- 11/06/2025
Les clefs d'une vie avec Irene Frain
🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
________________________________________
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC
##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-06-11##
🗝 Découvrez plusieurs dates-clefs de la vie des plus grands artistes, auteurs et personnalités aux côtés de Jacques Pessis.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
________________________________________
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
________________________________________
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéos des clefs d’une vie : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQVk_MxJ_jFc3Az4Aqy_giC
##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-06-11##
Catégorie
✨
PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06La femme que vous êtes ne s'en est jamais laissée compter.
00:10La romancière que vous demeurez a consacré plus de mille et une nuits à écrire des romans
00:15dont le dernier résume justement cette force de travail.
00:18Bonjour, Irène Frein.
00:20Bonjour, Jacques Pessis.
00:21Alors, on se retrouve pour un livre, L'or de la nuit, qu'on va évoquer,
00:24le grand roman des mille et une nuits qui sort chez Julliard.
00:27Mais vous savez que le principe des clés d'une vie, c'est aussi de parler de votre parcours
00:32bien au-delà de mille et une nuits.
00:34Votre parcours tout au long de votre vie de romancière et pas seulement.
00:38Donc, ce sont des dates clés.
00:39Et la première que j'ai trouvée, c'est le 14 décembre 1979.
00:45Votre première télé régionale, la télé Pays de la Loire,
00:49vous présentez un livre qui s'appelle
00:51« Quand les Bretons peuplaient les mers » sous le nom de Irène Frein-le-Pouron.
00:56Vous vous en souvenez ?
00:57Non.
00:58C'est-à-dire que c'est une télé, une télé, c'est votre première télé.
01:01Oui.
01:02Et vous évoquez ce roman, enfin ce livre,
01:04« Quand les Bretons peuplaient les mers » qui a été un livre important pour vous.
01:07Ah oui, je me souviens très bien de ce livre.
01:10En fait, à l'époque, j'étais prof assistante en Sorbonne de latin.
01:16Je préparais une thèse sur le vocabulaire latin du temps
01:20chez les poètes du 1er siècle avant Jésus-Christ.
01:22Vous voyez à quoi vous avez échappé.
01:24Et là, un historien, Pierre-Michel,
01:27qui a fondé une collection d'histoires régionales,
01:30qui commence par Caen.
01:31Alors, il y avait Caen.
01:33Les Anglais vendent en danger de l'équitaine, par exemple,
01:35« Quand les Bretons peuplaient les mers ».
01:38Et moi, je lui dis, mais attendez, moi je suis bretonne, oui.
01:42Il me dit, c'est pour ça que je vous appelle.
01:44Ok, très bien, mais c'est vaste l'histoire de la Bretagne.
01:48Il me dit, écoutez, sur les oubliés de l'histoire bretonne,
01:54ceux dont on ne parle jamais, les pauvres, les sans-grades.
01:57Alors là, j'ai dit oui.
01:57Et j'ai tout lâché de ma thèse.
01:59Comment il vous avait repéré, Pierre-Michel ?
02:02Il m'avait repéré parce que j'étais la prof de son fils,
02:07qui était particulièrement, comment dire,
02:11peut-être pas turbulent, mais un peu perdu, je dirais.
02:15Et il était venu me voir.
02:18Et j'avais été cash avec lui.
02:21J'ai toujours été cash dans ma vie.
02:23Je lui avais ciblé les problèmes de son fils.
02:28Et je crois même qu'il m'avait demandé de mettre ça par écrit.
02:32Et je l'avais fait.
02:33Et il avait été sans doute impressionné par mon écriture.
02:36Et aussi par les cours de français que je donnais à son fils.
02:40Mais vous ne pensiez pas devenir romancière à l'époque, Irène Frein ?
02:43Non.
02:44Pour moi, les écrivains, c'était des gens inaccessibles.
02:48Ils étaient déjà inaccessibles du temps que j'étais petite
02:52et où je voyais les livres, les prix littéraires, par exemple,
02:56ce que rapportait ma soeur Denise.
02:59Moi, soeur aînée, dans notre tout petit milieu, on était très, très pauvre.
03:03Et moi, j'étais attirée par l'école.
03:05Je travaillais bien à l'école.
03:07Je savais que c'était un passeport pour m'en sortir.
03:10Mais les écrivains, d'abord, à l'époque, on ne les voyait pas.
03:13Il n'y avait pas la télé.
03:14On les entendait peu à la radio ou alors dans des émissions
03:19pendant lesquelles moi, j'étais à l'école où je dormais.
03:22Et c'était Paris.
03:24Et c'était presque des gens qui n'avaient pas de consistance
03:27et un peu comme des demi-dieux,
03:30mais qui parlaient depuis un monde extrêmement lointain.
03:34et il fallait surtout s'incliner devant eux.
03:37Oui, en même temps, les livres, ça vous attirait ?
03:40Les livres, ça m'attirait parce que mon père considérait
03:44que c'était le passeport pour se sortir d'une vie de pauvre, en fait.
03:49Et lui, il s'était sorti pendant...
03:53quand il avait été gardien de vache.
03:55Donc, quand il était parti à Lorient,
03:58il avait, comme il m'avait dit, réappris le français
04:01qu'il avait désappris quand on l'avait sorti de l'école.
04:04Alors, ça, à 11 ans, quoi.
04:08Sa mère n'avait pas d'argent
04:10pour écouter l'instituteur qui voulait qu'il passe au collège.
04:15Et il ne parlait plus que breton
04:18quand il était arrivé sur la côte de Lorient,
04:20qui est une ville francophone.
04:22Et à ce moment-là,
04:25avec l'argent de ma première paye, me dit-il,
04:28je m'étais acheté une grammaire française.
04:31Et le reste, je l'ai appris en écoutant les gens.
04:35Et en fait, la langue française, pour lui,
04:38c'était la langue qui cachait qu'on était pauvre.
04:42Vous voyez, la langue de la dignité
04:43qui permettait de dire...
04:47En fait, je suis peut-être pauvre, mais je me tiens.
04:50Et donc, il achetait des livres.
04:53Et pendant la Seconde Guerre mondiale,
04:55quand il a été prisonnier,
04:56la première chose qu'il a demandé à ma mère,
04:58qu'il avait épousée très jeune, d'ailleurs,
05:01c'est de lui envoyer des livres.
05:03Et il a lu de la littérature assez élaborée,
05:08lui qui n'avait que son certif.
05:10Il a lu Chateaubriand,
05:11il a lu, bien sûr, Victor Hugo,
05:14il a lu Duverlaine.
05:15Et j'ai retrouvé ses livres plus tard.
05:18Et au grenier étaient entreposés les livres.
05:20Et donc, je fouinais.
05:22Et puis, je lisais aussi ce que j'appelais
05:24les livres de Denise,
05:25qui étaient entreposés dans le cosy.
05:27Vous savez, c'était des meubles de l'époque,
05:28un rayonnage qui encerclait presque le lit.
05:35On couchait, et dès qu'elle n'était pas là,
05:36je couchais dans son lit.
05:38Et je regardais les livres,
05:39et comme elle était très douée,
05:41elle avait fait des études poussées,
05:43elle était professeure déjà capétien,
05:48vous voyez, c'est juste...
05:49Oui, votre soeur, Denis.
05:49Ma soeur est née.
05:51Je me souviens, elle avait des pléiades.
05:53Un jour, j'ai ouvert Proust,
05:55à cause du titre,
05:56à l'ombre des jeunes filles en fleurs,
05:58que je ne comprenais pas.
05:59J'ai lu les premières lignes
06:02de la recherche du temps perdu.
06:03Longtemps, je me suis couché de bonheur.
06:05J'ai continué ardiment,
06:07en peinant quand même.
06:08Et puis là, je me suis dit,
06:09je ne serai jamais Denise.
06:11Mais je savais que je devais
06:12avoir des diplômes pour m'en sortir.
06:15Et alors, résultat,
06:15vous avez des diplômes,
06:17vous êtes assistante
06:17et vous vous plongez dans l'écriture.
06:19Et là, ça a été la première fois
06:20où vous avez mené une enquête
06:21presque journalistique et historienne
06:24pour ce premier livre, Irène Fras.
06:26Oui, parce que j'ai beau
06:29avoir eu une formation universitaire,
06:32moi, j'ai écouté beaucoup
06:33d'histoires, de contes.
06:37Quand j'étais petite,
06:38la Bretagne des années 50 et 60
06:40était une Bretagne encore narrative,
06:42encore traditionnelle.
06:43Ma grand-mère, mes grands-tambes
06:45portaient des coiffes, si vous voulez.
06:46Et donc, on racontait beaucoup d'histoires
06:49avec, vous savez, Lancoux, etc.
06:51Et moi, j'étais attentive,
06:54très attentive aux gens,
06:57mais aussi aux lieux.
06:59Donc, quand j'ai écrit
07:00« Quand les Bretons peuplaient les mers »,
07:02il y avait beaucoup qui étaient allés
07:03à l'île Maurice et à La Réunion.
07:05Avec les quelques sous que j'avais d'économie,
07:07je suis allée à l'île Maurice
07:09pour voir les tombes de ces gens,
07:11leurs plantations.
07:12Et ensuite, quand j'ai écrit le Nabab,
07:15je suis allée en Inde,
07:16mais avec mes trois sous.
07:18Mais parce que je trouve
07:19qu'on comprend vraiment les gens
07:20quand s'entendent les lieux,
07:24les odeurs, les sensations physiques.
07:26Et je crois qu'en fait,
07:28je suis une...
07:30Oui, une universitaire,
07:32mais dans le fond,
07:33je suis surtout quelqu'un
07:35qui a envie de raconter.
07:39Et on raconte à travers
07:41son système émotionnel.
07:42Et quand on se déplace,
07:44le système émotionnel intuitif,
07:46comme ça, il est à l'affût complètement,
07:48des parfums,
07:50des couleurs.
07:52On comprend les gens par les lieux.
07:54Mais Balzac le disait déjà
07:56et Simonon aussi.
07:58En même temps, ce livre,
08:00ça a été un gros travail
08:00parce qu'il y avait des gens
08:02totalement oubliés.
08:03Jacques Cartier, par exemple.
08:04Oui, par exemple.
08:05On ne sait rien de sa naissance.
08:07On ne sait pas grand-chose de lui.
08:10Et on ne sait presque rien
08:11de l'Amérique du Nord
08:12et de l'époque.
08:13Oui, Jacques Cartier,
08:14ce qui était passionnant,
08:15c'est que c'est l'histoire
08:16d'une illusion.
08:16Il veut chercher la Chine
08:22telle qu'on l'imaginait à l'époque
08:26avec des pierreries
08:27et des fleurs fabuleuses.
08:32Alors, il se dit qu'en allant vers l'ouest,
08:34il va finir par trouver l'est,
08:35ce qui est très juste d'ailleurs.
08:37Mais il découvre le Saint-Laurent
08:40et il veut toujours trouver ses pierreries.
08:44En fait, il va ramasser du cristal de roche
08:46qu'il va rapporter au roi de France.
08:49Et là, on va lui dire
08:51non, non, ce n'est pas des diamants.
08:53Et là, il va être discrédité.
08:54C'est très romanesque.
08:59L'histoire de Cartier,
09:01ça aurait pu être écrit par Balzac
09:04dans Les Illusions perdues.
09:06Alors, il se trouve aussi que
09:07ce qui a compté pour vous dans votre enfance,
09:09Irène France, sont les livres,
09:11mais aussi les chants bretons.
09:12Un chant traditionnel breton,
09:21vous les connaissez à peu près tous, je crois.
09:22Oui, je pourrais chanter, oui, ça.
09:25C'est vrai que ces chants traditionnels,
09:26au départ, c'était des feuilles volantes
09:29qu'on distribuait avec les paroles de ces chansons
09:33et des associations les ont maintenues en vie
09:35au fil des décennies.
09:37Oui, et puis des gens comme Dan Arbras
09:39et Alan Stivel,
09:41qui est l'un de mes meilleurs amis,
09:42en ont donné une transcription musicale
09:45absolument extraordinaire.
09:47Alan, notamment avec la harpe celtique.
09:50On va en parler justement tout à l'heure.
09:51Et donc, moi, ces chants-là,
09:53oui, Trimartolote, Yaouang,
09:55je pourrais vous le chanter, oui.
09:56Ça fait partie des souvenirs d'enfance ?
09:59Moi, je n'ai pas beaucoup entendu ça,
10:00mais ces chants-là,
10:03parce que j'étais en Bretagne Sud
10:04et dans une ville francophone.
10:08Et à l'époque, les gens avaient peur de passer pour des arriérés.
10:14Et c'est ainsi que mes parents nous ont interdits de parler bretons.
10:17Donc, c'était toujours la peur
10:19de nous, comment vous dire,
10:23qu'on soit méprisé à l'école
10:25et stigmatisé comme il l'avait été
10:27pour les études.
10:29C'est-à-dire qu'il y avait des bretons du Nord
10:31et du bretons du Sud ?
10:32Les bretons du Nord étaient beaux
10:33et de Finistère étaient beaucoup plus bretonnants.
10:35Et dans cette ville francophone
10:37et qui était, l'Orient,
10:39et qui était très,
10:41comment vous dire,
10:43il y avait une émulation pour les diplômes
10:45entre ceux qui venaient de l'école des,
10:48et étaient à ce cas l'école des Blancs,
10:50comme Jean-Yves Le Drian,
10:52c'est-à-dire qui avait été repéré comme pauvre,
10:55mais qui était allé au lycée catholique,
10:57protégée par ceux qu'on appelait les curés.
11:01Et nous, on était des rouges,
11:02c'est-à-dire c'était l'école laïque.
11:05Telle que vous me voyez,
11:06j'ai défilé un peu comme en Union soviétique,
11:10dans cette ville qui était à la fois socialiste
11:11et communiste,
11:13pour la fête de l'école laïque.
11:15Et je connais aussi très bien
11:16le champ de l'école laïque.
11:18Et c'était très, vous savez,
11:20ces années un peu soviético-envahissantes,
11:23je dirais-je.
11:24Et mon père, lui,
11:25il disait qu'il fallait les deux.
11:26Donc j'ai mangé à tous les râteliers.
11:28Mais pour vous dire,
11:30en fait, on allait voir les défilés
11:33qu'on appelait à l'époque folklorique,
11:36c'était les défilés en costume.
11:38Et moi, on était tous très émus
11:40quand on voyait ces défilés
11:42qui sont les ancêtres
11:43du festival interceltique de l'Orient.
11:46Et moi, quand je vais au festival
11:48et que je vois défiler
11:49tous ces costumes formidables,
11:52écoutez, je l'avoue franchement,
11:55je pleure parce que c'est mon enfance,
11:58parce que c'est la fierté bretonne,
12:00parce qu'autour de moi,
12:01il n'y avait que des femmes en costume
12:02qui, les unes après les autres,
12:05comme on disait là-bas,
12:05lâchaient la coiffe.
12:07Mais pas toutes.
12:07Moi, j'ai eu beaucoup
12:08de parentés résistantes
12:10à propos de la coiffe
12:11et c'est notre culture malgré tout.
12:13Voilà.
12:13Donc ça, c'était vos débuts
12:14dans la littérature.
12:15Mais il y a d'autres débuts
12:16qu'on va évoquer
12:17à travers la date
12:18du 11 mars 1987.
12:19À tout de suite
12:21sur Sud Radio
12:22avec Irène Frein.
12:23Sud Radio,
12:24les clés d'une vie,
12:25Jacques Pessis.
12:26Sud Radio,
12:27les clés d'une vie,
12:28Irène Frein,
12:28mon invité,
12:29nous parlerons tout à l'heure
12:30de L'or de la nuit,
12:31ce nouveau roman,
12:32le roman des mille et une nuits
12:34chez Julliard.
12:35On en revient à votre parcours,
12:36on a évoqué vos débuts
12:37dans la littérature,
12:39mais il y a eu d'autres débuts
12:40le 11 mars 1987.
12:43Écoutez ce générique.
12:44de Julliard de Télématin,
12:49car en 1987,
12:51vous avez fait une chronique
12:52hebdomadaire dans Télématin,
12:54ce qu'on ignore,
12:55Irène Frein.
12:55Oui, nous avions été
12:57plusieurs personnalités
12:59du monde littéraire
13:01à tenir une chronique littéraire.
13:03Et j'avoue que je me suis appassue
13:05qu'il fallait sacrément préparer,
13:08même pour faire trois minutes.
13:10Peut-être surtout pour faire trois minutes,
13:11c'était très très dur.
13:14Et je devais choisir
13:15des sujets atypiques,
13:18si vous voulez.
13:19Je me souviens que j'en avais fait une
13:20sur les boucles d'oreilles.
13:22Parce qu'on recommençait
13:23à porter des boucles d'oreilles
13:24et j'avais expliqué
13:26en quoi c'était formidable
13:28parce que des boucles d'oreilles
13:30vous maquillent,
13:31vous donnent du peps
13:33et que ça réenchante la journée.
13:36Vous voyez, des choses comme ça.
13:38La première chronique,
13:39c'était sur les faits.
13:41Vous aviez vu le songe
13:42d'une nuit d'été
13:42à la comédie française.
13:43Oui, oui, par Georges Lavelli.
13:45C'était un enchantement.
13:49Lavelli était un immense dramaturge.
13:52Et en fait,
13:54je faisais ces chroniques radio
13:56pour mettre...
13:57Ces chroniques télé.
13:58Ces chroniques télé,
13:59pardonnez-moi.
14:01Mais j'apprenais mon texte par cœur.
14:03Je me souviens.
14:05Donc c'est pour ça que je dis peut-être...
14:07Je ne sais pas pourquoi,
14:08c'était le verbe
14:08qui comptait plus
14:09que l'image pour moi.
14:11Et pour enchanter la vie,
14:13pour que les gens
14:14commencent la matinée
14:17avec un grain de fantaisie,
14:20de découverte
14:21et envie
14:22et de gaieté.
14:23Je crois beaucoup à la gaieté.
14:25La gaieté,
14:26c'est une chose sérieuse
14:27et le sérieux,
14:28je le fais avec gaieté.
14:29Alors, vous étiez face
14:30à Roger Zabel,
14:31journaliste sportif.
14:32qui à l'époque
14:33remplaçait William Limergy
14:34et qui présentait
14:36le Télématin
14:37et qui le présentait
14:38d'ailleurs avec beaucoup
14:38de sympathie pour vous.
14:40Comment vous étiez arrivée
14:41dans cette aventure ?
14:41Parce qu'en plus,
14:42il fallait se lever tôt le matin
14:43et ce n'est pas votre métier.
14:44Oui, c'était vraiment
14:45assez dur.
14:47Écoutez, je suis arrivée
14:48dans cette aventure
14:49tout simplement
14:49parce que je pense
14:50que Roger Zabel
14:51s'était dit
14:52que c'était bien
14:53d'inviter des écrivains.
14:55Il y avait François Xenakis
14:56qui, elle, a fait
14:57une plus longue carrière que moi
14:58parce qu'elle s'est spécialisée
14:59dans les livres
15:00à Télématin.
15:01Il y avait Catherine
15:02et Hermarie Vieille
15:03et il y avait moi-même.
15:05Et c'était aussi
15:06le moment
15:06de l'émergence
15:08des femmes écrivains.
15:10Et donc,
15:11on était
15:12considérés un petit peu
15:14comme des petites vedettes
15:16dans le milieu littéraire
15:17mais peut-être
15:19pas très sérieuses
15:20mais en tout cas,
15:21Roger Zabel
15:22il m'avait prise au sérieux
15:23et il avait vite vu
15:24que, bon,
15:27je pigeais vite quoi.
15:30Mais bon,
15:31je me souviens
15:31que j'étais lessivée
15:32en sortant.
15:33Oui, parce qu'il fallait
15:34se lever à 5h du matin.
15:35Oui, puis c'est une extrême
15:36concentration
15:37de faire de la télévision
15:38et j'ai vu
15:39à ce moment-là
15:39Sophie Davant
15:40commencer à la BTO.
15:42Exactement.
15:43Voilà,
15:43on a toujours
15:44quand on se rencontre
15:46à un moment de sympathie
15:47on rit un peu
15:50de tout ça.
15:51parce qu'en plus
15:52c'était les débuts
15:53de Télé Matin
15:53et la première émission
15:55de télévision du matin
15:56c'est Jean-Claude Bourret
15:58qui l'a fait
15:58Bonjour la France.
15:59Tout à fait.
16:00Jean-Claude Bourret
16:00qui aujourd'hui
16:01coule des jours heureux
16:02ou ça en Bretagne.
16:03J'en suis très heureuse
16:04pour lui
16:05et c'est mieux
16:07qu'un paradis tropical
16:08la Bretagne
16:09parce que le temps
16:10change plusieurs fois
16:11par jour
16:12et on est très variés
16:13et puis
16:13il y a une qualité
16:15de vie en Bretagne
16:16exceptionnelle.
16:17Et puis
16:17vous apparaissez
16:18régulièrement
16:19à la télévision
16:19et pas seulement
16:20dans une télévision
16:21comme Apostrophe
16:22pour présenter vos livres
16:23notamment
16:24il y a celle-ci.
16:29Jacques Martin
16:30si j'ai bonne mémoire
16:31à laquelle vous avez
16:32participé aussi
16:33et ça c'est une autre aventure.
16:35Alors ça c'est une autre histoire
16:36c'est-à-dire que
16:38j'étais évidemment
16:42au courant
16:43de ce qui allait se passer
16:44mais le principal
16:45intéressé
16:46qui était
16:47consacré
16:48de l'émission
16:49de Jacques Martin
16:50pas du tout
16:50et
16:51ce principal
16:54intéressé
16:55est appelé
16:56sur les strades
16:57du théâtre de l'Empire
16:59du théâtre de l'Empire
17:00moi j'étais derrière
17:01un rideau
17:02et Jacques Marquin
17:03avec la faconde
17:05et l'art
17:05qu'on lui connaît
17:07parce que c'est un passage
17:08tellement vivant
17:09qu'on peut encore
17:09parler au présent
17:11dit
17:12Fignon
17:14vous êtes né
17:15à tournant
17:18vous êtes
17:21dans le vélo
17:23et vous avez eu
17:24comme prof
17:25Irène Frein
17:26et elle vous a puni
17:28avec des heures de colle
17:30et là je rentre
17:32et je vois
17:33Fignon
17:33absolument
17:35mais
17:35trempé de sueur
17:37et rouge
17:38comme si c'était
17:39nous en Bretagne
17:40à Lorient
17:40on dit rouge
17:41comme un homard
17:42parce qu'il se retrouvait
17:43devant sa prof
17:44or
17:45Jacques Martin
17:46malicieux
17:47comme vous le connaissez
17:48disait
17:48oui oui
17:49elle vous a puni
17:50pour des heures de colle
17:51pour de vrai
17:52et c'était vrai
17:54et là je ne pensais pas
17:55qu'il allait parler
17:56quand même
17:56des heures de colle
17:58que je lui avais flanqué
17:59parce qu'il était
18:00facétieux
18:01il avait eu
18:03alors il me demande
18:04qu'est-ce qu'il avait fait
18:05alors je ne lui ai pas tout dit
18:07mais enfin
18:08il m'avait fait une facétie
18:09qui était assez gonflée
18:10un vendredi soir
18:12avant les vacances
18:13de tout ça
18:13entre 4 et 5
18:15le moment où vous voyez
18:16vous ne pouvez plus tenir
18:17les élèves
18:18on était en seconde
18:20je vois entre les rangées
18:22de table
18:25un long et étroit filet
18:28disons de couleur pipi
18:30et qu'ils avancent
18:34un petit fleuve
18:35alors qu'il faut toujours
18:37garder son sang froid
18:38quand on est prof
18:38je m'avance vers le dit
18:41filet de pipi
18:42supposé pipi
18:43et là
18:45il est pris
18:46dans la main dans le sac
18:47il me dit
18:48non non madame
18:48c'est pas des pipis
18:49j'ai ouvert le radiateur
18:51en fait c'était vrai
18:52alors je lui dis
18:53même si c'est que le radiateur
18:56écoutez
18:57vous allez être puni
18:59et donc il a eu
19:01deux heures de colle
19:01ce qu'il était retenu
19:03un samedi
19:04après-midi
19:05pour faire
19:06une petite rédaction
19:07c'était bien méchant
19:08il était aussi
19:10il a eu
19:10plusieurs fois
19:11d'école
19:11mais si je vous parle
19:12d'un temps
19:13que les moins de 60 ans
19:14vous allez comprendre
19:15le motif
19:15il m'achète du chewing-gum
19:16et c'était interdit
19:18alors
19:18ne parlons pas
19:19ce qu'il se passe
19:20dans les classes
19:20je me demande
19:23par moments
19:23si j'aurais tenu
19:24dans les classes actuelles
19:25je ne pense pas
19:26je ne pense pas
19:27alors il se trouve aussi
19:28que vous avez participé
19:29à une autre émission
19:30de Jacques Martin
19:30de siéger bonne mémoire
19:31vous êtes venu plusieurs fois
19:32notamment
19:33pour évoquer
19:34cet ami
19:35c'est vrai qu'Alain Stivel
19:43moi j'ai un souvenir
19:45d'Alain Stivel
19:46à ses débuts
19:46à Bobineau
19:47il avait encore
19:48une longue barbe
19:49et des longs cheveux
19:49et à la fin du spectacle
19:51il était descendu
19:52dans la salle
19:52et toute la salle
19:53s'est élevée
19:54et on avait fait
19:54une ronde
19:55qui avait duré
19:56trois quarts d'heure
19:56c'est un homme
19:58produieux
19:58il m'a écrit
20:00très récemment
20:00on est en contact
20:01fréquent
20:02je vais envoyer
20:03mon livre
20:03Alain
20:04c'est d'abord
20:05la fidélité
20:06à l'amitié
20:06c'est la créativité
20:08il a 80 ans
20:09il est encore
20:10extraordinairement
20:11créatif
20:12il tourne encore
20:12là il prépare
20:13une prochaine tournée
20:16et
20:17c'est un homme
20:19de coeur
20:20profondément
20:21comme sa femme
20:23Marie-Jo d'ailleurs
20:24ils sont
20:25deux êtres
20:26extraordinairement
20:27sensibles
20:29à ce qu'ils aiment
20:30et
20:31surtout à la beauté
20:33et Alain
20:34est aussi
20:35un homme
20:35universel
20:37c'est-à-dire
20:37que sa musique
20:38elle a atteint
20:39des gens
20:40et elle a atteint
20:40toujours des gens
20:41dans le monde entier
20:42c'est-à-dire
20:43que nous
20:45Bretons
20:46nous lui sommes
20:47très reconnaissants
20:48d'avoir
20:49de ces airs
20:49traditionnels
20:50dont vous avez
20:51parlé tout à l'heure
20:53et aussi
20:53à travers
20:54des musiques
20:55qui sont vraiment
20:57tout à fait
20:57originales
20:59fait connaître
21:00la grandeur
21:00de la culture
21:02Bretonne
21:02mais par le partage
21:04et pas du tout
21:05par dire
21:06on est supérieur
21:07en fait
21:08vous savez
21:09ces airs-là
21:10c'était quelquefois
21:11aussi des airs
21:11de marins
21:12comme Trimartelotte
21:13que vous venez d'entendre
21:14je crois que c'est ça
21:15qu'on a entendu
21:15c'était précisément
21:18des gars
21:19comme ceux
21:19dont j'ai parlé
21:20dans
21:21quand les Bretons
21:22peuplaient les mers
21:22il y a
21:23les choses
21:24les plus communes
21:25dans l'humanité
21:26l'espoir
21:27la peur
21:28le désespoir
21:29le rêve
21:30d'un monde meilleur
21:31l'espoir
21:32d'un autre monde
21:34ça s'est très
21:35chevillé
21:35dans la mémoire
21:37collective Breton
21:38Bretonne
21:38mais c'est aussi
21:39chez tout le monde
21:40et il avait fait
21:41à un moment
21:42quelque chose
21:42de merveilleux
21:43il avait travaillé
21:44avec Khaled
21:44pour
21:45qui était
21:46Berber
21:47pour
21:48il s'était trouvé
21:50une unité
21:51musicale
21:52et culturelle
21:53avec
21:54la musique
21:56certaines musiques
21:58du Maghreb
21:58ils ont fait
21:59des choses
21:59magnifiques
22:00moi je crois
22:01au partage
22:02je crois que
22:03c'est avec
22:04le partage
22:05du culture
22:05qu'on peut
22:06fonder
22:07des paix réelles
22:10qui sont
22:11les paix
22:12entre les citoyens
22:13et que nous refusent
22:14malheureusement
22:15parfois
22:15certains tyrans
22:16et on va continuer
22:18à partager
22:18nouveaux souvenirs
22:19à travers une autre date
22:20le 28 décembre
22:211992
22:23à tout de suite
22:23sur Sud Radio
22:24avec Irène Frein
22:26Sud Radio
22:27les clés d'une vie
22:28Jacques Pessis
22:29Sud Radio
22:30les clés d'une vie
22:31Irène Frein
22:31mon invitée
22:32pour ce livre
22:33Lors de la nuit
22:34chez Julliard
22:34qu'on évoquera tout à l'heure
22:35on a évoqué
22:37votre Bretagne natale
22:38on a évoqué
22:39vos premiers livres
22:40vos premières télés
22:41et le 28 décembre
22:421992
22:43il y a un événement
22:45à la télévision
22:46reconnaissez cette voix
22:48c'est mon souci
22:49moi dans la biographie
22:50à chaque fois
22:51que j'ai écrit
22:52Véronique Jeuneste
22:53qui est la tête d'affiche
22:54des trois épisodes
22:56de Secrets de famille
22:58un nouveau roman
22:59qui a été adapté
23:00et réalisé à la télévision
23:01par Hervé Ball
23:02et ça
23:02ça a été un événement
23:03oui ça a été un événement
23:05c'était un moment
23:06où Véronique Jeuneste
23:08n'occupait pas
23:10n'avait pas encore tourné
23:12les feuilletons
23:13qui l'ont rendu très célèbre
23:15Julie Lescaux
23:16elle avait tourné Nana
23:17l'adaptation de Bien Marché
23:19oui
23:20elle est très très bonne
23:21dans Nana
23:21et elle avait été choisie
23:23pour incarner
23:24Marthe dans Secrets de famille
23:26et donc
23:27je me souviens
23:28que je suis allée
23:29la voir
23:29la voir tourner
23:31dans un endroit
23:34qui est très cher
23:34à mon cœur
23:35puisque mon mari
23:36est originaire
23:37à Villiers-sur-Loire
23:39au château de Rochambeau
23:40en Loir-et-Cher
23:42et elle était
23:44tellement le personnage
23:45c'était très étonnant
23:47cette femme
23:48énergique
23:49battante
23:52elle avait très bien
23:56montré la façon
23:57dont le personnage
23:59de Marthe
23:59de Secrets de famille
24:00résistait à l'humiliation
24:02et elle avait joué
24:04le texte
24:06du scénario
24:07avec beaucoup de finesse
24:08elle avait vraiment
24:09bien incarné
24:10Secrets de famille
24:11de Secrets de famille
24:12Irène Frein
24:13c'était l'histoire
24:15d'une jeune femme
24:15Véronique Jeuneste
24:16entre 1900 et 1941
24:18c'était une véritable saga
24:19comme on n'en fait plus
24:20aujourd'hui
24:21bah non
24:22bah non je sais pas
24:24il n'y a plus de film en costume
24:25à la télévision
24:26ça coûte trop cher
24:27je pense oui
24:28mais c'était très
24:30c'était une saga
24:32que j'avais entièrement inventée
24:33de bout en bout
24:35ça s'appelait Secrets de famille
24:38en effet
24:39et je ne me suis pas
24:41aperçue
24:43que
24:43en écrivant
24:44j'avais écrit
24:45des Secrets de famille
24:47de gens que je connaissais
24:48y compris
24:51de gens
24:53comment dire ça
24:54qui étaient
24:55dans ma maison d'édition
24:57je ne sais pas
24:59j'avais intuité des choses
25:00vous savez
25:00les écrivains
25:01peuvent être médiums
25:02et c'est à la suite de ça
25:03que ma mère
25:04terrifiée
25:05m'avait dit
25:06avec beaucoup de violence
25:08je t'interdis d'écrire
25:09sur notre famille
25:10c'est fou
25:11parce qu'il y avait des secrets
25:12en même temps
25:14une saga de ce genre
25:15ce sont des semaines
25:16et des mois de travail
25:17ah oui c'est énorme
25:18c'était trois ans
25:20et j'ai beaucoup vécu
25:21à ce moment là
25:22sur mon vélo
25:23j'ai quitté Paris
25:24je suis allée vivre
25:26dans cette maison
25:26dont mon mari avait hérité
25:28et les odeurs du pays
25:32les changements des saisons
25:34les gens
25:36je sillonnais le pays à vélo
25:41et sans doute
25:43c'était pour ça que
25:44aussi on m'a souvent
25:47associé au vélo
25:48mais moi j'ai fait du vélo
25:49avant que les gens
25:50se mettent à faire du vélo
25:51j'en ai toujours fait
25:51figure-vous
25:52et le vélo
25:53est une excellente façon
25:55de se laisser
25:56l'imaginaire battre la campagne
25:58dans tous les sens du terme
25:59donc il est nourri
26:00de tout ça
26:01elle est nourrie de tout ça
26:03et les vieilles choses
26:04vous voyez
26:04dans la maison où j'étais
26:05il y avait beaucoup
26:06de vieux papiers
26:07des vieilles choses
26:08de ma belle famille
26:09des trucs
26:10on ne savait pas
26:10de qui venait
26:11donc j'avais pris
26:12par exemple
26:13comme support
26:13pour des personnages
26:14que j'inventais
26:15des photos trouvées
26:16mais ce qui est étonnant
26:17c'est que finalement
26:18cette mini-série
26:19c'est presque une forme
26:20de consécration
26:21vous n'imaginez pas
26:22en écrivant ce roman
26:23que ça deviendrait
26:24une mini-série
26:25pas du tout
26:26et d'ailleurs
26:27je me souviens
26:28d'une scène
26:29qui m'avait beaucoup coûté
26:30j'avais refait dix fois
26:33j'ai perdu beaucoup de temps
26:35enfin perdu du temps
26:36en en gagnant
26:36quand on écrit
26:37parce que
26:38si c'est mauvais
26:39il faut vraiment refaire
26:41c'est comme au théâtre
26:42et au cinéma
26:43et quand j'ai vu à l'écran
26:46cet objet
26:47qui m'avait finalement aidé
26:49à écrire la scène
26:50parce que
26:51dans la scène
26:52je décrivais
26:53la pendule qui battait
26:55quand je l'ai vue
26:56sur l'image
26:58j'ai eu l'impression
26:59d'un coup de magie
27:01je me disais
27:02mais j'ai imaginé ça
27:03et maintenant ça existe
27:04pour des tas de gens
27:05ça c'était si errant
27:07c'est presque une consécration
27:08parce que finalement
27:09votre carrière de romancière
27:11elle a commencé par hasard
27:12avec le nabab
27:13dont le succès
27:14a dépassé
27:15toutes vos espérances
27:16Irène Train
27:16oui mais
27:17vous savez
27:18le nabab
27:19j'avais jamais écrit de roman
27:21donc je me suis avancée
27:23là-dedans
27:23en me disant
27:24que j'étais quand même
27:25un peu cinglée
27:25et je connaissais très bien
27:27le roman
27:28la littérature
27:29mais théoriquement
27:30mais entre le
27:32pour passer aux actes
27:34c'est une autre paire de manches
27:36et notamment
27:37je ne savais pas
27:38faire de dialogue
27:39j'ai appris à faire des dialogues
27:41comme ça
27:43sur le tas
27:43moi j'ai appris
27:44beaucoup de choses
27:45sur le tas
27:45et évidemment
27:47dans le milieu littéraire
27:47ça faisait beaucoup de jaloux
27:48et ce succès
27:50a fait beaucoup de jaloux
27:51mais moi
27:51quand j'ai écrit le nabab
27:53je l'ai fait
27:55comme
27:55j'aurais
27:56essayé
27:58à faire du ski
27:59toute seule
27:59vous voyez
28:00donc ça m'a beaucoup surprise
28:02et dans le fond
28:02je crois que
28:03on me disait
28:04évidemment
28:04que j'avais des recettes
28:06alors que la meilleure recette
28:08c'est la sincérité
28:10dans la démarche
28:11et l'humilité
28:12c'est-à-dire que
28:13moi si ça avait fait
28:1415 000 exemplaires
28:15à l'époque
28:16c'était rien
28:1715 000 exemplaires
28:18maintenant
28:1815 000
28:19c'est un énorme
28:20j'étais
28:22folle de joie
28:23mais folle de joie
28:24mais
28:25alors
28:26je savais une chose aussi
28:27finalement
28:29parce que
28:30quand même
28:31j'avais eu la vie dure
28:32enfant et jeune fille
28:33j'ai eu un enfant
28:35trois taux
28:35etc
28:36j'ai vraiment
28:37tiré de diable
28:39par la queue
28:39avec mon mari
28:40quand on était très jeunes
28:41je savais qu'un écrivain
28:42ça se faisait pas
28:44en un livre
28:45ni en deux
28:46ni en trois
28:46je savais que
28:48c'est comme le bon vin
28:49il faut
28:51il faut
28:51des vins de longue garde
28:53alors la femme
28:54que vous avez devant
28:55vous
28:56et bien
28:57c'est une femme de longue garde
28:59parce que j'étais déjà
29:00là
29:00aux dates
29:01que vous évoquez
29:04je suis toujours là
29:05je suis toujours bien vivante
29:06ça va
29:07grâce à dieu
29:08pour l'instant
29:09et
29:09comment vous dire
29:11un jour
29:12quelqu'un m'a dit
29:13vous vous êtes comme
29:15les gens qui font de la politique
29:16parce que
29:16en politique
29:17l'important c'est de durer
29:19et bien je crois que c'est vrai
29:20et surtout
29:21vous avez toujours changé de genre
29:22Irène Frin
29:23car vous avez alterné
29:24les romans
29:25avec des sujets toujours originaux
29:27et les biographies
29:28oui
29:28mais j'ai pas fait par un calcul
29:29j'ai pas fait carrière en fait
29:32je n'ai écrit que les livres
29:35que j'avais envie de faire
29:36à un moment
29:37à un instant T
29:39et donc mes livres sont toujours
29:40le fruit du désir
29:41même si certains m'ont été présentés
29:44c'est comme dans les mariages arrangés
29:46on vous propose un monsieur
29:49ou une dame
29:49il vous plaît pas
29:50vous le rejetez
29:51on m'a proposé
29:53beaucoup de sujets
29:54que j'ai rejetés
29:55et puis
29:56à plusieurs reprises
29:57ah le fiancé roman
29:59qu'on me présentait
30:00il me plaisait
30:01et je savais que j'allais passer
30:02je pouvais passer
30:04deux ans de ma vie
30:06avec ce sujet
30:07parce que j'allais pas m'ennuyer
30:08je suis quelqu'un
30:09qui est en horreur de m'ennuyer
30:10alors quelquefois
30:12j'ai pris comme tout le monde
30:13j'ai eu une ébide
30:14mais qu'est-ce que je me suis
30:16pas ennuyée quoi
30:18et puis j'adore sortir
30:19de la zone de confort
30:20ça
30:21vous voyez
30:23on m'a demandé
30:24la suite du nabab
30:25si j'avais écouté
30:26je serais
30:27à écrire
30:28le fils de la belle-mère
30:30du cousin
30:31la belle-sœur
30:31du neveu du nabab
30:33pareil pour Secré de Pabie
30:34on m'a demandé la suite
30:35j'ai dit non
30:35et je suis allée
30:37vers d'autres aventures
30:39parce qu'elle me
30:40parce qu'autrement
30:42on disait
30:42parce qu'elle me bottait
30:43elle m'excitait
30:45et il y a un point commun
30:47à tous ces livres
30:47depuis le nabab
30:48et cela aussi
30:49vous êtes une avant-gardiste
30:50Irène Frein
30:51c'est le féminisme
30:51alors
30:52féministe
30:53pas au centre théorique
30:56j'ai lu Beauvoir
30:57il y a beaucoup de choses
30:58assez justes
30:59dans Beauvoir
30:59c'est une femme
31:00très intéressante
31:01beaucoup plus intéressante
31:02que l'image qu'on en donne
31:04d'ailleurs
31:04j'ai écrit un texte
31:05sur elle
31:06dans le magazine
31:08Légendes de Photorino
31:09récemment
31:10sur la vieillesse
31:11j'ai vu que
31:13par rapport à ça
31:13elle était
31:14très très
31:15les pieds sur terre
31:16elle dit les choses
31:17cache
31:17j'aime bien chez elle
31:19mais
31:20comment vous dire
31:21comme disait
31:25Eliane Victor
31:26qui a été
31:26un auteur de documentaire
31:29tout à fait
31:30d'avant-garde
31:31elle aussi
31:31elle disait
31:33les femmes aussi
31:34mais les femmes aussi
31:36ça
31:37c'est pas dirigé
31:38contre les hommes
31:39on est là
31:40pour vivre ensemble
31:41et nous devons
31:42quand les hommes
31:44exagèrent
31:45dans les prérogatives
31:48qu'ils ont quand même
31:49de naissance
31:50qu'on peut appeler
31:51le système
31:51patriarcal
31:53on leur fait remarquer
31:55c'est tout
31:57et puis aussi
31:58je crois
31:59qu'on progresse
32:00à travers les lois
32:01d'égalité
32:03hommes-femmes
32:03un jour
32:04on m'a voulu
32:05me priver
32:06d'un prix littéraire
32:07parce que
32:08j'étais une femme
32:09c'était à l'Académie de Marine
32:11et bien
32:11moi
32:12c'est tout simple
32:13la lettre que j'ai faite
32:14j'ai dit
32:15écoutez
32:15il y a une loi
32:16sur la discrimination sexuelle
32:17elle est ancienne en France
32:18elle date pas de MeToo
32:21je l'ai fait valoir
32:22et bien je peux vous dire
32:23que j'ai eu mon prix
32:24voilà
32:25mais il faut des lois
32:27pour cadrer ça
32:28moi je pense que
32:31le recours à la loi
32:33est important
32:34parce que
32:35dans le recours à la loi
32:36il y a des règles
32:37il y a par exemple
32:37la présomption d'innocence
32:39elle vaut pour
32:40chacun
32:41des deux genres
32:43ou sexes
32:44comme on voudra
32:44il y a l'investigation
32:47il faut la preuve
32:48et
32:49si on sort du cadre
32:51de la loi
32:52et du respect
32:54des lois
32:55dans une démocratie
32:56on va faire des bêtises
32:59on va faire des grosses bêtises
33:01vous avez eu un prix
33:02qui vous a beaucoup touché
33:03pour différentes raisons
33:04c'est l'Interallier
33:05oui
33:05parce que c'est un livre
33:07qui vous tenait à coeur
33:08oui
33:08alors là aussi
33:09c'était un livre
33:11que j'avais pas prévu
33:12évidemment
33:12pour un prix littéraire
33:14au bout de 14 mois
33:17sans qu'on sache
33:18la vérité
33:18sur l'assassinat de ma soeur
33:20et sans même
33:21qu'un juge d'instruction
33:22ait été nommé
33:22j'ai envoyé
33:24Valdinguet
33:24mon premier avocat
33:26et j'ai appelé
33:27mon éditeur
33:27le même jour
33:28parce que
33:29j'en avais assez
33:30et je voulais écrire
33:31un livre
33:32pour débloquer
33:32la situation
33:33ce qui est arrivé
33:34donc le prix Interallier
33:35pour moi
33:36c'était gado
33:36vous savez
33:37j'avais déjà
33:39un certain âge
33:40mais quand je l'ai su
33:41c'était un soir
33:41j'étais au lit
33:42j'ai su ça au téléphone
33:44vous savez
33:45j'ai fait du trampoline
33:46sur mon lit
33:47pour fester ça
33:48en disant
33:48Denise aimait les livres
33:49si elle est là-haut
33:50elle est heureuse
33:52et moi je me suis mise
33:53à sauter
33:54comme la gamine
33:55que j'étais
33:55quand j'étais petite
33:57et qu'elle était ma marraine
33:58elle avait 11 ans
33:59de plus que moi
34:00et c'est juste
34:01récemment
34:02que j'ai appris
34:02que dans la maison d'édition
34:04où ce livre était publié
34:06il y avait quelqu'un
34:08qui s'était battu
34:09pour ce livre
34:11en disant
34:12il faut qu'il soit
34:13dans l'édition de prix
34:14mais moi je ne le savais pas
34:15ce quelqu'un
34:16c'est Adrien Bosque
34:17c'est d'ailleurs
34:18mon actuel éditeur
34:19et quand vous avez
34:20c'était quelqu'un
34:21qui avait été pris au trip
34:22par ce livre
34:23aussi
34:24et qui se disait
34:25le public le sera
34:27mais comment vous dire
34:29moi j'étais pas au courant
34:30de tout ça
34:30et je crois que
34:32ce qui m'a beaucoup protégée
34:33dans la vie
34:34malgré les drames
34:35qu'on rencontre tous
34:36les épreuves
34:37et c'est ce côté
34:39gamine
34:42désir de faire
34:44désir de partager
34:46des histoires
34:48qu'elles soient
34:48sur l'humanité
34:50et l'humanité
34:51elle est faite
34:51à la fois de bonheur
34:53et de tragédie
34:54et même d'horreur
34:55mais il y a
34:56manière et manière
34:57de les aborder
34:57et dans ce livre
35:00il n'y a pas de trash
35:01on n'est pas obligé
35:03de faire
35:04du sang sur les murs
35:06etc
35:06ça a été beaucoup plus efficace
35:08finalement
35:09de le faire
35:10selon mon coeur
35:11c'est à dire
35:12de le faire
35:13en sobriété
35:14en humour
35:15parce qu'il y a toujours
35:16des moments cocasses
35:17dans les tragédies
35:18et en même temps
35:19en y allant
35:21sur la justice
35:22et la police
35:23parce qu'en l'occurrence
35:24elles n'avaient pas fait
35:25leur boulot
35:26et ça
35:27en France
35:28les gens le savent
35:28il y a un certain
35:30nombre de cas
35:31où tout est mal foutu
35:34du départ
35:34et on va rester
35:35avec
35:36comment on veut dire
35:38du malheur
35:39sur soi
35:43jusqu'à sa mort
35:44alors ça
35:45c'est effectivement
35:46le passé
35:47mais le présent
35:47vous l'avez évoqué
35:48justement avec cet éditeur
35:49c'est un livre
35:50qu'on va évoquer
35:51à travers la date
35:52de sa sortie
35:53le 7 mai 2025
35:54à tout de suite
35:55sur Sud Radio
35:56avec Irène Frein
35:57Sud Radio
35:58les clés d'une vie
35:59Jacques Pessy
36:00Sud Radio
36:00les clés d'une vie
36:01mon invité
36:02Irène Frein
36:03on a évoqué
36:03votre passé
36:04de romancière
36:06et vous l'évoquez
36:06avec une passion
36:07et une franchise
36:08extraordinaire
36:09et donc le 7 mai 2025
36:11est sorti
36:12votre nouveau roman
36:13Lors de la nuit
36:14et c'est un retour
36:16au roman épique
36:17c'est-à-dire
36:17le grand roman
36:18des mille et une nuits
36:19chez Julliard
36:20une fresque
36:21qui se rapporte
36:23au créateur
36:23au traducteur
36:25des mille et une nuits
36:26comment est venue
36:26cette idée d'abord ?
36:28d'abord
36:30après l'assassinat
36:31de ma soeur
36:32que j'ai relaté
36:33dans Un crime sans importance
36:34je me suis demandé
36:35si je pourrais encore écrire
36:36et bon
36:39j'ai écrit
36:40un premier livre
36:40qui m'a reconcilié
36:41avec l'écriture
36:42L'allégresse de la femme solitaire
36:44et puis là
36:45je ne savais pas
36:47à quoi écrire
36:47je blague d'odème
36:48mais bon
36:49un soir
36:50j'étais bien fatiguée
36:51et je
36:54d'habitude
36:56je fais du vélo
36:57mais là
36:57je ne pouvais pas en faire
36:58parce qu'il pleuvait
36:59des cordes
37:00alors
37:01j'ai allumé
37:02une chaîne culturelle
37:04et je suis tombée
37:05sur la fin
37:06d'une émission
37:06sur les mille et une nuits
37:08j'en ai vu que 7 minutes
37:09mais assez
37:10pour me dire
37:10mais
37:11ah mais
37:12je ne savais pas ça
37:12évidemment
37:13en tant que prof de littérature
37:14j'avais entendu parler
37:16de l'orientalisme
37:17de la découverte des mille et une nuits
37:18et je me dis
37:18bon ben c'est pas grave
37:19je le verrai en replay
37:21le lendemain matin
37:22ou le soir
37:23je mets le replay
37:24pas de replay
37:25je vais sur internet
37:27pas de traces
37:29etc
37:30et alors
37:31vous savez
37:31je me suis
37:32j'en avais assez
37:33entendu
37:34pour tapoter
37:36sur internet
37:36et je suis tombée
37:37dans un gouffre
37:38autour de cette histoire
37:40de la découverte inouïe
37:42des mille et une nuits
37:43en France
37:43par un type
37:44qui est peut-être
37:44beaucoup plus
37:45qu'un traducteur
37:46un réinventeur
37:47un véritable écrivain
37:48Antoine Galland
37:49et je suis tombée
37:50un peu comme Alice
37:51vous savez
37:51dans Alice au Pays du Bérien
37:52ça a été merveilleux
37:53et là
37:54moi dans ces cas-là
37:55c'est toujours pareil
37:56c'est la gamine
37:57je veux savoir
37:58je veux savoir
37:58je veux comprendre
37:59je creuse
37:59je creuse
38:00et à un moment
38:00je me dis
38:01je pourrais en faire
38:02une fiction
38:05une fiction
38:06à partir d'un personnage vrai
38:08qui est Antoine Galland
38:09qu'on a totalement oublié
38:10oublié
38:11et qui était un personnage
38:12à la fois discret
38:13et hors norme
38:14oui
38:14alors moi ce qui m'a frappée
38:16c'est que tous ceux
38:17qui ont connu Antoine Galland
38:20soit de son vivant
38:22on va dire au début
38:23du 18ème siècle
38:25soit maintenant
38:26des érudits austères
38:27il adore
38:28mais d'affection
38:29il l'aime
38:31vous voyez
38:31ils ont envie
38:33qu'on en parle
38:34après le livre
38:36j'ai appris
38:38qu'il y avait
38:38une conférence
38:39sur lui
38:40à la situation
38:41mon arabe
38:42j'y suis allée
38:43avec mon mari
38:44en petit sourire
38:45en me disant
38:46j'ai peut-être tout loupé
38:48dans ce bouquin
38:48et j'entends cette phrase
38:50d'un des deux conférenciers
38:51Antoine Galland
38:52la période
38:54où il est en crise créative
38:56pour les milliers nuits
38:57il n'a plus de compte
38:59il faudrait faire un livre
39:01là-dessus
39:02alors j'ai pas levé le doigt
39:04pour dire
39:05je l'ai fait
39:05je suis allée voir
39:06les conférenciers après
39:07ils m'ont dit
39:07quel bonheur
39:08mais comment vous dire
39:11le personnage
39:13il est même de lui
39:14des choses tellement romanesques
39:15et tellement fabuleuses
39:17parce qu'il aime les gens
39:18il est intéressé par les autres
39:20il ne la ramène pas
39:22c'est un personnage
39:23à qui tout le monde
39:25peut s'attacher
39:25alors vous écrivez un roman
39:26Irène Frein
39:27donc les milliers nuits
39:28tout le monde connaît
39:28effectivement
39:29l'Antoine Galland
39:30personne ne connaît
39:31il a eu une vie
39:32mais misérable au départ
39:33un sorti de rien
39:35comme mon père
39:35la même vie
39:36sauf que c'est
39:37en 1650
39:39et qu'en 1650
39:40il y a des famines atroces
39:42et donc
39:42il a connu ça
39:43et un jour
39:45sa mère
39:45mendiait
39:47sur le perron
39:48de la cathédrale
39:49de Noyon
39:49donc elle pousse
39:51son petit dernier
39:52comme le petit poussait
39:53c'était le petit dernier
39:54de scène
39:55et
39:56l'ecclésiastique
39:58qui lui donne
39:59de l'argent
39:59fait parler le gamin
40:00s'aperçoit
40:01qu'il a une intelligence
40:02exceptionnelle
40:03on dirait
40:04un fort potentiel
40:06avec sa cuillie énorme
40:08et il le prend sous son aile
40:10il lui apprend le latin
40:12puis le grec
40:12il apprend ça en un mois
40:13puis on l'envoie
40:16à Paris
40:17près de la Sorbonne
40:19on se dit
40:20sans qu'à faire
40:21apprenons lui
40:21l'arabe
40:22on commençait
40:23à avoir
40:23un prof d'arabe
40:25parce que
40:26on avait besoin
40:27de personnes
40:28qui parlent bien l'arabe
40:29pour aller faire
40:30du commerce
40:31en Turquie
40:32et ils se retrouvent
40:33on va résumer
40:34il fait trois voyages
40:35en Turquie
40:36et lors de l'un d'entre eux
40:39il se fait
40:40beaucoup remarquer
40:41parce qu'il trouve
40:42des antiquités
40:44des manuscrits
40:46des pièces anciennes
40:47dont raffolaient
40:48tous les puissants
40:49autour de Louis XIV
40:50vous savez
40:50les plutocrates
40:51on va dire
40:52et que personne ne connaissait
40:53non
40:54et puis lui
40:55il a l'art de trouver
40:57des manuscrits
40:57très rares
40:58qui plaisent beaucoup
40:59à Colbert
41:00même
41:01à Louis XIV
41:03et
41:03il lui arrive
41:06une catastrophe
41:06c'est qu'il est pris
41:08sous un tremblement
41:09de terre
41:09il reste bloqué
41:1024 heures
41:11il n'a jamais su
41:12ce qui s'était passé
41:13mais il a tout perdu
41:14il est obligé
41:15d'entrer en France
41:16mais entre temps
41:17il avait rencontré
41:18à l'ambassade
41:19une jeune fille
41:20qui lui plaisait bien
41:21beaucoup plus jeune
41:23mais genre
41:25ça n'était pris
41:26genre
41:27vers de terre
41:28amoureux
41:28d'une étoile
41:28parce qu'elle était
41:29de naissance noble
41:30et cette femme
41:31est très liée
41:32au clan
41:33de la Maintenon
41:34par son père
41:35Birag
41:36qui a écrit rien
41:37moins que
41:37les lettres
41:38de la religieuse
41:39portugaise
41:39et donc
41:40quand il va revenir
41:41en France
41:42et que par hasard
41:43chez un brocanteur
41:44arménien
41:45il va trouver
41:46un manuscrit
41:47qui va
41:47l'éblouir
41:49dont il va découvrir
41:49que ce sont
41:50les aventures
41:51qu'il n'a jamais lues
41:52soit d'un marin
41:53qui s'appelle Sinbad
41:54et qui se dit
41:55je vais l'éditer
41:56il a besoin
41:57d'une autorisation
41:58d'éditer
41:58alors il va à Versailles
41:59il retrouve cette femme
42:01qui s'appelle
42:02Madame d'eau
42:02et ça ne s'en vante pas
42:03d'apostrophe
42:04et eau
42:05bon
42:05je ne vous dis pas
42:07que c'est histoire d'eau
42:07mon livre
42:08enfin elle est quand même
42:09très appétissante
42:10et
42:11cette femme
42:12va permettre
42:13parce qu'elle est très proche
42:15du roi
42:15que la censure
42:17accepte
42:19de publier ce livre
42:20et puis lui
42:22il a une autre idée
42:23de génie
42:24à ce moment là
42:24il vient de trouver
42:25quatre autres manuscrits
42:27dont l'héroïde
42:28est une femme
42:29totalement inconnue
42:29en Occident
42:30personnage inconnu
42:32chez Razade
42:33il en parle
42:34à Madame d'eau
42:35et il lui dit
42:36écoutez moi
42:36je vais tout publier
42:37en même temps
42:38Sinbad
42:39et toutes les nuits
42:42de chez Razade
42:42c'est un livre
42:43qui s'appelle
42:44à l'époque
42:44dans le manuscrit
42:45les mille nuits
42:46et une
42:47et là
42:48il propose à Madame d'eau
42:49de le faire
42:50par petits fascicules
42:51par petits paquets
42:52et c'est génial
42:54parce que
42:55les gens vont être
42:58accrochés
42:58aux mille nuits
42:59dès le premier
43:01fascicule
43:02et vont demander
43:03la suite
43:04et il va inventer
43:05en fait
43:05la série Netflix
43:06et le roman feuilleton
43:08du 19ème siècle
43:09avec Dumas
43:10avec Ponçon du Terail
43:11qui avait d'ailleurs
43:12une spécialité
43:13il écrivait pour les feuilletons
43:14on était payé à la ligne
43:15donc il fallait broder
43:17et en même temps
43:18les personnages
43:18disparaissaient
43:19et dès qu'un personnage
43:20disparaissait
43:21il faisait tomber
43:22une sorte de petit soldat de plomb
43:23de s'acheminer
43:25mais un jour
43:26il y a la femme de ménage
43:26qui passe
43:27et qui a fait tomber
43:27tous les soldats de plomb
43:28donc il y a eu
43:29quelques erreurs
43:30dans le feuilleton
43:30mais Victor Hugo
43:31a publié
43:32Les Misérables en feuilleton
43:33et Balzac
43:34aussi pour les mêmes raisons
43:35en tirant un peu à la ligne
43:36d'ailleurs
43:37parce qu'il gagnait
43:38plus d'argent
43:39a fait des romans feuilleton
43:41alors il se trouve
43:42donc que c'était
43:42au Pont Saint-Michel
43:43ça veut dire
43:44que les contes
43:44déminés une nuit
43:45que tout le monde connait
43:46sont nés à Paris
43:47car il les a traduits
43:48il les a trouvés là
43:49il les a traduits à Caen
43:51où il travaillait
43:53pour un attendant
43:54absolument
43:54monstrueux
43:56ploutocrate
43:57tyrannique
43:59mais
43:59une partie d'entre eux
44:01ont été découverts
44:03alors si vous voulez
44:04il les a découverts
44:05chez l'Arménien
44:06au Pont Saint-Michel
44:07mais il les a traduits
44:09les derniers
44:10à la montagne
44:12Justin de Geneviève
44:14et j'ai trouvé la maison
44:16où ça s'est passé
44:17une très misérable soupante
44:19d'un cinquième étage
44:21d'un immeuble
44:22maintenant
44:22qui est menacée
44:23de ruines
44:25mais comment ces contes
44:26étaient-ils arrivés
44:27justement
44:27chez un brocoteur
44:28arménien à Paris
44:29on n'a jamais su
44:30alors
44:31il y avait des collectionneurs
44:33à Paris
44:34de manuscrits
44:35celui-là
44:36ne valait pas très cher
44:37donc Galant
44:38a pu l'acheter
44:40comme ceux
44:40qui parlaient
44:41de Shirazade
44:42et ça venait
44:43avec la soie
44:44les épices
44:46le thé
44:47et le café
44:49dont on commençait
44:50à devenir
44:51très friands
44:51à Paris
44:52c'était la mode
44:53du café
44:54et donc
44:54dans cette espèce
44:55de foutraque
44:57bazar
44:58il y avait
44:59l'Arménien
45:00disait
45:01vous pourriez
45:02être intéressé
45:03par un manuscrit
45:04vous voyez
45:04il essayait
45:06de filer
45:06des manuscrits
45:07dont il pensait
45:09qu'il n'avait pas
45:09de valeur
45:10donc vous avez
45:10imaginé une fiction
45:11à partir d'un sujet
45:12qui est devenu universel
45:14oui tout à fait
45:14en racontant
45:16la vie d'Antoine Galant
45:17tout ce qui s'est passé
45:18qui est elle-même
45:20un conte
45:21une fiction
45:22une fiction
45:22et en me centrant
45:23sur les mois
45:25terribles
45:26où Versailles
45:28lui réclame
45:29la suite
45:29il y a
45:30une petite émeute
45:31en bas de chez lui
45:32on jette des cailloux
45:34sur ses fenêtres
45:35la suite
45:36la suite
45:36il comprend que c'est Versailles
45:38la cour
45:38et vraisemblablement
45:40Madame Do
45:40qui le réclame
45:41parce que
45:43pour l'entourage
45:44du roi
45:45il faut distraire
45:46l'élite
45:47et les bourgeois
45:48parce que les caisses
45:49sont vides
45:49toujours les mêmes choses
45:51il n'y a plus rien
45:51et il y a la guerre
45:52donc il faut
45:53qu'il retrouve
45:54le tapis volant
45:56merveilleux
45:56des mille et nuits
45:57et lui
45:57il n'a plus de manuscrits
45:59et je décris
46:00en même temps
46:01que son passé
46:02que vous venez d'évoquer
46:03ces quelques mois
46:05de crise créative
46:06qui se passent
46:07en plus
46:07au coeur
46:09de la pire catastrophe climatique
46:11que la France ait vécu
46:121709
46:14moins 30
46:15moins 20
46:16tout le monde
46:17calfeutrait chez soi
46:19des milliers
46:20et des milliers
46:20de morts
46:20mais Galant
46:21lui
46:22à 62 ans
46:23et asthmatique
46:24il sort
46:24tellement il a envie
46:26de trouver le manuscrit
46:27perdu
46:28et
46:28on ne va pas dire
46:29comment il le découvre
46:31pas du tout
46:32sous la forme
46:32qu'il pensait
46:33mais
46:33finalement
46:34il va le découvrir
46:35grâce à quelqu'un
46:37alors il se trouve
46:38qu'effectivement
46:39il a inventé
46:40la traduction
46:41réinvention
46:42qui a bouleversé
46:43l'art du récit
46:44totalement
46:44totalement
46:45parce qu'à l'époque
46:46il y avait des romans
46:48de chevalerie
46:48il y avait
46:49il y avait des contes
46:50genre
46:50contes de Perrault
46:51mais
46:52le principe
46:55d'Emilie Nuit
46:57qui est le suspense
46:58il l'introduit
46:59dans le roman européen
47:00et par là même
47:01dans le roman universel
47:02c'est à dire
47:03qu'à partir de là
47:04les récits
47:05deviennent
47:06les romans
47:07à suspense
47:07existent
47:08et quand vous lisez
47:09un peu l'art
47:09il faut penser
47:10aux milliers
47:11et une nuits
47:11de Galant
47:12parce que
47:12ce qui vous tient
47:13en haleine
47:14vous ne respirez plus
47:16tellement vous voulez
47:17connaître la suite
47:18mais d'ailleurs
47:19je ne sais pas
47:19si vous le savez
47:19Walt Disney
47:20qui avait déjà
47:21été le premier
47:22à penser
47:23à ces sujets-là
47:23il prépare
47:24une adaptation
47:25au cinéma
47:26des milliers
47:26et une nuits
47:26actuellement
47:27je vous dis
47:28comme on dit
47:29à la télé
47:30c'est dans l'air
47:30exactement
47:31mais ça a été aussi
47:34des mois
47:34des mois
47:34de vie
47:36avec un sujet
47:37universel
47:38pour vous
47:38ah oui
47:39c'était
47:39beaucoup
47:40beaucoup
47:41beaucoup
47:41de recherches
47:42mais à un moment
47:42on dit stop
47:43et on dit
47:44et je suis comme
47:45Galant
47:46finalement
47:46celle qui sait
47:48s'efface
47:50devant celle
47:51qui rêve
47:52et qui reconstruit
47:53et il faut éliminer
47:54énormément chose
47:56j'en savais trop
47:56et j'ai écrit
47:57comme un scénario
47:58de film
47:59et en même temps
48:01vous avez offert
48:02du rêve
48:02à un moment
48:03on en a besoin
48:03oui mais c'est peut-être
48:05peut-être moi
48:06qui ai besoin
48:06de rêve
48:07au départ
48:08j'avais besoin
48:09de conjurer
48:11définitivement
48:12la tragédie
48:14que j'avais écrite
48:14dans
48:15Un crime sans importance
48:17et maintenant
48:17pour moi
48:17c'est derrière
48:18même si je me bats
48:20toujours
48:20pour que
48:21le cas de ma soeur
48:23soit
48:23accepté
48:26comme colquise
48:26lors de la nuit
48:28donc c'est un grand roman
48:30des mille et une nuits
48:30chez Julia
48:31et je pense que ce sera
48:33un best-seller de l'été
48:33parce qu'on a plus que jamais
48:35nous aussi besoin de rêve
48:36je crois que collectivement
48:37là il faut qu'on prenne
48:39un tapis volant
48:40exactement
48:40écoutez
48:41prenons le tapis volant
48:42et puis allons vers
48:42d'autres aventures
48:43et retrouvons-nous très vite
48:44pour votre prochain livre
48:45dans les clés d'une vie
48:46c'est mon vœu le plus cher Jacques
48:48merci infiniment
48:49merci les clés d'une vie
48:50c'est terminé pour aujourd'hui
48:51on se retrouve bientôt
48:52restez fidèles
48:53à l'écoute de Sud Radio
48:54merci à tous
Recommandations
52:30
|
À suivre
48:58
49:40
50:07
48:56
50:26
50:26
50:55
49:58
49:55
48:34
50:09
49:34
49:19
49:03
50:11
49:06
49:58
49:47
49:59
51:10
49:09
49:23
49:01
51:23