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Dans ce premier volet sur la Biennale design 2025, qui renoue avec une grande thématique «Ressources, présager demain », notre conversation avec le commissaire général Eric Jourdan nous conduit à questionner la place de l’objet face à la question des ressources. Quel objet ? Pourquoi ? Et donc en écho la place du designer. Une interrogation que l’on mène avec les commissaires Eric Jourdan, Nestor Perkal, pour « Qui êtes vous Raymond Guidot », Matali Crasset pour « L’homme aux Pieds d’argile » installée au Corbusier à Firminy, Natacha Poutou pour Minimum Maximum, Emmanuel Tiboloux directeur de l’Ecole supérieure des Arts Décoratifs pour « Territoires », Marlène Huissoud pour « Les autres vivants » et quelques échappées vers Biennale en Fête qui a animé les 6 week-end de la Biennale. Réalisation Chantale Joassard
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00:00Bonjour, bonsoir, bienvenue dans Côté Seine et cette semaine c'est un dernier tour d'horizon de la Biennale 2025.
00:05Nous allons faire, 13ème édition d'une Biennale qui avait pour thème ressources présagées demain.
00:10Une Biennale disons nationale et stéphanoise vu que deux expositions, Droits de Révé et Fab École,
00:15montraient des projets des étudiants de l'école stéphanoise.
00:19Une Biennale qui porte aussi un regard sur l'Arménie, un œil sur le passé avec Raymond Guido.
00:24Une Biennale à l'étroit, elle a perdu deux tiers de sa surface, qui souhaitait se centrer sur des objets.
00:30Dans un monde du design qui se cherche entre les ressources qu'on puise et celles qu'on ne veut pas épuiser.
00:36Aussi les objets ne sont pas toujours bienvenus, pas toujours réalistes, pas toujours futuristes.
00:40Ce côté scène n'est pas exhaustif ni absolu, ce n'est pas non plus une visite guidée,
00:45mais plutôt une conversation entre des questions transversales et des instants que vous avez pu vivre ici.
00:50La Biennale, les expositions, mais aussi Biennale en fait.
00:53Une Biennale dont le sous-titre est présagé demain.
00:55Présagé, synonyme de prédire, prévoir, pronostiquer ou promettre.
01:01Il y a un peu de tout ça ici.
01:03Voilà, c'est parti.
01:04Nous allons commenter cette Biennale avec Éric Jourdan, le commissaire général,
01:08ici dans Droit de rêver, dédié aux étudiants de l'école.
01:12Et ça nous permet de parler du faire.
01:14Un résumé, Éric Jourdan, sur cette thématique ressources.
01:17Les réponses autour des ressources ont été abordées, mais avec des sensibilités fortes différentes.
01:25Et là, on est dans l'espace de l'exposition Le droit de rêver,
01:30donc une exposition consacrée à des workshops qui ont été menés à l'école par des étudiants et des designers invités.
01:37Des ressources liées à la fabrication.
01:41Là, je vois à côté un projet qui a été fait seulement avec la main, sans machine, sans dessiné, sans ordinateur.
01:51Il y a aussi un projet là-bas sur les shakers qui est plutôt comment travailler avec les ressources d'une certaine époque,
01:59en l'occurrence du 19e siècle, c'est-à-dire sans électricité.
02:02Comment dessiner et créer et fabriquer du mobilier sans les techniques actuelles.
02:07Donc là, tout ça pose la question des ressources, des objets fabriqués ici.
02:13Ça reste à Saint-Etienne, dans notre école, dans notre établissement, une donnée fondamentale.
02:20Oui, oui, carrément, c'est une volonté de créer des choses, d'aller chercher, d'être toujours curieux,
02:25de faire des choses qu'on n'a jamais faites avant, de travailler en groupe avec des gens qui nous inspirent des choses,
02:32qui nous font découvrir des choses qu'on ne connaissait pas.
02:36C'est ça aussi le travail dans ces workshops, dans l'école.
02:39C'est vraiment des rencontres entre étudiants, entre professionnels, entre professeurs.
02:44Et ça donne lieu à vraiment beaucoup, beaucoup de nouveautés, plein de nouvelles pistes.
02:50Et parfois, c'est le début d'intérêt pour des étudiants, des étudiantes qui vont découvrir quelque chose à un moment donné dans un workshop
02:58et qui peut-être après va ouvrir une pratique.
03:02C'est aussi vraiment une grande richesse et une grande ouverture.
03:05Et bien sûr, dans la Biennale, c'est pareil, puisque la Biennale, c'est aussi une prolongation de ce qu'est l'école,
03:14de ce qu'est l'établissement, avec sa sensibilité aux choses fabriquées.
03:19Première étape, donc, le faire. Nous y reviendrons.
03:23Et parmi les ressources, il y a aussi celle de l'histoire, avec cet hommage à l'historien du design Raymond Guido,
03:30la grande période aussi d'un design flamboyant.
03:34C'est le TGV, c'est le Concorde, c'est le programme Airbus, c'est la voie Georges Pompidou,
03:39où on décide de désengorger le centre-ville de Paris et de faire passer les voitures en dessous.
03:46Il y a cette idée du progrès.
03:48Moi, je n'aime pas trop parler d'avant-garde, mais c'est quelqu'un qui était aux avant-postes
03:53et qui pensait les choses avant les mouvements, qui les regardait quand ils étaient en train d'arriver.
04:02Un historien dynamique, du temps présent, à l'affût du nouveau.
04:06Une des clés de l'intérêt du personnage, c'est-à-dire savoir regarder, savoir voir ce qui peut arriver,
04:15comment on précède les mouvements.
04:19Est-ce qu'on n'est pas un peu nostalgique, Éric Jourdan, de cette période où le design inventait tout ?
04:26Mais en ce qui concerne Raymond Guido, il a accompagné effectivement une époque, on va dire, les années 60-70,
04:36où il y avait cette idée liée aux Trente Glorieuses, à la production industrielle,
04:42que dans les années 70, la France a dépassé en capacité industrielle l'Allemagne quand même.
04:47On en est loin maintenant.
04:50C'était dans 2001, les sièges dessinés par Olivier Mourgue, dans 2001, Odyssée de l'espace.
04:57Donc il y avait l'idée qu'on associait le design à une espèce de progrès,
05:04mais presque très volontaire, très volontariste.
05:08Je rappelle les salons de l'Élysée, dessinés par Pierre Paulin et choisis par Georges Pompidou.
05:18Quelque chose d'assez incroyable.
05:19Plus personne ne fait ça actuellement.
05:24Donc il y avait quand même l'idée d'être moderne.
05:26Alors aujourd'hui, être moderne, ce n'est peut-être plus un design qui pousse l'objet ou l'industrie en avant.
05:33Ce ne sont peut-être plus non plus de grands projets.
05:36La grande designeuse française, Mathalie Crasset, celle que Stark appelait son cerveau, ne dit pas autre chose.
05:42Dans cette exposition au corps usé, l'homme aux pieds d'argile, elle témoigne de la place du designer aujourd'hui.
05:50Il jette ce qu'on appelle la lisière.
05:53C'est pour ça que le projet s'appelle l'effet lisière.
05:55Et donc, j'ai proposé aux étudiants de travailler sur ces chutes qui sont normalement jetées ou brûlées, pour en faire quelque chose.
06:02Aujourd'hui, je dois dire un créateur, il ne doit pas simplement faire un projet.
06:05Il doit faire le terrain de développement du projet aussi, ce qui n'était pas le cas quand je suis sortie de l'école, par exemple.
06:10Ça, c'est une grosse différence.
06:12Puisque, en fait, les projets qui naissent, c'est des façons de faire, des logiques qui n'existaient pas.
06:19Donc, il faut aussi les implanter et faire en sorte de trouver les acteurs.
06:23Alors que, quand j'en suis sortie de l'école, les acteurs venaient voir les designers et nous poser des questions, tout simplement.
06:32Aujourd'hui, et moi, je n'ai jamais pris, en fait, le design pour l'idée de répondre à des questions.
06:38C'est plutôt être dans la proposition et dans l'idée de créer des choses singulières.
06:43Le design a été utilisé au siècle dernier pour uniformiser.
06:48Je pense qu'aujourd'hui, il est au contraire là pour singulariser de plus en plus, puisque notre monde est devenu trop uniforme.
06:56Autre témoignage, celui de la designer de maximum minimum du duo Natacha Sacha,
07:01qui fait revivre la pensée moderniste, époque Baos, pour définir le design de demain.
07:10On travaille beaucoup sur l'économie de moyens.
07:12Et donc, on est allé sélectionner des projets qui parlent d'économie de moyens, mais un peu chacun à leur façon.
07:17Et ce qu'on a voulu montrer, c'est que ces questionnements-là, de rechercher comment faire mieux avec moins,
07:23elles sont présentes depuis l'histoire, dès le début du design, dès le modernisme.
07:27Et donc, on voulait aussi montrer que quelque chose qui soit vraiment les fondements du design industriel.
07:36On a choisi des objets vraiment du quotidien.
07:38Ça va de la brosse à dents à la voiture, à l'ordinateur, pour montrer que le design, il est vraiment partout.
07:44Et surtout, la vision qu'on a essayé de porter, c'est celle de la démontabilité des objets et des composants.
07:50Parce que le designer, aujourd'hui, il doit vraiment prendre en considération tout le cycle de vie de l'objet.
07:55Et donc, c'est important pour nous de penser en amont à comment l'objet va pouvoir être démantelé ensuite, recyclé.
08:02Comment on va pouvoir le réactualiser dans son usage.
08:06Donc voilà.
08:07Dans l'exposition, il y a aussi Territoire, où on découvre une voie inédite, en tous les cas pour moi,
08:13de l'école des arts décoratifs de Paris.
08:16Une réflexion collective à la manière des tiers-lieux, des associations,
08:20loin du dessin qui a fait la réputation de cette école parisienne.
08:22Comment la regarder ?
08:23Il faut regarder cette exposition comme un ensemble de projets
08:28qui ont pour point commun de relier le design à un territoire spécifique.
08:34On considère le design comme une méthode, une façon de faire, une approche
08:38qui part des usages et qui vise à répondre à des questions d'usage.
08:43Donc il y a tout un pan du design qui est ce qu'on appelle le design de service
08:47et qui va travailler plutôt sur la mobilité, sur la santé et qui ne va pas forcément se matérialiser dans des objets.
08:56C'est partir des usages et voir comment on peut, afin d'améliorer tout simplement la vie des gens,
09:04comment on peut travailler avec les ressources du territoire, avec le déjà là.
09:09Ce déjà là, c'est des savoir-faire, c'est des hommes et des femmes, c'est des matériaux, c'est des ressources.
09:14Voilà, c'est trois exemples de cette biennale ressources,
09:18trois exemples où on se démarque du design objet ou industriel.
09:23Ça m'amène à cette question, est-ce qu'en ce moment le design est en crise ?
09:28Il n'est pas en crise le design, il doit accompagner de toute façon ce qui se passe autour de lui,
09:35sinon ça n'a aucun sens.
09:38C'est d'ailleurs l'intérêt du design, c'est qu'il est connecté,
09:45obligatoirement connecté aux problématiques du monde.
09:47Sinon, il est dans la décoration, je ne sais pas, mais en tout cas il est connecté.
09:56Quand vous travaillez, là je suis assis sur un projet qui a été fait par une entreprise,
10:03Rondino, qui traite des questions de mobilier d'extérieur.
10:07Les gens qui fabriquent du mobilier d'extérieur,
10:12ils sont confrontés à des problématiques de raréfaction des ressources en bois,
10:16et donc ils doivent travailler d'interdiction de traitement chimique sur ces bois,
10:23parce que la législation européenne l'interdit maintenant.
10:26Donc il y a toutes sortes de questionnements.
10:29Moi je ne vois pas ça comme une crise,
10:30je vois ça comme une façon d'avancer, de bouger.
10:35Ça pourrait nous différencier quelque part de l'art
10:41qui peut se situer d'une façon peut-être plus en retrait,
10:46ou plus isolée des questions sociétales ou économiques.
10:50Le design, ça ne peut pas vivre sans être connecté.
10:54Alors toujours à la Biennale, il y a des objets assez inédits,
10:57très futuristes à partir de matières vivantes.
11:01C'est en le voyant maintenant que je me rends compte de ça.
11:03Mais ce n'est pas du tout intentionnel.
11:06Mais forcément on parle de futur.
11:07Moi je ne voulais plus parler de demain,
11:08mais il y a certains projets qui parlent de futur.
11:11Donc forcément, en arrivant, on se retourne face à des formes comme ça de science-fiction.
11:18Mais on n'est pas dans la science-fiction, on est dans le réel.
11:20Oui, on est dans le monde vivant, on est là dans le minuscule.
11:23On est là dans le minuscule qui a pris une échelle plus grande pour exister dans le monde des humains.
11:29On n'est pas là pour dénigrer les humains,
11:31mais on est là pour essayer de créer un dialogue et une cohabitation plus sereine
11:35entre le monde du mini-vivant et des humains.
11:38Alors le mini-vivant qui s'incruste ici sur une chaise,
11:42des champignons qui poussent, quelles sont vos ressources ?
11:46Mes ressources ici, elles sont assez variées,
11:49que ce soit de la bactérie, du mycélium, de l'insecte, du végétal.
11:54J'ai essayé vraiment de donner un petit spectrum de ce qui existait autour de nous
11:59et qui avait besoin de plus de présence.
12:01Et je prends un autre exemple, cette théière est à son ruban.
12:04Le ruban est un des piliers de l'industrie ligérienne.
12:07Quel sens a cet objet pour vous ?
12:09L'idée de ce workshop dont vous parlez,
12:11c'était de se dire qu'avec des ressources liées à l'histoire industrielle de Saint-Etienne,
12:20alors c'est un workshop, c'est de la recherche,
12:23on pouvait imaginer d'autres produits que ceux à quoi ils sont destinés habituellement.
12:28Et ça c'est une belle idée, moi je trouve.
12:33Vous savez ce qu'on appelait le Walkman dans les années 80 ?
12:37Ça a été inventé parce que le directeur de Sony,
12:41puisque c'est Sony qui a sorti le premier,
12:43souhaitait se promener dans son usine en écoutant de la musique.
12:46Et il a demandé à ses ingénieurs,
12:48ils ne fabriquaient pas du tout de Walkman,
12:50de lui faire un machin pour qu'ils puissent se balader dans l'usine en écoutant Mozart.
12:55Donc moi l'idée qu'un designer, une designer en l'occurrence Floracol,
13:03puisse imaginer d'autres produits que ceux à quoi les rubans sont destinés,
13:11je trouve que c'est une belle idée.
13:12Après il faudrait peut-être de la mise au point.
13:14Et vous, quelle demande est-ce que vous feriez ?
13:17De quoi est-ce que vous auriez envie qu'il y ait un objet qui n'existe pas ?
13:21Je ne sais pas, un climatiseur autonome.
13:26J'ai le droit de rêver, mais je suis comme ce qu'on dit en anglais,
13:30je suis un peu meat and potatoes, moi, donc je suis un peu terre à terre.
13:34Alors dans cette biennale ressources, vous avez voulu aussi une biennale de l'objet
13:39parce que ce serait plus grand public.
13:41Quel est l'objet le plus audacieux de cette biennale ?
13:46Alors, ça va vous paraître un peu un réactionnaire,
13:51mais je trouve que les...
13:55Je ne sais pas si c'est audacieux, mais c'est particulièrement culotté
13:58d'avoir dessiné du mobilier à la manière dont on le faisait au XIXe siècle.
14:05sans électricité, sans produits chimiques, sans outils de coupe sophistiqués.
14:13Et je trouve ça assez...
14:15pour arriver à des objets qui sont contemporains, surtout.
14:19Éric Jordan, quel est l'objet le plus décevant ?
14:21Le plus décevant ?
14:23Nos bannières qui s'enroulent.
14:30Je suis très déçu par ça, alors que c'était très beau.
14:33Éric Jordan, quel est l'objet le plus archaïque ?
14:36Archaïque ?
14:37Oui.
14:38Dans quel sens ?
14:38Archaïque.
14:40Peut-être qu'il transporte trop de choses ?
14:42Moi, peut-être, je ne sais pas.
14:45Je ne sais pas.
14:47Il y a une brouette, là.
14:48Oui.
14:49Elle est archaïque.
14:50Alors, dans le catalogue de l'exposition, un texte aborde la question de la ressource,
14:55indiquant que le mot même « ressource » peut être toxique.
14:58Pourquoi ?
14:59Vous le sentez comme ça aussi ?
15:00Il peut l'être, oui.
15:01Il peut l'être parce qu'il peut être complètement empêchant, d'une certaine façon.
15:06Alors qu'il faut le voir plus comme un booster, mais il peut être...
15:10Parce que ça peut tout à fait vite être...
15:14C'était mieux avant, on ne peut plus faire ci, on ne peut plus faire ça.
15:17Alors qu'effectivement, on va arrêter de couper du tech en Afrique pour faire du mobilier.
15:25Voilà, c'est comme ça, mais on va le faire autrement.
15:27Et le design, il s'articule comme ça aussi, dans l'idée de faire autrement.
15:33Donc les ressources, effectivement, c'est toxique dans le sens où on a moins de ressources.
15:40L'humanité a toujours...
15:41Il y a toujours un moment donné où il y a des choses qui disparaissent.
15:44Et nous, on doit continuer.
15:46C'est toxique aussi parce qu'effectivement, il y a une espèce aussi, quand on parle de ça,
15:53de syndrome de la ZAD, quand même, qui apparaît tout de suite avec...
15:57On va prendre des palettes et puis on va faire des tables et des sièges.
16:01Ce n'est pas de ça dont il s'agit.
16:03Ce n'est pas ça la question des ressources.
16:05La question des ressources, c'est d'abord la question de la recherche.
16:08Moi, je le vois comme ça.
16:09On va sortir de tout ça par le haut, par la recherche, par...
16:15Et là, ce n'est pas toxique, c'est dynamique.
16:18Voilà une biennale qui questionne les ressources, les nôtres.
16:21Celles qu'on vient chercher et utiliser.
16:24Et on poursuit après une pause dynamique dans la biennale, en fait.
16:29Voyage en musique avec la compagnie Nomade Nomade, qui nous emmène dans la cité.
16:34Voilà, quel plaisir de découvrir
17:03à la compagnie Nomade Nomade.
17:05Et on fait une courte pause pour retrouver la suite de ce 15 minutes
17:09à la biennale Design 2025.
17:11Un biennale et biennale en fête qui se déroulent dans l'espace de la cité.
17:15Donc, on vous retrouve tout de suite dans Côté Seine.
17:18Merci d'avoir regardé cette vidéo !
17:29Merci d'avoir regardé cette vidéo !
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