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  • 03/06/2025
Les clefs d'une vie Viktor Lazlo

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-06-03##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celle de mon invité, chanteuse, comédienne et romancière.
00:07Vous avez construit une carrière et en parallèle, vous avez démontré que vous étiez une femme de cœur,
00:13parfois en en brisant quelques-uns.
00:15Vous le racontez dans un livre que nous allons avoir la veine justement d'évoquer aujourd'hui.
00:19Bonjour Victor Laszlo.
00:20Bonjour Jacques Pessis.
00:22Alors, Mon cœur bruyant, c'est votre nouveau livre qui n'est pas un roman, c'est chez Grasset,
00:26qui est vraiment votre vie, c'est assez étonnant, on va en parler tout à l'heure.
00:29Mais le principe des clés d'une vie, c'est d'évoquer votre parcours à travers des dates clés.
00:34Et la première que j'ai trouvée, alors j'ai eu une citation, mais c'est de votre faute,
00:37car c'est le 25 ou le 27 octobre 1955, vous n'avez jamais su quel est le jour où vos parents se seront rencontrés.
00:46Cela dit, ça n'a pas grande importance à deux jours près,
00:50mais aucun des deux n'a la même interprétation de cette rencontre.
00:55C'est à Fort-de-France, je crois.
00:56C'était dans le port de Fort-de-France.
00:58C'est-à-dire qu'en fait, je crois que votre mère Marjorie était venue porter un disque de Trinidad à votre père.
01:05Alors qu'elle était en transit pour la Grande-Bretagne.
01:10Exactement.
01:11Pour suivre sa vie, son parcours personnel.
01:14Elle venait de Grenade, je crois.
01:16L'île de Grenade, dont la spécialité serait les muscades et le cacao.
01:19Le cacao de Grenade est très prisé aujourd'hui.
01:22Très prisé, c'est surtout la...
01:24Enfin, toutes les épices, Grenade s'appelle Spice Island.
01:27Voilà. Et il y a un champion automobile dont le père est originaire de Grenade, qui est Lewis Hamilton.
01:31Lewis Hamilton, oui.
01:33Alors il se trouve que finalement, ce disque a tout changé, parce que votre père, je crois, était marin à l'époque.
01:41Non, non, il n'était pas encore marin. Il venait de passer son bac.
01:44Oui.
01:44Il envisageait de faire carrière dans l'aéronaval.
01:51Mais je pense que c'est même un an après qu'il a décidé de partir.
01:55Mais non, non, mon père était un jeune martiniquais qui avait énormément de succès.
01:59Il avait d'ailleurs une petite amie, une fiancée à l'époque, qui l'a rapidement laissé tomber.
02:05Oui, car c'était un véritable coup de foudre.
02:07Oui.
02:07Et ça a duré des mois. D'ailleurs, ils se sont écrits pendant des mois, vous le dites, dans votre livre.
02:11Plus d'un an.
02:11Plus d'un an, oui, oui.
02:13Et je crois que vous êtes... Ils avaient déjà une fille, Janine, quand vous êtes née.
02:18Mais vous dites dans votre livre, Victor Laszlo, que votre père vous a reconnue dans la pouponnière au milieu de dix bébés.
02:23Oui, c'est exact. C'est lui qui m'a raconté ça.
02:26Il n'a pas eu cette chance avec ma sœur, puisqu'elle est née en Martinique, alors que lui était toujours à l'Anne-Bioué, en Bretagne.
02:33Et moi, je suis née en Bretagne, donc il était là au seuil de mon existence.
02:38Oui, je crois que c'était l'hôpital militaire de Lorient.
02:40Oui, c'est exact.
02:41Parce qu'il était à l'époque en formation à Lorient.
02:44À l'Anne-Bioué, justement.
02:45Exactement. Et il y a d'ailleurs, je crois, à Lorient, une école de formation des commandos marins, qui est juste là.
02:52Et il y a une spécialité qui est née à Lorient, on ne le sait pas, le gâteau breton.
02:56C'est le gâteau lorienté au départ.
02:58J'ai déjà entendu parler de ça, mais je crois que je ne vais jamais l'avoir goûté.
03:01Alors, vos parents, au départ, n'ont pas beaucoup d'argent, mais ils ne le montrent pas, Victor Laszlo.
03:08Ce n'est pas qu'ils ne le montrent pas, je pense qu'ils ont en eux, et c'est très commun dans la Caraïbe, une espèce d'élégance innée.
03:16Et une assurance, un port, une fierté innée.
03:23Et on ne le voit pas sur eux, effectivement.
03:26Et donc, effectivement, votre père, au départ, sa passion, c'était l'électronique ?
03:31Oui, depuis tout petit.
03:33C'est un garçon qui était très doué pour l'électronique.
03:37Je le raconte dans le livre, il avait monté une radio tout seul.
03:42Il était vraiment doué, et donc il s'est dit, comme sa mère n'avait pas les moyens de lui payer des études d'électronique,
03:49il s'est dit, je vais faire l'armée, j'aime les avions, j'aime les bateaux,
03:53je ferai mon cursus d'électronicien dans l'armée, et je pourrai grimper les échelons.
04:00Et il a fait, je crois, l'école de pilotage électronique des aiguilleurs du ciel des armées.
04:04Ce n'était pas facile d'entrer là-dedans ?
04:07Non, mais vous voyez comment ça s'est terminé.
04:09Je crois aussi, il y a une photo qui existe sur une plage, quand vous êtes toute petite,
04:14où il porte une cravate mais pas de chaussures.
04:16Une cravate mais pas de chaussures ?
04:18C'est une vieille photo que j'ai revue sur internet par hasard.
04:20Ah bon ?
04:21Il a dû apprendre à porter des chaussures pratiquement.
04:23Mais pas du tout, non, non, non, c'est ce que ses collègues lui demandaient.
04:28Depuis quand tu portes des chaussures, depuis quand tu parles français,
04:31alors qu'il est arrivé second de sa promotion, il était plus instruit que tous ces péquenots
04:37qui passaient les concours avec lui.
04:41Simplement, un beau jour, son capitaine lui a dit
04:44« Mais Guy, est-ce que vous avez déjà vu un officier de pont noir ? »
04:53Ça n'existait pas dans l'aéronaval.
04:55Il y en avait dans l'armée de terre, mais pas dans l'aéronaval.
04:59Il a donc été un pionnier dans ce domaine-là ?
05:02Non, parce qu'il n'est jamais devenu officier de pont, il a arrêté justement à cause de ça.
05:06Oui, et je crois qu'il a été repéré par la Commission européenne,
05:08ce qui vous a valu, Victor Laszlo, de grandir à Bruxelles.
05:11C'est exact.
05:13Donc, après sa mésaventure bretonne, nous sommes venus à Paris.
05:18Et là, tout en travaillant, il a entrepris des cours d'électronique
05:24pour poursuivre sa formation, obtenir son diplôme.
05:27Il travaillait la journée, il étudiait le soir.
05:30Et ça a été une période très, très difficile,
05:34puisque, encore une fois, très démuni.
05:36Mes parents étaient vraiment très démunis.
05:39Et puis, il a réussi brillamment.
05:42Et là, il a été repéré.
05:44Et il s'est retrouvé à Bruxelles pour travailler, je crois,
05:46au développement des réacteurs nucléaires,
05:48ce qui était tout à fait nouveau à l'époque.
05:49Oui, ce n'était pas à Bruxelles au début.
05:51C'était dans un village nommé Molle,
05:55où il y avait installé une communauté européenne
05:59autour de ces deux réacteurs nucléaires, BR1 et BR2.
06:03Il y avait une école européenne, des sites avec des familles qui y vivaient.
06:09Et donc, j'ai vécu dans ce microcosme,
06:10entouré d'Allemands, d'Italiens, de Hollandais,
06:13pas encore d'Anglais à l'époque.
06:15Enfin, c'était la petite Europe des six.
06:17En fait, c'était le premier réacteur nucléaire de recherche
06:20qui a été construit en 1962,
06:22qui s'est arrêté en 1987
06:24et était actuellement en phase de démantèlement nucléaire.
06:27Eh bien, vous me l'apprenez.
06:29Et moi, je me baignais.
06:30Ma sœur et moi, nous baignons dans la lagune qui jouxtait,
06:34à la lagune de...
06:37Comment on appelle ça ?
06:39Le bassin de...
06:40Le bassin de...
06:41De décharge, non ?
06:42Pas de décharge, mais qui refroidit le réacteur.
06:45Le bassin de refroidissement du réacteur,
06:47juste à côté,
06:48il y avait un autre grand bassin,
06:50on appelait ça la plage,
06:51et on passait...
06:52Dès qu'il faisait beau, on allait nager là.
06:55Voilà.
06:56Avec le côté nucléaire à côté.
06:57Bah oui, je dois être chargé,
06:59mais à...
06:59À tel point que je ne risque plus rien
07:03face à l'attaque nucléaire.
07:05Le problème, c'est que c'était la Belgique néerlandaise
07:08et vous ne parliez pas la langue, Victor Laszlo.
07:10Ma mère ne parlait pas la langue.
07:14Moi, je parlais charabia d'enfant.
07:17Non, non, ma mère ne parlait pas la langue.
07:19Mon père l'a appris très vite.
07:21Appris très vite le flamand
07:22et moi, je l'ai appris également très très tôt.
07:26Je l'ai appris même pas à l'école européenne,
07:28je l'ai appris à l'hôpital.
07:30J'ai été opérée de l'appendicite, j'avais 11 ans.
07:32Et dans la chambre qui jouxtait la mienne,
07:35il y avait un jeune homme très sympathique
07:37que j'aimais beaucoup et qui était flamand.
07:38Alors, on a commencé à parler flamand
07:40et c'est comme ça que j'ai appris.
07:41Et vous avez aussi appris le violon.
07:43Et ça, votre père, au départ, en était très fiers.
07:45Oui.
07:46À 6 ans, je crois que vous avez commencé.
07:47Oui, il me rêvait au concours Anne-Elisabeth.
07:49Il était lui-même dans le regret du violon
07:53qu'il a possédé à une époque,
07:57quand il était très jeune
07:58et que son frère avait vendu pour un sac de billes.
08:01Et ça, vous avez fait ça pendant quelques années
08:03et puis ça s'est arrêté ?
08:05J'ai fait ça.
08:07Enfin, j'ai étudié le violon pendant plus de 10 ans.
08:10Oui, au seuil du conservatoire.
08:12Je me suis arrêtée.
08:13Je jouais quand même des pièces déjà importantes.
08:17Et puis, vous avez fait vos débuts sur scène,
08:18je crois, à l'école,
08:20en jouant le rôle d'une jeune noire dans une école blanche.
08:24Absolument.
08:25Je n'ai jamais retrouvé de traces de ça sur Internet.
08:27C'est une comédie musicale qui s'appelait Evelyn France.
08:30Et je jouais le rôle de la...
08:32À l'époque, j'étais la seule fille de couleur avec ma sœur.
08:35Nous étions les seules filles racisées, on va dire, dans cette école.
08:39L'année d'après, deux jeunes Africaines sont arrivées.
08:41Mais voilà, on était quatre en tout
08:43et on l'a été jusqu'à la fin de ma scolarité.
08:45Et vous avez été aussi la seule noire sur les podiums
08:48quand vous êtes devenue mannequin.
08:50Presque.
08:52Presque.
08:53Il y en avait une autre,
08:56très différente de moi.
08:58C'est pour ça que je pensais que
09:00le jour où Chantal Thomas est venue me chercher,
09:05je pensais que ce n'était pas moi qu'elle cherchait,
09:06mais ma copine,
09:07puisque celle-ci mesurait 10 cm de plus que moi,
09:11était fine comme une liane,
09:12alors que moi, j'ai toujours été normale, on va dire.
09:16Et ensuite, Chantal Thomas vous a repérée,
09:18vous êtes devenue mannequin
09:18et vous êtes devenue aussi l'égérie de Thierry Mugler.
09:22Je ne suis pas devenue...
09:23Enfin, je suis devenue une égérie de Thierry Mugler,
09:25mais je n'ai jamais été mannequin pour Thierry Mugler.
09:28Thierry a découvert une photo de moi.
09:30J'avais emprunté une robe de Thierry Mugler
09:32dans une boutique
09:33pour la photo de mon premier ou mon deuxième album.
09:39Et c'est sur cette photo qu'il est tombé.
09:41Il s'est dit,
09:42ah, voilà une femme qui porte mes vêtements,
09:44qui est chanteuse, j'aime beaucoup sa silhouette.
09:46Donc, c'est comme ça que je suis devenue son égérie.
09:48Et alors, ce qui est étonnant,
09:49c'est que vous avez un point commun avec lui.
09:51Il avait un vrai prénom, Manfred.
09:53Il a refusé de le dire pendant des années
09:55et il a changé d'identité, comme vous, grâce à ce film.
10:04Casablanca qui a changé votre vie
10:05parce que Victor Laszlo, ce n'est pas du tout votre vrai nom.
10:08Bien sûr.
10:11Vous appelez...
10:13Sonia.
10:14Sonia.
10:14Sonia.
10:15Et finalement, c'est en voyant ce film par hasard un soir
10:17que vous avez décidé de choisir ce pseudonyme.
10:19Oui, j'étais avec mon producteur
10:21et on se cassait la tête pour trouver un pseudonyme.
10:25Et je me suis dit, pourquoi pas ?
10:27C'est tellement étrange.
10:29Ça me paraissait vraiment venu d'une autre planète,
10:32ce patronyme.
10:34Et puis, je trouvais très amusant l'idée qu'il soit masculin.
10:38Voilà.
10:38Et oui, en plus, c'était un C au départ.
10:41C'est Victor Laszlo, pas avec un C.
10:42Oui, alors ça, c'est une erreur.
10:44Je crois qu'on a...
10:45Je ne sais pas qui a fait l'erreur,
10:47mais enfin, voilà, c'est comme ça.
10:48Et ce qu'on ne sait pas,
10:49c'est que ce film, au départ,
10:50les interprètes devaient être Ronald Reagan,
10:52qui devait jouer le rôle principal,
10:53et Michelle Morgan.
10:54Ah, ça, je l'ignorais.
10:55Elle devait le jouer,
10:56mais finalement,
10:57ses tarifs étaient supérieurs à ceux d'Igrine Berman
10:59et c'est pour ça qu'elle n'a pas joué ce film.
11:01C'est ça.
11:02Et c'est vrai que ce personnage a changé...
11:04Tout ça a changé votre vie.
11:07Oui, c'est un...
11:08C'est un faisceau de circonstances
11:11qui ont changé ma vie à cette époque-là, oui.
11:14Et ça a continué.
11:15Et il y a une autre date que j'ai repérée
11:16dans votre parcours aussi.
11:18C'est le 1er février 1986.
11:20A tout de suite sur Sud Radio,
11:22avec Victor Laszlo.
11:23Sud Radio, les clés d'une vie.
11:25Jacques Pessis.
11:26Sud Radio, les clés d'une vie.
11:27Mon invité, Victor Laszlo.
11:29Nous parlerons tout à l'heure,
11:30mais on en parle en filigrane
11:31parce qu'il y a beaucoup de choses
11:32qu'on évoque dans ce parcours.
11:34De votre nouveau livre,
11:35Mon cœur bruyant, chez Grasset,
11:37qui sont vos mémoires,
11:39voire très personnelles.
11:41Et puis, il y a ces dates clés d'une vie.
11:441er février 1986.
11:46D'après les archives,
11:47c'est votre première télé.
11:49C'est une émission régionale
11:50qui s'appelle Azimuth,
11:51présentée par Jean-François Bataille.
11:53Et vous chantez cette chanson.
11:57Et ne plus changer l'eau des fleurs.
12:01Cano et Rose.
12:02Ça n'est pas ma première émission.
12:04En tout cas, c'est la première émission
12:05qu'il y a dans les archives
12:06à la télévision aujourd'hui.
12:08Française.
12:08Française.
12:09D'accord.
12:09Voilà.
12:10Et c'est une chanson
12:11qui a été écrite par Boris Bergman
12:13au départ
12:13et qui est une chanson
12:14qui a changé votre vie.
12:16Oui, la chanson a changé...
12:18a changé ma vie.
12:21Disons qu'avant ça,
12:22j'étais en Belgique
12:23et cette chanson
12:24m'a fait passer la frontière.
12:26Et cette chanson, je crois,
12:27est devenue une sorte
12:28d'hymne dans les enterrements.
12:30À l'époque,
12:32vous vous souvenez du magazine
12:33L'événement du jeudi ?
12:36Ils avaient fait un papier
12:37sur les chansons d'enterrement
12:38et j'étais numéro 1.
12:40Voilà.
12:40Parce qu'au départ,
12:41c'était l'histoire
12:41d'un amour fini, cette chanson.
12:43Oui.
12:44C'était un texte
12:44que j'avais écrit en anglais
12:45que j'ai dit à Boris
12:47et Boris a écrit le texte français.
12:50Oui.
12:50Vous n'avez pas déclaré
12:51le texte en anglais ?
12:52Non, parce que j'étais naïve,
12:54idiote et voilà.
12:56Ce qui compte,
12:57c'est que cette chanson existe,
12:58elle a été un succès.
12:59Et c'est à partir de cette chanson
13:01que vous avez abandonné,
13:03Victor Laszlo,
13:03votre métier de mannequin ?
13:05Non, bien avant.
13:06Bien avant.
13:07Je l'ai abandonné très tôt.
13:08Je suis restée 18 mois mannequin.
13:10J'ai détesté cette période
13:12et à la seconde
13:13où je me suis rendu compte
13:13que j'avais une vraie possibilité
13:15de devenir chanteuse,
13:18j'ai arrêté d'être mannequin.
13:19Et la chanson,
13:20ça a commencé
13:21avec le générique d'un film.
13:23Une balade,
13:37une balade d'un film
13:38de Jean-Pierre Mocky.
13:39Il est un film
13:40qui raconte l'histoire
13:40d'un arbitre poursuivi
13:42par une bande de supporters
13:43de l'équipe perdante.
13:45Et d'ailleurs,
13:46il y a une chanson
13:47d'Alain Chanfort
13:48qu'on entend
13:48qui est Rendez-vous
13:50dans ce film.
13:51Et tout a commencé
13:52justement par un appel
13:53d'Alain Chanfort.
13:54Exactement.
13:55On s'était rencontrés
13:56lors d'une émission
13:57de télévision au Luxembourg.
13:59Et quelques mois après,
14:00j'ai reçu cet appel.
14:02Est-ce que tu parles anglais ?
14:05Est-ce que ça t'intéresse
14:06de chanter
14:06sur une mélodie
14:09que j'ai écrite
14:09pour le film
14:10« A mort l'arbitre »
14:11de Jean-Pierre Mocky ?
14:12Oui, oui, oui, bien sûr.
14:14J'ai filé à Paris.
14:15Une, deux, trois
14:15s'était fait très rapidement.
14:16Et j'ai été signée
14:19tout de suite
14:20chez...
14:21Comment s'appelait
14:22cette maison ?
14:23C'est une énorme...
14:24CBS, non ?
14:25Oui, c'était CBS.
14:26Exact.
14:26Alors, Victor Lasso,
14:27la chanson,
14:28ça a commencé,
14:29je crois, à Bruxelles
14:30dans des bars
14:31un petit peu louches.
14:32Interlope.
14:33Alors non,
14:34il n'était pas louches.
14:35Le tout premier
14:36était une boîte de nuit.
14:40C'était une boîte de nuit
14:41dans laquelle
14:41tous les mercredis soirs,
14:42il y avait un orchestre
14:43et des chanteurs
14:46professionnels ou non.
14:49Mais c'était
14:50une boîte de nuit
14:51un petit peu
14:51pour des gens
14:53qui passaient
14:54leur vie à boire.
14:55Ce n'était pas terrible
14:57comme fréquentation.
14:58Mais c'est là
14:59que j'ai fait
14:59mes premières armes
15:00publiques
15:01en chantant
15:02des titres
15:03de Barbra Streisand,
15:05ce qui fut vraiment
15:05une très bonne école.
15:08Et vous aviez envie
15:08de chanter ?
15:09C'est venu comme ça ?
15:10Non, j'ai toujours eu
15:11envie de chanter.
15:12Vous savez,
15:13dans un groupe,
15:14il y a toujours
15:14celle qui chante,
15:15celui qui joue
15:15de la guitare,
15:16celui qui tape
15:18sur des percussions.
15:21Et moi,
15:22j'étais celle
15:22qui chantait.
15:23J'ai toujours eu ça
15:24en moi.
15:25Et c'est là
15:25que vous avez été repérée
15:26ensuite dans les bars
15:27par un producteur ?
15:28C'est là
15:29que j'ai été repérée.
15:31Dans d'autres bars ?
15:32Non, ce n'est pas un bar.
15:33C'était encore une fois
15:34une énorme boîte de nuit
15:35qui était sans doute
15:37l'endroit le plus couru
15:38de la capitale
15:39à l'époque.
15:40À Bruxelles ?
15:40À Bruxelles, oui.
15:41Et c'est là
15:44que j'ai été repérée
15:45par ce producteur
15:46qui, à vrai dire,
15:49ne m'avait jamais
15:49entendu chanter.
15:51Il s'est juste dit
15:53« Oh, les cagules
15:53qu'elle a,
15:54elle doit savoir chanter. »
15:55Carrément.
15:56Je suppose.
15:57L'Ou de Frègue
15:58était quelqu'un
15:59qui avait le nez creux.
15:59Oui.
16:00Vraiment.
16:01Et il a tout de suite
16:01compris qu'il y avait
16:02quelque chose avec vous.
16:03Il y avait un fil
16:04à tirer, oui.
16:05Et c'est vrai
16:06que ça vous a surpris.
16:07En même temps,
16:08vous aviez envie.
16:08C'était l'occasion
16:09de ne pas rater.
16:10En fait,
16:10vous savez ce qui s'est passé ?
16:11C'est que j'aimais
16:12le regard des gens
16:14quand je chantais.
16:16J'aimais voir le bonheur
16:17que ça procurait aux gens.
16:18Je n'ai jamais été persuadée
16:19d'être une grande chanteuse,
16:21d'avoir une grande voix,
16:22même une belle voix.
16:24Mais voir que ça rendait
16:27les gens heureux,
16:28ça m'a donné envie
16:29de poursuivre cette voix.
16:30De fil en aiguille,
16:31je m'y suis faite.
16:32Il y a aussi une chanson
16:34qui n'est jamais sortie
16:35qui était un rap au départ.
16:37Oui, on a même tourné
16:38un clip.
16:39C'était complètement ridicule.
16:42Quand je vais au marché,
16:43je prends mon bag.
16:44Et c'est pas jamais sorti,
16:45ça s'est totalement disparu,
16:46Victor Lassau.
16:47Oui, je pense qu'on n'en trouve
16:48même pas la trace
16:49sur la toile.
16:50Alors, il y a eu
16:51les bars à Bruxelles,
16:53mais il y a aussi
16:53les bars à Paris.
16:54Et notamment,
16:55il y a le vin des Halles
16:55qui était très fréquenté
16:56à l'époque
16:57par les débutants.
16:58C'est un restaurant.
17:00Je n'ai pas jamais
17:00fréquenté les bars.
17:01C'était une boîte de nuit
17:02des restos.
17:03À l'époque,
17:03il y avait beaucoup de bars
17:04dans les Halles.
17:06Mourousi, d'ailleurs,
17:07Yves Mourousi en dirigeait un
17:08et l'animait tous les soirs.
17:09Et donc, ce restaurant,
17:11le vin des Halles,
17:11vous étiez aussi
17:12avec d'autres débutants.
17:13Mais oui !
17:14Oui, et il n'y a pas
17:15très longtemps,
17:16Florent Pannier a écrit
17:18une biographie.
17:20Je suis tombée un jour
17:22sur un extrait
17:23d'une interview
17:23où il parlait du vin des Halles.
17:26Et lui, il ne s'est pas
17:27souvenu de moi
17:27alors que moi,
17:28je me souviens de lui.
17:29Oui, il débutait lui aussi.
17:30Bruel aussi qui débutait.
17:31Bruel, il débutait.
17:33Il y avait donc Bruel,
17:34il y avait Alain Lantille,
17:34pianiste,
17:36danseur.
17:37Vous arriviez comment ?
17:38Vous étiez arrivée comment
17:39dans ce restaurant ?
17:40Mais à l'époque,
17:41j'étais encore mannequin
17:42et je travaillais
17:45pour une marque
17:48installée à Paris.
17:50Je venais de temps en temps
17:51faire des défilés
17:53de cabine,
17:55ce qu'on appelle
17:55des défilés de cabine
17:56pour des clients.
17:57et évidemment,
17:59le soir,
17:59nous sortions.
18:02C'est comme ça
18:03que vous avez débuté.
18:04Mais Bruel,
18:05moi je me souviens
18:05de ses débuts,
18:06il jouait au théâtre aussi
18:07en même temps
18:08une pièce de Maria Pacome
18:09et il croyait en lui
18:11mais personne ne l'écoutait.
18:13Personne ne voulait
18:13de ses chansons.
18:14Il a fallu que ça démarre
18:15ensuite un peu par hasard
18:17avec Casser la voix
18:18et c'est devenu
18:19un phénomène
18:19qui l'a même
18:20totalement dépassé
18:21au départ.
18:21Complètement.
18:23Vous avez été aussi
18:24choriste, je crois.
18:24Florent Pagny aussi
18:27était comédien
18:28avant d'être chanteur.
18:29Bien sûr,
18:30il a joué
18:30un très bon acteur
18:32et il a été repéré
18:33par Gérard Louvain
18:35et c'est devenu
18:35un chanteur.
18:36Et il a montré
18:37aussi qu'il avait
18:38tous les talents
18:39et il continue
18:39à les avoir.
18:40Vous avez aussi,
18:41je crois,
18:41Victor Laszlo,
18:42été choriste,
18:43les Hollywood Bananas.
18:45Non mais c'était
18:46bien avant,
18:46c'était juste
18:47l'époque
18:47où Alain Chanfort
18:51m'a repéré
18:52sur ce train
18:53des jouets.
18:54J'ai participé
18:55à l'enregistrement
18:55d'un disque
18:56avec Lou De Prec
18:57et son groupe
18:58les Hollywood Bananas
18:59en lui faisant jurer
19:00que je n'en serais
19:01jamais une.
19:02Voilà.
19:03L'idée
19:03de me vêtir
19:06d'une queue de lapin
19:08avec des oreilles
19:09de lapin
19:10et de mettre
19:10mes nichons
19:11en pâture
19:12comme ça
19:13ne m'intéressait pas
19:13du tout.
19:15Je trouvais
19:15ces jeunes femmes
19:17charmantes
19:18mais parfaitement
19:19ridicules.
19:20Je trouvais
19:20que c'était
19:20une image
19:21totalement dégradante
19:22de la femme
19:22et je ne voulais
19:24pas en être.
19:25Donc,
19:25on m'a placée
19:26de l'autre côté
19:27de la scène
19:27où j'étais habillée
19:29normalement
19:30et je chantais
19:31les chœurs
19:32de cette première chanson.
19:34Mais c'est arrivé
19:34une fois.
19:35Et puis,
19:36il y a eu quand même
19:36un beau cadeau
19:37d'anniversaire
19:37avec cette chanson.
19:39Tu peux me pleurer
19:41des rivières
19:43Pleurer des rivières
19:46Au départ,
19:48c'est une chanson
19:48d'un film
19:49La Blonde et Bois
19:49je crois
19:50en 1955
19:50que vous avez entendue
19:52et eu envie de chanter.
19:54J'ai vu le film
19:54je trouvais
19:55qu'en plus
19:55c'était le premier clip
19:57de l'histoire
19:58des clips vidéo
19:59puisque dans le film
20:00l'homme rentre chez lui
20:01complètement ivre
20:02il met le disque
20:03et il voit
20:05la chanteuse
20:06apparaître partout
20:06il ouvre le frigo
20:07elle est dans le frigo
20:08donc j'adorais
20:09et la chanson
20:10et ce qu'elle véhiculait
20:11comme image
20:12et oui
20:13j'ai dû en faire part
20:15à mon producteur
20:16qui m'a offert
20:17l'enregistrement
20:18pour mon anniversaire
20:19et m'a permis
20:19de le chanter.
20:20Et ça a été
20:21un immense succès
20:21ça vous a même
20:22entraîné au printemps
20:23de Bourges
20:24Je ne sais plus
20:25si c'est ça
20:26qui m'a entraîné
20:26au printemps de Bourges
20:27en tout cas
20:27Pleurer des rivières
20:29et Cano et Rose
20:29ont été
20:30les deux premiers tubes
20:32je ne sais plus
20:33les dates
20:34c'est 84-87
20:3585-87
20:37si vous le dites
20:38ça doit être ça
20:39mais effectivement
20:41c'est grâce à ça
20:42que j'ai été connue
20:42en France.
20:43Oui et le printemps
20:44de Bourges
20:44c'est là où vous avez
20:45rencontré Serge Gainsbourg
20:46et vous avez connu
20:47Gainsbourg à Bourges
20:48et Gainsbourg
20:49chez lui
20:49rue de Verneuil
20:50Absolument
20:51car c'était deux personnes
20:53totalement différentes
20:54Oui en même temps
20:55moi le Gainsbourg
20:56de Bourges
20:57il m'a bien fait marrer
20:58j'étais très contente
21:00mais je m'en fichais
21:02comme vraiment
21:03d'une guigne
21:04d'être filmée
21:05en short
21:05pieds nus
21:06avec des lunettes
21:06je n'ai jamais été
21:08aussi glamour
21:09qu'on voulait bien
21:10dire de moi
21:12que je l'étais
21:13c'était surtout
21:13un fantasme
21:15de mon producteur
21:16que je m'activais
21:18à démanteler
21:20dès que je pouvais
21:21donc ça m'a
21:22beaucoup amusé
21:23cet épisode
21:25avec Serge
21:25Oui car il filmait
21:26le printemps de Bourges
21:27il en avait même fait
21:28un documentaire
21:28à la télévision
21:29ça c'était la partie
21:31chanteuse
21:32et puis il y a
21:33une autre partie
21:34importante dans votre vie
21:35et il y a une date
21:36aussi clé
21:37c'est le 6 octobre
21:381992
21:39à tout de suite
21:40sur Sud Radio
21:40avec Victor Laszlo
21:41Sud Radio
21:43les clés d'une vie
21:44Jacques Pessy
21:45Sud Radio
21:46les clés d'une vie
21:46mon invité
21:47Victor Laszlo
21:48nous parlons tout à l'heure
21:49de votre livre
21:50de souvenirs
21:51mon coeur bruyant
21:51chez Grasset
21:52on l'évoque d'ailleurs
21:53en filigrane
21:54puisque certaines éléments
21:55qu'on évoque
21:56sont dans ce livre
21:57et il y a une date
21:58aussi que j'ai fait
21:59le calcul
22:00parce que vous l'évoquez
22:01dans ce livre
22:01le 6 octobre 92
22:03vous êtes à l'opéra
22:05de Dresse
22:05en Allemagne
22:06où vous allez croiser
22:07une légende
22:08dont on va entendre
22:09la voix
22:09Harry Belafonte
22:16c'est que Belafonte
22:18a été nommé
22:19par Kennedy
22:19en 61
22:20consultant culturel
22:22dans le corps
22:23de la paix
22:23qui était une agence
22:24destinée à favoriser
22:26la paix dans le monde
22:26il était le premier
22:28artiste mondial
22:29dans ce comité
22:31il était très investi
22:33complètement
22:33et ce soir là
22:35vous rencontrez
22:36Belafonte
22:37en vrai
22:39racontez-moi
22:39je le rencontre
22:41enfin
22:41puisque j'ai l'impression
22:43d'avoir vécu avec lui
22:43depuis ma naissance
22:44puisqu'il est le portrait
22:45craché de mon père
22:46c'est ça qui est extraordinaire
22:47oui
22:48c'est extraordinaire
22:49et je rêve du jour
22:51où je vais enfin
22:51pouvoir lui dire
22:53à Harry Belafonte
22:54mais vous savez
22:54regardez
22:55voilà mon père
22:56j'ai toujours une photo
22:56de mon père
22:57avec moi
22:57au cas où
22:58et là
22:59le voilà
22:59qui partage
23:00la scène
23:01avec moi
23:02ce soir
23:02à Dresde
23:03il assiste
23:04à mon soundcheck
23:05à mon test son
23:06et son avocat
23:08vient me voir
23:09dans les loges
23:09il me dit
23:09monsieur
23:10Belafonte
23:11voudrait vous rencontrer
23:12est-ce que
23:13vous pouvez venir
23:14etc
23:14j'y vais
23:15et il me voit arriver
23:17il me dit
23:18c'est pas vrai
23:19je dis
23:20qu'est-ce qui se passe
23:20mais vous ressemblez
23:22comme deux gouttes d'eau
23:23à ma seconde fille
23:24et de sortir une photo
23:26de sa deuxième fille
23:26qui me ressemble
23:27comme deux gouttes d'eau
23:28et moi
23:28vous imaginez la suite
23:29avec la photo de mon père
23:30et ben voilà
23:31donc c'était assez cocasse
23:33mais on en a énormément ri
23:36et on a passé la soirée
23:37de mon anniversaire
23:38ensemble
23:38à chanter
23:39à boire du rhum
23:40avec nos accompagnants
23:42chacun de nous avait
23:45manager
23:45pianiste
23:46etc
23:46amis
23:47et voilà
23:48c'était une soirée
23:49très drôle
23:50on a énormément évoqué
23:52des choses
23:52qui n'étaient pas encore
23:53d'actualité
23:54à cette époque-là
23:55c'était le
23:56mélange
23:57si vous voulez
23:58des cultures
23:59afro-descendantes
24:01dans le monde
24:02il y avait les américains
24:03les caribéens
24:04les européens
24:06mais tout ça
24:06ne se fréquentait pas
24:08il n'y avait pas vraiment
24:09de lien
24:11voilà
24:12on a énormément parlé
24:13oui
24:13vous étiez en avance
24:14sur votre temps
24:15puisqu'aujourd'hui
24:16c'est devenu
24:16une monnaie courante
24:17aujourd'hui c'est
24:17enfin
24:18alors moi
24:19je me dis
24:19que vous auriez pu
24:20mener une carrière américaine
24:22si votre producteur
24:23l'avait voulu
24:24Victor Laszlo
24:25ce n'est pas faux
24:26ce n'est pas faux
24:27tout ça n'a été
24:29qu'une question
24:30de grosses sous
24:31c'est-à-dire que
24:32en fait
24:32vous rencontrez
24:33Germaine Jackson
24:34qui est je crois
24:34l'un des frères
24:35aînés de Michael
24:36et qui a le coup de foot
24:38professionnel
24:38pour vous
24:39oui absolument
24:40il développe
24:42à l'époque
24:43ce qu'on appelle
24:44une écurie
24:44à Los Angeles
24:45avec des artistes
24:46qu'il va produire
24:47pour lesquels
24:47il va faire écrire
24:48composer
24:49comme d'autres
24:51l'ont fait
24:52d'autres grands producteurs
24:53l'ont fait
24:53excusez-moi
24:54et il me voit bien
24:56dans son groupe
24:58mais il fait une offre
25:00à mon producteur
25:01qui la refuse
25:02je ne l'apprends
25:03que plus tard
25:05très longtemps
25:06après
25:06je n'apprendrai
25:07que
25:08c'était
25:09une question
25:11d'argent
25:11c'est fou
25:12ça je suis sûr
25:13que ça vous a laissé
25:13des regrets
25:14sur le moment
25:16je me suis dit
25:16bon ça s'est pas fait
25:17ça s'est pas fait
25:18mon producteur
25:18ne m'a donné
25:19aucune raison
25:19donc je me suis dit
25:21peut-être que c'est
25:22Germaine
25:22qui n'a pas voulu
25:23au dernier moment
25:24mais ce que je raconte
25:26dans le bouquin
25:27d'ailleurs
25:27c'est que
25:27dix ans
25:28plus de dix ans
25:29plus tard
25:29mon dieu
25:30c'était à la sortie
25:31de mon premier
25:32au deuxième roman
25:332010-2011
25:36on est même
25:37vingt ans plus tard
25:38mon téléphone sonne
25:40c'est Germaine Jackson
25:40qui je ne sais pas
25:41par quel miracle
25:42avait trouvé
25:42mon numéro de portable
25:44et on parle
25:46de tout ça
25:46et j'ai dit
25:47mais pourquoi finalement
25:48ça s'est pas concrétisé
25:49cette histoire
25:49c'était juste
25:50un matter of money
25:53une histoire d'argent
25:54ouais
25:54je l'ai eu un peu
25:58en travers de la gorge
25:58j'imagine
25:59mais vous avez quand même
26:00chanté en anglais
26:01et ça a été un succès
26:03car avec cette chanson
26:13vous avez ouvert
26:14l'Eurovision
26:15de 1987
26:16à Bruxelles
26:17et ça aussi
26:17ça a été un événement
26:18Victor Laszlo
26:19oui parce que
26:20je ne concourais pas
26:21je présentais
26:22cette soirée
26:24qui avait
26:25l'année d'avant
26:26été gagnée
26:26par la Belgique
26:28et ça m'a précipité
26:31dans une exposition
26:32complètement délirante
26:33à l'époque
26:34c'était je ne sais pas
26:35450 millions
26:37450 millions
26:38de téléspectateurs
26:39ou même plus
26:41je ne sais plus
26:41les chiffres
26:41mais c'était énorme
26:43et tout à coup
26:44du jour au lendemain
26:44je suis connue en Turquie
26:45au Liban
26:46en Afrique du Sud
26:47partout
26:49et il se trouve
26:51en effet
26:51quand vous avez choisi
26:52parce que finalement
26:53vous habitiez Bruxelles
26:54oui
26:55oui oui
26:56en grand dame
26:57parce que personne
26:58ne voulait le faire
26:59qu'est-ce qui s'est passé
26:59non c'est pas ça
27:00vous savez la Belgique
27:02elle est toujours
27:04enfin peut-être
27:05un petit peu moins
27:05aujourd'hui
27:06mais il y a toujours
27:06des luttes intestines
27:07entre Wallon et Flamand
27:08telle année
27:10c'est la Flandre
27:11qui a le dessus
27:13l'année d'après
27:13c'est la Wallonie
27:14là ils n'arrivaient pas
27:15à se mettre d'accord
27:16sur le choix
27:16d'une présentatrice
27:18belge
27:19donc ils sont allés
27:20chercher une Française
27:21qui vivait en Belgique
27:22qui était de couleur
27:23qui vivait en Belgique
27:25et comme ça
27:25plus personne
27:26n'a rien pu dire
27:28mais vous n'étiez pas fan
27:29de ce concours au départ
27:30pas du tout
27:31pas du tout
27:32je n'ai accepté que
27:33parce qu'il ne fallait pas
27:34concourir
27:34et que je pouvais
27:35tirer mon épingle du jeu
27:36en parlant
27:37les langues que je parlais
27:38et puis voilà
27:40en faisant
27:41vêtement ce travail
27:43finalement
27:44pour lequel je ne suis
27:45absolument pas douée
27:46de présentation
27:47en tout cas
27:47c'était au départ
27:49c'était assez nouveau
27:50il y avait
27:50pour présenter la Belgique
27:52une animation informatique
27:53où on voyait
27:54le logo du concours
27:55avec la fusée lunaire
27:56dessinée par Hergé
27:57dans Objectif Lune
27:58et le bateau
27:59dans le crabe au prince d'or
28:00et l'avion
28:00dans le crabe au prince d'or
28:02et ensuite on est arrivé
28:02sur Bruxelles
28:03c'est assez étonnant
28:04comme image
28:04ils s'étaient vraiment démenés
28:06ils avaient dépensé
28:07énormément d'argent
28:08et c'était une très très belle
28:09très très belle année
28:11et il y avait je crois
28:12le prince Albert
28:12et la princesse Paola
28:13qui étaient dans la salle
28:14ce soir là
28:15oui oui oui
28:16et ils vous ont salué
28:17à la fin ?
28:18oui ils m'ont salué
28:18à la fin
28:19il y a un truc
28:19qui me fait rire
28:20j'ai deux photos
28:21j'ai une photo
28:22dans un journal flamand
28:23et une photo
28:23dans un journal francophone
28:25Wallon
28:25dans le journal francophone
28:27donc je suis debout
28:29à côté du prince
28:30ils sont très très dignes
28:31et tout ça
28:31et dans le journal néerlandophone
28:33le prince me marche
28:34sur la traîne
28:34c'est la même photo
28:36mais avec le prince
28:37qui est empêtré
28:38dans ma traîne
28:39et d'ailleurs
28:41vous avez connu
28:42d'autres princes
28:42et souverains
28:43dans une soirée
28:44très privée
28:44et très étonnante
28:45que vous racontez
28:46dans le livre
28:46Victor Laszlo
28:47oui oui
28:48la fois où j'ai chanté
28:49pour 14 rois
28:50oui j'avais été invitée
28:52à me produire
28:54pour un concert privé
28:55dans le sud de la France
28:57dans un masque
28:58très joli
28:58on m'avait assuré
29:02que ce ne serait pas
29:02pour un parti politique
29:03donc j'ai accepté
29:04et je me suis retrouvée
29:06tout à coup
29:07devant
29:07sur une scène
29:09avec à l'époque
29:09on était assez nombreux
29:10sur scène
29:11et personne devant moi
29:13et tout à coup
29:14je vois arriver
29:15au loin
29:15une silhouette
29:16que je reconnais
29:17comme étant celle
29:18du roi des Belges
29:19suivie du roi
29:21de Suède
29:22suivie du prince
29:24de Danemark
29:25ou du roi du Danemark
29:27etc etc
29:27ils étaient 14
29:29et l'archiduc du Luxembourg
29:32qui me passe
29:33un téléphone portable
29:34à l'époque
29:35il me dit
29:35c'est Albert
29:36qui veut te parler
29:37qui s'excusait
29:39de ne pas avoir pu rester
29:41mais voilà
29:41Albert de Monaco
29:42comment ça s'est fait
29:44c'est fou ce genre de choses
29:46non à l'époque
29:46on avait
29:47je ne sais pas
29:48ça doit se faire encore
29:49les sociétés
29:50payaient
29:53beaucoup d'argent
29:54pour avoir des artistes
29:55en performances privées
29:58en concerts privés
29:59et donc c'était
30:00un concert privé
30:01pour une marque
30:02allemande
30:03de voitures
30:03de luxe
30:04avec des princes
30:05et des rois
30:05qui étaient là
30:06comme spectateurs
30:08et Albert de Monaco
30:09c'était le plus sympa
30:10parce qu'Albert de Monaco
30:11on s'est souvent moqué
30:12de lui au départ
30:13dans ses jeunes années
30:14pour sa passion
30:14pour le sport
30:15et quand on voit
30:16ce qu'il fait aujourd'hui
30:17notamment
30:18pour les océans
30:19c'est admirable
30:21son aïeul
30:23Albert Preuyer
30:24avait commencé
30:25à sauver la planète
30:26et lui
30:26va sur des bateaux
30:27vérifier
30:28l'état des icebergs
30:30moi j'ai beaucoup
30:31d'admiration pour lui
30:32beaucoup d'amitié
30:32et c'est vraiment
30:34quelqu'un
30:35qui nous en a témoigné
30:36énormément
30:37au fil du temps
30:39et puis voilà
30:39la vie a fait
30:40qu'on ne sait plus
30:41on ne se voit plus
30:43mais c'est quelqu'un
30:44que j'aime énormément
30:44vous avez dansé avec lui
30:46au bal de la rose
30:47à Monaco
30:47entre autres
30:48et c'est vrai
30:50que c'est quelqu'un
30:51de très attachant
30:52c'est quelqu'un
30:53qui mérite
30:55qui gagne
30:56à être reconnu
30:56et connu
30:57il gagne à être connu
30:58bien sûr
30:59bien sûr
30:59mais c'est avant tout
31:00en fait je pense
31:01que c'est peut-être
31:01pour ça
31:02qu'il était
31:02à un moment
31:03décrié
31:04c'est un garçon
31:05qui a une personnalité
31:06extrêmement
31:07normale
31:10c'est quelqu'un
31:11de normal
31:12et Monaco
31:14vous l'avez connu aussi
31:15festival de la télévision
31:17créé par son père
31:18le prince régné
31:19en 61
31:19à l'époque
31:20où la télévision débutait
31:21et ce jour-là
31:22vous avez remplacé
31:23Roger Hanin
31:23je crois
31:24Victor Laszlo
31:25avant et Carlo
31:26je ne sais pas
31:27si j'ai remplacé
31:27Roger Hanin
31:28il n'était pas là
31:29c'était l'époque
31:31où on m'avait demandé
31:32de remplacer
31:34Roger Hanin
31:35dans la série
31:36je devais tourner
31:37ça s'appellerait
31:38Brigade Navarro
31:39et je devais être
31:40le commandant Roussel
31:41qui prendrait la suite
31:42de Roger Hanin
31:43mais
31:44c'était vraiment pas
31:45c'était pas bon
31:46c'était pas bien écrit
31:48donc ça n'a pas marché
31:50en même temps
31:50vous avez fait
31:51une douzaine d'épisodes
31:52de Navarro
31:52j'ai fait
31:53j'ai tourné
31:54je crois
31:55huit épisodes
31:55de Navarro
31:56et six épisodes
31:57de la brigade
32:00et c'est vrai
32:01que c'est un autre métier
32:02dans lequel vous êtes entré
32:04avec pas mal d'apparitions
32:05dans plein de séries télé
32:06des courtes apparitions
32:07pas forcément des courtes
32:09mais j'ai 48
32:10voilà
32:10et c'est vrai
32:11que c'est une chose
32:12qui vous a amusé
32:13mais qui ne vous a pas
32:14amusé plus que ça
32:15non
32:15ça ne me passionnait pas
32:17j'aurais sans doute
32:18été passionnée
32:18par un rôle transcendant
32:20si on m'en avait proposé un
32:22mais à la télévision
32:23ce que j'ai fait
32:24ne m'a pas vraiment
32:26à part
32:26si j'ai tourné
32:27avec Marie Trintignant
32:29avec deux fois
32:31pour Elisabeth Rapneau
32:32j'ai adoré tourner
32:33avec elle
32:34si certains réalisateurs
32:37ont
32:37oui
32:38ont fait la différence
32:38mais disons
32:39que je n'étais pas
32:40persuadée d'être
32:41une grande comédienne
32:42non plus
32:42je n'ai rien fait
32:43pour
32:44je n'ai pas insisté
32:45non mais vous avez
32:46quand même joué au théâtre
32:47en évoquant
32:48notamment la vie
32:49de cette chanteuse
32:50un spectacle
32:57mis en scène
32:58par Eric Emmanuel Schmitt
33:00que vous avez joué
33:01sur Billy Holiday
33:03ça vous y teniez ?
33:04ah oui
33:04beaucoup
33:04je l'ai écrit
33:06et je l'ai joué
33:07pendant quatre ans
33:09un peu partout
33:10dans le monde
33:10pourquoi
33:11ce spectacle ?
33:13parce que cette femme
33:14m'a bouleversée
33:15très jeune
33:16elle m'a fait peur
33:18au début
33:18elle m'a envoyée
33:20à des kilomètres d'elle
33:21et puis je suis revenue
33:22vous savez
33:23comme un animal
33:24qui craint
33:25de se brûler
33:26mais elle ne m'a pas brûlée
33:28au contraire
33:29j'ai compris
33:29ce qui nous rassemblait
33:32ce qui faisait
33:33que je me sentais
33:34soeur
33:35il y a une forme
33:37de résistance
33:38et de résilience
33:39en elle
33:40dans laquelle
33:42je me suis reconnue
33:44et c'est vrai
33:44que Eric Emmanuel Schmitt
33:45vous a mis en scène
33:47il vous avait repéré aussi
33:48et donné un rôle au théâtre
33:49ce qu'il avait écrit
33:50pour vous
33:50oui c'est exact
33:52dans Hôtel des Deux Mondes
33:52je crois
33:53absolument
33:53le docteur S
33:54et ça aussi
33:55le théâtre
33:56vous auriez pu en faire
33:58beaucoup plus
33:58je ne suis pas
34:00je n'aime pas
34:02me rendre au théâtre
34:04tous les soirs
34:05pour jouer
34:06c'est trop difficile
34:06non c'est pas difficile
34:08ça m'ennuie
34:10et il y a aussi
34:11ce festival
34:12que vous avez créé
34:13à la Martinique
34:15ah oui
34:16ça ça ne m'ennuie pas du tout
34:17c'est mon bébé
34:18le festival de littérature
34:19en pays rêvé
34:20oui
34:20et ça aussi
34:21c'est quelque chose
34:22qui a démarré
34:23je crois
34:24il y a quelques années
34:26et que vous poursuivez
34:26avec passion
34:27avec passion
34:28beaucoup de difficultés
34:29puisque les pouvoirs publics
34:31l'argent public
34:32est en train de fondre
34:33comme neige au soleil
34:34vous avez remarqué
34:35oui
34:35c'est dramatique
34:37je ne sais même pas
34:38si l'année prochaine
34:38nous serons en mesure
34:39d'en proposer
34:40mais bon
34:40on verra
34:41mais en même temps
34:42c'est quelque chose
34:42que vous avez créé
34:43sur cette île
34:45que vous avez connue
34:46à 9 ans je crois
34:46oui
34:47qui est ma maison
34:49cette île est ma maison
34:51et la littérature
34:53y est très importante
34:55enfin la Martinique
34:56a donné naissance
34:57à des penseurs extraordinaires
34:58et il n'y avait pas de festival
35:00donc j'en ai créé
35:01voilà
35:02la littérature est tellement importante
35:04que vous avez écrit des livres
35:05et le dernier
35:07il est paru le 9 avril 2025
35:09on en parle dans quelques instants
35:10sur Sud Radio
35:11avec Victor Laszlo
35:12Sud Radio
35:13les clés d'une vie
35:14Jacques Pessis
35:15Sud Radio
35:16les clés d'une vie
35:17mon invité
35:17Victor Laszlo
35:18on a évoqué
35:19votre parcours
35:20et ce parcours
35:21est évoqué en filigrane
35:22dans ce livre
35:23qui est sorti
35:24le 9 avril 2025
35:25qui s'appelle
35:27Mon coeur bruyant
35:28chez Grasset
35:29et ce livre
35:30c'est assez étonnant
35:31parce que vous vous dévoilez
35:32pour la première fois
35:33et je pense que
35:34les paparazzi
35:35qui courent après vous
35:36seront dégoûtés
35:37parce que vous racontez
35:37tout sur votre vie
35:38non je raconte pas tout
35:40je ne raconte pas tout
35:43sur ma vie
35:44au contraire
35:44il y en aurait
35:46pour 5 textes
35:48si je devais tout raconter
35:50non j'ai choisi
35:51le parti
35:52j'ai pris le parti
35:53d'écrire
35:54une traversée de l'amour
35:55ni plus ni moins
35:56avec quelques
35:58quelques clés
36:00sur ma vie professionnelle
36:01quelques anecdotes
36:04quelques rencontres
36:05non amoureuses
36:06mais
36:06toutes ont un lien
36:08de près ou de loin
36:09avec cette trajectoire
36:11avec ce coeur bruyant
36:12qui est le mien
36:13et qui a toujours été
36:14oui d'ailleurs
36:15vous racontiez ces histoires
36:16à d'autres personnes
36:17et c'est comme ça
36:18qu'est née l'idée du livre
36:20oui c'est exact
36:21enfin c'est surtout
36:22les autres personnes
36:23qui m'ont poussée
36:24à écrire ce livre
36:25je n'en voyais pas
36:27vraiment l'intérêt
36:28jusqu'au jour
36:29où mon éditrice
36:30de l'époque
36:31m'a dit
36:31non non
36:31il faut que tu ailles
36:32voir le patron
36:34de la maison
36:34et que tu lui dises
36:35voilà je veux écrire ça
36:36non non
36:36c'est important
36:37c'est une trajectoire
36:38de femme
36:39ça a valeur de témoignage
36:41aujourd'hui
36:42et ce qui m'a
36:43vraiment poussée
36:44ce qui a eu raison
36:46de mes dernières réticences
36:47c'est le
36:48la liberté
36:49la libération
36:51de la parole
36:52féministe
36:54et féminine
36:54sur ces sujets
36:55de violence
36:56faite aux femmes
36:56de maltraitance
36:57d'abus
36:59etc
36:59je pense que
37:01si MeToo
37:02n'avait pas existé
37:03je n'aurais peut-être
37:03pas écrit ce texte
37:05parce que je dévoile
37:06des choses
37:06très intimes
37:07je ne prends pas
37:09de gants
37:09je ne mets pas
37:10il n'y a aucun masque
37:11aucun faux-semblant
37:13évidemment
37:14c'est ma vérité
37:15peut-être que
37:15certains hommes
37:18diront
37:19qu'ils n'ont pas
37:20vécu les choses
37:20de la même façon
37:21mais voilà
37:21et il n'y a pas
37:23que des jolies histoires
37:24alors il n'y a pas
37:25il n'y a pas de nom
37:26il y a juste
37:26un F
37:27pour indiquer
37:28une personne
37:29vous n'avez pas voulu
37:30donner le moindre nom
37:31dans ce livre
37:31si
37:32j'en ai donné
37:33oui mais enfin
37:33ils ne sont pas évidents
37:36en tout cas
37:36il se trouve que
37:37ce livre
37:38il aurait pu s'intituler
37:39le journal des malheurs
37:40de Sonia
37:41oui
37:41quand j'étais petite
37:43j'aimais
37:43comme beaucoup
37:45de petites filles
37:46la comtesse de Ségur
37:48et je me souviens
37:49avoir été marquée
37:50je ne sais pas
37:50à 7-8 ans
37:51par les malheurs
37:52de Sophie
37:53et je me suis dit
37:54un jour j'écrirai
37:55les malheurs de Sonia
37:55parce que j'étais déjà
37:56très très malheureuse
37:57et vous écriviez déjà
37:59votre journal
38:00sur des carnets
38:01sur des carnets
38:02usagés
38:03oui oui
38:04très tôt
38:04je me suis mise à écrire
38:05très tôt
38:05je me suis rendu compte
38:06très très jeune
38:07du pouvoir
38:08de l'écriture
38:09du pouvoir
38:10de la littérature
38:10parce qu'on avait
38:11une grande bibliothèque
38:12à la maison
38:12et j'ai pioché dedans
38:13sans aucune retenue
38:16et je n'avais en revanche
38:20pas d'interlocuteur
38:21sur des questions
38:23essentielles
38:24des questions
38:24qui me semblaient essentielles
38:25donc je l'écrivais
38:26donc je me confiais
38:27par écrit
38:28et le premier auteur
38:29qui vous a marqué
38:30je crois
38:30Victor Laszlo
38:31c'est Guy de Maupassant
38:32oui
38:33oui c'est un des
38:35tout premiers
38:36à m'avoir marqué
38:37avec une nouvelle
38:38assez
38:39comment dire
38:40érotique finalement
38:42cette nouvelle
38:42je ne sais plus
38:43comment elle s'appelle
38:44mais c'est l'histoire
38:44d'un militaire
38:47qui dans un train
38:48qui est affamé
38:49une nourrice
38:51en face de lui
38:51qui a besoin
38:52de donner le sein
38:53elle finit par lui
38:54donner le sein
38:54donc c'est très érotique
38:56j'ai lu ça
38:56très très très jeune
38:57mais ce qui m'a
38:59ce qui m'a plu
39:00c'était
39:00ce que ça donnait à voir
39:02tout simplement
39:03que les mots
39:04dansaient devant ma tête
39:06et devenaient des images
39:07je me suis dit
39:08ça moi je veux faire ça
39:09c'est ce que je veux faire
39:10comme métier
39:11et Maupassant
39:12il y a une chose
39:12qu'il ne voulait pas voir
39:13c'est la tour Eiffel
39:14il avait écrit
39:14un manifeste
39:16en 87
39:16pour dire
39:17il ne faut pas
39:17que ce monument existe
39:18et après
39:19il déjeunait régulièrement
39:20au premier échange
39:21de la tour Eiffel
39:21on lui demandait pourquoi
39:23il dit
39:23c'est le seul endroit
39:24où je ne vois pas la tour Eiffel
39:24je ne le vois pas
39:25exactement
39:26alors dans ce livre
39:28Mon cœur brouillant
39:29il y a deux parties
39:29il y a un fil conducteur
39:31d'une histoire
39:32avec un homme
39:32de la barbade
39:33et il y a le reste
39:34pourquoi ces deux parties ?
39:36parce que
39:36c'est aussi un point de départ
39:37du texte
39:38je vivais cette histoire
39:40complètement abjecte
39:41avec ce personnage
39:42inexistant
39:43qui franchement
39:45n'était pas vraiment là
39:46et je me rendais compte
39:48en se faisant
39:50que je répétais
39:51inlassablement
39:52le schéma
39:53de poursuivre quelqu'un
39:56qui ne veut pas de moi
39:57quelque part
39:57même s'il avait ouvert
39:59les portes au départ
40:00et ça a été
40:01une des raisons aussi
40:02un des points de départ
40:03du livre
40:04j'aime bien
40:05je pense que
40:06je suis assez
40:08bonne
40:09pour architecturer
40:11un récit
40:11parce que
40:12j'écris
40:13comme j'aime lire
40:14donc
40:15j'essaye de ne pas
40:16ennuyer le lecteur
40:17avec des séquences
40:19trop longues
40:20et donc
40:22c'est pas
40:23une tentative
40:24consciente
40:25mais comme j'écris
40:26comme une lectrice
40:28ça donne
40:28un livre
40:30avec une architecture
40:31particulière
40:31oui et ce récit
40:33c'est le récit
40:33que beaucoup de femmes
40:34ont connu
40:34un homme
40:35qui a une double vie
40:36en permanence
40:37qui vous envoie
40:38100 roses un jour
40:38et qui ne vous donne pas
40:39de nouvelles
40:40pendant 6 mois
40:40et qui vous ghoste
40:41comme on dit aujourd'hui
40:42pendant 6 mois
40:42mais comment peut-on
40:44tenir le choc
40:45pendant des années
40:45moralement ?
40:47mais justement
40:48avec cette grande
40:49résilience
40:50dont je suis
40:51tout à fait
40:52capable
40:53et ce besoin
40:55finalement
40:55d'être
40:56d'être malgré tout
40:58d'habiter
40:59une partie
41:01une parcelle
41:02qu'elle soit
41:03infime
41:03ou pas
41:05du coeur
41:06de quelqu'un
41:06et en même temps
41:09c'est très dur à vivre
41:10parce qu'on a des moments
41:11d'euphorie
41:11et des moments
41:12de déprime
41:12mais oui
41:13c'est notre quotidien
41:14en tout cas c'est le mien
41:15et d'ailleurs
41:16vous avez fait à l'époque
41:17la fortune
41:18des télécommunications
41:20je crois que les conversations
41:21duraient des heures
41:22et des heures
41:22aujourd'hui il y a internet
41:23donc on ne fait rien
41:24c'est beaucoup plus facile
41:25et il se trouve aussi
41:27que cette histoire
41:30c'est une histoire
41:30parmi d'autres
41:30parce que vous expliquez
41:32dans ce livre
41:32que vous êtes tombée
41:34adolescente
41:35amoureuse
41:36toutes les 2 ou 3 minutes
41:37oui j'exagère
41:39mais c'était vraiment
41:39à tous les coins de rue
41:40oui
41:40et je tombais amoureuse
41:42et je me réveillais
41:442-3 jours après
41:45en me demandant
41:46ce que j'avais bien pu trouver
41:47à cette personne
41:48je poursuivais
41:51de mes assiduités
41:53des garçons
41:54qui
41:54un an plus tard
41:57venaient vers moi
41:58en me disant
41:58mais je ne me suis pas rendu compte
41:59que je t'aimais
42:00et je les regardais comme ça
42:01qu'est-ce qu'il me veut
42:02celui-là
42:03enfin c'était
42:03non j'étais vraiment
42:04un coeur d'artichaut
42:05je ne sais pas
42:08à quoi c'est dû
42:09c'était un besoin
42:10de
42:10d'être
42:12de manger de l'amour
42:13c'était justement
42:14votre vie dès le départ
42:15c'était ce besoin d'amour
42:17que vous aviez en permanence
42:18Victor Laszlo
42:18oui mais vraiment
42:19comme un ogre
42:20manger de l'amour
42:22et au départ
42:24et vous le dites
42:25dans ce livre
42:25Victor Laszlo
42:26mon coeur bruyant
42:27vous ne vouliez pas
42:28d'une vie de femme mariée
42:29avec un mari
42:30qui rentre tous les soirs
42:30à la maison
42:31non
42:31je savais que ça m'ennuierait
42:33pourquoi ?
42:34parce que je ne suis pas
42:35faite pour le
42:35c'est pour ça que je n'aime pas
42:36le théâtre peut-être
42:37oui
42:37enfin j'aime y aller
42:38mais je n'aime pas jouer au théâtre
42:39parce que la régularité
42:41en toute chose
42:42ne me sied pas
42:43mais ne pas avoir
42:45de vie traditionnelle
42:45on en paye le prix finalement
42:47très cher
42:47c'est-à-dire ?
42:49la liberté a un coût
42:51et le coût est excessif
42:52quelquefois
42:53oui
42:53et ce coût
42:55vous l'avez toujours supporté
42:56vous dites dans votre livre
42:57que vous avez songé
42:58au suicide
42:59oh souvent oui
43:01plus maintenant
43:02non
43:02plus maintenant
43:03c'est un peu tard
43:03je laisserai faire la vie
43:05mais pourquoi ?
43:07parce que
43:08dans des moments de désespoir
43:09mais c'est surtout
43:10quand j'étais
43:10dans la première partie
43:12de ma vie
43:13adolescente
43:14jeune femme
43:15peut-être très très jeune mère
43:18très très jeune mère
43:20non
43:21ça m'a quittée
43:22il y a 30 ans ça
43:23et puis
43:24il vous est arrivé
43:24vous le dites
43:25en toute franchise
43:26que vous avez vécu
43:27quelquefois
43:27deux histoires en même temps
43:28ce qui n'est pas simple
43:29à gérer
43:30ouais
43:30je ne suis pas fière
43:31je n'en suis pas fière
43:34non
43:35c'était
43:35c'est un concours
43:37des circonstances
43:37c'est quand quelquefois
43:38vous rencontrez deux personnes
43:39qui n'ont
43:40qui
43:40à elles deux
43:42font une
43:43c'est très difficile
43:45de choisir
43:46il faut gérer
43:47c'est pas facile
43:48ben justement
43:49j'ai très mal géré
43:50à un moment ou à un autre
43:52quelqu'un s'aperçoit
43:53du problème
43:54oui
43:55alors
43:55oui
43:56voilà
43:56c'est ce qui est arrivé
43:57oui
43:58dans ces cas là
43:59ben on le regrette
44:00ou
44:00non parce que ça a continué
44:02ça a continué
44:03malgré tout
44:04c'était une période
44:05c'est un des hommes
44:07qui est toujours
44:08dans ma vie
44:09d'une certaine manière
44:10c'est un très bon ami
44:11et c'est lui
44:11qui a composé
44:14mon tout dernier album
44:15c'est un grand guitariste
44:17grand compositeur
44:18et je pense
44:20qu'on a développé
44:21grâce à cette histoire
44:23un peu
44:23rocambolesque
44:24une amitié très longue
44:25exactement
44:26mais moi je me souviens
44:27d'un monsieur
44:28que j'ai connu
44:28il avait plusieurs maîtresses
44:30en même temps
44:30il avait un truc
44:31il avait un cadre
44:31chez lui
44:32avec des photos
44:33et quand la jeune femme arrivait
44:35il changeait la photo
44:36de la femme
44:39qui l'attendait
44:39ah non non non
44:40c'était pas
44:41je n'étais pas
44:42dans la duplicité
44:44et surtout pas
44:46dans la fourberie
44:47il y avait un homme là
44:50qui avait
44:51comment dire
44:52fait
44:53bon il m'avait trompé
44:54il avait fait
44:55un mande honorable
44:56et il revenait
44:57et entre temps
44:58moi j'avais rencontré
44:59quelqu'un d'autre
44:59ah oui ça arrive
45:00c'est normal
45:00je ne suis pas allée
45:01spontanément
45:03et simultanément
45:05vers deux personnes
45:06non c'est un concours
45:07de circonstances
45:08c'était une personne
45:09puis l'autre
45:10sauf que
45:10la deuxième
45:11et bien je n'arrivais pas
45:12à la quitter
45:13donc
45:13elle a cohabité
45:15un moment
45:16exactement
45:16alors Victor Laslo
45:18vous évoquez aussi
45:19le père de votre fils
45:20Maxime
45:20qui était un photographe
45:22et un photographe
45:23que vous avez aussi
45:24il fallait le tenir
45:26ça aussi
45:26parce qu'il buvait beaucoup
45:27oui j'ai
45:28quelques expériences
45:30c'est ce qui m'a donné
45:31vraiment ce qui m'a dégoûtée
45:33de l'alcool
45:35quelque part
45:35et je
45:36je ne supporte pas
45:38l'ébriété
45:39chez les gens
45:41enfin chez les hommes
45:42en tout cas
45:42qui sont près de moi
45:44je ne supporte pas
45:45et puis il y a une grande
45:46histoire d'amour
45:47qui a duré huit mois
45:47et il y a eu un bébé
45:49qui a été une chanson
45:51avec Bernard Lavillier
46:01ça a été un coup de foudre
46:02vous le racontez dans ce livre
46:03c'est une très jolie histoire
46:05vraiment
46:06on a fait
46:06en très peu de temps
46:08énormément de choses ensemble
46:09et on est partis
46:12chacun de son côté
46:14mais on a continué à travailler
46:16parce qu'après on s'est retrouvé
46:17encore en studio
46:18et de fil en aiguille
46:20on s'est perdu de vue
46:21sans vraiment se perdre
46:22puisqu'on est né le même jour
46:23donc on se souhaite
46:25nos anniversaires
46:25je suis allée l'écouter
46:27avec son symphonie
46:28qui est absolument sublime
46:29il est au courant
46:31il a lu le livre
46:33ça l'a fait beaucoup rire
46:34c'est un ami aujourd'hui
46:36c'est un personnage étonnant
46:37moi je l'ai interviewé
46:38plusieurs fois
46:39alors il a un côté
46:40soi-disant mythomane
46:41au Brésil
46:41en fait vous êtes allé au Brésil
46:43et tout ce qu'il raconte
46:43finalement c'est vrai
46:44oui mais je pense que
46:47c'est ça l'art
46:49d'embellir
46:51c'est un art d'embellissement
46:53finalement
46:53moi j'ai une passion
46:55pour Bernard Navillier
46:56et notamment quand il vous parle
46:57de poésie
46:58il a découvert la poésie
46:59en prison
47:00en lisant
47:00je crois que c'était
47:03Prévert et Ferret
47:05et c'est un véritable poète
47:07oui c'est un poète
47:08il écrit des textes
47:09absolument sublimes
47:10et puis il y a une chose
47:11que vous racontez aussi
47:12dans ce livre
47:12et personne ne vous croit
47:14c'est votre tentative
47:15d'enlèvement
47:16oui
47:17j'avais 17 ans
47:19je crois
47:19j'étais en route
47:21pour l'académie
47:22des beaux-arts
47:22ou l'école
47:25je ne sais plus laquelle
47:26mais en tout cas
47:26dans le bas de la ville
47:27en Belgique
47:28à Bruxelles
47:29et une voiture
47:31s'est arrêtée
47:32à mes côtés
47:33une porte s'est ouverte
47:35un homme est sorti
47:36un autre
47:36est sorti
47:38il s'est retrouvé
47:39derrière moi
47:39on m'a demandé
47:41mes papiers
47:42le temps de déposer
47:43mon carton à dessin
47:44et de chercher
47:44dans mon sac
47:45les deux portes
47:46sont fermées
47:47les gens sont partis
47:47et je me suis retrouvée
47:49face à un flic
47:50pas en uniforme
47:52un homme
47:53en civil
47:55qui a sorti sa carte
47:56qui m'a dit
47:56mon dieu mademoiselle
47:58vous venez d'échapper
47:59à un enlèvement
48:00ne donnez jamais
48:01vos papiers
48:02à des gens
48:02qui vous s'arrêtent
48:03et qui vous les demandent
48:04comme ça
48:04c'est fou hein
48:05et il paraît
48:06que c'était
48:07monnaie courante
48:07à l'époque
48:08une autre histoire
48:08totalement folle
48:09et qui conclut le livre
48:10c'est votre histoire
48:11d'amour
48:12avec le plus grand
48:12acteur du monde
48:13ça c'est quelque chose
48:14d'étonnant
48:14fit dans l'asso
48:15vous avez deviné
48:16vous avez deviné
48:17pas du tout
48:18non
48:18je vous crois pas
48:19non mais je ne dis
48:21de toute façon
48:22je n'ai pas le droit
48:23de dire le nom
48:24mais oui
48:26c'est une histoire étonnante
48:27puisque j'ai jamais
48:28vraiment su
48:29si c'était de l'amour
48:30je sais qu'il m'avait
48:32il a pris le temps
48:34de me connaître
48:35nous avons pris le temps
48:37de nous connaître
48:37mais lui a des fins
48:40insoupçonnables
48:42pour moi
48:42c'est à dire
48:43je pense qu'il voulait
48:44une mère pour ses enfants
48:45et il voulait
48:46une fille
48:47il n'avait que des garçons
48:49il voulait absolument
48:50une fille
48:50et il pensait
48:51que je serais la mère
48:52de sa fille
48:52ou de ses deux prochaines filles
48:55voilà
48:55qu'il a fini par avoir
48:56il n'y a pas très longtemps
48:57en tout cas
48:58cette histoire
48:59comme beaucoup d'autres histoires
49:00sont dans ce livre
49:01passionnant
49:02mon coeur bruyant
49:02qu'il faut lire justement
49:04avec tout son coeur
49:05merci de votre franchise
49:06et puis continuez à écrire ainsi
49:07parce que vous n'allez pas
49:08vous arrêter là
49:09Victor Laszlo
49:09moi c'est le septième
49:10je ne vais pas m'arrêter
49:11vous avez tellement de choses
49:12à dire que vous reviendrez
49:13pour le huitième
49:14merci
49:15merci
49:15les clips d'une vie
49:16c'est terminé pour aujourd'hui
49:17on se retrouve bientôt
49:18restez fidèles
49:19à l'écoute de Sud Radio
49:19merci
49:20merci
49:21merci
49:22merci

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1:30
À suivre