Ce lundi 14 juillet, dans son édito, Raphaël Legendre est revenu sur la volonté d'Emmanuel Macron de porter au double le budget de l'armée d'ici 2027 pour être la première armée en Europe, ce qui implique de réduire les dépenses sociales, dont les dépenses en faveur des retraités. Cette chronique est à voir ou écouter du lundi au vendredi dans Good Morning Business, présentée par Laure Closier sur BFM Business.
01:15Être lucide, a répété à plusieurs reprises le chef de l'État sur la situation du monde et de notre pays.
01:21Hier, Emmanuel Macron a prévenu.
01:23Il demandera un effort ponctuel à tous, comme François Bayrou d'ailleurs.
01:26Et ça, ça veut dire des arbitrages douloureux dans le prochain budget probablement.
01:30Ben oui, car la vérité, c'est que sauf à connaître une croissance très forte, on ne peut pas tout à la fois s'enorgueillir d'avoir la première armée en Europe.
01:39Nous avons la première armée en Europe en France.
01:41Et en même temps, être le pays le plus dépensier sur les dépenses sociales, avoir le plus faible reste à charge en matière de santé, travailler 200 heures de moins que la moyenne de nos voisins européens,
01:52partir plus tôt que tout le monde à la retraite avec les pensions les plus élevées, le tout avec des déficits qui ne cessent de s'aggraver depuis trois ans maintenant,
02:03et avec une croissance potentielle qui ne fait, elle, que baisser dans le même temps.
02:07Je rappelle qu'elle a été ramenée de 1,3 à 1% seulement dans le dernier budget. Cette équation ne fonctionne pas.
02:13Oui, ça fait du bien en le disant, effectivement. Mais Emmanuel Macron a quand même rappelé que les dépenses militaires ne devraient pas être financées par l'endettement, mais bien par la croissance, Raphaël.
02:21Oui, il a rappelé que notre indépendance militaire, je le cite encore une fois, est indissociable de notre indépendance financière.
02:28Il a raison Emmanuel Macron, sauf que nous perdons chaque année un peu plus de notre indépendance financière,
02:33avec une dette qui est passée depuis son élection de 99,2% du PIB à 114 points de PIB au premier trimestre 2025.
02:43Et comme il le fait toujours, Emmanuel Macron a promis de financer cet effort militaire par plus de croissance, plus d'activité, plus de production,
02:52comme il l'a déjà promis pour rétablir nos déficits par la croissance et l'emploi, toujours davantage que par la rigueur.
03:00Alors intellectuellement, il a raison le chef de l'État, si on avait le taux d'emploi de l'Allemagne, on n'aurait plus de déficit en France.
03:06Sauf que voilà, on ne l'a pas, le taux d'emploi de l'Allemagne, et 7 ans après son élection,
03:11et on affiche le pire déficit de la zone euro, et 1000 milliards de dettes en plus.
03:17Alors la croissance, c'est bien beau Sandra, mais comme les éoliennes, c'est une énergie intermittente,
03:22surtout en France, où l'on manque souvent de vent dans les voiles, faire le pari de la croissance pour rétablir les comptes,
03:30c'est un peu comme parier sur des panneaux solaires pour s'éclairer durant la nuit polaire au Groenland, c'est audacie.
03:37Donc vous nous dites qu'il va falloir changer finalement de logiciel si on veut s'en sortir.
03:42Bah oui Sandra, on n'a pas le choix, effectivement.
03:44Les retraites, c'est 400 milliards, les dépenses de santé qui sont en train de partir complètement dans le décor depuis le Covid,
03:50c'est plus de 200 milliards, la charge de la dette, elle, va passer de 67 à 108 milliards d'ici 2019,
03:56c'est 40 milliards de plus de charges de la dette qu'on va payer à nos créanciers chaque année.
04:02Alors dans tout ça, les 6,5 milliards d'accélération des dépenses militaires finalement ne pèsent pas grand-chose,
04:08et sont, j'ajoute, parfaitement indispensables, mais c'est 14 milliards de plus en deux ans pour arriver aux 64 milliards de dépenses
04:18quand il va falloir serrer la vis de partout, ça ne va pas être simple, la mission va être délicate pour François Bayrou,
04:24d'autant plus qu'après 2026, on sera encore loin du compte, je rappelle qu'il faudra au bas mot,
04:29100 milliards d'économies supplémentaires pour stopper la hausse de la dette.
04:35Résultat de la copie, demain, on en reparle après les annonces de François Bayrou.
04:38Évidemment qu'on y sera sur ces annonces. Merci beaucoup Raphaël Legendre.