00:00Bonjour à tous, Charles Ficca des éditions Bartilla pour un nouveau roman de Ferdinand von Sarr, La violoniste.
00:11Et bonjour aussi à tous ceux qui nous suivent en ligne actuellement.
00:17Alors il s'agit du troisième roman de Ferdinand von Sarr que les éditions publient.
00:22Il y avait eu il y a quelques années le lieutenant Bourda, plus récemment Histoire d'une enfant de Vienne et donc cette fois c'est La violoniste.
00:33Ferdinand von Sarr était un écrivain autrichien de la fin du 19e siècle et début 20e et il restait un des grands auteurs de ce pays à découvrir.
00:46Après les Hoffmannsthal, Schnitzer, Mousil, Karl Krauss, Zweig et tous ceux que vous connaissez bien.
00:58La violoniste et son quatrième roman publié, il est considéré un peu comme le mot passant viennois.
01:08Il a écrit des romans plutôt brefs, des novellas ou des nouvelles un peu longues comme on voudra qui ont remporté en leur temps un grand succès.
01:21Cette édition est établie par Jacques Leridaire qui est un germaniste français qui travaille depuis plusieurs décennies sur la littérature autrichienne
01:31et plus généralement sur les lettres germaniques et qui a aussi consacré de nombreux travaux aussi bien qu'à Goethe que Nietzsche.
01:42Alors La violoniste est l'histoire d'un destin féminin.
01:48Ferdinand von Saar a toujours été marqué par la lecture de Schopenhauer et autrement dit,
02:00autant dire qu'il avait une vision très pessimiste de la vie, de l'existence et du destin.
02:07La violoniste n'est pas épargnée par cette conception du monde, cette Weltanschauung.
02:17L'histoire est racontée par deux personnages qui discutent, dont l'un a été proche de cette jeune femme qui s'appelle Ludovica
02:29et qui, avec ses deux sœurs, participait à des concerts dans la société viennoise de son temps.
02:38Et comme souvent dans les œuvres de Ferdinand von Saar, un des personnages est impliqué dans l'action.
02:50Et ce personnage s'était épris de Ludovica.
02:54Mais malheureusement, celle-ci ne donnera aucune suite à ses avances et préférera se tourner vers un jeune homme beaucoup plus fringant du nom d'Alexis
03:03qui arrivera à lui arracher son cœur mais qui s'en détournera aussi très vite pour une autre.
03:11Alors, Dépité, Ludovica se tournera vers un vieux baron un peu déchu qui la livrera aux pires abaissements, aux plus terribles humiliations.
03:27Et autant dire que dans la vision très noire qui est celle de Ferdinand von Saar, tout cela se terminera assez mal.
03:36Mais ce qui est intéressant dans la narration proposée par cet écrivain hors pair qui est un des analystes les plus fins des transformations en cours
03:50à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les transformations sociales, les transformations urbanistiques,
03:58comme dans les précédents romans, la ville de Vienne joue un grand rôle.
04:03On retrouvera aussi des descriptions du Danube.
04:06Il voit les forces sociales à l'œuvre et cette vision traverse l'histoire.
04:19On aura aussi des considérations sur la musique car la violoniste s'inscrit aussi dans un genre littéraire très connu dans la littérale allemande
04:28qui est le roman musical.
04:31On retrouve ça chez Hoffman ou chez Grillparzer.
04:35Et pour ceux qui connaissent l'histoire d'une enfant de Vienne, il y avait des considérations sur le wagnerisme triomphant des années 1900.
04:43Et là, la musique, avec cette violoniste, est racontée avec ses joies, ses consolations et aussi ses souffrances.
04:56Et plus généralement, Ferdinand von Sarr, c'est mettre en scène le tragique de l'existence, le sens de la vie qui parfois nous échappe.
05:07Et cette vision l'obsèdera jusqu'au bout.
05:14Et je ne résiste pas au plaisir de vous lire la fin du roman qui vous donnera une idée peut-être plus précise de ce ton.
05:28Parce qu'un romancier aussi, ça se lit.
05:31Sur ces mots, il se leva et me dit au revoir en m'otant dans la main.
05:36Je m'en allais.
05:37Dehors, la vaste résidence impériale plongée dans un sommeil profond n'était que silence.
05:42La moitié des lampes à gaz étaient déjà éteintes.
05:45Une ombre sinistre enveloppait les maisons et l'on ne voyait plus que par endroits une faible lueur percée à la fenêtre.
05:51Au milieu du silence, qui sait combien de cœurs palpités, inondés de chagrin et de désespoir,
05:57et combien d'existences misérables cherchait dans le sommeil un refuge précaire.
06:02Je frissonnais.
06:04Tous les malheurs du monde défilaient devant moi,
06:06emportés par les vagues d'une mer ténébreuse.
06:09Et je voyais flotter sur elle, avec sa face blême et ses boucles ruisselantes,
06:14le cadavre de la violoniste.
06:17Voilà.
06:17Ferdinand Fonsard, la violoniste, merci beaucoup de votre attention.