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Delphine Charvin, PDG et cofondatrice d’Elkedonia, était l'invitée de Sandra Gandoin dans French Tech, ce mardi 15 juillet. Elle s'est penchée sur son nouveau traitement antidépresseur qui agit différemment de ce qui existe aujourd’hui, pour répondre aux besoins de patients qui n’ont pas de solution thérapeutique, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00La French Tech avec Léa Benahim, nous recevons Delphine Charvin, PDG et cofondatrice d'Elkedonia.
00:04Bonjour, merci d'être avec nous sur le plateau de la matinale de l'économie.
00:08Elkedonia, c'est une start-up franco-belge qui a été lancée cette année.
00:11Vous voulez combattre la dépression. Qu'est-ce que vous développez concrètement ?
00:16Alors déjà, merci de me recevoir pour me donner l'opportunité de présenter Elkedonia.
00:21Donc ce qu'on veut développer, c'est un nouveau traitement antidépresseur,
00:24qui agisse vraiment différemment de ce qui existe aujourd'hui,
00:27pour répondre aux besoins des patients qui n'ont pas de solution thérapeutique.
00:31Donc comme vous le disiez, la dépression touche 300 millions de personnes dans le monde.
00:36Il y a un tiers des patients qui ne répondent pas au traitement qui existe.
00:40Et donc c'est à ces patients que l'on s'adresse par une approche vraiment différente,
00:44une cible qui n'a pas encore été évaluée en psychiatrie
00:47et pour laquelle on a des bonnes raisons de savoir qu'elle pourrait résoudre des problèmes.
00:53Quelle est la différence entre ce qui se fait maintenant et ce que vous vous proposez ?
00:57Alors nous, nous nous attaquons à la source du blocage de la neuroplasticité dans le cerveau.
01:03Donc ça, c'est un peu compliqué.
01:05Dans le cerveau d'un patient qui souffre de dépression,
01:08il y a des circuits qui sont bloqués,
01:10comme par exemple les circuits qui permettent de ressentir du plaisir.
01:13Donc les patients qui ont des dépressions ont ce qu'on appelle une anédonie.
01:17Donc ça, c'est une absence de plaisir,
01:20quelle que soit l'activité, même celle qui en procure d'habitude.
01:22Donc tous les patients ont de l'anédonie.
01:26Et plus l'anédonie est sévère, plus elle risque de mener au suicide.
01:30Donc là, pour ce symptôme en particulier, il faut agir vite.
01:33Et on est en manque de solutions.
01:36Donc nous, on a une cible qui s'appelle L-Quan,
01:38qui est un frein dans ces circuits de prise de plaisir.
01:42Et c'est un frein qui est nécessaire.
01:44Par exemple, quand on est exposé à un stress,
01:47on va avoir ce frein qui va se mettre en marche.
01:51Et ça, c'est une réponse normale.
01:52On ne ressent pas de plaisir dans une situation malveillante.
01:55Par contre, quand le stress est répété et qu'on développe une dépression,
01:58le frein reste bloqué.
02:00Et donc nous, ce qu'on propose, c'est de lever ce frein,
02:02de débloquer ce frein pour permettre la neuroplasticité de se remettre en place.
02:07Et cette molécule, c'est vous qui l'avez découverte
02:10ou elle existe déjà dans d'autres pays
02:12et vous allez la mettre en place en France ?
02:14Alors, on n'a pas encore de molécule.
02:16Par contre, ce qu'on a, c'est une cible,
02:17donc L-Quan, qui est validée,
02:18qui a été validée par les travaux de recherche du docteur Jocelyne Caboche.
02:21Quand vous dites une cible, c'est des patients cibles ?
02:24Non, ça veut dire dans le cerveau, sur quel mécanisme on veut agir.
02:28Donc ça, c'est ce qu'on appelle L-Quan.
02:31Et ça, c'est les travaux de recherche du docteur Jocelyne Caboche,
02:34qui est professeure émérite du CNRS,
02:36qui a démontré l'implication de ce nouveau mécanisme dans la dépression.
02:42Alors, vous en êtes où dans le développement, justement, de ce médicament ?
02:45Donc, nous, on en est au tout début.
02:47C'est-à-dire que ce mécanisme est bien connu grâce aux travaux de recherche.
02:51Maintenant, il faut qu'on développe une molécule chimique
02:54qui va avoir les bons effets et les bonnes propriétés
02:56pour devenir un médicament.
02:58Donc, c'est ce qu'on va s'attaquer à faire dans les prochaines années.
03:01Donc ça, ça va nous prendre environ trois ans.
03:04Et ensuite, il nous faudra encore un an d'études complémentaires
03:08avant de pouvoir aller chez l'homme.
03:10Donc, on espère des premiers essais cliniques d'ici 2029
03:13et une entrée chez les patients d'ici 2030
03:16pour une première preuve d'efficacité.
03:19Le problème souvent dans ces traitements,
03:21c'est le fait qu'ils soient addictifs,
03:25qu'ils aient beaucoup d'effets secondaires.
03:26Est-ce que vous allez travailler là-dessus ?
03:28Oui, tout à fait.
03:29Donc, c'est exactement notre angle d'attaque.
03:32Ce qu'on vit, c'est un traitement qui va agir rapidement.
03:35Donc, bien plus rapidement que ce qui existe.
03:37Aujourd'hui, il faut 4 à 6 semaines
03:38pour un traitement antidépresseur classique
03:41pour montrer un effet.
03:42Nous, on veut agir en quelques heures.
03:45Quelques heures ?
03:45Par rapport à un mois ?
03:47Oui, voilà.
03:49Et donc ça, on a des données pré-cliniques
03:50qui nous montrent que ça va être possible.
03:53Et notre deuxième angle d'attaque,
03:55c'est en effet d'avoir un mécanisme
03:57qui ne développe pas de dépendance
03:59et au contraire, qui peut même réverser
04:01les addictions lorsqu'elles sont établies.
04:04Vous avez élevé un peu plus de 11 millions d'euros
04:06au mois de juin pour développer ce traitement
04:08à action rapide.
04:11Qui sont vos investisseurs ?
04:13Donc, on a 8 investisseurs, tous européens.
04:17Donc, des Français, des Belges, Allemands, Italiens.
04:20Certains d'entre eux sont historiques,
04:22c'est-à-dire qu'ils connaissent le projet
04:23depuis le début puisqu'ils ont investi dans ArgoBio.
04:26ArgoBio, c'est un start-up studio
04:28dont est issu Elkhedonia.
04:30Donc, c'est le cas de Courma Partners,
04:32de BPI France, d'Angelini Ventures et ArgoBio
04:35qui investissent maintenant directement dans Elkhedonia.
04:38Et des nouveaux investisseurs,
04:40WeLife Science, donc de Wallonie, Entreprendre,
04:43Sambre Invest, Capital Grand Est et Karma Fund.
04:47J'imagine que pour le moment,
04:49dans les 5 ans à venir,
04:50vous voudriez le commercialiser en Europe ?
04:53Alors, la commercialisation viendra bien plus tard
04:56et d'ici là, il faudra certainement passer
04:58par une grosse pharma.
05:01Effectivement, notre première population cible,
05:04c'est l'Europe,
05:05mais il faudra aussi qu'on s'ouvre aux États-Unis
05:07et aux grands acteurs dans ce domaine.
05:12Mais ça, c'est pour plus tard,
05:13quand on s'approchera de la clinique.
05:15Et justement, vous allez viser le marché américain,
05:18mais j'imagine bien après l'Europe,
05:20comme vous l'avez dit.
05:22C'est un marché différent,
05:24c'est un marché plus sur le profit.
05:25Est-ce que vous devrez adapter votre traitement ?
05:28Est-ce que vous allez adapter votre commercialisation
05:29dans ce cas-là ?
05:30Alors, on ne pense pas,
05:31parce que justement,
05:32dans notre phase de préparation d'Elkhedonia,
05:34et ça, ça fait partie du travail qu'on faisait
05:35chez Argo Bio,
05:37on interview déjà tous les acteurs,
05:41qu'ils soient européens, américains,
05:43pour essayer justement de comprendre
05:44le besoin, les requêtes
05:47de tous ces acteurs importants à venir.
05:51Donc pour l'instant,
05:51on est sur des requêtes assez concordantes
05:54entre le marché européen et américain.
05:56Vous avez dit que vous trouveriez la monocule
05:58d'ici 2029-2030.
06:00Une commercialisation,
06:01ça prendrait combien de temps derrière ?
06:02Ça serait à quel horizon ?
06:03Donc ça, c'est pour avoir une preuve de concept
06:05chez les patients.
06:06Donc montrer qu'effectivement,
06:07il n'y a pas d'effet secondaire
06:08comme on les a nommés,
06:11et que c'est efficace.
06:12Ensuite, il faut trouver la bonne dose,
06:14donc phase 2B,
06:15ensuite phase 3,
06:16pour ouvrir sur un plus gros échantillon.
06:18Donc je pense que d'ici 10 ans,
06:20on pourra parler de commercialisation,
06:22mais pas avant.
06:22Ça fait beaucoup de levées de fonds,
06:24ça fait beaucoup d'argent,
06:25ça fait du temps long,
06:26comme tout développement de traitements,
06:28finalement.
06:29Vous savez évaluer à combien d'argent
06:32que vous aurez besoin pour aller jusque-là ?
06:34Donc là, on vient de lever 11 millions.
06:36Ce qu'on pense, c'est pour l'instant,
06:38notre plan, c'est d'avoir une deuxième levée de fonds
06:41d'ici 3 ans,
06:42qui sera aux alentours de 30-40 millions,
06:45pour nous aider à aller jusqu'à cette preuve de concept
06:47chez les patients,
06:48et ensuite proposer le projet à une pharma.
06:51Et dans votre business model,
06:53ce médicament,
06:54ce serait pour tout le monde ?
06:55Ce serait accessible au niveau des prix,
06:57simplement, à tous les patients ?
06:58Tout à fait,
06:59parce qu'aujourd'hui,
07:00on parle d'une pilule à prendre
07:02avec un verre d'eau à la maison,
07:04sans nécessiter d'être entourée
07:06par une équipe médicale
07:07pour recevoir le traitement,
07:08comme ça peut être le cas aujourd'hui
07:10pour certains des traitements existants.
07:12Merci beaucoup,
07:12Delphine Charvin,
07:14PDG et cofondatrice.
07:15Del Quedonia,
07:16qui s'attaque donc à la dépression.
07:18Merci d'être venue dans la matinale
07:19de l'économie.

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