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Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00Thierry Chetrit, bonjour. Très heureuse d'accueillir un banquier entrepreneur.
00:05Quelquefois, ce n'est pas forcément tout à fait la même chose.
00:10Et vous avez un parcours formidable quand même, parce que vous n'en êtes pas venu tout de suite à la banque.
00:19Comment ça s'est passé ?
00:21J'y suis venu par les nouvelles technologies en 2000.
00:25J'étais patron financier dans un groupe international, Omnicom.
00:30En France, j'ai vu ce qui se passait dans Internet.
00:33Je me suis dit, comment puis-je mettre à contribution tout ce que j'ai acquis au bénéfice des entrepreneurs que j'ai vus,
00:42ces jeunes hyper talentueux, mais qui avaient besoin d'argent, de conseils.
00:46J'ai créé une structure pour ça, pour investir dans eux, pour les accompagner.
00:49J'ai créé ma première structure comme ça en 1998.
00:54J'étais assez jeune, j'avais une trentaine.
00:55C'est ça qui m'étonne beaucoup, parce que créer une structure, une entreprise, ça ne m'impressionne pas beaucoup.
01:01Mais là, c'est une banque.
01:04Donc, ça veut dire qu'il y a tout l'aspect financier qui est très important.
01:07Ça ne s'improvise pas à 30 ans que là, on a ce qu'il faut pour financer, pas de problème ?
01:15Alors, en fait, le terme de banque, dans banque d'affaires, est un tout petit peu trompeur,
01:19parce que, qui dit banque, pense compte, gestion des flux.
01:24Vous avez fait beaucoup de chance, mais pas de compte, de particulier.
01:26Nous, on ne gère pas de compte, on ne gère pas de particulier,
01:28et surtout, on conseille des opérations qu'on met au point.
01:32Alors, le terme banque d'affaires est un peu impropre, mais c'est comme ça.
01:35C'est le terme consacré, c'est une traduction de l'anglo-saxe.
01:38C'est plutôt une société de conseils, en fait.
01:40C'est vraiment du conseil.
01:41Et où intervient l'argent ?
01:43L'argent, en fait, on le fait venir de là où il doit intervenir,
01:47c'est-à-dire des acquéreurs, s'ils sont des acquéreurs, des fonds d'investissement.
01:52On va chercher des fonds d'investissement pour qu'ils investissent dans les entreprises.
01:55On va chercher les banques pour qu'elles prêtent.
01:57Donc, nous, on organise les flux, mais on n'en fait pas partie.
02:01D'accord.
02:02Et c'est un métier à part entière.
02:03Ça prend beaucoup de temps d'aller chercher, pour décider les gens, pour investir.
02:08Ça prend un temps fou, non ?
02:09En moyenne, une opération, chez nous, ça prend un an.
02:12En France, ça prend un an.
02:13Aux États-Unis, ça prend six mois.
02:14C'est plus rapide.
02:15L'argent est plus fluide.
02:17Donc, ça prend un an.
02:19Un entrepreneur qui veut vendre sa société, même partiellement,
02:22qui veut faire entrer un fonds d'investissement pour se financer son développement,
02:26ça prend un an.
02:27Par chance, ça peut prendre six mois.
02:29Mais sinon, c'est un an.
02:29Et ça veut dire que, forcément, les fonds d'investissement ont très confiance en vous ?
02:35Absolument.
02:36Ça s'est gagné au fil du temps.
02:38Vous ne pouvez pas les planter.
02:40Non.
02:41Une vraie grande relation de confiance avec les fonds d'investissement.
02:44Et comment vous savez qu'une boîte va être intéressante et vraiment intéressante ?
02:49Non, ça tombe sous le sens, peut-être, mais pas tout le temps.
02:51Ça tombe sous le sens.
02:52Après, on est un peu nourri d'expérience.
02:54Oui, quand même.
02:5420, 25 ans, tout compris, maintenant.
02:59Donc, on en a vu beaucoup.
03:00On en voit beaucoup.
03:01À échelle mondiale, on fait 250 opérations chaque année,
03:05multipliées par 25 ans.
03:07Vous voyez, on voit beaucoup de boîtes dans beaucoup de domaines.
03:08C'est quoi les plus grosses opérations que vous avez faites ?
03:10La plus grosse ?
03:11La plus grosse, ça doit être de l'ordre de 500-600 millions d'euros.
03:16Une entreprise italienne qui est cédée à un fonds d'investissement belge, familial.
03:23Voilà.
03:23C'est de cet ordre-là.
03:24Et puis, il y en a peut-être d'autres.
03:24Et il vient de vous chercher.
03:25C'est toi qui vient de vous chercher.
03:27Donc, vous avez une grosse notoriété.
03:28Oui.
03:29Oui, on est dans le paysage.
03:30On est dans le top 10 des banques d'affaires dans notre segment,
03:35qui s'appelle le mid-market.
03:36On est dans le top 10 européen ou mondial.
03:39Le mid-market, ça veut dire quoi ?
03:39Le mid-market, ça définit la taille des opérations.
03:42Voilà.
03:43Nous, on fait des opérations globalement très larges,
03:45entre 10-15 millions et 500 millions.
03:47C'est ça, notre tranche.
03:48C'est assez vaste.
03:49Et en moyenne, elles font 50 millions, les opérations.
03:51Et un grand plantage, c'est quoi ?
03:54Un grand plantage ou une grande difficulté ?
03:56Parce que le plantage, c'est impossible.
03:58Grande difficulté, par exemple.
04:00Ne seriez pas là.
04:01Exactement.
04:02Je me suis très impliqué dans ma drange, dans la charcuterie.
04:05Oui.
04:06C'est une très belle affaire.
04:07Une très belle entreprise française qui a eu des difficultés.
04:11Je me suis impliqué dedans pendant trois ans,
04:13pratiquement en délaissant un peu partiellement Clairefile, mon affaire,
04:16pour aider à la redresser avec l'aide du ministère.
04:20Un retournement, ça s'appelle.
04:21Un retournement.
04:22Avec l'aide du ministère.
04:23Ça aide le ministère ?
04:25Oui, le ministère de l'économie a un service qui s'appelle le CIRI,
04:27qui est très efficace.
04:28Ah bon ?
04:29Qu'est-ce qu'il fait ?
04:30Il aide à sécuriser sur le plan financier,
04:34c'est-à-dire aider l'entreprise à ce qu'elle ne paye pas tout ce qu'elle doit.
04:36Est-ce qu'elle met moins d'argent dans des boîtes qui ne vont pas bien ?
04:37Non, elle ne met pas d'argent dedans.
04:38Il y a aussi la banque publique d'investissement qui fait ça.
04:43Mais elle aide à...
04:44Elle favorise, facilite le fait de ne pas payer tout ce que l'entreprise doit,
04:49la fiscalité, etc.
04:50Elle accompagne, elle aide à chercher des solutions avec
04:53et l'aide de la puissance publique est utile.
04:55Oui, donc on a la puissance publique qui nous aide vraiment là.
04:58Oui, ça peut.
04:58Dans les autres pays aussi ?
05:00Aussi, aussi.
05:01La puissance publique aussi ?
05:02Ça peut.
05:03C'est un peu assez français et social comme modèle,
05:06mais oui, oui, bien sûr.
05:08Et donc, ça vous avez fait.
05:12Et si vous avez un rêve, c'est faire quoi de cette entreprise ?
05:17Grossir, grossir, grossir ?
05:18Grossir, continuer.
05:20Parce qu'en fait, je n'ai pas fait cette entreprise pour la vendre.
05:23Je l'ai faite parce que ça m'apportait.
05:27Je trouvais essentiel d'aider les entrepreneurs à grandir,
05:31se développer, se transmettre.
05:33C'est vraiment une vocation entrepreneuriale.
05:35Et à tel point, même qu'on le fait maintenant,
05:38ça fait un certain temps qu'on diffuse ce que l'on fait
05:44à travers un fonds d'impact que j'accompagne depuis longtemps,
05:48qui s'appelle Impact Partner,
05:49qui investit dans les entrepreneurs des quartiers.
05:51Ah, c'est bien.
05:52Pour aider à ce qu'ils deviennent entrepreneurs plutôt qu'autres choses.
05:55et voilà à quoi ça peut servir les entrepreneurs et l'entrepreneuriat.
06:00Et ça marche bien dans les quartiers ?
06:02Ça marche extrêmement bien.
06:04Extrêmement bien.
06:05Ces entrepreneurs hyper talentueux, qui ont des idées,
06:08mais qui n'ont pas toutes les cartes en main,
06:12comme les jeunes diplômés des grandes écoles.
06:14Pour eux, c'est un peu plus compliqué.
06:16Donc, les aider, les accompagner, les financer,
06:18c'est encore plus important.
06:19Et vraiment, c'est admirable ce qu'on arrive à faire.
06:21Formidable.
06:23Et votre secteur se porte bien, en général ?
06:26En ce moment, il y a un petit trou d'air en France.
06:29Alors nous, on n'est pas franco-français,
06:30on est très mondial, donc on a beaucoup de choses à faire.
06:34Mais en France, il y a un petit trou d'air
06:35parce que les investisseurs sont un peu réticents.
06:38Il y a moins d'argent qui est venu s'investir en France.
06:41Les entreprises n'ont pas de visibilité absolue
06:45sur leur business, carnet de commandes.
06:47C'est un peu compliqué.
06:49Donc, oui, oui.
06:51Donc, vous êtes brillant.
06:52Un peu challenging.
06:53Et puis, vous êtes dans le monde entier.
06:55Merci beaucoup et merci pour tous les entrepreneurs.
06:58Merci beaucoup à vous.

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