00:00Bonjour Serge Trigano, très heureuse de vous accueillir à patron en question.
00:04Le patron par définition, c'est un natavisme d'être patron.
00:09Et donc vous êtes le fils de Gilbert Trigano, qui a fondé le Club Med,
00:14je me souviens du camping chez Trigano.
00:16Et vous avez pris un chemin formidable aussi d'entrepreneur, qui a commencé par quoi ?
00:22Alors d'abord, comment vous avez commencé ? Parce qu'on fait des études, on est le fils de Gilbert Trigano, premier job.
00:26Premier job, c'était Géo au Club Méditerranée, pas très original.
00:30Pendant les études de sciences économiques, des saisons de 2-3 mois,
00:34qui permettaient de découvrir cette maison extraordinaire, et de tomber amoureux de cette maison,
00:39et après d'être nommé chef de village et de grandir dans une maison qui était tout à fait passionnante.
00:45Et quand est-ce que vous avez décidé de voler de vos propres ailes ?
00:49Écoutez, moi j'ai fait 30 ans de ma vie dans l'aventure du Club.
00:53Ah 30 ans dans l'aventure du Club ?
00:55Oui, de Géo au chef de village, j'ai dirigé le club aux Etats-Unis.
00:58J'ai été DG et président du club.
01:01Puis l'histoire du club s'est arrêtée, violemment, et donc j'ai été amené à m'essayer de repenser ce que je pouvais faire.
01:08Et c'est comme ça qu'avec mes fils, on a pensé au concept du Mama Shelter.
01:11Alors donc tout de suite après, c'est très original.
01:16Et pourquoi ce concept de Mama Shelter ? Je crois que c'est vous qui... Je vous ai entendu un jour dire que vous vendez du bonheur.
01:23Oui, c'est un peu la marque de fabrique de la famille.
01:26Le Club, c'était du bonheur.
01:28Et Mama Shelter, ça se voulait être différent et ça se veut être différent d'un hôtel classique.
01:31C'est ce qu'on appelle un lieu de vie dans lequel il y a de la vie, il y a de la musique, on peut y passer un week-end, on peut faire du sport, on peut...
01:40Voilà.
01:40Et c'est un peu comme ça qu'on a conçu le Mama, ouvert sur les villes, avec une restauration simple, abordable.
01:46On a eu la chance de travailler avec Alain Sanderins, qui était un chef étoilé extraordinaire, qui a accepté de nous accompagner,
01:52avec Philippe Star, qui est le génie absolu en termes de design.
01:55Bien d'accord.
01:55Voilà, et donc c'est avec cette équipe.
01:57Et c'était très branché en plus comme concept.
01:58C'était très branché, c'est mes fils et moi, et avec Philippe, avec Cyril.
02:05On a hésité sur ce qu'on pouvait faire, on a failli faire un resort au Maroc, les choses ne se sont pas faites comme on l'avait souhaité.
02:12Et puis avec un copain, Cyril Awiserat, on a pensé qu'on pouvait imaginer un nouveau type d'hôtellerie, une hôtellerie différente.
02:19Jusqu'à l'arrivée du Mama, en tout cas en Europe, un hôtel, c'est un lieu où on venait, on posait ses valises, on prenait une douche,
02:25et puis on sortait, trouvait le petit restaurant sympa dans le coin ou pas dans le coin.
02:30Nous, on s'est dit, il faut qu'il reste dans le Mama, il faut que les gens de la ville viennent dans le Mama,
02:34ce qui fait que si je suis touriste ou homme d'affaires, je sentirais un peu les palpitations de la ville.
02:39C'est comme ça qu'est né le premier Mama, rue de Bagnolet.
02:42Mais en ça, vous gardez le principe du club.
02:44Moi, je suis étonnée, des amis qui vont au Club Mad, ils ne disent pas, j'ai été au Maroc, ils disent pas, j'étais au club.
02:50J'étais au club, absolument.
02:51Et donc, on n'en sort pas, pratiquement.
02:53Et c'est donc le même concept.
02:55C'est le concept du club, et ça a été un peu le concept du club,
02:57quand on se posait à la ville, avec du staff qui ne venait pas nécessairement de l'hôtellerie et de la restauration,
03:03mais qui avait des attitudes, des comportements adorables.
03:06Et c'est comme ça que le Mama est né, ça s'est bien passé.
03:09Le premier a très bien marché dès le départ.
03:13Les journalistes ont été très enthousiastes sur cette aventure un peu étonnante.
03:18Il y en avait combien ?
03:19Maintenant, il y en a 18, il y en a une dizaine en construction, une vingtaine en négociation.
03:24On ouvre la semaine prochaine Zurich.
03:27On ouvre à la fin septembre Singapour.
03:30On a ouvert Dubaï il y a quelques semaines.
03:32Voilà, il y a comme ça.
03:33Et avec l'évolution du concept, parce que quand même, la sociologie, on a l'impression, évolue d'année en année.
03:40Est-ce qu'il y a une évolution du concept un petit peu ou pas ?
03:42Le concept reste un peu le même, un lieu abordable, un lieu de vie, branché, mais même en dehors du temps.
03:49Parce que moi, je n'aime pas les trucs à la mode, parce que les trucs à la mode, ça se démodent.
03:52C'est assez classique.
03:54Voilà, donc c'est un peu intemporel.
03:56Ça s'adresse à des clientèles de tout âge, à des gens qui n'attendent pas un service traditionnel.
04:02Il n'y a pas de room service, par exemple, dans les chambres.
04:05On ne porte pas votre valise.
04:06Mais en même temps, dès que vous descendez au bar, au restaurant, on s'occupe de vous.
04:11Il y a de la chaleur, il y a de la tendresse, il y a de la gentillesse.
04:14Il y a de la tendresse.
04:15Oui, il y a de la tendresse.
04:17Le staff est d'une grande tendresse.
04:18Ah oui ?
04:19Absolument.
04:20Et en même temps, il y a un business model très rigoureux derrière, que mon fils Jérémy a mis en place.
04:24Et ce n'est pas un peu contradictoire d'avoir de la tendresse sans qu'on porte la valise ?
04:28Non, pas du tout.
04:29Non, d'abord parce qu'aujourd'hui, on ne porte plus les valises, elles sont à roulettes.
04:32Donc, il n'y a plus besoin de ça.
04:35Et non, non, c'est la gentillesse, la tendresse.
04:40On accueille beaucoup de gens seuls qui viennent au MAMA, entre des femmes seules,
04:44qui se sentent confortables quand elles sont au MAMA.
04:46Et puis, on accueille des familles.
04:48On fait beaucoup de séminaires depuis quelques temps au MAMA.
04:50Depuis l'arrivée du télétravail, les entreprises ont besoin de se retrouver dans des lieux un peu conviviaux.
04:57Le MAMA de la Défense, le MAMA de l'Ouest, Porte de Versailles.
05:00Déjà, le mot MAMA, c'est déjà formidable.
05:02Oui, c'est MAMA Shelter.
05:03Shelter, c'est la notion d'abri.
05:05Et MAMA, c'est la femme qu'on aime le plus au monde.
05:07C'est notre MAMA qui nous accueille, qui s'occupe de nous, qui nous donne à manger.
05:11Et après, Accor s'est intéressé au MAMA, a pris un ticket et est maintenant à 100% du MAMA.
05:19Formidable réussite.
05:20Alors maintenant, votre bébé, si je puis dire, qui est plutôt un peu vieux, le bébé,
05:24parce que c'est destiné aux personnes plus âgées.
05:28Et je trouve le concept également formidable.
05:30C'est également, vous vendez aussi de l'amour.
05:33C'est d'apporter de l'amour, de la jeunesse.
05:36Quand on vieillit un peu, le problème, c'est de ne pas vieillir, c'est de bien vieillir.
05:39Ça s'appelle Casa Barbara.
05:40Ça s'appelle Casa Barbara.
05:41Pourquoi Casa Barbara ?
05:42Parce que ma belle-mère vivait en Allemagne, dans un appartement dans lequel on l'aidait à vivre.
05:48Et un jour, elle en a eu marre.
05:50Elle a voulu partir dans une maison.
05:52Elle s'est mise à revivre dans cette maison parce qu'il y avait du monde,
05:55parce qu'elle avait fait des copines et des copains.
05:58Et c'est un peu à sa mémoire qu'on a annoncé Casa Barbara.
06:01L'idée, c'est de casser la solitude.
06:03Quand vous vieillissez, vous êtes souvent seul.
06:06Même si vous avez un bel appartement, vous attendez la visite de vos enfants,
06:09de vos plus-enfants qui viennent ou qui ne viennent pas.
06:12Et donc, l'enjeu, c'est la solitude.
06:15Et ça, c'est un peu aussi la marque de fabrique de la famille.
06:17Le Club Med s'était fait pour...
06:18Et qu'est-ce que ça a de particulier, physiquement, si je puis dire ?
06:22Écoutez, c'est des résidences d'une centaine de chambres qu'on traite comme des hôtels.
06:26L'idée, c'est de venir vivre comme à l'hôtel.
06:28Et c'est des chambres, il n'y a pas de suite ou de petits centres ?
06:30Il y a des suites, il y a des chambres, il y a des appartements avec une chambre, deux chambres, trois chambres.
06:34Et puis, le point fort, c'est les parties communes, un bar, un restaurant.
06:37Dans les futurs Casa Barbara, il y aura des piscines, des spas.
06:41Voilà.
06:41Est-ce qu'on peut être malade ?
06:44On peut être malade, malheureusement.
06:46Non, non, mais c'est pas médicalisé.
06:48Voilà, c'est pas médicalisé.
06:49C'est pas médicalisé.
06:50Mais on est en train de travailler avec des boîtes spécialisées dans la télémédecine,
06:54qui fait maintenant des progrès formidables.
06:55Formidables.
06:56Et qui permet le matin de vous dire, Sophie, attention, il faut que tu fasses attention à ça ou à ça,
07:00après un petit check-up de cinq minutes.
07:01Et donc, c'est ça qu'on mettra en place.
07:04Et les piliers, si vous voulez, je crois que pour le bien vieillir, il y a trois facteurs.
07:07Bien manger, on s'est associé avec Pierre Gagnère,
07:10qui en principe devrait nous fournir une table de très belle qualité.
07:13Ne pas être seul, la communauté, ça c'est un peu la marque de fabrique de la famille.
07:17Et puis les activités, il faut garder les activités.