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Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, est l'invitée du Grand entretien, jeudi 17 juillet, deux jours après les annonces de François Bayrou sur le budget pour 2026. Un programme que "le monde du travail ne peut pas accepter tel qu'il a été présenté", selon elle. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-17-juillet-2025-9354584
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00:00France Inter, Simon le Baron, le 6-9
00:06Comment le monde du travail accueille-t-il les efforts, les sacrifices demandés par François Bayrou ?
00:12Nous parlions hier avec nos invités du bras de fer politique qui commence.
00:15Voyons ce matin comment les syndicats, en tout cas le premier d'entre eux, comptent peser d'ici à l'examen de ce budget.
00:21Marie-Liseon, bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Secrétaire générale de la CFDT, auditeur de France Inter.
00:25Vous dialoguez avec nous au 01 45 24 37 000 et sur l'application de Radio France.
00:30Aussitôt ces annonces faites avant-hier, Marie-Lise Léon, la CFDT, a dénoncé une vision paresseuse, passéiste,
00:36qui ne répond en rien à la gravité de la situation budgétaire.
00:39Et vous allez nous expliquer pourquoi.
00:41Mais il reste trois mois pour amender ce plan, puisque François Bayrou affirme y être ouvert.
00:46Est-ce que vous pensez qu'il existe une voie, un chemin pour qu'un budget acceptable par les forces politiques et par les syndicats soit voté ?
00:54Moi j'espère qu'il y a une voie de passage, parce que c'est important que ce soit accepté par les formations politiques,
01:00les organisations syndicales, mais c'est surtout que le monde du travail ne peut pas accepter le budget tel qu'il a été présenté.
01:05Alors, c'est une mise de jeu, il va y avoir des discussions.
01:08Mais pour la CFDT, ce qui est vraiment important de souligner, c'est que, un, il y a une situation budgétaire qui est inquiétante,
01:15et je ne veux pas qu'on nous fasse de procès en irresponsabilité.
01:17Sur le constat, vous le rejoignez ?
01:19Sur le constat, on est tout à fait lucide sur le fait que la situation, elle est grave,
01:24qu'il y a besoin d'avoir un budget particulier, qui permette de répondre à des mesures d'urgence, à la situation immédiate,
01:32mais aussi de pouvoir se projeter.
01:34Et ce que l'on regrette, c'est qu'il y a des coupes extrêmement lourdes sur les enjeux de transition écologique.
01:39Donc, on voit que sur la façon dont on peut se projeter, on va avoir des difficultés, des baisses d'investissement,
01:46qui peuvent compromettre l'avenir.
01:48Et quand on parle aujourd'hui de difficultés en termes d'emploi, en termes de politique industrielle,
01:53on ne peut pas faire sans des investissements en matière de transition écologique.
01:56Donc ça, c'est déjà un sujet.
01:58Sur les questions sociales, on a besoin de réponses extrêmement concrètes, mais qu'elles soient justes.
02:04Justement, les réponses, on va lire dans le détail après, aux mesures annoncées.
02:08Sur les réponses, est-ce que le Premier ministre vous a dit comment ça allait se passer dans les semaines, les mois à venir ?
02:13Alors, à ce stade, on n'a pas eu d'échange.
02:14Le dialogue n'a pas de cadre pour l'instant.
02:16On n'a pas de cadre pour le moment.
02:18On avait demandé, nous, une conférence des finances publiques qui s'est plutôt résumée en amont,
02:23qui s'est résumée à une conférence de presse.
02:24Donc, on n'est pas, nous, du tout satisfait du cadre dans lequel les discussions ont pu se faire.
02:30Et donc, on va prendre notre bâton de pèlerin et on fera le travail pour défendre et combattre
02:35ce qui est aujourd'hui dans un plan, une proposition,
02:38qui doit évoluer de toute façon, parce que, je le répète,
02:42le monde du travail ne peut pas admettre des mesures profondément injustes
02:46et des efforts absolument pas partagés entre, notamment, les entreprises et les salariés,
02:54ni les fonctionnaires d'ailleurs, parce que quand on explique qu'il ne faut pas remplacer
02:59un fonctionnaire sur trois qui part en retraite,
03:01c'est quand même sous-entendre qu'il y en a un sur trois qui ne sert à rien.
03:03Et je trouve que c'est extrêmement violent pour les agents des fonctions publiques et les contractuels.
03:08On va déjà prendre un premier auditeur au standard de France Inter, Marie-Lise Léon-Marc.
03:11Bonjour.
03:13Oui, bonjour.
03:14Merci beaucoup de prendre ma question.
03:16Alors, j'enchaîne directement sur ce que vient de dire Madame Léon.
03:20En fait, ça fait quand même maintenant pas mal d'années qu'on s'aperçoit
03:24qu'on n'arrive pas à faire passer des idées de gauche dans ce pays,
03:28mais des idées vraiment de gauche.
03:29Parce que l'histoire de...
03:31Effectivement, il y a un déficit de 40 milliards,
03:33mais il y a 300 milliards de recettes qu'on ne va pas chercher.
03:35Il y a 211 milliards d'aides aux entreprises.
03:38Il y a la flat tax, ça rapporterait 10 milliards.
03:40Le taxe Zuckman, ça rapporterait 20 milliards.
03:42Donc, il n'y a pas de problème.
03:43Il y a simplement une volonté politique de chercher l'argent là où il y en a.
03:47Et ça, on n'en parle jamais.
03:48On passe notre temps à parler du budget.
03:51Oui, alors le deux jours fériés, machin.
03:53Mais on se fait enfermer dans les macroneries par toute cette clique d'incapables
03:57et on ne pose jamais les bonnes questions.
04:00Et pardon, je vous adore...
04:00Ça, c'est votre analyse.
04:01Oui, c'est mon analyse.
04:02Alors, ma question, elle est simple.
04:03C'est que vous avez une arme atomique entre les mains qui est la grève générale.
04:09Donc, utilisez cette arme de la grève générale.
04:11Parce qu'il n'y a que ça qui peut potentiellement faire bouger le glacis dans lequel on est enfermé.
04:18Donc, par pitié, utilisez cette arme, Madame Léon.
04:20Pour cette question précise, Marc, grève générale.
04:24En tout cas, mobilisation à la rentrée, dit déjà la CGT de votre homologue Sophie Binet.
04:27La question de l'arme nucléaire, il y a effectivement un bouton rouge où on peut appuyer, déclencher.
04:31On peut le déclencher.
04:32Ça n'existe pas pour la grève générale.
04:34Et donc, moi, je manie ces outils avec prudence.
04:38Et là, c'est le temps de la discussion.
04:39On va ouvrir des espaces de discussion et de dialogue pour se dire comment on peut peser
04:46et comment on peut faire reculer un certain nombre de mesures.
04:49On n'en est pas encore à l'appel à la mobilisation lancée par la CGT.
04:53Et c'est à la fin de l'été, fin août, début septembre.
04:57La mobilisation de la CFDT, elle n'est pas du tout exclue.
05:00Elle n'est absolument pas exclue.
05:01Ça fait partie du panel de la possibilité d'action.
05:04Après, je rejoins sur ce que dit Marc.
05:08Ce n'est pas forcément une question d'avoir des idées de gauche ou de droite.
05:12La situation budgétaire, elle est aujourd'hui expliquée largement par le déficit de recettes.
05:18On n'a pas de problème forcément de dépenses.
05:20Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas regarder.
05:21Mais on a un vrai déficit de recettes.
05:23Et quand j'entends François Bayrou nous expliquer qu'il faut encore réformer l'assurance chômage
05:28parce que c'est un frein à l'emploi, c'est un jour sans fin.
05:32J'ai l'impression de me réveiller en 2017 quand on nous a expliqué qu'il y avait un problème d'emploi
05:36à cause de l'assurance chômage.
05:38Il y a eu cinq ou six réformes de l'assurance chômage.
05:40L'État s'est permis de ponctionner 12 milliards d'euros dans le régime
05:44et nous explique que maintenant, il est trop endetté.
05:46Donc je pense qu'il y a aujourd'hui...
05:48Elles ont permis le retour vers l'emploi ou pas ?
05:50Non, un retour vers l'emploi pour certains
05:53et pour ceux qui ont retrouvé un emploi, un emploi plus précaire.
05:56Donc on est sur un appauvrissement des travailleurs
05:59et on a vu les récentes études sur l'explosion de la pauvreté.
06:02Donc vous dites encore une réforme de l'assurance chômage, c'est non.
06:05C'est non, parce qu'en fait, c'est construire un monde du travail
06:07dont on ne veut pas à la CFDT.
06:09C'est plus de précarité et c'est une pression sur les demandeurs d'emploi
06:14qui cherchent du boulot, qui cherchent véritablement du boulot.
06:17Donc ce n'est pas notre vision du monde du travail.
06:20En parallèle, il y aurait des négociations, dit François Bayrou,
06:23sur le droit du travail.
06:25Vous craignez un nouvel assouplissement
06:26ou vous pouvez parler aussi des conditions de travail ?
06:28Ça c'est un serpent de mer, améliorer les conditions de travail.
06:30Là, on se réveille comme si on était en juillet 2017
06:33où on lui explique qu'aujourd'hui, si on ne crée pas d'emploi,
06:36c'est parce qu'on ne peut pas suffisamment, facilement licencier.
06:41On sait que ça ne marche pas.
06:43Donc moi j'attends des responsables politiques.
06:45Un, quand ils affirment des choses que ce soit vrai.
06:49Quand on nous dit que les Français travaillent moins que les Européens,
06:53c'est faux.
06:54Je pense que c'est aussi important d'avoir ce temps-là de discussion
06:57et un débat public qui soit réellement factuel.
07:01Ce constat, la France est moins productive,
07:03il faut travailler plus.
07:05Il faut travailler tous.
07:08Il faut travailler tous, il faut travailler mieux.
07:10C'est ça que nous disent.
07:11Parce que quand le Premier ministre nous dit
07:13qu'il faut réenchanter le travail,
07:14vous pensez vraiment que vous allez réenchanter le travail
07:16en expliquant à les travailleurs et les travailleuses essentielles
07:19qu'on a applaudis, on a dit qu'ils étaient formidables
07:22pendant le Covid, qu'ils nous avaient sauvés.
07:23Ils attendent toujours la reconnaissance.
07:26Pour ces personnes, travailler deux jours de plus, gratos,
07:29c'est deux jours de moins de repos.
07:31Oui, ça revient au même.
07:32Ou alors on dit que c'est une baisse de salaire.
07:35Ces personnes-là, moi quand je les rencontre
07:36qui sont agents de sécurité, hôtesse de caisse,
07:40auxiliaire de vie, ce qu'ils me disent,
07:42les jours fériés, ce n'est pas des temps de repos,
07:45c'est des temps de répit.
07:46J'ai des conditions de travail difficiles,
07:48je ne suis pas en capacité de travailler plus
07:51et je refuse de travailler ces deux jours fériés.
07:53C'est ça la réalité du travail.
07:54Les études qui montrent que les Français travaillent moins
07:56que leurs voisins européens,
07:58vous dites que le mode de calcul est erroné ?
08:00Le mode de calcul est erroné parce que quand
08:01la ministre des Comptes publics affirme qu'on travaille moins,
08:05c'est qu'elle prend l'ensemble de la population,
08:07y compris les enfants, les retraités.
08:10Comme on a une dynamique de natalité qui est plus importante,
08:13ça fausse les comparaisons.
08:15Globalement, en termes de population active,
08:18nous travaillons plus que les Allemands.
08:20Voilà, ça c'est un fait.
08:21Donc j'attends aussi des responsables politiques
08:23qui ne racontent pas n'importe quoi.
08:24Sauf qu'il faut les trouver, les milliards,
08:26vous l'avez dit, vous êtes d'accord avec le constat.
08:28Avec des recettes supplémentaires.
08:29On les trouve.
08:30Les recettes, ce que disait Marc Paris,
08:32la fameuse taxe Zuckmann qui est dans le débat,
08:34dont le gouvernement ne veut pas entendre parler,
08:36sur les très très riches.
08:39Ça c'est un dispositif qui nous semble...
08:42Vous la soutenez ?
08:42Oui, on la soutient, parce que je pense que c'est juste fiscalement
08:45de se dire que tous ceux qui peuvent contribuer plus
08:49puissent le faire pour soutenir l'économie française.
08:53Je pense que ça fait partie de la vie fiscale.
08:53François Bayrou a parlé d'une contribution sur les plus hauts revenus.
08:56Ça, ça va dans le bon sens ?
08:58Mais aussi, et là, l'idée, elle est vraiment...
09:00Je pense qu'on a besoin, et ça fait des années que la CFDT le dit,
09:03il y a besoin de toute façon d'une remise à plat fiscale,
09:07de la fiscalité, de façon générale.
09:09Aujourd'hui, on a bricolé...
09:12Depuis 2012, la CFDT le demande,
09:14donc aujourd'hui, on est plus de dix ans après,
09:17on a bricolé des choses, à gauche, à droite,
09:19pour pouvoir essayer de faire en sorte que le système soit maintenu.
09:22Ça ne fonctionne pas.
09:23Et en plus, ce qu'on constate, c'est qu'on a un recul du consentement à l'impôt.
09:28Et ça, pour notre cohésion sociale, c'est extrêmement dangereux.
09:31Donc je pense qu'il faut tout remettre à plat.
09:32Nous, on a des propositions très concrètes.
09:34Réformons les droits de succession, par exemple.
09:37Allons vers plus de progressivité.
09:40La taxe du Kutemann, je pense que c'est effectivement une bonne chose,
09:43puisque, en résumé, on fait contribuer à peu près 1800 contribuables,
09:48qui ont des patrimoines au-delà de 100 millions d'euros.
09:52Et on leur impose un minimum de contribution à la solidarité nationale.
09:56C'est une taxe qu'ils rapporteraient dans les estimations hautes, autour de 20 milliards.
10:0020 milliards, mais oui.
10:02Et ça, je pense que...
10:03C'est la moitié de ce plan, quasiment.
10:04Parce que c'est la moitié du plan.
10:06Et je pense que ce qui ne doit pas sous-estimer le gouvernement,
10:11c'est la question de l'acceptabilité des citoyens et des travailleurs
10:15d'une situation qu'ils comprennent parfaitement, qui est exceptionnelle.
10:20Mais il faut que les efforts soient partagés.
10:21Et aujourd'hui, ce n'est absolument pas le cas.
10:23Donc, ce n'est pas équitable.
10:24Les plus riches ne payent pas assez.
10:26Malgré, encore une fois, cette contribution qui est promise,
10:29qui est floue pour l'instant, mais sur les plus hauts revenus,
10:31a priori, ce serait assez similaire, d'après ce que nous disait Marc Fénault hier,
10:34à la contribution exceptionnelle de l'année dernière,
10:37donc pour les ménages, au-dessus de 250 000 euros.
10:40Il faut faire payer davantage les entreprises aussi ?
10:42Les entreprises, je pense que, notamment celles qui ne jouent pas le jeu.
10:45Ça a été évoqué, il y a 211 milliards d'euros d'aides aux entreprises,
10:48que ce soit des aides directes ou des exonérations de cotisations.
10:52Aujourd'hui, elles bénéficient d'un certain nombre d'aides
10:55dont elles ne se sentent absolument pas comptables vis-à-vis de l'État.
10:59Et je pense que c'est un problème démocratique.
11:01Aujourd'hui, il n'y a pas d'évaluation suffisante.
11:03Et puis, il y a des entreprises qui, notamment via le crédit d'impôt recherche,
11:07donc François Bayrou, un des membres du gouvernement,
11:10a tout de suite fermé la porte en disant
11:11« on ne va pas réformer le crédit d'impôt recherche ».
11:13On sait qu'il y a des entreprises qui en bénéficient,
11:16qui ne développent pas de recherche en France.
11:18Donc, ce coup de main, ce soutien à la recherche,
11:22on voit bien qu'il est mal évalué et qu'il ne produit pas les effets attendus.
11:26Moi, je considère qu'aujourd'hui, les entreprises,
11:29non pas qu'elles ne doivent plus être aidées,
11:31mais elles doivent rendre des comptes, elles aussi.
11:34Ce qui est insuffisamment fait.
11:35Et je pense qu'aujourd'hui, on a 211 milliards d'euros d'aides aux entreprises
11:39qui doivent être beaucoup mieux évaluées
11:41et des entreprises qui doivent être beaucoup plus contraintes
11:46à rendre ces comptes et expliquer ce qu'elles font de cet argent public.
11:49Est-ce que ça veut dire pour autant que les travailleurs,
11:51les retraités, par exemple, ne doivent pas contribuer à l'avantage ?
11:55Vous êtes d'accord, par exemple, sur l'abattement fiscal pour frais professionnels ?
11:59François Ballon a dit que ça justifie les frais professionnels pour les retraités de 10%.
12:03Parce qu'il y a quand même aussi le sujet des retraites,
12:06sur lesquelles on a beaucoup travaillé depuis quelques mois.
12:09Donc, nous, la piste de la contribution,
12:11une contribution équilibrée pour un retour à l'équilibre du régime de base
12:15à horizon 2030, c'est 6,5 milliards d'euros qu'on nous a demandé de trouver.
12:19Et on avait effectivement regardé un certain nombre de pistes,
12:23notamment sur la CSG retraitée.
12:25La question de cet abattement, il se regarde.
12:27Alors, il est question de le supprimer, de le remplacer par un forfait.
12:32Je pense que 2 000 euros, c'est trop faible.
12:35Il faut aller au-delà, mais ça peut faire partie des pistes.
12:39Un forfait plus important pour que davantage de retraités soient épargnés par ces impôts ?
12:44Soient épargnés, notamment ceux qui ont le moins de moyens.
12:47Je pense que nous, notre boussole, c'est vraiment faire plus contribuer ceux qui le peuvent.
12:53La suppression d'un certain nombre de niches fiscales,
12:56promises aussi par François Bayrou.
12:58Est-ce qu'il y en a sur lesquelles vous dites d'accord ?
13:01Et d'autres...
13:01Il y en a une sur laquelle on dit oui, regardons de presse et le crédit d'impôt recherche,
13:06sauf que c'est la première dont on nous a dit qu'il ne faut surtout pas y toucher.
13:09Donc ça, ça fait partie des incohérences.
13:12En fait, il y a trop d'incohérences aujourd'hui dans le discours politique
13:15pour qu'on puisse se dire que c'est un plan qui pourra devenir équilibré.
13:20Et dans ces incohérences, il y a la question du rapport au travail.
13:24Moi, je réinsiste là-dessus.
13:26On ne peut pas avoir un discours d'un Premier ministre
13:28qui nous explique qu'il faut réenchaîner le travail
13:30en expliquant qu'il faut travailler plus gratuitement
13:32ou que sous-entendre qu'il y a un fonctionnaire sur trois qui ne sert à rien.
13:37C'est une mesure qui est passée un peu,
13:40ou en tout cas une proposition pour l'instant,
13:41qui est passée un peu inaperçue dans cette conférence de presse il y a deux jours,
13:44évoquée par la ministre du Travail.
13:46La monétisation de la cinquième semaine de congé payé.
13:50Oui, ça, ça fait partie du musée des horreurs
13:52qui a été ouvert au moment de la présentation
13:56de ce qui pourrait être fait sur le droit du travail.
13:59Pourquoi pas sur la base du volontariat ?
14:00Non, mais en fait, quand on accorde du temps aux travailleurs,
14:06c'est pour qu'ils prennent du temps.
14:08Et s'il y a un problème de pouvoir d'achat,
14:10c'est-à-dire que si des salariés se disent
14:11« j'ai besoin de plus d'argent »,
14:13il faut regarder les enjeux de partage de la valeur
14:16et la question des rémunérations.
14:18Ce qui est un sujet qui avait été lancé en octobre 2023,
14:21déjà il y avait une conférence salariale
14:22qui n'a absolument rien produit.
14:24Donc je pense qu'il ne faut pas tout mélanger.
14:26Aujourd'hui, on a un enjeu.
14:28Et le sujet numéro un,
14:30quand je vais rencontrer des salariés ou des agents,
14:33c'est vraiment la question du pouvoir d'achat.
14:35Mais ce n'est pas aux salariés eux-mêmes
14:36de se payer un peu plus de marge de manœuvre
14:39pour boucler les fins de mois
14:40en rognant sur leur congé.
14:42La question...
14:43Parce qu'après, on va nous expliquer
14:44qu'il faut aussi travailler sur les accidents de travail
14:46graves et mortels,
14:48en expliquant qu'ils grimpent en flèche.
14:50Là, pour le coup,
14:51on est les plus mauvais élèves européens.
14:53Donc il faut de la cohérence.
14:55Et ce n'est pas en monétisant
14:56la cinquième semaine de congé
14:58qu'on fera en sorte que les personnes
15:00soient bien au travail
15:01et dans de bonnes conditions de travail.
15:02Vous évoquiez le sujet des retraites,
15:04de cette réforme de 2023
15:06qui a été discutée pendant 4 mois et demi.
15:09Ça s'est soldé par un échec.
15:10C'est ce que le Premier ministre
15:11avait appelé le fameux conclave sur les retraites.
15:14Vous aviez choisi de participer jusqu'au bout,
15:16contrairement à d'autres comme la CGT.
15:18Question sur l'application de Radio France de Salva,
15:20un peu sévère pour votre syndicat.
15:22Mais la CFDT, dit-elle,
15:23s'est faite enfumée dans le conclave.
15:25Va-t-elle se faire enfumer à nouveau avec le budget ?
15:28Alors, moi, je ne partage pas cette vision.
15:30On pourra faire une blague sur la fumée
15:32dans un conclave,
15:32mais je ne pense pas que ce soit le sujet.
15:36Moi, j'ai défendu jusqu'au bout
15:38les droits des travailleurs et des travailleuses,
15:39notamment la question de la carrière des femmes.
15:41Et dans le budget, il y aura des mesures.
15:43Il y aura des mesures.
15:44Ça a été annoncé par le Premier ministre,
15:45donc on attend de voir,
15:46sur la pénibilité.
15:47Il a ouvert la discussion.
15:48Il a lancé le sujet.
15:49Pénibilité et pension pour les femmes.
15:52Si la CFDT, elle n'avait pas défendu le morceau
15:55pendant trois mois dans le conclave,
15:56j'aime autant vous dire que ça passait sous les radars.
15:58Donc moi, j'ai fait mon boulot de syndicaliste.
16:01C'est de défendre les droits des travailleurs et des travailleuses
16:03d'une réforme qui est profondément injuste.
16:05On est allé au bout.
16:06On n'a pas pu conclure,
16:08parce que le MEDEF, notamment,
16:09est resté totalement arc-bouté.
16:11Il ne voulait pas en entendre parler.
16:12Mais au moins, il y a des choses qui peuvent en sortir.
16:15C'est le patronat qui est le seul responsable de cet échec ?
16:18Un patronat qui nous dit
16:20qu'on ne touche pas à l'âge légal,
16:21qu'on ne touche pas à la pénibilité
16:22et qu'on ne veut pas de contribution des entreprises.
16:25Qui a fait une concession sur l'âge de départ à taux plein,
16:2766,5 au lieu de 67 ?
16:29Oui, pour le coup, c'est largement insuffisant.
16:32C'est largement insuffisant.
16:34Donc on a un vrai sujet,
16:35notamment de la façon dont les entreprises se sentent concernées
16:38et la façon dont elles sont prêtes à participer à l'effort.
16:41Je pense que c'est aussi ça la justice sociale.
16:44C'est avoir le sentiment que les efforts sont partagés.
16:46La CFDT n'accepte toujours pas le report de l'âge à 64 ?
16:48Est-ce que ce n'est pas leurrer les salariés que vous défendez
16:52que d'affirmer qu'on pourrait revenir en arrière ?
16:56Non, parce que ça fait partie de nos...
16:58C'est une mesure injuste.
16:59Elle n'est pas plus juste aujourd'hui
17:02parce qu'il y a deux ans qui se sont écoulés.
17:04Et de toute façon, pour la CFDT,
17:06le meilleur des régimes de retraite,
17:08c'est le régime qui n'a pas d'âge légal.
17:10Donc c'est ça qu'il faut qu'on réussisse à travailler
17:12et à porter parce qu'en fait,
17:14l'avenir du régime de retraite,
17:16c'est un régime à point, un régime à la carte
17:18où chacun décide de l'âge auquel il peut partir
17:22en fonction de sa pension.
17:24Et je pense que c'est ça, ce dont ont besoin
17:27et ce qu'attendent véritablement les travailleurs.
17:29Nous parlions tout à l'heure avec l'ancien commissaire européen
17:31Thierry Breton dans ce studio
17:32des menaces de Donald Trump,
17:35cette guerre commerciale avec l'Europe,
17:38menaces de droits de douane à 30% au 1er août.
17:43Ça inquiète particulièrement les salariés,
17:45les entreprises que vous disent vos adhérents ?
17:46Oui, ça inquiète.
17:47Après, il y a des inquiétudes plus larges
17:49sur la question de l'emploi.
17:50Il n'y a pas que les différentes annonces
17:52intempestives d'un président des Etats-Unis
17:54qui inquiètent.
17:55Ça inquiète évidemment les secteurs
17:56qui sont directement concernés par les exportations
18:00et qui ont des relations avec les Etats-Unis,
18:02dans la filière Cognac par exemple.
18:04C'est vrai que ça fait partie des inquiétudes,
18:06mais de façon plus globale,
18:07il y a une inquiétude qui monte,
18:09notamment à la rentrée.
18:10Je pense qu'on sera beaucoup sollicité
18:13sur des annonces de fermeture d'entreprises
18:16ou des suppressions d'emplois.
18:18La CGT dénombre 381 plans sociaux,
18:21donc plans de sauvegarde de l'emploi
18:22entre mai 2024 et mai 2025.
18:24C'est en dessous de la réalité.
18:25Je pense que c'est en dessous de la réalité.
18:28Sachant qu'il y a plus de plans sociaux
18:29et il y a aussi des suppressions d'emplois
18:32sous les radars,
18:34parce qu'en fait,
18:34on n'est pas dans des mesures collectives.
18:36Et donc, c'est des suppressions d'emplois
18:37par 2, 3, 4
18:38qui déstabilisent beaucoup de territoires.
18:41Donc nous, on est extrêmement inquiets,
18:42notamment pour la filière auto.
18:44Et puis, j'étais la semaine dernière
18:46encore avec des collègues
18:47d'une verrerie,
18:49ça s'appelle Saveur Glace en Haute-France,
18:50qui sont extrêmement inquiets,
18:52parce qu'en fait,
18:52ils n'ont pas d'informations.
18:53Ils sont directement concernés
18:55par la filière Cognac.
18:56Et ça, ça fait partie de notre travail
18:57aussi de syndicalisme.
18:58Pierre Cognac,
18:59particulièrement menacé par ses droits de douane.
19:01Particulièrement menacé par les droits de douane,
19:03exactement.
19:03L'INSEE anticipe une remontée
19:04du taux de chômage à 7,7
19:05à la fin de l'année.
19:07Ce serait le plus haut niveau depuis 4 ans.
19:09Vous craignez qu'on reparte à la hausse
19:11après quelques années de baisse
19:13et de stabilisation ces derniers temps ?
19:16Je le crains.
19:16Je crains qu'on soit sur une nouvelle hausse du chômage
19:19et ça rend d'autant plus impératif
19:22que le gouvernement change sa façon de raisonner
19:25et qu'il arrête de nous ressortir ces vieilles recettes de 2017
19:29en nous expliquant que le chômage est expliqué
19:35par une assurance chômage, par exemple,
19:37qui serait trop généreuse.
19:38Je pense que là, la réalité est bien plus grave
19:42et qu'ils ne peuvent pas continuer de nous expliquer
19:44qu'il faut libéraliser encore plus les droits du travail
19:48et encore faire une réforme de l'assurance chômage.
19:50Et je reviens à ces discussions qui commencent
19:53ou vont commencer dans les semaines à venir
19:55avec le gouvernement jusqu'à l'examen du budget à l'automne.
19:59Qu'est-ce que vous dites aux partis politiques
20:01qui menacent déjà de censurer ?
20:04Est-ce qu'il y a un risque ?
20:06Oui, il y a un risque.
20:07Après, ce n'est pas mon domaine de savoir
20:10s'il faut censurer ou pas censurer.
20:12Ce qui est sûr, c'est qu'on est sur une présentation...
20:14La CFDC, c'est le syndicat du compromis ?
20:15Oui, pour le coup, ça c'est sûr.
20:18Mais dans le champ social, je me garderais bien
20:20d'aller sur le champ politique.
20:22Moi, je pense que ce qui est important,
20:24c'est de se dire que la présentation des différents axes,
20:28c'est une mise de jeu qui est inacceptable
20:30et qu'il faut tout faire pour pouvoir faire bouger les lignes.
20:33En tout cas, nous, à notre échelle, c'est ce qu'on fera.
20:35Merci beaucoup.
20:36Merci à vous.
20:37Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT,
20:39invitée du Grand Entretien de France Inter ce matin.
20:41Merci.
20:42Merci.
20:43Merci.
20:44Merci.
20:45Merci.
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À suivre