Jeux narratifs, indépendants, innovants… le jeu vidéo français cherche à consolider sa position à l’international. Le studio Twin Sails Interactive nous témoigne de ce dynamisme et des défis à relever pour faire rayonner notre industrie.
00:00Bonjour Nicolas Gaudement, vous êtes le CEO cofondateur de Twin Sales Interactive, éditeur de jeux vidéo indépendants,
00:12anciennement Asmoday Digital, qui vient donc de sortir du groupe Asmoday par une opération de rachat par l'équipe interne, c'est bien ça ?
00:20Oui c'est absolument ça, c'est quelque chose qui était prévu depuis quasiment deux ans, qui aurait pu prendre différentes formes
00:26et qui s'est fait en très bonne intelligence avec les équipes d'Asmoday, qui a mis un petit peu de temps à se faire pour plein de raisons.
00:32Et pourquoi cette décision de sortir ?
00:34Alors à la base on s'appelait Asmoday Digital et on était spécialisé dans les adaptations de jeux de société en jeux vidéo,
00:41puisque peut-être que vous ou vos téléspectateurs savent qu'Asmoday est un grand groupe mondial du jeu de société.
00:47Et puis au fil des années on a fait évoluer notre modèle et on est devenu un éditeur de jeux indépendants,
00:53c'est-à-dire des jeux vidéo qui peuvent être des jeux d'action, des jeux de survie, des jeux de management qui en fait avaient plus grand chose à voir avec des jeux de société.
00:59C'est pour ça qu'il y a quelques années j'ai renommé cette division en Twin Sales.
01:04Et donc un petit peu plus tard je suis allé voir le management d'Asmoday, je leur ai dit écoutez on a une belle boîte, on a une belle division,
01:11mais il n'y a plus vraiment de synergie avec le groupe Asmoday, je pense qu'on pourrait beaucoup mieux se développer dans un environnement différent.
01:18Cette discussion-là a été hyper facile, c'était il y a deux ans, ils m'ont dit mais bien sûr Nicolas,
01:23et donc à partir de là la question c'était comment on s'y prend ?
01:26On aurait peut-être pu rejoindre le groupe Embracer qui possédait pendant un temps lui-même le groupe Asmoday,
01:31qui lui est un grand groupe de jeux vidéo, pour plein de raisons finalement ça ne s'est pas fait,
01:34et moi dès le début j'avais dit écoutez on peut être une solution, moi je suis prêt à vous racheter cette division,
01:39j'ai déjà été entrepreneur dans le jeu vidéo.
01:40Donc ça veut dire que vous y croyez dur comme fer, la possibilité d'exister sur ce marché des studios de jeux indépendants en France,
01:48il y a de la place pour tout le monde, c'est un marché en bonne santé ?
01:52Oui c'est un marché en bonne santé, je ne sais pas s'il y a de la place pour tout le monde,
01:55parce qu'il faut des bons jeux, il faut des choses qui vont toucher les gens,
01:59mais en tout cas les jeux continuent de se vendre, les gens continuent d'acheter des jeux,
02:02et donc nous on a eu plusieurs succès.
02:03Et alors comment vous vous positionnez justement par rapport à ce qui existe aujourd'hui sur le marché,
02:07et par rapport à votre antériorité, votre historique ?
02:10Alors déjà nous on est un éditeur, c'est-à-dire qu'on ne crée pas les jeux,
02:12c'est un petit peu comme on travaille avec des studios indépendants,
02:15qui nous amènent des débuts de jeux, des prototypes, un peu comme un auteur qui amènerait un manuscrit à un éditeur,
02:21et nous on va les aider à finaliser le jeu, peut-être financer, puis le mettre en marché.
02:25Notre positionnement, c'est qu'on aime les jeux qui sont rejouables,
02:28qui peuvent se jouer pendant très longtemps, par opposition à peut-être des histoires finies,
02:32et au bout de 6-10 heures on arrête, et on a l'ambition de créer des marques qui vont durer 10 ou 20 ans.
02:37D'accord, et du jeu mobile, du jeu sur console, du jeu sur ordinateur ?
02:41On fait les trois, principalement PC et console quand même.
02:44Pourquoi ?
02:45Parce que quand on fait du jeu payant, c'est-à-dire que les gens achètent pour un prix fixe,
02:49c'est un marché qui est beaucoup plus dynamique sur PC et console,
02:52à l'inverse le marché du jeu mobile est beaucoup plus dynamique sur le jeu gratuit,
02:55avec achat intégré ou publicité.
02:57Et alors quelles sont ces forces du jeu vidéo français ?
03:00Parce que c'est vrai que c'est un peu, j'ai envie de dire, une exception finalement dans le paysage du numérique,
03:03de se dire, bah oui sur le jeu, la France peut dire Coco Rico.
03:06Oui, bien sûr, déjà il y a plusieurs très très beaux acteurs qui sont souvent connus,
03:12il y a Ubisoft, il y a Gameloft, il y a Voodoo, pour n'en citer que trois, il y en aurait d'autres.
03:17Mais pourquoi ces acteurs ont émergé ? C'est ça la question en fait.
03:20Il y a pas mal de choses, déjà il y a un grand vivier de talent, le deuxième en Europe,
03:24c'est quand même pas rien, plus de 15 000 personnes qui sont employées en développement dans le secteur,
03:29il y a de super formations, il y a même une formation publique,
03:31donc il y a vraiment un grand vivier de talent.
03:35Le coût du développement est assez compétitif en fait.
03:38Les niveaux de salaire sont très corrects pour pouvoir vivre en France,
03:41mais sont très inférieurs à ce qu'on peut trouver, je sais pas, en Californie typiquement.
03:45Ensuite il y a un crédit d'impôt.
03:47Il faut savoir que quand on développe un jeu vidéo en France,
03:4830% du coût de développement peut être déduit des impôts et même être remboursé si on paye pas d'impôt.
03:54Donc un soutien à des politiques publiques ?
03:55Oui, absolument.
03:56Et ça, tout ça, ces ingrédients font qu'aujourd'hui, on peut se targuer d'être des champions du jeu vidéo.
04:03Oui, je pense, je pense vraiment, c'est un environnement hyper attractif
04:05et c'est pour ça que moi je continue d'entreprendre dans le secteur.
04:08Eh bien félicitations, merci beaucoup.
04:10Nicolas Gaudemande est venu nous en parler,
04:11donc tout le meilleur pour Twin Sales Interactive.
04:15Je rappelle que vous êtes donc le CEO et le cofondateur.
