Les clefs d'une vie avec Pierre Douglas
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-05-27##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Vous avez rencontré bien des hommes politiques avant de devenir l'élu du public.
00:10Vous avez fait du travail et du rire les moteurs d'une éternelle jeunesse
00:14qui, paradoxalement, vous a rendu inimitable.
00:17Bonjour Pierre Dougas.
00:18Bonjour mon cher Jacques Pessis.
00:20Alors on vous retrouve aujourd'hui dans les clés d'une vie
00:22parce que vous sortez vos mémoires vite avant que j'oublie aux éditions Lumière
00:27et c'est pour ça que j'ai choisi des dates qui correspondent à ces mémoires,
00:31à votre vie, à votre longue vie qui n'est pas terminée parce que vous êtes en pleine forme.
00:35Oui, j'ai encore quelques années, je pense, devant moi à vivre intensément
00:39comme j'ai toujours essayé de le faire.
00:41Voilà et donc on va le découvrir à travers des dates clés
00:44et la première date que j'ai trouvée c'est le 4 juin 1964.
00:48Écoutez cette voix.
00:49Il y a huit ans que le pop-club existe parce que c'était une nécessité, je crois.
00:53José Arthur qui a été le premier à vous découvrir et vous donner votre chance Pierre Dougas.
00:57Absolument, il a été le premier à me faire parler dans un micro, la première fois de ma vie.
01:01Ça faisait un petit moment que j'en rêvais mais je ne savais pas du tout de quelle manière ça se passerait
01:05et en fait je venais de sortir de l'école des cadres du commerce
01:08où j'ai obtenu un diplôme de marketing.
01:10J'ai très peu de diplômes mon cher Jacques.
01:11J'ai le diplôme de marketing de l'école des cadres,
01:13j'ai mon brevet de 25 mètres en natation
01:16et j'ai un brevet de moniteur de colonie de vacances.
01:18C'est un bon début.
01:20Et donc l'école des cadres, quand on a reçu nos diplômes,
01:23on a organisé une grande soirée que les copains m'avaient demandé d'animer
01:26parce que déjà j'aimais bien faire rire, imiter mes profs, etc.
01:30Et on a fait une grande soirée, on a invité les parents d'élèves, les profs, tout le monde est venu
01:35et José Arthur est venu.
01:36Il avait entendu parler de ça, je ne sais pas par qui.
01:38Et il m'a vu animer cette soirée et il m'a dit venez me voir à la maison de la radio demain.
01:43Le lendemain je suis à Lévoix, il m'a dit voilà il y a une émission qui s'appelle les arts du gosse
01:46que vous allez animer à partir de début juillet tous les soirs à 20h30
01:50ce que j'ai fait pendant trois mois jusqu'à ce que je parte à l'armée.
01:53Voilà, et vous avez interviewé des personnalités.
01:55La première c'était Juliette Gréco, ça s'est moyennement passé.
01:59Oui c'était Juliette Gréco, j'étais en admiration, j'avais un tract terrible.
02:04Et elle était à Bobineau et je suis allé l'interviewer dans sa loge
02:08et puis je lui ai posé une question, deux questions, trois questions
02:11et comme je n'ai pas de difficulté pour m'exprimer assez vite,
02:14que j'arrive à improviser etc, je n'avais pas préparé par écrit deux questions.
02:18Et puis quand j'ai posé ma troisième question et qu'elle a répondu,
02:22je ne savais plus très bien quoi dire.
02:24Alors elle m'a dit alors jeune homme, il n'y a plus de charbon dans la machine.
02:28Là je me suis dit la prochaine fois je préparerai l'interview bien comme il faut.
02:31Exactement, c'était l'époque où elle était star avec Belphégor,
02:34le feuilleton qui a vidé les salles de cinéma pendant quatre semaines de samedi soir
02:38et elle n'était pas au courant parce qu'elle est chantée au Japon à l'époque
02:41et elle revient à la douane, on dit bonjour Belphégor.
02:44Donc elle a compris en voyant le douanier que le feuilleton avait du succès en France.
02:48Je ne connaissais pas cette anecdote.
02:49Et puis il y a Barbara aussi.
02:51Oui, il y a Barbara.
02:53Alors Barbara ça s'est bien passé, elle a été assez agréable avec moi,
02:57simplement comme je trouve qu'elle a des chansons à texte,
03:02je lui ai dit mais alors est-ce que vous voulez faire passer un message ?
03:06Quand une chanson, elle m'a dit mais je n'ai pas de message, je n'interprète que des zinzins.
03:10Oui, en même temps, lorsqu'elle a fait ses premières chansons,
03:12elle n'a pas dit qu'elle en était l'auteur, elle avait presque honte de ses chansons.
03:16Oui, et puis il y a la fameuse affaire de l'inceste qui l'a touché personnellement.
03:20Bien sûr, mais elle n'en parlait jamais.
03:23Non, beaucoup plus tard en tout cas, dans ses mémoires.
03:26Alors l'école justement, ça n'a pas bien commencé avec je crois l'école catholique
03:30où vous serviez à la messe.
03:32Ah !
03:33Vous alliez au catholicisme le jeudi après-midi.
03:35Oui, c'était à l'école Saint-Sulpice.
03:39À l'école Saint-Sulpice, rue d'Assas.
03:42Et le jeudi, à l'époque, on n'avait pas d'école
03:46et il y avait le cinéma qui était proposé aux élèves
03:50et moi je chahutais pendant le film
03:53et l'aumônier qui s'appelait M. l'abbé Bourguignon
03:56pour me punir de ma mauvaise attitude, estimait-il, dans la salle,
04:00me mettait à genoux sur le siège, le dos tourné à l'écran
04:04et il me pincait une oreille et une fesse.
04:07Voilà, et c'est vrai qu'on vous a ploté les fesses
04:09et que quand vous avez dit ça à vos parents, personne ne vous a cru.
04:12Là, c'était, on ne peut pas dire ploté,
04:15c'était quand même vraiment pour me faire souffrir.
04:17En revanche, on a eu un professeur de français,
04:19alors je ne citerai pas le nom qui est décédé depuis bien longtemps,
04:22bien sûr, qui lui avait une attitude vraiment équivoque.
04:24Alors, j'ai un ami d'enfance que je revois toujours,
04:28Dominique, qui est à l'école avec moi,
04:29on est allé en parler au censeur du lycée
04:33qui nous a dit, vous avez mauvais esprit, on va vous changer de classe.
04:36C'était l'omerta complet.
04:38Aujourd'hui, ça ne se passerait pas comme ça.
04:39Ou non, ça serait très mal.
04:41Alors, je crois que finalement, l'école, c'était pas,
04:44à part l'histoire, peut-être, et la géographie et le français,
04:48ça ne vous intéressait pas, Pierre Dorgas ?
04:49Non, ça ne m'intéressait pas, je n'étais pas doué,
04:51je n'étais pas courageux,
04:53mais en revanche, j'avais énormément envie de parler,
04:55j'avais envie de réciter, j'étais souvent en première récitation.
04:58Un jour, on nous a donné une composition de récitation,
05:01il y avait une trentaine de vers de Horace à apprendre.
05:04J'ai pris un copain de la classe,
05:05il m'a dit, je vais faire Horace, tu vas faire Curias.
05:07On a appris une scène entière, une scène entière,
05:09pour la composition et la citation, et on a été premier ex-aequo.
05:12Alors, je crois qu'il y a eu le lycée Montaigne,
05:13le lycée Louis-le-Grand,
05:14et je crois qu'il y a quelqu'un qui vous adore,
05:16c'est dans un de ces lycées battus dans la catégorie chahut,
05:20c'est Renaud, qui faisait du chahut et qui partait au jardin de Luxembourg
05:24dès que la cloche sonnait pour se promener.
05:26Ah oui, ça, je ne le savais pas, je ne l'ai pas croisé à cette époque.
05:29Pour dire que pour le croiser, c'était difficile,
05:31je n'étais pas tellement en classe.
05:33Lui non plus.
05:34Il se trouve que les imitations, ça a commencé dès l'école,
05:37avec vos professeurs, Pierre-Douglas.
05:38Tout à fait.
05:39J'avais un professeur d'allemand qui s'appelait Monsieur Kaufmann,
05:41et j'étais en sixième au lycée Montaigne,
05:45et il avait une façon de parler assez extraordinaire.
05:48Il disait, vous allez apprendre cette leçon par cœur ?
05:52Compris, bon.
05:53Donc !
05:54Il faisait tout le temps, compris, bon.
05:56Donc !
05:57Et alors, dès qu'il avait dit ça,
05:59moi, je me planquais derrière le couvercle de mon bureau,
06:04et je faisais, compris, bon.
06:06Donc !
06:07Et je répétais ce qu'il disait.
06:08Il venait, et puis j'ai pris quelques tartes.
06:10À l'époque, c'était pas puni,
06:12et puis on savait que si on était un peu honnête,
06:15on les méritait un peu.
06:16Oui, et puis vous avez été, je crois, un recordman du nombre de lignes.
06:19Ah oui, j'ai copié 500 fois parmi,
06:23parce que j'avais mis un S.
06:26J'ai jamais plus mis un S à parmi.
06:28Depuis, j'avais pris 5 crayons-billes,
06:30mais ils se sont aperçus qu'il y avait 5 lignes qui se ressemblaient tellement
06:34que j'avais pris 5 crayons et j'ai dû recommencer.
06:35J'ai fait presque 1000 fois parmi.
06:37Oui, on ne pourrait pas imaginer ça non plus aujourd'hui.
06:39Non, mais ça serait de la révolte.
06:41Les professeurs se retrouvent en correctionnelle sur plein d'élèves.
06:44Alors, il se trouve aussi que le bac, ça n'a pas été terrible,
06:47parce que je crois qu'on vous a demandé de dessiner un moteur,
06:50et que ça a été une véritable catastrophe.
06:52Ma pauvre mère ne savait plus quoi faire,
06:54et tous les étés, elle disait, je vais changer mon fusil d'épaule.
06:56En même temps, elle me changeait d'école.
06:58Elle m'a envoyé à l'école Breguet, qui était rue Falguière,
07:01qui n'existe plus maintenant, mais je ne sais pas si c'est parce que j'y suis passé.
07:04Toujours est-il que j'ai tenté le bac technique,
07:07et quand on m'a posé un moteur sur la table, je suis parti au cinéma.
07:10Directement.
07:11Directement.
07:12En revanche, vous avez choisi l'option musique,
07:15et là, ça s'est bien passé.
07:17Alors, musique, c'était formidable.
07:18Pour le bac, je suis allé au lycée Voltaire,
07:22et j'avais appris le poème de Goethe, qui s'appelle Erle König,
07:26le roi des zones, qui est chanté par les plus grands, Fischer Disco, etc.
07:30Et j'avais appris Erle König par coeur,
07:32et j'ai voulu le chanter au bac, et je suis arrivé,
07:35et la dame qui était censée m'accompagner au piano m'a dit,
07:39vous avez la partition, j'ai dit oui,
07:40elle m'a dit, il y a trop de notes, je ne peux pas vous accompagner,
07:42vous allez chanter Erle König a cappella.
07:44Je l'ai fait, j'ai eu 20 sur 20.
07:45C'est très bien.
07:46Quand même, ce bac raté, ça a été le désespoir de votre père,
07:49qui était professeur en plus.
07:51J'étais professeur d'allemand et d'anglais,
07:52alors il aurait bien voulu que j'aie mon bac.
07:54Mais en même temps, il édigeait aussi la chanson,
07:57je crois qu'il a fait de la radio lui aussi.
07:59Il a fait de la radio, et en tant que prof d'allemand,
08:03il allait de temps en temps en Allemagne,
08:05parce qu'il s'était fait des amis du côté de Stuttgart,
08:08je crois, de Tübingen,
08:09et puis il animait des émissions en allemand, en Allemagne,
08:13avec des chansons françaises, avec de la musique classique, etc.
08:17Il a fait du micro aussi, mon père.
08:19Et puis, il adorait le cinéma,
08:20et là, vous avez des souvenirs de cinéma avec votre père,
08:23où vous animiez la salle, tous les deux.
08:25C'était surtout lui.
08:26C'était hallucinant.
08:27Je donnerai, cher Jacques, l'exemple de Alamo.
08:30Mon père s'était identifié à John Wayne,
08:32qui n'a pas vu Alamo.
08:33Ceux qui ne l'ont pas vu, je vous en prie, allez-y, vous penserez à moi.
08:36Et alors, à Alamo, on est allé au Miramar,
08:39on était six dans la famille,
08:41ma soeur, mes deux frères, moi, mon père et ma mère,
08:44et comme on l'est arrivé au dernier moment,
08:45on était tous à des endroits différents dans la salle.
08:48Et à un moment donné,
08:50John Wayne se bagarre avec quelqu'un,
08:52mon père fait « Ah, les salauds ! »
08:54Et à ce moment-là, il y a une dame devant lui qui se retourne,
08:56et il lui a pris la tête,
08:57il lui a dit « Madame, c'est de l'autre côté que ça se passe ! »
08:59Il lui a revissé la tête vers l'écran.
09:01Et puis alors, à la fin,
09:02John Wayne reçoit un pieu dans le thorax,
09:04il se jette par terre,
09:06il meurt dans des conditions qui sont extrêmement émouvantes,
09:09et à ce moment-là, mon père s'est levé,
09:12et il a dit « Ils m'ont eu ! »
09:15Alors, il a été la star du film, ce jour-là.
09:18En même temps, il avait une idole,
09:19et je crois que votre pseudonyme, Pierre-Douglas,
09:21vient de cette idole.
09:23Alors, c'est plus qu'un pseudonyme,
09:24puisque ce sont mes deux prénoms,
09:26parce que je m'appelais Pierre-Douglas Melon,
09:28et mes deux prénoms, Pierre-Douglas,
09:29quand ma mère était enceinte de moi,
09:31mon père a dit « J'ai rencontré Douglas Fairbanks
09:34à l'hôtel de Crion, place de la Concorde, en 1937. »
09:39Moi, je suis né en 1941,
09:40et mon père a dit à ma mère « Il faut qu'on appelle
09:43notre premier fils Douglas ».
09:44Ma mère a dit « Le premier prénom
09:46pourrait quand même être français. »
09:47Et finalement, ils m'ont appelé Pierre-Douglas,
09:49et mes deux prénoms que j'ai pris comme nom d'artiste.
09:51Donc, c'est à moi.
09:52C'est à vous.
09:53Et Douglas Fairbanks a commencé sa carrière à Broadway.
09:55Oui.
09:56De façon particulière,
09:57il a eu un trou de mémoire
09:59de plus de trois minutes sur scène,
10:01il a souri au public,
10:02et le public l'a trouvé tellement charmant
10:04qu'il a ensuite commencé à faire du cinéma.
10:06C'est-à-dire qu'il avait une dentition extraordinaire.
10:07Exactement.
10:09Et d'ailleurs, Michael Douglas,
10:11vous l'avez rencontré,
10:12il vous a parlé de Douglas.
10:13Absolument.
10:14Et j'ai animé une soirée
10:16qu'il m'avait demandé d'animer Régine,
10:19à Deauville.
10:20C'était une soirée pour l'association
10:22dont elle s'occupait,
10:23qui s'appelait SOS Drogues.
10:24Je suis allé animer cette soirée,
10:26et puis il y avait un parterre de stars extraordinaires,
10:30Michael Douglas était là,
10:31et donc on m'a présenté,
10:32on me disait « Pierre-Douglas qui va animer la soirée ».
10:35Puis après, quand je suis allé le voir,
10:36il m'a dit « Pierre-Douglas ? »
10:37J'ai dit « Oui ».
10:38Et il a mis son doigt sur la faussette
10:39que j'ai au menton,
10:40puisqu'il a la même,
10:41et il m'a dit « C'est le famille ».
10:43C'est extraordinaire quand même.
10:44C'est extraordinaire.
10:45C'est une rencontre extraordinaire.
10:46Et il m'avait dit « Rendez-vous à Hollywood ».
10:48Et là, je n'y suis pas allé.
10:49Or, vous avez quand même fait beaucoup d'autres choses.
10:51Oui.
10:52Et on va en parler à travers une autre date importante,
10:54le 1er mars 1966.
10:57A tout de suite sur Sud Radio, avec Pierre-Douglas.
11:00Sud Radio, les clés d'une vie.
11:02Jacques Pessis.
11:03Sud Radio, les clés d'une vie.
11:05Mon invité Pierre-Douglas,
11:06pour ses mémoires,
11:07vite avant que j'oublie.
11:08Et il y a beaucoup d'anecdotes dans ce livre.
11:11Et vous évoquez notamment une date importante,
11:13le 1er mars 1966,
11:15que vous n'avez jamais oublié.
11:16Je ne l'ai jamais oublié,
11:18parce que le 14 février 1966,
11:21jour de la Saint-Valentin,
11:22j'ai été libéré de mes obligations militaires.
11:24Je suis retourné voir José Arthur,
11:26avec qui j'avais fait connaissance.
11:27On en parlait tout à l'heure à France Inter.
11:29Et il m'a dit « Vous voyez la délégation aux stations régionales ?
11:31Vous allez trouver un boulot de journaliste. »
11:33J'ai appelé la délégation.
11:35On m'a dit « Il y a un journaliste qui vient de démissionner de Limoges. »
11:37Je suis parti à Limoges.
11:38Et le 1er mars 1966,
11:41j'ai fait mes débuts au journal régional de Limoges.
11:44A l'époque, c'était de 19h40 à 19h55.
11:47J'avais un track fou.
11:48Mais ma foi, ça a bien démarré.
11:51En plus, c'était des moyens de fortune à l'époque la télévision.
11:54Oui.
11:55On allait inaugurer la télévision en couleur.
11:58J'ai l'impression de parler de trois siècles.
12:00Trois siècles en retard.
12:01En même temps, c'était très discret.
12:04En plus, vous n'aviez pas de logement de fonction.
12:06Vous étiez chez l'habitant.
12:07Oui.
12:08J'avais un petit studio.
12:09J'avais une dame qui travaillait à la radio à Limoges.
12:13C'était petit, mais c'était chauffé.
12:16En même temps, ce n'était pas simple.
12:18Vous aviez des lunettes que vous ne portiez pas.
12:20Oui.
12:21Je ne voulais pas porter mes lunettes à l'antenne.
12:23C'est la raison pour laquelle j'ai porté des lentilles beaucoup plus tard.
12:27Mais à l'époque, j'apprenais tout par cœur.
12:30Je présentais mon journal régional par cœur.
12:33Sinon, je n'arrivais pas à lire mes notes.
12:36Donc, j'apprenais par cœur.
12:37Je jetais un œil pour repérer.
12:38J'écrivais très gros.
12:39Puis, je regrettais la caméra.
12:40Exactement.
12:41En même temps, c'est une époque où il y avait très peu de moyens à la télévision.
12:44Je me souviens de télé Montecarlo.
12:45Il y avait une cravate.
12:46Le journaliste qui faisait la télévision prenait la cravate et la mettait.
12:50C'était extraordinaire.
12:51On ne peut pas imaginer ça aujourd'hui.
12:53Aujourd'hui, ça fait mourir de rire tout le monde.
12:55C'est ce qu'on est en train de faire.
12:56On fait mourir de rire tout le monde.
12:57Il se trouve aussi que vous avez découvert la province, la France profonde, la douce France,
13:01que vous ne connaissiez pas, Pierre-Douglas.
13:02Du tout.
13:03Je ne la connaissais pas.
13:04Je suis né à Saint-Germain-en-Laye.
13:05J'ai toujours été parisien.
13:08J'allais en vacances en famille à Lille-aux-Moines, dans le Morbihan.
13:11Mes parents se sont enterrés là-bas.
13:13Ma sœur s'est mariée là-bas.
13:14Mais, c'était les vacances d'été.
13:17Sinon, je ne connaissais pas la province.
13:18Avec Limoges, j'ai connu la Creuse, la Corrèze, la Haute-Vienne.
13:21Je me suis baladé en bagnole là-dedans pendant 18 mois.
13:24J'ai vraiment découvert la province.
13:25Et vous l'avez aimée.
13:26Que j'ai énormément aimée.
13:28Et je continue à penser aujourd'hui, puisque je me déplace encore pour les spectacles,
13:32que la vie en province, même dans des grandes villes, elle est quand même plus reposante qu'à Paris.
13:37Je vois Lyon.
13:38Je vais souvent à Lyon.
13:39Je suis resté très longtemps à Lyon parce que j'ai joué des pièces de théâtre pendant des mois.
13:42À Lyon, je trouve qu'il y a les avantages de Paris.
13:45Il n'y a pas les inconvénients, à part peut-être quelques bouchons.
13:47Mais ce n'est pas du tout pareil.
13:48Les bouchons lyonnais.
13:49Les bouchons lyonnais, exactement.
13:51Il se trouve aussi que vous avez découvert le monde politique.
13:54Et des choses qu'on reprocherait aujourd'hui aux hommes politiques.
13:58Oui, il s'agissait de M. Chirac, Dieu et son âme.
14:01On est en 67, ce sont les élections législatives.
14:05Et M. Chirac a obtenu son premier mandat.
14:08Il a été élu à Hussel, en Corrèze.
14:11Et je suis allé à une réunion politique avec les caméras de France 3 Limoges.
14:16Et puis, après le meeting, on prend une coupe de champagne avec les invités, etc.
14:21Et il y a un type qui dit à M. Chirac,
14:26il y a l'avocat maître, je ne dirais pas son nom saloquin,
14:30qui a une importance aujourd'hui, maître untel,
14:32il hésite à voter pour vous.
14:34À ce moment-là, Chirac a montré en claquant des doigts, comme ça,
14:37un attaché caisse.
14:38On a ouvert l'attaché caisse, il y avait plein de billets de 500 balles dedans.
14:41Il a dit, ça devrait l'aider à prendre sa décision.
14:44Alors, je ne sais pas si le mec a voté pour lui,
14:47mais Chirac a eu son premier mandat à Hussel, en mars 67.
14:50– Voilà, on découvre tout cela aujourd'hui, ce sont d'autres mœurs.
14:53– Oui, il y a des valises de pognon, j'en ai revu depuis dans la politique.
14:57– Oui, il y en a.
14:58– Il continue à y en avoir.
14:59– Oui, ce n'est pas un problème.
15:00Alors, il se trouve aussi que le journalisme, vous arrêtez brusquement,
15:03parce que ce n'est pas payant, il n'y a pas de valise,
15:05et vous allez travailler chez PrimaGaz.
15:07– Oui, en fait, j'étais donc à Limoges,
15:10et puis je me marie le 20 février 1967,
15:15et ma femme était étudiante en médecine,
15:17en fait, elle était en cinquième année de médecine,
15:19elle terminait sa médecine, ma femme ne gagnait rien.
15:21Et moi, à Limoges, je ne gagnais pas grand-chose non plus.
15:23Et puis ma femme s'est retrouvée enceinte,
15:24et à ce moment-là, je me suis dit, je ne peux pas continuer
15:26à venir une fois par mois à Paris,
15:28voir ma jeune femme enceinte de notre premier enfant,
15:31il faut que je revienne dans la région parisienne.
15:33Et le dernier reportage que j'ai fait à Limoges, c'était sur PrimaGaz,
15:37et je me suis dit, j'ai fait une école de commerce,
15:39je vais appeler les gens de PrimaGaz à Paris,
15:41qui m'ont accueilli, qui m'ont embauché.
15:43– Et vous avez fait mai 68 pour PrimaGaz ?
15:45– J'ai fait mai 68, avec des mini-bouteilles de gaz
15:49planquées dans mon coffre, que j'allais essayer de livrer
15:53un peu partout, à gauche, à droite, parce qu'on ne trouvait plus rien.
15:55Tout était paralysé.
15:56– Il se trouve que la radio est revenue,
15:58et ça, vous le devez à votre persuasion,
16:00car vous êtes obstiné, vous ne lâchez rien,
16:02et c'est grâce à ça que vous êtes revenu à Europe 1 à l'époque.
16:05– Tout à fait, mon cher Jacques, ça me fait plaisir
16:07que vous me rappeliez ces souvenirs-là.
16:09Ben oui, lorsque mon épouse m'a dit, ça y est,
16:11je commence à gagner ma vie convenablement,
16:13tu peux faire ce qui te plaît, je me suis dit,
16:15je vais retourner à la radio, refaire du journalisme,
16:18et pendant que j'étais sur PrimaGaz,
16:20je faisais 200 km par jour avec une 4L,
16:22et j'écoutais Europe 1.
16:23Et je suis tombé, entre guillemets, amoureux de Maurice Birot.
16:27On l'appelle encore Bibi, quand on en parle,
16:29les gens de nos générations.
16:30– C'était la star du 9h30 à l'époque.
16:31– Exactement, c'était la star du 9h,
16:33je l'écoutais tous les matins, 9h à midi,
16:35et je me suis dit, un jour, c'est à Europe 1 que j'irai.
16:37Et quand j'ai décidé d'entrer à Europe 1, en janvier 70,
16:40j'ai appelé un lundi matin,
16:42et j'ai demandé un rendez-vous avec M. Jean Gorini,
16:45qui était le directeur de la rédaction,
16:47sa secrétaire s'appelait Josiane,
16:49elle m'a dit, je m'appelle Josiane,
16:50j'ai dit, excusez-moi, Pierre-Douglas, voilà,
16:52personne ne savait qui j'étais, parce que j'avais fait que Limoges,
16:55et je dis, voilà, je voudrais un rendez-vous avec M. Gorini.
16:57Alors elle m'a dit, écoutez,
16:58le premier jour il n'était pas arrivé,
16:59le lendemain il était déjà parti,
17:00le troisième jour il était malade,
17:01le quatrième jour c'est moi qui ne pouvais pas, bref.
17:03J'ai téléphoné du lundi au vendredi pendant 5 mois.
17:07Pendant 5 mois, je n'ai pas raté un lundi,
17:10du lundi au vendredi, un seul appel,
17:12et je me suis dit, j'irai.
17:14Je me suis toujours dit,
17:15parce que je suis l'incarnation du verre à moitié plein,
17:18que si ce n'est pas possible,
17:20ce n'est pas que c'est probable.
17:21Si ce n'est pas possible, je vais le faire,
17:23puisque si ce n'est pas impossible,
17:25si ce n'est pas impossible, je vais le faire.
17:26Si ce n'est pas impossible, c'est du B.A.B., c'est possible.
17:29Je ne me dis pas, peut-être que j'essaierai, on verra.
17:32Non, ce n'est pas impossible.
17:34J'irai, j'irai.
17:35Et pendant 5 mois, j'ai appelé.
17:36Il y avait des matins avec Josiane,
17:38qu'elle ne me demandait même pas,
17:39on ne parlait même pas de mon rendez-vous.
17:40J'ai dit, comment vas-tu ?
17:41Ça va très bien, etc.
17:42Bon, à demain.
17:43Et le lendemain, je rappelais,
17:44et puis fin mai, elle m'a dit, tu es assis ?
17:46J'ai dit, oui, mais tu as rendez-vous lundi matin.
17:47Et c'est comme ça que ça a commencé,
17:48avec un véritable parcours du combattant.
17:50Oui, parce que je suis arrivé le tout premier jour
17:53à mon rendez-vous avec M. Gorini.
17:54Il m'a dit, qu'est-ce que vous voulez ?
17:56J'ai dit, écoutez, j'aurais rentré chez vous.
17:58Il m'a dit, vous avez quel âge ?
17:59J'ai 29 ans.
18:00Il m'a dit, non, il n'y a pas de temps à perdre.
18:01Ah bon, très bien.
18:02Et puis, il me dit, vous savez où s'avère un agra ?
18:04C'était le magnétophone à bande
18:05que vous avez connu mon cher Jacques comme moi.
18:08Et il m'a dit, bon, vous allez me faire un reportage
18:10sur l'été à Paris.
18:11Et je me suis retrouvé à 5 heures de l'après-midi
18:13à Avenue Montaigne, assis sur un banc avec un agra,
18:15en me disant, il faut que je fasse un reportage
18:23parce que s'il n'est pas diffusé, tu ne seras pas repris.
18:25J'ai fait un reportage sur l'été à Paris.
18:27J'ai eu l'idée d'interviewer les gens
18:29qui gagnent leur vie sur tout l'été,
18:31le bateau mouche, le pilote du bateau mouche,
18:33etc., les photographes aux tuileries.
18:35Bon, j'ai interrogé les gens qui avaient un accent,
18:37uniquement les gens qui avaient un accent.
18:38Je suis revenu le lundi et deux mois après,
18:40j'ai été engagé.
18:41Et quelques mois plus tard,
18:42vous avez réalisé votre rêve en rencontrant celui
18:45dont vous allez forcément reconnaître la voie.
18:47Je suis pour les étapes contre la monte,
18:49mais pas quand même le premier jour du tour.
18:51Jacques Anquetil qui était votre idole
18:53et que vous avez rencontré.
18:54Alors moi, j'en ai la chair de poule
18:56parce que j'ai beaucoup d'anecdotes
18:58avec Jacques Anquetil.
18:59Il faut dire qu'Anquetil,
19:01de même que Louis-Zonbebet,
19:02était pour moi une idole.
19:04Ce type était extrêmement beau,
19:06beau sur un vélo, plié en quatre,
19:08arrondi, les mains en bas du guidon, etc.
19:10Ça n'incarne pas la beauté.
19:12C'est le seul coureur au monde
19:13qui était beau sur un vélo.
19:14Poulidor a dit, des fois, je m'arrête sur une piste,
19:16je m'arrête pour le regarder rouler.
19:18Et cet homme que j'admirais,
19:20qui était une idole,
19:2130 ans plus tard, je rentre à Europe 1
19:23et je dis à M. Gorini,
19:25je connais le vélo,
19:26j'aimerais bien faire le reportage du Tour de France.
19:28Il me dit, vous partez sur le Tour de France en 71
19:30et l'un des commentateurs, c'était Jacques Anquetil.
19:32Quelle rencontre bouleversante pour moi.
19:35Je me suis retrouvé à table,
19:36en face de quelqu'un que j'admirais.
19:38Je me disais,
19:40qu'est-ce qu'il est beau quand il mange.
19:42Vous avez même partagé sa chambre.
19:44Justement, à la fin du repas,
19:47je lui ai dit, est-ce que je peux vous poser une question ?
19:49Je lui ai posé une question sur le Tour d'Italie.
19:50Il me dit, si vous me faites parler vélo,
19:52on ne va pas s'entendre.
19:53Et là, la moitié de mon monde s'était roulé.
19:56Pas tout entier, parce que je suis optimiste.
19:58Mais je me suis dit, si je ne peux pas parler vélo,
19:59c'est Anquetil, il n'a pas envie de parler vélo avec moi,
20:01qu'est-ce qu'on va faire ?
20:02Alors, je lui ai dit, excusez-moi.
20:03Et après, on m'a dit, mais il est timide,
20:05il ne te connaît pas, il est timide,
20:06il n'est pas du tout méchant.
20:07Il est timide, il n'aime pas parler de lui.
20:09Et trois semaines après, on prend le départ du Tour de France
20:11et on a été logé dans la même chambre d'hôtel.
20:13Il y avait deux lits dans la chambre.
20:14On était dans la même chambre.
20:15C'était le hasard, le destin a fait ça.
20:17Je me suis retrouvé à côté de lui.
20:18On m'a dit, salut, salut.
20:20On lisait l'équipe dans notre plumard.
20:22Et puis, à un moment donné, il m'a dit,
20:23c'était sur le Tour d'Italie que tu m'as interrogé,
20:25il y a trois semaines.
20:26J'ai dit oui.
20:27Et jusqu'à deux heures du matin,
20:28il m'a raconté sa carrière.
20:29On est devenus amis.
20:30On a partagé des choses formidables.
20:32On s'est fait des confidences.
20:33Il m'a raconté beaucoup de choses
20:34sur la façon dont il roulait,
20:36dont il se préparait, etc.
20:37Et il y a eu une anecdote extraordinaire.
20:40Quand il a acerté un cancer de l'estomac,
20:44dont il est mort à 54 ans.
20:45Et quelques jours avant sa mort,
20:47Raymond Poulidor est allé le voir
20:49parce qu'ils se faisaient la guerre sur un vélo,
20:51mais ils étaient très amis dans la vie.
20:53Et Poulidor s'est assis sur son lit.
20:55Et enquête, il lui a dit, tu vois Raymond,
20:57sur ce coup-là, tu vas encore faire deuxième.
20:59Et ça, c'est...
21:01Poulidor, il l'a raconté plusieurs fois devant moi.
21:03A chaque fois, il avait les larmes aux yeux.
21:05C'est des belles histoires, ça.
21:06Des belles histoires de journaliste.
21:08Mais à côté, il y a eu une autre carrière
21:10qu'on va évoquer à travers la date du 27 juillet 1977.
21:15A tout de suite sur Sud Radio, avec Pierre-Douglas.
21:17Sud Radio, les clés d'une vie.
21:19Jacques Pessis.
21:20Sud Radio, les clés d'une vie.
21:22Mon invité, Pierre-Douglas,
21:23pour ses mémoires vite avant que j'oublie.
21:25Un livre mené à toute allure
21:27comme notre entretien tambour battant.
21:29Car vous allez toujours très vite.
21:31Alors, 27 juillet 1977, un samedi soir.
21:34Vous voilà sur scène avec celui dont vous allez,
21:37bien sûr, reconnaître la voix comme nous tous.
21:39J'imite 50 vedettes,
21:41beaucoup de chanteurs.
21:43Michel Jonas, qui est nouveau.
21:45Renaud, qui est nouveau.
21:46Thierry Deluron.
21:47Et vous êtes sur la scène du Don Cabello,
21:48un cabaret parisien aujourd'hui disparu,
21:50avec lui pour la première fois devant un public qui dîne.
21:53Devant un public qui dîne.
21:55Et Le Luron m'avait dit, 15 jours avant,
21:58j'avais fait le début de ma vie sur scène,
22:02en sa présence, grâce à lui.
22:04Et il m'avait dit, tu es doué,
22:06tu connais la politique,
22:08tu fais quelques imitations,
22:09il faut que je t'emmène au Don Cabello.
22:11Et on arrive au Don Cabello, le 27 juillet 1977.
22:14Il monte sur scène, il est ovationné,
22:16tout le monde mange.
22:17Et il dit, je vais vous présenter un journaliste,
22:19vous ne savez pas qui c'est, c'est pas grave,
22:20mais il imite marché.
22:21Moi, je ne l'imite pas, a dit Le Luron.
22:23Et c'est exemplaire,
22:24parce qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui font ça.
22:26Et alors, je suis arrivé sur scène,
22:28complètement inconnu.
22:29Et puis, il a dit, je retire mes chaussures
22:32pour ressembler encore plus à Philippe Bouvard.
22:35Il a enlevé ses chaussures.
22:37Et puis, il a dit, bon alors, etc.
22:39Et j'ai dit, qu'est-ce que c'est que cette question ?
22:41Et là, les gens ont éclaté de rire pour plusieurs raisons.
22:44Nous sommes en 1977,
22:45il y a trois chaînes de télé.
22:47Par conséquent, une star de la politique,
22:49comme Mitterrand, Marchais, Chirac,
22:51qui ont fait passer à la télé,
22:53ils ont 10 millions de téléspectateurs.
22:54Il y avait donc des millions de Français
22:56qui savaient comment parlait Marchais,
22:58qui était assez comique, il faut le dire,
23:00et il n'avait jamais été imité.
23:02Et c'est la raison pour laquelle j'ai été engagé
23:04le lendemain au Don Camillo.
23:05Oui, alors tout a commencé quelques jours plus tôt,
23:07dans l'Orne, à Tingebray,
23:09un petit village où vous êtes invité
23:11à présenter un spectacle de Thierry Le Luron,
23:13Pierre de Glace.
23:14Tout à fait.
23:15Et en fait, le maire de Tingebray, c'était Hubert Basseau.
23:17Et Hubert Basseau était ce que j'appellerais
23:19le porte-flingue de Giscard.
23:21C'est-à-dire, celui qui trouvait des valises d'argent liquide
23:23pour les campagnes de Giscard d'Estaing.
23:25Et donc, en 1977,
23:27Hubert Basseau est maire de Tingebray,
23:29et son épouse, Sylvia Uffert, est avec nous,
23:31à RTL.
23:33Et je sais que vous avez eu une conversation tous les deux,
23:35à la suite de laquelle,
23:37elle m'a dit « Tu vas venir à Tingebray, tu vas présenter le spectacle. »
23:39Et il y avait un chapiteau,
23:41il y avait 2000 personnes
23:43qui avaient pris leur place.
23:44C'est extraordinaire.
23:45Extraordinaire.
23:46Moi, je suis arrivé avec ma femme là-bas,
23:47on était une vingtaine de personnes à table,
23:48chez Hubert Basseau.
23:49Bon, alors, Le Luron est arrivé un petit peu en retard,
23:52dans sa Rolls, etc.
23:53Il est arrivé vers moi,
23:54il m'a dit « Il paraît que vous imitez Marchais. »
23:55Je lui ai dit « Il paraît que vous imitez Giscard. »
23:57Il a dit « Tiens, il y a la répartie. »
23:59Alors, on a fait un dialogue Giscard-Marchais à quelques instants,
24:01là, à table.
24:02Il m'a dit « On remet ça tout à l'heure, cet après-midi, sur scène. »
24:04Je me suis demandé s'il le ferait.
24:05Il m'a appelé.
24:06On l'a fait.
24:07Et là, ça a eu un succès.
24:09Monstre, comme je l'ai dit à l'instant.
24:10Pourquoi ?
24:11Parce que Marchais était une star,
24:13qu'on voyait à la télé,
24:14qui n'avait pas encore été imité.
24:15Et donc, quand il a vu ça,
24:16le Luron a dit « Allez, il faut que tu fasses tes débuts au Don Camillo. »
24:19Et j'ai fait mes débuts grâce à lui au Don Camillo.
24:21Et vous étiez journaliste à TF1,
24:22et vous êtes allé voir le directeur général de TF1
24:24pour donner votre démission.
24:25Voilà.
24:26Le lundi 29 juillet,
24:27je suis allé voir M. Jean-Louis Guillot,
24:29qui était le PDG de TF1.
24:30Je lui ai dit « M. le Président, je vous présente ma démission. »
24:32Il m'a dit « Vous n'êtes pas heureux ? »
24:33Je lui ai dit « Si, si. »
24:34« Mais je fais mes débuts sur scène au Don Camillo ce soir. »
24:35Il m'a dit « Celle-là, on ne me l'avait encore jamais faite. »
24:37« Écoutez, il fallait que ce soit moi. »
24:39Et j'ai fait mes débuts au Don Camillo ce soir-là.
24:41Je suis resté 22 ans.
24:42Oui.
24:43Et ça n'a pas été simple au début du premier mois.
24:44Il fallait trouver ses marques, Pierre-Douglas.
24:45Voilà.
24:46Parce que j'imitais Merckx et Poulidor.
24:48J'imitais Zitrone et Marchais.
24:50Bon, voilà.
24:51Contrairement à Le Luron ou à Laurent Gérard aujourd'hui,
24:54j'ai peu de modèles que j'imite.
24:56Ceux que j'imite, je les imite confortablement,
24:57mais il y en a très peu.
24:59Et donc, il a fallu mettre les textes au point.
25:02Heureusement que je lisais les journaux énormément,
25:04que j'étais au courant de l'actualité.
25:05Mais il m'a fallu quand même une dizaine de jours
25:07pour avoir un tour de 20 minutes qui tenait debout.
25:09Oui, parce qu'il y avait aussi beaucoup de Japonais dans la salle.
25:12Surtout que j'ai démarré fin juillet, début août.
25:14Donc, je me suis dit « J'espère qu'il y a quelques Français
25:17qui vont comprendre ce que je raconte. »
25:18Parce que quand il y avait 35 personnes à table
25:21et qu'il y en avait 10 qui ne parlaient pas français,
25:23ça faisait quand même un tout petit public.
25:24Oui.
25:25Moi, j'ai vu ça dans un cabaret de Montmartre
25:26qui s'appelle « Chez ma cousine ».
25:27Oui.
25:28Et il y avait Carlonelle.
25:29Oui, je suis passé.
25:30En fait, il voulait toujours passer chez Drucker.
25:32Et un jour, il s'est attaché au radiateur de chez Drucker
25:34avec des menottes du studio Gabriel,
25:36en disant « Je lance les clés.
25:38Je ne sortirai pas d'ici tant que je ne passerai pas à la télé. »
25:41Et il faisait un numéro d'imitation totalement incompréhensible
25:44devant uniquement des Japonais.
25:47J'ai connu Carlonelle.
25:48Et puis, il m'est arrivé de temps en temps
25:49d'aller faire des remplacements chez ma cousine,
25:51qui est une scène très agréable
25:52parce qu'elle fait 2 mètres carrés.
25:54Alors, Zitrone, vous l'imitiez
25:55parce que vous avez eu le privilège,
25:57si j'ose dire, de travailler avec lui, Pierre-Douglas, à RTL.
25:59Oui, j'ai travaillé pour lui à RTL.
26:01Je ne dirais pas son aigre
26:02parce qu'aujourd'hui, tout de suite,
26:04on va porter plainte pour du racisme.
26:06Mais toujours est-il que j'ai travaillé,
26:08j'ai été le collaborateur de Zitrone,
26:09qui n'était pas du tout facile à vivre.
26:11Mais pas du tout facile à vivre.
26:12Je me souviens d'un jour où il n'a pas réveillé
26:14pour le journal de 7h.
26:16À 6h30, il n'était pas là.
26:17J'ai tout dicté.
26:19Et puis, je me suis présenté devant le studio
26:21à 7h-1 pour présenter le journal à sa place.
26:24Il est arrivé.
26:25Il a dit « Je suis en retard ».
26:26Il m'a pris les feuilles de la main.
26:27Il m'a dit « J'ai été speaker à la SNCF.
26:29Je sais lire. »
26:30Et il a fait le journal que j'avais entièrement rédigé.
26:32Exactement.
26:33Il était aussi très particulier.
26:36Il déjeunait pendant les pauses de pub.
26:38C'était monstrueux.
26:40Il était entre 7h et 8h.
26:42Il y avait l'heure Z.
26:43L'heure Z, c'était 7h-8h.
26:45Alors, il amenait une petite boule de viande hachée.
26:50Un oeuf dur.
26:51Et puis, une tomate.
26:53Alors, il disait « Mesdames et messieurs, bonjour.
26:55Nous sommes actuellement sur Sud Radio. »
26:58Parce qu'on l'a appelé comme ça.
27:00Il commençait à présenter quelque chose.
27:02Dans un instant,
27:03la suite était une page de publicité.
27:05Et à ce moment-là,
27:06il prenait une petite boule de viande hachée.
27:08Il commençait à la manger.
27:09Il prenait un bout de tomate, un bout d'oeuf.
27:11Et puis, le prétechnicien lui dit « Léon, c'est à vous ».
27:14Il recrachait sa boule de nourriture dans un cendrier
27:17qui, Dieu merci, n'avait pas accueilli de cendres.
27:20Et quand il reprenait la deuxième pub,
27:21il finissait sa boule de nourriture.
27:22C'était dégueulasse.
27:23C'était vraiment dégueulasse.
27:25Moi, je me souviens d'un jour à RTL,
27:28il défaisait sa ceinture pendant les interviews.
27:31Et donc, il renvoie Henri Krasucki après une interview.
27:35Il se lève et le pantalon est trompé.
27:38Il a dit « Excusez-moi » en remontant son pantalon.
27:40Oui.
27:41Et il a dit « Heureusement qu'on est à la radio ».
27:43Et lorsqu'il s'est passé ce que j'étais à ce moment-là aussi,
27:45comme vous, mon cher Jacques,
27:47il y avait Jacques Charon,
27:49sociétaire de la comédie française,
27:50qui n'a jamais dissimulé son homosexualité aiguë,
27:53qui était assis derrière Zitrone.
27:55Et il a vu le derrière de Zitrone avec le pantalon sur les chevilles.
27:58Je ne sais pas s'il y a une relation de cause à effet.
28:00Toujours est-il que Jacques Charon est décédé un mois plus tard.
28:03Exactement.
28:04Alors, Le Luron, ça a continué parce que, justement,
28:07vous avez mis au point un disque qui est culte
28:11et que vous avez enregistré pendant deux jours en improvisant.
28:14Ce n'est pas tout à fait en improvisant, Jacques.
28:16En fait, oui, quand on a enregistré, on a improvisé.
28:19On s'est retrouvés en studio deux jours de suite pendant six heures.
28:22On a complètement improvisé.
28:24Et ensuite, on s'est fait diffuser pour nous
28:28le résultat de ce qu'on avait fait.
28:30Et là, par écrit, on a sélectionné ce qu'on allait garder.
28:32On a enregistré quatre heures de débat
28:35ou cinq heures de débat entre Marchais et Raymond Barre.
28:37Et on a gardé deux fois neuf minutes.
28:39Et en même temps, c'est là qu'il y a une expression
28:41qu'on attribue toujours à Jean-Pierre Elkabache.
28:43Alors que c'est moi qui l'ai dite.
28:45C'est un scandale.
28:47C'est né comment, ça ?
28:49Le débat était prêt avec Thierry et moi.
28:53Thierry était Raymond Barre et moi, j'étais Georges Marchais.
28:56Et au moment où on va commencer à enregistrer,
28:58ça s'est passé au Caveau de la République,
29:00où j'étais sociétaire depuis longtemps.
29:02Le Luron n'y était jamais venu et c'est la seule fois de sa vie
29:04où il est passé sur la scène du Caveau de la République.
29:10Et puis on démarre, on avait notre texte.
29:13Et Jean Roucas avait enregistré la voix du speaker
29:16en disant « Mesdames, Messieurs, nous accueillons ce soir
29:18le scatagère du Parti communiste qui va être opposé
29:20à M. Raymond Barre-Pompili.
29:22Le tirage au sort a désigné M. Raymond Barre
29:24pour parler le premier. M. Pompili, vous avez la parole. »
29:26Et aussi sec m'est venu l'idée de dire
29:28« Mais pourquoi c'est lui qui va causer le premier ?
29:30C'est un scandale ! » J'ai crié ça.
29:32Il y avait 475 personnes dans le Caveau de la République
29:35qui étaient pleines et les gens hurlaient de rire.
29:38Quand j'ai crié « C'est un scandale ! »
29:40j'ai dit « Bon, allez, je vais le ressortir toutes les deux minutes. »
29:42C'est comme ça que c'est né.
29:43Et ensuite vous avez devenu à la télévision avec Denise Fabre
29:45et Garcimore, qui était un personnage extraordinaire.
29:48Et il avait un problème, c'est qu'il avait les cheveux sales
29:50comme vous le racontez aujourd'hui.
29:52En fait, j'ai demandé à Mme Eliane Victor
29:55la possibilité de venir au Don Camillo.
29:57Quand elle a vu Garcimore, elle l'a engagé
29:59pour faire les samedis après-midi avec moi et avec Denise.
30:02Et au bout de quelques émissions, Mme Victor me dit
30:05« Dis donc, vous dire à Garcimore de se faire un shampoing
30:07parce que ça ne fait pas beau quand même à l'antenne tout ça. »
30:09Je me suis emmerdé, je me suis dit « Comment est-ce que je vais faire ? »
30:12Alors j'ai appelé Garcimore, j'ai dit « On déjeune au restaurant. »
30:15Et arrivé au restaurant, je lui ai dit « Ecoute, Mme Victor m'a téléphoné.
30:18Elle m'a dit qu'il y avait un problème d'éclairage dans le studio.
30:23Il faut absolument que toi et moi, nous nous fassions un shampoing
30:27le jour de l'émission. »
30:29Bon, je ne brûlais pas, personne n'est parfait, décontrasté.
30:32Et c'est comme ça que j'ai fait passer le coup du shampoing.
30:35Et vous racontez dans ce livre une confidence d'Henri Verneuil
30:38que vous avez connue sur la rencontre entre Jean Gabin et Alain Delon
30:42et surtout la façon dont Jean Gabin apprenait ses textes
30:45et les redisait au cinéma.
30:47Alors, il avait des idées sur l'interprétation d'une phrase
30:55qui était quelquefois très singulière.
30:57Verneuil n'avait pas réalisé « Les grandes familles »,
31:03film extraordinaire.
31:05Et dans ce film, à un moment donné, le comédien Jean Desailly
31:08qui est le fils de Jean Gabin se suicide.
31:10Et Gabin entend le coup de feu, il vient
31:13et il est censé regarder le corps de son fils qui s'est suicidé.
31:16Mais comme c'est au cinéma, il n'y a personne par terre.
31:19On lui dit, la caméra est à un mètre de lui, on lui fait un gros plan.
31:22Et on dit à Gabin « Attends, tu es prêt ? »
31:24Un jour, il me dit « T'as pensé à quoi ? »
31:26Et je lui dis « J'ai pensé à ma feuille d'impôt. »
31:30Et puis dans vos rêves, il y avait le cinéma.
31:32Et pour être comédien, vous avez encore forcé les portes
31:35en appelant un jour Claude Chabrol, Pierre Douglas.
31:38Oui, j'ai appelé Claude Chabrol, François Truffaut et Bertrand Tavernier.
31:41En me disant « Il y en a bien qui va répondre ».
31:43Il n'y avait pas de portable à l'époque.
31:45Et Chabrol m'appelle.
31:47Il me dit « Bonjour Pierre Douglas, mes enfants vous regardent à la télé
31:50le samedi après-midi avec Denise Fabregard-Simon.
31:52Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »
31:54Je lui dis « Ecoutez, je crois que vous aimez bien ça.
31:56Je vous invite dans un restaurant à côté de Notre-Dame.
31:58C'est un restaurant merveilleux. »
32:00D'ailleurs, avec la carte de la nourriture, il y avait une carte de musique.
32:03Donc, on écoutait de la musique quand je choisissais.
32:05Et puis, il m'a dit « Alors, vous voulez quoi ? »
32:08Je lui ai dit « Ecoutez, je voudrais faire l'acteur.
32:10Je voudrais que mon premier rôle, ce soit vous qui me mettiez en scène. »
32:13Et je lui ai dit « Pour moi, c'est le plus beau métier du monde. »
32:15Je lui ai dit de jouer la comédie.
32:17Je lui ai dit « Voyez-vous, moi qui ne serais jamais Goku,
32:19la seule manière de savoir l'effet que ça fait,
32:21c'est de jouer le rôle d'un Goku dans un film. »
32:24Et Chabrol me regarde, éclate de rire et me dit
32:27« Je suis en train d'adapter une nouvelle de William Eyrich
32:29qui s'appelle La Boucle d'Oreille.
32:31Jacques Spicer jouera le rôle de l'amant.
32:35Terrell Yotar jouera le rôle de la femme.
32:39Et vous, vous jouerez le rôle du mari. Vous avez le rôle. »
32:41Et voilà, ça s'est fait comme ça.
32:42Ça a démarré comme ça.
32:43Et vous avez fait beaucoup de cinéma.
32:44Il y a quelqu'un qui vous donnait beaucoup de conseils.
32:46C'est Lino Ventura.
32:47Lino Ventura était un homme aussi humble
32:51et délicat et tourné vers les autres
32:55qu'une star dans le privé, qu'une star dans le public.
32:59Il ne pouvait pas descendre les Champs-Élysées,
33:00faire 250 mètres sans être enduyé.
33:02En revanche, il était d'une humilité et d'une simplicité extraordinaire.
33:05Je joue un petit rôle dans un téléfilm avec lui,
33:08dans un film à sketch.
33:09À l'époque, il y avait des films à sketch,
33:10il y avait quatre films d'une demi-heure.
33:12C'était Edouard Molinaro qui mettait en scène.
33:13Edouard Molinaro mettait en scène.
33:15Et j'ai une scène avec Lino Ventura.
33:18Et à un moment donné, je suis derrière lui.
33:21Il y a en face de lui un monsieur
33:22qui l'invite à passer une soirée un petit peu décontractée.
33:26Et ça le gêne de penser que j'ai entendu.
33:29Alors il se retourne sur moi.
33:30Et moi, je fais semblant de regarder ailleurs.
33:31Et je ne l'ai pas fait comme il fallait.
33:33Je ne savais pas bien.
33:34Je n'avais pas compris.
33:35J'ai pris une contenance ridicule.
33:36Bon, Molinaro dit « coupez »
33:38et Ventura me prend par le bras
33:40et me dit « est-ce que je peux te dire quelque chose ? »
33:43Il me dit « voilà, il faut que ça soit drôle ton regard.
33:47Mais tu as deux solutions.
33:48Ou bien tu fais de funès ou bien tu ne fais rien. »
33:51Et là, tu ne vas pas faire de funès.
33:52Tu vas faire « oh, qu'est-ce qui se passe ? »
33:54Tu ne vas pas faire de funès.
33:55Donc, tu ne fais rien.
33:56Mais tout est dans le regard.
33:57Et quand je vais retourner vers toi,
33:59tu vas vraiment te dire « il ne faut pas que je l'ai entendu.
34:04Il faut que je lui fasse croire que je ne l'ai pas entendu, etc. »
34:06Et donc, on l'a fait.
34:07Et après, Molinaro m'a dit « c'est très bien. »
34:09Et Francis Weber qui avait écrit le scénario
34:11m'a téléphoné de Los Angeles
34:13pour me dire « dis-donc, la scène avec Ventura,
34:15tu es formidable. »
34:16Et j'ai répondu « c'est lui qui m'a expliqué comment il fallait faire. »
34:18Voilà.
34:19Lino Ventura que vous évoquez longuement dans ce livre
34:21comme d'autres personnes.
34:22Ce livre qu'on va évoquer à travers la date de sa sortie,
34:25le 15 mars 2025.
34:27A tout de suite sur Sud Radio avec Pierre-Douglas.
34:29Sud Radio, les clés d'une vie.
34:31Jacques Pessis.
34:32Sud Radio, les clés d'une vie.
34:34Mon invité Pierre-Douglas.
34:35Donc, le 15 mars 2025 est sorti ce livre
34:38que nous évoquons en filigrane depuis le début de l'émission.
34:41Vite, avant que j'oublie, aux éditions Lorient de Lumière.
34:44Pourquoi avoir écrit ce livre aujourd'hui, Pierre-Douglas ?
34:47J'ai écrit plusieurs livres.
34:49Je n'ai écrit que 4.
34:50Bon, de temps en temps, quand j'avais des idées.
34:52Mais je me suis dit qu'il fallait que je fasse le dernier.
34:54Que je n'en ferais plus après celui-là.
34:56C'est terminé.
34:57Je me suis dit qu'il faut que...
34:59Ma vie a été faite de rencontres.
35:01Elle a été faite de passions.
35:03Elle a été faite de chances.
35:05Même si la chance, je l'ai forcée.
35:07J'ai eu beaucoup de chances.
35:08Et je me suis dit que ça ne s'écrit pas 500 fois.
35:11Il faut une fois que je fasse le récit de cette vie
35:13qui aurait été une vie de passion, de rencontres et de chances.
35:15Ça s'appelle Vite, avant que j'oublie.
35:17Et voilà.
35:18Et j'ai eu envie de laisser ça en souvenir.
35:20C'est une espèce de petit testament comme ça.
35:22Oui, testament bien avant la lettre, j'espère.
35:25Le mot vite est important parce que vous n'avez jamais cessé de courir.
35:29Oui, je ne suis pas un lent.
35:31En voiture, j'en ai cassé quelques-unes.
35:34En vélo, je me suis efforcé d'aller le plus vite possible.
35:37Chaque fois que je fais des cours de vélo, je fais de la piste, etc.
35:40Au tennis, j'aime bien aller chercher une balle difficile.
35:43Et puis dans la vie, je n'ai jamais compris très bien la lenteur.
35:48Je n'ai pas compris la lenteur.
35:49Je trouve que c'est une perte de temps.
35:51Je me suis dit...
35:53Je n'ai jamais pris la place de quelqu'un.
35:56Je me suis toujours débrouillé pour arriver avant.
35:58En travaillant énormément.
36:00En travaillant beaucoup.
36:03J'ai toujours eu des plages de décontraction.
36:06J'ai regardé des films, écouté de la musique.
36:08Je n'ai pas trop travaillé.
36:10Vous avez toujours travaillé à l'ancienne.
36:12Le stylo à plumes, le téléphone, la lecture des journaux et pas de tablette.
36:18Non, je ne pourrais pas supporter.
36:20Je lis beaucoup.
36:22Pour moi, un livre, c'est ce que vous avez entre les mains, mon cher Jacques.
36:26C'était un paquet de papier avec une couverture cartonnée.
36:30Je ne peux pas lire un livre sur une tablette.
36:32Je ne peux pas écrire un sketch ou une chanson parodique.
36:34J'en ai écrit plusieurs centaines des chansons parodiques dans ma vie.
36:37J'ai toujours fait ça à la plume.
36:38Je réis quand je veux.
36:39Je vais dans la marche quand je veux.
36:41J'ai besoin du papier.
36:44C'est absolument indispensable.
36:46D'ailleurs, les journalistes, quand on écrit un article, on dit qu'on écrit un papier.
36:49Exactement.
36:50Il se trouve que votre vocation a été précoce.
36:52Puisqu'à 7 ans, vous avez dit à vos parents que vous feriez ce métier, Pierre Douglas.
36:56Je me souviens très bien.
36:58C'était dans une petite commune de Normandie qui s'appelle Ville-Dieu-les-Poils.
37:01On était allés chez ma grand-mère.
37:03Et le jour de mes 7 ans, j'ai dit à mes parents que quand je serais grand, je monterais sur une scène et je ferais rire les gens.
37:09Et je l'ai fait 30 ans plus tard.
37:12Et vos parents, qu'est-ce qu'ils ont dit à ce moment-là ?
37:14Ils ont trouvé ça très rigolo.
37:16Mais chaque fois que je l'ai évoqué, ils m'ont dit que ce n'était pas un métier.
37:19Tu n'as pas gagné ta vie comme ça.
37:21Il faut que tu fasses ça.
37:22C'est pour ça que ma pauvre mère m'a envoyé à l'école Breguet.
37:24J'ai pris ma gaze.
37:25Après, je ne sais plus où, à l'école de commerce.
37:27Mais bon, parce que ce n'était pas un métier.
37:28Monter sur une scène, ce n'est pas un métier.
37:30Faire rire, ce n'est pas un métier.
37:31Je peux vous dire que si.
37:32Dieu merci pour moi.
37:34Il y a une île qui vous touche aussi particulièrement pour un tas de raisons.
37:37Ce sont les baléares.
37:39Oui, parce que j'ai fait connaissance de ma femme pratiquement aux îles baléares.
37:45J'étais à l'école des cartes du commerce.
37:47Et un copain me dit, j'ai une petite amie pour toi qui vient avec nous, etc.
37:52Tu verras, elle est vachement sympa.
37:54On part aux baléares sur un bateau.
37:56On avait un peu mal au cœur.
37:57La traversée était très longue, etc.
37:59Et puis, arrivé d'abord à la gare d'Austerlitz, mon copain me dit, je te présente.
38:04C'est une jeune fille qui s'appelait Agnès.
38:06Voilà.
38:07Et puis, Agnès me dit, je te présente ma petite sœur.
38:10Et j'ai trouvé que la petite sœur était...
38:12En fait, elle s'appelait comme ça parce que c'était des amis d'enfance.
38:15Mais j'ai préféré la petite sœur.
38:17Alors, mon copain me dit, à 16 ans, tu ne vas pas faire la tête de tout le monde mineur.
38:20Alors, on arrive dans le train.
38:21Et je dis à ma future femme, ne sachant pas que c'était ma future femme, ça te fait quel âge ?
38:26Elle me dit, j'ai 20 ans.
38:27J'ai dit, je peux commencer à lui faire la cour.
38:29Trois ans après, on s'est mariés.
38:31Exactement.
38:32Et il se trouve aussi qu'au baléar, il y a Mayorque.
38:35Et Frédéric Chopin et Jean Jeussande ont vécu à Val-des-Mosses pendant des années.
38:39Et c'est là où Chopin a écrit plein de musiques.
38:42Et l'amateur de musique que vous êtes doit savoir qu'il y a eu une autre histoire d'amour au baléar.
38:47Alors...
38:48Chopin et Jean Jeussande.
38:50Tout simplement.
38:51Ça, je ne le savais pas.
38:52Je le découvre, mon cher Jacques.
38:53Merci.
38:54Alors, vous avez aussi mené une vie très particulière.
38:57Vous êtes célèbre, donc sollicité.
38:59Et au dîner en ville ou au dîner en société, vous préférez nettement la vie de famille.
39:05Oui, je préfère avoir la paix.
39:08Je ne suis pas du tout Belmondo, Ventura ou qui voudrait.
39:11Bon, c'est ce que je suis et c'est déjà pas mal.
39:13J'en suis très content.
39:14Bon, il arrive que de temps en temps qu'on soit un petit peu dérangé comme ça au restaurant.
39:20Et un jour, j'étais à table avec ma femme.
39:23Nous étions avec Alice Donna, dont je devais présenter le spectacle à l'Olympia.
39:27Et il y avait à côté de nous un couple qui disait beaucoup de mal de moi
39:30parce que j'étais à l'époque sur France Inter le matin.
39:32Et ça ne leur plaisait pas.
39:34Bon, j'ai eu beaucoup de succès à France Inter, mais ça ne leur plaisait pas.
39:37Ma femme s'est levée à la télé et m'a dit écoutez, vous avez le droit de ne pas aimer mon mari.
39:41Nous sommes dans le même restaurant.
39:42Vous parlez d'autre chose ou bien vous partez.
39:44Ils se sont excusés.
39:46Et puis il y a eu aussi une soirée pour Jour de France, pour une oeuvre caritative.
39:49Et vous avez été remarqué car vous êtes le seul à avoir payé vos places.
39:53Oui, avec ma femme.
39:54C'était Régine qui avait organisé cette soirée.
39:58C'était une soirée somptueuse.
40:00Il y avait un casting pas possible.
40:01Il y avait Alain Delon, il y avait Mireille Dac, il y avait Yves Montand.
40:04Il y avait quelques grands comédiens, etc.
40:07Et cette soirée était donc pour une oeuvre humanitaire.
40:11J'ai payé, mais de dîner.
40:13Et quelques jours plus tard, Jacqueline Cartier, qui faisait partie aussi,
40:18qui était travaillée à France Soir, qui était journaliste, qui était une femme remarquable,
40:21elle m'a dit tu sais, ta femme et toi, vous êtes les deux seuls à avoir payé le dîner.
40:25On était sur le cul.
40:27C'est vrai que vous n'êtes pas dupe de cet univers-là, de ce monde-là.
40:30Non, non, non.
40:34Je préfère la sincérité.
40:36Et ça manque beaucoup de sincérité.
40:38On est bien d'accord.
40:39Ce que vous évoquez longuement dans ce livre, Pierre-Douglas,
40:41et que vous avez connu avant qu'il soit président, c'est François Mitterrand.
40:44C'est François Mitterrand.
40:46Alors, il se trouve que, je le dis d'ailleurs quelques fois sur scène,
40:50nous sommes en mars 1981.
40:54Je suis au micro de France Inter.
40:56C'est la campagne présidentielle à l'issue de laquelle,
40:59trois mois plus tard, Mitterrand sera élu président de la République.
41:01Il se trouve que je n'avais aucune attirance pour Giscard.
41:04Il ne me plaisait pas du tout.
41:06À plein de points de vue, j'avais entendu des choses,
41:09des commentaires qu'il avait faits, c'est-à-dire qu'il me déplaisait.
41:11Et donc, je n'aimais pas Giscard.
41:13Et puis, voilà qu'un matin, à France Inter,
41:15un journaliste arrive en disant qu'il a créé un nouveau journal pour aider Mitterrand.
41:20Et ce journal s'appelait « Le combat socialiste ».
41:23Et à la fin de la présentation, le journaliste s'en va.
41:27Et Daniel Saint-Amand, qui présentait la revue de presse,
41:29il dit « Il paraît qu'il y a un nouveau journal, mais je ne peux pas en parler parce que je ne l'ai pas reçu ».
41:34Il n'avait pas envie d'en parler.
41:36D'accord, mais ce n'est pas son métier.
41:37Je lui ai dit « Il y en a 20 exemplaires sur la table, vous pouvez en prendre un ».
41:40Il me dit « Oui, mais c'est celui d'aujourd'hui, comme c'est un quotidien ».
41:42Je lui ai dit « Écoutez, on va s'arranger. Demain matin, à 3h30, vous aurez celui de demain matin.
41:46Comme ça, vous pourrez en parler ».
41:48Alors, il est resté un petit peu décontenancé.
41:51Et puis là-dessus, on passe à autre chose.
41:53Je monte dans mon bureau et on me dit « Laurent Fabius est au téléphone ».
41:55Il était venu dix fois à France Inter.
41:57Il me dit « Dites-donc, avec Mitterrand, on vient de vous écouter.
42:00C'est courageux ce que vous avez fait quand même ».
42:02Je lui ai dit « Écoutez, ça aurait été de l'autre côté.
42:04J'aurais fait pareil parce que je n'admets pas que quelqu'un...
42:07C'est faux ce qu'il a dit, ce n'est pas vrai ».
42:09Il me dit « Mitterrand aimerait bien vous remercier ».
42:11Ah bon ?
42:12Il était venu sur le Ferrino, j'ai pris mon scooter, je suis arrivé là-bas.
42:15Et puis Fabius m'a emmené dans le bureau de Mitterrand.
42:18Il nous a laissés tous les deux.
42:20Et Mitterrand m'a dit « Je vous félicite de ce que vous avez fait.
42:22J'ai fait mon boulot, etc. ».
42:24Et puis Mitterrand me dit « Est-ce que vous pensez que j'ai une chance ? ».
42:28Et je dis « Écoutez, monsieur, je pense que c'est la dernière.
42:30En 1965, vous avez mis Le Canoë en balottage, mais De Gaulle est passé.
42:34En 1969, ce n'était pas vous, puisque c'était Alain Poher contre Pompidou.
42:38En 1974, vous avez été battu de peu par Giscard.
42:41Si cette fois-ci, vous ne gagnez pas, à mon avis, c'est la dernière ».
42:43Il me dit « Vous avez raison ».
42:44Et il a ajouté « Et puis si je ne gagne pas, vous viendrez me voir à latcher,
42:48on fera du vélo, les routes sont plates ».
42:51J'ai rigolé et le fait qu'il m'ait fait rire,
42:55je lui ai dit « Ecoutez, je n'aime pas du tout votre adversaire.
42:59Si vous voulez, comme ça, pour le plaisir, je vous chauffe vos salles de meeting ».
43:03Et j'ai chauffé trois salles de meeting devant des milliers de personnes.
43:07Et en imitant Marchais devant Mitterrand.
43:09En imitant Marchais devant Mitterrand.
43:11C'était à Strasbourg, il y avait cinq ou six mille personnes.
43:15J'étais en train d'imiter Marchais, puis Mitterrand est arrivé.
43:18Il s'est mis devant le micro, comme on s'était vu deux mois avant.
43:22Il me dit « Vous étiez en train de parler ? ».
43:23Je dis « Oui ». Il me dit « Continuez, on n'est pas à deux minutes près ».
43:26Il s'assoit au premier rang.
43:27Et moi je dis « Au moment où je sais que François m'a interruptionné,
43:31délire dans la salle ».
43:33Mais dès l'instant où j'ai imité Marchais et que Mitterrand était là,
43:37toutes les photographes étaient sur lui.
43:39Et lui était imperturbable, il ne riait pas du tout.
43:42Et quand on a pris l'avion de location après pour revenir,
43:44il m'a dit « Excusez-moi, je ne pouvais pas rire
43:46parce que j'ai besoin des voix communistes au deuxième tour ».
43:49Et quand je raconte ça sur scène, j'ajoute « C'est comme ça que j'ai fait lire Mitterrand ».
43:53Alors, vous avez aussi fait du théâtre et ça, on le sait peu.
43:57J'en fais encore.
43:58Vous en faites toujours.
43:59Et là aussi, c'est de l'insistance parce qu'il y a eu SOS Homme Seul
44:03et puis il y a eu une pièce Piège pour un Homme Seul de Robert Thomas.
44:07Et là, vous avez insisté beaucoup et ça a été un déclencheur.
44:10Oui, je me suis battu pour jouer Piège pour un Homme Seul
44:12parce que j'avais lu la pièce et je pensais que le rôle était pour moi.
44:16Et quand j'ai appris que la pièce se montait,
44:18je suis allé voir le producteur qui a organisé une tournée.
44:21Il m'a dit « Mais vous êtes neuf candidats pour jouer le rôle de Daniel Corban,
44:26qui était le meurtrier de la pièce ».
44:28Mais je dis « Mais je m'en fous qu'on soit neuf, moi je vais aller.
44:31Donne-moi les coordonnées de l'auteur Robert Thomas ».
44:33Alors, j'ai eu les coordonnées de Robert Thomas.
44:36Il avait une maison, rue de Passy je crois, avec un jardin.
44:40J'avais une petite auto Bianchi, je suis arrivé dans le jardin,
44:43j'ai fait un petit état qu'eux, j'ai fait voler les cailloux en l'air,
44:46je suis sorti de la voiture, il était sur le perron et je lui ai dit
44:49« Je suis Daniel Corban ».
44:51Et cinq minutes après, il m'a filé le rôle.
44:54Et ce qu'on sait peu, Pierre-Douglas, et ce que vous dites,
44:57vous révélez dans ce livre, c'est que vous êtes beaucoup occupé
45:00de prisonniers depuis vos jeunes années.
45:03Oui, quand j'étais à France Inter, je lisais beaucoup les journaux
45:07comme je l'ai toujours fait, et je lis une petite annonce
45:11d'un garçon qui se faisait appeler Harry, H-A-R-R-Y,
45:15et qui en réalité s'appelait Moustapha.
45:17Et le dénommé Harry avait mis dans sa petite annonce
45:21« T'es un mec, t'es une nana, je m'en fous, écris-moi, je suis tout seul ».
45:25J'ai dit « Je vais écrire ».
45:27Et je lui ai écrit par la poste, et il m'a répondu pendant un an.
45:30Et je ne lui ai jamais demandé pourquoi il était en prison.
45:34Jamais.
45:35Et au bout d'un an, il me dit « Va voir maître Philippe Lemaire ».
45:38Jacques, vous connaissez Philippe Lemaire.
45:40C'est lui qui me défend, je passe aux Assises dans un mois.
45:43Alors je suis allé voir Philippe Lemaire, que j'avais interviewé
45:46quand j'étais journaliste, et on était resté en relation.
45:48Je sais, j'ai pu garder beaucoup de relations.
45:50Et Philippe me dit « Qu'est-ce que tu viens me voir ?
45:52T'as fait des conneries ».
45:53Je dis « Non, non, non, mais Harry, Harry, il a flingué un mec
45:57dans une boîte de nuit ».
45:59Je dis « Ah bon ? ».
46:00Et il me dit « Oui, il a été menacé, et c'est lui qui a tiré le plus vite ».
46:03Je dis « Il y a une défense ».
46:05Il me dit « Oui, mais enfin, il était entré dans la boîte de nuit
46:07avec deux pistolets dans sa veste, alors tu comprends, etc. ».
46:11Bon, il passe aux Assises.
46:13Alors il me dit « Mais tu pourrais être témoin de moralité pour lui,
46:16ça lui ferait du bien ».
46:18Alors j'avais gardé les lettres qu'Harry m'avait écrites,
46:22et quand je suis arrivé comme témoin aux Assises,
46:25j'ai lu deux ou trois lettres qu'il avait écrites,
46:28et je leur ai dit « Voilà, comme quand j'avais 20 ans,
46:30j'ai été éducateur dans un foyer John Delacan quand j'avais 20 ans,
46:33j'ai dit « Voilà, j'ai gardé des relations dans ce domaine-là,
46:37et quand l'accusé sortira, je l'aiderai à retrouver du travail,
46:41parce que j'ai gardé des relations dans ce monde-là ».
46:43Et alors après, il est sorti assez rapidement,
46:47il avait fait 4 ans et demi de prison, il est sorti au bout de 6 mois,
46:50et je suis devenu son idole, et je suis toujours aujourd'hui,
46:5240 ans après, son idole, on continue à se voir, à se téléphoner, etc.
46:56Il a jamais oublié, et il m'a même dit un jour
46:58« Si t'as un ennui, tu me le dis, parce que je m'occuperai du mec ».
47:00Je dis « Non, t'inquiète pas, j'ai pas d'ennui ».
47:02Enfin, voilà.
47:04Mais comment vous faites pour avoir tout gardé en mémoire
47:07et raconter autant de choses dans ce livre, Pierre-Douglas ?
47:09Mon cher Jacques, comment est-ce que je me souviens de tout ça, je ne sais pas.
47:13J'ai la chance formidable d'avoir de la mémoire,
47:15il y a des choses qui me sont restées très précisément installées dans ma mémoire,
47:18c'est comme ça, je m'en souviens, il suffit que vous me disiez quelque chose,
47:21je ne savais pas de qui vous alliez me parler,
47:23vous me parliez de Harry, qui s'appelait Moustapha,
47:25ça me revient tout de suite.
47:27Ça c'est une chance, c'est une pure chance, j'ai de la mémoire.
47:29Je continue à en profiter au théâtre.
47:31Si je devais arrêter le théâtre, c'est parce que je n'aurais plus de mémoire.
47:35Ce sont les deux choses qui vous font vivre ?
47:37Oui, qui me font vivre, comment dirais-je, personnellement.
47:41La musique c'est quelque chose d'extraordinaire,
47:44j'ai voulu apprendre la direction d'orchestre, j'ai obtenu un diplôme,
47:46j'ai dirigé une vingtaine de concerts dans ma vie,
47:49ça ce sont des choses, je me suis retrouvé un jour à Saint-Germain-des-Prés,
47:53devant 60 choristes, 25 musiciens d'orchestre,
47:56et j'ai fait démarrer l'Equilibre de Mozart, mon cher Jacques,
47:59c'est un autre monde, c'est une autre planète, c'est un bonheur absolu,
48:03ça c'est quelque chose, j'ai la chance d'avoir pu faire ces choses-là,
48:06et de m'en souvenir effectivement.
48:08Et ces souvenirs, ils sont dans ce livre, vite avant que j'oublie,
48:11aux éditions L'Orient de Lumière, je le recommande à celles et ceux
48:14qui nous écoutent et qui vous aiment, ils sont nombreux,
48:16puis continuez ainsi le plus longtemps possible, Pierre-Douglas,
48:18parce que je suis sûr que vous avez encore beaucoup d'avenir.
48:20Alors mon cher Jacques, je vais vous répondre quelque chose, à l'année prochaine !
48:23Exactement, à l'année prochaine !
48:25Au revoir.
48:26Au revoir, L'Éclair d'une Vie c'est terminé pour aujourd'hui,
48:28on se retrouve bientôt, restez fidèles, à l'écoute de Sud Radio.