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  • 19/05/2025
Les clefs d'une vie avec Thierry Ardisson

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-05-19##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Vous avez choisi de faire rimer concepteur avec animateur.
00:09Vous avez créé des rendez-vous de télévision
00:11où le champagne a rendu les propos de vos invités particulièrement pétillants.
00:15Le parcours haut en couleur d'un homme en noir.
00:18Bonjour Thierry Ardisson.
00:19Bonjour Jacques, merci de m'en recevoir.
00:21C'est un bonheur de vous recevoir parce que vous avez un parcours tellement étonnant
00:24qu'on va l'évoquer dans les clés d'une vie à travers des d'autres clés.
00:27À l'occasion de la sortie de ce livre, L'homme en noir, chez Plon,
00:30qui est un livre pas comme les autres, on va expliquer.
00:32C'est une émission pas comme les autres, un peu comme les clés d'une vie d'ailleurs.
00:35Puisqu'on peut parler en toute liberté pendant une heure.
00:38Parlons vrai.
00:39Première date que j'ai trouvée vous concernant,
00:42c'est le 1er octobre 73, la sortie d'un livre qui s'appelle Cinémoi.
00:47Votre deuxième livre.
00:48Il est sorti ce jour-là.
00:49Oui, effectivement, j'ai toujours écrit.
00:52J'ai commencé à écrire à l'âge de 13 ans.
00:55J'écrivais sur des cahiers d'écoliers que je collais ensemble.
00:58J'avais écrit un livre qui s'appelait Fugue en gros bémol.
01:01Et puis en 73, je suis parti en Grèce.
01:05J'ai travaillé déjà dans la publicité.
01:07J'ai pris 6 mois, parce qu'à l'époque, on pouvait prendre 6 mois.
01:10Ce n'était pas un problème.
01:11Quand je suis revenu, il y avait mon bureau qui était resté en l'état.
01:13J'ai écrit ce livre, Cinémoi.
01:15Le pitch, il est allé tellement au cinéma
01:19qu'il ne sait plus de quel côté de l'écran il est.
01:21Sauf que ce n'était pas non plus l'horoscope du coeur.
01:23C'était moins bien.
01:24Il se trouve qu'effectivement, les bobines ont été inversées.
01:28Un peu comme au cinéma.
01:29D'ailleurs, on s'est toujours demandé pourquoi il y avait deux bobines au cinéma.
01:32Tout simplement parce que s'ils avaient été sur une,
01:35les camionnettes n'étaient pas assez grandes pour transporter les films dans les cinémas.
01:38Je ne savais pas ça.
01:39Et c'est pour ça qu'on a mis deux projecteurs dans chaque cinéma.
01:42Alors, il se trouve que ce livre, vous l'avez écrit.
01:44Et vous l'avez montré à quelqu'un qui a été éditeur pendant 30 ans
01:48et qui est aussi celui qui a écrit les commentaires de Nuit et Brouillard,
01:51qui est Jean Quirole.
01:52Bien sûr, Jean Quirole.
01:54Moi, je ne connaissais personne.
01:56Et je l'ai envoyé par la Poste.
01:58Et il y a Mathieu Gallet.
01:59On ne parle pas de Mathieu Gallet de Radio France.
02:01Mathieu Gallet de Chez Grasset.
02:03Et Quirole qui me répond de ça nous intéresse.
02:06Quirole s'est pris d'affection pour moi,
02:08comme il s'était pris d'affection pour Jean-Marc Robert à la même époque.
02:12Et il ne m'a pas fait assez travailler.
02:14Voilà, c'est la seule rapproche que je pourrais lui faire.
02:16C'est qu'il aurait dû me faire recommencer le livre plusieurs fois.
02:18Mais bon, c'était en tous les cas formidable d'être publié au seuil à 24 ans.
02:22Voilà.
02:22Alors ça, c'était au retour d'un voyage en Grèce.
02:24Et en Grèce, vous avez immédiatement, en arrivant, pensé à un film.
02:29Oui, je pensais à Zorba.
02:36Ce qui est cool, c'est que cette danse a été créée pour le film.
02:38Et on a fait croire qu'elle était en tête.
02:41Et c'est vrai que vous avez pensé à ce film en arrivant.
02:43Oui, parce que je suis arrivé l'hiver.
02:45Et ce n'est pas du tout la Grèce qu'on a en tête.
02:48Il pleuvait au Piret.
02:51Et puis, il n'y avait que des Grecs. Il n'y avait pas de touristes.
02:53Et on prenait un bateau pour aller dans les Cyclades.
02:57C'est-à-dire à Ios, dans les Cyclades.
02:59Aujourd'hui, vous faites ça en deux heures.
03:02Il fallait pratiquement une journée.
03:04On dormait sur le bateau.
03:07Enfin, c'était un bateau à vapeur.
03:09L'Evangélistria, il s'appelait.
03:11Et c'est vrai que j'ai eu un choc.
03:14J'étais comme l'Anglais...
03:17Alan Bates.
03:18Alan Bates, bravo.
03:19Comme Alan Bates qui arrivait et qui rencontrait...
03:21Moi, j'ai rencontré un vieux paysan grec qui a été un peu mon zorba.
03:25Alors, il se trouve aussi, vous avez parlé de Fugue en gros bémol.
03:30Et que finalement, quand on prend ce livre, la préface,
03:33c'est la première auto-interview Thierry Ardisson.
03:35Vous avez raison, bravo. C'est vrai.
03:37C'est vrai que Fugue en gros bémol...
03:39Je commençais, c'était Ardisson qui interviewait Thierry.
03:42Et alors, c'est d'une impudence absolument incroyable.
03:47Parce que, comme je voyais Pierre Dumayet ou des groupes à la télé faire des interviews d'écrivains,
03:52moi, j'étais complètement dans le truc, évidemment, sans vergogne.
03:56Et j'expliquais mon livre dans cette préface, absolument.
03:59Et Pierre Dumayet, d'ailleurs, il a eu un jour un gros problème.
04:02Jules Romain est arrivé à lecture pour tous en croyant qu'il devait lire ses livres.
04:06Et il a commencé à lire son texte.
04:08Ça a été très très dur.
04:10Alors, il se trouve que vous dites de ce livre que c'est un peu votre Rosebud de Thierry Ardisson.
04:15Oui, c'est-à-dire que c'est fondateur, en tous les cas.
04:18C'est-à-dire que j'ai écrit ce livre.
04:21Donc, Fugue en gros bémol, j'avais 13 ans.
04:24Et finalement, quoi qu'il me soit arrivé dans la vie, j'ai toujours écrit.
04:28J'ai fait à peu près 7-8 bouquins, celui-ci étant le dernier.
04:33Mais j'ai toujours écrit malgré la pub, malgré la télé.
04:37J'ai toujours trouvé le temps d'écrire des livres.
04:39Et j'ai fait deux best-sellers.
04:42Ma seule vraie victoire, c'est d'avoir fait l'émission de Bernard Pivot.
04:46Apostrophe.
04:47Pour Louis XX.
04:48C'est extraordinaire.
04:49C'est-à-dire que là, quand je me suis retrouvé sur le plateau d'Apostrophe, c'était un graal.
04:53100 000 exemplaires, ce qui n'est pas fréquent aujourd'hui.
04:55Oui, tout le monde m'a dit que tu fais un livre sur la fin des Bourbons de la branche aînée au 19e siècle.
05:01Tu as fumé la moquette.
05:03Tu as fini de bien faire, mon pauvre Thierry.
05:05Et puis, j'en ai vendu 100 000 parce qu'il y avait un style.
05:09Il y avait une autre façon de parler de l'histoire, de raconter l'histoire, disons.
05:13Quand je parle de Rosebud, c'est qu'il y a un lieu qui aurait pu être aussi votre Rosebud,
05:18même si vous êtes resté très peu de temps.
05:20Et ce lieu, il peut être évoqué par une chanson de Pierre Billon.
05:28Une des premières chansons de Pierre Billon, « Même si je n'atteins jamais la Creuse ».
05:31Et vous êtes né dans la Creuse tout à fait par hasard.
05:33Ce qui a permis à tous mes potes de se foutre de ma gueule toute ma vie,
05:37en faisant le creusois.
05:38Alors, je n'ai rien du tout de creusois.
05:40Ma famille est de Nice.
05:41Et mon père, en faisant des travaux publics, en déménageait assez souvent.
05:45Mais il se trouve qu'Anne Hidupéré vit aujourd'hui dans la Creuse une partie de l'année.
05:49Nathalie Baille.
05:50Nathalie Baille et Johnny ont vécu dans la Creuse sans dire qu'ils étaient là d'ailleurs,
05:53pour être tranquilles.
05:55Mais c'est vrai que c'était un accident de parcours
05:57parce que votre père se déplaçait régulièrement selon les commandes.
06:00Il était ingénieur.
06:01Oui, ça, mon père était ingénieur travaux publics.
06:03Donc, quand il y avait le tunnel sous le Mont Blanc, on habitait à Chamonix.
06:07Quand il y avait l'autoroute du Sud, on habitait à Fontainebleau.
06:10Quand il a fallu reconstruire la base de Mercel-Québire, on est partis en Algérie.
06:14Donc, je ne suis pas pied noir, mais j'ai connu l'Algérie française.
06:17Et c'est vrai que, à la fois, ça m'a formé, ça m'a appris à m'adapter.
06:22Parce que j'arrivais dans une ville, je ne connaissais personne.
06:24Et dès que je connaissais quatre personnes, on s'en allait.
06:27Mais en même temps, ça m'a...
06:29J'avais pas d'amis d'enfance, puisqu'on déménageait tout le temps.
06:32Et ça aussi, ça m'a amené à l'écriture.
06:34C'est-à-dire, le seul endroit où j'écrivais, j'étais tout seul chez moi,
06:37pendant que mes parents écoutaient la radio ou regardaient la télé.
06:40Moi, j'écrivais des livres.
06:42— Vous écriviez sous l'escalier, je crois. — Exact, bravo, oui.
06:45— Et sous l'escalier, parce que c'était pas simple, c'était pas une vie de luxe.
06:49Les fins de mois étaient justes, vous disiez.
06:51— Oui, c'était une vie... Franchement, c'était une vie assez triste,
06:54parce que, bon, déjà, y a pas d'argent.
06:56Mon père n'avait pas su choisir entre sa mère et sa femme.
06:59Donc il imposait sa belle-mère à ma mère.
07:02Enfin, sa mère à ma mère.
07:04Ma mère supportait pas sa belle-mère, évidemment, comme c'est souvent le cas.
07:08Et puis, moi, j'avais le sentiment que...
07:11Je me demandais ce que je foutais là, quoi.
07:13Je me disais, mais y a une erreur à la maternité.
07:16Je comprends pas ce que je fais là, ils ont pas d'argent.
07:18Moi, je mériterais d'en avoir plus.
07:20J'étais révolté contre un truc.
07:23Et j'ai mis des années et des années à, finalement,
07:26à vraiment comprendre ce que mon père m'avait apporté,
07:28à commencer par le cinéma, l'humour.
07:30Effectivement, les chansonniers,
07:33l'info avec Europe n°1 et Paris Match.
07:36Mais c'est vrai que ce livre, c'est un peu ça aussi.
07:40C'est-à-dire que, après avoir,
07:42pas méprisé, mais avoir mal aimé mon père à cause de ça,
07:47là, j'avoue que, finalement, y avait pas que ça.
07:50Y avait aussi... J'ai un peu vécu, par procuration,
07:54la vie qu'il aurait aimé vivre,
07:56donc il m'a donné toutes les...
07:58Il m'a donné envie.
08:00Il se trouve que vous évoquez aussi votre grand-père Marius,
08:02qui était chef de gare dans une gare
08:04où les trains ne s'arrêtaient jamais.
08:06Oui, les trains ne s'arrêtaient jamais,
08:08parce qu'il n'a pas été collaborateur,
08:10mais il était pétenniste.
08:13Et à la fin de la guerre,
08:15il bossait à la gare de Cannes,
08:17tout le monde a dit non, non, mais Ardisson,
08:20il a soutenu le maréchal,
08:22il est resté à la SNCF,
08:24mais il est parti dans cette gare incroyable
08:26où les trains ne s'arrêtaient jamais.
08:28C'est beau, d'ailleurs.
08:30Et vous avez ensuite rencontré des locomotives
08:32tout au long de votre carrière.
08:33Voilà, exactement, bravo.
08:34Et alors, il se trouve qu'ensuite,
08:35et vous l'évoquez dans ce livre,
08:36y a le collège Saint-Michel à Annecy
08:38qui fait aussi partie de vos souvenirs,
08:40parce qu'on vous a appris la discipline, Thierry Ardisson.
08:42Oui, ça m'a servi après.
08:44C'est-à-dire que, sur le moment, c'était pas toujours évident,
08:47mais après, quand, par exemple,
08:49j'ai pris de la drogue et j'ai voulu en sortir,
08:51ça m'a beaucoup aidé,
08:53parce que j'avais une base, quand même,
08:55c'est que je savais me faire mal.
08:57Parce que, quand on est chez les curés,
08:59par exemple, le matin,
09:01on dormait, ils arrivaient, ils allumaient toutes les lumières,
09:04si vous le leviez pas immédiatement,
09:06ils mettaient le matelas par terre,
09:08vous vous retrouvez nez contre le plancher,
09:10ils ouvraient les fenêtres,
09:12à Annecy, il fait froid, en hiver,
09:14et après, il fallait prendre une douche froide,
09:16après, il y avait messe,
09:18et seulement après la messe, on avait le petit-déjeuner.
09:20Il faut voir ce que c'était.
09:22Et d'ailleurs, ce collège, Saint-Michel,
09:24va fêter son centenaire l'année prochaine,
09:26et il vient de lancer sur Internet
09:28une opération pour retrouver les anciens élèves,
09:30pour les inviter en 2026.
09:32Ah ben, volontiers,
09:34si vous voulez avoir un contact quelconque avec eux,
09:36j'irai volontiers, oui.
09:38Il y a eu ensuite la fac, mais la fac, ça a été l'anglais pendant deux ans.
09:40Oui, la fac, en fait, ce qui s'est passé,
09:42c'est que j'étais en fac à Montpellier,
09:44que je passais ma vie en Camargue,
09:46dans les boîtes de nuit, à la Chaurascaia,
09:48et que, en fait,
09:50je n'allais pas au cours, parce que l'anglais,
09:52je l'apprenais en écoutant les Beatles,
09:54et ce qui s'est passé, c'est que,
09:56la veille du grand examen de deuxième année d'anglais,
09:58j'ai reçu les Beatles sur John Pepper,
10:00j'ai passé la nuit à l'écouter,
10:02le lendemain, je dormais sur le bureau, quoi.
10:04Donc, non, non, j'ai pas fait des...
10:06En fait, l'anglais, c'était un peu ridicule,
10:08parce qu'on m'apprenait les poètes anglais,
10:10on m'apprenait Shelley,
10:12moi, j'avais besoin de comprendre
10:14Jean-Vincent et les Beatles,
10:16j'avais pas besoin de connaître Shelley, quoi.
10:18Et puis, en plus, les études, ça vous intéressait pas vraiment ?
10:20Non, non, non, c'est vrai,
10:22toute ma culture, je me la suis faite,
10:24je suis un autodidacte,
10:26j'ai appris tout seul, j'ai beaucoup de curiosité,
10:28et je cherche beaucoup,
10:30je passe ma vie,
10:32internet, pour ça, c'est génial,
10:34et j'ai jamais supporté
10:36qu'on m'enseigne quelque chose,
10:38mais moi,
10:40je m'enseigne très bien tout seul.
10:42Et je crois que c'est à partir de ce moment-là
10:44où vous avez dit « je vais vivre ma liberté ».
10:46Oui, c'est-à-dire que
10:48j'avais 16-17 ans,
10:50mon père me dit
10:52« qu'est-ce que tu veux comme cadeau pour ton bac ? »
10:54et j'ai dit « partir »,
10:56ce qui était vraiment terrible pour eux,
10:58et je suis allé à Jean Lépin,
11:00parce qu'à l'époque, c'était avant Saint-Tropez,
11:02c'est Jean Lépin, je suis allé à Jean Lépin,
11:04et puis, au bout de trois semaines,
11:06j'avais plus d'argent,
11:08et un jour, j'étais sur la plage, comme ça,
11:10j'avais rien à foutre,
11:12et un type qui passe sans doute pour me draguer,
11:14mais j'avais pas l'esprit mal tourné,
11:16il vient, il dit « qu'est-ce que vous faites ? »
11:18et je dis « rien »,
11:20il me dit « vous allez être disquaire à l'époque,
11:22au Whisky à gogo à Jean Lépin ».
11:24Et là, ma vie a commencé,
11:26comme disait Johnny,
11:28elle a commencé comme ça.
11:30Et elle a continué avec d'autres choses,
11:32et il y a une date très particulière que j'ai trouvée,
11:34on va l'évoquer dans quelques instants,
11:36le 22 février 2021.
11:39Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:41Sud Radio, les clés d'une vie,
11:43mon invité Thierry Ardisson,
11:45pour ce livre « L'homme en noir » chez Plon,
11:47qu'on évoque en filigrane au fil de cette émission,
11:49et qu'on va développer tout à l'heure.
11:51J'ai trouvé une date étonnante,
11:53le 22 février 2021,
11:55une vente aux enchères de livres d'art par Adair,
11:57et une collection complète
11:59des 14 numéros de façade
12:01a été mise aux enchères à 1400 euros.
12:03Absolument.
12:05C'est fou, hein ?
12:07La façade,
12:09ça c'est à la fin de la pub,
12:11je faisais de la pub,
12:13mais l'inanité du métier
12:15m'apparaissait chaque jour un peu plus.
12:17C'est-à-dire que l'eau minérale vitale
12:19est mieux que l'eau minérale éviant,
12:21si vous voulez, au bout d'un moment.
12:23Et donc j'étais un peu lassé,
12:25et on a fait effectivement façade,
12:27dans un magazine branché des Halles,
12:29et c'était moi à l'époque.
12:31C'est étonnant ce que vous dites,
12:33parce qu'à l'époque,
12:35je disais déjà,
12:37on finira au musée, quoi.
12:39C'était un journal,
12:41déjà c'était comme dans la pub,
12:43chaque article générait sa propre mise en page,
12:45c'est pas comme les journaux
12:47qui ont des colonnes préétablies.
12:49Nous, on inventait chaque double page,
12:51on était libre à l'intérieur de la double page,
12:53comme dans une annonce de pub,
12:55sauf qu'on communiquait autre chose que des produits,
12:57et le premier article de ce journal,
12:59c'était tous les gens,
13:01c'est l'époque d'ouverture du musée Pompidou à Beaubourg,
13:03et il y avait tous les ouvriers,
13:05et le texte c'était,
13:07Beaubourg, façade présente,
13:09les 93 premiers exposants.
13:11C'est fou, hein ?
13:13Il y avait un article sur John Waters aussi,
13:15un metteur en scène, qu'à l'époque personne ne connaissait.
13:17Absolument, on était très branchés.
13:19Moi c'est l'époque où après j'ai travaillé pour Andy Warhol,
13:21pour son journal, j'étais correspondant à Paris,
13:23et c'était très très branché,
13:25c'était l'époque du Palace, tout ça,
13:27moi je suis passé de la drogue
13:29à la mondanité, ça m'a fait le plus grand bien.
13:31Il se trouve que c'était un journal
13:33qui paraissait sans périodicité,
13:35et il y avait un affichage sauvage
13:37devant le 7, qui était un club
13:39de Fabrice Hébert à Paris.
13:41Un club gay, absolument, le club de Fabrice,
13:43et le slogan c'était
13:45soit le journal qui sort quand il est prêt,
13:47soit le journal qu'on lit le matin
13:49avant de se coucher.
13:51C'est une expérience extraordinaire.
13:53C'était en dépôt-vente
13:55chez les libraires, et c'est devenu culte ?
13:57Oui, c'est devenu culte, ça n'a jamais marché,
13:59on sortait de façon complètement
14:01disparate, mais c'est vrai
14:03qu'aujourd'hui,
14:05il y a une expo, il n'y a pas longtemps,
14:07à la Villette, où il y avait
14:09un stand façade,
14:11là le Grand Palais vient de m'en racheter
14:13des trucs aussi,
14:15à l'époque,
14:17j'étais très intéressé par ça,
14:19on ne gagnait pas un rond,
14:21mais l'argent n'était pas mon problème.
14:23Il y avait un article assez étonnant,
14:25je crois que c'est vous qui l'avez écrit,
14:27sur Kennedy qui aurait survécu
14:29et qui aurait fini chez Onassis.
14:31Oui, j'aime bien ça, j'aime bien ce genre d'histoire,
14:33donc en fait, Kennedy fou et défiguré,
14:35s'est réfugié à Scorpio
14:37dans l'île d'Onassis,
14:39ce qui explique le mariage de Jacqueline
14:41avec Onassis, etc.
14:43Oui, c'était...
14:45Moi, de temps en temps, je tentais
14:47une petite nouvelle, c'était pas un journal
14:49d'écriture, mais de temps en temps
14:51je tentais une petite nouvelle.
14:53Et puis ce journal était le premier à parler de quelqu'un
14:55de très célèbre, en enrobant les ponts,
14:57c'est Christo.
14:59Personne n'en parlait à l'époque.
15:01Alors Christo, personne ne parlait de Christo,
15:03évidemment, il a emballé
15:05l'Arc de Triomphe, le Pont-Neuf, etc.
15:07Et alors, un jour, on dit
15:09on va interviewer Christo.
15:11On va voir Christo, on a une idée,
15:13on voudrait vous emballer.
15:15Alors il dit non, on rigole pas avec ça,
15:17mais comment vous pouvez me proposer ça ?
15:19Donc on a fait la photo d'un mec
15:21emballé, et on a mis la tête de Christo.
15:23Et ça a marché.
15:25Et tout le monde a cru que c'était Christo qu'on avait emballé.
15:27Alors j'en reviens à Thierry Radisson, à la publicité,
15:29je crois que votre première publicité
15:31est liée à cette chanson.
15:37Parce que Daniela, c'est les chaussettes noires,
15:39et que les chaussettes noires ont été sponsorisées par Stem,
15:41et je crois que Stem est votre premier slogan
15:43publicitaire à 16 ans.
15:45C'est vrai que moi j'étais,
15:47j'étais chez mes parents,
15:49c'était la fin de mes études supérieures,
15:51et puis
15:53je savais pas quoi faire de ma vie,
15:55je savais que je deviendrais célèbre,
15:57mais je savais pas dans quoi.
15:59Et
16:01je vois concours de publicité
16:03organisé par les chaussettes Stem.
16:05Et donc je dis,
16:07j'ai fait un slogan, c'est Stem un peu,
16:09beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout.
16:11Les mecs me répondent, écoutez, vous n'avez pas
16:13gagné le concours, mais c'est pas mal.
16:15Et ça a suffi pour me dire, bah tiens,
16:17je vais faire de la pub, j'arrive à Paris,
16:19je connaissais personne, j'avais pas d'argent.
16:21Alors l'époque était formidable, parce que
16:23d'abord j'étais chez Publicis,
16:25et c'était René-Victor Pille,
16:27l'écrivain René-Victor Pille,
16:29qui a écrit L'Imprécateur, qui était directeur de la Création,
16:31et qui me dit, écoute,
16:33t'as pas fait ton service militaire, on peut pas te prendre.
16:35Et là je descends les Champs-Elysées,
16:37et je vois marqué
16:39BBDO, agence de publicité,
16:41je monte, septième étage, Champs-Elysées,
16:43et là,
16:45la fille me dit, vous cherchez quoi ? Je dis, je cherche du boulot.
16:47Essayez-vous. Et puis au bout d'un moment,
16:49passe un type qui s'appelait
16:51Georges Zobada, qui s'occupait de la promotion des ventes,
16:53et qui me dit,
16:55qu'est-ce que tu veux ? Je lui dis, je veux bosser, moi.
16:57Il m'a appris la promotion des ventes, c'était pas trop mon truc.
16:59Et puis après est arrivé
17:01Yves Navarre, encore un écrivain,
17:03qui est arrivé de chez Publicis aussi,
17:05et qui
17:07m'a permis de commencer à faire
17:09mes premières créations.
17:11Et après vous êtes allé dans les agences,
17:13il y a TWA.
17:15Disons que ma vraie agence
17:17formatrice, c'était TWA,
17:19qui est devenue, moi j'ai assisté
17:21à la naissance. Ils étaient quatre
17:23autour d'une table. Et puis après,
17:25c'est devenu une agence mondiale.
17:27J'ai beaucoup appris avec le patron.
17:29Il y a vraiment deux personnes qui m'ont super impressionné
17:31dans la vie, c'est le patron de TWA,
17:33Bill Tragos,
17:35et Daniel Filippacchi.
17:37Filippacchi, c'était mon dieu.
17:39Avec qui vous avez créé des journaux.
17:41Vraiment, je voulais être lui.
17:43Mais ça m'est arrivé rarement dans la vie.
17:45Alors vous avez ensuite décidé de créer votre propre
17:47agence de pub, Business,
17:49et là vous avez inventé aussi
17:51une formule qui sont les spots publicitaires
17:53de 8 secondes. Exactement, c'est-à-dire qu'on a
17:55on s'adressait à des annonceurs qui n'avaient pas
17:57beaucoup d'argent, qui voulaient
17:59passer à la télé, mais le format
18:018 secondes existait. Simplement
18:03personne ne l'utilisait, parce que les créatifs
18:05faire des films de 8 secondes,
18:07c'est mieux de faire une minute, quoi.
18:09Ou 30 secondes, disons. Et là,
18:11comme nous on était chez nous, moi j'avais plus
18:13besoin de me faire un dossier pour me vendre
18:15à l'air, parce que j'avais mon agence.
18:17Donc on a fait les fameux 8 secondes, effectivement,
18:19on m'en parle encore
18:21aujourd'hui, ça reste comme un...
18:23Alors que le vrai publicitaire
18:25c'était Jacques Séguéla, c'était pas moi.
18:27Mais en même temps, il y avait
18:29des inventions. La paire,
18:31il n'y en a pas deux, c'est vous,
18:33et puis moi, je vois encore des ados
18:35aujourd'hui qui disent, vas-y, au hasard.
18:37Parce que c'est vous qui avez inventé ça, Thierry Ardisson.
18:39Et puis aussi, Ovo Maltine,
18:41j'ai 8 secondes pour vous dire qu'Ovo Maltine,
18:43et puis les moines aussi. Chaussée,
18:45aux moines, amen.
18:47Non, non, on se marrait bien, mais ça n'avait...
18:49Les créatifs se foutaient un peu de nous,
18:51on n'a jamais été primé au club des directeurs
18:53artistiques, par exemple, mais les clients étaient
18:55contents parce qu'avec un petit budget,
18:57ils occupaient de l'espace, quoi.
18:59Mais moi je me souviens du slogan
19:01LSK, c'était ski.
19:03Sacha Guitry. Exactement, et André, le chausseur
19:05sachant chausser. C'est qui, Sacha?
19:07Ah oui. En 36 à Radio Cité.
19:09Ah c'est drôle. C'est extraordinaire.
19:11C'est des slogans qui restent aujourd'hui.
19:13Et puis, finalement,
19:15vous avez vécu en parallèle ces années Palace
19:17car il y avait l'agence le jour et le soir le Palace.
19:19Et ça, c'était la fête.
19:21C'est peut-être qui est devenu mythique, ce qu'on n'imaginait
19:23pas à l'époque. C'est-à-dire que
19:25les années 70, ça n'avait pas été
19:27des années de boîte de nuit,
19:29les gens étaient plutôt chez eux, à écouter de la musique
19:31planante en fumant des pétards.
19:33Et c'est vrai que le Palace
19:35a été
19:37la dernière utopie des années 70.
19:39C'était pas la première
19:41des années 80, c'était la dernière des années 70.
19:43C'est-à-dire que Fabrice Emmer
19:45voulait un club
19:47où il y ait des pauvres, des riches,
19:49des laids, des beaux, des hétéros,
19:51des homos.
19:53Il voulait créer une espèce de microcosme comme ça
19:55où tout le monde
19:57se parlait, tout le monde dansait ensemble.
19:59Et,
20:01c'est intéressant,
20:03le Palace s'est arrêté,
20:05mais c'est fini,
20:07le jour où ils ont créé le privilège en bas.
20:09Et quand on voulait aller
20:11du privilège au Palace, on pouvait y aller.
20:13Mais quand on voulait aller du Palace au privilège,
20:15on ne pouvait pas y aller.
20:17Donc ça a recréé les classes sociales.
20:19Et l'esprit Palace, c'est perdu.
20:21Parce que ce qui était drôle, c'était, moi, j'ai vu Saint-Laurent
20:23assis sur un escalier
20:25en train de draguer un coiffeur nîmois.
20:27C'était à 4 heures du matin.
20:29Ça, c'est des choses qu'on n'a plus jamais revues.
20:31Après, il y a eu de nouveau les boîtes de riches,
20:33de nouveau les boîtes de pauvres.
20:35Je me souviens de Frédéric Mitterrand
20:37sur une balançoire imitant Lana Turner.
20:39Exactement.
20:41C'était n'importe quoi, mais ça fonctionnait.
20:43Ça fonctionnait très bien.
20:45On ne se demandait pas ce qu'on faisait le soir en allant au Palace.
20:47C'était notre vie.
20:49Et alors, il y avait des gens
20:51avec des looks incroyables.
20:53Il y avait beaucoup de couturiers.
20:55C'était l'époque de la mode de la mode.
20:57Il y avait Saint-Laurent, Lagerfeld,
20:59Känzo, Mick Jagger, Andy Warhol.
21:01Il y avait Roland Barthes
21:03qui a dit
21:05que le Palace n'est pas une boîte de nuit
21:07parce que lui, il y voyait tout dans la dimension sociologique.
21:09Il se trouve que ce Palace
21:11avant était un musical.
21:13Et en 1937, il y a une revue
21:15marseillaise qui arrive à Paris.
21:17Dans cette revue marseillaise, il y a un débutant de 13 ans
21:19qui s'appelle Charles Aznavour
21:21qui a débuté au Palace.
21:23Vous m'auriez dit le montant à Aznavour.
21:25Il travaillait
21:27en Provence dans une troupe
21:29et il avait pris l'accent marseillais
21:31pour jouer dans ce spectacle.
21:33Alors ça, c'est votre vie de Palace.
21:35Mais après, il y a la vie de la télévision
21:37et ça, on va en parler longuement et pas seulement
21:39à cause du livre, à travers la date
21:41du 22 septembre 1985.
21:43A tout de suite sur Sud Radio avec Thierry Ardisson.
21:45Sud Radio,
21:47les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:49Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité
21:51Thierry Ardisson à l'occasion de la sortie
21:53de L'Homme en Noir chez Plon.
21:55C'est un souvenir très particulier
21:57qu'on évoque pour l'instant au fil de l'interview
21:59mais qu'on va encore développer tout à l'heure.
22:01Et il y a une date importante
22:03que vous évoquez d'ailleurs plus ou moins dans ce livre
22:05le 22 septembre 1985
22:07la première de cette émission
22:09qui va marquer vos débuts
22:11ou peut-être vos adieux.
22:17Scoop à la une, car avant d'entrer
22:19sur le plateau, vous avez dit
22:21je n'irai pas.
22:23J'avais un trac épouvantable
22:25et Catherine Barma
22:27vient me voir dans la loge
22:29et je lui dis je n'y vais pas.
22:31Elle me dit tu rigoles, il y a les cadreurs au casque
22:33il y a le public, il y a les invités.
22:35Déjà j'avais invité Henri Salvador
22:37sans le consentement de Catherine
22:39à l'époque je n'étais qu'animateur
22:41je ne suis pas producteur.
22:43Elle me dit c'est le producteur qui choisit les invités
22:45qu'est-ce qui t'a pris d'inviter Salvador ?
22:47J'ai tellement de trac
22:49que j'ai préféré prendre quelqu'un qui m'est familier.
22:51Et donc Salvador
22:53j'ai dit à Catherine
22:55je n'y vais pas, dis-leur que j'ai le cancer.
22:57Comme si le cancer pouvait arriver comme ça.
22:59Et donc j'y vais finalement
23:01je transpirais, j'étais sur un siège
23:03un tabouret de bar.
23:09Salvador
23:11on était obligé de prendre le bon dans une prise
23:13et le jour dans l'autre.
23:15Salvador disait je ne sais pas où ils l'ont trouvé celui-là
23:17mais il est gratiné.
23:19Vous n'étiez pas en rose et noir mais en rose et gris.
23:21Oui à l'époque j'étais encore en gris
23:23avec des lacoses de couleurs
23:25et puis petit à petit le look s'est affiné.
23:27Alors il se trouve que cette émission
23:29est née parce que
23:31Hervé Bourges avait confiance en vous
23:33alors que vous aviez eu quelques soucis
23:35avec une première émission des centres de police.
23:37C'est-à-dire qu'en fait ce qui m'a fait remarquer
23:39par Marie-France Brière qui était directrice des variétés
23:41de TF1 à l'époque
23:43TF1 non encore privatisé
23:45elle avait vu ça
23:47c'est-à-dire on était comme deux flics
23:49avec mon copain Jean-Luc Maître
23:51et on interviewait les gens
23:53mais quand on les interviewait c'était gentil
23:55et puis après quand on réécrivait c'était
23:57tu vas parler connard
23:59sauf que là j'ai dit mais Marie-France c'est pas possible
24:01on va pas leur parler comme ça directement
24:03tu te démerdes enfin Marie-France
24:05et donc je me souviens de scènes absolument épouvantables
24:07notamment Karen Cyril dont j'avais
24:09un tesson de bouteille à la main
24:11j'avais cassé comme ça un tesson de Cronenbourg
24:13tu vas parler ouais tu vas parler
24:15et elle envoie la main pour attraper
24:17elle se coupe la main, à l'époque elle était sur TF1
24:19elle appelle Armée Bourse
24:21elle dit non mais c'est pas possible
24:23et la fin de l'histoire, il y a eu cette numéro
24:25la fin de l'histoire c'est Bourse qui est convoquée
24:27à la haute autorité
24:29ils lui lisent
24:31ils lui lisent ce que j'avais dit dans l'émission
24:33vous vous rendez compte ça
24:35il a demandé à
24:37à Jeanne Masse si elle était clitoridienne ou vaginale
24:39son copain il a dit éhanale
24:41mais on peut pas passer ça sur TF1
24:43donc l'émission a été arrêtée
24:45et je me suis retrouvé en train de faire ce coup à la lune
24:47qui était une émission beaucoup plus calme évidemment
24:49le dimanche après midi
24:51avant moi c'était Sacha Distel
24:53donc ce que je veux dire c'est que
24:55je me mets à la place de Catherine Barman
24:57Sacha Distel était un type exceptionnel
24:59et puis après
25:01Sacha Distel qui était une agence folle
25:03elle se retombait sur Ardisson
25:05qui était tracker, qui transpirait
25:07qui arrivait pas à aligner trois mots
25:09elle a vraiment flippé
25:11Marie-France mais tu couches pas avec lui
25:13elle pouvait pas croire que Marie-France
25:15voulait me faire travailler
25:17surtout que pour vous la télévision c'était pas animer
25:19mais concevoir votre idée
25:21oui c'est à dire que moi à l'époque quand je suis arrivé à la télé
25:23c'était Foucault, c'était Sabatier, c'était Sébastien
25:25c'était Drucker
25:27moi j'avais été élevé par l'ORTF
25:29en fait ma vraie école aussi
25:31faut le dire, ça a été l'ORTF
25:33avec Désir Gallin, François Chalet
25:35Philippe Bouvard évidemment
25:37je peux pas dire qu'il m'a pas inspiré quand on a vu mes émissions et les siennes
25:39et donc
25:41c'est vrai que
25:43j'avais envie de tout foutre en l'air, pour moi la télé
25:45c'était les ringards
25:47et donc tout de suite j'ai essayé d'inventer mes formats
25:49et de faire vraiment ce que je voulais
25:51et on m'a laissé faire
25:53on m'a donné les moyens, ça aurait été dans le cinéma
25:55ça aurait été pareil, on m'a dit
25:57voilà de l'argent fais ce que tu veux, je me suis pas privé
25:59oui mais en même temps, on connait vos émissions
26:01mais il y en a d'autres que vous avez inventées et on a oublié
26:03que c'était vous, comme par exemple
26:05La folie pas du tout, avec Pépé Der
26:07je devais le faire en fait
26:09pour vous dire la vérité, je devais le faire
26:11et puis c'est la seule fois de ma vie où j'ai reculé
26:13je savais que j'avais le trac
26:15j'étais incapable d'animer en direct tout un dimanche après-midi
26:17et je suis allé voir
26:19Marie-France et Hervé Bourges
26:21et je leur ai dit écoutez je vais pas le faire
26:23comment tu vas pas le faire ?
26:25non non non, j'ai peur, j'ai le trac
26:27alors on avait imaginé
26:29qu'on mettait des souffleries
26:31c'était comme Foucault moi
26:33on voyait la mèche
26:35et j'ai dit non je sais pas le faire
26:37et Marie-France Bonnière m'a dit écoute tu te démerdes
26:39trouve-moi un animateur
26:41et Poivre d'Arbor à l'époque était sur France 2
26:43le samedi à midi
26:45il faisait une émission sur l'écologie
26:47enfin le pauvre il était désespéré
26:49je vais le voir
26:51et je lui ai dit je voudrais te prendre
26:53dans cette émission
26:55tu penses bien me dit-il que Hervé Bourges
26:57va jamais être d'accord ?
26:59c'est lui qui m'envoie
27:01et donc il est venu, il a fait La folie pas du tout
27:03alors il se trouve aussi
27:05qu'il y a un concept aujourd'hui qui est repris partout
27:07et c'est vous qui êtes le premier à l'avoir fait
27:09c'est Face à France avec Guillaume Durand sur la 5
27:11c'est vrai
27:13c'est-à-dire que Face à France
27:15moi j'ai conçu des émissions pour moi
27:17mais aussi pour les autres
27:19comme Froufrou
27:21ou avec Ruquier On a tout essayé
27:23Graines de star pour Laurent Boyer
27:25et c'est vrai que là oui
27:27Face à France on cherchait une émission
27:29politique du dimanche après-midi
27:31et l'idée qui a été reprise
27:33vous avez raison de le souligner
27:35c'était qu'il y avait 50 français choisis par l'IFOP
27:37qui étaient vraiment représentatifs
27:39de la population française
27:41et Guillaume interviewait l'homme politique
27:43devant ce panel
27:45qui posait des questions
27:47puis après ça a été fait moins bien
27:49parce que TF1 l'a refait mais il y avait 10 personnes
27:51l'idée c'est que ça soit représentatif
27:53alors l'idée suivante
27:55c'est vous qui l'avez animée
27:57c'est celle-ci
28:02Alors
28:04lancer sur la 5
28:06une émission dans une discothèque
28:08c'était pas évident au départ
28:10en fait
28:12là où
28:14ils étaient très malins les italiens
28:16c'est que
28:18ils ont dit
28:20on va diffuser la petite maison
28:22dans la prairie en motor river
28:24c'est à dire quand ils arrivaient à la fin ils recommençaient
28:26et on a besoin
28:28d'une émission à Libye c'était très intelligent
28:31Berlusconi était vraiment un génie de ça
28:33et donc il a dit
28:35on va faire une émission dont tout le monde va parler
28:37et tout le monde va oublier
28:39que par ailleurs on fait pas grand chose
28:41ça a marché
28:43et les gens, moi je me souviens de Gérald Darroch-Morel
28:45qui dirigeait Hachette
28:47qui était associé avec Berlusconi à l'époque
28:49me disant écoute c'est pas compliqué
28:51chaque fois que je vais dans un dîner on me parle de ton émission
28:53c'est le but de l'opération
28:55Alors ça c'est passé au bain douche
28:57il faut savoir que Coluche avait répété dans la cave
28:59sa première pièce qui était
29:01Thérèse est triste
29:03écrite avec Coline Serrault, bien avant Trois Hommes et un Couffin
29:05et que là vous connaissez cette discothèque
29:07et l'idée est née comme ça
29:09Oui c'est à dire non en fait
29:11ce coup pas la une je le tournais au POPB à Bercy
29:13et c'était triste
29:15on tournait le mercredi après midi
29:17enfin c'est pas drôle du tout
29:19on buvait un peu
29:21parce que moi j'avais amené le barman du Bristol
29:23qui faisait des cocktails quand même
29:25mais c'était triste
29:27et puis chaque fois que je sortais de là
29:29j'allais au bain douche
29:31et un jour je me suis dit
29:33mais pourquoi tu fais pas l'émission directement au bain douche
29:35et ça a été
29:37et c'est une émission extraordinaire
29:39parce que je crois que c'est la seule fois Thierry Ardisson
29:41où Jean Dormeçon a mis les pieds dans une discothèque
29:43Ah mais oui mais il y a eu
29:45j'ai fait venir Simone Veil
29:47j'ai fait venir des gens improbables
29:49la première émission il y avait Chabandel Mas avec sa femme
29:51et non non j'arrivais à faire venir des politiques
29:53et puis c'était
29:55c'était chic
29:57c'était vraiment très très classe
29:59c'était une émission
30:01c'était l'époque encore où il y avait encore des gens
30:03comme Villalonga
30:05des gens comme ça
30:07aujourd'hui on sait même plus qui c'est
30:09Il a écrit des livres, il était mondain
30:11comme on peut pas l'imaginer
30:13Ah mais c'était un gentilhomme
30:15Alors il se trouve aussi que
30:17votre passé court whisky à gogo
30:19vous a donné le sens de la musique
30:21et du rythme, ça ça a été important pour toutes vos émissions
30:23Oui parce que d'abord
30:25quand vous êtes disquaire vous êtes bien obligé de vous y intéresser
30:27et c'est vrai qu'après
30:29j'ai découvert
30:31que
30:33il y avait des accords entre la télé et l'assassin
30:35et qu'on pouvait utiliser
30:37tous les disques qu'on voulait
30:39aujourd'hui vous faites un documentaire
30:41il faut demander aux ayants droit, ça coûte une fortune
30:43à l'époque je disais
30:45on va faire un jingle de 5 secondes
30:47avec une chanson des Beatles
30:49ce qui est inimaginable, donc quand j'ai découvert ça
30:51je m'en suis donné à cœur joint
30:53Et il se trouve aussi que vous avez inventé
30:55des séquences qui sont devenues cultes dans vos émissions
30:57les micro-trottoirs
30:59Monsieur Fatale, tout ça, ça n'existait pas
31:01à la télévision
31:03Non, le blind test par exemple
31:05quand j'étais
31:07à Montpellier
31:09j'étais abonné à un journal anglais musical
31:11qui s'appelait Melody Maker
31:13et ils faisaient des blind tests
31:15sur papier
31:17et moi je l'ai introduit à la télévision
31:19et aujourd'hui encore il n'y a pas une émission
31:21ils ne font pas un blind test
31:23Et sur internet pour les enfants il y a des blind tests Disney
31:25ils sont des millions à jouer
31:27C'est un jeu, des gens ils jouent à ça
31:29en partant en vacances dans la voiture
31:31ils jouent au blind test
31:33moi je ne suis pas bon au blind test
31:35celui qui était bon c'était Bafi
31:37il trouvait tout à la première note
31:39Vous vous avez surtout respiré en permanence l'air du temps
31:41et c'est aussi le côté publicitaire qui vous a servi en télévision
31:43J'ai surfé sur l'air du temps
31:45c'est à dire que
31:47je ne me disais même pas
31:49je vais piquer des idées
31:51ça venait naturellement
31:53c'est une réaction finalement
31:55à ce que je voyais
31:57j'ai toujours été dans le coup
31:59sauf la dernière
32:01on n'en est pas là
32:03mais c'est vrai que là d'un seul coup
32:05j'avais le sentiment d'avoir perdu le feeling
32:07je ne sentais plus l'époque
32:09L'époque vous l'avez surtout sentie
32:11lorsque vous êtes arrivé sur le service public
32:13avec cette émission
32:15LUNETTE NOIRE POUR NUIT BLANCHE
32:17qui était au départ un slogan publicitaire
32:19Oui au départ
32:21quand je faisais façade
32:23les annonceurs nous demandaient
32:25des publicités
32:27dans le style façade
32:29et un jour il y a un fabricant de lunettes
32:31qui vient nous voir
32:33et moi je ferais bien de la pub dans votre journal
32:35mais faites moi une annonce qui soit un peu façade
32:37et moi j'avais trouvé LUNETTE NOIRE POUR NUIT BLANCHE
32:39et un jour je me retrouve
32:41avec la direction d'Antenne 2
32:43et ils me disent
32:45alors qu'est-ce que vous feriez
32:47Monsieur Ardisson si on vous donnait le samedi soir
32:49à la place des enfants du rock
32:51et moi j'ai dit je ne ferais pas une émission
32:53de rock, je ferais une émission rock
32:55Très bien, très bien
32:57et vous l'appelleriez comment ?
32:59LUNETTE NOIRE POUR NUIT BLANCHE
33:01Ah très bien, très bien
33:03c'était réglé en 30 secondes
33:05et c'est vrai que
33:07ça a été déjà
33:09c'est pas à double jeu
33:11c'était déjà quand même
33:13tout le monde en parle
33:15mais ça a eu du succès
33:17et puis en plus les interviews formatées sont nées là
33:19exactement, exactement
33:21c'est-à-dire que quand je faisais une interview
33:23j'avais d'abord à coeur
33:25de rappeler qu'il y a un peu les clés d'une vie
33:27c'est-à-dire de rappeler qui était la personne
33:29ensuite la promotion
33:31parce que si les gens sont là
33:33c'est qu'ils ont quelque chose à vendre
33:35et puis après il y avait les petites interviews
33:374 minutes, 5 minutes, les fameuses interviews formatées
33:39et en fait
33:41la seule qu'on connaissait à l'époque
33:43c'était le questionnaire de Proust
33:45dont Pivot s'est servi abondamment
33:47et moi j'en ai inventé 70
33:49alors les 70 ne sont pas bien
33:51mais il y a une dizaine qui ont fonctionné
33:53et surtout en travaillant beaucoup
33:55car chaque émission c'était vous enfermer pendant
33:572 jours pour tout préparer
33:59et écrire 200 fiches à la main
34:01en éliminant les ratures
34:03Ah oui, s'il y avait une rature à la dernière ligne, je recommençais la fiche
34:05parce que ça allait mais bon
34:07parce que je me disais
34:09j'avais sans doute raison
34:11je me disais que si on voulait que ça parte dans le délire
34:13il fallait qu'il y ait une base
34:15la base c'était les fiches
34:17je me trouvais à 3h du matin
34:19un peu pété au champagne
34:21je m'accrochais aux fiches
34:23et je regardais mes fiches
34:25sans ça ça n'aurait pas été aussi bien
34:27là même le dernier invité de la soirée
34:29il avait le droit à une vraie interview
34:31Exactement, et il fallait beaucoup travailler pour ça
34:33Oui et puis moi je suis très
34:35comme les flics s'ils vous disent
34:37hier soir vous avez dîné au restaurant
34:39avec machin, vous vous dites oulala
34:41s'il sait ça il sait tout
34:43moi je me souviens de Jean-Claude Brialy que j'adorais
34:45un jour il vient dans l'émission et je lui dis
34:47oui oui vos parents avaient une frégate
34:49avec les pneus flamblants
34:51alors là le mec s'est dit oula
34:53je vais pas lui raconter d'histoire
34:55apparemment il est renseigné
34:57Voilà, et moi je me suis aussi renseigné
34:59en lisant votre livre et on va l'évoquer à travers la date
35:01de sa sortie le 7 mai
35:03A tout de suite sur Sud Radio
35:05avec Thierry Ardisson
35:07Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis
35:09Sud Radio, les clés d'une vie
35:11mon invité Thierry Ardisson
35:13donc le 7 mai 2025 est sorti ce livre
35:15L'homme en noir chez Plon
35:17alors vous avez décidé de raconter vos souvenirs
35:19mais vous avez comme d'habitude
35:21comme vous êtes un concepteur trouvé une formule originale
35:23pour les raconter, une émission pas comme les autres
35:25Voilà, c'est à dire que c'est l'histoire d'un animateur
35:27c'est moi, j'arrive sur le plateau
35:29tout le monde en parle un samedi soir
35:31et il se trouve une lettre de menace de mort
35:33dans la loge
35:35bon je l'arrange parce que de menace de mort
35:37tout le monde en a
35:39et quand j'arrive sur le plateau, après le générique
35:41on comprend que je me prends une balle dans la tête
35:43et à partir de là débarquent tous les personnages
35:45de ma vie, puisqu'il paraît que quand on meurt
35:47on voit arriver tous les personnages de sa vie
35:49sauf que moi ils arrivent par le grand escalier
35:51avec la même lumière, la même musique
35:53les mêmes aplauds que les invités
35:55habituels du samedi soir
35:57et alors ça va, il y a des moments drôles
35:59avec Hanouna
36:01avec tout ça
36:03il y a des moments émouvants avec mes parents
36:05il y a des moments surréalistes
36:07beaucoup de moments surréalistes
36:09je me suis vraiment marré à le faire
36:11c'est à dire que
36:13espèce d'émission
36:15espèce de tout le monde en parle sous acide
36:17c'est à dire que quand au début
36:19Catherine Barmain me dit
36:21Luchini est en forme, tu vas vraiment te marrer
36:23je dis j'accueille Johnny Hallyday
36:25elle me dit mais t'es con ou quoi
36:27et à partir de là
36:29arrive Johnny Hallyday
36:31le fait que le père de Johnny Hallyday
36:33était collaborateur
36:35ça n'est pas sorti
36:37je suis le premier à en parler
36:39même moi quand j'ai eu Johnny Hallyday sur mon plateau
36:41je n'osais pas lui en parler
36:43il faut dire la vérité
36:45on peut en parler évidemment
36:47il est mort
36:49et donc je raconte cette espèce
36:51d'attitude extrêmement timide
36:53qu'avait Johnny quand on l'a connu
36:55en fait
36:57son côté bunkerisé
36:59c'était dû à
37:01son enfance où à l'école on le traitait de fils de boche
37:03quand même
37:05et quand son père est parti en 44
37:07sa mère lui dit il est parti avec une femme
37:09en fait il était parti pour échapper à l'épuration
37:11et il se retrouvait à Madrid
37:13donc voilà
37:15ça c'est vrai, c'est pas connu mais c'est vrai
37:17et puis il y a des choses
37:19des gens que je n'ai jamais interviewé comme Lady Di
37:21ou Marie Antoinette
37:23et puis des gens que j'ai interviewé comme Gorbatchev
37:25donc c'est un mélange
37:27et puis il y a des choses très personnelles
37:29émouvantes je dirais
37:31c'est-à-dire
37:33quand je reçois mes parents
37:35ces deux comédiens super sapés
37:37qui arrivent et qui me disent
37:39le problème à Megev l'appartement est trop grand
37:41et là il y a mon frère qui arrive du bout du studio
37:43et qui dit mais c'est pas nos parents
37:45tu vois bien que c'est pas nos parents
37:47et pourquoi c'est pas ?
37:49et puis bon mes vrais parents arrivent
37:51et j'ai l'impression des gravures
37:53et je suis content de le faire d'ailleurs
37:55de rendre à mon père ce qu'il m'a donné
37:57et ce que j'avais jamais fait
37:59et donc voilà
38:01c'est un livre
38:03disons qu'on s'ennuie pas
38:05parce qu'il arrive toujours quelque chose
38:07c'est-à-dire que c'est un patch turner
38:09c'est-à-dire qu'en tournant les pages
38:11il y a Nora qui arrive mais c'est pas le vrai Nora
38:13il est en intelligence artificielle
38:15comme j'ai fait avec Gabin
38:17d'Alida et Coluche dans Hôtel du Temps
38:19voilà il y a des personnages
38:21il y a Jésus à la fin, il y a Sainte Rita qui me dit
38:23moi je peux rien pour vous
38:25monsieur Ardisson
38:27j'espère que Dieu vous enverra son fils
38:29moi je dis vous inquiétez pas il est là
38:31il y a Jésus qui arrive
38:33c'est mes enfants qui viennent me dire à la fin
38:35papa tu t'es toujours culpabilisé
38:37parce que tu t'occupais pas de nous vraiment
38:39t'avais du boulot mais rassure-toi
38:41on a vécu dans un rat en Normandie
38:43en allant en vacances aux Seychelles et au Maldives
38:45donc c'est une espèce
38:47je fais les compteurs à l'heure
38:49et en même temps le rythme de vos émissions
38:51il y a de la musique, il y a des samplers
38:53il y a Magnéto Serge
38:55comment c'est né Magnéto Serge d'ailleurs ?
38:57bêtement
38:59les trucs les plus connus naissent bêtement
39:01c'est-à-dire Magnéto Serge
39:03par exemple Orlando exige le clip
39:05c'est parce qu'Orlando un jour vient avec Hélène Ségrin
39:07il dit
39:09je t'amène mon artiste
39:11mais à une condition c'est que tu passes le clip
39:13alors quand on est arrivé là
39:15Orlando exige le clip
39:17puis après c'était devenu un truc
39:19quand j'avais des chanteurs anglais ou américains
39:21genre Cyndi Lauper
39:23ou je sais pas, Robbie Williams
39:25je disais Orlando exige le clip
39:27alors ils disaient what ?
39:29alors je leur ai dit en français
39:31Orlando exige le clip
39:33Orlando il m'en parle à chaque fois que je le vois
39:35et l'homme en noir qui est le titre de ce livre
39:37pourquoi cette tenue noire
39:39que vous avez instituée au fil des décennies ?
39:41pour plusieurs raisons
39:43la première c'est la praticité
39:45le matin quand je me lève
39:47et que je m'habille
39:49je vais dans la penderie et je prends le costume qui sort du pressing
39:51donc j'ai pas de soucis d'accorder le bleu avec le vert
39:53ça c'est déjà une chose
39:55ensuite j'étais plus grassouillé
39:57il y a quelques années
39:59donc j'avais besoin d'être plus mince
40:01ça me mincit
40:03et puis je crois que la vraie raison en fait
40:05elle m'est venue aussi dans ce bouquin
40:07parce qu'à un moment dans le livre je demande à un prêtre
40:09et c'est Don Patio qui arrive
40:11c'est pas un vrai curé c'est Don Patio
40:13il veut que je chante Panzani des pattes des pattes
40:15je le vire quand même
40:17j'ai pas demandé des funérailles nationales
40:19mais je vais quand même pas chanter Panzani
40:21avant de mourir
40:23et donc cette idée des personnages de pub
40:25c'est à dire
40:27le géant vert, le cow-boy Marlboro
40:29Don Patio
40:31des gens qui sont toujours les mêmes
40:33qui sont des espèces d'archétypes
40:35un peu comme Karl Lagerfeld
40:37Karl Lagerfeld il savait jamais comment s'habiller
40:39parce qu'il était gras, il avait son éventail
40:41parce qu'il transpirait
40:43et puis un jour il a décidé de mincir
40:45et il a fait cette silhouette
40:47noire avec juste 4 gants
40:49très mince
40:51donc voilà c'était l'idée de créer
40:53un personnage
40:55en même temps vous expliquez dans ce livre que vous invitez et viennent
40:57alors ils sont pas obligés de venir
40:59certains après se plaignent mais ils avaient qu'à pas venir
41:01bah là j'ai eu droit à beaucoup de plaintes je sais pas pourquoi
41:03parce que moi j'ai aucune affaire Me Too
41:05sur le dos donc c'est vraiment pour me faire chier
41:07parce que moi j'ai jamais eu de problème Me Too
41:09mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de jeunes actrices
41:11de jeunes chanteuses de l'époque
41:13qui disent oui nous sexualiser
41:15etc
41:17je dis les questions que je vous posais
41:19je les posais aussi à Michel Rocard
41:21parce que si c'est trompé je l'ai pas demandé à une actrice
41:23je l'ai demandé à un premier ministre
41:25donc elle savait où elle mettait les pieds
41:27et puis pour la plupart elle revenait
41:29Christine Angot
41:31qui a fait un scandale quand Macron m'a donné la Légion d'honneur
41:33elle a fait une pétition dans Libération pour dire
41:35c'est comme si Macron lui avait donné une gifle
41:37et en fait elle est venue en 1999
41:39en expliquant à tout le monde
41:41que j'étais un mec infréquentable
41:43elle était là l'année d'après
41:45la Légion d'honneur justement
41:47vous avez hésité avant de l'accepter
41:49oui parce que je... non je vais vous dire la vérité
41:51quand on me parlait de Légion d'honneur
41:53je disais oh non on parlait de Légion d'honneur
41:55chez la, là
41:57et le jour
41:59le jour où j'ai eu la Légion d'honneur
42:01il y avait chez la à côté de moi
42:03c'est pas du tout
42:05parce que c'est un truc c'est vraiment Légion d'honneur
42:07et puis après bon j'ai dit ça quand même
42:09moi je suis monarchiste
42:11donc la République qui me récompensait je trouve ça
42:13puis après je me suis dit ça a été inventé par un empereur
42:15donc après tout pourquoi pas
42:17et en fait j'étais très content
42:19parce qu'il faut dire la vérité
42:21voilà c'est... on peut pas dire quel con
42:23c'est récompensant
42:25j'avais refusé deux fois
42:27puis là j'ai accepté et puis Macron
42:29on peut dire ce qu'on veut de lui
42:31c'est un discours incroyable
42:33mais très bien écrit
42:35beaucoup d'humour à un moment il dit
42:37le succès c'est parfois aussi de se tromper
42:39tout était à double sens comme ça
42:41c'était formidable
42:43moi je me souviens d'une scène où Michel Audiard
42:45anarchiste total avait accepté Légion d'honneur
42:47et Jean Carmel l'insultait en disant
42:49tu n'as pas accepté cette rosette
42:51c'est le symbole
42:53qu'on est rentré dans le rang quoi
42:55et puis dans ce livre il y a des passages émouvants
42:57notamment sur la drogue car vous ne vous en cachez pas
42:59est-ce que vous pouvez nous expliquer
43:01les raisons qui vous ont poussé pendant des années
43:03à être drogué
43:05c'est à dire que si vous voulez
43:07quand vous prenez de l'héroïne par exemple
43:09chose que vous n'avez j'espère pour vous jamais fait
43:11moi je bois de l'eau
43:13et c'est vrai que au début
43:15vous vous dites mais c'est extraordinaire
43:17j'ai plus envie de manger
43:19j'ai plus envie de voyager
43:21j'ai plus envie de baiser
43:23j'ai trouvé le bonheur en poudre
43:25donc vous en prenez évidemment
43:27la plupart pour être bien
43:29après on en prend juste pour ne pas être mal
43:31et que pour être dans l'état où je suis aujourd'hui
43:33à une époque je prenais de la drogue
43:35mais ça ne me faisait plus rien
43:37donc j'ai décidé d'arrêter
43:39mais tous les gens avec qui j'en prenais
43:41la moitié sont morts du sida
43:43et l'autre moitié d'overdose
43:45c'était très très dangereux
43:47mais on ne se rendait pas compte
43:49parce qu'on était la première génération
43:51à avoir la drogue en menthe libre
43:53je crois que c'était vraiment maintenant
43:55l'héroïne s'était réservée au jasmin noir
43:57dans les bas-fonds de Harlem
43:59ce n'était pas un truc qu'on trouvait partout
44:01et puis vous évoquez
44:03ceux qui sont très importants
44:05à vos oreilles, les Beatles
44:07car pour vous c'est presque l'essentiel
44:09c'est bien que vous disiez ça
44:11parce qu'ils ont changé ma vie
44:13d'abord
44:15quand ils se mariaient, je me mariais
44:17quand ils divorçaient, je divorçais
44:19quand ils allaient en Inde, j'allais en Inde
44:21quand ils prenaient de la drogue, je prenais de la drogue
44:23les Beatles c'est que
44:25il y a ceux qui ont eu la chance
44:27comme moi
44:29d'assister à la révolution
44:31c'est à dire qu'au début ils faisaient du rock traditionnel
44:33après ils rencontrent George Martin
44:35et ils mettent
44:37les instruments européens
44:39la flûte, le clavecin
44:41tout ça
44:43après George Harrison va en Inde
44:45il revient avec la musique indienne
44:47donc les Beatles c'est une fusion
44:49et une créativité
44:51il n'y a personne qui a écrit autant de bonnes chansons
44:53jamais
44:55et puis vous allez à Londres alors que vous n'avez pas un sou
44:57pour assister à l'avant première
44:59d'un film télé qui était Magical Mystery
45:01oui qui est un film pourri en plus
45:03et je vais à Londres pour le voir
45:05être le premier à le voir sur un poste de télé
45:07dans une chambre
45:09où il fallait mettre du pognon dans le compteur
45:11sinon on n'avait pas d'électricité
45:13puis Londres à l'époque
45:15et donc
45:17ça c'est vrai
45:19c'est vrai
45:21c'est vrai
45:23c'est vrai
45:25c'est vrai
45:27c'est vrai
45:29c'est vrai
45:31c'est vrai
45:33c'est vrai
45:35c'est vrai
45:37c'est vrai
45:39c'est vrai
45:41c'est vrai
45:43c'est vrai
45:45c'est vrai
45:47c'est vrai
45:49c'est vrai
45:51c'est vrai
45:53c'est vrai
45:55c'est vrai
45:57c'est vrai
45:59c'est vrai
46:01c'est vrai
46:03c'est vrai
46:05c'est vrai
46:07c'est vrai
46:09c'est vrai
46:11c'est vrai
46:13c'est vrai
46:15c'est vrai
46:17c'est vrai
46:19c'est vrai
46:21c'est vrai
46:23c'est vrai
46:25c'est vrai
46:27c'est vrai
46:29c'est vrai
46:31c'est vrai
46:33c'est vrai
46:35c'est vrai
46:37c'est vrai
46:39c'est vrai
46:41c'est vrai
46:43c'est vrai
46:45c'est vrai
46:47c'est vrai
46:49c'est vrai
46:51c'est vrai
46:53c'est vrai
46:55c'est vrai
46:57c'est vrai
46:59c'est vrai
47:01c'est vrai
47:03c'est vrai
47:05c'est vrai
47:07c'est vrai
47:09c'est vrai
47:11c'est vrai
47:13c'est vrai
47:15c'est vrai
47:17c'est vrai
47:19c'est vrai
47:21c'est vrai
47:23c'est vrai
47:25c'est vrai
47:27c'est vrai
47:29c'est vrai
47:31c'est vrai
47:33c'est vrai
47:35c'est vrai
47:37c'est vrai
47:39c'est vrai
47:41c'est vrai
47:43c'est vrai
47:45c'est vrai
47:47c'est vrai
47:49c'est vrai
47:51c'est vrai
47:53c'est vrai
47:55c'est vrai
47:57c'est vrai
47:59c'est vrai
48:01c'est vrai
48:03c'est vrai
48:05c'est vrai
48:07c'est vrai
48:09c'est vrai
48:11c'est vrai
48:13c'est vrai
48:15c'est vrai
48:17c'est vrai
48:19c'est vrai
48:21c'est vrai
48:23c'est vrai
48:25c'est vrai
48:27c'est vrai
48:29c'est vrai
48:31c'est vrai
48:33c'est vrai
48:35c'est vrai
48:37c'est vrai
48:39c'est vrai
48:41c'est vrai
48:43c'est vrai
48:45c'est vrai
48:47c'est vrai
48:49c'est vrai
48:51c'est vrai
48:53c'est vrai
48:55c'est vrai
48:57c'est vrai
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