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  • 02/07/2025
Tous les matins, les informés débattent de l'actualité ce mercredi 02 juillet autour de Agathe Lambret et Renaud Dély.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, ravie de vous retrouver dans les informés du matin, notre rendez-vous de décryptage de l'actualité sur France Info Radio et France Info TV, canal 16 de la TNT désormais.
00:12Les informés, bien sûr, toujours avec Renaud Delis. Bonjour Renaud. Bonjour Agathe.
00:16Et ce matin, nous avons le plaisir de recevoir Audrey Tison, journaliste au service politique de France Info. Bonjour Audrey. Bonjour.
00:21Et Antoine Comte, journaliste politique à France Info TV. Bonjour Antoine. Bonjour Agathe.
00:25On commence tout de suite Renaud avec notre premier sujet. Quelle politique d'aménagement de l'espace pour faire face aux canicules ?
00:33Après une nouvelle journée de caniculière, des températures records, la vigilance rouge est maintenue aujourd'hui seulement dans quatre départements.
00:40Donc la canicule va commencer à refluer mais en attendant la prochaine parce que ces épisodes se répètent désormais de plus en plus fréquemment.
00:48Alors l'État a lancé de multiples alertes ces derniers jours, a communiqué des élus aussi, des élus qui ont aussi pris des mesures de précaution.
00:55Par exemple en fermant plus d'un millier d'établissements scolaires, des mesures de restriction de la circulation ont aussi été prises en Ile-de-France par le préfet de police.
01:03Mais au-delà de ces mesures d'urgence face à ces épisodes caniculaires, comment penser le réaménagement de l'espace, en particulier de l'espace urbain,
01:11et puis la rénovation d'un certain nombre de bâtiments publics ? Est-ce que l'État est à la hauteur ? Quels sont les investissements nécessaires ?
01:18Voici l'appel lancé ce matin par François Bonneau qui est le président PS de la région Centre-Val-de-Loire.
01:26On lance un appel à l'État à deux niveaux.
01:28Le premier, c'est je crois nécessaire dans ce processus d'adaptation que nous ayons sur tous les territoires une carte qui repère bien les lieux où les gens peuvent se protéger,
01:39être plus en situation, donc que l'État et les collectivités territoriales puissent travailler à ce plan.
01:45Et deuxièmement, nous demandons à l'État de nous donner les moyens et d'intervenir encore pour ce que j'appelle la revégétalisation, etc.
01:51On ne peut pas ignorer le réchauffement climatique et ses exigences.
01:55Alors la végétalisation des espaces urbains, c'est un des enjeux principaux, on le sait, quant à l'aménagement des villes, des agglomérations,
02:02mais on voit une fois de plus les élus démunis, qui donc en appellent aussi à l'État en termes de moyens,
02:08mais on sait aussi que du côté de l'État, les caisses sont vides, on voit l'État des finances publiques.
02:13Alors comment, au-delà des épisodes d'urgence qui nécessitent évidemment un certain nombre de mesures qui ont été prises ces derniers jours,
02:20comment anticiper ces épisodes et surtout comment les financer, comment mener des politiques de réaménagement de l'espace
02:26qui soient à la fois durables, efficaces, quand on voit notamment le manque de moyens tant des collectivités locales que de l'État.
02:34Antoine Comte, on n'est pas armé aujourd'hui pour faire face à ces épisodes de canicule,
02:38où il y a quand même des choses qui ont été mises en place ?
02:41Alors ce qui est sûr, c'est que l'objectif du gouvernement, c'est de surtout pas revivre le drame de 2003,
02:46de cette canicule meurtrière, 15 000 morts, où il y avait eu, là il est vrai, un manque d'anticipation.
02:52Mais on va dire qu'on était à une autre époque et que depuis, les pouvoirs publics semblent avoir quand même
02:56appris de leurs erreurs, en tout cas on l'espère.
02:58Il y a quand même des critiques qu'on entend, vous demandez au corps enseignant aujourd'hui,
03:02quand on voit les écoles, les salles de classe à 32, 33 degrés,
03:07où vous avez des bâtiments qui ont été construits dans les années 60
03:09et aucune rénovation, aucune isolation qui ont été menées pour justement,
03:14contre le froid mais surtout contre le chaud, permettre à des écoliers finalement d'étudier de façon à peu près normale,
03:24avec des températures à peu près normales.
03:25Là il y a un vrai problème en effet, je crois qu'il y a 5 000 établissements scolaires
03:30qui ont été en gros équipés sur les 45 000 existants dans le pays.
03:34Donc vous voyez qu'on est très loin en effet de l'objectif affiché en tout cas ces dernières années
03:39d'adaptation débattie aux événements climatiques et donc à ces vagues de canicule.
03:45Et c'est la même chose dans les hôpitaux.
03:46Quand vous regardez les hôpitaux aujourd'hui, ils travaillent dans des conditions,
03:48alors il y a eu des systèmes de climatisation mis en place mais c'est aussi pas suffisant.
03:52Donc les critiques qu'on entend aujourd'hui sur le gouvernement, c'est un retard à l'allumage
03:56parce qu'on a vu en effet que ces vagues de canicule ont été annoncées par Météo France
04:00et que le gouvernement a réagi peut-être un petit peu plus tardivement que prévu
04:05et d'ailleurs les oppositions le reprochent à aujourd'hui.
04:07Et puis surtout ce manque d'anticipation, on a l'impression que tous les gouvernements
04:10qui se succèdent réagissent en temps de crise mais que l'anticipation n'existe pas vraiment.
04:16Il y a le parallèle qui est fait avec le Covid.
04:18Moi je ne le ferai pas directement parce que le Covid c'était une crise planétaire mondiale
04:23et on n'en est pas là bien évidemment.
04:25Mais quand même il y a ce manque d'anticipation qui est criant et qui revient à chaque fois.
04:29Et là le risque c'est qu'il y a d'autres vagues de canicule pendant l'été
04:32et que finalement on se retrouve avec le même genre de problème.
04:34et j'ai envie de dire Dieu merci que l'année scolaire se termine
04:37et que les écoles et que les écoliers vont pouvoir partir finalement
04:41pour ceux qui le peuvent en vacances et ne pas subir ces chaleurs dans les salles de classe.
04:45Audrey, t'es encore pu faire le gouvernement pour anticiper davantage comme dit Antoine Comte ?
04:50En effet rien qu'anticiper de quelques jours ces alertes,
04:55le fait de sensibiliser la population et les élus locaux en amont.
05:00Mais finalement il y a quand même un certain nombre de procédures qui existent,
05:06qui ont été mises en place.
05:08Il y a des plans qui ont été annoncés aussi.
05:10Voilà, des plans.
05:11L'alerte rouge canicule par exemple qui est décidée par Météo France,
05:14mais ça se décide aussi en partenariat avec les autorités locales
05:19et avec les autorités sanitaires surtout,
05:21parce que ça dépend de l'état aussi des hôpitaux dans chaque département.
05:25Cette alerte canicule rouge, elle est censée aussi interpeller la population,
05:29leur dire c'est vraiment le moment, si vous pouvez rester chez vous,
05:32si vous pouvez télétravailler, restez chez vous,
05:34si vous pouvez garder les enfants, essayez de les garder.
05:38Peut-être que cela a été déclenché un peu tardivement,
05:41mais la procédure existe.
05:43Ce qui est reproché également par certains élus locaux.
05:46On a vu une sortie de la mairie de Paris par exemple hier,
05:49notamment de l'adjoint chargé de l'écologie,
05:53qui reprochait à l'État de ne pas assez anticiper,
05:57d'être dans l'irresponsabilité, l'improvisation.
06:01Il demandait notamment la mise en place de logements d'urgence supplémentaires
06:05pour les sans-abri.
06:08Le problème c'est qu'il y a beaucoup de choses aussi
06:10qui dépendent des collectivités finalement.
06:12Quand on parle de l'aménagement par exemple des établissements scolaires,
06:17les écoles ça dépend de qui ?
06:18Les bâtiments ça dépend avant tout des mairies,
06:21les collèges ça dépend des départements,
06:23les lycées ça dépend des régions.
06:25Alors certes, toutes ces collectivités ont besoin de davantage d'argent,
06:29mais elles sont aux manettes en fait pour pouvoir impulser ces travaux.
06:33D'ailleurs j'ai échangé hier avec quelqu'un de l'Éducation nationale,
06:36du ministère de l'Éducation nationale,
06:39à propos de ces écoles fermées.
06:42Il y a eu quand même plus de 2000 écoles qui ont été fermées hier.
06:45Et on me disait notamment à propos du maire de Tours
06:47qui a annoncé de manière assez radicale,
06:50je ferme toutes mes écoles,
06:52que le maire de Tours faisait un petit peu un coup de communication,
06:55parce qu'il a notamment, le maire de Tours,
06:56bénéficié de subventions pour pouvoir lancer une école bioclimatique
07:01et que cette école, d'après l'Éducation nationale,
07:04le ministère, était tout à fait en mesure d'accueillir les enfants
07:07et que la température dans ce genre d'école
07:09ne montait pas au-dessus de 26 degrés.
07:11Donc on se demande aussi
07:13quelle est peut-être aussi la part de communication
07:17autour de cet événement,
07:18même si on peut espérer que tous les élus sont très concernés
07:21pour venir en aide à leurs citoyens.
07:25Cet exemple est assez significatif d'un phénomène
07:26qu'on voit sur ce sujet-là comme sur d'autres.
07:28D'ailleurs, c'est que l'État et les collectivités locales
07:29ont tendance à se renvoyer la balle
07:31et à dire, c'est pas moi, c'est l'autre,
07:33ou je manque de moyens, etc.
07:34Donc cet exemple, et on sait qu'il y a une polémique
07:36entre le maire de Tours et le ministère de l'Éducation nationale,
07:38Elisabeth Borne s'en est fait d'écho aussi,
07:40illustre l'un des dysfonctionnements
07:43notamment face à l'impact de ces épisodes caniculaires.
07:49Au regard de la situation qui fut celle de 2003,
07:51que rappelait Antoine Comte tout à l'heure,
07:52c'est vrai qu'il y a un certain nombre de mesures
07:53qui ont été prises, on n'est pas du tout dans la même situation,
07:55et notamment les mesures d'urgence
07:57justement sur le plan sanitaire.
07:59Et on voit que même si l'hôpital traverse
08:00les difficultés qu'on connaît,
08:01il ne se retrouve pas du tout,
08:02et les services d'urgence,
08:04dans la situation de l'époque, fort heureusement.
08:06Parce que là, il y a des mesures qui ont été prises.
08:07Mais la question qui se pose face à ces épisodes-là,
08:10c'est que ce ne sont pas des épisodes accidentels.
08:11Ils sont amenés, on le sait, à durer, à se répéter.
08:14Et donc, qu'est-ce qu'il y a comme solution pérenne, Renaud ?
08:16Et d'ailleurs, il y a un mot qui aujourd'hui
08:18est entré dans le vocabulaire de la politique,
08:19c'est l'adaptation.
08:20On est obligé, il n'y a pas d'autre choix
08:23que de s'adapter à cette nouvelle donne qui va durer.
08:26Et c'est là que souvent, il y a un manque,
08:29on va dire, d'anticipation sur le long terme.
08:31Ce n'est pas une question partisane, même si ça compte,
08:33mais il y a un manque de politique durable
08:37de la part des gouvernements qui se succèdent,
08:39notamment en termes de réaménagement de l'espace urbain,
08:44de végétalisation des espaces, etc.
08:46Et là, c'est vrai qu'il y a un effort d'investissement global
08:49qui n'est pas pensé sur le long terme,
08:51sur 20, sur 30, sur 40 ans.
08:54Et il y a des plans qui sont annoncés,
08:55mais sans les moyens de les financer.
08:56Il y a par exemple le fameux plan qui anticipe
08:58une augmentation de 4 degrés à l'horizon 2100.
09:04Mais il n'y a pas aujourd'hui les moyens qui sont en face.
09:06Et c'est ce qui explique d'ailleurs
09:07que le Rassemblement National s'engouffre dans cette faille
09:11en essayant de jouer sur le fameux registre du bon sens.
09:15Le RN qui vote systématiquement
09:17contre toutes les mesures écologiques, environnementales,
09:20et qui participe d'un climat quand même assez climato-sceptique,
09:24pour le moins, qui dit qu'il n'y a qu'à faire un grand plan
09:26en climatisation de tous les bâtiments publics,
09:29ce qui d'ailleurs accessoirement coûterait aussi très cher.
09:31Et on sait que la climatisation, elle est inévitable
09:34dans un certain nombre de cas d'urgence,
09:35par exemple les hôpitaux ou les EHPAD.
09:37Mais on sait bien que ça n'est pas la solution globale
09:39pour changer une société,
09:41puisque la climatisation a des effets, elle-même,
09:44néfastes sur le réchauffement climatique.
09:46Elle l'attise aussi.
09:47On pourrait se poser quand même la question de la réglementation,
09:49parce que dans les EHPAD, il y a forcément,
09:51obligatoirement, une pièce pour accueillir
09:54les personnes âgées.
09:55Par exemple, dans les crèches,
09:56il n'y a aucune réglementation quant à la climatisation,
09:59aucune réglementation nationale sur les températures.
10:04Je voyais le témoignage d'une gérante d'une crèche hier,
10:0730 degrés avec des bébés,
10:09bébés qui ont besoin de câlins,
10:11des conditions de travail insupportables hier,
10:13dans certains lieux.
10:14C'est vrai qu'il y a une course au plan d'urgence.
10:16Quand vous regardez, Renaud l'a dit,
10:18le plan climatisation du RN,
10:20vous avez l'EFI qui propose aussi un plan d'urgence
10:22avec cinq propositions de loi
10:24qu'ils veulent déposer en faveur des parents
10:28quand il y a une canicule,
10:29qu'ils puissent, en effet,
10:31que leur employeur leur accorde un jour ou plusieurs
10:33pour garder leurs enfants à la maison
10:35ou dans un endroit frais.
10:36Et puis la même chose,
10:37pour adapter les règles aussi au travail.
10:39Donc on sent qu'il y a le plan du gouvernement,
10:40d'urgence, il y a le plan des oppositions.
10:43Et en fait, c'est un peu de la communication
10:45et c'est un peu triste sur un phénomène
10:46aussi grave qu'une canicule
10:47où vous avez des gens qui sont en grande difficulté,
10:50notamment dans les centres urbains
10:51et dans les grandes villes.
10:52Dans un instant,
10:53on parlera d'Emmanuel Macron et Vladimir Poutine
10:55qui se reparle,
10:56mais tout de suite,
10:57c'est le fil info.
10:57Il est 9h16 et c'était Loïse Roger.
11:00Un rapport dévoilé ce matin
11:02sur les violences en milieu scolaire
11:04à la suite de l'affaire Béteram.
11:06Une commission parlementaire fait 50 recommandations
11:09pour lutter contre les violences
11:10commises sur les élèves.
11:12Parmi ces mesures,
11:12la création d'un fonds d'indemnisation,
11:14la prolongation du délai de prescription
11:16pour la non-dénonciation des faits.
11:18Les députés co-rapporteurs
11:19Violette Spilbout et Paul Vannier
11:21proposent également de reconnaître
11:23la responsabilité de l'Etat pour carence.
11:26Les écrans interdits dès demain
11:27dans les lieux d'accueil des jeunes enfants
11:29selon un arrêté paru au journal officiel ce matin
11:32et rédigé par la ministre de la Santé,
11:34Catherine Vautrin.
11:35Il est interdit d'exposer un enfant
11:36de moins de 3 ans devant un écran,
11:38que ce soit un smartphone,
11:40une tablette ou encore une télévision
11:41compte tenu des risques pour son développement.
11:44Encore une journée suffocante,
11:46écrasante de chaleur prévue aujourd'hui
11:48pour une large partie de la France.
11:50L'Aube, Lyon, le Loiret et le Cher
11:52sont en vigilance rouge canicule.
11:5455 sont en orange.
11:55A Lyon, le maire Grégory Doucet
11:57a annoncé la gratuité des musées
11:59à partir de midi
12:00pour permettre à tous d'accéder
12:01à un lieu climatisé.
12:03Et puis début aujourd'hui en Suisse,
12:05de l'Euro féminin de foot.
12:07L'Islande affronte la Finlande
12:08avant le match du Pays-Aude
12:09contre la Norvège à 21h.
12:11L'entrée dans la compétition des Bleus
12:12c'est samedi soir
12:13face aux Anglaises tenant du titre.
12:17France Info
12:18Les informés, Renaud Dely, Agathe Lambret.
12:24Les informés continuent avec Audrey Tison
12:26du service politique de France Info,
12:28Antoine Comte du service politique de France Info TV
12:31et Nicolas Teilhard,
12:32vous nous avez rejoint,
12:33journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
12:36Bonjour Nicolas.
12:37Et évidemment, Renaud Dely,
12:39on continue avec Emmanuel Macron,
12:41Vladimir Poutine qui se reparle.
12:43La France peut peser encore ?
12:44Oui, on le sait,
12:45le bonheur c'est simple comme un coup de fil.
12:47Alors on est encore loin du bonheur,
12:49on est hélas aussi encore très loin de la paix,
12:51d'un éventuel cessez-le-feu en Ukraine.
12:53Mais en tout cas,
12:54il y a eu un premier contact à nouveau
12:56entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.
12:58Ils se sont parlé hier pour la première fois
13:00depuis plus de trois ans,
13:01pendant deux heures.
13:03L'occasion d'ailleurs de constater
13:04des désaccords qui ne semblent pas avoir changé.
13:07Le chef de l'État a appelé un cessez-le-feu
13:09dans les meilleurs délais en Ukraine.
13:11Quant à Vladimir Poutine,
13:13il a rappelé aussi Emmanuel Macron
13:14son soutien indéfectible à l'Ukraine
13:15et à son intégrité territoriale.
13:17Vladimir Poutine, lui,
13:18veut remonter à ce qu'il considère
13:19comme les origines de ce conflit,
13:21c'est-à-dire la politique des États occidentaux
13:22à l'endroit de la Russie,
13:24selon le maître d'Ukraine.
13:25Alors pourquoi Emmanuel Macron a-t-il jugé bon
13:28d'échanger avec Vladimir Poutine
13:30et à quoi peut servir cet échange téléphonique hier ?
13:34Voici ce qu'on a dit il y a quelques minutes sur ce plateau.
13:36Jean-Yves Le Drian, l'ancien ministre des Affaires étrangères.
13:39Trois ans après, la Russie n'a pas atteint ses objectifs.
13:43D'une part, et que d'autre part,
13:45il était opportun, même indispensable,
13:48de rappeler au président Poutine
13:51qu'on ne lâchera rien.
13:53Je suis un peu surpris d'entendre les mêmes personnes
13:56souvent dire, quand il y a un dialogue
13:58entre Trump et Poutine, où sont les Européens ?
14:00Où est Macron ?
14:01Et quand il y a Macron qui part,
14:02ah mais non, c'est un signe de faiblesse.
14:03Donc il faut arrêter d'être aussi contradictoire.
14:05Il était essentiel que le président de la République
14:08dise à Poutine, en ce moment,
14:10on ne lâchera pas.
14:12Nicolas Teilhard, pourquoi cet appel maintenant
14:14après trois ans de silence radio,
14:17en direct en tout cas ?
14:18C'est vrai que c'est un marqueur.
14:19Septembre 2022, pour le dernier échange
14:21entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine,
14:23d'ailleurs pour relier un peu les deux points,
14:25c'est la question du nucléaire qui était en jeu.
14:27A l'époque, c'était l'inquiétude française et européenne
14:30sur le sort de la centrale de Zaporizhia en Ukraine
14:32qui était occupée par l'armée russe.
14:34Aujourd'hui, c'est manifestement le nucléaire iranien
14:37qui provoque cette inquiétude.
14:38Et ici, si Jean-Yves Le Drian parlait d'Ukraine,
14:41je crois que c'est surtout la situation en Iran
14:42qui a poussé Emmanuel Macron à décrocher son téléphone
14:45parce qu'il y a ce paradoxe d'un cavalier seul diplomatique
14:49des États-Unis qui finalement opère une sorte de rapprochement,
14:53alors de circonstances, on n'est évidemment pas d'accord sur tout,
14:56mais de la France, de Paris et de Moscou
14:59qui ont des intérêts communs sur la situation en Iran.
15:03Parce qu'on va rappeler que les deux pays sont membres
15:05du Conseil de sécurité des Nations Unies,
15:07ont été signataires de l'accord de 2015
15:10qui encadrait le programme nucléaire iranien
15:12et qui a été, il faut le rappeler, déchiré par Donald Trump
15:15qui aujourd'hui semble vouloir faire tout, tout seul.
15:18Or, de ce point de vue-là, ni Vladimir Poutine, ni les Européens
15:23ne souhaitent que Washington décide seul de l'avenir du Moyen-Orient
15:26et de ce qui va se passer en Iran.
15:27Alors, ils ne le souhaitent pas Nicolas Teilhard,
15:29mais est-ce qu'ils en ont les moyens ?
15:31Est-ce qu'Emmanuel Macron peut s'immiscer dans une négociation
15:33qui paraissait verrouillée ces derniers mois ?
15:35Alors, les moyens, sans doute pas.
15:38En revanche, il y a d'autres acteurs qui comptent.
15:40Et par exemple, l'AIEA, l'Agence internationale à l'énergie atomique,
15:44dont le sort, en tout cas en Iran, est en jeu cette semaine
15:47parce qu'après la guerre et le fragile cessez-le-feu
15:51entre Israël et l'Iran, qu'est-ce qui s'est passé ?
15:53Eh bien, le régime de Téhéran menace de quitter
15:56le traité de non-prolifération nucléaire.
15:58On va rappeler que l'Iran en est signataire
16:00et menace d'interdire les visites sur son territoire
16:03de l'Agence de l'énergie atomique et de son président Raphaël Grossi.
16:06Or, ça, c'est un enjeu, par exemple, pour Moscou, pour Paris,
16:10pour les Européens, parce qu'aujourd'hui,
16:12en dehors de croire sur parole Donald Trump ou Benyamin Netanyahou,
16:17avec qui les relations sont glaciales, avec Emmanuel Macron,
16:20sur ce qu'il est advenu des sites nucléaires
16:22qui ont été frappés lors des bombardements du mois de juin,
16:26eh bien, il n'y a aucune possibilité de savoir ce que devient ce programme.
16:30Or, il y a une inquiétude partagée,
16:32de voir l'Iran, malgré les conséquences de ses frappes,
16:36continuer à poursuivre ses activités.
16:38Pourquoi pas se doter de la bombe ?
16:40Et les pays qui, en général, en sont détenteurs,
16:42comme la Russie et la France,
16:43ne sont pas du tout favorables
16:45à ce que le nombre de pays qui en disposent s'élargissent.
16:48Renaud Delis, Jean-Yves Le Drian disaient tout à l'heure
16:50que le cessez-le-feu n'a rien réglé.
16:52La menace iranienne, elle est toujours présente et elle inquiète ?
16:55La menace iranienne perdure,
16:56d'autant qu'on n'est pas encore tout à fait au clair
16:59sur l'état des dégâts commis par l'attaque d'Israël
17:03et l'aide des États-Unis.
17:05On sait qu'en gros, c'est un gain de temps,
17:07mais la menace perdure.
17:09Et ce coup de fil d'Emmanuel Macron à Vladimir Poutine
17:12qui portait en grande partie sur cette menace,
17:15illustre toute la difficulté pour la France
17:16d'être à la fois un soutien fervent et permanent de l'Ukraine
17:20et donc de s'opposer de façon extrêmement forte à la Russie,
17:25alors que la Russie reste un interlocuteur,
17:27parfois même un médiateur,
17:29qui peut être utile quant à d'autres conflits
17:31et d'abord quant à la gestion de cette menace du nucléaire iranien.
17:35Donc à la fois, il faut réaffirmer le soutien à l'Ukraine,
17:38et d'ailleurs Emmanuel Macron s'est empressé aussi
17:40d'appeler hier le président ukrainien Zelensky,
17:45mais on ne peut pas ignorer totalement l'impact
17:49et le rôle diplomatique de la Russie,
17:51notamment sur ce dossier iranien,
17:52comme il vient de le rappeler Nicolas Taillard.
17:54En tout cas, c'est vrai qu'Emmanuel Macron,
17:56désormais il a deux options depuis ces trois ans de guerre,
17:58c'est soit finalement accepter de laisser les Américains
18:01d'y aller avec Vladimir Poutine seul,
18:04soit finalement permettre aux Européens
18:06de revenir un peu dans la danse.
18:07Et c'est ce qu'il a aussi essayé de faire hier.
18:10Alors évidemment que le sujet de cet appel,
18:14c'était au départ le nucléaire iranien,
18:16mais il en a profité bien sûr pour parler de l'Ukraine,
18:18et on voit bien que les difficultés d'écoute,
18:21en tout cas les divergences entre le président russe
18:23et le président français sont toujours là.
18:25Mais l'objectif derrière aussi d'Emmanuel Macron,
18:27c'est de continuer à peser sur la scène internationale,
18:29d'apparaître toujours comme le chef de l'Europe,
18:32le chef des armées en France,
18:33mais le chef de l'Europe dans le monde.
18:36Et d'ailleurs, ce qu'il dit,
18:38et ce qu'on nous dit du côté de l'Elysée,
18:39c'est qu'il a, donc on le sait,
18:40appelé Donald Trump il y a quelques jours,
18:43il a appelé Vladimir Poutine,
18:43et il compte appeler aussi le président chinois
18:45dans les prochains jours.
18:46Donc voilà, il veut aussi revenir dans le jeu
18:48et continuer à essayer de peser
18:50au nom des Européens,
18:52mais surtout en son nom propre,
18:53Emmanuel Macron, c'est ça aussi l'objectif.
18:55C'est ça qui se joue, Nicolas Teilhard,
18:56en ce moment, un président qui veut revenir dans le jeu
18:58alors que les Européens étaient inaudibles,
19:00et alors que si, il a été humilié par Donald Trump,
19:03récemment, qui en marge du G7,
19:05a dit qu'Emmanuel Macron ne comprenait jamais rien.
19:07Oui, il y a ce point commun, là encore, paradoxal
19:10entre Poutine et Macron,
19:11c'est qu'ils ont tous les deux été marginalisés,
19:13pour le coup, au Moyen-Orient,
19:14ces derniers jours, par Donald Trump,
19:16qui a sèchement balayé la proposition russe
19:19d'être un médiateur,
19:21et qui a totalement marginalisé l'Europe.
19:23Antoine parlait de deux choix,
19:25c'est deux choix difficiles,
19:26enfin, deux mauvais choix, d'une certaine manière.
19:28En gros, c'est la peste ou le choléra.
19:30C'est un dilemme.
19:30Soit ne pas parler du tout à Vladimir Poutine,
19:32c'est ce qu'on faisait depuis trois ans,
19:34soit discuté avec l'idée de le remettre dans le jeu,
19:37de le remettre d'une certaine manière
19:38en position de force,
19:39parce que, du côté du Kremlin,
19:41la certitude, ce matin,
19:42c'est que la manière dont on reçoit cet appel,
19:45dont on dit que la volonté était partagée,
19:47c'est de dire, vous voyez,
19:48finalement, on ne peut pas faire sans nous.
19:50Ça, c'est la réalité.
19:51Maintenant, sur l'Ukraine,
19:53il y a un vrai constat d'impuissance,
19:55parce que ce que dit Jean-Yves Le Drian,
19:56à savoir, on a besoin de parler à Vladimir Poutine,
19:58dans ce cas-là, c'était valable depuis trois ans.
20:00Et pourquoi on ne lui parlait pas depuis trois ans ?
20:02Parce qu'on avait décidé
20:03de ne pas parler à un criminel de guerre,
20:04et parce que, je reprends les mots d'Emmanuel Macron,
20:07à l'époque, en septembre 2022,
20:09sa parole n'a pas de valeur,
20:10il ne dit pas la vérité.
20:12C'est surtout ça,
20:13plus que le côté criminel de guerre,
20:14c'est qu'Emmanuel Macron a été moqué,
20:16parce qu'il n'obtenait rien
20:17de ses conversations interminables.
20:18Et là, en revanche,
20:19on va en revenir à l'efficacité douteuse
20:21du plan de Donald Trump sur l'Ukraine.
20:23Ça fait depuis fin mars, début avril,
20:26que Donald Trump donne deux semaines
20:27à Vladimir Poutine
20:28pour donner des gages sous peine de nouvelles sanctions.
20:31Il n'y a eu aucun gage,
20:32il n'y a pas eu de sanctions.
20:33Et au contraire,
20:34Donald Trump est en train de se désengager
20:35petit à petit,
20:36puisqu'il vient d'annoncer
20:37qu'il allait diminuer
20:39les stocks de munitions livrés.
20:42Pourquoi ?
20:43Parce que les États-Unis en avaient besoin,
20:44apparemment,
20:45ce sont les intérêts américains,
20:46avant, bien sûr,
20:47les intérêts ukrainiens.
20:48C'est un signal très inquiétant
20:49qui a été lancé hier soir.
20:51Pardon, Renaud,
20:53ce que je trouve intéressant aussi dans cette histoire,
20:54c'est la position allemande.
20:55Friedrich Schmerz,
20:56le chancelier allemand,
20:57lui, refuse toujours de parler
20:59avec le président russe,
21:00Vladimir Poutine.
21:01Donc, Emmanuel Macron,
21:02il a beau prendre son téléphone
21:04et passer un coup de fil,
21:05sans les Allemands,
21:06l'Europe ne pèse pas grand-chose aussi.
21:07Donc, voilà,
21:08il continue un petit peu
21:09son petit bonhomme de chemin,
21:10Emmanuel Macron,
21:11pour dire qu'il est là,
21:12qu'il est présent,
21:13que la France est très importante
21:15dans le monde
21:15et en Europe.
21:16mais tant que les Allemands
21:18n'appelleront pas aussi
21:20Vladimir Poutine,
21:20en tout cas,
21:21n'engageront pas des discussions
21:22là,
21:23dans les prochaines semaines,
21:25j'ai envie de dire
21:26qu'Emmanuel Macron,
21:27son coup de fil d'hier,
21:28il ne sert pas à grand-chose.
21:29Donc, on va voir
21:30ce qui va se passer.
21:32Mais Nicolas a raison
21:33de dire pourquoi,
21:34finalement,
21:34Emmanuel Macron,
21:35si c'est cet argument-là
21:35qui est utilisé,
21:36n'a pas appelé avant
21:37Vladimir Poutine.
21:38Après, il y a une chose
21:38qui a changé quand même,
21:40je pense que c'est la crainte
21:41générale
21:42d'un basculement aujourd'hui
21:44et l'état du monde
21:45en trois ans
21:46parce que si rien n'a changé
21:47entre l'Ukraine et la Russie,
21:49le contexte mondial
21:50aujourd'hui
21:51avec un Donald Trump
21:52qui est de retour
21:53à la Maison-Blanche
21:54avec la manière
21:55dont Israël
21:57s'est défait
21:58du droit international
21:59et dont la parole
22:00notamment de la France
22:00ne pèse pas du tout
22:01sur la politique israélienne
22:03au Moyen-Orient
22:04aujourd'hui,
22:05fait craindre,
22:06à mon avis,
22:07en Europe
22:07et à l'Élysée
22:09vraiment une forme
22:09de bascule aussi
22:10du monde diplomatique
22:12qui le pousse sans doute
22:13à redécrocher
22:14son téléphone.
22:14Le droit international
22:15est lui aussi marginalisé
22:17et le droit international
22:17est marginalisé
22:18un petit peu partout
22:19au profit de la loi
22:19du plus fort
22:20et c'est ce qu'a bien
22:21enregistré aussi
22:22et compris Vladimir Poutine
22:23qui lui-même a été
22:24pionnier d'ailleurs
22:25en la matière
22:25en envahissant l'Ukraine
22:27et quand on regarde
22:28ce qui sort aussi
22:30de cet entretien hier,
22:31on voit que du côté
22:31du Kremlin,
22:32rien n'a changé,
22:33rien n'a bougé
22:33puisque Vladimir Poutine
22:35reproche donc aux Occidentaux
22:37d'avoir ignoré,
22:38je cite,
22:38les intérêts sécuritaires
22:39de la Russie
22:40depuis des années
22:40donc c'est toujours
22:41la même logique
22:42qui est à l'origine
22:43de la guerre
22:44qui l'a déclenchée
22:45c'est que ce sont
22:46les Occidentaux,
22:47l'OTAN
22:47qui sont en quelque sorte
22:48les agresseurs
22:49et que l'Ukraine a vocation
22:50à être dénazifiée d'abord
22:52on s'en souvient
22:53entre guillemets
22:53et puis même démantelée
22:54bien sûr
22:55donc on voit bien
22:55qu'on est encore
22:56très très loin
22:57du côté du Kremlin
22:59semble-t-il
22:59d'une vraie véritable volonté
23:01de négocier
23:02un cessez-le-feu
23:03et encore moins
23:05une paix durable.
23:06Merci les informés,
23:07merci Audrey Tison
23:08du service politique
23:08de France Info,
23:09merci Antoine Comte
23:11du service politique
23:11de France Info TV
23:13et merci Nicolas Teilhard
23:14journaliste
23:15à la rédaction internationale
23:16de Radio France.
23:18Renaud Délignon
23:18on se retrouve demain
23:19et vous retrouvez
23:20les informés
23:21ce soir à 20h
23:23tout de suite
23:23après la météo.
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