ne veulent pas venir en festival.
14:52C'est qu'aujourd'hui, ils ont leur univers dans des concerts.
14:54On voit Bad Bunny qui, pendant un mois à Puerto Rico,
14:57il a mis sa maison, il a mis son ambiance.
14:59Est-ce qu'on ne peut pas faire en festival ?
15:01Donc, je pense qu'il y a une nuance par rapport aux deux.
15:03Il y a déjà le fait qu'en France, on ne peut pas avoir,
15:07aujourd'hui, les cachets que certains artistes peuvent avoir.
15:09Parce que dans les autres pays, il y a des conditions financières
15:12qui sont beaucoup plus conséquentes.
15:14Parce qu'ils ont des alcooliers comme sponsors,
15:16parce qu'ils ont 100 000 spectateurs.
15:18Nous, en France, ce n'est pas le cas.
15:18Donc, je pense qu'il va falloir être innovant.
15:20Il va falloir, aujourd'hui, être beaucoup plus ambitieux et visionnaire.
15:23Jean-Paul Roland, vous aussi, vous voyez les choses de cette manière.
15:27Est-ce que ça va devenir compliqué d'avoir de grandes têtes d'affiches aux Eurokéennes ?
15:33Pas que pour le cacher, mais comme on vient de le dire,
15:35parce que certaines préfèrent les salles ou les stades.
15:38Oui, certainement.
15:39Mais bon, disons, je ne dis pas qu'encore une fois,
15:42le contre-exemple pour nous, cette année,
15:44c'est qu'on a eu Iron Maiden qui ne fait qu'une tournée de stades.
15:47Et bon, ils n'ont fait que deux festivals, dont les Eurokéennes.
15:49Donc, on se dit, quelque part, qu'on est encore protégés,
15:52peut-être par notre histoire et notre longévité.
15:55Moi, je crois, et je reste toujours optimiste,
15:57je reste toujours le plus optimiste, peut-être, de l'affaire,
16:00en me disant que, malgré tout, il y a toujours des artistes
16:03qui ont envie, quelque part, d'être dans un milieu festival.
16:06Parce que dans un milieu festival,
16:07on arrive quand même à se confronter, entre guillemets, joyeusement,
16:10aux autres.
16:11Et que, bien entendu, on peut aussi se retrouver
16:14face à des gens qui ne seraient pas venus nous voir,
16:17peut-être, n'auraient pas acheté un ticket pour nous.
16:20Et c'est peut-être ce mélange, cette diversité
16:22qu'on continue, nous, à prôner auprès des agences
16:25pour, effectivement, essayer d'attirer les grands.
16:27Mais, encore une fois, et c'est ce que dit Angelo aussi,
16:31c'est que, finalement, cette diversité, ces projets artistiques,
16:34c'est ça qui va nous être contraints, maintenant,
16:37c'est-à-dire de réfléchir encore un peu plus
16:39à ce que chaque festival, comment,
16:41chaque festival dessine sa propre proposition artistique.
16:46Angelo parlait de K-pop, effectivement,
16:48mais, pour d'autres, ça va être peut-être de la musique indée, etc.
16:51Et il faut, quand même, en tout cas, être content
16:54d'être le paysage que décrivait Aurélie,
16:57c'est-à-dire un paysage diversifié en France.
17:00Malheureusement, effectivement, on a un gros problème,
17:01en ce moment, avec les subventions et les aides publiques,
17:05quand ce ne sont pas des menaces, aussi, à la subvention,
17:08par rapport à la programmation, mais c'est un autre sujet,
17:11mais qui est une grave menace, en tout cas, pour nous.
17:13Bien entendu, tout ça fait qu'on est, on peut dire,
17:16un peu en permacrise, mais on reste quand même
17:18organisateurs de festivals, quand même des optimistes
17:22de conviction.
17:24Un mot de réaction, Angelo Gopé, il nous reste peu de temps.
17:26Je plus sois sur ce que dit Jean-Paul,
17:28parce que, ce n'est pas parce qu'il est là,
17:29mais on a un petit groupe qui s'appelle The Molotov,
17:31aujourd'hui, c'est un des premiers à avoir contacté l'agent
17:34pour le faire.
17:35Et je pense que d'ici un an, deux ans, ça va être des stars.
17:37Il a pris Kalash, aujourd'hui, et c'est l'un des saints
17:39de festival qui a pris Kalash, qui est aujourd'hui
17:41rempli des salles en France.
17:43Voilà, donc je pense que...
17:44Et il a pris, il y a deux ans, David Guetta.
17:45Donc je pense qu'aujourd'hui, il y a deux sujets
17:48qui sont vraiment distincts.
17:49Il y a le mode de financement des festivals,
17:51qui est propre à lui-même.
17:53Effectivement, il peut y avoir des dangers,
17:54parce qu'on va tirer les subventions.
17:56Et de l'autre côté, on a de l'artistique à mettre en place.
17:58Et je pense qu'il y a une réflexion
17:59qui est beaucoup plus profonde aujourd'hui
18:01que de l'opposition.
18:02Aurélien Douche, vous voulez réagir ?
18:04Oui, en fait, tout à fait en phase
18:07avec ce qui a été dit précédemment.
18:09Mais c'est dire aussi que, vous posiez la question
18:11sur les têtes d'affiches, il y a aussi possibilité
18:13pour des festivals de vivre sans tête d'affiches.
18:15Je pense qu'il ne faut pas systématiquement viser
18:17pour des artistes.
18:18En fait, ça n'est pas forcément le chemin
18:20pour un artiste de devenir une méga star
18:23avec ses fans, etc.
18:24Il y a aussi, par exemple, je pense,
18:25je reviens du festival des Sud-Arles,
18:27qui est affiché quasiment complet tous les jours
18:28sur une semaine et qui se termine aujourd'hui,
18:30qui a fait complet dans le théâtre antique.
18:32Et vous n'avez pas d'énormes têtes d'affiches
18:33parce qu'en fait, le festival a décidé
18:35de miser sur autre chose
18:36parce que ça n'est plus possible
18:37de s'engager dans cette équation financière-là.
18:40Donc, on peut aussi se dire
18:41qu'on raisonne différemment.
18:43Et je pense que ce qui est important,
18:44effectivement, Jean-Paul Roland l'a dit,
18:45c'est la diversité.
18:46Mais c'est aussi qu'on a un modèle redistributif
18:48qui soit mis en place dans notre pays.
18:50On a un centre national de la musique
18:51qui permet de capter une taxe
18:54sur le prix des billets
18:54et qui va permettre, en fait,
18:55quand il y a des grands événements,
18:57d'aller financer d'autres événements
18:59d'une moindre importance
19:00parce que souvent, c'est là aussi
19:01que se passe un peu
19:02tout ce qui est recherche et développement.
19:04C'est là qu'on teste des choses.
19:05C'est là qu'il y a des artistes
19:06qui vont mettre le pied à l'étrier.
19:07C'est là que, par exemple,
19:08des artistes comme Zao Zagazan
19:09vont commencer leur carrière.
19:10Et donc, l'idée,
19:11c'est que ça puisse bien redistribuer
19:12et qu'on ait,
19:14comme on a des subventions qui stagnent,
19:17qu'on puisse avoir
19:17ce centre national de la musique
19:18qui joue pleinement son rôle
19:20pour assurer, en fait,
19:21le maintien de la diversité.
19:22La ministre a mené
19:25au début de l'année 2025.
19:28Elle a fait justement des annonces
19:29il y a quelques jours
19:30au Vieilles Charrues
19:30en disant qu'il fallait se questionner
19:32sur ce prix des cachets,
19:34sur cette redistribution.
19:35Et je pense que c'est aussi
19:36hyper important
19:37qu'on arrive à discuter
19:38avec les collectivités
19:39qui, dans certains cas,
19:40ce n'est pas toujours le cas,
19:41mais ont aussi la gestion
19:42de certains équipements,
19:43justement, de ces arénas,
19:45de ces stades.
19:46Et qu'on arrive à se dire
19:46comment est-ce qu'on fait en sorte
19:48que tout dans l'écosystème
19:49puisse exister
19:50et qu'il n'y ait pas un acteur
19:51qui vienne exister
19:52au détriment des autres,
19:54mais que l'ensemble de la chaîne
19:55lui puisse continuer d'exister
19:57pour qu'il y en ait
19:58sur tous les territoires,
19:59qu'il y en ait
19:59pour tous les types d'artistes,
20:00sur tous les types
20:01de modèles économiques.
20:02C'est très important
20:03qu'on arrive à préserver tout ça.
20:04Aurélie Andouche,
20:05Angelo Gopé et Jean-Paul Roland,
20:07merci beaucoup d'avoir été
20:08les invités de France Inter ce matin
20:10et très bon festival à vous
20:12et à tous ceux qui nous écoutent.
20:13Merci.

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