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Dans son édito du 13/07/2025, Jules Torres revient sur l'entrée au patrimoine mondial de l'UNESCO des alignements de Carnac.

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Transcription
00:00Oui, 3 000 pierres, 6 000 ans d'histoire et une leçon de civilisation dans un monde qui avance vite.
00:06Eh bien, c'est un champ de pierres immobile depuis des millénaires qui nous rappelle une chose.
00:11Avant de courir, il faut savoir d'où l'on part et parfois, pour savoir où l'on va, il faut se retourner.
00:16Cette semaine, les alignements de Karnak ont rejoint le patrimoine mondial de l'UNESCO,
00:21une reconnaissance planétaire pour un site unique.
00:23Plus de 3 000 ménirs dressés à main nue il y a 6 000 ans, selon une logique que nul n'a encore percée.
00:29Mais au fond, ce n'est pas seulement un monument que l'UNESCO distingue, c'est une certaine idée de la France.
00:33Celle d'un pays dont les racines plongent si profond qu'elles tiennent tête au temps.
00:38À l'heure où l'on nous vante l'innovation, la vitesse comme un seul salut, Karnak surgit comme un rappel.
00:45La France n'a pas besoin de faire du bruit pour impressionner.
00:48Elle peut encore émerveiller le monde, non par ses applis ou ses écrans, mais par la puissance muette de son héritage.
00:53Car ces pierres parlent sans mots.
00:55Elles disent qu'avant les frontières, il y avait des bâtisseurs.
00:59Avant les lois, il y avait des mains tendues vers le ciel.
01:02Elles rappellent qu'il existe une forme de grandeur aussi.
01:05Karnak, ce n'est pas du folklore, c'est un antidote à l'effacement, un rempart contre l'oubli.
01:10Une preuve gravée dans la pierre que malgré les doutes et les crises, notre grandeur est toujours debout.
01:15Jules, qu'est-ce qui fait encore notre force selon vous ?
01:18C'est une bonne question.
01:19On dit que la France doute, qu'elle s'essouffle, qu'elle recule, fatiguée par ses batailles, lasse de son histoire.
01:24Et qu'il faut bien reconnaître qu'il y a une certaine part de vérité.
01:27Parfois, elle donne cette impression, celle d'un pays fracturé, traversé de colère, hésitant sur ce qu'il veut être.
01:33Mais Karnak nous rappelle que ce doute est un leurre, qu'au-delà des crispations, il y a de la conscience,
01:38qu'au creux du découragement, il y a encore une force, une force tranquille, enracinée, séculaire.
01:44Car notre pays continue de briller, il brille par ce qu'il incarne, par ce qu'il donne au monde,
01:48par ce qu'il garde en lui, sans frime ni bruit.
01:51Nous avons Notre-Dame blessée, puis redressée comme une promesse.
01:55Notre-Dame ressuscitée.
01:56Nous avons le puits du fou, ovationné partout dans le monde.
02:02Nous avons les églises romanes et les clochers penchés.
02:04Nous avons les plages battues par l'Atlantique et la Méditerranée.
02:08Nous avons les paysages sculptés par des siècles de travail humain.
02:11Et parfois, entre deux pains, vous avez, petite délicace, un clocher vendéen qui veille sur les toits,
02:17comme au Sable d'Olonne, par exemple, où l'histoire résonne et où la France conserve ce mélange de simplicité et de panache.
02:23Nous avons les marchés du matin, les terrasses qui bruisent, le pain encore chaud à l'aube et le vin qui accompagne le soir.
02:29Cette manière si française d'habiter la beauté sans jamais la surjouer.
02:32Karnak, ce n'est donc pas une anomalie, c'est un rappel.
02:35Un rappel que la France n'a pas besoin d'avoir la voix forte pour se faire entendre et que même lorsqu'elle doute,
02:41elle continue d'inspirer le monde marine.
02:43Alors Jules, demain, 14 juillet, qu'est-ce qu'on fête vraiment ?
02:45Demain, en effet, ce sera le 14 juillet.
02:48Les tambours résonneront, les drapeaux claqueront, la Marseillaise s'élèvera dans le ciel
02:52et les enfants, dieux levés, yeux levés, applaudiront les avions qui passent et les soldats qui défilent.
02:58Ce sera beau, ce sera solennel, mais au fond, vous avez raison.
03:00Que célébrera-t-on vraiment ? On célébrera une nation, on célébrera une civilisation,
03:06on célébrera la France, celle d'avant, celle d'après, celle des cathédrales et des maquis,
03:10celle des paysans et des poètes, celle des soldats de 14 et des résistants de 40,
03:15celle des bâtisseurs de ponts et donc des sculpteurs de menhirs.
03:17Karnak nous le rappelle avec la brutalité tranquille du granit.
03:21Être français, ce n'est pas signer un contrat social, c'est appartenir à une lignée,
03:26c'est recevoir un lègue, l'assumer et enfin le transmettre.
03:29C'est inscrire dans sa vie une histoire qui nous dépasse, mais qui nous oblige.
03:33À l'heure où le Premier ministre François Bayrou lance une grande réflexion nationale
03:37sur qu'est-ce qu'être français, on aimerait que Karnak soit invité à la table,
03:42que ces pierres muettes viennent rappeler qu'on ne construit rien de solide,
03:46sans mémoire et sans enracinement.
03:48Alors demain soir, quand les fusées illumineront le ciel,
03:51pensons à cette autre lumière, plus ancienne, plus discrète,
03:54mais tout autant essentielle, celle que nous avons reçue
03:57et que nous avons le droit de laisser durer.

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