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  • 02/06/2025
Les clefs d'une vie avec Marie-Paule Belle

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-06-02##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06Depuis vos débuts à l'écluse, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de Paris.
00:11Des vagues d'applaudissements ont salué la carrière d'une dame brune
00:14que vous rendez encore plus longue en interprétant des chansons devenues des classiques,
00:19celles de Barbara. Bonjour Marie-Paul Belle.
00:21Bonjour Jacques.
00:22Alors c'est vrai que vous reprenez au Théâtre de Passy pendant 15 jours, du 3 au 15 juin,
00:27ce récital de Barbara qui est devenu un classique.
00:30Donc on va en profiter pour évoquer ce récital et Barbara
00:33et évoquer votre parcours parallèle à celui de Barbara, c'est le principe des clés d'une vie.
00:37Oui, ça me fait plaisir, surtout que dans ce récital, je chanterai aussi des chansons de mon répertoire.
00:43Ça sera moitié-moitié.
00:44Parfait. Alors là, on va parler de Barbara aujourd'hui
00:46et on va parler d'abord du 29 janvier 1970.
00:50C'est, à mon avis, d'après mes renseignements, le soir où vous avez débuté à l'écluse.
00:55Ah, je ne me souvenais plus du jour exact.
00:57Ça me fait plaisir que vous me le rappeliez.
01:00Mais je me souviens que c'était en janvier, c'est vrai.
01:02Et ce soir-là, on vous propose un piano pour jouer.
01:06Oui, oui.
01:08Et personne n'avait touché le piano depuis Barbara,
01:11donc j'étais très, très intimidée.
01:15C'était le piano que Barbara utilisait pour chanter à l'écluse.
01:18Absolument, oui.
01:19C'était un piano droit et j'étais un peu gênée
01:23parce que d'habitude, je joue avec le piano dans l'autre sens
01:26et donc il fallait que je change un peu tous mes automatismes.
01:30Mais bon, ça s'était bien passé.
01:31C'était presque un sacrilège de jouer sur le piano de Barbara.
01:34Oui, j'étais impressionnée, j'étais très émue, oui.
01:38Alors, votre découverte de Barbara, Marie-Paul Bell,
01:40est liée à cette chanson, un disque que vous avez usé.
01:43Quand Pierre rentre, râle, tiens, il faut que je lui dise
01:48que le toit de la remise a fui.
01:52Pierre, Pierre, une chanson peu connue de Barbara.
01:55Oui, elle était très sensuelle, en fait,
01:57et très dans le moment présent.
02:01J'aimais beaucoup, j'ai découvert Barbara avec cette chanson.
02:05Et vous aviez un disque que vous avez beaucoup écouté jusqu'à l'usure.
02:09Ah oui, oui, oui.
02:10J'ai écouté Brel et Barbara.
02:12Ce sont eux qui m'ont donné le déclic.
02:14Et quand je les ai vus sur scène, je me suis dit,
02:16tiens, c'est ça que je veux faire.
02:18Alors, ce qui est extraordinaire, c'est que la première télé de Barbara,
02:20dans Discorama, en fait, pour passer dans l'émission de Denise Glazer,
02:23il fallait avoir un disque.
02:25Et elle n'avait pas encore sorti son disque,
02:27Barbara chante à l'écluse.
02:29Et pour la première et dernière fois,
02:31Denise Glazer a mis une fausse pochette à l'écran
02:33pour pouvoir inviter Barbara, qu'elle l'a honorée.
02:36Ah oui, c'est génial.
02:38Barbara, qui s'appelait, je crois, Monique Serre, en réalité.
02:40Oui.
02:41Et qui a connu des soucis avec la guerre,
02:44parce qu'elle était juive.
02:46Oui, elle a dû se cacher, je crois que c'était à Saint-Marcelin.
02:50Et oui, elle a souffert de ça, oui.
02:53Oui, en fait, je crois qu'elle a déménagé 27 fois pendant l'occupation.
02:57Ah bon, je ne savais pas.
02:59Tellement elle avait peur d'être poursuivie.
03:01Et l'Étoile jaune était un cauchepard.
03:02Ah oui, oui, oui.
03:03Ah non, ça je ne savais pas, 27 fois, oui, ça fait beaucoup.
03:06Ça fait beaucoup, oui.
03:08Alors, son père, je crois, était parti en déportation,
03:11et il est revenu.
03:11Il y a une histoire avec son père, Marie-Paul Bell.
03:13Oui, je pense qu'il y a une histoire de viol.
03:16Et l'aigle noir fait allusion à cette chance, à cet événement, quoi.
03:22Voilà, mais surtout, je crois qu'il est revenu de la guerre,
03:25mais il est parti directement en quittant sa famille.
03:27Ah, ça je ne savais pas.
03:28Si, si, et je crois qu'un jour, il est dans un bistrot,
03:34on voit Barbara à la télé, et un client dit c'est ma fille.
03:38C'est ça les véritables histoires.
03:39Ah, ça je ne savais pas du tout, c'est intéressant.
03:42Et en fait, l'homme au comptoir essaie de retrouver Barbara.
03:45Oui.
03:45Il va la retrouver quelques semaines plus tard.
03:48Oui.
03:48Et il va lui dire, je crois que votre père est là.
03:50Oh là là.
03:51Elle parlait beaucoup de son père.
03:53Oui, je ne sais pas.
03:55Ça, franchement, j'ignore, mais bon,
03:58ce que je savais, c'est que l'aigle noir
04:00est une chanson en rapport avec son père.
04:04Oui, mais il y a une autre chanson en rapport avec son père,
04:06c'est justement quand elle a voulu retrouver ce père,
04:08et quand elle est allée à Nantes, justement.
04:11Ah, il pleut sur Nantes.
04:11Et voilà, et malheureusement, le père était mort
04:14depuis quelques jours.
04:15Et vous avez repris cette chanson.
04:17Il pleut sur Nantes.
04:27Donne-moi la main.
04:30Le ciel
04:36On a cessé, je crois, le sens de cette chanson
04:40que beaucoup plus tard,
04:41parce qu'elle n'expliquait pas à Barbara,
04:43ces chansons.
04:43Oui, c'est vrai.
04:44Oui, oui, elle l'a dit plus tard, c'est vrai.
04:47Et il se trouve aussi que cette chanson,
04:49ça a été vraiment un des premiers succès de Barbara.
04:53Oui, je pense que c'est le premier, en fait.
04:55Je ne connais pas très, très bien son parcours,
05:01mais il me semble que c'est la première chanson connue.
05:06Et je crois qu'elle a commencé à six ans, la musique.
05:10Elle était très douée pour la musique, Barbara.
05:12Ah oui, sûrement, oui.
05:14Six ans, c'est bien.
05:16Moi, j'ai commencé un peu plus tôt,
05:18mais c'est un peu trop tôt.
05:19Parce que maman m'avait commencé à me mettre les mains
05:22sur le clavier à trois ans et demi,
05:24alors là, on a...
05:25Mais Barbara, je crois qu'elle a appris le solfège,
05:29le piano,
05:29et je crois qu'elle était au conservatoire
05:31en auditrice libre.
05:32Oui, oui, c'est ça.
05:33Elle a vraiment fait beaucoup de classiques.
05:36Ça se sent quand un musicien fait du classique
05:38et qu'il fait ensuite des variétés ?
05:40Je ne sais pas, mais en tout cas,
05:42je trouve que le classique,
05:43c'est vraiment une base indispensable
05:45et très précieuse.
05:47Moi, je regrette...
05:49J'ai très mal travaillé quand j'étais petite.
05:52Je ne voulais pas lire la musique,
05:54je n'ai pas fait de solfège, etc.
05:56Après, je le regrette beaucoup,
05:58parce que j'ai toujours travaillé d'oreille.
06:02Mais j'aurais dû travailler là, maintenant.
06:04Je le regrette.
06:05Mais elle a beaucoup travaillé, Barbara.
06:07Je crois qu'elle a débuté,
06:08je ne sais pas si vous le savez,
06:09Marie-Paul Belle,
06:10dans Violettes impériales.
06:11Ah non, incroyable !
06:13Elle a été choriste mannequin
06:14dans Violettes impériales à Mogador,
06:16une opérette de Marcel Merquès.
06:18Ah oui, oui, oui !
06:19Violettes impériales.
06:20Je ne savais pas du tout
06:21qu'elle avait fait de l'opérette.
06:22Si, si, elle a fait aussi
06:24différents petits métiers
06:25avant de commencer.
06:26Vous savez lesquels ?
06:27Non.
06:27Elle a été démarcheuse en assurance,
06:29manudensionnaire,
06:31et elle a même tenu
06:31une loge de concierge
06:32pour gagner sa vie.
06:33Ah bon ?
06:34Mais c'est incroyable !
06:35Vous ne saviez pas tout ça ?
06:36Non, non, mais j'adore,
06:37parce que vous fouillez partout,
06:40vous êtes toujours
06:40très, très, très bien renseignée.
06:42Et elle a choisi
06:44l'obsolime de Barbara.
06:45Vous savez ?
06:46Non, je ne sais pas pourquoi.
06:47Je vais dire à cause
06:48de sa grand-mère
06:48d'origine russe
06:49qui venait d'Odessa
06:50et qui s'appelait Varvara.
06:52Ah, c'est joli !
06:53C'est comme ça qu'elle est...
06:54Alors, l'écluse,
06:55elle a passé une audition à l'écluse.
06:57L'écluse, c'était
06:57un cabaret étonnant.
06:58C'était un cabaret
06:59de la rive gauche
07:00où beaucoup de jeunes talents
07:02venaient passer des auditions
07:04pour essayer d'être sélectionnés
07:05pour passer dans le programme.
07:07Et donc, les connaisseurs,
07:11les amoureux de la chanson,
07:13les découvreurs de talents
07:14venaient à l'écluse.
07:15Il y avait deux cabarets
07:16qui étaient très connus
07:17à cette époque.
07:18Sur la rive gauche,
07:19c'était l'écluse
07:20et l'échelle de Jacob.
07:22Mais ce n'était pas du tout
07:23la même direction.
07:25L'échelle de Jacob,
07:26c'était un peu plus...
07:28J'allais dire,
07:29c'était l'entrée
07:29vers le show business.
07:31Et l'écluse,
07:32c'était quand même
07:33plus resserré,
07:34peut-être un peu plus
07:35un télo, quoi.
07:36Mais en même temps,
07:37vous avez été tout de suite
07:38admise à l'écluse.
07:39Oui, j'ai eu de cette chance-là.
07:41Et Barbara, en revanche,
07:42n'a pas été admise.
07:43Elle a fait une première audition,
07:44ce qu'on ne sait pas.
07:45Elle a été refusée.
07:46Ah bon ?
07:47Et c'est pour ça
07:47qu'elle est partie à Bruxelles.
07:49Ah, je ne savais pas du tout ça.
07:50Voilà.
07:51Et je crois qu'à Bruxelles,
07:53elle a tenu une friterie
07:53pendant quelque temps.
07:54Ah oui, je ne sais pas,
07:56mais je sais qu'elle a fait
07:58d'autres métiers, oui.
07:59Elle a ouvé aussi un cabaret,
08:02Le Cheval Blanc.
08:03Ah bon ?
08:04Oui, je suis content
08:05de vous apprendre plein de choses.
08:06Oui, j'adore, j'adore.
08:08Et à l'époque,
08:09le répertoire de Barbara,
08:10ce n'était pas du tout
08:11celui qu'on connaît aujourd'hui.
08:13Elle chantait les chansons
08:13des autres.
08:14De Brassens, elle chantait.
08:15Et Mouroudji aussi.
08:17Ah, ça, je ne savais pas.
08:18Écoutez.
08:19Mon pote le gitan,
08:20c'est pas un marrant.
08:22Et dans notre bistrot,
08:24personne ne comprend.
08:25Comme tous ces gars-là,
08:27il a sa guitare.
08:29Une guitare traceuse
08:30qui vous colle le noir.
08:33Mon pote le gitan,
08:34on ignore qu'elle a totalement chanté.
08:36Ah non, je ne savais pas du tout.
08:37Je savais qu'elle avait chanté
08:38Brassens et Brel aussi.
08:40Bien sûr.
08:41Mais ça, je ne savais pas Mouroudji.
08:43Et il y a aussi une autre.
08:44Elle chantait à l'époque
08:45le répertoire de Mayol aussi.
08:47Vous le saviez ?
08:47Ah non.
08:48Ah aussi,
08:49les petits gâteaux,
08:49elle chantait.
08:50Les petits gâteaux qu'on va écouter.
09:03Cette chanson,
09:04c'est une chanson de Mayol.
09:05Mayol était une star
09:06de la Première Guerre mondiale
09:08qui avait eu une houppette célèbre
09:10qui était Michou avant la lettre.
09:12Pourquoi vous avez mis cette chanson
09:13dans votre répertoire ?
09:14Parce que j'aimais bien,
09:16j'ai toujours eu un amour
09:18pour les chansons anciennes,
09:20les petits gâteaux,
09:21les amis de monsieur.
09:23Je mets toujours
09:24une ou deux chansons
09:25comme ça du répertoire
09:26dans mon tour.
09:28Et Barbara chantait ce répertoire
09:30à Bruxelles en permanence.
09:33Elle avait une culture incroyable
09:34sur ce répertoire.
09:35Ah oui, oui, oui.
09:37Et c'est par elle d'ailleurs
09:38que j'ai connu ces chansons-là.
09:39Donc, après, je les ai reprises.
09:43J'avais un peu peur
09:45parce que, je veux dire,
09:46après, Barbara, c'est difficile.
09:47Mais bon, j'ai essayé
09:49de mettre ma note personnelle.
09:51Et Barbara à l'écluse,
09:52c'est une légende.
09:53C'est un monument des cabarets.
09:57Oui, oui, bien sûr.
10:00L'écluse, c'était vraiment
10:02le cabaret des amoureux
10:05de la chanson, quoi, vraiment.
10:07Et elle chantait à minuit, je crois.
10:08Oui, on l'appelait.
10:10Elle a sorti un disque,
10:12une pochette,
10:13la chanteuse de minuit,
10:14où elle chantait,
10:16je veux dire,
10:17des chansons de Brassens.
10:19Je ne sais pas si elle chantait
10:20encore déjà dans le répertoire.
10:23Mais oui, Brêle, Brassens, surtout, oui.
10:26Mais surtout, elle était
10:27toute habillée de noir
10:28dans ce décor noir.
10:29Oui, oui, oui.
10:29C'était une volonté
10:30de sa part dès le départ.
10:32Tout en noir, oui.
10:32Je ne sais pas.
10:33C'est l'aigle noir.
10:35Voilà.
10:36Mais c'est vrai qu'il y avait
10:37l'écluse, quoi,
10:38c'était 60 spectateurs, maximum.
10:40Oui, oui.
10:41Je crois qu'au maximum
10:42du maximum,
10:43c'était 80.
10:44Et avec un public
10:45qui écoutait ?
10:47Un public tout à fait respectueux.
10:49Quelquefois,
10:50il y avait des étudiants
10:51qui venaient pour chahuter
10:52quand ça ne leur plaisait pas.
10:53Oui.
10:54Je veux dire,
10:54donc, c'était vraiment un test.
10:56On avait vraiment le trac.
10:58Parce qu'on était vraiment
11:00très observés minutieusement
11:02par des amoureux
11:03du texte,
11:04des beaux textes
11:05et de la chanson française.
11:08Eh bien, écoutez,
11:08ça a été le point de départ.
11:10Je crois qu'elle est restée
11:10six ans à l'affiche.
11:11Ah oui.
11:12Et après,
11:12il y a eu d'autres choses
11:13qui se sont passées.
11:14Et on va évoquer
11:15une autre date
11:15dans sa carrière,
11:17le 24 octobre 1970.
11:20A tout de suite
11:20sur Sud Radio
11:21avec Marie-Paul Belle
11:22pour parler de Barbara.
11:24Sud Radio,
11:25les clés d'une vie.
11:26Jacques Pessis.
11:27Sud Radio,
11:28les clés d'une vie.
11:28Mon invité,
11:29Marie-Paul Belle
11:30pour évoquer Barbara
11:31que vous chantez
11:32ainsi que votre propre répertoire
11:34au Théâtre de Passy
11:35du 3 au 15 juin
11:36à Paris.
11:37Et puis,
11:38donc,
11:38on a évoqué
11:38les débuts de Barbara.
11:39Mais,
11:40je ne sais pas si vous le savez,
11:41le 24 octobre 1970,
11:43pour la première fois,
11:45elle est devenue
11:45numéro un
11:46au Hit Parade
11:47devant Johnny
11:48et Paul Nareff
11:49avec cette chanson
11:50que nous avons évoquée.
11:54Surgit un aigle noir
11:56Lentement,
12:00les ailes déployées.
12:05Lentement,
12:06je le vis tournoyer.
12:09Cette chanson
12:10n'a pas compris le sens
12:11pendant des années.
12:12Oui,
12:13elle n'en a pas parlé.
12:16C'était une chanson
12:18qui fait allusion
12:19au viol
12:20qu'elle a subi
12:21de son père.
12:23C'était un sujet
12:25très très lourd,
12:25évidemment.
12:26Mais,
12:28on l'a découvert
12:29des années plus tard.
12:30Oui,
12:31et pas par elle,
12:31d'ailleurs,
12:31ça s'est su
12:32tout à fait
12:32par d'autres réseaux
12:33parce qu'elle ne racontait
12:35jamais rien sur elle.
12:36Non.
12:37Et cette chanson,
12:38effectivement,
12:38c'était un immense succès.
12:41Elle l'a écrite,
12:42disait-elle,
12:43au réveil
12:43après l'avoir rêvé.
12:45Ah bon ?
12:46Je ne le savais pas.
12:47Est-ce qu'elle était
12:47traumatisée par ça ?
12:49Sûrement.
12:50Il y a de quoi quand même.
12:52Et cette chanson,
12:53c'est pas...
12:53Bon,
12:54il y a votre répertoire,
12:55mais c'est une chanson
12:56importante pour vous.
12:58Oui,
12:58mais elle est peut-être
13:00tellement marquée
13:01par Barbara
13:02que je ne la chante pas.
13:05Bon,
13:05vous me direz,
13:06Il pleut sur Nantes,
13:07c'est aussi sa propre histoire
13:08et je pourrais
13:09ne pas la chanter,
13:11mais je ne sais pas.
13:13peut-être parce qu'elle
13:16était peut-être
13:18trop populaire
13:19ou trop...
13:20Je ne sais pas.
13:21En tout cas,
13:21L'Aigle Noir,
13:22ce n'est pas la chanson
13:23que je préfère
13:23de son répertoire.
13:25Mais c'est Francis Blanche
13:26qui avait une émission
13:27à la radio
13:27qui se moquait
13:28toutes les semaines
13:29de L'Aigle Noir
13:30sans en connaître le sens.
13:31Il avait pris
13:31cette chanson en grippe.
13:32Ah bon ?
13:33Je ne savais pas du tout.
13:34Il avait raconté
13:35n'importe quoi sur elle
13:36en inventant une histoire.
13:37Et c'est vrai
13:38que ça a été
13:38un immense succès
13:39populaire.
13:40Oui, oui, oui, oui.
13:43Et puis,
13:43je crois qu'il y a
13:43quand même
13:44un succès
13:46qui a été
13:46le premier vrai succès
13:47de Barbara
13:48et celui-là,
13:49vous l'interprétez
13:50sur scène.
13:50Dis,
13:53quand reviendras-tu ?
13:58Dis,
14:00au moins le sais-tu
14:03que
14:04tout le temps
14:07qui passe
14:08ne se rattrape
14:12guère
14:12Pourquoi cette chanson
14:13vigueur-t-elle
14:14à votre répertoire ?
14:16C'est une chanson
14:17universelle pour moi.
14:18Tout le monde
14:18a vécu
14:19un moment comme ça,
14:22attendre quelqu'un
14:23qu'on aime
14:24et ça parle
14:26à tout le monde.
14:28Et l'homme
14:28qu'elle aimait
14:28à l'époque,
14:29c'était un
14:29Hubert Bellet
14:30qui était,
14:31je crois,
14:32diplomate à l'époque
14:34et qui est devenue
14:34auteure de chansons.
14:35Oui, c'est ça.
14:36Et en fait,
14:37elle est allée
14:38le rejoindre
14:38la Côte d'Ivoire
14:39et puis
14:40elle a été engagée
14:41dans un cabaret
14:42Le Refuge
14:42qui était dirigée
14:45par un gangster
14:45célèbre,
14:46Jo Hatia.
14:47Ah bon ?
14:47On ne savait pas du tout.
14:49Et puis finalement,
14:50elle a décidé
14:52d'arrêter cette histoire
14:53parce que c'était
14:53sans suite.
14:55Ah oui, oui.
14:56Mais je crois
14:58que c'était
14:59une vraie passion.
15:00Ah, une vraie passion.
15:01Alors, en revanche,
15:02ce qu'on sait peu,
15:03c'est que les premières
15:04chansons de Barbara,
15:05je ne sais pas
15:06si vous le savez,
15:06Marie-Paul Bell,
15:07quand elle les interprète
15:08sur scène,
15:09elle n'a jamais dit
15:10qu'elle en était l'auteur.
15:11Ah non, je ne savais pas.
15:13Elle avait très, très,
15:14très peur
15:14d'être moquée
15:16et elle ne citait pas
15:17les auteurs
15:18et c'est plus tard
15:19qu'on a su.
15:19Voilà.
15:20C'est dommage
15:20parce que,
15:22je veux dire,
15:22elle a vraiment
15:23une personnalité
15:24et puis la façon
15:25dont elle parle
15:26de l'amour,
15:27c'était nouveau
15:27parce qu'on entendait
15:29parler de l'amour
15:30par les hommes,
15:32par Brel,
15:32Brassens
15:33et elle,
15:34elle en parlait
15:35pour la première fois
15:36d'une façon sensuelle,
15:37féminine et différente.
15:39Donc,
15:40c'est dommage
15:40qu'elle ne l'ait pas
15:41dit tout de suite.
15:42Et d'ailleurs,
15:43je crois que Brassens
15:43a été important
15:44car Brassens
15:45a été le premier
15:46à l'engager
15:47en première partie
15:47à Bobineau.
15:48Ah, ça,
15:49je ne savais pas non plus.
15:50Voilà,
15:50et il a écrit
15:51quelques mots
15:51dans le programme
15:52en disant
15:52qu'il croyait
15:53en l'avenir
15:53de cette jeune femme
15:55et je crois
15:56que Barbara
15:57ensuite lui a remercié
15:58par un album
15:59pour Brassens.
16:00Ah oui, oui, oui.
16:01Et il y avait
16:01Le Père Noël
16:02et la Petite Fille,
16:03chanson peu connue
16:03de Brassens.
16:04Ah oui, non,
16:04je ne la connais pas.
16:05Et Barbara a chanté.
16:07Et puis,
16:07il y a eu Serge Réjani
16:08qui l'a engagée.
16:09Ah oui.
16:11En fait,
16:12ce sont,
16:13je trouve,
16:13des univers proches,
16:15des univers
16:16qui parlent
16:17de l'amour,
16:19de tout ce qui tourne autour
16:22et avec des textes
16:23bien écrits.
16:24Je veux dire,
16:25on sent pourquoi
16:28ils s'aiment.
16:29Et Réjani,
16:30en fait,
16:30elle le repère,
16:31il est encore comédien,
16:32elle accepte de le prendre
16:33dans son récital
16:35à condition qu'il apprenne
16:36à chanter
16:37et à placer son souffle.
16:39Elle va lui donner
16:39son répétiteur
16:40pendant des semaines
16:41et c'est parce qu'il va bien
16:43faire une audition
16:43devant elle
16:44qu'il va partir en tournée
16:45avec elle
16:46et démarrer sa carrière
16:47de chanteur.
16:48Ah, bon,
16:49je ne savais pas.
16:50Elle était très dure,
16:51je crois,
16:51elle savait exactement
16:52ce qu'elle voulait.
16:53Ça, ça ne m'étonne pas.
16:55Et puis,
16:55il y a eu un grand prix
16:58de l'Académie Charles-Croix,
16:59je ne sais pas si vous le savez,
16:59qu'elle reçoit en 65
17:01et comme elle considère
17:02qu'elle n'est pas
17:03la seule responsable
17:04de son succès,
17:05elle déchire le diplôme,
17:06elle le partage
17:07avec ses collaborateurs.
17:08Oh, c'est magnifique.
17:10C'est vrai que c'était
17:12une femme généreuse
17:13d'après ce qu'on dit.
17:14Oui, j'ai bien connu
17:17Charley Marouani
17:18qui était son impresario
17:19et qui me disait
17:21qu'elle exagérait tout.
17:23Je veux dire,
17:23par exemple,
17:25je ne sais plus
17:25dans quelle ville
17:26en Allemagne,
17:29elle était en tournée
17:30et puis elle était allée
17:31dans l'usine
17:32des stylos Mont-Blanc
17:33pour s'acheter un stylo,
17:36etc.
17:36Et puis,
17:36elle en avait acheté
17:37pour toute l'équipe.
17:39Quand elle est revenue,
17:40elle distribuait
17:41plein de stylos Mont-Blanc
17:43à tout le monde.
17:44Elle était très, très exagérée
17:45à tel point
17:46que Charley m'avait dit
17:47qu'il lui avait
17:48confisqué sa carte bleue
17:50parce qu'elle dépensait
17:52sans compter.
17:53C'est fou, hein ?
17:54Oui.
17:54Et justement,
17:55en Allemagne,
17:56c'est là aussi
17:57qu'une autre chanson est née
17:58et est devenue un classique.
18:00Ce n'est pas la Seine,
18:02ce n'est pas le bois
18:03de Vincennes,
18:05mais c'est bien joli
18:06tout de même
18:07à Göttingen,
18:09à Göttingen,
18:11pas de quai,
18:12et pas de rengaine
18:14qui se lamente
18:15et qui se traîne.
18:17Cette chanson,
18:18vous l'interprétez,
18:18donc,
18:19mais pourquoi cette chanson ?
18:20Pourquoi à Göttingen ?
18:21Qu'est-ce qui vous touche
18:22dans ces couplets,
18:22Marie-Paul Bell ?
18:23Oh, tout,
18:25la mélodie,
18:26le texte,
18:29ça parle des enfants,
18:31elle est émouvante,
18:33voilà.
18:34Et cette chanson,
18:35elle est née justement
18:36à Göttingen,
18:37elle avait débuté
18:38dans un théâtre,
18:38c'était le Jungle Theater
18:39de Göttingen,
18:41elle devait donner
18:41deux représentations,
18:43elle est finalement
18:43restée huit jours
18:44tellement ça avait du succès.
18:45Oui,
18:46il y a une histoire
18:46de piano aussi,
18:47je crois qu'il n'y avait
18:48pas de piano,
18:49puis c'est les étudiants
18:50qui sont allés chercher
18:51un piano
18:51chez le curé d'à côté
18:53et qui ont amené
18:54le piano,
18:55et oui,
18:56oui.
18:56Parce qu'elle voulait
18:57un piano à queue,
18:58il n'y avait qu'un piano droit.
18:59C'est ça.
19:00Et là,
19:01elle ne supportait pas
19:01de jouer sur un piano droit,
19:03il fallait un piano à queue.
19:03Je la comprends.
19:05Et c'est vrai que
19:06le piano,
19:07quand on voit Barbara,
19:08le piano,
19:08c'est essentiel pour elle,
19:10sur scène.
19:11C'est un tout,
19:12je veux dire,
19:12c'est comme moi,
19:13je ne pourrais pas jouer
19:14sur un clavier électrique,
19:17numérique.
19:20Il y a une sonorité,
19:21il y a un corps
19:21avec le piano,
19:22c'est physique en plus.
19:24On sent complètement
19:25les vibrations,
19:26je veux dire,
19:27quand on joue
19:28sur un piano de concert,
19:29on est enveloppé
19:30par le son,
19:31c'est formidable.
19:32Ce qui ne peut pas arriver
19:33avec des instruments électriques.
19:35C'était Gilbert Bicot
19:36qui s'était fait construire
19:38un piano bleu et blanc,
19:40et ce piano,
19:41il était légèrement décalé
19:42pour que le public
19:43puisse le voir
19:44malgré le piano.
19:45Oui,
19:45c'est-à-dire qu'il avait fait couper
19:47le pied du bout de la queue
19:49du piano
19:49pour que le piano
19:54soit en biais
19:55pour qu'on puisse le voir.
19:56Et quand on joue du piano
19:58comme ça
19:58et qu'on chante en même temps,
19:59on ne voit pas le public,
20:00on le ressent.
20:01Oui,
20:03moi,
20:04je place le piano
20:05complètement parallèle
20:06au bord de scène.
20:07donc j'ai pris
20:09au fur et à mesure
20:10des années
20:11des automatismes.
20:13Je me tourne automatiquement
20:14toujours sur la droite
20:15pour voir le public
20:16parce que sinon,
20:17ils nous voient toujours
20:18de profil,
20:19c'est frustrant.
20:20Et Barbara disait
20:21la chanson est une conversation,
20:22on peut la faire assise.
20:24Oui,
20:25complètement.
20:26La chanson,
20:27c'est une conversation,
20:28je suis assez d'accord
20:28avec ça, oui.
20:29Mais c'est vrai que vous avez
20:30toujours, vous,
20:30chanté assis ?
20:32Au début,
20:34j'avais des musiciens,
20:35j'ai chanté avec des musiciens,
20:37je chantais debout
20:38dans la période
20:38des petits patelins
20:39et tout,
20:40je sautillais sur scène
20:41un peu à droite à gauche.
20:42Mais c'est vrai que
20:44c'est très sécurisant
20:45de chanter
20:46avec le piano.
20:49On ressent une protection
20:50et maintenant,
20:52je ne pourrais plus du tout
20:53chanter autrement.
20:55Et d'ailleurs,
20:55à cette époque-là,
20:56à l'époque où Barbara débutait,
20:57il y avait encore les cabarets.
20:59Vous avez vécu
20:59la fin des cabarets,
21:01Marie-Paul Belle.
21:01Oui,
21:01j'ai chanté à l'Écluse
21:03et à l'Échelle de Jacob
21:04qui étaient les deux
21:05grands cabarets de l'époque
21:06où on pouvait se produire
21:08et se faire connaître.
21:09Et aujourd'hui,
21:10il n'y a plus de cabarets,
21:11c'est fini.
21:11Non,
21:12après les cabarets,
21:12il y a eu les cafés-théâtres
21:14et puis après,
21:15ça a disparu aussi.
21:17Maintenant,
21:18je ne sais pas,
21:19il y a des petites scènes,
21:20il y a des petits lieux
21:20qui sont très connus
21:21que je ne connais pas
21:22mais où les jeunes talents
21:26vont se produire
21:27et essayer de se faire découvrir.
21:30Oui,
21:31mais on est beaucoup plus remarqué
21:32aujourd'hui par une soirée
21:33à la télé
21:33que par un cabaret.
21:34Bien sûr,
21:35oui.
21:35C'est peut-être dommage.
21:36Il faut avoir des réseaux
21:37et il faut avoir
21:37les personnes
21:39qui peuvent vous introduire
21:41dans ces circuits-là.
21:43Oui,
21:43mais en même temps,
21:43le cabaret,
21:44on apprend son métier
21:44tous les soirs.
21:45On apprend sur le tas,
21:47comme on disait,
21:48je veux dire,
21:49tous les jours.
21:51On apprend le rapport,
21:53la communication avec la salle,
21:55avec le public
21:56parce que tous les soirs,
21:57ça change.
21:59Et à mon époque,
22:00il y avait quelquefois,
22:01quand il n'y avait pas de monde
22:02à l'échelle de Jacob,
22:04chez la mère Lebrun,
22:05on l'appelait la mère Lebrun,
22:06la patronne Suzy Lebrun,
22:08et elle faisait venir
22:09des cartes japonais.
22:11Alors,
22:11c'était assez drôle
22:12parce qu'il y avait
22:14un interprète
22:15et quand on chantait,
22:16par exemple,
22:17des chansons drôles,
22:18le temps que l'interprète
22:19traduise,
22:19les rires étaient décalés,
22:21il venait pas trop tard.
22:23Donc,
22:24il y avait des choses
22:24amusantes comme ça.
22:26Une autre date importante
22:28dans votre vie,
22:29et on va l'évoquer
22:29justement avec Barbara,
22:31c'est le 8 février 1978.
22:33A tout de suite
22:34sur Sud Radio
22:35avec Marie-Paul Belle
22:36pour parler de Barbara.
22:38Sud Radio,
22:39les clés d'une vie,
22:40Jacques Pessis.
22:41Les clés d'une vie,
22:41mon invité Marie-Paul Belle
22:43pour évoquer Barbara
22:44que vous chantez
22:45du 3 au 15 juin
22:46au théâtre de Passy,
22:48reprise d'un récital
22:49qui a déjà eu
22:50beaucoup de succès.
22:51Et Barbara,
22:52justement,
22:53vous l'avez connue
22:54et si je parle
22:55de la date
22:55de 8 février 1978,
22:58Marie-Paul Belle,
22:59je crois que c'est
22:59à l'Olympia,
23:00le soir de votre
23:01première rencontre.
23:02Oui,
23:05elle chantait
23:07à l'Olympia
23:08et puis moi,
23:09j'étais accompagnée
23:10par Roland Romanelli
23:11qui l'accompagnait
23:12aussi sur scène
23:13et donc,
23:14on avait comme ça
23:15une admiration
23:17mutuelle
23:18l'une pour l'autre.
23:20Moi,
23:20j'étais très,
23:21très émue
23:21qu'elle me connaisse
23:23et donc,
23:24je me souviens
23:25du jour
23:26de la première
23:28de son Olympia
23:29et j'attendais
23:30dans la file d'attente
23:32pour aller la féliciter
23:33dans sa loge
23:34et Roland est allé
23:36lui dire
23:36que j'étais dans
23:37la file d'attente
23:38et elle est sortie
23:39de la loge,
23:39elle a remonté
23:40toute la file d'attente
23:41pour m'embrasser
23:42et dire
23:42j'adore ce que vous faites
23:43et j'étais rouge
23:44comme les pancartes
23:46de Sud Radio.
23:47C'est fou,
23:48vous saviez
23:50qu'elle aimait
23:50vos chansons ?
23:51Mais pas du tout
23:52mais bon,
23:53je savais que Roland
23:54lui parlait de moi
23:55mais je ne savais pas
23:56qu'elle ferait
23:58ce geste-là
23:59qui m'a complètement
24:01bluffée
24:01je veux dire,
24:02j'étais très,
24:03très émue.
24:04Ensuite,
24:04vous êtes revue,
24:05je crois,
24:06parce que c'était
24:07quand même une solitaire,
24:08c'était quelqu'un,
24:08on parlait par téléphone
24:09avec elle,
24:10elle vous envoyait des mots
24:11mais ce n'était pas
24:11quelqu'un.
24:11Elle envoyait des fax
24:12beaucoup à l'époque
24:13et on s'est retrouvés
24:15pour enregistrer
24:18une chanson
24:18pour une cause humanitaire,
24:21la chanson de la vie
24:22qui était une chanson
24:23d'Alice Donna
24:24et alors,
24:25on n'était que des femmes,
24:26on était,
24:27je ne sais pas,
24:28une trentaine à peu près
24:29et dans tous les genres,
24:31il y avait Jane Birkin,
24:32Rick Azaray,
24:34Barbara,
24:34enfin,
24:35et alors,
24:36comme j'étais toujours
24:37un peu excitée,
24:38je veux dire,
24:39quand tout le monde
24:39faisait la pause
24:40et se reposait,
24:42elle m'avait appelée
24:43Duracell,
24:44comme le petit lapin
24:45qui continue à jouer
24:46du tambour
24:46quand tout le monde
24:47s'arrête
24:47parce que je n'arrêtais jamais.
24:50Et d'ailleurs,
24:50c'est les piles aussi,
24:51les piles Duracell.
24:52Oui, c'est ça.
24:52Et c'est les premières piles
24:54d'ailleurs
24:54qui ont été au mercure
24:57qui ont été commercialisées
24:58et inventées
24:58par Samuel Aubin,
24:59un américain.
25:00Ah, je ne savais pas.
25:01Oui,
25:01parce qu'elles pouvaient
25:02être utilisées
25:03dans des conditions
25:04météo difficiles
25:05ce qui à l'époque
25:05n'était pas courant.
25:07Ah,
25:07ben dis donc,
25:08j'ai encore appris
25:09quelque chose.
25:10Et cette chanson,
25:11justement,
25:11la chanson de la vie,
25:12c'était, je crois,
25:13au profit
25:14de l'association
25:15de Marie-Claire Noa.
25:16Oui, absolument.
25:17Les Enfants de la Terre,
25:18je crois que ça s'appelait.
25:19Exactement.
25:21C'était pour aider
25:22les jeunes Africains.
25:23Oui,
25:24et construire des puits,
25:25je crois aussi,
25:26en Afrique.
25:27Et ce jour-là,
25:28Barbara est venue,
25:29je crois qu'Alice Donald
25:30a appelé
25:30et qu'elle a dit
25:31oui tout de suite.
25:31Ah oui, oui,
25:32elle était incroyable.
25:33Et alors,
25:34je me souviens,
25:34c'était drôle
25:35parce qu'il y avait
25:36des parties
25:37où on devait chanter
25:38à l'unisson
25:39et à l'heure
25:39de la cabine,
25:42Alice nous dirigeait
25:43et puis Barbara,
25:46elle faisait toujours
25:46des variantes.
25:47Elle faisait
25:48en levant le bras en l'air
25:51et Alice lui a dit
25:53mais Barbara,
25:54il faut chanter
25:55à l'unisson,
25:56il faut chanter
25:56comme tout le monde.
25:57Elle dit
25:57mais je ne sais pas
25:58chanter comme tout le monde.
25:59Elle disait.
26:01Remarquez,
26:01elle a fait beaucoup de choses,
26:02elle a même fait des duos
26:03et ça,
26:03vous pouvez difficilement
26:05reprendre la chanson
26:06au Théâtre de Passy,
26:08c'est celle-ci.
26:09C'est demain
26:10pour que cette chanson
26:14d'amour
26:14finisse bien.
26:18Bonjour,
26:19je suis la dame brune,
26:22je t'en marchais.
26:25Bonjour,
26:25je suis la dame brune,
26:28je t'ai trouvée.
26:29Très belle chanson
26:29de Moustaki
26:30et Barbara.
26:32Et après,
26:32on l'a surnommée
26:33la grande dame brune.
26:34Voilà.
26:35En fait,
26:35ce qui s'est passé,
26:36comment est née
26:37cette chanson,
26:37je vais vous la prendre,
26:39c'est qu'en fait,
26:40Moustaki était chez elle
26:41en train de regarder la télé
26:42affalée sur un fauteuil.
26:43Elle lui dit,
26:44arrête d'être affalée comme ça,
26:45fais-moi quelque chose.
26:46Et il a écrit la chanson.
26:48Ah bon ?
26:49Elle l'a engueulée.
26:50Ah ben c'est bien,
26:51je trouve,
26:51ça valait le coup.
26:52Et c'est vrai que Barbara
26:55avait une force vitale
26:58de travail étonnante.
27:01Ah,
27:01je ne sais pas,
27:02mais ça ne m'étonne pas
27:04parce que
27:05même la nuit,
27:08je le sais par William Scheller
27:10qui a travaillé avec elle,
27:11elle le réveillait
27:12parce qu'elle avait une idée.
27:14Roland Romanelli aussi
27:15m'a raconté ça.
27:16Il fallait que ça soit immédiat,
27:18tout de suite,
27:18tout de suite,
27:19il fallait trouver l'idée
27:20sur le point de départ
27:22qu'elle donnait.
27:23Elle vous envoyait
27:24quelquefois des fax ?
27:25Oui,
27:26oui,
27:26des fax.
27:27Quand je passais quelque part,
27:30elle m'envoyait des fax
27:31pour me dire merde,
27:33pour me porter chance.
27:34Mais en revanche,
27:35pas question de se voir.
27:37Non,
27:37je ne suis jamais allée
27:39après-ci.
27:41On n'a jamais déjeuné,
27:43dîné ensemble,
27:43mais on se croisait beaucoup.
27:45Et puis,
27:46on était au courant
27:48de ce que faisaient
27:49l'une et l'autre
27:49par Roland,
27:50qui étaient comme
27:51un messager entre nous.
27:52Exactement.
27:53Mais cette maison de Précy
27:54que j'ai visitée un jour,
27:55c'était une maison
27:56entièrement noire.
27:57Tout était à l'image
27:59de sa robe
27:59et de son piano.
28:00Ah, mais disons...
28:01C'était à côté de Paris
28:03où Yves Duteil
28:03était maire à l'époque.
28:04Ah oui ?
28:05Et elle vivait là
28:05la nuit, principalement.
28:07Ah oui, oui.
28:08Et c'est comme Gainsbourg aussi,
28:09tout était noir
28:10chez Gainsbourg.
28:11Exactement.
28:12Alors, il se trouve
28:12qu'elle a défendu
28:13beaucoup de causes
28:14et je crois que
28:14au moment où le sida
28:16est arrivé,
28:17elle a vraiment pris
28:18fait des causes
28:19pour la lutte
28:20contre le sida.
28:21Oui, elle avait...
28:22Yves Duteil m'avait raconté
28:23qu'elle avait rempli
28:26un camion,
28:28je ne sais pas,
28:29énorme,
28:29énorme,
28:30que de préservatifs
28:31pour distribuer partout
28:33pour que les gens
28:34soient protégés du sida.
28:37Et moi, je me souviens
28:37d'un récital à Mogador
28:39qui s'interrompait
28:40à un moment
28:40et pendant 20 minutes,
28:42elle s'adressait au public
28:43et aux jeunes
28:44à propos du sida.
28:45Ah oui, oui, oui.
28:46Elle était très engagée, oui.
28:47Et puis elle avait
28:48une ligne téléphonique
28:49qu'elle laissait branchée
28:51la nuit
28:51où n'importe qui
28:53pouvait l'appeler
28:53sur cette ligne-là
28:54s'il y avait des malades
28:56du sida
28:56s'ils avaient besoin
28:58de parler.
28:58C'est fou, hein ?
29:00Et vous savez,
29:00s'il y avait eu
29:01beaucoup de coups de fil,
29:01beaucoup d'appels ?
29:02Je ne sais pas,
29:03mais on m'a raconté
29:05cette existence,
29:07l'existence de cette ligne.
29:08Oui, mais elle était
29:09toujours prête
29:10à défendre les causes.
29:11Je crois que
29:11quand elle a chanté
29:12justement la chanson de la vie,
29:14elle a dit
29:14qu'il y a au Chili
29:15des choses qui se passent
29:16aussi très graves.
29:17Ah oui, oui, oui.
29:18Oui, elle était très engagée,
29:19elle était au courant de tout.
29:20Oui, oui.
29:22Alors dans votre récital
29:23sur Barbara,
29:24il y a aussi
29:25un autre classique.
29:27Si la photo est bonne
29:28juste en deuxième colonne,
29:31il y a le voyou du jour
29:33qu'une petite gueule
29:35d'amour
29:36dans la rubrique
29:37du vice.
29:38Dans ce tour-là,
29:39je ne l'ai pas mis celle-là.
29:42C'est une très belle chanson
29:43aussi de Barbara
29:44que vous avez aussi interprétée.
29:47Oui, je l'ai interprétée
29:48et puis c'était bien
29:51qu'elle soit dans le tour de chant
29:53parce qu'elle n'a pas tellement
29:54de chansons légères,
29:57elle a beaucoup de chansons
29:58nostalgiques, graves.
30:01Mais donc quand il y a
30:02une chanson un peu légère
30:03et sautillante,
30:04ça fait une bouffée d'air.
30:06En même temps,
30:07c'était une chanson
30:07sur un sujet grave.
30:09Je ne sais pas si vous connaissez
30:09l'histoire de cette chanson.
30:11En fait,
30:11elle évoque le pouvoir
30:12qu'un président
30:13peut exercer
30:14pour grasser quelqu'un.
30:15Oui, c'est ça, oui.
30:17Oui, oui.
30:18Elle s'était inspirée
30:19d'une histoire vraie.
30:21Il y avait un homme en prison
30:22et je crois que sa femme
30:25avait tenté de convaincre
30:26le président de grasser
30:28avec sa photo.
30:30Ah, je ne savais pas ça.
30:31Elle était très attachée
30:32à l'actualité.
30:33Oui, oui, oui, ça, c'est sûr.
30:35Et en revanche,
30:37il y a eu La Chanteuse,
30:38il y a eu le cinéma
30:39parce qu'elle a fait
30:40un peu de cinéma.
30:41Oui, pas trop quand même.
30:43Un petit peu quand même.
30:44Il y a eu France.
30:45Oui, France avec Jacques Brel, oui.
30:47Vous avez vu ce film ?
30:48Non.
30:49Parce que peu de gens l'ont vu
30:50alors que c'était extraordinaire.
30:51Non, non, je ne l'ai pas vu.
30:52Et il y avait une complicité.
30:53Il y avait une fusion.
30:55Oui, oui, ils s'aimaient beaucoup.
30:57Je pense qu'ils ont eu
30:59une grande histoire ensemble.
31:00Il lui dit le contraire.
31:01Il dit que c'était
31:02une longue amitié.
31:03Ah oui, parce qu'elle,
31:05elle sous-entend
31:06que c'était autre chose.
31:08Mais c'est vrai que
31:09quand on écoute Barbara et Brel,
31:10il y a des points communs
31:11dans leur répertoire ?
31:13Oui, au niveau de la justesse des mots,
31:18peut-être aussi des sujets.
31:22Beaucoup d'amour.
31:23Et puis, oui, des mélodies
31:27qui restent facilement dans la tête,
31:31qu'on peut chanter tout de suite.
31:33Ça, c'est très important.
31:35Et puis, elle a fait effectivement
31:37des chansons pour le cinéma.
31:38Et la première, c'est un film
31:39dans lequel personne ne croyait
31:41qui s'appelait
31:42La fiancée du pirate.
31:43Ah oui.
31:44Nelly Kaplan l'avait réalisé.
31:46Bernat Laffont a démarré
31:47sa carrière sur ce film.
31:49Et le générique est chanté par Barbara.
32:11Cette chanson, vous la connaissez ?
32:12Vous n'avez pas mis à votre répertoire ?
32:13Non, c'est vrai.
32:14Je la connais, mais je ne l'ai pas mis.
32:17Je ne sais pas pourquoi.
32:17Le côté balance et le rocking chair
32:19qu'elle avait.
32:20Oui, oui, oui.
32:22Oui, elle est associée
32:24avec le rocking chair.
32:27Dans l'image,
32:30elle arrivait très, très tôt
32:32au théâtre le matin.
32:34Le rocking chair était sur la scène
32:36et elle assistait à toute la mise en place,
32:38des techniciens, tout ça.
32:41Elle vivait dans le théâtre.
32:43Complètement.
32:44Dès qu'il y avait un spectacle,
32:45elle habitait à l'hôtel en face.
32:46Ah oui, oui.
32:47Et le rocking chair, en fait,
32:48c'était quelque chose
32:49qu'elle avait installé
32:50parce qu'elle avait mal au dos
32:51et que le rocking chair
32:53la préservait de ce mal au dos.
32:54Ah, je ne savais pas ça.
32:55Et c'est vrai que sur scène,
32:58elle vivait complètement
32:59sa journée au théâtre.
33:01Ah oui, oui, oui.
33:02Elle arrivait, je ne sais pas,
33:03à 8 heures du matin.
33:04Oui.
33:04Ah oui.
33:05Et non seulement elle était là,
33:08mais elle vivait ça
33:09et même pas question d'y parler
33:11pendant qu'elle se préparait.
33:12Ah oui, ça.
33:13Et puis, il ne fallait pas toucher
33:14son habit de scène et tout ça.
33:16C'était sacré.
33:18Oui, oui.
33:20Tout était très, très minutieusement organisé.
33:24Et c'était, oui, c'était sacré.
33:29Vous l'avez souvent vue sur scène,
33:30Barbara, Marie-Paul Bell ?
33:32Assez souvent, oui.
33:34Jusqu'au bout ?
33:34Parce qu'à la fin,
33:35elle ne pouvait plus changer.
33:36À la fin, je n'ai pas voulu aller la voir
33:38quand elle chantait au Châtelet
33:40parce qu'elle avait sa voix
33:42qui était très abîmée.
33:43Je ne voulais pas être déçue.
33:44Je voulais rester avec une image d'elle
33:48complètement pure, comme j'avais...
33:52La période que j'ai préférée,
33:53c'est quand je l'ai découverte à Bobineau, quoi.
33:56Voilà.
33:56Et d'ailleurs, elle terminait tous ses récitals
33:58de la même façon,
34:00avec une chanson tellement connue
34:02que le public lui envoyait des roses sur scène
34:05quand elle interprétait ceci.
34:06Plus belle histoire de mou, c'est vous.
34:12Mais tant d'hiver et d'automne,
34:14de nuit, de jour et personne,
34:17vous n'étiez jamais au rendez-vous.
34:20C'est une chanson qui touche les cœurs aussi, celle-là ?
34:27Complètement.
34:28Et puis quand on est artiste,
34:30on ressent tellement fort ce qu'elle raconte
34:33parce qu'on l'a vécu.
34:34Je veux dire,
34:34donc on a une admiration
34:37et comme une sorte de jalousie
34:39de se dire,
34:40oh là là,
34:40j'aurais tellement voulu écrire si bien
34:43ce qu'elle ressent
34:44et ce qu'on ressent tous.
34:46Et d'ailleurs,
34:47vous avez parlé avec elle
34:47quelques temps avant sa disparition ?
34:49Vous lui envoyez un fax ?
34:51Vous lui demandez une autorisation,
34:53je crois,
34:53pour une chanson ?
34:54Oui,
34:54vous lui demandez de chanter
34:56et elle m'a dit au contraire,
34:58ça me ferait tellement plaisir
34:59et elle était adorable,
35:02vraiment.
35:03Et c'était, je crois,
35:044-5 jours avant qu'elle nous quitte ?
35:06C'était un vendredi,
35:08elle est morte dans la nuit du dimanche
35:10au lundi, oui.
35:11C'est fou,
35:11on ne s'y attendait pas ?
35:12Non.
35:12Elle est morte d'une intoxication alimentaire.
35:15C'est fou.
35:16Oui, c'est incroyable.
35:17Parce qu'elle était malade
35:18mais pas au point de disparaître.
35:19Non, non, bien sûr.
35:21Elle écrivait ses mémoires,
35:22je crois.
35:23Ah, je ne sais pas.
35:24Elle écrivait ses mémoires
35:25qu'elle n'a pas pu achever,
35:25qu'ils ont sorti
35:26et que son frère,
35:28qui était psychiatre,
35:29a relu,
35:30mais elle aurait dû terminer ce livre.
35:32Ah oui, oui.
35:35Je ne sais pas.
35:39Je ne l'ai pas lu,
35:40alors je ne peux pas vous en parler.
35:41Oui, je l'ai lu
35:42et je peux vous dire
35:43qu'il y a beaucoup de choses
35:44très touchantes
35:45mais on sent
35:46qu'il manquait effectivement
35:47cette précision
35:48qu'elle avait
35:49parce que chaque mot
35:50comptait pour elle
35:50dans une chanson.
35:51Ah oui, bien sûr.
35:53Elle était très précise,
35:55très minutieuse,
35:56très travailleuse.
35:59Très travailleuse.
36:00Et vous aussi.
36:01Et on va évoquer justement
36:02ce travail
36:03à la date du 3 juin 2025.
36:05A tout de suite
36:05sur Sud Radio
36:06avec Paris-Paul-Belle.
36:08Sud Radio,
36:09les clés d'une vie.
36:10Jacques Pessis.
36:11Sud Radio,
36:11les clés d'une vie.
36:12mon invité Marie-Paul Belle.
36:14On a beaucoup évoqué
36:14le parcours de Barbara
36:16depuis le début
36:17de cette émission
36:17et le 3 juin 2025
36:19au Théâtre de Passy
36:21à Paris.
36:22Vous revenez
36:22avec ce spectacle
36:23Belle et Barbara.
36:24Un spectacle
36:25qui à votre grande surprise
36:26est devenu un classique
36:27Marie-Paul Belle.
36:29Oui,
36:29j'étais étonnée
36:31parce que
36:31c'est vrai
36:32que c'est délicat
36:32de chanter
36:33des chansons de Barbara
36:34après elle.
36:35Donc,
36:36comme surtout
36:36qu'elle avait,
36:39elle a toujours
36:39des fans inconditionnels.
36:41quand elle chantait,
36:42c'était une messe.
36:44Vraiment,
36:45c'était risqué
36:46de chanter son répertoire
36:49après elle.
36:49Mais finalement,
36:50j'ai eu de la chance
36:51parce que j'ai été adoptée
36:52par ses propres fans
36:53et qui sont devenus
36:55peu à peu les miens.
36:56Il se trouve que
36:57tout a démarré,
36:58je crois,
36:58au Théâtre de Deezer
36:59en 1997.
37:01Oui,
37:02c'était un très joli
37:03petit théâtre
37:04où beaucoup d'humoristes
37:07ont démarré
37:08et c'était un théâtre
37:10où il y avait
37:12de l'humour
37:13et de la chanson.
37:15Des grands noms
37:15comme Muriel Robin
37:16ont démarré là
37:17et puis dans la chanson
37:20aussi des chanteuses
37:22et des chanteurs
37:23qui sont devenus classiques.
37:25Mais le Théâtre de Deezer
37:28s'était dirigé
37:29par deux personnes,
37:31Jean-Michel Joyot
37:31et Michel Milletti
37:32qui étaient des amoureux
37:35fous de la chanson
37:36et quand on arrivait
37:39à passer dans ce théâtre,
37:40c'était déjà
37:41de monter une marche
37:42vers le succès.
37:43On commençait à être reconnus
37:46donc c'était
37:47très très important.
37:49Et un jour,
37:49vous vous êtes dit
37:50tiens,
37:50si je faisais un récital
37:51sur Barbara en hommage.
37:52C'est dit comme ça ?
37:54Oui,
37:54j'avais envie
37:55parce que je l'aimais tellement
37:56que c'était comme un besoin.
37:58Il fallait que je m'exprime
38:00de cette façon.
38:01Et donc,
38:02vous avez commencé
38:02et l'une des chansons
38:04que vous avez interprétées
38:05et qui sont toujours
38:06à votre répertoire,
38:07c'est
38:07Le Petit Bois de Saint-Amand.
38:09Il y a nos 15 ans
38:10qui s'affolent
38:11dans le petit bois
38:13de Saint-Amand
38:14et sous l'arbre
38:15sans parole
38:16tu me berces
38:17amoureusement.
38:19Il y a nos 15 ans
38:20qui s'affolent
38:21dans le petit bois
38:22de Saint-Amand
38:23mais un beau jour
38:24tête folle
38:25Ce petit bois de Saint-Amand,
38:27il aurait existé.
38:28Ah bon,
38:29je ne savais pas.
38:29En fait,
38:30certains disent
38:31qu'il serait dans le Jura
38:32et il y a la propriétaire
38:33d'un château
38:34de Bois-Renaud
38:35à Busancet
38:36qui dit qu'à l'époque,
38:38en 57,
38:38Barbara est venue
38:39avec l'amant de l'époque
38:40qui s'appelait
38:41Jean Poissonnier
38:41et qu'il y avait à côté
38:43un petit bois
38:44à Linière
38:45et que c'est le petit bois
38:46de Linière
38:47qui lui a donné
38:47l'idée du petit bois
38:48de Saint-Amand.
38:49Ah, c'est joli.
38:50J'adore parce que
38:52c'est tellement toujours
38:54précieux
38:55tous ces renseignements
38:57que tu donnes.
38:58Ce petit bois
38:59de Saint-Amand,
38:59pourquoi cette chanson ?
39:00Elle vous touche particulièrement ?
39:02Oui, parce qu'elle est jolie.
39:03Je trouve que c'est
39:03comme une comptine enfantine.
39:07Ça reste dans la tête.
39:09C'est joyeux.
39:10J'aime bien.
39:11Et le répertoire de Barbara
39:13que vous chantez à vos débuts
39:14quand vous décidez
39:16de reprendre son répertoire,
39:18ce sont les premières chansons,
39:19celles de l'époque de Bobineau ?
39:21Oui, parce que c'est la période
39:22que je préfère.
39:26Où justement se trouvent
39:28les plus grandes chansons
39:29qu'elle ait écrite
39:31et les plus personnelles,
39:33je trouve,
39:34avec Le Bel Âge,
39:37des chansons comme ça.
39:38C'est vraiment quelque chose
39:39qui vous touche particulièrement ?
39:41Ah oui, oui, complètement.
39:45J'aime moins les chansons
39:48comme L'Aigle Noir
39:49et ses grandes chansons
39:50beaucoup plus populaires
39:51qui sont venues ensuite.
39:54Pour moi,
39:55vraiment,
39:55l'essence
39:56de la personnalité
39:58de Barbara
39:58se trouve
39:59dans ses premières chansons.
40:01Alors, il se trouve
40:01que ce spectacle
40:02a démarré
40:03pour quelques semaines
40:04au Théâtre de Deezer,
40:05au départ,
40:05et que ça a été complet
40:06tout de suite ?
40:07Oui, j'ai eu de la chance.
40:08Oui, c'était...
40:10Le bouche à oreille
40:10a été fantastique, oui.
40:12À tel point
40:12que ça s'est développé,
40:13ce que vous n'imaginiez pas
40:14au départ ?
40:15Non, pas du tout, non.
40:16Parce que je chantais
40:18ces chansons-là
40:19comme un hommage.
40:21Je veux dire,
40:22je ne pensais pas du tout
40:23que ce spectacle
40:25aurait tant de succès, quoi.
40:27Vous êtes passée ensuite,
40:28je crois,
40:28au Casino de Paris ?
40:29Oui, c'est vrai.
40:30Oui, oui.
40:31Oui, c'était aussi ça.
40:32C'était formidable
40:33parce que ce n'était pas du tout
40:34le même rapport
40:35avec la salle.
40:36Il y avait un côté
40:36plus chaud, quoi.
40:38Quand on chante
40:39dans une petite salle,
40:40il y a un côté plus intime,
40:42confidentiel.
40:43On parle plus.
40:45On enchaîne plus vite
40:46les chansons
40:47sur une grande scène
40:48pour avoir une rythmique
40:50du spectacle plus forte.
40:52Mais c'est bien.
40:54Même la gestuelle
40:54est différente.
40:57Je veux dire,
40:57si dans une petite salle,
40:59on va faire
41:00des gestes
41:01plus resserrés
41:02et sur une grande scène,
41:05on va faire
41:06une gestuelle
41:07beaucoup plus large.
41:08En même temps,
41:09il faut choisir
41:10le répertoire
41:11parce qu'il ne faut pas
41:11que ça ressemble non plus
41:12à un récital de Barbara.
41:14Ah ben non,
41:15oui.
41:17Moi, ce que j'aime bien,
41:18c'est les ruptures.
41:19J'aime bien passer
41:20d'une chanson très grave
41:21à une chanson sautillante
41:23ou inversement,
41:25désarçonner un peu
41:26le public
41:30les réveiller un peu.
41:32Mais il faut aussi
41:33se dire telle chanson
41:34plutôt que telle autre.
41:36Ça aussi,
41:36c'est presque
41:38une longue interrogation.
41:40Oui,
41:41je ne sais pas.
41:43Ça vient automatiquement
41:44au fur et à mesure, oui.
41:46Et puis,
41:46il y a une chanson
41:46aussi importante
41:47dans votre récital,
41:49Hommage à Barbara,
41:50et cette chanson
41:51est liée à une histoire.
41:52qu'elle est difficile
41:54cette cantate sans toi.
41:56Une petite prière,
41:58la, la, la, la,
41:59avec mon cœur
42:00pour l'affaire
42:01et mes dix doigts.
42:03Une petite prière,
42:04mais sans un signe de croix.
42:06Quelle offense,
42:07Dieu le Père,
42:08il me le pardonnera.
42:09C'est une petite cantate
42:11et elle a une histoire,
42:12Marie-Paul Belle.
42:12Oui,
42:13parce que c'est une chanson
42:14qui parle
42:15de Liliane Benelli
42:18qui était sa pianiste
42:19et qui était la fiancée
42:20de Serge Lama
42:21et qui est morte
42:22dans l'accident de voiture
42:23qu'a eu Serge
42:24avec elle
42:26et où il a été
42:28très très accidenté
42:29et c'est à partir
42:31de cet accident-là
42:33qu'il s'est mis à boiter
42:34le pauvre.
42:35Et elle,
42:36la pauvre,
42:36elle est...
42:37C'est terrible.
42:38Elle est morte
42:39dans cet accident.
42:41Et donc,
42:41Barbara a voulu lui rendre hommage
42:43avec cette chanson ?
42:43Oui,
42:44au mot mon ami
42:45Oma dit douce
42:46Oma si petite à moi
42:47qu'elle est difficile
42:48cette chanson.
42:49Et oui,
42:50elle s'adresse à elle
42:51qui est de l'autre côté
42:52qui est partie, oui.
42:54Et Lama, en revanche,
42:55est restée,
42:55fort heureusement,
42:56et vous avez créé
42:57des liens d'amitié
42:58très particuliers
42:59avec Serge Lama
43:00et Marie-Paul Belle.
43:01Oui,
43:01c'est comme mon frère,
43:02c'est mon grand frère
43:03parce que j'ai eu la chance
43:04d'être engagée
43:05dans sa tournée
43:07en 64.
43:08et pendant plusieurs années
43:10par Eddy Marouani
43:12qui m'avait remarqué
43:13à l'écluse justement
43:14au cours d'une émission
43:15sur l'écluse
43:17où participait,
43:18dans laquelle participait Serge.
43:21Et c'est comme ça
43:21qu'on s'est rencontrés
43:22et on a vécu
43:25des choses extraordinaires
43:26pendant des années
43:27et des années.
43:27Vous avez beaucoup ri ensemble.
43:29Oui, beaucoup ri,
43:30beaucoup partagé
43:31de trajet.
43:33Je faisais les étapes,
43:35je conduisais
43:36une petite mini,
43:38ils venaient avec moi
43:39dans la mini,
43:40même si ce n'était pas
43:41très confortable
43:42pour qu'on puisse
43:43bavarder pendant des heures.
43:46Et puis c'est resté,
43:47c'est toujours mon grand frère,
43:48on s'écrit beaucoup
43:49de SMS.
43:51Je sais même que moi
43:52je me souviens
43:52des 60 ans
43:53de Serge Lama à Bercy
43:55où vous êtes arrivée
43:56en invitée surprise,
43:57Marie-Paul Belle.
43:58C'était une surprise
43:59pour moi aussi,
43:59il ne m'avait pas prévenu
44:00parce qu'il savait
44:01que j'avais tellement
44:02de trac
44:02que j'aurais dit non.
44:04Et j'étais dans le public
44:06et Simone Marouani
44:08qui était son impresario
44:09est venue me chercher
44:10en me disant
44:10viens, il veut te dire bonjour
44:11dès qu'il sort de scène.
44:13Et alors on m'a mis
44:14derrière le rideau
44:15quand il est sorti de scène
44:16il m'a dit
44:17ah, il va m'embrasser
44:18et tout ça
44:19et puis il me dit
44:19bouge pas, bouge pas.
44:20et il retourne
44:22sur scène
44:25et il dit
44:26et maintenant
44:26je vais vous présenter
44:27mon ami Marie-Paul Belle
44:29et on me pousse
44:30et je me retrouve
44:30devant 18 000 personnes
44:32à Bercy.
44:33Waouh, waouh
44:33et il a fallu
44:34que je chante
44:35la petite Quentin.
44:36Exactement,
44:37c'était un bel hommage.
44:38Et parmi les chansons
44:39du répertoire de Barbara,
44:41il en est une aussi
44:42que vous interprétez
44:43à votre façon.
44:45À l'abri du grand soleil
44:48je ne l'avais pas vu venir
44:50ce gosse
44:52c'était une merveille
44:54de le voir sourire
44:56voilà que timidement
45:01le Jésus me parle
45:04Le Bel Âge.
45:05Oui, j'adore cette chanson.
45:07Je ne sais pas pourquoi,
45:08je trouve qu'elle a un climat
45:09formidable
45:10et c'est une très belle chanson
45:13d'amour je trouve.
45:14Et quand vous avez créé
45:15ce spectacle sur Barbara,
45:17vous avez veillé
45:17à ne pas écouter
45:18ces disques Marie-Paul Belle.
45:19Parce que je ne voulais pas
45:21être influencée
45:22par son phrasé
45:23et même inconsciemment
45:24être influencée
45:25par son interprétation.
45:27Donc je me suis refusée
45:28de toute écoute
45:31pour essayer
45:32de mettre
45:33mon intention personnelle.
45:35Est-ce qu'on imaginait
45:36à l'époque
45:37que ces chansons
45:37allaient durer
45:38et être éternelles ?
45:41Je ne sais pas,
45:43non,
45:43peut-être on n'imaginait pas
45:44en tout cas
45:45d'une façon
45:47tellement énorme.
45:48Il y avait beaucoup
45:51d'amoureux
45:52de chansons
45:53de Barbara.
45:57Elle était très aimée.
46:00Est-ce qu'elle était consciente
46:01de ce qu'elle apportait
46:02et de ce répertoire ?
46:04Je pense qu'elle était consciente.
46:05Je ne sais pas,
46:06je n'en sais rien,
46:07je ne lui ai jamais demandé
46:07mais je pense
46:09qu'elle devait être consciente
46:10quand même.
46:11Et puis il y a
46:11cette tournée internationale
46:13car on l'a un peu oubliée,
46:15Barbara a été une star
46:16dans plusieurs pays
46:17et vous avez suivi
46:18le mouvement
46:18Marie-Paul Belle.
46:19Pardon ?
46:19Vous avez suivi le mouvement
46:20parce que vous avez
46:21vous aussi chanté
46:22dans plusieurs pays.
46:23Dans les pays francophones
46:24surtout,
46:25oui bien sûr,
46:25ça nous a ouvert
46:26les portes du Québec.
46:29On était très très aimés.
46:32La Belgique,
46:32la Suisse,
46:33le Luxembourg,
46:34tout ça, oui.
46:34Et puis il y a aussi
46:35le Japon.
46:36Ah oui,
46:36ça c'est vrai.
46:37Alors ça c'était
46:38très très impressionnant
46:40et très drôle
46:41même quelques fois
46:42parce que
46:43je me souviens
46:45il y avait un spectacle
46:46où il y avait
46:46une première partie
46:47et dans cette première partie
46:49il y avait trois femmes
46:50qui chantaient
46:52habillées avec des robes
46:53bleues,
46:54blancs,
46:54rouges
46:54et elles s'appelaient
46:55les fées de la chanson
46:56et elles chantaient
46:58du Barbara
46:58en japonais.
47:00Alors ça faisait,
47:01nous ça nous faisait rire,
47:02on était dans les coulisses,
47:03c'est pas gentil
47:04mais ça faisait
47:05et donc on riait beaucoup.
47:11Mais vous,
47:12vous avez ensuite chanté
47:12en français Barbara ?
47:13Oui,
47:14j'ai chanté en français
47:15et alors
47:16le public
47:19avait des
47:21petites fiches
47:23où on leur
47:24traduit
47:25les textes
47:27et donc
47:28ils suivaient
47:28sur ce programme.
47:30C'est extraordinaire,
47:31c'est vrai que
47:31Barbara célèbre au Japon,
47:33qu'est-ce qui peut les toucher
47:34les japonais ?
47:35C'est les paroles,
47:35c'est la musique ?
47:36Les deux je pense
47:37parce qu'ils adorent
47:37les mélodies françaises,
47:39la musique française
47:40et la sonorité
47:41de la langue française
47:42qui est très particulière.
47:45Et puis il y a une autre chanson
47:46aussi qui est à votre répertoire,
47:48c'est Drouot.
47:49Comme chaque matin
47:50dans la salle des ventes
47:52Bourdonnait une foule
47:56fiévreuse et impatiente
47:57Ceux qui pour quelques sous
48:01rachètent pour les vendes
48:02Pourquoi cette chanson
48:03Marie-Paul Belle, Drouot ?
48:04Je ne sais pas,
48:05je trouve qu'on voit
48:06tellement l'image
48:07de cette femme
48:08c'est pathétique,
48:12ça m'avait beaucoup touchée.
48:14C'est une image réelle,
48:15en fait elle allait fouiner
48:17dans les ventes aux enchères
48:18et voir les gens
48:19qui se séparaient
48:20mais en larmes
48:21de leurs objets,
48:22ça avait beaucoup touché.
48:24Je comprends ça.
48:26Et d'ailleurs elle-même,
48:27ses souvenirs,
48:28son piano
48:28ont été vendus aux enchères.
48:29son mobilier,
48:32je ne sais pas si vous avez
48:32suivi ça.
48:33Non, je n'ai pas suivi
48:34mais je l'ai su, oui.
48:37Oui, son piano surtout,
48:38c'est incroyable.
48:39Des fans qui ont acheté
48:40ce piano.
48:42Oui.
48:42Et puis,
48:44elle continue à vivre
48:45dans nos cœurs
48:46et ce spectacle se poursuit.
48:48Pourquoi ?
48:48Est-ce que vous pensez
48:49que vous joueriez aussi longtemps
48:50ce spectacle ?
48:51Ah non, pas du tout,
48:52je ne pensais pas du tout.
48:54Mais le bouche à oreille
48:58est tellement fort,
48:59les amoureux des chansons
49:00de Barbara sont toujours là
49:02et même il y en a
49:03de plus en plus.
49:04Donc,
49:05c'est vraiment un cadeau.
49:07La jeune génération
49:08est là dans la salle.
49:08Oui, oui,
49:09c'est ça qui est extraordinaire
49:11parce qu'on pourrait penser
49:12que les amoureux
49:13des chansons de Barbara
49:14ont mon âge.
49:16Je veux dire,
49:16mais cet amour
49:19se transmet
49:19de génération en génération.
49:21Maintenant,
49:21il y a trois générations
49:22et des tout jeunes
49:24qui m'écrivent
49:26et qui remercient
49:28de chanter ces chansons encore.
49:30Donc,
49:31vous allez pour l'instant
49:31faire ces 15 jours
49:32au Théâtre de Passy
49:33et ensuite,
49:34vous allez peut-être continuer ?
49:35Si on me le demande volontiers.
49:37En tout cas,
49:39pour l'instant,
49:39c'est du 3 juin
49:40au 15 juin,
49:41un véritable cadeau,
49:42le retour de Marie-Paul Belle
49:44dans Barbara
49:44avec à la fois
49:46les chansons de Barbara
49:47et votre propre répertoire.
49:48Oui,
49:48je vais chanter
49:49des chansons
49:50de mon répertoire aussi
49:51parce qu'on me le demande
49:52alors j'ai envie
49:53de faire plaisir.
49:54En tout cas,
49:55vous avez fait plaisir
49:55aujourd'hui
49:56avec votre présence
49:57dans Les Clés d'une Vie
49:58et je vous en remercie
49:59et continuez ainsi
50:00Marie-Paul Belle.
50:01Je vous remercie Jacques,
50:02merci beaucoup.
50:03Les Clés d'une Vie
50:03c'est terminé pour aujourd'hui.
50:04On se retrouve bientôt.
50:06Restez fidèles
50:07sur les clés d'une vie.
50:08On se retrouve bientôt.

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