00:00Vous tenez à nous parler de Nicolas, mais quel Nicolas ?
00:03Nicolas, si vous voulez, c'est un mélange, un peu de vous Jean-Jacques, un peu de moi, un peu de tout le monde, un peu de nos auditeurs.
00:09C'est un français bien réel, mais aussi une figure symbolique.
00:12On pourrait dire que c'est un trentenaire, diplômé, actif, travailleur, qui paye.
00:17Et quand je vous dis qu'il paye, il paye beaucoup Nicolas, il paye beaucoup, mais surtout il paye et il ne sait plus pourquoi.
00:24Donc, ça fait plusieurs mois, notamment, qu'un compte Twitter se fait le relais de ce ras-le-bol fiscal qui commence à monter en masse dans le pays.
00:30Nicolas est censé incarner une génération qui se sent pressurisée, si vous voulez, par le fisc pour financer les retraites, les aides sociales,
00:38le coût des réparations quand il y a des dégâts causés par l'insécurité, par exemple, le fonctionnement des services publics qui ne fonctionnent plus.
00:44Bref, un ras-le-bol fiscal qui peut s'illustrer notamment par un chiffre dont on parle souvent en France.
00:4810% des Français paient 70% de l'impôt sur le revenu.
00:52Et Nicolas est typiquement dans cette tranche-là.
00:54Et dans ce prénom, si vous voulez, il y a le symbole d'une puissante lassitude.
00:59Il y a la vigilance accrue sur les dépenses engagées avec l'argent public.
01:03Sur cette dernière semaine, par exemple, on a vu quand même qu'il y avait une petite pression sur ce qui s'apparentait à du casse-pillage.
01:09Si je prends les 3-4 dernières semaines, il y a par exemple, à Rouen, le spectacle à 11 millions d'euros de Thomas Joly.
01:14Vous savez, l'organisateur du spectacle des Jeux Olympiques.
01:18Il a été annulé, non ?
01:18Il a été totalement annulé, précisément parce que le fameux Nicolas, on avait marre de payer.
01:23Récemment également, le saut en parachute de la présidente de l'Assemblée nationale avec des militaires.
01:27Là aussi, c'est un peu mal passé parce que Nicolas, si vous voulez, il est généreux.
01:31Mais Nicolas n'en peut plus de payer, Jean-Jacques.
01:32Ça n'a rien d'un mouvement d'humeur, c'est un mouvement profond.
01:36Oui, on pourrait dire que c'est juste un petit mouvement sur les réseaux sociaux.
01:39Une petite tendance, mais c'est un peu partout dans la presse déjà.
01:42Évidemment, le Figaro, le Parisien, le monde.
01:44Mais c'est aussi un symbole qui dépasse les frontières.
01:47Par exemple, vous allez outre Manche.
01:48Il y a un visuel qui circule à propos du fameux social contract.
01:52Vous savez, c'est ce fameux contrat social.
01:54Eh bien, on y voit Nick.
01:56Nick, c'est un peu l'équivalent britannique de notre Nicolas.
01:58Et il s'indigne de devoir financer, par exemple, des politiques publiques dont il ne voit pas les effets.
02:03Ça a même été posé à la une d'un journal très conservateur qui s'appelle The Spectator.
02:07Est-ce qu'un jour, un parti politique prendra la défense de Nick ?
02:10Et même aux Etats-Unis, regardez les libertariens, les conservateurs, les proches de Donald Trump.
02:15Il a essayé aussi de répondre au Nicolas américain.
02:17Notamment quand il a suspendu les financements de l'agence USAID, vous savez.
02:21Ou qu'il a engagé le fameux Elon Musk pour couper dans les dépenses soi-disant inutiles de l'État américain.
02:26Mais ce mouvement, Jean-Jacques, il a fait seulement 8% de ce qu'il a promis.
02:32Mais ce mouvement est aussi totalement générationnel.
02:34Depuis 15 ans, on observe quand même une montée en puissance du rejet fiscal.
02:38Il y a eu les pigeons en 2012, il y a eu les bonnets rouges en 2013, les gilets jaunes en 2018.
02:43Et des profils totalement différents, mais quand même avec un point commun.
02:46La rupture du lien entre ceux qui contribuent et la contrepartie qu'ils ont.
02:50Nicolas fait partie de cette génération des moins de 35 ans, diplômés, qui sont surimposés,
02:55qui ont grandi avec l'idée finalement qu'ils auraient un job après de bonnes études, un bon salaire, une maison,
03:00potentiellement même une vie de famille confortable.
03:02Et aujourd'hui, il voit tout ça s'éloigner.
03:04Et ce n'est pas seulement une révolte contre l'impôt.
03:07C'est une crise de confiance, une fracture entre ce qu'on leur a promis, ce qu'on leur a garanti,
03:12et ce que l'État leur rend au quotidien.
03:14Et il faut quand même se rendre à l'évidence, Nicolas n'en peut plus de payer,
03:17surtout quand il ne sait plus pourquoi.
03:18Jean-François Kéli, c'est quoi ?
03:20C'est le portrait robot des électeurs de 2027, du vote de 2027 ?
03:24Attention, parce que Nicolas paie des impôts, il n'y a rien d'accord, il n'y a que 50% des Français qui paient l'impôt sur le revenu.
03:32Oui, attention, Nicolas fait partie de ces 50%.
03:35Ça fait beaucoup.
03:35Et puis des 10% de ces 50% qui paient l'impôt sur le revenu.
03:39Ce que vous décrivez, Maxime, c'est une sorte de majorité silencieuse qui veut, qui va s'exprimer d'ici les deux années à venir ?
03:47La façon dont, si vous voulez, je pense qu'il ne faut pas le catégoriser politiquement.
03:52Je pense que ça fait partie régulièrement des Français qui sont absolument dépités de l'état de l'hôpital,
03:56qui sont dépités de l'état de l'école, qui sont dépités par moment de croiser les gendarmes,
04:01qui leur expliquent, si vous voulez, qui n'ont jamais assez de moyens.
04:03Je pense que c'est tous ces Français qui se sont confrontés au service public,
04:07à l'éloignement potentiellement des médecins dans leur village,
04:10à la désertification de leur sortre-ville,
04:12et qui se disent, mais en fait, entre par exemple la différence entre mon salaire net et mon salaire brut,
04:17il y a une telle différence, où va le pognon ?
04:19Où va le pognon ?
04:19Et je pense que c'est quand même un refrain qu'on entend régulièrement
04:22et qui traverse tous les partis politiques.
04:25Bon, Jean-François, on va en parler à Michel Barnier, non ?
04:29Vous voulez qu'on en parle à Michel Barnier ?
04:31C'est tout le débat que j'ai appris de vous.
04:32Oui, parce que son livre, son livre, ce sont ses rencontres.
04:37Toutes ses rencontres, ce ne sont pas des mémoires.
04:40Toutes ses rencontres, c'est assez intéressant.
04:42Je vous le dis, moi je ne suis pas fanat des livres politiques, mais je l'ai lu.
04:46Et franchement, c'est assez intéressant.
04:49Il y a beaucoup de choses, j'ai appris beaucoup de choses.
04:52Des coulisses, non, c'est assez, c'est pas mal.
04:55Il est resté un peu plus de trois mois, le Premier ministre.