00:00Bonjour, je suis Gilles Crémer, la directeur des éditions Rive-Neuve, petite maison indépendante
00:09qui raconte le monde aux français et les français au monde.
00:11Et je laisse la parole à notre auteur Jean-François Galtout qui présente notre roman de la rentrée.
00:20Merci Gilles, bonjour à toutes, bonjour à tous.
00:22Jean-François Galtout, je suis auteur et éditeur.
00:25J'ai été libraire il y a un certain temps en Provence et d'ailleurs le personnage principal de mon premier roman qui avait paru en 2019 était libraire.
00:35Alors aujourd'hui je vais vous parler d'Impuissance, un roman que j'ai écrit d'un seul trait à l'hiver dernier
00:42et qui raconte l'histoire d'une passion-obsession.
00:46C'est l'histoire de Paul, un écrivain usé en âge comme en inspiration et qui tombe amoureux de Dora, une de ses lectrices dans un salon du livre
00:59alors qu'il n'a plus d'érection depuis des mois.
01:03Comment le lui dire sans risquer de la perdre ?
01:07C'est un peu l'interrogation du début du livre.
01:11Mais Impuissance est aussi un road trip, un road trip d'été dans le sud, dans le sud-ouest, en Espagne,
01:19à la recherche d'une autre façon d'aimer quand le corps ne répond plus.
01:25Voilà, c'est raconté comme dans un livre de bord, chronologiquement, ça dure 128 jours.
01:30Et puis c'est la fuite, c'est la fuite à Bride Abattu, direction Belgrade, en passant par Trieste et tout un tas d'autres étapes
01:43pour fuir ce qui devient invivable.
01:49Impuissance, en réalité, c'est le constat des impossibilités de la vie.
01:54C'est une espèce de métaphore, cette impuissance physiologique du narrateur Paul.
02:00Les impossibilités de Paul, les difficultés de son inspiration en Berne,
02:10l'impossibilité d'accepter que son temps est peut-être passé,
02:15qu'il faut passer le flambeau.
02:19C'est l'impossibilité pour Paul et Dora, ensemble,
02:23de renoncer à leur rêve auquel ils s'agrippent un peu désespérément comme un morceau de bois ou un radeau de survie
02:32parce qu'un homme ou une femme qui ne rêve plus, on va dire, dans la cinquantaine ou soixantaine,
02:39c'est un petit peu le début de la fin.
02:42Donc, ils se sont bien trouvés pour rêver ensemble.
02:47Mais en fait, ce rêve, c'est un récit onirique, impuissance en quelque sorte.
02:53On ne se demande si ce Paul, finalement, vit vraiment ce qu'il est en train de raconter
02:58ou si ce qu'il est en train de lire, c'est qu'un roman qui est en train de s'écrire.
03:01On ne sait pas.
03:02En fait, on ne sait pas jusqu'au bout.
03:04C'est comme ça que j'ai conçu le roman.
03:09Et l'impossibilité pour Dora, qui, on le découvre à un moment donné dans l'ouvrage,
03:14dans la deuxième partie, a déjà payé un lourd tribut à la vie.
03:19Et vivre un amour absolu comme ce qui lui est proposé, qui lui est impossible,
03:24voire dangereux, presque mortel.
03:27Les blessures qui ne sont pas refermées sont toujours présentes.
03:34Alors, qu'est-ce qui a inspiré Impuissance ?
03:38Impuissance, j'ai commencé à l'écrire il y a 30 ans.
03:41Puis vous savez comment c'est.
03:42Bon voilà, on écrit, ça ne marche pas, on laisse.
03:45J'écrivais autre chose et puis voilà, ça s'est décanté.
03:48Je m'y suis mis, en quatre mois, ça s'est réalisé.
03:51Je crois que c'est un peu le livre que chacun peut avoir en lui.
03:55Bon, j'écris d'autres choses entre-temps.
03:57Mais, et voilà, il faut des éléments déclenchants dans la vie.
04:01Il faut un peu de maturité parfois.
04:02Parfois non, il y a aussi des gens qui écrivent des choses beaucoup plus jeunes.
04:08Des inspirations, je dirais qu'il y a trois livres qui sont majeurs dans l'inspiration d'Impuissance.
04:1524 heures de la vie d'une femme, de Zweig, qui a coupé juste 100 ans cette année.
04:21Le roman de Passion Sainte, d'Annie Ernaud, qui d'ailleurs m'a fait l'amitié de m'écrire un petit mot
04:25quand je m'envoyais le manuscrit d'Impuissance l'été dernier.
04:29Et puis surtout, surtout, au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable de Romain Garry,
04:34dont je reprends le personnage féminin, Laura, qui à l'époque, au-delà de ses limites, avait 25 ans.
04:41Aujourd'hui, au moment du livre, elle en a 75.
04:43Alors, elle est un peu le personnage charnière du milieu du livre.
04:48Elle est amie du narrateur, je ne veux pas tout vous dire, on a cinq minutes.
04:52Mais voilà, ils se connaissent depuis très longtemps, puisque la Laura de Romain Garry a vraiment existé.
04:55Elle est toujours vivante, d'ailleurs.
04:57Elle ne vit plus en France, mais elle est présente dans le bouquin.
05:01Et Garry lui-même, à un moment donné, fait une apparition dans le livre en disant
05:05« Bon, tu ne vas quand même pas refaire 50 ans après, au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable. »
05:12Et je crois qu'il souhaite, en quelque sorte, bonne chance au narrateur.
05:18Alors, en résumé, est-ce que c'est une réalité vécue ?
05:23Est-ce que c'est une fiction ? Est-ce que c'est un rêve ? Est-ce que c'est un cauchemar ?
05:27Je crois que si on a réussi le pari de l'écriture, le lecteur ne le saura pas vraiment.
05:32Il n'y a pas vraiment de conclusion, on se demande.
05:36Le narrateur a perdu tous ses repères, ça c'est sûr.
05:38Les six aventures, c'était juste l'envie d'écrire un roman qu'il avait pris.
05:45On n'en sait rien.
05:47Et si vous me donnez encore quelques secondes, je voudrais vous lire un petit extrait de quelques lignes.
05:53Je cite Paul qui dit, et je termine,
05:56« Il faut se méfier du romancier, de l'homme qui se cache derrière les livres, derrière les livres qu'il écrit,
06:03comme il faut se méfier des lectrices, auteurs, lecteurs.
06:06Nous sommes tous, dans nos conditions respectives, des hommes et des femmes de l'imaginaire.
06:12Nous sommes tous des personnages de fiction. »
06:15Et je vous remercie.
06:16Juste d'un point de vue technique, l'ouvrage est à disposition.
06:25On a tiré une centaine d'exemplaires que pour vous.
06:28Simplement, le prix a changé.
06:30Nous avons baissé le prix compte tenu du format.
06:33Il est désormais à 18 euros.
06:34A priori, plus facile à vendre qu'à 20 euros.
06:37Et on l'enverra évidemment à tous ceux qui le réclameront.