Entre drogues, armes et règlements de comptes, cette immersion vous plonge au cœur de territoires gangrenés par la peur, où la vie ne tient qu’à un fil.
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00:00Il n'en reste plus que ses os calcinés.
00:12C'est un vrai méchant.
00:19J'ai pris une balle et elle m'a arraché les abdominaux.
00:22Je dois me faire recoudre les muscles.
00:30Elle ne s'enraye jamais.
00:42Avec elle, tu ne peux pas rater ta cible.
01:00En plein centre-ville, deux hommes armés de fusils d'assaut sont venus nous chercher.
01:12La scène est surréaliste.
01:15Ils discutent tranquillement devant des passants à peine étonnés.
01:20Et ils tiennent à nous montrer que leurs armes ne sont pas des jouets.
01:23Ce gang est accusé d'agression, de raquettes sur les commerçants et de viol.
01:34Mais ce jour-là, ils préfèrent se présenter comme une simple milice de citoyens qui défend le quartier.
01:41Il y a des hommes armés qui viennent semer la violence dans le quartier.
01:45C'est pour ça que nous portons des armes, pour protéger le business et les habitants d'ici.
01:49En deux ans, à Bel Air, ils ont tué 77 personnes et brûlé une centaine de maisons.
01:59C'est ici qu'a eu lieu leur dernière grande attaque, il y a quelques semaines.
02:0315 morts, dont une vieille dame de 86 ans.
02:07Sa maison a été incendiée.
02:08Elle habitait ici.
02:13Des membres du gang lui ont cassé les deux bras et l'ont jeté du premier étage.
02:18Quand elle est arrivée à l'hôpital, elle avait des brûlures partout et de nombreuses fractures.
02:26Le même jour, une autre maison a pris feu.
02:29Monsieur Franck, tout a été calciné là ?
02:32Oui, oui, oui, tout.
02:33Il est mort, brûlé dans sa maison, c'est ça ?
02:35Dans sa maison, ils l'ont calciné.
02:38Monsieur Franck avait 81 ans.
02:40Franck est mort ici.
02:41Il était paralysé.
02:42C'est là que Franck a été calciné.
02:46Il n'en reste plus que ses os calcinés.
02:50Le surnom de Jimmy Churizzi alias Barbecue prend tout son sens.
02:54Quand vous entendez le nom de Barbecue, vous pensez que c'est du cinéma, mais c'est un vrai méchant.
03:02La spécialité de Barbecue, faire brûler des maisons avec leurs occupants, bien sûr.
03:12Le nouvel homme fort de Port-au-Prince est à la tête du G9.
03:17Une sorte de fédération de neuf gangs qui contrôlent une bonne partie des quartiers de la ville.
03:24Mais Jimmy Churizzi n'a pas toujours été un bandit.
03:28En 2018, il était encore policier.
03:30Il n'y a qu'en Haïti que l'on peut passer aussi vite, de flic, à chef de bande.
03:37Il est officiellement recherché par les autorités pour plusieurs massacres,
03:41dont un qui a fait 71 morts en 2018.
03:47Après une dizaine de jours de négociations, nous avons obtenu une rencontre avec lui.
03:51Son fief, le quartier populaire de Delmas.
03:58Jimmy Churizzi alias Barbecue, le voici.
04:02Coincé entre ses deux gardes du corps.
04:07Sans sa protection, nous n'aurions même pas pu filmer dans le quartier sans nous faire dévaliser.
04:12Nous découvrons un homme en tee-shirt bariolé et bermuda.
04:22Plutôt affable et qui nous explique les origines de son surnom.
04:26Quand j'étais enfant dans mon quartier, il y avait plusieurs Jimmy.
04:35Mais ma mère vendait du poulet grillé.
04:38Alors on m'a surnommé Barbecue pour me différencier des autres Jimmy.
04:42Voilà pour la belle histoire.
04:48Il y a encore quelques semaines, Barbecue, ici avec la veste en jean,
04:52n'hésitait pas à parader en plein jour dans la capitale avec ses partisans armés.
04:59Il a accepté de nous rencontrer à une condition.
05:02Que nous ne filmions pas les hommes en armes qui le protègent en permanence.
05:06Par contre, il veut absolument nous présenter son chaton.
05:22Car aujourd'hui, Jimmy Churisier veut donner l'image d'un homme respectable.
05:30Je voudrais que le monde entier sache que moi, Jimmy Churisier, qu'on appelle Barbecue,
05:35« Je n'ai jamais volé. Pas même une fois dans ma vie. Je n'ai jamais kidnappé qui que ce soit. Jamais. »
05:42« Vous n'avez jamais tué personne. »
05:45« Laisse-moi porter une position. Je n'ai jamais tué pour de l'argent. »
05:49« Mais vous avez tué pour autre chose. »
05:51« Je ne sais pas ça. »
05:53« Au milieu de la chaussée, des sacs de sable ont été montés en barricade par les habitants. »
06:21« Pour éviter les balles. »
06:23« Ça chauffe souvent ici. »
06:30Ce jour-là, le quartier de Bel-Air ne va pas faire mentir sa réputation.
06:34Un climat de guerre civile, on claque même sporadiquement des détonations.
06:51De plus loin de la chaussée, le quartier de Bel-Air ne va pas faire mentir sa réputation. »
06:55« Mais là, le quartier de Bel-Air ne va pas faire mentir sa réputation. »
06:59La loi des gangs régit la vie des Cape Flats.
07:23Avec 2400 meurtres par an, la ville affiche une moyenne sidérante de 7 homicides par jour.
07:35Alertée par des cris, Randal et ses coéquipiers s'enfoncent dans ce coupe-gorge.
07:50Ferme-la le chien.
07:51La maison de cette vieille dame est squattée par les membres d'un gang.
07:59Ils viennent se droguer dans ma maison. Qu'ils dégagent.
08:04Faut-elle quand chez moi ?
08:07Ils utilisent les maisons pour fumer du crack, cacher de la drogue ou des armes.
08:12Les gens n'osent rien dire parce que ce sont des membres de gang.
08:15Tout le monde a peur d'eux, vous savez.
08:16Et pour cause, ces hommes n'hésitent pas à faire usage de leurs armes.
08:22La plupart de leurs membres emportent les stigmates.
08:24J'ai pris une balle et elle m'a arraché les abdominaux.
08:30Je dois me faire recoudre les muscles.
08:32Qui t'a tiré dessus ?
08:33Les Américaines.
08:35Les Américaines, c'est le gang rival.
08:38Lui fait partie des hard living.
08:41Il l'a d'ailleurs inscrit dans sa chaire.
08:42C'est un hard living.
08:46Vous pouvez le reconnaître aussi à ça.
08:50C'est l'emblème qu'ils utilisent, le drapeau britannique.
08:59Et à la vie, à la mort, avec les hard living, jusqu'à sa mort, il sera un hard living.
09:06C'est impossible de quitter le gang.
09:10C'est jusqu'à la mort.
09:11Attaquée en plein jour devant son portail, cette sexagénaire a bien failli mourir.
09:28Au moment où je fermais, un homme est arrivé de ce côté, avec un couteau en l'air.
09:36Je me suis tournée pour voir ce que c'était.
09:44Et là, deux autres hommes sont venus de ce côté.
09:49Ils m'ont poussée.
09:50Traînée par les cheveux à l'intérieur de la propriété, elle est ensuite battue et insultée.
10:05Nikki comprend qu'elle n'a pas la bonne couleur de peau.
10:08Et ils disaient quelque chose ?
10:12Oui, ils m'insultaient.
10:14Quel genre ?
10:16Leurs mots ?
10:18Espèce de sale blanche.
10:20Le scénario classique d'une attaque de fer.
10:30Ils m'ont traînée tout le long du couloir.
10:33En me tirant par les cheveux.
10:35Ils m'ont montée à l'étage.
10:37Ils savaient où ils voulaient m'emmener.
10:38Elle se retrouve dans la pièce du coffre-fort, assise sur cette chaise, encore maculée de son sang.
10:56Je leur ai demandé ce qu'ils voulaient.
11:01Ils m'ont dit de l'argent, beaucoup d'argent.
11:04Il s'est approché de moi et il m'a dit, tu vas voir.
11:10Il a pris la pointe de son couteau et il a commencé à me couper de la chair.
11:17Puis il a enfoncé son couteau dans mes mains et il a mis la pointe de la lame dans mon crâne.
11:24Nikki refuse pourtant de donner la clé du coffre.
11:28Leur perversion n'a plus aucune limite.
11:30Il m'a dit, maintenant je vais te montrer ce que je vais te faire pour te faire parler.
11:37Il est venu vers moi.
11:41J'étais toujours assise.
11:43Et il a pris la perceuse.
11:46Et il a percé là.
11:48Et là.
11:50Je n'avais pas mes chaussures.
11:51Je les avais perdues.
11:53Donc il a transpercé vos pieds avec la perceuse.
11:56A travers chaque pied.
11:57Après six heures de torture, il décide de l'achever.
12:05Tu ferais mieux de prier ton Dieu.
12:09Parce que ce sera ta dernière prière sur terre.
12:15Ils m'ont mis un sac plastique.
12:17Et ils ont serré.
12:20J'ai senti ma tête partir en arrière.
12:22Et je me suis dit, mon Dieu, faites que ça se finisse vite.
12:28Laissée pour morte,
12:29elle survit miraculeusement.
12:32Retrouvée par un ami sur ce fauteuil.
12:36Le butin des criminels est dérisoire.
12:39Trois téléphones portables.
12:43Quelques jours plus tôt,
12:44c'est un couple de voisins qui a été égorgé.
12:46Au nord du pays,
13:00dans ce quartier populaire,
13:02cet homme
13:03vient de perdre son fils.
13:07Pour éviter que la famille ne se venge,
13:09les tueurs ont menacé de mort
13:10les frères de la victime.
13:12José
13:13et Alexander
13:15ainsi que leur beau-frère
13:18et un ami proche.
13:21Qu'est-ce qu'ils vous ont dit exactement ?
13:23Les tueurs nous ont laissé 24 heures
13:25pour quitter le pays.
13:34Ils leur ont dit de partir, sinon...
13:37Nous vivons une telle violence dans ce pays.
13:40Ici, la vie ne vaut rien.
13:45Dans quelques heures,
13:47les quatre jeunes prendront la route.
13:49Ils vont tenter d'entrer clandestinement aux Etats-Unis,
13:52sans espoir de retour.
13:54Car le gang qui les menace,
13:56c'est la Mara Salvatrucha,
13:58l'une des pires organisations criminelles de la planète.
14:00Même s'il est difficile pour la police de les arrêter,
14:11les Maras ont un point faible.
14:14Leur tatouage.
14:15Ils marquent l'appartenance à un camp ou à un autre.
14:19Du coup, à chaque contrôle,
14:21les policiers inspectent chaque centimètre de peau.
14:24De l'autre côté.
14:27Soulève ton t-shirt.
14:29Il y a un autre tatouage, là.
14:32Et là ?
14:34Il y a un autre tatouage sur le bras.
14:38En soi, ce n'est pas interdit d'avoir des tatouages.
14:40Tout le monde peut porter des tatouages s'il en a envie.
14:43Mais pour nous, ça suffit pour représenter
14:45un soupçon d'appartenance à une Mara.
14:49La loi leur permet de placer en garde à vue
14:51quiconque porte des tatouages
14:53pouvant faire référence au gang.
14:55Baisse ton pantalon.
15:00Ce jeune de 16 ans porte des étoiles.
15:04Certaines bandes les utilisent comme des galons,
15:06acquis après des faits d'armes.
15:13Ce sont des tatouages de gang.
15:17Tout le monde nous l'a déconseillé.
15:20La police nous a mis en garde.
15:22Mais nous allons quand même
15:23tenter de rencontrer ces fameuses Maras.
15:30Ces gangs sont nés dans le ghetto de Los Angeles
15:32dans les années 80.
15:34Deux jeunes immigrés latinos
15:35fondent des banques de délinquants.
15:38Ils prennent le nom de Mara
15:39en référence au Marabunta,
15:41les hordes de fourmis
15:43qui dévorent tout sur leur passage.
15:47La Mara contrôlant la 18e rue
15:48se baptise alors Mara 18.
15:52Tandis qu'une autre,
15:53fondée par des salvadoriens,
15:54se fait appeler Salvatrucha
15:55ou MS13.
15:58Car le M
15:59est la 13e lettre de l'alphabet.
16:06Leurs tatouages
16:07servent de carte d'identité,
16:09de grade
16:09et permettent d'impressionner l'ennemi.
16:15En une trentaine d'années,
16:16les Maras se sont étendus
16:18à toute l'Amérique centrale
16:19et même en Amérique du Nord.
16:28Au départ,
16:29nous avons cru qu'il serait impossible
16:31de les rencontrer.
16:32les seules fois
16:33où nous pouvions approcher
16:34ces gangs,
16:35c'était lors de leur transfert
16:37de la prison
16:37au tribunal.
16:39Comme ici,
16:40ces jeunes qui,
16:41avec ces gestes,
16:42revendiquent fièrement
16:42leur appartenance
16:44à la Mara 18.
16:48Puis,
16:49après plusieurs semaines
16:50d'enquêtes,
16:52de rencontres
16:52sans résultat,
16:54un contact
16:55finit par nous donner
16:56rendez-vous
16:57au nord du pays.
16:58à San Pedro Sula.
17:02Cette ville
17:03possède un triste record.
17:06La plus grande concentration
17:07de gang au Honduras.
17:11Notre intermédiaire
17:12est un journaliste local.
17:14Sans lui,
17:15cette rencontre
17:15n'aurait jamais eu lieu.
17:17Il a convaincu
17:18le chef de gang
17:19car il a grandi
17:20avec lui.
17:23Nous avons ordre
17:24de suivre
17:25ce véhicule bleu.
17:29Après avoir traversé
17:30une partie de la ville,
17:33la voiture stoppe
17:34et un des lieutenants
17:36du groupe monte à bord.
17:41Sans cette escorte,
17:43impossible d'entrer
17:44sur leur territoire.
17:46Mais le journaliste
17:47nous explique
17:48que même escorté,
17:50notre sécurité
17:50n'est pas garantie.
17:52Ce jour-là,
17:54plusieurs bandes
17:54sont sur le pied de guerre.
17:57Tout à l'heure,
17:58un gars de la Mara 18
17:59s'est fait buter par ici.
18:02Donc c'est tendu
18:02dans le quartier.
18:04Notre seule sécurité,
18:06maintenant,
18:07c'est Dieu.
18:10Même la police
18:11ne se risque pas
18:12dans ces dédales de ruines.
18:14Voici le fièvre
18:15du gang de la Rampla,
18:16la bande en espagnol.
18:18Les ennemis
18:19jurent et démarrassent.
18:2224 heures sur 24,
18:23des guetteurs
18:23surveillent la zone.
18:26Le lieutenant
18:26qui nous a escortés,
18:27surnommé El Flaco,
18:29le maigre,
18:30garde lui aussi
18:31l'œil ouvert.
18:32Nous pourrions avoir
18:33été suivis.
18:33Ici,
18:36tout est sous contrôle.
18:38Il n'y a pas un fils
18:38de qui rentre
18:39dans notre secteur.
18:40Ouais,
18:41ils savent bien
18:41ce qui les attend.
18:43Celui qui rentre,
18:44il ne ressort pas vivant.
18:47Et pour tenir
18:47les Maras
18:48à distance
18:49de leur QG,
18:51El Flaco
18:51a quelques très bons arguments.
18:56Ses outils de travail.
18:57Allez, les gars,
19:05venez.
19:07Ça, c'est une arme
19:08semi-automatique.
19:09Elle ne s'enraille jamais.
19:11Avec elle,
19:12tu ne peux pas
19:12rater ta cible.
19:15Elle tire 35 balles
19:16avec une seule pression
19:17sur la gâchette.
19:21Ça, c'est un petit revolver.
19:24Ce fils de...
19:25c'est vide.
19:26Mais cette arme
19:26est pas mal
19:27pour jouer
19:28à la roulette russe
19:28pour faire parler
19:29quelqu'un.
19:31Celui-là,
19:31c'est mon chouchou.
19:32Il est plaqué or.
19:35Pour plus de discrétion,
19:37la bande
19:37veut se couvrir
19:38le visage.
19:40Mais impossible
19:40de mettre la main
19:41sur leur cagoule.
19:43Les passe-montagne
19:44sont partis en mission,
19:45mon pote.
19:46J'y crois pas.
19:48Si,
19:48ils sont en train
19:49de bosser.
19:52En mission,
19:53ça veut dire
19:53qu'ils sont en train
19:53de tuer.
19:55Les passe-montagne
19:55sont là-bas.
19:58La bande
19:59d'El Flaco
19:59compte une soixantaine
20:00de membres.
20:01Et ils se targuent
20:02d'être plus humains
20:03que les maras.
20:07Nous,
20:07on n'est pas une mara.
20:10Mais notre bande
20:11se consacre
20:12à défendre
20:12notre quartier
20:13contre les maras.
20:15Parce que eux,
20:16ils passent leur temps
20:17à raqueter les habitants.
20:18mais en fait
20:21de justicier,
20:22ce sont d'abord
20:23des tueurs
20:23à gage.
20:25À part les maras,
20:26n'importe qui
20:27peut les engager.
20:29Et ils ont
20:29une grille de tarifs
20:30très précise.
20:33Pour tuer un avocat,
20:34c'est de 12 500
20:35à 17 000 euros.
20:37Et pour une journaliste
20:38comme toi,
20:38c'est 19 000 euros.
20:4177 fois
20:42le salaire moyen
20:43pour un avocat
20:44et presque 100 fois
20:45pour un journaliste.
20:46mais pour décrocher
20:48le gros lot,
20:49il faut taper
20:49encore plus haut.
20:52Si tu veux tuer
20:53un politique,
20:53c'est très cher.
20:55Disons en moyenne
20:5585 000 euros.
20:57Et pour
20:58tuer un grand patron,
20:59c'est autour
20:59d'un million,
21:00un million et demi.
21:03Ont-ils déjà
21:04gagné autant d'argent ?
21:06Vu l'état
21:06de leur QG,
21:07il est permis
21:08d'en douter.
21:14Ces deux-là
21:14faisaient partie
21:15de la Mara 18.
21:16l'une des plus puissantes
21:18avec la Mara
21:18Salvatrucha.
21:38Cet homme,
21:39que nous appellerons
21:40Manolo,
21:41serait l'un des fondateurs
21:42de la MS-13,
21:44la fameuse Mara
21:45Salvatrucha.
21:47Il s'exprime
21:48pour la première fois
21:49devant une caméra.
21:51À 36 ans,
21:52il dit s'être retiré
21:53du business.
21:55Mais les traces
21:56de son appartenance
21:57aux gangs
21:57sont toujours là.
21:59« J'ai le 13
22:01de la Mara.
22:04Ça, c'est la vie
22:04d'Aloca.
22:06Vivre,
22:07mourir
22:07ou tuer.
22:09Les trois points
22:09de la vie folle.
22:11La larme,
22:12c'est un symbole puissant.
22:14Ça veut dire
22:15pleurer,
22:16rire,
22:17tuer,
22:18assassiner.
22:20Tu ne peux pas
22:21te faire tatouer ça
22:22juste pour avoir
22:22l'air méchant.
22:23non,
22:26c'est pas comme ça.
22:30Cette larme
22:31est comme un grade
22:31pour les meurtriers
22:32de la Mara.
22:33Celui qui la porte
22:34a tué
22:35des dizaines
22:35de personnes.
22:38Quant aux toiles
22:38d'araignées,
22:39c'est un symbole
22:40de pouvoir.
22:43Manolo
22:44aurait fondé
22:45l'antenne hondurienne
22:45de la Mara
22:46Salvatrucha
22:47en 1994,
22:48alors qu'il n'avait
22:50que 14 ans.
22:55A l'époque,
22:56il n'y avait
22:57que de petites bandes.
22:58Un jour,
23:00un gars arrive
23:00de Los Angeles
23:01en Californie.
23:03Ce jeune faisait partie
23:04de la Mara
23:05Salvatrucha.
23:06Là-bas,
23:06il commandait
23:07un quartier
23:07pour leur compte.
23:09Il s'est fait expulser
23:10des Etats-Unis.
23:12C'était un vrai dur.
23:14Complètement tatoué.
23:16Il regarde ma bande
23:17et il demande
23:18« C'est qui
23:19le chef ici ? »
23:21Et tout le monde répond
23:22« C'est lui,
23:23c'est lui. »
23:24C'était moi.
23:26La Salvatrucha
23:27lui confia
23:28alors une mission.
23:30Trouver des hommes
23:30pour lancer
23:32la Mara
23:32au Honduras.
23:36Avec ma bande,
23:37on s'est mis
23:37à recruter
23:38plein de jeunes.
23:39Des gamins
23:39de 7 ans,
23:409 ans,
23:4110 ans.
23:44Et très vite,
23:44on était
23:45une cinquantaine
23:45de membres.
23:47Et on a commencé
23:47à faire la guerre
23:48aux autres bandes
23:49pour contrôler
23:50le quartier.
23:53Et puis,
23:54on s'est battus
23:54pour agrandir
23:55notre territoire.
23:59On faisait le mal,
24:02on l'assassinait,
24:05on braquait
24:05et on volait
24:07la drogue
24:08aux autres bandes.
24:08une fois entrée
24:12dans la Mara,
24:13la seule façon
24:13d'en sortir
24:14est la mort.
24:16Et c'est par
24:17la terreur absolue
24:18que les Mareros
24:18ont imposé
24:19leur loi
24:20en quelques années.
24:20si dans le quartier,
24:25il y a un meurtre
24:25commis par des mecs
24:28de la Mara
24:28et qu'un témoin
24:31les balance,
24:32la Mara
24:33va le savoir
24:34car elle sait tout.
24:36Les Mareros
24:37vont emmener
24:37le traître
24:38dans une maison
24:38abandonnée.
24:39Ils vont le tuer,
24:40le découper
24:40et le mettre
24:41dans un sac.
24:43Ces maisons,
24:44les Maras
24:45les appellent
24:45les Casalocas,
24:47soit maison folle.
24:48des bâtiments
24:51abandonnés
24:51ou dont les gangs
24:53ont expulsé
24:53les habitants
24:54pour en faire
24:55des salles de torture
24:56et d'exécution.
24:58Rivaux,
24:59traîtres,
25:00mauvais payeurs,
25:01tous ceux
25:01qui s'opposent à eux
25:02terminent ici.
25:06Cette sauvagerie
25:06était déjà courante
25:07du temps de Manolo.
25:10L'homme
25:10se vante même
25:11d'avoir pratiqué
25:12le cannibalisme.
25:13On les découpait
25:18en morceaux
25:18et puis après
25:21on faisait frire
25:22leur cœur
25:22pour les manger.
25:27On dispersait
25:28les bouts de corps
25:29à chaque coin de rue
25:30pour montrer aux gens
25:32qui faisait la loi
25:34dans le quartier.
25:34Au bord de cette route,
25:45deux sacs
25:45viennent d'être retrouvés.
25:48D'après nos informations,
25:51il y a deux inconnus
25:53à bord d'une voiture
25:54qui auraient déposé
25:56deux cadavres.
25:57Deux cadavres apparemment,
25:59une femme
25:59et un homme.
26:03En tout,
26:03on a découvert
26:03cinq cadavres
26:04en ce début de soirée.
26:06Cinq morts.
26:07Voici le bilan.
26:11Cinq morts
26:12car trois autres cadavres
26:14gisent à 500 mètres de là.
26:19Plusieurs tueurs
26:20avec des armes automatiques
26:21ont débarqué
26:22un peu plus tôt
26:22pour exécuter
26:23un infirmier
26:24et deux jeunes.
26:29La dernière fouille
26:40date d'à peine deux mois.
26:42Pourtant,
26:43les militaires
26:43ont trouvé
26:43une centaine d'armes blanches,
26:45des téléphones,
26:47mais aussi à peine
26:48dissimulées dans ce sac,
26:50plus de 2000 doses
26:51de cannabis
26:52prêtes à être vendues.
26:56Ainsi que 250 bouteilles
26:57d'alcool de pharmacie
26:58qu'ils transforment
27:00en torboyeux.
27:01Il y a même
27:02de pines
27:03et d'autres drogues dures.
27:06C'est comme
27:07de la méthamphitamine.
27:09Mais la grosse prise du jour,
27:11ce ne sont pas
27:12les stupéfiants
27:12ni les machettes.
27:14On a trouvé
27:15des armes à feu.
27:18Celui-là,
27:19mettez-le ici.
27:22Six armes à feu
27:23et leurs munitions.
27:25Depuis un an,
27:26les militaires
27:27réputés moins corruptibles
27:28que la police
27:29ont remplacé
27:30les civils
27:31à la tête des prisons.
27:34Petit à petit,
27:35ils renforcent
27:36la sécurité.
27:38Sont-ils vraiment
27:39plus efficaces ?
27:40Le doute est permis.
27:42Trois jours
27:43après cette fouille,
27:44trois détenus
27:45se sont entretués
27:46à coups de machette.
27:49Mais alors,
27:51tout le pays
27:51est-il condamné
27:52à sombrer
27:52dans la violence ?
27:53L'arme est redoutable.
28:14Les boules de feu
28:14sortent à toute vitesse
28:15et elles frappent fort.
28:18Presque aussi fort
28:19que les flashballs
28:20de la police.
28:22Les brûlures en plus.
28:25Les bandes se battent
28:26entre elles
28:26mais aussi
28:27contre les forces
28:28de l'ordre.
28:30Elles n'hésitent pas
28:31à attaquer
28:31des commissariats
28:32comme sur ces images.
28:33Je vais foncer
28:34les six armes
28:37de la raveur.
28:43Alors tirer
28:44dans une rame
28:44de RER
28:45avec un calibre
28:46plus petit
28:47ne leur fait pas
28:48vraiment peur.
28:50D'ailleurs,
28:50ils se filment
28:51comme dans un jeu.
28:55Aujourd'hui,
28:56dans les quartiers,
28:57dans les cités
28:58et même dans Paris,
29:00des bandes
29:01d'adolescents
29:01mènent des raids
29:02et des éclairs
29:03d'une violence inouïe.
29:07Ils sont des dizaines
29:08à s'affronter
29:09dans des batailles rangées
29:10dont certaines
29:11virtuolinchages.
29:13Des descentes
29:22dans des quartiers
29:23ennemis
29:23en pleine journée
29:25comme ici
29:26la semaine dernière
29:27près de Paris.
29:29Un phénomène
29:30en pleine explosion
29:31et qui fait
29:32des victimes.
29:34En quelques jours,
29:35quatre adolescents
29:36ont été tués
29:36en Ile-de-France.
29:38Il y a plus limite
29:39à partir du moment
29:40qu'il y a un mort.
29:41Ça y est,
29:41ça a dépassé
29:42un autre stade.
29:42À Massy,
29:44à Épinay-Sous-Sénard,
29:46les membres
29:47de ces bandes
29:47sont en guerre
29:48contre les quartiers
29:49voisins.
29:49Les ennemis,
29:50ils habitent là-bas.
29:52Ils défendent
29:52leur territoire
29:53pour l'honneur.
29:54Ici,
29:55les petits vont se battre
29:55aussi.
29:56C'est pas le fierté.
29:57Qu'est-ce que le fierté,
29:57tout simplement ?
29:58On voit
29:58comme bien
29:59ça qu'ils se souviennent.
30:01Les causes
30:01de ces rixes
30:02sont multiples.
30:04Pour rôter,
30:05difficultés familiales,
30:07sans oublier
30:08la Covid
30:08et le confinement,
30:09la plupart des salles
30:10de sport
30:11sont fermées.
30:11La violence
30:12va monter
30:13de plus en plus
30:13parce que
30:14c'est des cocottes minutes.
30:16Désormais,
30:17les conflits
30:17démarrent
30:17et s'entretiennent
30:18sur les réseaux sociaux.
30:20Les bandes
30:20se cherchent,
30:21se chambrent
30:22sur Snapchat
30:23ou Instagram.
30:23pour démolir
30:28l'adversaire,
30:29les jeunes
30:29parviennent
30:30facilement
30:30à se procurer
30:31toutes sortes
30:31d'armes.
30:33Des mortiers
30:33de feu d'artifice,
30:35mais aussi
30:37des armes à feu
30:37qu'il est possible
30:38d'acheter
30:39ou de louer
30:39à des armuriers
30:41clandestins.
30:41au sud
30:49de Paris,
30:50l'Essonne,
30:52la ville
30:52de Massy
30:53et le quartier
30:54Émile Zola
30:55en guerre
30:56avec celui
30:57de la place
30:57de France.
31:00Des membres
31:01de la bande
31:01de la place
31:022,
31:03comme ils se surnomment,
31:04ont accepté
31:05de nous rencontrer.
31:06Karim,
31:08Etienne
31:08et Tanguy
31:09sont âgés
31:10de seulement
31:1114,
31:1215 et 16 ans.
31:14Leur quotidien
31:14est loin
31:15d'être léger.
31:17Ils sont même
31:17en alerte permanente,
31:19prêts à se battre
31:20en cas d'attaque surprise.
31:22Si ils nous voient,
31:23ils ne vont pas
31:24hésiter à nous taper.
31:26Donc nous aussi,
31:26on va faire la même chose.
31:27C'est eux
31:27pour eux et pour eux.
31:30Cette haine
31:30du quartier Émile Zola
31:31dépasse largement
31:33les limites
31:33de la cité.
31:34La plupart du temps,
32:03les provocations
32:03entre quartiers
32:04commencent
32:05sur les réseaux sociaux.
32:08Sur ces images,
32:10les jeunes
32:10de la place de France
32:11provoquent Émile Zola
32:13en agitant leurs armes,
32:15des béquilles
32:15et des bâtons.
32:20Forcément,
32:20ça attise les tensions
32:21avec le clan adverse.
32:23Parfois,
32:24ils en restent là
32:24et parfois,
32:26tout dérape.
32:28Comme dans cette vidéo
32:29tournée dans les rues
32:31de Paris.
32:31ils se frappent
32:34à coups
32:34de poteaux
32:34de signalisation.
32:48Eh oui,
32:50contrairement
32:50aux films
32:51de la guerre des boutons,
32:52ces images
32:53sont leur seul trophée.
32:54immédiatement bises en ligne,
32:57elles font aussi mal
32:58qu'un coup de bâton.
32:59Elles ridiculisent
33:00l'adversaire.
33:03Les ados du quartier
33:04de la place de France
33:04à Massy
33:05nous montrent
33:06une de leurs dernières
33:08descentes
33:08dans le quartier
33:09Émile Zola.
33:11On était
33:11une quarantaine.
33:13On en a attrapé
33:14et on les a fracassés.
33:16On les a tapés,
33:17on les a baissés,
33:17on est partis.
33:18Ils m'ont les encourus,
33:19ils se sont fermés
33:20dans des halls,
33:20ils se sont allés
33:21chez des darons,
33:22ils se sont partis
33:23se cacher.
33:24En fin de compte,
33:25on se dit qu'on a fait
33:26ce qu'on devait faire.
33:27On a allé,
33:27on devait les taper,
33:28on les a tapés,
33:29on rentre chez nous,
33:30on est contents.
33:30Si ça continue comme ça,
33:31il y en a,
33:32il va mourir.
33:33De là-bas ?
33:34De n'importe où,
33:35encore, encore.
33:35On ne sait pas
33:37ce qui peut se passer demain.
33:38C'est un pour un,
33:40deux pour deux.
33:41Vous n'avez pas tué ?
33:42Non, non.
33:43Ça, vous seriez prêt
33:44à le faire ?
33:45Tuer.
33:49Moi, je ne tue pas,
33:50je ne sais pas,
33:51moi, j'y vais,
33:51je les cogne.
33:52Les les cognes,
33:53il faut qu'ils se souviennent.
33:54Et tuer, ça sert à quoi ?
33:56On va vraiment en faire.
33:57On va vraiment en faire,
33:58ça sert à rien.
33:58On va, on cogne,
33:59on cogne bien,
34:00on espère qu'ils se souviennent.
34:01Il va avoir mal quelque part
34:02pendant toute sa vie,
34:03il va se dire
34:03ça, c'est lui.
34:05Alors, pourquoi
34:06toute cette violence ?
34:07Eh bien, le plus fou,
34:09aucun des adolescents
34:10ne connaît la jeunesse
34:11de cette guerre
34:12contre Emile Zola.
34:13C'est comme ça,
34:13on a grandi dans cet environnement-là.
34:16On a grandi,
34:16on voyait nos grands frères
34:17qui allaient se battre avec eux.
34:19Forcément, nous,
34:19on s'est dit,
34:20si nos grands frères
34:21allaient se battre avec eux,
34:22nous, quand on va grandir,
34:23ce sera notre tour.
34:25Forcément,
34:26le quartier, c'est nous.
34:27Si on se défend,
34:28pas nous,
34:28qui va nous défendre.
34:29Mais défendre quoi au juste ?
34:32Ces ados ne le savent pas.
34:35Enfin, si.
34:36Ils se défendent d'une autre bande
34:37qui elle-même se défend d'eux
34:39ou bien est-ce le contraire ?
34:41Aujourd'hui,
34:44les bandes se structurent,
34:47s'organisent
34:47pour mieux surprendre
34:48leurs adversaires.
34:51Notamment,
34:52en utilisant de nouvelles armes
34:54au mépris du danger.
34:58Comme ce jour-là
34:58en plein Paris.
35:00Ils s'affrontent
35:01à coups de mortiers d'artifices.
35:03Des armes peu précises,
35:05mais extrêmement dangereuses.
35:08Ces boules de feu
35:08sont assez puissantes
35:09pour emporter un oeil.
35:11Nous avons voulu savoir
35:14s'il était facile
35:15de s'en procurer.
35:17Pour cela,
35:19nous nous sommes équipés
35:19d'une caméra discrète
35:21et nous avons pris
35:22la direction
35:22des vendeurs
35:23de feux d'artifice.
35:26Vous n'avez pas
35:26ce qu'on appelle
35:26le mortier ?
35:27Non, on n'en a pas.
35:30Vous n'avez pas ?
35:30Merci.
35:31Ils refusent
35:32de nous en fournir
35:33car depuis quelques mois,
35:35leur vente est réglementée
35:36pour mettre fin
35:37à ces batailles
35:37ehurissantes
35:38qui parfois
35:39se passent
35:40au milieu des enfants.
35:41seuls les artificiers
35:50ont le droit
35:51d'acheter des mortiers.
35:53Mais alors,
35:54comment font
35:55les ados
35:55pour s'en procurer ?
35:57Eh bien,
35:58c'est justement
35:59un jeune de 14 ans
36:00croisé par hasard
36:01qui nous donne
36:02le tuyau.
36:03Cherche,
36:04tu vois,
36:04les mortiers.
36:05Tu vas aussi
36:05les mortiers ?
36:05Les gros petards.
36:07Cherche en acheter,
36:08c'est une galère,
36:08j'en trouve pas.
36:09Même plus,
36:09c'est plus ché.
36:10Et sur ça,
36:11ta main ?
36:11Et la surprise,
36:15sur certaines applications,
36:18nous découvrons
36:18que des dizaines
36:19de resseleurs
36:20proposent des mortiers
36:21ont un grand renfort
36:24de publicité.
36:28Et il y a même
36:33une démo.
36:33Nous décidons
36:39de passer commande.
36:40On peut dire
36:41qu'ils ont le sens
36:41du business.
36:43Le tarif est dégressif.
36:45Pour 5 mortiers achetés,
36:47le prix passe
36:47de 15 à 12 euros pièce.
36:54Rendez-vous est pris
36:55avec l'un des vendeurs
36:56le soir même,
36:58quelque part
36:58au nord de Paris.
37:00C'est pour les mortiers ?
37:001, 2, 3, 4, 5, 5, 6, 7, 8, 9, 9, 10.
37:02A notre grand étonnement,
37:05le grossiste
37:05est un adolescent
37:06de 14 ans,
37:07accompagné d'un adulte.
37:10Il y en a combien ?
37:11Il y en a 5.
37:111, 2, 3, 4, 5.
37:13Vous avez des trucs
37:14un peu plus puissants ou pas ?
37:15C'est ça, le plus puissant.
37:16C'est ça ?
37:17Il y a un moins puissant,
37:17c'est 8 coups.
37:18Non, non, non,
37:18je ne veux plus puissant.
37:19Ça fait combien les frères ?
37:2060.
37:2260 ?
37:23Donne-moi ça, mon frère.
37:26Avec ces 5 mortiers,
37:28nous pourrions tirer
37:29au total
37:2925 boules de feu.
37:32Mais aujourd'hui,
37:34la violence en tradot
37:35est encore montée d'un cran.
37:37Les mortiers
37:37ne suffisent plus
37:38à impressionner.
37:42À Massy,
37:43la guerre
37:43entre le quartier
37:44de la Place de France
37:45et celui d'Émile Zola
37:47a pris une tournure dramatique.
37:50Il y a 6 mois,
37:51un jeune de la bande
37:52de la Place de France
37:53a été abattu.
37:54Ça s'est passé à...
37:56À l'angle de la...
37:57À l'angle.
37:58C'est juste là,
37:58à 200 mètres.
38:01Et d'un coup,
38:02on entend quoi ?
38:03Trois coups de feu,
38:04trois détonations,
38:05trois grosses détonations.
38:06J'ai entendu boum,
38:07boum,
38:08ça a rechargé,
38:08boum,
38:09c'est le bout de fusil à pompe,
38:10ça.
38:10On est partis en courant là-bas,
38:12on a vu des jeunes voisins,
38:13des darons.
38:14On a dit,
38:14il y a une personne à terre.
38:16Et on a vu que c'est notre ami, quoi.
38:20Ils l'ont tiré dessus,
38:22puis ils l'ont couru après.
38:24Ils l'ont tiré à bout portant
38:25et ils l'ont fini par terre
38:26à coups de couteau.
38:31Il n'y a plus de limites, là.
38:32Avant, il y avait des limites.
38:33On respectait un petit peu,
38:35ça se battait,
38:36ça se dessait dessus,
38:37mais à partir du moment
38:38qu'il y a un mort,
38:39ça y est.
38:40Là, ça a dépassé
38:40un autre stade, là, en fait.
38:41Nos limites.
38:43Ce n'est plus un cas rare
38:45ou marginal.
38:47Les armes circulent bien
38:48dans les cités
38:48et nous allons vite le voir.
38:52Nous retrouvons les adolescents
38:53de la bande de la place de France
38:55et voici une de leurs démonstrations
38:58de force.
39:03Je t'ai servi, mon frère.
39:11On a tout dans nos générations.
39:13On a toutes des armes à feu,
39:14on a des armes de bois,
39:156,35, 9,1 mètres.
39:18Il y a un pont chez Brottin.
39:21Vous croyez que ces jeunes
39:23de 14, 15 et 16 ans
39:25en rajoutent ?
39:26Qu'ils friment ?
39:28Eh bien, pas du tout.
39:31Nous ne verrons pas
39:31l'arsenal de la bande de Massy.
39:34Mais voici l'armurier
39:35d'un autre quartier.
39:38Sa démonstration est surréaliste.
39:41Il veut nous montrer
39:42que dans son quartier,
39:43il est tout-puissant.
39:48Les riverains semblent habitués
39:49aux détonations.
39:52Personne n'ouvre sa fenêtre.
39:54Personne ne vient nous voir.
39:55L'homme nous présente
39:59deux pièces de sa collection.
40:016,35.
40:06Il dit en posséder
40:08beaucoup d'autres.
40:10Ces armes viennent d'où ?
40:14C'est-à-dire ?
40:15Vous les achetez comment ?
40:16Vous les trouvez comment ?
40:17Les zones rurales
40:18ou chez les gens du voyage.
40:20Ou avec des anciens fonctionnaires
40:22de l'État
40:23qui sont retraités.
40:26Voilà.
40:26Les personnes des pays de l'Est.
40:30Ce qui est étonnant encore,
40:32l'homme ne fait pas
40:33que vendre des armes.
40:35Il accepte aussi
40:36de les louer.
40:39Allez, on va dire,
40:40location pour deux semaines,
40:41500 euros.
40:44Les armes-là,
40:44elles ne sont pas faites
40:45forcément pour tuer.
40:45Elles sont faites
40:46pour nous défendre
40:46en cas d'attaque.
40:48vous pouvez louer
40:49à la semaine,
40:49au mois,
40:50si vous avez une embrouille
40:51avec un mec
40:51et vous voulez avoir
40:52une protection
40:54à côté de vous.
40:55Il y en a,
40:55ils ont le téléphone
40:56pour appeler 17,
40:57ils ont le temps
40:57d'appeler la police.
40:58Nous, on n'a pas le temps
40:59d'appeler les fonctionnaires
41:00d'État
41:00pour qu'on se défend
41:01et ensuite,
41:02ils viennent ramasser
41:02par terre.
41:04C'est tout.
41:05Pas plus d'émotion
41:06que ça.
41:08Selon lui,
41:09mourir jeune
41:09est une fatalité
41:10comme une autre.
41:12Un risque
41:13inscrit dans la loi
41:14des bandes.
41:16Internet
41:17est devenu
41:18le canal habituel
41:19pour lancer
41:19un défi
41:20au quartier ennemi.
41:23Sur cet échange
41:23que nous avons retrouvé,
41:25une bande
41:25du 15e arrondissement
41:26de Paris
41:27provoque avec des doigts
41:28d'honneur
41:29leur rival
41:30du 14e.
41:31Ceux-ci répliquent
41:32avec le chiffre 14,
41:34écrit avec des balles
41:35de revolver.
41:38Forcément,
41:38le 15e monte
41:39d'un ton,
41:40une photo
41:40de cocktail Molotov
41:41et cet alignement
41:43de pistolet.
41:45L'histoire
41:45ne dit pas
41:46s'ils ont fini
41:46par s'affronter,
41:48mais certains
41:48ne se relèvent
41:49jamais
41:49de cette escalade
41:50de la provoque.
41:54Aux abords
41:55de la capitale,
41:56à Épinay-Soussénard,
41:59le 23 février dernier,
42:01un adolescent
42:02de 14 ans
42:03est tombé
42:03lors d'une bataille
42:04rangée
42:04avec un quartier voisin.
42:06La victime,
42:10Toumani,
42:11était un ennemi
42:12de cet adolescent
42:13que nous appellerons
42:14l'Asana.
42:15On se donnait
42:16un rendez-vous
42:16pour se battre.
42:17On devait se battre.
42:19Se frapper
42:19sans aucune autre raison
42:21qu'un appel
42:22à la bagarre générale
42:23lancé sur les réseaux sociaux.
42:26Ils ont rendez-vous
42:27au stade de foot.
42:29Chaque clan
42:29est venu
42:30avec une trentaine
42:31d'ados.
42:33Il y a eu un top
42:34et c'est parti.
42:36Sur ces images
42:38filmées par la bande
42:39de l'Asana,
42:40certains sont armés
42:41de bâtons.
42:42On ne les voit pas
42:43mais d'autres ont des couteaux.
42:46C'était des petits
42:47de 13-14 ans.
42:48Ils voient de la haine
42:49dans les yeux.
42:51Je me dis toujours
42:51qu'on peut mourir.
42:52Mais après,
42:54quand tu vas
42:54et que tu es déjà là-bas,
42:55c'est trop tard.
42:56C'est trop tard,
42:57tu es déjà là maintenant
42:58que tu fais ce que tu as à faire.
43:00Moi, je n'ai pas honte
43:01de dire que je me tape
43:03parce que je suis un mec
43:03depuis une...
43:04C'est ça.
43:04Moi, je n'ai pas honte
43:05du tout.
43:06Ben, nique-le !
43:07Voilà !
43:08Voilà !
43:09Nique-le !
43:10Au milieu de ce chaos,
43:12personne ne remarque
43:13que Toumani est à terre,
43:15touché par un coup
43:16de couteau au thorax.
43:18À la fin,
43:18il y a un de leurs grands
43:20qui est venu nous voir.
43:21Il a dit,
43:21c'est qui qui a planté
43:22le petit ?
43:22Et c'est là
43:23qu'on a eu la fin
43:24de la bagarre.
43:26L'Asana n'est pas
43:27complètement insensible
43:28à la mort de son ennemi,
43:30comme il l'appelle.
43:31Moi, jusqu'à là,
43:32ce qui s'est passé,
43:33je me dis,
43:34ah ouais,
43:34demain, je ne peux pas
43:35mon ami.
43:36Ça, mais avant,
43:37je ne m'étais jamais dit ça.
43:38L'Asana semble avoir
43:42une prise de conscience.
43:44Mais ça ne change rien.
43:47Maintenant,
43:48il attend un match retour.
43:58Soit tu es avec le quartier,
44:00soit tu es contre le quartier.
44:02Faire partie de la bande
44:03est presque obligatoire.
44:06Si tu n'es pas là-dedans,
44:06tu vas frapper,
44:07un jour ou l'autre,
44:08tu seras là-dedans.
44:08C'est simple.
44:10Et comment on en sort naturellement ?
44:11C'est l'effet de la vie
44:12à un moment où tu travailles ?
44:13Tu sors du quartier,
44:15tu déménages.
44:16Tu es obligé
44:16de déménager pour t'en sortir.
44:17Sinon, tu ne t'en sortiras pas.
44:19Tu devras refrapper,
44:20tu voudras retaper,
44:21toujours.
44:21C'est un cercle, non ?
44:22Certaines familles
44:24n'ont effectivement
44:25pas eu le choix.
44:27Elles ont cassé
44:28ce cercle infernal
44:29en prenant la fuite.
44:34Le centre-ville
44:35de Fleury-Berogis
44:36a été le théâtre
44:38d'un affrontement
44:39entre bandes
44:39avec un saccage
44:41en règle.
44:45Cette dame a tout filmé.
44:47Elle accepte de témoigner
44:48mais à visage caché.
44:51Le jour de la Rix,
44:52elle se trouve
44:53sur son balcon.
44:53Moi, j'ai entendu
44:55boum, boum.
44:56Les enfants m'ont dit
44:57maman, ils courent partout.
44:58Je me suis mis à la fenêtre.
45:03C'est extrêmement violent.
45:05Les enfants qui sont
45:05mis par la fenêtre,
45:06ils ont été foutus.
45:08Là, on a une trentaine
45:09de jeunes qui sont
45:09en train d'attaquer
45:10un petit qui est tombé
45:11dans le fossé
45:11avec des barres de fer.
45:13C'était des marteaux,
45:14c'était des coups de pieds.
45:17Ça saute sur les autres
45:18et puis après,
45:19sur les voitures,
45:20ils sautent dessus,
45:20ils mettent des coups
45:21de barres de fer
45:21dans les pare-brises.
45:23C'était d'une emplante.
45:25Selon Stéphanie,
45:27les habitants n'ont droit
45:28à qu'à deux options,
45:30subir ou partir.