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  • 16/05/2025
Tous les vendredis matins, les informés débattent de l'actualité autour d'Hadrien Bect et Renaud Dély.
Transcription
00:00Et bienvenue dans les informés du matin, votre demi-heure de décryptage de l'actualité comme chaque matin sur France Info.
00:12Bonjour Renaud Delis.
00:13Bonjour Adrien.
00:13On est avec vous évidemment comme chaque jour et avec nos deux informés.
00:17Bonjour Carole Barjon, éditorialiste à la revue politique et parlementaire.
00:22Et bonjour à vous Jean-Philippe Moinet.
00:23Bonjour, merci de l'invitation.
00:25Auteur, fondateur et directeur de la revue Civique.
00:29Nous allons parler, Renaud, sans plus attendre, de ce duel qui agite la droite, Retailleau ou Wauquiez.
00:36Qu'est-ce que ça pourrait changer pour la droite ? Qu'est-ce que ça pourrait changer pour le gouvernement et aussi pour le RN ?
00:40Trois mois de campagne, un duel sans pitié entre le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et le patron du groupe LR à l'Assemblée Nationale, Laurent Wauquiez.
00:48Et puis donc un vote ce week-end, demain et dimanche, un vote dématérialisé comme on dit.
00:54Ce duel a d'ailleurs déjà produit un petit miracle, un bond, une multiplication par trois du nombre d'adhérents de LR qui sont passés d'un peu plus de 40 000 à 121 000 à peu près en à peine deux mois.
01:07Les militants vont donc trancher ce duel.
01:11Bruno Retailleau, au regard de sa popularité acquise au ministère de l'Intérieur, apparaît comme le favori.
01:18Mais Laurent Wauquiez ne désarme pas et il a évidemment combattu jusqu'au bout.
01:23Avec, dit-il, une intention, celle en quelque sorte d'aider Bruno Retailleau à se libérer des chaînes qu'il entraverait au ministère de l'Intérieur.
01:31Je vous propose d'écouter un extrait d'une invitation de Laurent Wauquiez ici même sur ce plateau à France Info.
01:38C'était il y a une quinzaine de jours.
01:40Non, je pense que Bruno Retailleau essaye, et c'est une tâche très difficile, d'avoir un discours de fermeté et qu'il n'est pas aidé pour les actes.
01:49Je pense qu'il n'est pas aidé par le Premier ministre.
01:51Je pense qu'on ne lui donne pas les moyens d'avoir une politique de fermeté, que ça suppose de sa part un investissement colossal.
01:57Et moi, ce que j'essaye de faire, c'est que nous, au niveau des députés, avec la pression externe, d'une parole libre de la droite, on puisse mettre la pression.
02:05Pour l'aider, en quelque sorte, c'était à votre micro, Adrien Beck.
02:10Pour l'aider, donc, Laurent Wauquiez voudrait le battre ce week-end dans cette conquête du poste de président de LR.
02:16Alors, est-ce qu'il y a des différences sur le fond, d'abord sur les lignes, sur le projet ?
02:22On a cité une surenchère entre ces deux candidats, notamment sur les sujets réganiens.
02:26Et puis, quelles seraient les conséquences du choix de l'un ou de l'autre, de la victoire de Bruno Retailleau ou de Laurent Wauquiez,
02:33pour la droite d'une part, pour le gouvernement d'autre part, et donc l'avenir de François Bayrou,
02:37et puis peut-être aussi pour le Rassemblement national et Marine Le Pen.
02:40Alors, on va explorer toutes ces conséquences.
02:42D'abord, Carole Barjon, je voulais votre avis sur cet afflux dont Renaud Delis parlait, cet afflux de militants, multiplié par trois, c'est beaucoup quand même.
02:51Est-ce que tout ça est normal ? Est-ce que tout ça est habituel ?
02:54Oui, c'est assez normal, dans la mesure où Bruno Retailleau a imprimé sa marque, en étant au gouvernement,
03:03et donc il a redonné une sorte de visibilité à la droite, qui, jusqu'alors, était un peu comme ça, sur l'avantin.
03:10On se souvient que Laurent Wauquiez avait quand même préféré quitter le parti et se consacrer à sa région.
03:18En entrant au gouvernement, Bruno Retailleau a, comment dire, redonné une certaine fierté à la droite, il est populaire.
03:28Ce qu'il dit correspond en partie à l'attente des Français, et notamment des électeurs de droite qui s'étaient un peu éparpillés.
03:36Et au fond, ce qu'on voit dans ces nouvelles adhésions, qui sont multipliées par trois, et ce que disent la plupart des élus LR,
03:45c'est qu'en fait, c'est d'abord la famille qui revient.
03:49La famille qui avait été déçue, notamment après l'élection, enfin, après la, pardon, la défaite, l'échec de François Fillon en 2017.
03:58Il y en a beaucoup qui avaient été dégoûtés, et ceux-là reviennent.
04:03Il y en a qui étaient donc partis chez Macron, certains au RN, et ils ont le sentiment que tout ça revient.
04:12Donc c'est déjà plutôt une bonne nouvelle pour ce parti, qui était un peu en mort apparente.
04:20Vous voyiez faire la moue, Jean-Philippe Moinet.
04:21Mais, pardon, Carole, terminez.
04:24Ensuite, quel que soit celui qui sera élu dimanche, c'est là que le plus dur commence, si j'ose dire.
04:34Parce que là, il va falloir rassembler.
04:38Il faudra que l'écart entre les deux hommes soit suffisant pour qu'il y ait un leadership incontesté.
04:45Et peut-être pas de contestation des résultats aussi.
04:48Exactement, on a déjà connu ça avec la guerre Copé-Fillon en d'autres temps.
04:53Mais le problème, ce sera d'abord de rassembler en interne.
04:57Parce qu'ils disent tous vouloir rassembler la droite en vue de 2027.
05:01Mais il va falloir d'abord, comment dire, penser les plaies après l'élection de l'un ou de l'autre.
05:10Jean-Philippe Moinet.
05:11Oui, penser les plaies, elles sont assez nombreuses.
05:14Et c'est vrai que c'est bien que les partis politiques reprennent un peu de vigueur et d'adhésion.
05:18On va voir d'ailleurs Parti Socialiste dans un mois à son congrès si le même phénomène de faire revenir dans ces deux partis au marge de l'arc républicain vont retrouver de la vigueur.
05:29Donc c'est plutôt bien pour la démocratie.
05:31En revanche, c'est vrai que les plaies sont fortes parce que la priorité des priorités pour LR, c'est de sortir du double traumatisme en fait qu'a traversé il y a encore un an ce parti.
05:45Souvenons-nous, il y a un an, pourquoi il y a une élection dimanche ?
05:48C'est parce qu'un homme, seul, dans le secret, qui s'appelle Éric Ciotti, qui présidait ce parti, est parti vers Marine Le Pen.
05:56Qui est quand même une première pour ce parti, fondé par le général de Gaulle, de voir avec tous les successeurs à la tête de ce parti, son chef, son petit chef, mais c'était un chef quand même, Éric Ciotti,
06:11aller vers Marine Le Pen avec armes et bagages vers le parti dont les fondateurs ont voulu assassiner le général de Gaulle.
06:18Donc c'est quand même un traumatisme, d'ailleurs 90% des dirigeants, même plus, ont résisté à cette bascule ciottiste, et il est parti tout seul, on n'entend plus trop parler,
06:29je pense qu'il est absorbé par la machinerie Rassemblement National, et donc c'est un traumatisme qui a fait quoi pour revenir aux adhérents ?
06:37C'est qu'ils sont tombés au plus bas niveau historique de leur histoire avec peut-être 30-40 000 adhérents il y a encore quelques semaines.
06:46Donc la multiplication par 3 doit être aussi relativisée par la faiblesse du départ.
06:51Oui, on part de peu, on part de peu.
06:53Et le deuxième traumatisme, et je finirai mon analyse là-dessus, c'est le deuxième traumatisme, ce qui est très important pour la suite,
07:00c'est le résultat du premier tour de 2022, 4,7% des électeurs, qui est un record historique aussi pour cette famille de droite républicaine, vers le bas.
07:13C'est-à-dire que jamais ce parti n'a été aussi bas, même pas le niveau des 5% pour rembourser les frais de campagne.
07:19C'est-à-dire le désarroi. Il faudra sans doute plusieurs mois pour rétablir, redresser cette maison.
07:25Renaud Delis.
07:26Ce qui est intéressant avec le second traumatisme que vous évoquiez à l'instant, il a eu des conséquences matérielles,
07:32le non-remboursement des frais de campagne de Valérie Pécresse, mais le premier, il perdure aujourd'hui,
07:37c'est-à-dire que c'est vrai que c'était une rupture inédite dans l'histoire de la droite républicaine,
07:42que le chef du parti, même si ce parti a changé de nom à de multiples reprises, rallie l'extrême droite, rallie Marine Le Pen.
07:52Tout le paradoxe, et ça, ça renvoie à l'identité de LR aujourd'hui, c'est qu'Éric Ciotti l'a fait à peu près seul ou presque.
07:57En tout cas, tous les dirigeants de LR ont condamné son choix fermement, ils n'ont fait preuve d'absolument aucune indulgence à son endroit
08:07et ils ont très clairement expliqué qu'il ne fallait pas rallier l'ERN.
08:11Et aujourd'hui, et d'abord les deux candidats qui s'affrontent ce week-end, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau,
08:18revendiquent le fait de tenir exactement le même discours que Marine Le Pen et Ration nationale sur les sujets régaliens,
08:24immigration, insécurité, islam, et assument, ils le disent maintenant très clairement,
08:29de ne plus se distinguer de l'extrême droite que sur les sujets économiques et sociaux.
08:34C'est en l'occurrence, Laurent Wauquiez le disait encore il y a quelques jours,
08:36un parti de gauche, voire d'extrême gauche, le RN a ses yeux sur les questions économiques et sociales,
08:40mais sur les sujets régaliens, ils disent exactement la même chose.
08:43Et donc on voit là la vraie crise d'identité qui demeure celle de la droite,
08:46c'est-à-dire qu'elle est au-delà de l'afflux de militants,
08:50qu'il faut quand même prendre avec un tout petit peu de prudence,
08:51parce que c'est vrai qu'on a souvent vu comme ça ces inflations subites d'adhérents juste au moment du vote.
08:57D'abord, la plupart d'entre eux, évidemment...
08:59Qui ne renouvellent pas forcément après.
09:00La plupart viennent voter, il y en a beaucoup, ça revient, comme disait Carole Barjon,
09:04mais souvent ça s'en va et ça revient, en quelque sorte, c'est qu'ils viennent voter et puis ils ne reviennent pas.
09:09Puis d'autre part, on a vu aussi parfois quelques adhésions un peu fictives, folkloriques, se glisser là-dedans.
09:15On se souvient qu'un chien, je crois, prénommé Douglas, avait voté pour Valérie Pécresse à la primaire présidentielle 2022.
09:21On ne sait pas s'il a repris sa carte d'ailleurs pour voter ce week-end.
09:23Ou peut-être un de ses congénères.
09:25Peut-être.
09:26Vous restez avec nous les informés, on va continuer cet échange,
09:29on va se poser aussi la question des conséquences, que ce soit pour le RN,
09:33pour le gouvernement de la victoire de l'un ou de l'autre dans ce duel ALR.
09:37C'est juste après votre fil info à 9h15, Etienne Cholaise.
09:40Un énième faux départ dans des négociations de paix entre Ukrainiens et Russes.
09:44En Turquie, les délégations des deux pays ne se sont pas rencontrées hier, elles le doivent aujourd'hui.
09:49Mais sans réel optimisme, les Etats-Unis disent ne pas avoir de grandes attentes.
09:54Le parquet de Grenoble demande le renvoi de 12 personnes devant la cour d'assises des mineurs.
09:59Au moment des faits, ces jeunes hommes étaient âgés de 17 à 21 ans.
10:03Ils sont accusés de guet-apens violents en Isère, il y a trois ans,
10:06via le site de rencontre Coco.
10:08France Info vous le révèle ce matin.
10:10Un homme est mort lors de l'une de ses agressions.
10:13C'est un duel habituel dans le championnat de France féminin de football OL-PSG.
10:19Finale de la première ligue cette année.
10:22Coup d'envoi à 21h, les Lyonnaises ont terminé première en saison régulière devant les Parisiennes.
10:32Les informés, Adrien Beck, Renaud Delis.
10:36Toujours avec Carole Barjon, éditorialiste à la Revue Politique et Parlementaire,
10:40et Jean-Philippe Moinet, auteur, fondateur et directeur de la Revue Civique.
10:45On a donc évoqué les conséquences de cette élection de Bruno Retailleau,
10:49de Laurent Wauquiez pour la droite.
10:50Carole Barjon, je voulais vous entendre sur les conséquences possibles sur le RN.
10:53Est-ce qu'un Jordan Bardella, il doit avoir peur, peut-être que le mot est un peu fort,
10:58mais d'une élection de Bruno Retailleau à la tête de LR ?
11:02Peut-être. Je reste prudente parce que tous les politologues vous expliquent que
11:08les électeurs du Rassemblement National forment un bloc assez soudé.
11:15– Mais il manque toujours les 50 plus 1 ?
11:18– Oui, bien sûr. Ça, c'est le problème.
11:22Mais étant donné que le parti, enfin l'objectif, pardon,
11:27que ce soit de Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau qui seraient élus,
11:31est de rassembler la droite et évidemment de récupérer des électeurs du Rassemblement National
11:36et des électeurs macronistes.
11:40Pour ce qui concerne le Rassemblement National,
11:43ce sera peut-être quand même plus facile à récupérer pour la droite
11:49si Marine Le Pen est définitivement inéligible.
11:56Parce qu'aujourd'hui, dans les sondages, on voit bien que Jordan Bardella et Marine Le Pen,
12:02qui sont testés pour la présidentielle, font à peu près le même score.
12:05à quelques points près.
12:08Mais ça, c'est aujourd'hui.
12:10Et on peut se demander si la jeunesse et l'inexpérience,
12:16puisqu'il n'a aucune expérience ministérielle de Jordan Bardella,
12:20ne sera pas un petit handicap sur lequel peuvent parier le candidat de la droite républicaine.
12:27– Alors si on regarde Jean-Philippe Moinet de l'autre côté, côté gouvernement,
12:31est-ce que si c'est Laurent Wauquiez qui gagne,
12:34il va dire, écoutez, maintenant c'est terminé,
12:36on reprend, j'allais dire, pardon pour l'expression, nos billes,
12:39on arrête de participer à ce gouvernement,
12:41et peut-être d'ailleurs que Bruno Retailleau pourrait se dire la même chose,
12:44en disant, maintenant que je suis auréolé de mon expérience ministérielle,
12:46je suis président de parti, après tout, ai-je besoin de continuer ?
12:50Est-ce que ce n'est pas un risque pour le gouvernement Bayrou ?
12:52– Alors il y a ce risque, d'ailleurs, qui a été évoqué dans l'édito de Renaud Delis ce matin,
12:57que je écoute tous les matins très attentivement,
12:59mais c'est vrai que le sujet de la position future de l'un des deux,
13:04ou des deux, selon les cas, me semble hypothétique quand même,
13:09quant à vouloir renverser le gouvernement.
13:11– Pour quelles raisons ?
13:13Parce que je pense que dans le timing, c'est beaucoup trop tôt,
13:17dans l'hypothèse d'une reconstruction de cette famille politique pour la présidentielle.
13:22Quel serait l'intérêt pour l'un et l'autre de bouleverser,
13:27d'aller dans une hypothèse de chaos,
13:29en rejoignant d'ailleurs le Rassemblement national et la France insoumise
13:32dans l'idée de renverser le gouvernement et d'une motion de défiance ?
13:35Je pense que le risque pour eux est plus grand que l'avantage,
13:38même si on voit bien que Laurent Wauquiez aimerait bien taquiner son voisin,
13:45Bruno Retailleau, au gouvernement, et l'embarrasser.
13:48Donc il y a cette raison-là.
13:50Mais je reviens sur le sujet important de l'identité politique,
13:52parce que pour réussir en politique, il faut certes des leaders,
13:55mais il faut aussi une ligne d'identité distinctive et attractive
14:00par rapport aux autres blocs.
14:01Or, si LR continue à être dans la ligne idéologique,
14:07en tout cas se rapprocher de celle du Rassemblement national,
14:10qui est un bloc qui est quand même très haut pour le premier tour,
14:13va-t-il réussir en partant de 5 à 8 %,
14:15concurrencer sur le même terrain un parti qui fait 30 % au premier tour ?
14:20Je pense que non, et c'est l'échec assuré.
14:23Inversement, est-ce qu'il peut concurrencer un bloc central,
14:28élargi avec Édouard Philippe vers la droite,
14:30qui est plus faible en pourcentage pour l'instant de l'attention de vote,
14:36et donc concurrencer la ligne, on va dire, Édouard Philippe ou Gérald Lamanin ?
14:40Je pense que c'est plus logique en termes de concurrence
14:43pour essayer d'approcher la barre du premier tour.
14:47Juste un mot, un mot pour conclure sur ce sujet.
14:51On a parfois en mémoire le fait que Nicolas Sarkozy,
14:53en s'entend pas avec le même discours que celui qui est tenu aujourd'hui
14:56par Bruno Tailloux ou Laurent Wauquiez,
14:57mais disons, en musclant son discours,
14:59avait siphonné l'électorat de Jean-Marie Le Pen en 2007.
15:02La grosse différence, c'est qu'à l'époque,
15:04la droite pesait dans les sondages entre 2 et 3 fois plus
15:08que le Front National de l'époque.
15:10Aujourd'hui, c'est l'inverse.
15:11Le rapport de force est inversé.
15:13Donc, copier le discours d'un parti
15:15qui est 2 ou 3 fois plus puissant que soi-même,
15:19c'est au contraire un vrai risque de se faire siphonner dans l'autre sens.
15:24Renaud, on va avancer.
15:26On va avancer, on va avancer.
15:28Ce sera d'ailleurs peut-être l'un des sujets de la présidentielle.
15:30Tiens, le financement de notre modèle social.
15:33Renaud Deli, en tout cas, Emmanuel Macron,
15:34lui, veut une conférence sociale.
15:35Mardi soir, voilà, à la télévision,
15:36Emmanuel Macron a évoqué, donc,
15:38à inviter les partenaires sociaux à débattre
15:39du financement de la protection sociale
15:41lors d'une conférence sociale
15:42qui serait organisée par le gouvernement
15:45dans quelques temps.
15:47Est-ce que c'est une bonne idée ?
15:48Et pourquoi faudrait-il remettre ce sujet sur la table,
15:52le financement de la protection sociale ?
15:53Voici ce qu'on disait il y a quelques minutes sur ce plateau.
15:55Astrid Panosian Bouvet, qui est ministre du Travail et de l'Emploi.
15:59On a une protection sociale qui,
16:01par rapport à d'autres pays européens,
16:03je pense à l'Allemagne ou aux pays d'Europe du Nord,
16:06est financée de manière anormalement élevée
16:09par le travail.
16:10Et c'est ce qui explique pour nos auditeurs,
16:14quand ils voient leurs fiches de paye,
16:16l'écart entre le super brut et ce qu'ils ont dans la poche.
16:19Ce qui, d'ailleurs, amène Emmanuel Macron
16:21à avoir déjà esquissé une piste.
16:23Il a dit que plutôt que sur le travail,
16:24il faudrait peut-être faire peser davantage ce financement
16:25sur la consommation.
16:28Ce qui réveille, un vieux souvenir,
16:30la fameuse TVA sociale,
16:32qui consisterait donc à financer davantage
16:35la protection sociale par une hausse de TVA.
16:38On se souvient qu'en 2007, Jean-Louis Borleau,
16:41entre les deux tours des élections législatives,
16:43avait brandi cette proposition.
16:45Ça avait coûté un peu, je crois.
16:46Et ça avait coûté quelques dizaines de députés
16:47à la droite au second tour législatif.
16:49Et on se souvient aussi qu'en 2012,
16:51Nicolas Sarkozy avait fait passer cette mesure
16:53en janvier 2012, soit quelques mois avant la présidentielle,
16:57pour qu'elle s'applique à partir d'octobre 2012.
17:00Sauf que Nicolas Sarkozy a perdu la présidentielle
17:02et que François Hollande l'a aussitôt annulée à peine élu.
17:05Carole Barjon, est-ce que c'est,
17:07vous qui êtes une observatrice de la vie politique,
17:10est-ce que cette question du financement du modèle social,
17:15ce n'est pas un débat qui revient épisodiquement
17:17et que personne n'arrive jamais vraiment à régler ?
17:20C'est un débat qui revient épisodiquement
17:22quand on a un énorme déficit.
17:26Qui arrive assez régulièrement.
17:28Ce qui est quand même le cas depuis plusieurs années.
17:31Maintenant, moi je suis un petit peu étonné
17:34parce qu'effectivement, relancer comme ça l'idée de la TVA sociale,
17:42même si Emmanuel Macron ne l'a pas explicitement appelée comme ça,
17:46mais ça revient à ça,
17:48c'est quand même assez contradictoire
17:51avec son mantra qui est de ne pas augmenter les impôts
17:57depuis le début de ses deux mandats.
18:01Or, la TVA, c'est un impôt.
18:05Donc, ça voudra dire qu'on augmente les impôts.
18:09Donc, c'est déjà un peu contradictoire.
18:12Par ailleurs, il sait très bien que c'est un chiffon rouge pour la gauche.
18:18Renaud rappelait à juste titre
18:20les malheurs de Jean-Louis Borloo en 2007
18:26qui avait lancé cette idée.
18:28Ça a fait perdre quelques sièges
18:30à la majorité de Nouvelle-Sarkozy
18:35et de l'UMP de l'époque.
18:37Là, on peut imaginer...
18:38Enfin, c'est vraiment un chiffon rouge pour la gauche.
18:41Donc, je trouve un peu bizarre qu'il ait lancé cette idée.
18:48Est-ce que c'est parce qu'il ne croit pas au fond
18:51à la pérennité du gouvernement Bayrou
18:55qui pourrait, oui, se terminer à l'automne
18:58au moment du vote du budget ?
19:01Est-ce que c'est pour l'accélérer ?
19:04Je ne sais pas.
19:05Et en plus, il y a une confusion
19:06entre les deux conférences sociales,
19:08celle sur les retraites qui a lieu actuellement.
19:11Et donc, on enchaînerait sur une deuxième conférence sociale
19:14sur le financement de la protection sociale.
19:16Tout ça est un peu confus.
19:17Jean-Philippe Moinet.
19:19Ce n'est pas totalement un hasard si le sujet revient.
19:22C'est que, contrairement à 2007,
19:24il y a une obligation de trouver une solution
19:26par rapport au surendettement.
19:28On est dans un pays quasiment record en Europe.
19:32Ceux qui sont les pires sont la Grèce et l'Italie seulement.
19:36Tous les autres pays sont en deçà de 113% d'endettement
19:41pour notre pays en rapport à la production intérieure brute.
19:44Donc, il y a une obligation de trouver des solutions
19:47pour le financement de cette protection sociale.
19:49Il faut rappeler que la protection sociale,
19:51c'est plus que le budget de l'État.
19:52Ça dépasse le budget de l'État.
19:54Très très loin, rappelons, les retraites, c'est 400 milliards
19:56et la santé, c'est quasiment autant.
19:59C'est un peu moins que les retraites, mais c'est quasiment autant.
20:00Le budget de l'État, c'est presque une goutte d'eau
20:02pour la plupart des ministères à côté.
20:04En tout cas, c'est moins que l'ensemble retraite,
20:08effectivement, santé et chômage.
20:10Or, il y a une tendance à avoir en France,
20:13comme dans d'autres pays, plus de retraités.
20:15On est 18 millions de retraités en France.
20:17Il y en aura plus dans les années 2030.
20:20En santé, ça va être aussi des augmentations
20:22liées à la démographie aussi.
20:24Et puis, le chômage, mauvaise nouvelle de cette année,
20:27c'est qu'il va y avoir une hausse du chômage
20:28d'après tous les instituts indépendants.
20:30Donc, ces trois budgets vont augmenter.
20:33Donc, il faut trouver une solution
20:35compte tenu de l'aggravation, de l'endettement
20:37et qui fait que la charge de la dette,
20:40chaque année, pèse dans le budget de l'État,
20:42cette fois-ci, autant que les grands budgets de l'État
20:46que sont l'éducation nationale et les armées.
20:49Si on continue comme ça,
20:50le premier budget de dépense publique
20:53pour l'État serait le remboursement annuel de la dette
20:56au lieu d'investir sur l'éducation,
20:58sur l'armée, sur la sécurité.
21:00Donc, il y a une obligation,
21:01et c'est compliqué, il n'y aura aucun consensus là-dessus,
21:04mais il y a une obligation de trouver une solution
21:05de financement avec juste cette solution
21:08qui peut être celle de la TVA dite sociale
21:11avec un point,
21:12ça a été rappelé par Fanny Guinochet chez vous récemment,
21:16un point de plus de TVA,
21:17de 20 à 21%,
21:19donc ce n'est pas une inflation énorme,
21:21ce n'est pas une transaction financière importante
21:25pour ceux qui consomment,
21:26eh bien, ça fait 10 milliards de recettes supplémentaires.
21:29Donc, ce qui permettrait de trouver une solution.
21:31Un mot, je crois qu'il y a deux raisons
21:32pour lesquelles Emmanuel Macron a évoqué ce sujet,
21:35cette perspective d'une conférence sociale.
21:36Il y a les impératifs de financement
21:38que vient d'évoquer Jean-Philippe Moana,
21:39et que ça s'impose à tous, de fait.
21:41Et il y a quand même un changement de climat
21:42chez les partenaires sociaux,
21:43parce que si on regarde,
21:45les organisations patronales,
21:46mais aussi les syndicats,
21:48sont prêts à discuter,
21:49d'ailleurs, ils ont commencé en partie
21:51à discuter du financement
21:52de la protection sociale.
21:53Je parle là de discussion et de constats,
21:55pas du tout de solution, bien sûr.
21:57On est très, très loin d'un accord
21:58sur une hypothétique TVA sociale.
22:00Ça, la plupart ou la totalité
22:02des syndicats de salariés refusent,
22:04mais en tout cas,
22:04ils sont prêts à se mettre autour d'une table
22:05pour discuter du moyen
22:07de financer la protection sociale.
22:08et je pense que pour que ça puisse
22:09éventuellement accoucher de quelque chose,
22:12le mieux, ce serait probablement
22:13pour le gouvernement
22:14de laisser discuter les partenaires sociaux
22:15et de s'en mêler le moins possible.
22:17Merci Renaud Delis,
22:17merci Carole Barjon,
22:18éditorialiste à la Revue Politique et Parlementaire,
22:20merci Jean-Philippe Moinet,
22:21auteur, fondateur, directeur de la Revue Civique.
22:23Les informés reviennent ce soir.
22:24Alli.
22:26Les points fourthes...
22:40On Line.
22:40On Line.

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