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  • 02/07/2025
Les clefs d'une vie avec Roselyne Febvre, grand reporter et chef du service politique de France 24

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-07-02##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:01Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:06La télévision est pour vous l'aventure de votre vie.
00:09Travailler au quotidien ne vous empêche pas de vous passionner pour le passé
00:12et en particulier pour celui d'une femme à laquelle vous consacrez un livre
00:17avec l'espoir de ne pas prêcher dans le désert.
00:20Bonjour Roselyne Fèvre.
00:22Bonjour Jacques Pessis.
00:23Alors vous publiez le pacte du désert sur une femme étonnante,
00:27Gertrude Bell, aux éditions du Rocher.
00:29On va en parler tout à l'heure, mais on va également évoquer votre parcours dans les médias
00:33car vous avez un grand parcours dans les médias, assez varié.
00:36Et on va le faire à travers des dates.
00:38Et la première date que j'ai trouvée, c'est le 5 novembre 1987, votre première télévision.
00:46Le journal d'antenne 2 est le premier reportage des figures Alina dans les archives.
00:51C'est un sujet déficit sur les enfants handicapés.
00:53Un reportage que vous avez fait avec un projet pour donner une forme de joie de vivre
00:58aux enfants handicapés.
01:00C'est votre premier reportage, vous vous en souvenez ?
01:02Non, pas du tout.
01:04Je ne m'en souviens pas du tout.
01:05Il passe au mois de l'antenne 2 et le lendemain, il y a eu une réaction de Claude Maluret
01:10qui est secrétaire d'État aux droits de l'homme et qui évoque avec vous ce qu'Henri Caillavet a dit sur l'euthanasie.
01:17D'accord, oui, oui.
01:19Maintenant ça me revient, mais ça fait tellement longtemps, mon Dieu.
01:22Mais oui.
01:23Alors là, vous n'apparaissiez pas, c'était vraiment un reportage et du commentaire.
01:27Oui, oui, oui.
01:28Avec des moyens techniques qui étaient très différents de ceux d'aujourd'hui.
01:30Absolument.
01:31Oui, c'était...
01:32À l'époque, on partait en reportage à 4, avec le preneur de son, caméraman, l'électro, avec sa minette.
01:41Oui.
01:41Ce qu'on appelait une minette qui était l'éclairage.
01:43Et le reporter, ça faisait 4.
01:45Maintenant, ils sont tous seuls à filmer.
01:47Exactement.
01:47Mais en même temps, c'était beaucoup de travail.
01:49Il y avait le montage derrière qu'il fallait assurer.
01:51Oui, il fallait faire le montage, revenir de reportage, monter, être à l'heure pour le journal.
01:56Parfois, on n'avait pas le temps, donc on mixait directement en cabine, c'est-à-dire en direct dans le journal.
02:01Remarquez ça, ça arrivait au début du JT, où ils ne regardaient même pas les films qui venaient d'étrangers.
02:06Ils racontaient n'importe quoi dans les commentaires et ça passait très bien.
02:09Ah, ça, je n'ai pas été à cette école.
02:11Non, c'était les années 50, c'était autre chose.
02:13Et à l'époque, les têtes d'affiches du journal sont Claude Sérillon et Henri Sagné.
02:17Oui, absolument.
02:18Et c'est vraiment...
02:19Daniel Bilalian.
02:21Exactement aussi.
02:22C'est vraiment une précision de travail avec des réunions auxquelles vous participez à l'époque.
02:27Oui, il y a la conférence de rédaction de l'après-midi, où on choisit les sujets,
02:31et puis ce qu'on appelle la conférence critique.
02:34C'est ce qui n'existe plus beaucoup, alors sans doute à France Télé encore,
02:38et sans doute dans les grosses chaînes comme TF1,
02:41c'est-à-dire tous les journalistes qui ont fait un sujet pendant le journal
02:45sont à cette conférence critique.
02:47Et on critique, est-ce que ça, c'était bien ?
02:51Est-ce que l'ordre était...
02:53Voilà, on discute de l'ordre du journal et de ce qui aurait dû être mieux fait.
03:00Et puis, c'est l'époque où Yves Mourousi est face à Antenne 2,
03:04donc c'est un challenge, parce que Mourousi, c'était à chaque fois quelque chose de très fort.
03:08Ah oui, mais lui, il n'y était pas le soir.
03:12Non, non, c'était à 13h.
03:13Mais vous avez fait quelques reportages à 13h aussi ?
03:15Absolument aussi, oui, oui, tout à fait.
03:17Car quand on est dans une rédaction, à l'époque, c'est 13h ou 20h, peu importe.
03:21Oui, absolument. Et à France 3, il y avait le soir 3 aussi.
03:24Exactement. Alors, il y a aussi, vous avez collaboré avec Bernard Rapp dans l'assiette anglaise.
03:28Oui.
03:29Vous avez fait un reportage qui s'appelle Instinctos.
03:31Oui, absolument, ça je m'en souviens.
03:33C'était quoi ?
03:34Alors, c'était sur une, maintenant qui est considérée comme une secte, c'était des gens qui pensaient qu'il fallait manger cru et renifler ce qu'on mangeait.
03:47Parce que c'était l'instinct, l'instinct qui définissait ce qu'on devait manger.
03:52Et je me souviens d'un fou rire mémorable pendant le tournage qui est passé pendant longues années dans le bêtisier.
03:58Oui, exactement. Alors, Bernard Rapp, c'était l'assiette anglaise. C'était quelqu'un qui aimait la télévision, mais la télévision ne l'aimait pas.
04:06Je crois que c'est peut-être aussi pour ça qu'il allait vers le cinéma.
04:09Je pense que c'était, alors je ne le connaissais pas bien, mais c'était un garçon délicieux.
04:14Vraiment, je trouve que l'assiette anglaise, ce titre-là lui allait très bien, parce qu'il avait un petit côté avec ses cheveux crantés à l'anglaise.
04:22C'était vraiment un gentleman. Après, oui, je pense que c'est quelqu'un qui avait eu envie très vite de passer à autre chose.
04:29À la télé, on fait vite le tour, on tourne vite en rond.
04:32En plus, il était passionné de cinéma, et on ne le sait pas, mais il a écrit, Bernard Rapp en 1985, le texte du premier film français, Omnimax,
04:41qui est un procédé permettant la projection de film sur un écran hémisphérique.
04:46Et après, il a fait quatre films comme metteur en scène. Et on l'a un peu oublié aujourd'hui.
04:51Et au départ, Roselyne Fèvre, votre univers, ce n'était pas la télévision, c'était l'histoire de l'art.
04:56Oui, mais je n'ai pas été diplômée de l'histoire de l'art, parce que j'allais en auditeur libre,
05:03parce qu'en fait, je n'étais pas très douée pour les études. Je m'ennuyais, je voulais vite passer à l'action.
05:07En cours, je m'ennuyais, je me suis toujours ennuyée. Et j'aimais l'histoire.
05:11Si j'avais travaillé, j'aurais rêvé de faire l'école des Chartres, avec des vieux grimoires.
05:18Mais bon, il faut parler le grec, le latin, ancien, etc.
05:23Donc, voilà, je me suis dirigée très vite vers la télévision.
05:29Et pourquoi au départ ? Qu'est-ce qui vous tentait vers la télévision ? Et votre famille était-elle d'accord ?
05:33Non, ils pensaient que c'était des métiers de saltimbanque, mais je ne leur ai pas trop demandé.
05:38Je suis rentrée un peu par effraction, à Antenne 2 notamment.
05:43C'est-à-dire ?
05:44En fait, j'avais un culot absolument monstre.
05:48Et j'allais voir les uns et les autres.
05:49Alors, je leur disais, je voudrais faire des reportages, etc.
05:55Et puis un jour, on m'a dit oui.
05:56C'était Alain, alors son nom m'échappe.
05:59C'était, oh là là, reportage, bref, je ne sais plus.
06:06Et j'ai proposé, j'ai proposé des idées de reportages.
06:10Et il y en a un qui a été pris sur les gens qui croulent sous leur château.
06:16Qui sont des gens qui n'ont plus d'argent, mais qui ont des biens comme des châteaux absolument formidables.
06:23Et j'étais partie au château de la Palisse.
06:26La fameuse de la Palisse.
06:27Exactement.
06:28Mais en même temps, vous ne connaissiez rien à la technique, aux équipes, comment ça se passait ?
06:34Je faisais tout au culot.
06:35Tout.
06:36Parce que vous avez appris sur le tas, vraiment, le métier de reporter.
06:39Avec le caméraman qui était avec vous.
06:41Complètement, à l'instinct.
06:42Tout comme je me suis mis à l'écriture, je n'ai pas fait de session comment écrire un livre, etc.
06:49Je cherchais par moi-même, je trouvais mes solutions.
06:52Et c'était mes envies qui me guidaient plus que mes savoirs.
06:56Oui, et en même temps, vous êtes arrivé à une époque où on n'avait pas besoin de quatre diplômes pour devenir journaliste.
07:02Ce qui n'est plus possible aujourd'hui.
07:03Ce qui n'est plus possible aujourd'hui.
07:04Il ne faut pas de blanche, etc.
07:06Donc, je me suis incrustée dans plusieurs émissions.
07:09J'ai fini au service sciences et techniques avec Patrick Ester.
07:14Un jour, il y a le patron de la rédaction qui est passé, qui m'a dit « Mais qui êtes-vous ? »
07:18Je lui ai dit « Je suis un passager quand l'indestin ».
07:20Donc, il a rigolé.
07:22Donc, j'ai continué comme ça.
07:24Et puis, un jour, j'ai croisé un monsieur très sympathique qui me dit « Mais pourquoi tu ne vas pas à la 5 ? »
07:32C'est que la 5, la fameuse 5 de Berlusconi, cherche des jeunes comme toi.
07:37« Vas-y, tu ne vas pas croupir dans cette vieille maison. »
07:40Et je me suis présenté.
07:41C'était Gilles Schneider qui m'a embauché.
07:42Le générique du journal de la 5, de la 5.
07:49Et c'est vrai que la 5, vous êtes arrivé à un moment, à un moment qui n'était pas un moment facile.
07:52C'était une jeune chaîne, mais en même temps, elle était branle-ballée.
07:57Berlusconi, il avait lancé avec la Val de Mitterrand.
07:59Ensuite, Robert Rersant est arrivé.
08:01Absolument.
08:02Absolument.
08:02Et puis, il y avait, c'était Guillaume Durand qui faisait le journal du soir sous la fameuse, vous vous souvenez, Zaratoustra.
08:10Il y avait Jean-Cru de Bourret, il y avait Paul Lefebvre, Pierre-Luc Séguillon, Anita Hausser, Nathalie Saint-Crieg, Patrice Duhamel.
08:20Oui, et c'était une équipe qui était soudée.
08:23Il y avait aussi des jeunes.
08:24François Baroin a débuté à la 5.
08:27Alors non, ça, c'était sa compagne qui était Valérie.
08:31Valérie, oui.
08:32Mais lui aussi a fait des reportages pour la 5 et elle est allée à Europe 1 ensuite.
08:35Ah d'accord.
08:36Écoutez, ça m'a échappé.
08:37C'est peut-être là qu'il a rencontré.
08:38C'est une autre forme de travail à ce moment-là.
08:41Il fallait se débrouiller par soi-même avec un minimum de moyens.
08:44Un minimum de moyens et encore, on avait pas mal de moyens.
08:47Pour l'époque, on avait des voitures complètement bariolées, avec écrit la 5 dessus, avec des étoiles partout.
08:53On avait des téléphones dans la voiture et on avait quand même pas mal de moyens.
08:58Mais les moyens avaient été mis pour recruter beaucoup de stars.
09:01Guillaume Durand, Bourret, etc.
09:05Schoenberg, des gens avec qui on avait décidé quand même de donner...
09:10Donc on a un peu, on va dire, brûlé la chandelle par les deux bouts.
09:14En même temps, vous avez vécu des moments fabuleux.
09:17Et c'est là que vous avez commencé vos premiers reportages politiques.
09:19Oui.
09:20Avec Michel Rocard, Pierre Berré-Gauvoix, des gens comme ça.
09:22C'est venu comment la politique ?
09:24En fait, la politique, parce que mon mari à l'époque, mon ex-mari, était journaliste au service de France, à Antenne 2, était au service politique.
09:37Et ma meilleure amie de l'époque, qui était à la 5, était Nathalie Saint-Cricq.
09:41Ils faisaient tous de la politique.
09:43Ils sortaient, ils avaient tous soit été admissibles à l'ENA, soit en tout cas sortaient de Sciences Po.
09:48Moi, j'étais un peu la petite timide derrière, qui balottait derrière et qui essayait de les suivre, bon en mal en.
09:58Et en fait, la politique m'a choisi.
10:00Ce n'est pas moi qui ai choisi la politique.
10:02Vous ne connaissiez rien, la politique, au départ ?
10:04Ça ne m'intéressait pas, non.
10:05Non, non, pas du tout.
10:06Je voulais être grand reporter, en fait.
10:07Comme j'ai été maman assez jeune, je considérais crapahuter avec des enfants, c'était compliqué.
10:15Donc, j'ai choisi la politique que je n'aimais pas du tout.
10:19Alors, au début, on m'avait collé au Front National, où là, j'ai pris mes premières claques,
10:25parce que c'était un Front National très dur.
10:26Quand on allait filmer dans les meetings, d'abord, les gens se cachaient à l'époque, n'assumaient pas.
10:31Et puis, on était hués, on était bringolés, on était parfois bousculés, parfois frappés.
10:39Enfin, c'était compliqué.
10:40Et même pour une femme, parce que les femmes n'étaient pas toujours bien vues à cette époque-là.
10:44Il n'y avait pas mit tout.
10:45Ah bon ? Il n'y avait pas mit tout, non.
10:47Et c'est vrai que ce n'était pas simple.
10:48Et comment vous teniez le choc ?
10:50Vis-à-vis du reportage ou vis-à-vis des patrons un peu ?
10:53Non, vis-à-vis de tout, vis-à-vis de l'ensemble.
10:56Disons qu'il faut avoir un caractère et ne pas se laisser faire.
10:58Si on est en sucre, comme dirait Majer Trude dans le livre, on ne survit pas longtemps.
11:08Il faut avoir de la répartie et puis un peu de courage.
11:11Et vous en aviez.
11:13Et il y a eu d'autres moments dans votre vie.
11:14Il y a un autre qui est important qu'on va évoquer, qui est le 6 août 2001.
11:18A tout de suite sur Sud Radio avec Roselyne Febvre.
11:20Sud Radio, les clés d'une vie.
11:22Jacques Pessis.
11:23Sud Radio, les clés d'une vie.
11:25Mon invité, Roselyne Febvre, journaliste.
11:27Vous avez un parcours télévisuel qui a commencé à Antenne 2, qui a continué à la 5.
11:32Vous sortez un livre, Le pacte du désert aux Isons du Rocher,
11:36en évoquant une femme oubliée, mais qui était une aventurière et archéologue, Gertrude Bell.
11:41On va en parler tout à l'heure.
11:43Mais on en revient à votre parcours.
11:44Donc il y a eu Antenne 2, il y a eu la 5.
11:47Et puis le 6 août 2001, pour la première fois, voici votre apparition dans ce journal.
11:55Le journal de soir 3, vous êtes remplaçante pour l'été, pour la première fois.
12:01Oui, c'est vrai.
12:02C'est arrivé comment, ça ?
12:04Je crois qu'ils organisaient un casting pour ceux qui éventuellement étaient d'accord pour faire de l'antenne.
12:11Et puis certaines personnes m'ont poussé, d'autres m'ont dit, oh, ce serait dommage, je t'écris trop bien,
12:18tu devrais plutôt continuer à faire du reportage.
12:22Voilà, donc il y avait quelques...
12:24J'étais égratignée parfois par quelques jalousies, et à la fois poussée par des gens plutôt sympas.
12:29Donc c'est un savant mélange, on va dire, des uns et des autres.
12:33Voilà, donc finalement, vous passez ce casting, vous êtes prise pour l'été comme joker.
12:37A l'époque, on l'a un peu oublié, ce sont Élise Lucet et Catherine Matoche qui animent le soir 3.
12:43Et vous découvrez un nouveau métier.
12:45Ah oui, et franchement, je ne suis pas à l'aise du tout.
12:49Je suis même mauvaise.
12:50J'ose le dire maintenant, j'avais tellement peur, je traquais tellement, que franchement, je ne tenais pas la route.
13:03Bon, attendez, je ne bafouillais pas non plus totalement à l'antenne, ça se tenait.
13:07Mais au fond de moi, j'avais l'impression que c'était une explosion nucléaire.
13:12Et tout était, j'avais les mains moites, j'avais besoin d'aller aux toilettes avant les soirs 3.
13:20Donc c'était terrible.
13:23Pour moi, c'était une angoisse permanente parce que l'antenne, on s'y habitue.
13:29Maintenant, je vais à l'antenne, je pose mon sac, je vais à l'antenne.
13:32Je n'ai pas besoin de réfléchir.
13:33A l'époque, c'était écrire un prompteur, lire un prompteur.
13:37Si le prompteur sautait, j'étais perdu dans mes feuilles.
13:40Et beaucoup en ricanait d'ailleurs à l'époque.
13:42Il y a eu des très bonnes éditions, où j'étais bonne, et d'autres qui n'ont été pas terribles.
13:48Alors le prompteur, on l'oublie, c'est Pierre Belmar qui l'a rapporté des Etats-Unis en 1957.
13:53Et les premiers à avoir utilisé, c'est Roger Gickel et Philippe Gildas, Zitron et Mourouzi, ayant refusé le prompteur.
14:00Ce n'était pas une obligation ?
14:01Non, ce n'était pas une obligation.
14:03Mais moi, je trouve que c'était un outil très enfermant, le prompteur.
14:08Parce qu'il vous donne des yeux un peu vides, et vous avez l'impression que vous récitez un truc, et vous ne savez même plus ce que vous avez écrit.
14:14Donc vous récitez un truc qui défile, alors que c'est aussi bien d'avoir ces feuilles, et de jeter un petit coup d'œil de temps en temps à ce que vous dites, d'apprendre un peu.
14:25On aurait l'air un peu plus naturel. Alors là, j'avais l'impression d'être une espèce de dorade morte qui lisait un prompteur.
14:32Donc, je détestais cet exercice. Enfin, je n'étais pas à l'aise.
14:37Et lire ces feuilles, c'est que Claude Darget, quand il n'était pas d'accord avec le gouvernement, il mettait la feuille bien en évidence devant lui,
14:43et il lisait en faisant comprendre que c'est exactement ce que le ministre de l'Information voulait faire passer comme message.
14:49Et ça marchait très bien.
14:51C'est subtil.
14:52Alors, il se trouve aussi que c'était aussi un travail très différent, car c'est un travail d'équipe, alors que vous aviez l'habitude de travailler avec moins de gens, Rosine Febbre.
15:01La télévision, c'est un travail... Ah oui, vous voulez dire de faire de la présentation ?
15:04Oui.
15:05C'est un travail d'équipe dans le sens où il y a un rédacteur en chef, il y a une prompteuse qui est avec vous, il y a des assistants.
15:13Donc non, c'est quand même une équipe, mais c'est un travail totalement différent.
15:16totalement différent, et qui, dont je n'avais pas l'habitude.
15:21Moi, mon truc, c'était de partir en reportage.
15:24Oui, là, il faut sourire et essayer de faire passer une information.
15:27Exactement.
15:28Ou surtout ne pas sourire quand vous dites, quand vous annoncez une terrible nouvelle.
15:33Donc, il y a la tête à laquelle il faut réfléchir.
15:38Je ne souris pas bêtement quand j'annonce qu'il y a des milliers de morts, ou qu'il y a une guerre au sud-Liban, ou voilà.
15:46Ou que le pape est mort, enfin bref, voilà.
15:50Il faut faire très attention.
15:51En même temps, ça vous donne une popularité dans la rue.
15:53On vous reconnaît dans la rue dès le lendemain.
15:56Oui, mais bon, c'est bien pour trouver des places au resto, mais de ne pas pouvoir marcher dans la rue sans pouvoir engueuler quelqu'un,
16:07parce qu'il a failli vous écraser et gueuler comme un...
16:10C'est autre chose.
16:11Voilà, il faut garder un statut et moi, j'aime garder mon naturel.
16:15Et il se trouve aussi qu'on a un peu oublié, mais les femmes n'étaient pas toujours présentes dans les journaux télévisés.
16:22La première, ça a été Hélène Vida en 1976, qui a présenté le journal de télévisé de 20h sur France 2.
16:29Et à l'époque, les présentateurs étaient tous masculins.
16:31Ça a quand même été un progrès.
16:32Tous, oui, c'est vrai. Après, il y a eu Christine O'Krent, Anne Sinclair, dont toutes les présentatrices aimaient se revendiquer de l'une ou de l'autre.
16:45Et je trouve que c'est difficilement un endroit où on peut trouver sa place et sa personnalité, parce que vous racontez quelque chose qui ne vous appartient pas.
16:54Vous êtes une espèce de machine qui annonçait des nouvelles, des bonnes ou mauvaises.
17:04Vous êtes obligés de sourire quand c'est une bonne nouvelle.
17:07Enfin, ce n'était pas un exercice.
17:09Et pourtant, je voulais le faire quand même.
17:11Je ne voulais pas sortir battu de cet exercice qui me coûtait.
17:18Alors, il se trouve aussi...
17:20Et si je le faisais, c'est qu'il y avait une partie de moi qui aimait ça.
17:24Mais comme j'en avais peur...
17:26Ce n'était pas simple.
17:27Et je vous permets juste de...
17:29J'ai fait une sorte de sondage.
17:32Oui.
17:33C'est-à-dire qu'on vient faire de la télé pour être reconnu.
17:38Mais pas par Mme Michu ou M. Dujenoux.
17:42On vient être reconnu dans sa propre famille.
17:45Et tous les gens qui font de la télé ont un sujet avec la reconnaissance dans leur famille.
17:53Je l'ai noté souvent, ça.
17:54Il se trouve aussi qu'avant de devenir présentatrice du Soir 3, vous avez fait tous les reportages possibles et imaginables sur France 3,
18:03qui est une chaîne régionale.
18:05On pouvait toucher à tout.
18:06Ou nationale.
18:07Oui, mais enfin, on s'occupe des régions.
18:09Mais en même temps, vous avez fait le tour des services.
18:11Ce qui vous a tout appris.
18:13Absolument.
18:13J'ai commencé en économie, j'ai commencé après en politique étrangère, après en science, après aux faits divers.
18:24Alors un endroit que j'aimais pas du tout parce qu'il fallait mettre le pied dans la porte sur des assassinats, etc.
18:30Et puis je suis retournée à la politique en vérité.
18:32Puis il y a eu aussi un reportage étonnant que j'ai trouvé, je sais pas si vous vous en souvenez.
18:36Le jour de la mort du créateur de Bugs Bunny, vous avez fait le reportage.
18:39Ah bon ?
18:40Chuck John, c'est vous qui assurez le reportage, faites le commentaire.
18:44Bugs Bunny qui était quoi ? Neuf docteurs, le personnage le plus célèbre du dessin animé.
18:49Écoutez, je vous en souviens pas du tout, c'est incroyable.
18:51C'est vrai qu'on oublie à chaque fois les reportages tellement ça va vite.
18:54Mais oui.
18:55Et puis il y a aussi une autre activité que vous avez eue,
18:59et d'ailleurs c'est ça qui vous a fallu d'être reconnu par France 3,
19:02c'est votre voix dans le magazine de l'emploi.
19:05Ah, oh là là, mais vous êtes allé chercher loin.
19:08Oui.
19:10Parce que le magazine de l'emploi, avec Patrice Drevet et Daniel Ambroseau,
19:14ça a été le premier magazine du genre à l'époque.
19:17Absolument.
19:18Tout à fait.
19:18Quand vous êtes arrivée là-bas.
19:19Et en plus, j'avais vécu la période de chômage,
19:23avec la fin de la 5.
19:25Et en fait, celle qui m'avait repérée,
19:28c'était une journaliste qui s'appelait Véronique Auger,
19:32qui était chef du service économie.
19:34Et elle m'avait repérée,
19:36et quand il y a eu la fin de mon contrat,
19:38parce que c'était des contrats courts,
19:40eh bien elle m'envoyait au magazine de l'emploi.
19:42Et là, c'était un magazine,
19:45à l'époque où le chômage commençait à monter,
19:48et c'était innovateur à l'époque.
19:50Absolument, c'était innovateur.
19:51Il y avait des bons reporters.
19:53Ça a été assez court,
19:54mais ça a été un moment important.
19:59Parce que ça a suivi une période quand même un peu de difficulté.
20:02C'est-à-dire que la fin de la 5,
20:04où on quitte un peu sa famille, ses amis,
20:06enfin ceux avec qui on a travaillé pendant 5 ans.
20:09Et puis la 5, c'était quand même une explosion
20:13de choses novatrices,
20:15de personnalités incroyables.
20:17Ça a laissé beaucoup de souvenirs tristes
20:19à ceux qui ont perdu la 5.
20:21C'était un moment difficile.
20:22Oui, d'autant qu'on a eu des reporters qui sont morts
20:27en reportage.
20:29Et voilà, on a été tous meurtris.
20:32Oui, par ça.
20:35On avait un patron formidable
20:36qui s'appelait Patrice Duhamel,
20:39qui moi restera, avec Paul Nahon,
20:43les patrons que j'ai préférés.
20:46Et en même temps, le magazine de l'emploi,
20:48on a un peu oublié, c'est Patrice Drevet
20:50qui faisait une chronique dans Télématin,
20:52Emploi Santé, qui a démarré,
20:54qui a appelé Daniel Ambroso,
20:55qui était à l'époque pas du tout
20:56pour éthique d'émission de variété.
20:58Et vous êtes arrivée là-dedans pour des reportages.
21:00Voilà, tout à fait, exactement.
21:02Et à chaque fois, vous aimez apprendre des choses différentes ?
21:04Oui, c'est vrai.
21:06J'ai eu un peu une touche à tout.
21:07C'est pour ça que je vous disais
21:08que le journal télévisé,
21:09je me sens un peu coincée là-dedans.
21:11Voilà, et vous avez fait beaucoup d'autres choses.
21:13Et il y a une autre date aussi importante
21:15dans votre parcours
21:15qu'on va évoquer dans quelques instants,
21:17le 6 décembre 2006.
21:19A tout de suite sur Sud Radio avec Roselyne Fèbre.
21:22Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
21:25Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Roselyne Fèbre.
21:28Nous parlerons tout à l'heure de Le Pacte du désert
21:31aux éditions du Rocher, un livre étonnant
21:33sur Gertrude Bell, une femme un peu oubliée
21:36et qui mérite au contraire de passer à la postérité
21:38et vous y contribuer à votre manière.
21:40On a évoqué votre parcours de journaliste
21:43sur Antenne 2, sur La 5, sur France 3
21:46et puis le 6 décembre 2006,
21:49c'est la naissance d'une nouvelle chaîne.
21:54France 24.
21:55Et France 24, qui est une chaîne aujourd'hui reconnue,
22:00vous avez participé à sa création Roselyne Fèbre.
22:02Oui, tout de suite.
22:03C'était une belle aventure.
22:04C'était une belle aventure.
22:05Quand on m'a appelée pour me demander
22:07de venir à France 24,
22:08je me disais mais c'est quoi France 24 ?
22:10Personne ne connaissait.
22:12Donc c'était une chaîne qui avait été voulue
22:14et initiée par Chirac.
22:16Donc on a eu l'estampille à un moment.
22:19Tout le monde a ricané dans tous les médias.
22:21Oui, la voix de la France, etc.
22:23Bon, pas très important.
22:25Et j'y suis allée.
22:27Et là, j'ai rencontré un monde
22:29totalement différent de la télévision.
22:31Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait que des étrangers.
22:35C'est-à-dire pas dans la chaîne française,
22:36mais dans la chaîne anglaise.
22:38Il y avait des Australiens, il y avait des Indiens.
22:40Il y avait, pour la chaîne arabe,
22:42il y avait des Arabes qui venaient de partout,
22:45de Syrie, de Palestine,
22:47et des gens de tous horizons.
22:50Et je me rendais compte qu'à la machine à café,
22:53au lieu de dire du mal des uns et des autres,
22:55on parlait de la situation en Europe,
22:58ou en Libye,
22:59ou en tout autre.
23:01Et je me disais, waouh,
23:02ça me lave la tête.
23:04Alors, il se trouve que cette chaîne,
23:05pendant 15 ans,
23:07Jacques Chirac a voulu la monter,
23:08il n'y est pas arrivé.
23:09Ça a pris autant d'années.
23:11En même temps, c'était inspiré de Ted Turner
23:13et de sa première chaîne CNN,
23:15qui était la première chaîne d'information continue.
23:17Aujourd'hui, il y en a partout,
23:18mais on oublie que c'est né de toute façon.
23:21Et il y a eu en France,
23:22ensuite, Pierre-Luc Séguillon avec LCI.
23:24Et il y a eu France 24,
23:26parce que ça a été aussi,
23:27effectivement, beaucoup de monde.
23:29À son lancement en 2006,
23:31France 24 emploie 170 journalistes
23:34de 30 nationalités différentes.
23:36Oui.
23:36Mais encore, il faut-il parler de ces langues-là,
23:38quelques fois.
23:38Oui, alors, je m'étais amusée une première fois.
23:41Il y avait un Anglais,
23:42enfin, il est toujours là,
23:44qui m'a demandé d'essayer de faire un papier en anglais.
23:48Et c'était au moment des éléphants du Parti Socialiste.
23:51Donc, évidemment, l'anglais, je l'ai parlé,
23:55parce que ma mère m'envoyait souvent aux États-Unis
23:57pendant les vacances.
23:58Mais bon, j'ai vite lâché l'affaire.
24:01Il me demande de faire un essai.
24:02Et je lui dis,
24:04« The elephant of the French socialism. »
24:08Et alors, c'était tellement grotesque,
24:10à chaque fois qu'il me voit,
24:11il me dit, « The elephant ! »
24:13Donc, voilà, je ne pouvais pas faire de papier en anglais.
24:17Voilà, mais cette mixité,
24:20de pays, de gens,
24:24de personnalités,
24:25de gens qui ont vécu plein d'autres choses avant.
24:28Et beaucoup sont partis, d'ailleurs,
24:29parce que c'est une chaîne où on passe.
24:31Mais voilà, on n'y reste pas.
24:34Alors, vous, vous y êtes restée,
24:35et dans une spécialisation qui est la politique.
24:37Oui.
24:38Car là, vraiment,
24:39vos débuts dans la politique,
24:40vous avez confirmé le fait.
24:42Oui, tout à fait.
24:44Oui, là, je n'ai fait que de la politique.
24:48Et je suis restée comme après-chef du service politique.
24:54Et j'ai continué à...
24:55Voilà, je faisais ce que...
24:56J'ai une liberté totale
24:58à France 24
24:59d'inviter qui je veux.
25:02Pas quand je veux,
25:02mais à mes horaires d'émission.
25:05Et donc,
25:05une liberté absolument remarquable.
25:07Mais là aussi,
25:08c'est un univers que vous avez découvert
25:10et qui a évolué sans arrêt.
25:12La politique, il faut se débrouiller.
25:13Ce n'est pas simple.
25:14Non.
25:14Et puis là,
25:15je ne sais pas si vous avez remarqué,
25:16je trouve que la politique
25:17est un peu en pente douce.
25:19C'est-à-dire que,
25:20moi, j'avais commencé mon premier reportage
25:22en politique,
25:24c'était Mitterrand.
25:26Voilà.
25:27Donc là, je me retrouve avec...
25:30Enfin là, je ne fais plus de reportage.
25:31Mais disons que je constate
25:35que quand même,
25:37le niveau a un peu baissé.
25:39Oui.
25:39Intellectuellement,
25:41enfin, les politiques.
25:42Oui.
25:42C'est-à-dire qu'effectivement,
25:44il n'y a plus les grands sujets
25:45que vous traînez de la même façon.
25:47En plus,
25:47la façon de traiter les sujets
25:49a évolué aussi,
25:50le rythme aussi.
25:51Oui, bien sûr.
25:52Qui est l'instantanéité,
25:53la petite phrase
25:54de faire,
25:56voilà,
25:56de trouver ce qu'on appelle
25:58une punchline.
25:59Et puis,
26:00où on rétrécit l'argument.
26:02Donc,
26:03le droit de suite,
26:04quelques journalistes
26:06continuent à le faire.
26:07Mais très vite,
26:07ils zappent
26:08si un homme politique
26:10ou une femme politique
26:11dit une aberration.
26:13Souvent,
26:14quelques jeunes journalistes
26:15vont passer
26:16et ne vont pas s'arrêter
26:17sur...
26:18Alors que certains
26:19disent,
26:20attendez,
26:21là,
26:21qu'est-ce que vous venez
26:21de me dire ?
26:22Là,
26:22on continue,
26:23je n'ai pas compris
26:23ce que vous me dites.
26:26Expliquez-moi.
26:27En fait,
26:27moi,
26:27j'ai envie,
26:28quand j'ai un politique
26:28qui m'explique,
26:29qui va me convaincre
26:30que ce qu'il dit est vrai.
26:31Vous êtes beaucoup plus
26:32pour cela
26:33que pour le buzz
26:34qui fera la petite phrase
26:35dans les autres journaux.
26:37Ce n'est pas intéressant.
26:38Enfin,
26:38moi,
26:38ça ne m'intéresse pas.
26:39Et puis,
26:39de toute façon,
26:39sur France 24,
26:40faire la petite phrase
26:41ou le petit buzz,
26:42alors ça m'est arrivé,
26:43malheureusement,
26:44à mon insu.
26:47Mais voilà,
26:49ce n'est pas ce qui m'intéresse.
26:50D'ailleurs,
26:51votre première apparition
26:53dans le bêtisier,
26:54c'est en 87,
26:55pour une histoire de cochon.
26:56Je ne sais pas si vous en souvenez.
26:57Eh bien oui,
26:57c'est exactement
27:00lorsque vous me parliez
27:01sur l'assiette anglaise,
27:02le reportage
27:03sur l'instinctothérapie.
27:05Il a fait
27:05le bêtisier de l'époque
27:08qui s'appelait
27:09le sottisier.
27:09Le sottisier.
27:10À la fin de l'année.
27:11Voilà.
27:12Il se trouve aussi
27:13que vous êtes quand même très vus
27:14puisque je crois
27:14que cette chaîne est suivie
27:15dans 10 000 hôtels
27:16dans le monde.
27:17Oui,
27:17absolument.
27:19On est vus
27:19dans le monde entier.
27:21Beaucoup en Afrique,
27:22beaucoup au Moyen-Orient,
27:23au Proche-Orient,
27:25beaucoup dans les pays
27:26anglo-saxons.
27:28Non,
27:28c'est une chaîne
27:28qui est...
27:30Souvent,
27:30quand je dis aux gens
27:32mais où on est diffusé ?
27:33Je leur réponds
27:34écoutez,
27:34ne cherchez pas à savoir.
27:36Peut-être dans une autre galaxie,
27:37vous verrez bien.
27:39Et souvent,
27:39il y a des gens
27:40qui passent dans mon émission
27:41et qui m'ont dit
27:41tiens,
27:42je reçois quelqu'un
27:42qui est à Kaboul
27:43et qui m'a vu.
27:44Qu'est-ce que tu foutais
27:45à une heure du matin
27:45à France 24 ?
27:47Et en fait,
27:47c'était une rediffusion.
27:48Bien sûr.
27:49Mais ça veut dire aussi
27:50une rigueur de travail
27:51dans la politique
27:52que vous appliquez
27:54et qui n'est peut-être
27:55pas toujours appliquée.
27:56Aujourd'hui,
27:56vous êtes ce qu'on appelle
27:57de la vieille école.
27:57Je suis de la vieille école.
27:59Moi,
27:59j'aime bien me noircir
28:00les mains avec les journaux.
28:02Je n'aime pas les iPads
28:03et tout.
28:04Aujourd'hui,
28:04pour des raisons budgétaires,
28:05on est obligé
28:06de se désabonner des journaux.
28:10Moi,
28:10j'aime bien découper,
28:11j'aime bien garder.
28:13Donc oui,
28:14je suis de la vieille école.
28:15Et puis,
28:15les femmes
28:16qui parlent de politique
28:18à la télévision,
28:19c'est aussi un phénomène
28:20qui est assez nouveau.
28:21Dans le temps,
28:22il y a eu Geneviève Tabou
28:22et Radio Luxembourg
28:23dans les années 50
28:24qui étaient la reine
28:25de l'information.
28:26Aujourd'hui,
28:27elles sont présentes
28:27mais ça a été aussi
28:28un long combat.
28:29Ça a été un long combat
28:30qui a été ouvert
28:31par Michel Cotin,
28:34notamment par...
28:36J'oublie le...
28:37Par Anne Sinclair.
28:38Oui,
28:38par Anne Sinclair,
28:40par...
28:41Christine Ocrette.
28:43Absolument,
28:43oui,
28:43tout à fait.
28:44Donc,
28:44c'est un rôle
28:47qui nous a été donné.
28:49Les femmes en politique
28:50sont...
28:50Voilà,
28:51c'est un fait
28:53absolument avéré.
28:54Et avec un respect
28:55qui n'existait peut-être
28:56pas à l'époque.
28:58Oui,
28:58parce qu'on s'est défendu aussi.
29:00Moi,
29:00je sais que j'ai dû...
29:01Alors,
29:01non pas avec les politiques,
29:02mais si,
29:03les politiques pouvaient être
29:05parfois un peu collants,
29:07on va dire.
29:08Oui.
29:08Mais voilà,
29:09les politiques n'aiment pas
29:11perdre du temps.
29:12Donc,
29:12s'ils voient qu'il faut faire
29:14des ronds de jambes,
29:15ils laissent tomber très vite.
29:16Donc,
29:16vous allez à paix,
29:16en fait.
29:17Exactement.
29:17Mais côté rédacteur en chef,
29:20il y a 20 ans,
29:20c'était compliqué aussi.
29:22Il y avait des gros machos.
29:24Et ça,
29:25c'était compliqué.
29:26Et les femmes avaient peur.
29:27Alors,
29:27les femmes,
29:28justement,
29:28ça a été le cœur des femmes,
29:29votre premier livre,
29:30car vous avez eu l'idée,
29:31Roselyne Feb,
29:32de raconter l'histoire
29:34des femmes du 20e siècle,
29:35ce qui,
29:36à l'époque,
29:36n'était pas si courant.
29:37Oui,
29:39en fait,
29:39j'avais choisi
29:40une anecdote
29:41sur ces 20 femmes
29:43du 20e siècle,
29:45où je parle,
29:47je ne raconte pas leur vie,
29:48mais je prends
29:48un tout petit extrait
29:49et un tout petit moment
29:51de leur vie,
29:52qui résume leur vie.
29:53Et pourquoi cette idée-là ?
29:55C'était quelqu'un
29:56qui m'avait demandé
29:57de le faire.
29:58Ce n'était pas une idée
29:58que j'ai eue.
30:00C'est quelqu'un
30:00qui m'a demandé
30:01de faire ce livre.
30:02Mais là aussi,
30:04il faut un instinct
30:04pour trouver
30:05la bonne histoire.
30:06Oui.
30:07C'est vrai.
30:08C'est un réflexe journalistique ?
30:10C'est fouillé.
30:11Moi,
30:11j'aime l'originalité,
30:14en fait.
30:14J'aime bien
30:14le petit côté,
30:17ce qui m'agace
30:18dans le journalisme.
30:20Parfois,
30:20ça peut être
30:20le panurgisme,
30:21même si j'y passe aussi.
30:22Ou le côté un peu
30:23moutonnier,
30:24où tout le monde
30:24prend les mêmes chemins.
30:25C'est assez mainstream.
30:26Moi,
30:27j'aime trouver parfois
30:28l'angle différent,
30:29l'angle qui va
30:30faire clic.
30:33Et puis,
30:33en plus,
30:33c'était un moment,
30:34ce livre est arrivé,
30:35un moment où la place
30:36de la femme
30:36est en train de changer.
30:37Oui,
30:37absolument.
30:38Oui,
30:38elle était en train
30:39de changer,
30:39elle était en train
30:40d'évoluer.
30:41Exactement.
30:42Mais quand on voit
30:43les anecdotes
30:43qui existent sur les femmes,
30:44moi,
30:44je me souviens
30:44de Marguerite Tursenard,
30:46que chaque fois
30:46qu'on écrivait un article
30:47sur elle,
30:48elle vous répondait
30:49à l'encre verte
30:50en corrigeant
30:51les éventuelles fautes
30:52d'orthographe
30:52ou de syntaxe
30:53de votre texte.
30:54elle avait raison.
30:55Elle avait raison.
30:57Ça aussi,
30:57c'est très important
30:58d'avoir un langage
31:00précis et simple
31:01à l'antenne.
31:02Oui,
31:03tout à fait.
31:04Ce qu'on appelle
31:05vulgariser.
31:06Si vous ne prenez pas
31:08des chemins
31:09un peu balisés
31:10par tout le monde,
31:11personne ne va
31:12rien comprendre.
31:12Souvent,
31:12moi,
31:13les hommes politiques,
31:13je les attendais
31:14là,
31:15je ne comprends pas.
31:16Est-ce que vous pouvez
31:17me...
31:18parce que je ne comprends
31:18pas ce que vous me dites.
31:19Donc,
31:19je les force parfois
31:20à clarifier
31:22leurs propos.
31:23Oui,
31:23mais ça aussi,
31:25vous ne l'avez pas
31:26appris à l'école.
31:26Ça a été votre travail
31:27sur le terrain
31:28pendant des années.
31:29Oui, absolument.
31:29Pour comprendre le public.
31:31Absolument.
31:31Et puis,
31:32il y a un autre livre
31:32que vous avez sorti
31:33qui a été un événement
31:34parce que beaucoup
31:35de femmes ont été
31:37heureuses de ce livre.
31:37C'est les battements
31:38du cœur du colibri.
31:40Vous avez eu un problème
31:41avec un fils
31:42qui s'est drogué
31:42et vous l'avez raconté
31:43dans un livre
31:44alors que c'est un sujet
31:45qu'on n'évoquait pas
31:46à l'époque,
31:46Roselyne Febvre.
31:47Non, et on l'évoque
31:49pas beaucoup non plus.
31:50Alors, les langues
31:51se sont un peu déliées
31:52effectivement.
31:53Je trouvais que c'était
31:54tout comme,
31:55je trouve que ce qu'a fait,
31:56ce qui n'a rien à voir,
31:57mais Nicolas Demorand
31:59avec sa bipolarité,
32:01je pense qu'à un moment,
32:02il faut briser
32:02effectivement le mur
32:03de la honte.
32:04Et lorsque vous avez
32:05un enfant qui prend
32:07des toxiques
32:07ou qui fume des pétards,
32:09ce qui n'est pas anodin,
32:11c'est une vie
32:13qui va de travers
32:14pour tout le monde.
32:16Et j'ai écrit ce livre
32:17pour que les gens
32:18n'aient plus honte,
32:20parce que quand vous avez
32:20un enfant qui se drogue,
32:22il y a forcément
32:22quelqu'un qui va se dire
32:23« Ah, ça ne doit pas
32:24être des bons parents,
32:24ça ne doit pas être
32:25une bonne mère,
32:26ça n'a rien à voir,
32:27ça va dans tous les contextes
32:29de la vie,
32:30de la société.
32:32Un pétard,
32:33on peut vous en proposer
32:34sur les Champs-Élysées,
32:36dans le 16e,
32:37tout comme un petit bled
32:38à la campagne,
32:39il y en a partout.
32:39Oui, mais aujourd'hui,
32:40même le phénomène a évolué,
32:42c'est-à-dire qu'à la sortie
32:43des lycées,
32:43vous avez des élèves renvoyés
32:45qui vendent des pétards ?
32:46Absolument, absolument.
32:48Et ça, vous êtes la première
32:49à avoir osé le dénoncer,
32:50et vous avez reçu
32:51beaucoup de témoignages
32:52de parents
32:52qui vous ont remerciés ?
32:53Beaucoup.
32:54Et c'est surtout,
32:55j'ai aussi beaucoup parlé
32:56de la psychiatrie,
32:58et des hôpitaux,
33:01notamment un hôpital parisien
33:03qui n'était pas toujours
33:04bien traitant.
33:07Alors,
33:07à leur décharge,
33:08c'est un hôpital
33:09qui soigne la crise
33:11quand elle est là,
33:12mais il n'y a pas
33:13de suivi des parents.
33:14Et je crois que depuis
33:15que le livre est paru,
33:17il y a maintenant
33:18des groupes de parole
33:19pour les parents.
33:20Vous avez eu du mal
33:20au départ à écrire ce livre ?
33:22Non, je l'ai écrit pour moi.
33:24Je l'écrivais pour moi
33:25comme quelqu'un
33:25qui chante dans sa salle de bain
33:26et que ça brosse à cheveux.
33:28Moi, j'écrivais dans mon salon
33:29pour avoir une forme
33:31de catharsis
33:31parce que je souffrais tellement
33:32qu'il fallait que je pose.
33:33J'avais envie de crier au monde
33:34ce qui m'arrivait
33:36parce que je me sentais très seule.
33:37Et puis un jour,
33:38un ami,
33:38Pierre Jacquemin,
33:39m'a dit
33:39tu me permets
33:41de l'envoyer
33:41une amie éditrice.
33:43Et voilà,
33:45il l'a envoyé
33:47et ça s'est fait comme ça.
33:49Et vous avez ému
33:50la France entière
33:50avec ce livre ?
33:52Oui,
33:52je crois que des gens
33:54ont été émus.
33:54Oui, ils me l'ont dit.
33:56Ils me l'ont dit.
33:57Et vous avez l'impression
33:57que vous avez fait évoluer
33:59le problème ?
34:01Je ne suis pas sûre.
34:04Je ne suis pas sûre.
34:06Franchement,
34:07ce serait difficile
34:08et prétentieux de ma part.
34:09Je pense que j'ai aidé
34:10des parents à mettre des mots
34:11et surtout à ne pas le cacher
34:13parce que moi,
34:13y compris dans ma boîte
34:14là où je travaille,
34:16il y a des gens
34:16sous couvert bien sûr
34:17d'anonymat
34:18qui sont venus me voir
34:18et qui m'ont dit
34:19je vis la même chose que toi.
34:20Mais je n'aurais pas imaginé
34:21une seule seconde.
34:22Des gens qui m'ont écrit
34:23et qui m'ont dit
34:24je n'ai pas changé un mot,
34:26je ne changerai pas un mot
34:27de ce que vous avez écrit
34:28parce que tout...
34:28Comme si dans le fond,
34:30tous les jeunes
34:30qui se droguaient
34:31avaient le même parcours,
34:33les mêmes idées.
34:34Ils mentent tous,
34:35ils volent,
34:36voilà pour...
34:38Voilà, c'est comme si
34:39c'était un chemin balisé aussi.
34:41Donc oui,
34:42je ne sais pas si j'ai aidé
34:43mais je ne suis pas sûre
34:45d'avoir fait évoluer.
34:47Ce qui a évolué,
34:48c'est qu'aujourd'hui,
34:49on se rend compte
34:50que la drogue
34:50est un drame international
34:52avec des multinationales
34:55justement
34:55et avec lesquelles
34:57on n'arrive pas à lutter.
34:59C'est ça qui est un drame.
35:00Et la psychiatrie
35:01qui n'évolue pas.
35:02Ça, c'est dans ce livre
35:04mais il y en a un autre
35:05que vous avez sorti récemment
35:06qu'on va évoquer
35:07à travers la date
35:08du 5 mars 2025.
35:10A tout de suite
35:10sur Sud Radio
35:11avec Roselyne Fèvre.
35:13Sud Radio,
35:13les clés d'une vie,
35:14Jacques Pessis.
35:15Sud Radio,
35:16les clés d'une vie,
35:17mon invité Roselyne Fèvre.
35:19On a évoqué
35:19votre parcours
35:21à la télévision
35:21mais il y a aussi
35:22de la romancière
35:24et de la biographe
35:25et donc le 5 mars 2025
35:28est sorti un livre
35:30aux éditions du Rocher,
35:31le pacte du désert
35:32où vous évoquez
35:33Gertrude Bell
35:34qui est une femme
35:35un peu méconnue
35:37parce qu'elle a été
35:38archéologue,
35:39exploratrice,
35:40écrivaine,
35:41femme politique,
35:41espionne,
35:42diplomate britannique
35:43et on a oublié
35:44qui c'est.
35:45Oui,
35:45parce que pourquoi ?
35:46Vous savez pourquoi
35:46on l'a oublié ?
35:47Parce que c'était la femme
35:48qui était cachée
35:49derrière Laurence d'Arabie.
35:51Exactement.
35:51Voilà,
35:52donc c'est la Laurence d'Arabie
35:53française
35:54et à l'époque
35:55on n'allait pas
35:56mettre au panthéon
36:00de l'histoire arabe
36:01et de cette période-là
36:03une femme
36:04parce que son rôle
36:06a été celui
36:06de l'ombre.
36:08Laurence d'Arabie
36:09a été découverte
36:10par un journaliste américain
36:11et ils en ont fait un héros
36:12ce qui était bien sûr
36:14sans doute
36:15mais voilà,
36:17Gertrude était plus âgé
36:18que lui
36:19ils se sont rencontrés
36:21lors des fouilles
36:22à Carkemich
36:23et en fait
36:23ils sont devenus amis
36:25elle était plus âgée
36:25et c'est avec lui
36:28qu'elle a
36:28enfin elle
36:29qui a ce qu'on appelle
36:30tracé dans le désert
36:31les lignes de puits
36:32qui a fait le lignage
36:34le cousinage
36:36des tribus
36:38pour leur permettre
36:40de les faire basculer
36:43au moment où l'Empire Ottoman
36:44se pète la figure
36:46de leur dire
36:46venez du côté des Anglais
36:48plutôt que du côté
36:49des Allemands
36:50qui sont les alliés
36:51des Turcs.
36:53Et Laurence d'Arabie
36:53dans la mémoire populaire
36:55c'est un film.
37:00Ce film Laurence d'Arabie
37:01vous l'avez vu aussi ?
37:03Des dizaines de fois.
37:05Pourquoi ?
37:06Pour ce livre ?
37:07Non, non, non
37:08j'ai toujours
37:09alors il y a beaucoup
37:11d'erreurs historiques
37:12dans le film
37:13il faut le savoir
37:14mais peu importe
37:15parfois
37:16c'est le personnage
37:19qui est mis à l'honneur
37:21parce que je trouve
37:22que c'est un film magnifique
37:25que Peter O'Toole
37:26est absolument grandiose
37:27et Anthony Quinn
37:28et puis que c'est un vrai film
37:29d'aventure
37:30de guerrier
37:31et puis
37:32je ne saurais pas dire
37:35pourquoi j'aime ce film
37:36pour moi il a marqué
37:37une part de ma jeunesse
37:39et puis
37:40ce que j'aimais
37:41chez lui
37:42c'était son côté
37:43transgressif
37:44à Laurence d'Arabie
37:45Laurence d'Arabie
37:48n'aimait pas obéir
37:48même s'il aimait
37:49dans l'armée
37:50un jour d'ailleurs
37:51que les grands hommes
37:53alors on peut dire
37:54c'est un grand homme
37:55ou pas
37:55mais enfin bon
37:55il est arrivé
37:57président de la république
37:58donc c'est pas
37:59non plus
37:59j'avais interviewé
38:01Emmanuel Macron
38:02qui m'avait dit
38:03il faut toujours désobéir
38:04parce que j'avais
38:05continué à l'interviewer
38:06alors que dans le rayette
38:07on me disait
38:08stop stop stop
38:08et moi je n'avais pas fini
38:09mon propos
38:10je voulais absolument une réponse
38:11bon bref
38:11je passe de Macron
38:12à Laurence d'Arabie
38:13peu importe
38:14mais pour vous dire
38:15que voilà
38:15Laurence d'Arabie
38:17avait ce côté transgressif
38:18qui lui a permis
38:19de faire des choses
38:20parfois vis-à-vis
38:21de sa hiérarchie
38:21et surtout
38:22il avait une idée
38:24qui était différente
38:25des diplomates anglais
38:26avec Gertrude
38:27il était d'accord
38:28sur le fait
38:28que les arabes
38:29pouvaient
38:30se déterminer eux-mêmes
38:35c'est-à-dire
38:35se gouverner eux-mêmes
38:36tandis que les diplomates
38:37anglais pensaient
38:38qu'il fallait
38:38une tutelle
38:40de l'Angleterre
38:41alors il se trouve aussi
38:42que ce qu'on ne sait pas
38:43c'est qu'au départ
38:44ce n'était pas
38:44Peter O'Toole
38:45mais Marlon Brando
38:45qui devait
38:46faire le rôle
38:47et puis que ce n'était pas
38:48Omar Sharif
38:49mais Maurice René
38:50qui devait jouer le rôle
38:51et il a refusé
38:52parce qu'il fallait
38:52porter des lentilles bleues
38:54et il ne voulait pas
38:55ah oui
38:56alors Maurice René
38:58il ne faisait pas
38:59parce qu'Omar Sharif
39:00c'est un arabe
39:01dans le film
39:02donc Maurice René
39:03je ne sais pas
39:03s'il aurait fait
39:04tellement office
39:05d'arabe
39:07votre Laurence d'Arabie
39:08Roselyne Feb
39:09c'est Gertrude Bell
39:10pourquoi d'abord
39:10avoir écrit ce livre
39:11pourquoi avoir
39:12envie de plonger
39:13dans cette vie méconnue
39:15parce que d'abord
39:16pour lui rendre hommage
39:17j'ai le sentiment
39:18que c'est
39:18elle a été invisibilisée
39:19par l'histoire
39:20et comme je n'aime pas
39:21je n'aime pas l'injustice
39:22comme quand j'étais à l'école
39:24je n'aimais pas
39:24qu'on soit puni
39:26à la place des autres
39:27ça c'est mon grand truc
39:28qui ne m'a pas
39:30souvent aidé d'ailleurs
39:31et Gertrude Bell
39:33j'ai trouvé qu'elle avait
39:34il y avait tous les ferments
39:35du roman romanesque
39:37et à la fois
39:38de la tragédie
39:39et à la fois
39:40de l'intelligence
39:42et de la foi
39:42enfin il y avait
39:43tous les ingrédients
39:44d'un roman
39:45tout
39:45et justement
39:47vous en faites un roman
39:48car vous racontez
39:49vous imaginez
39:50une héroïne
39:51Maya
39:52une syrienne
39:52qui a retrouvé
39:53le journal
39:55de Gertrude Bell
39:56et régulièrement
39:58entre chaque chapitre
39:59on est dans le monde
40:00d'aujourd'hui
40:01on est dans le monde
40:01d'aujourd'hui
40:01voilà je fais
40:02j'ai deux temporalités
40:04différentes
40:05pour pas que ça ressemble
40:06à une bio
40:07les choses sont vraies
40:09et à la fois
40:09d'inventer des personnages
40:11me permet aussi
40:12de moi
40:13de laisser mon imaginaire
40:14cavaler
40:16parce que
40:18les lettres de Gertrude
40:19il faut
40:20elles ont existé
40:21elles ont été publiées
40:23mais pour la plupart
40:24je les ai beaucoup transformées
40:25parce qu'en fait
40:26ce que je fais
40:27c'est une mise en abîme
40:28de ce personnage
40:28je veux savoir
40:29qui est Gertrude Bell
40:30et en fait
40:31on ne sait pas trop
40:33qui elle est
40:33dans les autres ouvrages
40:35qui sont très bien
40:36mais voilà
40:37elle ne livre pas
40:38l'incandescence
40:40de son personnage
40:41et surtout
40:43ses contradictions
40:45permanentes
40:45oui
40:46au départ
40:46Gertrude Bell
40:47c'est une femme
40:48qui vient d'une famille
40:50d'industriels
40:51en Angleterre
40:51elle n'a rien
40:52pour devenir
40:53une héroïne du désert
40:54non
40:54elle est très très très riche
40:56je crois que c'est
40:56la sixième fortune
40:57du pays
40:58parce que ce sont
40:59les Assyri Bell
41:00et comme elle est sortie
41:02première d'Oxford
41:03la première fois
41:04que c'est ouvert aux femmes
41:05elle est d'une intelligence
41:07absolument exceptionnelle
41:08et à la fois
41:09elle en nourrit
41:11une forme de prétention
41:12donc elle pense
41:13qu'elle va gouverner le pays
41:15qu'elle peut
41:15pourrait être aussi
41:17impératrice d'Autriche
41:18peu importe
41:18elle se pense très importante
41:20et elle perd sa mère
41:22très jeune
41:22donc son père
41:23se remarie
41:23et donc cette belle-mère
41:24va un peu la façonner
41:26mais elle n'y arrivera pas
41:27elle va l'envoyer en Perse
41:29chez sa sœur
41:31pour lui enlever
41:32ses manières oxfordiennes
41:35parce qu'elle n'arrive pas
41:36à trouver un mari à Londres
41:37et donc voilà
41:38Gertrude est une tempête
41:40qu'il faut éloigner
41:42mais en fait
41:42en l'éloignant
41:43c'est là qu'elle va découvrir
41:44l'Orient avec la Perse
41:45puis le Moyen-Orient
41:46et puis après
41:47et puis après
41:48et puis après
41:48elle va apprendre le persan
41:50d'ailleurs après un voyage
41:50à Jérusalem je crois
41:51et puis ensuite
41:52elle va devenir archéologue
41:54ce qui n'était pas si courant
41:55pour une femme à l'époque
41:56non
41:57mais pour ça
41:58elle va aller chercher
41:59le meilleur archéologue français
42:02Salomon Reinhardt
42:03elle va lui demander
42:04apprenez-moi
42:05l'archéologie
42:07bon elle en savait déjà pas mal
42:08mais surtout sur
42:10les instruments
42:12le théodolite
42:13les instruments de mesure
42:15comment ?
42:15parce que c'est pas au pif
42:16quand vous faites
42:17des mesures
42:18d'une citadelle
42:19notamment qu'elle va découvrir
42:20en Syrie
42:21et bien voilà
42:22il faut tout mesurer
42:23avec un mètre arpenteur
42:24enfin ça s'apprend
42:26et lui il va
42:26lui apprendre
42:28et pourquoi cette passion
42:28de l'archéologie ?
42:30elle a une passion de tout
42:31elle a une passion des voyages
42:32elle a une passion
42:33de l'histoire
42:34de l'alpinisme
42:35aussi
42:36de l'alpinisme bien sûr
42:37mais ça ça va être une lubie
42:38voilà
42:39elle a besoin de bouger
42:40en fait
42:40elle a besoin de bouger
42:41pourquoi elle bouge
42:42si elle bouge pas
42:43c'est mourir quoi
42:44en fait
42:45donc vous imaginez
42:46un faux journal
42:47de Gertrude Bell
42:48dans ce livre
42:49Rosine Fèbre
42:50et notamment
42:50il y a une partie
42:51très importante
42:52lorsqu'elle devient espionne
42:53pendant la première guerre mondiale
42:55oui parce qu'en fait
42:56comme elle a tracé
42:57plein de lignes depuis
42:58comme elle a
42:59parce que c'est
43:00sur ces bases là
43:01que Laurence d'Abarabi
43:02va faire sa révolte arabe
43:03et en fait
43:04l'autorité suprême
43:05remarque ses travaux remarquables
43:08et aucun ne lui arrive
43:10à la chevigne
43:11alors certains militaires
43:13ou dignitaires
43:14disent
43:14non mais attendez
43:14une femme
43:15est-ce que vous croyez pas
43:16que ça va créer
43:18un précédent
43:20et on lui répond
43:21bah non c'est la meilleure
43:22donc en gros
43:23allez vous faire voir
43:24c'est la meilleure
43:25elle connait
43:26toute l'ethnologie
43:27elle est capable
43:29d'être reçue
43:30par les chèques
43:30sous leur tente
43:33ils la respectent
43:34donc vous la respecterez
43:35et elle va faire
43:36un véritable travail
43:37d'espionne
43:38pendant la première guerre
43:38d'espionne
43:39de fourmi
43:39c'est à dire que
43:40alors espionne
43:41c'est peut-être
43:41vidi parce qu'on imagine
43:43en train
43:44007
43:45avec son pistolet
43:46non pas du tout
43:47mais en fait
43:47elle va berner
43:48les turcs beaucoup
43:49pour aller dans
43:50des territoires
43:51interdits
43:52notamment chez les druzes
43:53elle va aller en Arabie
43:55où elle va être
43:55faite prisonnière
43:56et elle pense que
43:57tout ça sert à rien
43:58et en fait
43:58c'est ça qui va servir
43:59à cartographier
44:00à ce que l'armée
44:01puisse aussi
44:02se marcher
44:05dans le désert
44:05et savoir
44:06où ils vont
44:06pour faire boire
44:08les bêtes aussi
44:08c'est ce qu'on appelle
44:09les points de puits
44:10d'eau
44:10et donc
44:12elle va être
44:12l'instrument
44:14quelque part
44:15de l'armée britannique
44:17et puis
44:18elle va aussi
44:19créer
44:20les frontières
44:20de l'Irak
44:21elle va convaincre
44:22Churchill
44:22qu'il faut mettre
44:24le roi Fessal
44:26qui est l'ancien roi
44:27de Syrie
44:28qui doit être
44:29le roi
44:30d'Irak
44:31donc c'est elle
44:32qui va en tracer
44:33les frontières
44:34et tout ça
44:35avec l'aide
44:35évidemment
44:36de Laurence d'Arabie
44:38et d'autres d'ailleurs
44:39alors il faut savoir
44:39qu'à l'époque
44:40Weston Churchill
44:41est secrétaire
44:41des colonies
44:42et il se méfie
44:43un peu de tout le monde
44:44il parle de 40 voleurs
44:46autour de lui
44:47et il va beaucoup
44:48écouter
44:49bien que belle
44:50oui oui
44:50il l'écoute
44:51il la respecte
44:53il respecte aussi
44:54énormément
44:54Laurence d'Arabie
44:56puisqu'il dit de lui
44:57une phrase que j'aime
44:58beaucoup
44:58c'est
44:59il volait plus haut
45:00que les autres
45:00dans l'ouragan
45:01il n'était pas en harmonie
45:03avec le normal
45:03et je trouve ça
45:05ça le ressemble
45:06tellement
45:07et je peux dire
45:09que d'ailleurs
45:10Gertrude Bell
45:10c'était un peu ça
45:11elle n'était pas en harmonie
45:12avec le normal
45:13à l'époque
45:14en 1905
45:15quand vous partez
45:15avec des chameaux
45:16toute seule
45:16avec des brigands
45:17enfin toute seule
45:18avec ces hommes
45:19bien sûr
45:20vous portez le fusée
45:21en bandoulière
45:21le kéfier
45:22voilà
45:24que vous êtes souvent
45:24de promadère
45:25et que vous savez pas
45:26où vous allez
45:27que vous dormez
45:28entre les dunes
45:29en ne sachant pas
45:30si vous allez être attaqué
45:31morte le lendemain
45:32vous imaginez
45:34cette puissance
45:35qu'il fallait avoir
45:37oui mais elle est
45:37totalement oubliée
45:38même si
45:38même
45:39est-ce
45:40Laurence d'Army
45:41ou autre chose
45:41mais c'est une femme
45:42d'exception
45:43c'est une femme
45:44d'exception
45:44comme il en existe
45:46peu par siècle
45:47et en plus
45:48elle était aussi
45:49à l'aise dans le désert
45:50qu'en train de prendre
45:51un petit déjeuner
45:51au riz de sa Paris
45:52absolument
45:53mais je crois
45:54qu'elle préférait
45:54le désert
45:55oui à ce point là
45:56et puis vous évoquez
45:57dans ce livre
45:58Rosine Fèvre
45:58ses amours
45:59parce qu'elle aurait
46:00finalement aimé
46:01avoir un mari
46:01et des enfants
46:02et elle a eu
46:03des amours
46:03un peu compliqués
46:04oui
46:05elle a eu des amours
46:06qui je crois
46:08m'a dit mon petit doigt
46:09qui sont restés chastes
46:11pas de chance
46:13pour le premier
46:14qu'elle rencontre
46:15en Perse
46:16à l'ambassade
46:17parce que son père
46:18ne veut pas
46:18qu'elle l'épouse
46:20donc elle a
46:20un rapport
46:21au père très particulier
46:22c'est lui qui définit
46:24son bonheur
46:24donc il ne veut pas
46:25qu'elle l'épouse
46:26parce qu'il n'est pas
46:26assez riche
46:27et donc ça va être
46:28une tragédie
46:29parce qu'il va mourir
46:30et puis le deuxième
46:31va mourir aussi
46:32mais il est marié
46:33donc ça pose un petit problème aussi
46:35donc elle va être mal
46:37elle pense qu'avec tout
46:38ce qu'elle a fait
46:38le fait de ne pas avoir
46:42eu d'enfant
46:42et de ne pas être mariée
46:43elle pense avoir raté sa vie
46:45alors qu'à la fin de sa vie
46:47elle va monter
46:48le musée de Bagdad
46:49c'est-à-dire
46:50de l'ancienne Mésopotamie
46:51et ça c'est important
46:53et c'est le point de départ
46:54du livre
46:54il y a un musée à Bagdad
46:55qui a été attaqué
46:56par l'islamiste
46:57et bien tout ce qui était dedans
46:59c'était Gertrude Bell
47:00c'est venu comment ?
47:02en fait
47:03quand elle devient conseillère
47:06du roi Fessal
47:06donc elle met sur le trône
47:08et puis au bout de quelques années
47:10ils ne s'entendent plus trop
47:11parce que Fessal
47:12est un être charmant
47:13mais qui peut être
47:15parfois influençable
47:16et donc Gertrude
47:18elle sait où elle va
47:19et par conséquent
47:20elle se détache un peu de lui
47:22lui d'elle
47:23et dans le fond
47:24pour la tenir un peu occupée
47:25il lui dit
47:26tu vas faire le musée d'Irak
47:28et tu vas récupérer
47:31toutes les grandes pièces
47:32antiques de la Mésopotamie
47:33évidemment
47:34elle se passionne pour ça
47:35elle va aller à la chasse au trésor
47:37voilà
47:38elle va tout ramener
47:39elle va faire le tri
47:39et elle va monter
47:41ce magnifique musée
47:44qui a disparu ?
47:45non qui est encore là
47:46mais qui
47:47bien sûr
47:47il reste des pièces
47:49mais il y en a
47:50qui comme vous le savez
47:50ont été détruites en 2003
47:52par les brigands
47:54par des groupes terroristes
47:55et donc il y en a
47:57qui ont disparu
47:58pertes et fracas
47:59et d'autres
47:59qui sont encore là
48:01ce livre finalement
48:02c'est une réhabilitation
48:03d'une femme d'aujourd'hui
48:04absolument
48:05vous avez tout à fait raison
48:07c'est à dire
48:08qu'elle est moderne
48:08Gertrude
48:09parce que
48:09elle est moderne
48:10parce que
48:11une femme qui voudrait
48:12vivre comme ça
48:13aujourd'hui
48:14pourrait
48:14et elle pourrait avoir
48:16des enfants aussi
48:16elle pourrait dire
48:17bon moi je vais garder
48:18mes gosses par mon mari
48:19et puis moi je vais
48:20je sais pas
48:21au pôle nord
48:23sur une embarcation
48:25voilà
48:25à l'époque de Gertrude
48:27ça ne se faisait pas
48:28donc elle
48:28elle y a été quand même
48:31donc c'était quand même
48:32malgré tout
48:32un choix de sa part
48:33même si
48:34ce choix
48:35elle l'a payé cher
48:35c'était une femme moderne
48:37une femme moderne
48:38qui savait
48:39qui s'en foutait
48:40qu'on dise
48:42qu'elle n'était pas mariée
48:43je pense que ça le faisait mal
48:44parce qu'elle n'avait pas
48:45d'épaule
48:46sur laquelle se poser
48:47et que ses amours
48:48étaient malheureuses
48:49et qu'elle repensait aux morts
48:50qui l'ont laissé
48:52mais
48:53ouais c'est une femme moderne
48:55vous avez tout à fait raison
48:56et à propos d'histoire d'amour
48:57il y en a eu
48:58dont on vous parle tout le temps
48:59car vous avez obtenu
49:00un scoop incroyable
49:02Roselyne Fèvre
49:03avec Carla Bruni
49:04ah
49:05ouais c'est un scoop
49:07non non c'est que
49:08la première conférence de presse
49:10de Nicolas Sarkozy
49:13tout le monde se demande
49:14à l'époque
49:14s'il va épouser Carla Bruni
49:16parce qu'il y a des photos
49:17qui sortent
49:18ils sont à Petra
49:19en Jordanie
49:19ils vont à
49:21Mickey
49:23je sais pas
49:23à Disneyland
49:24voilà
49:25donc ils font monter
49:26un peu le suspense
49:27et puis
49:27et puis voilà
49:29et je vois bien
49:30que mes camarades
49:31journalistes
49:32n'osent pas poser la question
49:33alors ils se lancent
49:34dans des trucs
49:35un peu économiques
49:35machin
49:36et puis alors moi
49:36je prends le micro
49:37et je dis
49:38bah voilà
49:39monsieur le président
49:40parce qu'il demande
49:41au journaliste
49:42bon bah maintenant
49:42vous pouvez poser
49:43vos questions de fond
49:44je lui dis
49:44bah écoutez
49:45je vais vous poser
49:45une question de fond
49:46est-ce que vous allez épouser
49:47Carla Bruni
49:48et quand ?
49:49et là il se lance
49:50dans tout un numéro
49:51et c'est là où
49:51ça restera
49:52et d'ailleurs il ne fera plus
49:53de conférences de presse
49:54après
49:54en tout cas pas
49:56sous cette formule-là
49:57il répondra
49:58avec Carla c'est du sérieux
50:00ouais
50:00et ce qui est très sérieux
50:01c'est tout le travail
50:02que vous avez fait
50:02pour ce livre
50:03le pacte du désert
50:04où on découvre
50:05Gertrude Bell
50:06qui mérite d'être connue
50:08voire reconnue
50:09c'est aux éditions du Rocher
50:10donc vous avez aimé
50:11ah bah j'ai aimé
50:12je pense que je ne serai pas le seul
50:13merci
50:14merci Roselyne Febvre
50:15et puis à bientôt
50:16pour d'autres livres
50:17merci
50:18les clés d'une vie
50:19c'est terminé pour aujourd'hui
50:20on se retrouve bientôt
50:21restez fidèles
50:22à l'écoute de Sud Radio
50:23et puis à bientôt
50:24et puis à bientôt

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