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00:00Bonsoir et merci de nous retrouver dans cette autre édition de votre programme
00:07« Et si on en parlait ». Ici on parlait aujourd'hui de toutes les difficultés que les ménagères rencontrent
00:12quand elles se rendent désormais au marché. A cause de la conjoncture, vous l'aurez compris,
00:17elles n'arrivent plus à joindre les deux bouts. 10 000 francs, c'est très peu pour nourrir une famille
00:22de cinq ou trois personnes. Les ménagères aujourd'hui nous confient qu'elles ont donc des astuces
00:28pour leur permettre de gérer des petits revenus. Et quand on dit 10 000, ce n'est pas évident.
00:33Il y a des femmes qui ont 2 000 francs par jour pour nourrir des masses. Elles font comment ?
00:58C'est avec le même empressement, la même émotion, la même joie que je vous retrouve ce soir
01:17accompagné du magnifique public, mais également de nos invités qui nous rejoignent dans quelques secondes.
01:22Avec ces invités, c'est des pères et des mères de famille. Ils viennent nous parler de leur quotidien
01:27en termes de la gestion du panier de la ménagère. Avec les petits revenus, comment on fait pour s'en sortir ?
01:33Manger matin, midi et soir. Est-ce que c'est évident ou alors on fait ? Il y a une expression qu'ils utilisent,
01:40je pense, c'est « mort subite ». Voilà, avec Estelle, Jean-Paul et Pierre, on en parle.
01:58Nos très chers invités sont déjà sur ce plateau. Bonsoir Estelle, bonsoir Jean-Paul, bonsoir Pierre.
02:11Bienvenue à vous tous, c'est un plaisir de vous avoir sur ce plateau.
02:14Alors aujourd'hui, on parle de notre quotidien. On ne peut pas vivre sans manger.
02:19La médecine dit qu'après trois jours, la santé des individus est en danger parce qu'il faut manger pour vivre en fait.
02:29Mais manger comment et à quel prix ? Estelle, vous êtes une femme, les gens se plaignent tellement de la chérité de la vie,
02:37on dit que ce n'est pas évident dans les marchés. Qu'est-ce qu'il vous faut pour vous nourrir ? Vous êtes combien à la maison ?
02:45Déjà, nous sommes quatre à la maison, mes trois filles et moi. Avec 3 000, on s'en sort.
02:55Vous faites le marché avec 3 000 ?
02:57Oui, je fais le marché avec 3 000 déjà, pas trop cher.
03:03C'est quoi le menu ? Au menu 3 000, ça achète quoi ?
03:07Couscous gombo, j'achète le gombo, je peux détailler.
03:11Bien sûr, détailler, c'est pour ça qu'on est là, on veut vous entendre.
03:14Je peux acheter mon gombo de 500 francs, ma tomate de 200, mon bifaka, le poisson fumé, même si c'est un poisson fumé.
03:26Oui, et le couscous de 500, les fruits, le poisson, et puis ça me fait l'affaire à la maison.
03:37Donc vous ne mangez pas le matin en fait ?
03:40Le matin, c'est pas obligé de manger le matin à la maison, puisque j'habitue mes enfants avec mon rythme de vie, notre rythme de vie à la maison, oui.
03:49Donc on mange à midi ?
03:51Oui, quand on peut déjeuner le matin, on déjeune, quand on ne peut pas déjeuner, on attend le repas de midi et le soir.
03:58D'accord, et donc les 3 000 là, tels que vous avez dit, couscous de 500, gombo de 500 ?
04:05De 200, 300, oui, ça dépend.
04:08Le bifaka de combien ? 500 ?
04:10Même un bifaka ou deux.
04:12Mais un bifaka c'est combien ?
04:13200.
04:14200 ? Ah oui, mais vous êtes à moins de 3 000 là.
04:18Mais ça fait midi et soir ?
04:20Ça fait midi et soir.
04:22Vous êtes sûre ?
04:23Et certaine.
04:24Pour 4 personnes ?
04:25Oui, je sais raisonnablement.
04:27D'accord, mais en plus vous avez de la chair, c'est pas comme si...
04:32Bien si, vu que je suis le père et la mère, je ne peux pas gaspiller.
04:39Je ne fais pas de gaspillage à la maison en fait.
04:42Mais est-ce que vous pensez que vous ferez pareil si vous aviez plus de moyens ?
04:48Euh, non.
04:51Ce serait quoi par exemple ?
04:54Ça serait par exemple, là je vais, ça sera, je vais en fait...
05:00Pourquoi pas du porc ?
05:03Oui, parce que le papa, un kilo c'est 3 500.
05:08Oui, pourquoi pas du porc, pourquoi pas les dindons ?
05:12La vie change aussi en faisant des moyens.
05:18D'accord.
05:19Et les enfants ne se plaignent pas, quand même les menus sont variés.
05:22Encore que le gombo et le couscous là c'est bon.
05:25Oui.
05:26C'est très bon.
05:27Et c'est sain.
05:28Elles aiment bien.
05:29Oui.
05:30Et en dehors de ça, avec 3 000 francs vous faites quoi d'autre ?
05:33Avec 3 000 francs...
05:37Avec 3 000 francs je peux faire plaisir à ma dernière née, la plus petite.
05:43Quel âge ?
05:44Elle a deux ans déjà.
05:45D'accord.
05:46Les petits goûters, biscuits, bonbons, elle en demande tout le temps.
05:52Donc vous vous arrangez toujours à ce que dans les 3 000 qu'il en reste quelques francs
05:57pour les friandises de la petite.
05:59Oui.
06:00Un autre menu en dehors du couscous gombo ?
06:02Un autre menu, je peux faire du zon, du makabo.
06:08Quand c'est la saison.
06:09Quand c'est la saison, bien sûr.
06:12Si c'est même trop chaud là, le tapioca et le sucre.
06:16Hein ?
06:17Ah oui, oui.
06:18Tapioca et sucre.
06:19Pour nourrir les enfants, oui, je ne cherche pas trop.
06:22D'accord.
06:23Oui.
06:24Matin, enfin midi et soir.
06:26Même si le faumé mange le matin, midi et soir, elle va manger.
06:29D'accord.
06:30Pour qu'elle soit en santé, pour qu'elle mange quoi.
06:33Pour qu'elle mange quelque chose.
06:34Oui.
06:35D'accord.
06:36Donc quand on est sorti du couscous gombo, on tombe dans le tapioca ?
06:39Oui, on varie tous les jours.
06:40Après, on fait le zon avec du makabo.
06:43Le makabo n'est pas moins cher non plus au marché.
06:47Tu ne vas pas quand même aller chercher le tas de 5 000.
06:50Étant donné que tu te bats dans la vie, il y a des petits tas de 200, des petits tas de 300.
06:55On fait avec.
06:57Ah bon, il y a le makabo de 300 ?
06:58Ah oui, les petits tas, les petites têtes.
07:00Quand tu as des enfants, tu ne cherches pas...
07:03Il faut nous donner votre marché.
07:05J'ai l'impression que c'est un marché où on trouve des choses.
07:09Parce que ça dépend aussi du marché.
07:11Oui, ça dépend.
07:12Ça dépend des marchés.
07:13Parce qu'au marché d'Omfundi, je ne suis pas sur qu'il y ait des tas de 300 de makabo.
07:18Si, il y en a.
07:20Il y en a ?
07:21Si, il y en a.
07:22Il y a les tactiques, en fait.
07:23Moi, j'ai les tactiques.
07:24D'accord.
07:25Le matin, c'est pour les bobos.
07:27En soirée, c'est pour les gens qui ont une vie un peu moyenne.
07:32D'accord.
07:33Bobos, entendu, ici, comme étant des gens qui ont un peu de moyen.
07:36Ah oui.
07:37Donc, vous, vous ne partez pas le matin ?
07:38Non, il y a des jours où je ne vais pas le matin au marché.
07:40J'attends à partir de la soirée, là où on balance moins cher.
07:45Ok.
07:46D'accord.
07:47À ce moment, vous partez.
07:48Oui, c'est une stratégie pour moi, en fait.
07:50D'accord.
07:51Et vous trouvez votre compte ?
07:52Je trouve mon compte facilement.
07:53Mais monsieur, il est où ?
07:55Il n'est pas là, bien sûr.
07:57Je suis le père et la mère de mes enfants, de mes trois filles.
08:01Jean-Paul ?
08:02Oui ?
08:04Vous êtes l'homme de la maison, mais aujourd'hui, on parle de l'émancipation de la femme.
08:09Qui rationne ? C'est madame ou c'est vous ?
08:11C'est de ma responsabilité.
08:13C'est moi, bien évidemment, sinon je ne paierais mon autorité à la maison.
08:23Non, vous n'allez certainement pas paier de votre autorité si vous vous êtes entendus en amont.
08:27Oui.
08:28Hein ?
08:29Mais depuis que la terre est terreuse, c'est que l'homme pourvoit aux besoins de la famille.
08:33Donc, c'est de ma responsabilité, tout au moins.
08:35Alors, Jean-Paul, vous êtes combien à la maison ?
08:37Heu, huit.
08:38Huit ?
08:39Oui.
08:40Mais vous êtes fort, hein ?
08:41Vous avez fait huit ou sept enfants ?
08:42Heu, non.
08:43Nous sommes une famille africaine.
08:44Nous sommes huit.
08:45Vous avez fait six enfants ?
08:46Heu, non.
08:47J'en ai cinq.
08:48Ok.
08:49Donc, il y a un de la famille, vous et madame.
08:52Justement.
08:53Ça fait huit.
08:54Oui, justement.
08:55Et Jean-Paul, vous donnez combien par jour pour...
08:56Heu, chez moi, c'est dynamique.
08:58Ce n'est pas standard.
08:59D'accord.
09:00Ça dépend des périodes où il y a des entrées, où il n'y a pas des entrées.
09:03Mais la moyenne ?
09:04On sait toujours la ceinture.
09:06La moyenne ?
09:0740, 50 000 le mois.
09:08Par mois ?
09:09Le mois, oui.
09:10Attendez.
09:11Vous êtes sérieux ?
09:12Très sérieux.
09:13Et madame, ça en sort ?
09:14Oui, elle s'en sort.
09:15Elle s'en sort parce qu'après, au-delà de ces 50 000, il y a autre chose.
09:20Moi, je vis aux trois quarts de foie de la forêt.
09:22Donc, l'agriculture, un peu de lévage.
09:24Ah, donc vous ramenez des produits vivriers, vous ramenez du gibier, vous ramenez...
09:29Donc, ça fait qu'effectivement, les 50 000, c'est peut-être pour les condiments, les
09:36petites choses comme ça.
09:37Justement, justement.
09:38Ok.
09:39Donc, ce qui fait qu'il y a des jours, je peux arriver avec deux ou trois filets de
09:42plantain.
09:43Elle n'a pas besoin de se concentrer sur du plantain.
09:45C'est ça.
09:46Il y a des fois, quand je sors, je peux trouver de l'huile de palme.
09:49Je peux acheter deux ou trois bidons.
09:50Très bien.
09:51Je viens déposer.
09:52Elle n'a pas besoin de cette huile.
09:53Donc maintenant, les 50 000, c'est juste pour essayer d'arrondir les angles de la cuisine
09:57ou de la marmite.
09:58Les angles, c'est ça.
09:59Il ne faut pas qu'elle dise qu'il n'y avait pas de sel.
10:00Justement, justement.
10:01Elle achète du sel, elle achète du piment.
10:03Vous aimez le piment ?
10:04Bien évidemment.
10:05Je n'aime pas le piment.
10:11Donc, elle achète du piment, elle achète des petites choses comme ça.
10:16Ok.
10:17Et du coup, vous mangez comment à la maison ?
10:19Quand vous me demandez comment je mange, c'est le ministre de l'Intérieur qui fait généralement.
10:24Oui, mais est-ce que c'est varié ? C'est la même chose tout le temps ?
10:27Très varié, très varié.
10:28D'accord.
10:29À quelle fréquence vous mangez ? Trois fois ? Quatre fois ? Deux fois ? Une fois ?
10:33À cette période-ci, comme c'est les classes, les enfants prennent juste leur petit-déj,
10:37ils vont à l'école.
10:38Moi, généralement, quand je sors le matin, le retour, c'est en soirée.
10:43Et parfois, je ne suis pas là.
10:45Il m'arrive parfois de passer pratiquement une à deux semaines sans être là.
10:49Mais lorsque je suis là, je sors le matin, le soir, quand je reviens, je trouve à manger.
10:53D'accord.
10:54Et je mange.
10:55Donc, on mange minimum deux fois quand même chez vous ?
10:57Minimum.
10:58D'accord.
10:59Je dirais même trois parce que généralement, qu'est-ce qu'elle fait ?
11:01Le matin, les enfants vont à l'école.
11:03Quand ils rentrent, ils mangent d'abord.
11:05Et ensuite, ils vont se débarbouiller, étudier.
11:08Après ça, il y a encore le repas du soir.
11:11Waouh ! C'est très bien.
11:13Waouh !
11:15C'est bien, hein ?
11:16Merci.
11:22Alors, Pierre, bonsoir.
11:25Bonsoir, madame.
11:26J'aurais bien voulu recevoir sur ce plateau Pierre et madame.
11:29Mais bon, vous êtes là, vous parlez pour elles puisque madame est à la maison,
11:32elle doit assurer les arrières.
11:34Alors, comment ça se passe ?
11:35Chez vous, c'est vous qui rationnez ou c'est madame ?
11:38En fait, ça dépend parce que madame travaille.
11:42Il faut bien qu'elle parte ici.
11:44Ça dépend des moments où, on peut dire, mes mains sont courtes.
11:48Elle complète.
11:49Bon, c'est un peu ça.
11:51Parce que peut-être pendant ce temps-là, je vais compléter ailleurs.
11:54Ça dépend de qui a d'abord eu les revenus avant l'autre.
11:57D'accord.
11:58C'est un peu comme ça que ça se passe.
11:59Alors, j'ai instauré trois principes.
12:03Il y a d'abord l'organisation, le sacrifice et l'ambition.
12:08Ok.
12:09Tout ça, c'est dans le panier de l'aménagerie ?
12:11Oui.
12:12L'organisation, le sacrifice et l'ambition.
12:14Bon, je vais m'expliquer.
12:15Mais les Camounet, nous sommes forts quand même.
12:17Oui, je vais m'expliquer.
12:20Elle est théorique en tout.
12:21Oui, je m'explique.
12:22L'organisation déjà, c'est quoi ?
12:24C'est que déjà, il faut connaître si les revenus ne viennent pas à tout moment.
12:29Il faut déjà connaître que si déjà on attrape même 50 000,
12:32il faut déjà penser à acheter un sac de riz, garder à la maison,
12:36un sac de spaghetti.
12:37C'est astucieux, ça.
12:38Oui.
12:39Et un peu de petits trucs de tomates.
12:41Et puis on garde là.
12:42On sait que le jour où on a un petit mille franc qui flotte,
12:44on achète un kilo de poisson.
12:46On met au congélateur.
12:47Non, pour préparer, on sait qu'on ne peut plus acheter le riz,
12:50on ne peut plus acheter le sel.
12:51C'est garanti.
12:52C'est déjà à la maison.
12:53C'est un peu...
12:54Ça, c'est l'organisation.
12:55Très bien.
12:56Et là, maintenant, le sacrifice, c'est quoi ?
12:59C'est que déjà, il faut que je me prive de certaines choses.
13:02On se prive de certaines choses.
13:03Et vous êtes combien à la maison ?
13:04Cinq.
13:07Il n'y a pas de petite famille.
13:08Il n'y a que des familles nombreuses.
13:10Deux enfants, un enfant de la famille et madame.
13:13Ah, comme vous trouvez toujours le moyen d'aider quelqu'un de la famille.
13:16Ah oui.
13:17Très bien.
13:18C'est un peu ça.
13:25Cet esprit de solidarité, c'est une très bonne chose.
13:28Mais après, est-ce que ce n'est pas très lourd, des fois ?
13:31Bon, ce n'est pas lourd.
13:32Pourquoi ?
13:33Parce que déjà, comme je vous ai dit, c'est l'organisation.
13:36On s'organise, on essaie de voir.
13:39Et on met aussi de côté.
13:41Parce qu'il faut toujours mettre au moins même 1 000 francs, 1 500 quelque part.
13:44Parce qu'on ne sait pas ce qui peut nous surprendre.
13:46On peut avoir besoin du parastamol et tout ça.
13:48Oui, c'est un peu comme ça.
13:49Parce qu'effectivement, on va parler de ces imprévus.
13:51Comment vous les gérez, malgré les petits revenus ?
13:54Et aussi, la question se pose,
13:55est-ce qu'il faut passer la vie à manger, à nourrir les enfants ?
13:59Il faut penser à l'ambition.
14:01Bon, vous étiez au niveau des sacrifices.
14:03Parce que vous avez déjà parlé de ça.
14:04Quand je dis des sacrifices, en France, les sacrifices,
14:06ça veut dire que c'est privé de certaines choses.
14:08OK.
14:09C'est dans ce sens-là.
14:10Déjà de la nourriture ?
14:11Bon, peut-être si moi, je suis un homme, je peux me dire,
14:13bon, voilà, pas de petites dehors.
14:16Et puis, madame, je peux lui dire, bon, pas de coiffure.
14:18Mais, petites dehors veut dire quoi ?
14:20Quand je dis pas de petites, peut-être, je dois me concentrer peut-être sur ma femme.
14:23Peut-être, je peux voir si je buvais trop de bière.
14:26Je peux dire non.
14:27Mais les petites dehors impliquent l'argent ?
14:29C'est ce que je veux savoir.
14:30Bien sûr.
14:31Oui.
14:32Bien sûr.
14:33Nul ne peut sortir avec une femme sans dépenser.
14:36Quoi ?
14:37Beaucoup.
14:38Beaucoup.
14:39Ah bon ?
14:40Beaucoup, surtout quand les revenus sont instables.
14:42Tu peux pas me dire que, bon, voilà,
14:44tu passes un mois pour accraper 50 000.
14:47C'est pas facile.
14:48Alors, dès que tu les accrapes, tu appelles une petite.
14:51Elle va te prendre même 5 000.
14:52Et puis, les calculs vont...
14:54Donc, en fait, si vous aviez assez de moyens, vous auriez les petites.
14:57Bon.
14:59Cette question.
15:00En fait, parfois, pour manger l'argent, il faut une petite à côté.
15:05Ah !
15:08Mais c'est pas...
15:09Si vous mangez ça avec votre femme, ce n'est pas bon ?
15:12Bon.
15:13La femme...
15:14La femme de la maison, parfois, elle peut être capricieuse.
15:17Elle peut dire, elle ne sort pas, elle est fatiguée.
15:19Voilà.
15:20Et puis, il faut remarquer que nos femmes n'acceptent pas qu'on dépense, d'ailleurs.
15:24Tu vas aller t'asseoir avec ta femme, tu vas lui dire,
15:26prenons un plat de porc, prenons 3 bières, 4 bières, va dire,
15:30non, gardons ça pour la maison, pour les enfants.
15:32C'est qui est normal.
15:33Alors que toi, tu veux...
15:35Tu veux vivre.
15:36Tu veux vivre.
15:37Donc, du coup...
15:38Donc, la petite est mieux placée pour dépenser ?
15:40La petite, elle a le goût qu'elle sait que le connard va dépenser.
15:46Elle sait que le connard va dépenser.
15:48Bon, pas de gros mots.
15:49On a des enfants qui vous regardent, peut-être.
15:51Désolé, désolé.
15:52Elle sait que, bon...
15:53En fait, on nous appelle...
15:55Par exemple, elle peut t'appeler un bout de main, deux.
15:59Un bout de main, un, dans son téléphone.
16:01Ah bon ?
16:02Si tu es un bout de main, deux, tu sais que, bon...
16:04Toi, dès que ça...
16:05Dans mes 25 minutes, il faut que je mange au moins 5 minutes avec elle.
16:09Le reste, je garde pour la famille.
16:11Et ça, ça ne doit pas être répétitif.
16:13Bon, quand tu n'as pas assez de revenus, il faut te priver de ça.
16:16Pour essayer de bien...
16:19Bon, mais...
16:20Si ce n'est donc pour ça, je crois que les hommes doivent rester foirés.
16:24Ah bon ?
16:25Comme ça, ils seront fidèles, oui.
16:27Hein ?
16:28Et comme ça, les moyens reviennent à madame.
16:30C'est-à-dire que...
16:31Quand madame a plutôt beaucoup d'argent.
16:34Sauf qu'il risque d'y avoir un jour où l'homme va dire que je m'aime ou quoi.
16:37Il faut que je vive aussi.
16:38Donc, malgré ça, il va tout sortir.
16:40Le jour où la maison va souffrir.
16:42Parce que je saurais que peut-être c'est madame qui prie en solo pour que je sois foiré.
16:46Comme ça, je vais un peu sacrifier aussi un jour pour me mettre à l'aise.
16:49Donc, elle doit prier plutôt pour que les revenus viennent de temps en temps et que ça soit un peu...
16:57Alors, ça, c'était sur le plan de l'alimentation.
17:01Bon, vous mangez combien de fois par jour ?
17:04Moi, trois fois.
17:06Trois fois.
17:07Avec la ration de combien, à peu près, vous rationnez ?
17:10Bon, en fait, moi, comme je vous ai dit,
17:13je fais un ravitaillement le mois.
17:16Maintenant, je jongle avec les 1'000 francs, 5'000 qui peuvent entrer.
17:19Une fois, je paye un kilo de poisson ici.
17:21D'accord. Donc, il n'y a pas...
17:23Maintenant, mes enfants mangent comme les enfants.
17:26Et moi, il n'y a pas de petit déjeuner, genre le lait, le pain.
17:30Je ne connais pas ça chez moi.
17:32C'est que vous... Excusez-moi du thème,
17:35mais vous abimez ce qu'il y a dans la marmite.
17:37Oui, le matin, vous vous chauffez.
17:39Vous vous chauffez.
17:40Oui, le matin, vous vous chauffez.
17:42Ah, on rechauffe les restes.
17:44Oui, avec la sauce, vous mangez ça.
17:46Ça veut dire que vous partez à l'école, le ventre est ballonné.
17:50Oui, vous buvez de l'eau.
17:52Maintenant, à midi, vous venez là, le reste là.
17:56Oui, vous allez manger au bien.
17:58Il y a le grand qui a un peu 14 ans,
18:00il saute vite le riz dans un système, genre.
18:04Les gars...
18:08Les gars massacrent encore ça.
18:10Maintenant, le soir, quand leur mère rentre,
18:12c'est elle qui va voir comment elle peut sauter les pâtes
18:14techniquement dans un système.
18:16Parce qu'elle va aromatiser encore en ajoutant quelques ingrédients
18:19qui vont un peu...
18:20Faire lever le goût.
18:21Oui, faire lever le goût.
18:22Et c'est là où on passe la soirée ensemble,
18:25avec quelques divers et tout.
18:27Et puis, les enfants trouvent que la vie est belle.
18:31Mais c'est vrai que la vie est belle pour peu qu'on sache vivre.
18:37Parce que là, vous avez votre style de vie, encore que le bonheur.
18:41Vraiment, c'est chacun qui le définit.
18:43Oui, je crois qu'on est pauvre parce que...
18:46Par rapport à l'autre.
18:48Je peux me définir pauvre parce que je vous ai vu peut-être
18:51avoir des moyens plus que moi.
18:53Alors que si je vis dans un cadre où je ne vois personne
18:56qui a des moyens plus que moi,
18:58je ne vais jamais comprendre qu'ils connaissent que je suis pauvre.
19:00Non, ça, c'est vrai.
19:01La pauvreté, c'est un état d'esprit.
19:04Oui.
19:05Moi, dans ma tête, je crois que moi, je me suffis.
19:08Je crois que mes efforts me permettent de vivre normalement
19:11comme Dieu me donne.
19:13Lui offrir à mes yeux qu'il va m'aider à avoir un peu plus
19:17pour vivre mieux.
19:19Sinon, je ne dois pas dire,
19:21bon, voilà, telle vie, bien, j'aimerais vivre comme lui.
19:23Sinon, je vais faire...
19:24En tout cas, pour le moment, vous, le lait,
19:26encore que le lait même...
19:28Bon, c'est vrai, il y a des gens qui aiment bien boire du lait,
19:31mais apparemment, ce serait pas très, très bien pour la santé non plus.
19:34Donc, c'est même bien que vous n'en buvez pas, peut-être ?
19:38Bon, le lait...
19:40Il y a des fois que je glisse dans un supermarché,
19:43j'apporte une boîte de lait pour essayer aussi de...
19:46Il faut pas que leurs camarades leur disent là-bas
19:49que, bon, voilà, chez nous, on boit du lait.
19:51Ils disent que bon, il nous arrive aussi parfois
19:53que papa nous apporte du lait.
19:55Donc, c'est un peu ça. J'essaie aussi de...
19:58D'équilibrer un peu les choses.
20:00Alors, Estelle, on a parlé de comment on fait dans les marchés et tout.
20:05Maintenant, en tant que femme, vous n'avez pas assez de revenus.
20:08Comment vous faites pour être coquette ?
20:11Je sais que les femmes ont besoin de beaucoup de moyens
20:14pour s'entretenir, c'est pas...
20:16Bon, les hommes, moins peut-être.
20:19Et les femmes, comment vous faites, Estelle ?
20:22Au moins, je vais parler de moi.
20:24Bien sûr. Vous pouvez pas parler de quelqu'un d'autre.
20:27Je prends toujours l'exemple sur moi.
20:29Quand j'ai un peu de revenus, à la fin du mois,
20:34voilà, je fais une coiffure
20:38qui va, par exemple, me faire un mois.
20:42Un mois. C'est comme ça que je profite, je mets des ongles.
20:45Je fais aussi un peu comme le reste des femmes.
20:49Oui. C'est comme ça que je fais.
20:53Vous posez les ongles pour un mois.
20:56Vous vous coiffez pour un mois.
20:58D'accord. Et puis, le lait de toilette, des choses comme ça.
21:04Je dis vrai. Je vais parler. Je parle toujours de moi.
21:07Moi, j'ai pas de lait de toilette. J'ai pas de savon.
21:14Ça, c'est une vérité. J'ai pas de lait de toilette, j'ai pas de savon.
21:17Et vous avez une très belle peau.
21:18Merci.
21:19Non, je vis en fonction de mes moyens. Je ne force pas.
21:24Je ne force pas.
21:25Mais vous, vous lavez comment, sans savon ?
21:27Non, il y a du savon de Marseille.
21:29Ah, le savon de Makabo, il faut dire.
21:31Makabo, oui. J'ai pas de soucis.
21:36Bon, en fait, c'est le savon traditionnel.
21:38Voilà.
21:39C'est ça. C'est notre savon traditionnel,
21:41qu'on appelle aussi le savon de Marseille, mais qui ne vient pas de Marseille.
21:44Oui.
21:45Qui n'est pas le savon de Marseille.
21:46Oui. Et j'aime mon huile d'olive. Le jus de mon huile d'olive aussi.
21:49Mais l'huile d'olive, elle coûte cher.
21:50Non, parfois, non, non, non, non.
21:53Il y a l'huile d'olive de 500.
21:55L'huile d'olive de 500 ?
21:56Oui, ça vient dans des petites bouteilles.
21:58Quand ça finit, même, je prends l'huile d'arachide.
22:01Pourquoi ne pas ?
22:02Donc, l'huile que vous utilisez pour préparer.
22:05Oui.
22:07L'huile de cuisine, de cuisson, vous voyez avec.
22:12Oui.
22:13Ça vous hydrate bien.
22:14Merci. J'ai pas de soucis.
22:15J'ai pas de complexe.
22:20Alors, Jean-Paul, et vous, vous faites comment pour prendre soin de vous,
22:24et de madame, et des enfants ?
22:28Déjà, je dirais que ma première stratégie ne va pas loin de celle que Pierre a donnée tout à l'heure.
22:35C'est-à-dire, lorsqu'elle est donnée, non, je vais pas aller dans le côté des petites.
22:37Non, je vais parler plutôt de l'organisation.
22:39Non, mais si vous voulez parler des petites, c'est sûr.
22:41Ah non, je vous ment pas.
22:42Je vais parler au niveau de l'organisation.
22:45C'est madame qui va souvent vous prendre à la sortie.
22:48C'est pas moi.
22:53C'est à madame que vous allez mieux expliquer.
22:55Au niveau de l'organisation, déjà, je m'assure, comme lui,
22:58c'est-à-dire qu'il y a un sac de riz, des spaghettis et tout le reste.
23:02Ce qui fait que les 50 000 que je donne à madame,
23:05une mise à part que c'est juste pour arrondir les angles de la marmite,
23:10bien évidemment, je dois tenir compte de ses besoins personnels.
23:14Et chaque fois, lorsque je prends mon salaire,
23:18ensemble, nous définissons de quoi est-ce qu'elle a besoin.
23:21Et c'est elle qui me dit, bon, je peux avoir besoin de...
23:24Si les moyens que nous avons nous permettent, au regard des besoins,
23:28de défalquer cette somme, on la défalque et elle peut se battre.
23:32Il y a aussi des mois où elle sait la ceinture avec moi,
23:34c'est-à-dire qu'elle dit, bon, c'est un peu dur.
23:36Elle fait fi de mon état de bien-être.
23:39Ma coiffure, tout ça.
23:40Ma coiffure, oui, alors elle fait juste au minimum,
23:42mais elle reste quand même propre, présentable.
23:44Et elle fait fi des mèches, par exemple, qui me coûteront plus cher,
23:47ou des coiffures assez chères.
23:49Encore que c'est méchante, ça.
23:51Voilà, voilà, plein de choses.
23:53Donc, elle est arrivée jusqu'à l'état d'autodétermination,
23:55c'est la chose de lui.
23:57Et ça pollue même, en fait.
23:59Ça pollue la nature.
24:00Voilà, justement.
24:01Bon, mais, Jean-Paul,
24:04Madame n'a pas droit à la coiffure,
24:06elle n'a pas droit aussi pour vous aider à tenir, c'est ça ?
24:10C'est pas pour m'aider à la tenir,
24:12c'est pour nous aider à tenir, en fait.
24:14D'accord, mais elle aimerait être présentée autrement,
24:17s'il y avait les moyens, c'est ça ?
24:19Bon, c'est à peu près ça, mais sauf que,
24:20si on parle en termes de pourcentage,
24:22je dirais qu'à 5 %, elle s'est privée souvent de ça,
24:24mais à 95 %, elle est à l'aise.
24:27C'est sa vraie nature, elle est comme ça.
24:29Elle ne fait pas beaucoup d'efforts pour être comme elle est.
24:32Maintenant, quand vous avez un cas de maladie,
24:35ça se passe comment ?
24:37Bon, je vais d'abord souligner une chose,
24:39c'est que j'ai eu une grâce,
24:40c'est que j'ai eu une femme qui n'est pas...
24:43Elle est très dynamique.
24:44Donc, ça fait en sorte que,
24:45même lorsque je donne mon droit de souveraineté,
24:49je suis toujours accompagné à 90, voire même 100 % des cas.
24:53Ça dit que ça me permet un peu d'avoir une bouffée d'oxygène.
24:56Donc, Madame participe.
24:58Énormément.
24:59Je dirais même que c'est...
25:00Elle m'aide à tenir le coup, en fait.
25:02D'accord, c'est une grande chance.
25:06Ça, c'est très bien.
25:08C'est très bien.
25:09Donc, du coup, quand il y a un cas de maladie,
25:11vous faites comment ?
25:12Ou alors, les enfants ne sont jamais malades,
25:13ni vous, ni Madame ?
25:14Vous devez aussi avoir cette grâce ?
25:16Grâce, ça, je peux le dire.
25:17Je connais très...
25:18Bon, ce sont des petites maladies légères.
25:19J'en ai des maux de tête par-ci,
25:21un peu de palure par-là,
25:23et très vite, ça se gère.
25:24Je n'ai jamais eu...
25:26Un cas.
25:27Un cas assez compliqué, encore,
25:29que je ne souhaite pas en avoir.
25:30Non.
25:31Ce qui fait que les cas sont toujours des cas mineurs.
25:33Et comme je vous l'ai dit,
25:34je passe très peu de temps, généralement, à côté,
25:37et j'essaie toujours de les gérer.
25:39On a toujours une petite réserve là-dessus.
25:41C'est-à-dire, lorsque nous faisons nos états,
25:44on fait toujours l'effort d'avoir
25:46un petit fond de réserve.
25:49Vous avez votre épargne.
25:50Bon, si on peut appeler ça ainsi,
25:52un petit fond de réserve
25:53qui peut pallier
25:54un certain nombre de petits soucis
25:56à un certain temps.
25:57Et après, maintenant, on avise
25:59s'il faut ajouter quelque chose.
26:03Alors, Pierre,
26:05c'est vous, interdit de boire le lait,
26:08interdit de tomber malade aussi ?
26:09Non, vraiment ça.
26:11Comme Monsieur l'a dit,
26:13je suis cette grâce.
26:15Les enfants ont quelques petits bobos
26:18qui passent très vite.
26:19Mais sauf que, déjà,
26:21je m'arrange souvent, chaque mois,
26:23quand on fait l'état du mois,
26:26on essaie d'avoir une boîte médicale
26:32où on met quelques comprimés,
26:34on met des trucs un peu comme les paras,
26:37les remèdes de veille, tout ça.
26:39Ce qui fait qu'à un moment donné,
26:40quand je vois que ça est en train de vouloir
26:42faire un danger,
26:43toi, viens ici.
26:44Avale-moi ça vite dans le système.
26:46Attends.
26:47Donc, en fait, si je comprends,
26:49chez vous, il n'y a pas de médecin,
26:51il n'y a pas de bilan de santé ?
26:53Bon, quand je constate que c'est plus fort que moi,
26:56je cours à l'hôpital.
26:58Mais j'essaie d'abord de donner ce qu'il y a
27:01et j'observe.
27:02Donc, c'est un peu dans ce sens-là.
27:04Et puis, chez nous, moi,
27:05j'ai grandi avec la culture du genre,
27:07on puge les enfants.
27:10Faire les décoctions, OK.
27:12Oui, on puge les enfants.
27:13Donc, je fais un peu même,
27:15en deux mois ou trois mois.
27:17Après trois mois,
27:18je fais un peu de piment mélangé
27:20avec de l'eau.
27:22De l'eau savonneuse.
27:25Ah bon ?
27:26Ça nettoie, ça nettoie les enfants,
27:28ça les met en forme.
27:29Vous pugez les enfants avec le piment ?
27:31Un peu, un peu, un peu de piment.
27:34Et ils sont contents ?
27:36Oui, ils reprennent encore le poids et la forme.
27:45C'est la maltraitance ?
27:47Non, non, non, non.
27:50Ça nettoie.
27:52Même les grandes personnes,
27:53ça éloigne de la fièvre,
27:54tu fouilles déjà d'abord.
27:55Pas la fièvre, tu fouilles,
27:56c'est déjà d'abord.
27:57Mais est-ce qu'un médecin,
27:58vous avez déjà fait part de ça,
28:00un médecin ?
28:01Est-ce qu'il faut seulement les médecins ?
28:02Il y a aussi la médecine traditionnelle,
28:03non ?
28:04Oui, mais il faut la dire quand même
28:06que vous pugez les enfants avec le piment.
28:08Madame, vous n'avez jamais bu les coucs.
28:12Non.
28:16Pas les coucs.
28:18Non.
28:19Mais se puger avec le piment, c'est...
28:21Non, mais on a grandi avec cette culture
28:23depuis le village,
28:24et puis ça nous a maintenus en forme.
28:26Donc c'est une sorte de vaccination ?
28:28Si je comprends.
28:29Moi, je crois que ça met les enfants en forme.
28:32Parce que vous savez,
28:33les enfants bouffent presque de tout,
28:35de rien.
28:36Non, ça peut être une astuce,
28:37c'est juste que moi,
28:38le piment dans la bouche,
28:39c'est pas évident.
28:40Bon, maintenant, là-bas encore,
28:41c'est quoi ?
28:42Ça peut être quoi ?
28:43Madame, c'est pas assez qu'on puge,
28:44qu'on papille un tas de piment,
28:45un verre, ça.
28:46C'est vrai que le usage n'est pas assez...
28:49Assez fort.
28:50Nous, les grandes vacances,
28:51lorsqu'on a laissé grand-mère,
28:52c'était le passage obligatoire.
28:54Surtout quand vous consommez
28:56trop de mangue,
28:57trop de safo,
28:58et vous avez...
28:59Donc, il y a une période
29:00où la grand-mère estime
29:01que vous êtes déjà un peu...
29:03Alors elle vous regarde
29:05en passant par là.
29:07Wow !
29:08Oui.
29:10Wow !
29:11Estelle, vous aussi,
29:12vous faites ça ?
29:13Bien sûr.
29:14Même avec du ndolè.
29:15Hé !
29:16Donc, vous-même,
29:17c'est le grand frère.
29:18Ah, oui, oui.
29:19Piment, ndolè ?
29:20Ah, oui, oui, on mélange.
29:21L'enfant est un fort.
29:23C'est pour ça que j'ai dit
29:24tantôt que l'enfant...
29:25Mes enfants mangent bio.
29:26Je ne complique pas.
29:27Quand l'enfant mange bio,
29:29il est épargné
29:30de certaines maladies bizarres, là.
29:32Les noix, le palme,
29:34les feuilles...
29:36Il est épargné.
29:38Il est épargné
29:39de certaines maladies.
29:40Et quand bien même ça arrive,
29:42je fais recours
29:43aux feuilles de ndolè,
29:45petits piments comme...
29:47Pierre.
29:48Pierre vient de souligner
29:49tout à l'heure.
29:50Et puis ça passe.
29:52D'accord.
29:54Alors, vous, en tant que femme,
29:55comment vous faites ?
29:56Est-ce que vous consultez
29:57le gynécologue ?
29:58Et puis vous avez trois filles.
30:00Vous faites comment ?
30:02Avec les petits moyens
30:03que vous avez.
30:04Avec mes petits moyens,
30:06je fais des trucs naturels.
30:08À la maison, vous-même ?
30:09À la maison.
30:10Donc vous n'allez pas voir
30:11le gynécologue
30:12parce que vous n'avez pas
30:13ces moyens ?
30:14Non, non, non, pas du tout.
30:15Je fais mes petites décoctions.
30:16Je fais mes bonds de vapeur.
30:17Je fais, je fais.
30:18Et ça passe.
30:19Ça m'évite...
30:21Les dépenses.
30:22Oui, les dépenses.
30:23D'accord.
30:24Voilà quelques astuces
30:25que nous donnent
30:26nos invités aujourd'hui
30:27pour gérer les petits moyens,
30:29les petits revenus.
30:31Alors, bonsoir,
30:32très cher public,
30:33charmant public.
30:34Vous, comment vous faites
30:35chez vous
30:36pour gérer
30:37les petits revenus ?
30:38C'est sûr qu'ici,
30:39on a des étudiants,
30:40on a des pères de famille,
30:41on a plein de gens.
30:42C'est bizarre.
30:43Généralement,
30:44j'ai plus de femmes.
30:45De plus en plus,
30:46les hommes sont plus nombreux
30:47ici.
30:48C'est bien.
30:49Bonsoir.
30:50Bonsoir.
30:51Je voulais déjà
30:52féliciter
30:53notre sœur
30:54parce que
30:55la situation
30:56dans laquelle
30:57elle se retrouve
30:58pour gérer les enfants,
30:59ce n'est pas facile
31:00de nos jours.
31:01Quand elle a dit
31:02qu'elle a un ratio
31:03de 3 000
31:04et qu'elle a réussi
31:05à s'en sortir,
31:06je suis stupéfait
31:07et je suis vraiment
31:08très ému de l'entendre.
31:09Je ne vous coupe pas
31:10juste pour ne pas
31:11que j'oublie.
31:12Les hommes
31:13qui nous regardent
31:14n'allez pas dire
31:15à vos femmes que
31:16vous avez vu
31:17la femme à la télé,
31:18elle a dit que 3 000,
31:19c'est bon
31:20pour 5 ou 4 personnes.
31:21S'il vous plaît.
31:22Elle n'a pas dit
31:23que c'est bon,
31:24elle a dit
31:25que c'est difficile
31:26pour elle.
31:27Donc,
31:28ne réduisez pas.
31:29Si vous avez donné
31:303 000 à Madame,
31:31ne vous dites pas
31:32que c'est trop bien.
31:33C'est ça, non, Estelle ?
31:34Vous confirmez
31:35que c'est parce
31:36que vous n'avez pas
31:37assez de moyens
31:38que vous vous débrouillez
31:39de cette manière.
31:40Parce qu'il ne faut pas
31:41que quelqu'un
31:42qui donnait déjà 5 000
31:43aille couper 2 000
31:44pour dire que
31:45comment je vois
31:46la femme,
31:47elle peut gérer
31:484 personnes avec 3 000,
31:49donc je vais réduire 2 000.
31:50Non.
31:51Je voudrais de ce fait
31:52ajouter un peu
31:53de brésil dans la pipe
31:54en disant que
31:55pour ceux qui ont
31:56les possibilités
31:57d'être à côté
31:58du marché du fondue,
31:59par exemple,
32:01au Lesoir,
32:02du moins des marchés.
32:03Dans Vombi.
32:04Dans Vombi, oui.
32:05Il y a des systèmes
32:06que les femmes adoptent,
32:07en l'occurrence,
32:08étant donné qu'on ne peut pas
32:09facilement manger la viande
32:10parce que c'est cher.
32:11Il y a un système
32:12que les femmes adoptent,
32:13elles vont là-haut,
32:14on vend de la viande,
32:15elles prennent,
32:16on découpe,
32:17on peut vendre
32:18pour 500,
32:19pour 1 000 francs.
32:20C'est ta deuxième.
32:21C'est ta deuxième.
32:22Parce qu'on ne peut pas
32:23avoir,
32:24on ne peut pas avoir
32:25de marge
32:26pour la viande.
32:27C'est ta deuxième.
32:28C'est ta deuxième.
32:29On ne peut pas payer
32:30la somme qu'il faut,
32:31la somme officielle.
32:32En ce moment,
32:33elles trouvent leur compte.
32:34Donc pour celles
32:35qui n'ont pas la facilité
32:36de manger la viande
32:37parce que ça coûte
32:383 500 ou 2 500.
32:393 500.
32:40On sent que vous n'êtes
32:41même pas au marché.
32:42Le kilo de viande
32:43coûte 3 500 sans os.
32:44Non, c'est ça.
32:45C'est ce que je suis
32:46en train de dire.
32:47Que comme elles n'ont pas
32:48la possibilité d'acheter
32:49le kilo de viande
32:50à 3 500,
32:51qu'elles partent
32:52dans des marchés
32:53appropriés,
32:54elles verront qu'on vend
32:55le tas de viande
32:56même à 500,
32:57à 1 000 francs.
32:58Ça peut donner du goût
32:59dans le repas.
33:00Il y a également
33:01le marché du fondue.
33:02La banane plantée,
33:03on la vend aussi également
33:04en tas.
33:05Ce n'est pas facile
33:06pour ceux qui sont loin.
33:07Mais c'est vraiment
33:08difficile de l'entendre.
33:093 000.
33:10De nos jours,
33:11c'est vraiment
33:12très, très difficile.
33:13Sans vous le mentir.
33:14Pour quatre personnes.
33:15C'est terrible.
33:16C'est un exploit, Esther.
33:17Moi, je vous admire.
33:18Sincèrement.
33:19C'est terrible.
33:20C'est terrible.
33:21C'est terrible.
33:22C'est terrible.
33:23C'est terrible.
33:24C'est terrible.
33:25C'est terrible.
33:26C'est terrible.
33:27C'est terrible.
33:28C'est terrible.
33:29Elle n'a pas de chants
33:30et autres.
33:31Mais pour mes frères
33:32Jean-Pierre et Pierre,
33:33Jean-Paul et Pierre,
33:34ils ont de la chance
33:35qu'ils ont
33:36de très bonnes intendantes
33:37parce qu'il faut
33:38leur reconnaître.
33:39Quand on tombe
33:40sur une bonne intendante,
33:41ça allège la tâche.
33:42Donc,
33:43vous êtes chanceux.
33:44Je vous en félicite.
33:45J'aimerais être
33:46comme vous.
33:47Pourquoi pas
33:48ce jour ?
33:49Ce n'est pas pareil ?
33:50Bon,
33:51chez moi,
33:52quand elle était
33:53à l'école,
33:54elle était
33:55aussi
33:56une très bonne intendante.
33:57Très bonne intendante.
33:58Je souhaite
33:59à tout homme
34:00d'avoir
34:01de bonnes intendantes.
34:02Mais si on a
34:03les panthères,
34:04ça devient
34:05insérieux.
34:06Ça devient
34:07très difficile.
34:08C'est quoi les panthères ?
34:09Les panthères sont
34:10celles-là
34:11qui pensent
34:12d'abord
34:13à elles-mêmes.
34:14Ce n'est pas
34:15elles-mêmes
34:16qui le vendent
34:17parce que
34:18si elles le vendent,
34:19ça passerait encore.
34:20Il faut avoir
34:21la coiffure.
34:22Il faut avoir
34:23un lait
34:24à couvrir
34:25une semaine au moins.
34:26Pour même avoir
34:27ses 15 000,
34:28il y a des familles
34:29qui n'en trouvent pas.
34:30Ça me rappelle
34:31un grand-père
34:32qui disait
34:33à ses voisins
34:34que tu as déjà
34:35fait combien
34:36d'années
34:37sans manger la viande
34:38si tu ne peux pas
34:39manger au deuil ?
34:40Ça veut dire
34:41qu'il y a des familles
34:42qui peuvent faire
34:43un an sans manger la viande.
34:44Oui !
34:45Pour se moquer,
34:46ils disent
34:47que tu es pauvre.
34:48Tu as déjà fait
34:49combien d'années
34:50sans manger la viande
34:51si tu ne peux pas
34:52manger au deuil ?
34:53Quelqu'un d'autre ?
34:54Oui.
34:55Dites-nous.
34:56Aussitôt,
34:57c'est quand vous sortez
34:58par exemple
34:59du carcan familial,
35:00de la maison parentale
35:01du noyau.
35:02C'est-à-dire
35:03qu'on vous envoie
35:04chez un oncle
35:05qui n'a pas
35:06assez de moyens
35:07mais qui lui aussi
35:08vous dit
35:09qu'on n'est plus
35:10pas pour manger
35:11mais on mange
35:12pour vivre.
35:13Et là,
35:14du coup,
35:15il fallait passer
35:16à l'opération mort-subite.
35:17C'est-à-dire
35:18quand tu vas taper ton repas
35:19peut-être à midi
35:20ou le soir.
35:21Non, midi,
35:22c'est trop tôt.
35:23Non, non,
35:24attendez un peu.
35:25Il y avait
35:26des cas de figure.
35:27Ce n'était pas standard.
35:28Ce n'était pas standard.
35:29La cuisine commençait
35:30à 17h.
35:31Par exemple,
35:32le jour de classe,
35:33quand vous rentrez,
35:3417h,
35:35vous devez d'abord
35:36puser de l'eau
35:37et c'est là
35:38qu'on vous demande
35:39d'aller chercher
35:40le manioc au champ
35:41ou bien c'est là
35:42qu'on commence
35:43à réfléchir
35:44pour aller au marché
35:45et il faut commencer
35:46déjà à réfléchir
35:47sur l'heure qu'on sort.
35:48Mais nous,
35:49on avait une stratégie
35:50très simple à l'époque.
35:51Quand j'étais dans
35:52les zones rurales,
35:53on avait la stratégie,
35:54c'était souvent
35:55le manioc cru
35:56avec les palmistes
35:57qu'on cassait.
35:58Vous mangez
35:59le manioc cru ?
36:00Ben oui,
36:01avec les palmistes.
36:02Ceux qui ont connu
36:03peuvent en témoigner.
36:04Nous sommes passés par là
36:05et nous,
36:06dans les zones rurales,
36:07on s'en sortait un peu
36:08et il y avait
36:09encore un autre système,
36:10c'était l'eau souveur.
36:11Le tapioca ?
36:12Bien évidemment.
36:13C'était l'eau souveur
36:14et quand vous l'aviez
36:15entre les mains,
36:16c'était…
36:17De l'or ?
36:18Bien évidemment.
36:19Comme du caviar ?
36:21Et on avait
36:22ce petit système.
36:23Lorsqu'on mangeait
36:24ce tapioca,
36:25si vous avez la grâce
36:26d'avoir un peu
36:27de morceaux de viande
36:28à l'intérieur…
36:29La viande ?
36:30La viande,
36:31c'est un langage.
36:32On avait parfois
36:33soit la pâte
36:34de la suive…
36:35Ah, la viande,
36:36là, c'est les arachides !
36:37Justement !
36:38Et vous,
36:39c'est la viande ?
36:40Mais c'était notre langage
36:41pour couder
36:42et garder notre plaque.
36:43D'accord.
36:44La viande,
36:45on voit les arachides
36:46mais dans notre tête,
36:47on consommait la viande.
36:48Donc,
36:49la viande,
36:50c'est la viande.
36:51Voilà pourquoi
36:52vous allez voir beaucoup
36:53de ceux-là
36:54qui sont passés par là
36:55aujourd'hui,
36:56ne veulent pas
36:57que leurs enfants
36:58connaissent ce sort-là.
36:59Ce sort-là,
37:00c'était pas facile
37:01mais ça nous a forgé
37:02un caractère.
37:03D'accord.
37:04Vous allez nous parler
37:05de l'état d'esprit
37:06dans lequel on est
37:07quand on vit
37:08avec des petits revenus.
37:09Tout à l'heure.
37:10Vous avez deux secondes
37:11s'il vous plaît,
37:12allez-y.
37:13Oui, donc moi,
37:14je tente de souligner
37:15le fait de l'organisation.
37:16Parce que même
37:17si vous avez
37:18des petits revenus,
37:19ça ne va pas aller.
37:20D'accord.
37:21Or, quelqu'un
37:22qui a très peu de moyens,
37:23s'il est bien organisé,
37:24là tout marche.
37:25Merci beaucoup.
37:26Merci.
37:27Alors, parlez-nous
37:28de votre état d'esprit
37:29dans cette situation
37:30de manque.
37:31On va certainement
37:32d'abord faire venir
37:33le professeur Raymond Bédé
37:34qui est en régie.
37:35Il va nous retrouver
37:36et avec lui,
37:37on va continuer
37:38à parler
37:39de la gestion
37:40des petits revenus
37:41à la maison,
37:42dans le foyer.
37:44Le professeur Raymond Bédé
37:45est sur ce plateau.
37:46Bonsoir, prof.
37:47Bienvenue.
37:48Merci d'être là.
37:49Bonjour, Sidonie.
37:50Toujours content
37:51de me retrouver ici.
37:52Merci beaucoup.
37:53Alors, vous étiez en régie,
37:54vous avez suivi
37:55moins d'un an
37:56et maintenant,
37:57vous êtes en régie.
37:58C'est ça ?
37:59Oui, c'est ça.
38:00Vous êtes en régie.
38:01C'est ça ?
38:02Oui, c'est ça.
38:03C'est ça ?
38:04Oui, c'est ça.
38:05C'est ça ?
38:06Oui, c'est ça.
38:07C'est ça ?
38:08Oui, c'est ça.
38:09C'est ça ?
38:10Oui, c'est ça.
38:11C'est ça ?
38:12C'est ça ?
38:13Oui, c'est ça.
38:14C'est ça ?
38:15Oui, c'est ça.
38:16C'est ça ?
38:17Oui, c'est ça.
38:18Bien sûr.
38:19Je suis en régie,
38:20vous avez suivi,
38:21moi j'ai entendu des choses ici
38:22qui...
38:23Enfin, je suis un peu...
38:24Je veux dire, quoi...
38:25Stomaquer ?
38:26Pas forcément,
38:27parce que...
38:28Par exemple,
38:29purger quelqu'un
38:30avec du piment,
38:31du nolet,
38:32tout ça,
38:33c'est chaud quand même,
38:34hein,
38:35mais ils s'en sortent
38:36et je trouve que c'est bien,
38:37peut-être que je vais essayer.
38:38Enfin,
38:39c'est pour les adultes aussi ?
38:40Ah oui,
38:41attentivement. Une des premières choses à observer c'est que vraiment c'est des
38:50familles courageuses. Très. Courageuses. Et courageuses dans une ville comme celle
38:57de Yaoundé. C'est pas le village. Peut-être avec le village, 50 000, 3 000. Tout s'achète ici.
39:04Tout s'achète. Même le bonjour. Donc c'est d'abord le courage. Ensuite les piches nettes,
39:12mentalement, c'est désolidariser l'environnement qui provoque avec la publicité, avec l'opulence.
39:22Il faut se désolidariser avec cette opulence pour pouvoir vivre avec ce dont on dispose. Ce
39:31n'est pas facile. Deuxièmement, troisièmement, deuxièmement, il manque quand même des choses
39:38qui n'ont pas été soulignées. Il y a ce qu'on appelle les dépenses incontournables. Ils habitent
39:45où, le logement ? Avec ? C'est ça. Qu'est-ce qui est prévu pour le logement ? C'est une dépense
39:52incontournable. La sonnelle, les néos comme on dit maintenant, dépenses incontournables. La camo
40:03à terre, dépenses incontournables. Ça rentre dans quelle rubrique ? Donc il y a des choses là,
40:11peut-être que... Au cours de l'émission, ils vont certainement vous dire. Ils vont vous dire comment ça se passe.
40:18Estelle, ça se passe comment ? Vous vivez dans une maison en famille, vous ne payez pas, vous payez le loyer,
40:25ça se passe comment ? Je paye le loyer, je paye le loyer. Comme le monsieur l'a dit, on ne peut pas contourner le
40:31payer l'allocation. Parce qu'à la fin du mois, c'est d'abord la première chose que...
40:40Votre maison, c'est quoi sa superficie ? Vous louez quel genre de maison ? Un studio, deux pièces. Un studio,
40:52donc chambre et... Oui, chambre et salon. Il n'y a pas de cuisine ? Il n'y a pas de cuisine. Et vous faites la cuisine où ?
41:00A l'intérieur justement. D'où ? De la chambre ou du salon ? Du salon, oui. J'ai aménagé un petit coin où je fais la cuisine.
41:08D'accord. Et la douche, vous prenez la douche où ? A l'extérieur. C'est une douche commune ? Oui, commune.
41:15D'accord. Et les WC ? C'est commune, c'est un camp, c'est commune. Vous voyez, cette donnée, ça crée d'autres problèmes qui sont
41:26extrêmement importants. La vie personnelle intime devient publique dans ces conditions. Est-ce qu'on
41:35peut être content de vivre dans ces conditions-là ? Il faut quand même qu'il y ait des ambitions. Je n'ai pas
41:41entendu des ambitions. On n'est pas à la fin de l'émission. Non, non, non. Moi, je suis psychologue. D'accord. Et je dois
41:48aborder ces problèmes. L'ambition d'une sortie de ce ghetto un peu récent. Oui, c'est vrai, je n'ai pas...
41:57Mais qu'est-ce que je fais ? D'autre part, les dames, habituellement, ont des petites comptines. Je n'ai pas
42:03entendu parler de ça, des petits commerces pour arrondir, pour... Le monsieur fait autre chose, parce que ça me
42:12paraît extrêmement réduit. Et maintenant, la qualité de la vie, sur le plan psychologique, les enfants de ce monde
42:22sont extrêmement vigilants par rapport à ce qui se passe autour d'eux, à l'école, en route. Est-ce qu'il n'y a pas des fêtes ?
42:30Les fêtes, Noël va arriver, Pâques, les fêtes familiales, les deux... Tout ça, on dirait que c'est mis
42:40entre parenthèses. On s'occupe seulement de la nourriture. Mais la nourriture ne suffit pas pour qu'on soit bien. Il faut
42:47aussi soigner cet environnement-là. J'aimerais donc savoir, personnellement, comme psychologue, il est nécessaire, tout en
42:55étant dans une situation, d'essayer de s'en sortir. S'en sortir... Je suis dans cette situation, je souffre, parce que, malgré
43:04tout, j'ai beaucoup d'améliorations pour la dame. Il y a trois enfants dont les pères ont... Les pères ou les pères ?
43:13Les pères. Ils abandonnaient. Vous les appelez souvent ? Oui, mais personne ne réagit. Et ils ne savent pas que ce sont
43:23leurs enfants ? Ils ne savent même pas si elles respirent, si elles sont mortes ou vivantes. Mais ils sont au courant quand même
43:30qu'elles existent ? Oui. Alors, vous me donnez des situations, est-ce que ça ne t'arrôte pas dans l'esprit ? Et puis, maintenant,
43:37elle est obligée de revenir à l'une d'Arachide. Il faut être très solide pour dire que je mets entre
43:46parenthèses mon petit, vraiment nécessaire pour que je sois quand même à l'aise. Quand je suis avec
43:52d'autres personnes, je veux sentir l'une des palmes, l'une de l'Arachide, les relations avec les autres. Je ne dis pas que...
44:01Mais les autres sont là pour écouter, pour sentir, pour... Et ils sentent quoi ? Les odeurs. Il n'y a pas de complexe ?
44:12Elles ne sentent pas du tout l'huile ? Non, non, non. Je ne dis pas à votre niveau. Nous sommes dans un environnement. Vous ne vivez pas seul. C'est ça.
44:18On ne vit pas seul. Alors, prof, justement, avant votre arrivée sur ce plateau, vous étiez en train de vous préparer et
44:26je leur demandais quel est l'état d'esprit dans lequel ils sont quand ils vivent dans des situations
44:32plus ou moins compliquées. Estelle, on va certainement commencer par vous. C'est là que je vais parler un peu d'ambition.
44:38Quel est l'état d'esprit quand vous faites ça ? Est-ce que quelque part, ça ne vous fait pas mal ?
44:43J'ai mal, mais je n'y peux rien. Ça fait mal, mais je n'y peux rien. Que faites-vous pour peut-être améliorer
44:53votre condition ? Vous avez des ambitions ? Justement, j'ai des ambitions. J'ai des petites réunions où j'épargne
45:02pour pouvoir sortir de là, pour pouvoir avoir un petit fonds de commerce. Même comme ce n'est pas
45:10facile du tout. Tu t'épargnes et puis, subitement, un problème arrive, tu pars encore, tu enlèves.
45:17Donc, je suis dans l'éternel recommencement, éternel recommencement. Il y a des femmes qui m'ont confié qu'elles pleurent
45:24souvent seule dans leur chambre. Oui, ça m'arrive. Ça m'arrive, le stress, je pleure. Qu'est-ce que je peux faire ?
45:32Et quand vous pleurez, vous pleurez pourquoi ? J'ai mal. Pourquoi moi, dans cette situation ? Pourquoi vous commandez
45:40moi dans cette situation ? Voilà les dimensions psychologiques de cette affaire. Pourquoi ça vous arrive ?
45:49Évacuez le chagrin, pas les pleurs. Elle a envie de pleurer, d'ailleurs. La résignation. Je ne peux plus rien faire.
45:57Est-ce que vous en voulez à quelqu'un, face à cette situation ? Peut-être aux hommes, aux pères des enfants. J'en veux. A qui ?
46:04Aux pères des enfants. Vous voyez, c'est ça. Non, ne pleurez pas. Je sais que ce n'est pas facile. Je sais que ce n'est pas facile,
46:14surtout quand il y a les rentrées scolaires, j'imagine, n'est-ce pas ? La psychologie, ce n'est pas seulement j'ai besoin de marcher.
46:19Non, non, ne pleurez pas. Ce n'est pas le but. Vous êtes venu parpinger votre expérience, vous n'êtes pas seul dans cette situation.
46:26Et la douleur, on ne peut pas s'en passer. Il y a beaucoup de personnes qui sont dans cette situation. Ce n'est pas possible. D'accord.
46:31Aujourd'hui, c'est important, mais l'avenir est plus important. D'accord.
46:35Mais il y a le fond qui est derrière et qui fait mal. Et ce fond-là est évacué par les pleurs. Elle est dans une autre situation. Ça va aller.
46:44Meilleure que celle qu'elle a à l'heure actuelle. On ne peut pas éluder ces questions-là. C'est contenté de dire que 3 000 francs, ça me suffit.
46:52Non, on ne peut pas éluder. Comment je peux m'en sortir ? Ça va aller. Beaucoup de femmes sont dans cette situation.
46:59Si au moins, ça peut faire prendre conscience aux hommes, surtout qu'ils les laissent avec des charges. Parce que si elle est seule, c'est une autre chose. Vrai ou faux ?
47:08C'est vrai.
47:09Si elle est seule, ça va. Mais elle a trois enfants. Avec trois pères ou deux pères ? Trois pères. Non, mais quand même.
47:17C'est donné.
47:19Il faut une loi pour ça.
47:20Toi qui voulais la psychologie, voilà la psychologie. Il ne faut pas se contenter de 3 000 francs. Je vais marcher, on va manger, on va... Mais quel est le fond, l'arrière fond, la conscience psychologique qui est derrière ?
47:31Donc c'est des parents en fait qui souffrent au fond de...
47:32C'est des parents en difficulté psychologique. Et ça va se répercuter sur les enfants. N'importe comment. Ils sont dans la précarité.
47:41Est-ce que Pierre, vous êtes également dans cet état d'esprit ?
47:45Oui. Déjà, moi, en grandissant, mon père me disait toujours...
47:51Vous allez me faire pleurer, sincèrement.
47:53En grandissant, mon père me disait toujours, un homme, ça ne baisse pas la garde. Donc, moi, psychologiquement, je suis préparé.
48:00Et madame ? Et les enfants ?
48:01Non, avec madame, j'essaie de la galvaniser. Donc je lui donne de l'espoir. Et c'est cet espoir qui la fait vivre.
48:13Qu'est-ce que vous lui dites pour la remonter ?
48:15Je lui dis que, bon, c'est cette étape. Il va falloir l'autre étape pour finir ceci, cela. Donc j'essaie un peu d'établir tout un programme.
48:23Je lui dis, voilà, tel problème que nous avons, il faut d'abord qu'on résolve ça. Et puis l'autre, ainsi de suite, voilà comment on va sortir de là pour ensuite engager comme ceci.
48:32Et puis j'essaie de faire ça pour que ça se réalise. Et puis elle voit vraiment qu'il y a l'avancée. Ça lui donne de l'espoir.
48:39Alors, quand on vit une situation pareille, qu'est-ce qui est fatal pour nous ? Qu'est-ce qui vient vraiment tout mettre à terre ?
48:46Qu'est-ce qui pourrait anéantir effectivement vos efforts ?
48:50Bon, c'est la déception du partenaire.
48:54La trahison ?
48:54La trahison. C'est quand le partenaire te déçoit, quand le partenaire te trahit, c'est ça qui t'affaiblit.
49:00D'accord.
49:01Alors, si le partenaire est de... Je peux dire quoi ? Si le partenaire te soutient, si le partenaire est d'accord avec toi...
49:07En fait, si vous regardez vers la même direction...
49:09Vers la même direction, oui. Ça donne la force, ça donne la force à l'homme.
49:12Et si la femme est atteinte psychologiquement, c'est à l'homme de relever psychologiquement la femme.
49:20Mais si la femme persiste dans cet esprit-là, ça peut aussi affaiblir l'homme.
49:27D'accord.
49:28Alors, il faut un soutien psychologique mutuel.
49:31Estelle, c'est quoi votre projet d'avenir pour sortir de cette situation ?
49:43Parce que vous avez dit que vous vous épargnez, mais souvent il y a des situations qui arrivent et qui reprennent votre épargne.
49:49Et vous repartez à zéro.
49:50Oui.
49:51Alors, comment vous envisagez l'avenir ? Les enfants vont à l'école normalement ?
49:56Vu qu'avant, j'avais un restaurant, mais avec les gens de la mairie et tout, on a eu à casser.
50:05C'est ça qui m'a un peu fait anéantie.
50:08D'accord.
50:09Donc, c'est un peu ça.
50:10Bon, la mairie n'a pas cassé pour rien. C'est sûr que c'était un mauvais endroit.
50:14Justement, c'était un mauvais endroit.
50:16Et vous, allez là où ça lui est propre et tout ça.
50:19Et comme ça, vous allez garantir l'avenir.
50:21Parce qu'il ne faut pas non plus trop rafistoler. Ce n'est pas évident.
50:26Et surtout, c'est donner un bac qui apprend toutes ces choses-là.
50:30La salubrité du milieu, parce que je connaissais le baccalauréat.
50:34C'est vraiment la pauvreté.
50:36C'est bien faire la cuisine avec les ingrédients qu'il faut.
50:40Et surtout la nutrition, qu'est-ce qu'il faut pour les enfants ?
50:43Tout ça rentre dans ce baccalauréat.
50:44C'est ça.
50:46Merci beaucoup, Estelle.
50:48Je crois un avenir brillant et meilleur pour vous et pour vos enfants.
50:56Ce n'est pas comment on commence sa vie qui est important,
50:59mais c'est comment on la termine.
51:01Donc, tant qu'on est vivant, on peut effectivement améliorer chaque jour
51:05notre condition de vie, mais ça dépend de nous.
51:08D'abord.
51:10Donc, aujourd'hui, effectivement, on a ces invités professeurs
51:14qui nous ont ouvert leur intimité.
51:15Vous avez vu, Estelle a pleuré parce que ce n'est pas facile.
51:20Mais je pense que c'est vous qui le dites souvent,
51:23la première thérapie, c'est de s'ouvrir.
51:26Donc, je pense que peut-être un tout petit poids, pas un grand,
51:29un tout petit poids est peut-être partie de son esprit.
51:32Maintenant, on va essayer de voir comment peut-être l'aider, pourquoi pas.
51:37Voilà. Les âmes de bonne volonté.
51:39Oui, qui peuvent effectivement soutenir.
51:41Les personnes à aider.
51:42C'est ça, exactement.
51:43C'est des personnes à soutenir.
51:46Jean-Paul, vous êtes un homme.
51:48Vous allez continuer à vous battre.
51:49Vous n'avez pas besoin d'aide, n'est-ce pas ?
51:51Pas que je n'ai pas besoin d'aide.
51:52Je ne me souviens pas du sérieux de ma...
51:55Heureux !
51:55...être pétancieux.
51:56Je ne suis pas tout au contraire.
51:59Mais vous envisagez l'avenir.
52:00Comment pour améliorer les conditions de vie ?
52:02Bon, déjà, mon premier point à moi, c'est que je suis un gars, un bon battant.
52:08Et comme je l'ai dit, sans publicité,
52:10je suis accompagné par quelqu'un qui me soutient.
52:12Votre compagne, votre femme.
52:14D'abord psychologiquement, parce que comme le professeur disait tout à l'heure,
52:18quand on regarde un peu son cadre de vie,
52:20on a envie, tout le monde a envie d'avoir un bien-être.
52:23C'est-à-dire un environnement où il se sent bien.
52:26Voilà.
52:27Et c'est généralement la chose la plus difficile quand on n'a pas un revenu assez...
52:31Des moyens, pouvoir se loger décemment.
52:33Pour cela, il faut que chacun trouve des petites stratégies,
52:35des petites pichenettes, des moyens pour aller et faire un peu d'épargne
52:40pour pouvoir prétendre à quelque chose de meilleur.
52:44D'accord. Et vous, Pierre ?
52:45L'avenir, vous l'envisagez comment ? C'est quoi le projet ?
52:48L'avenir, déjà, je compte déjà améliorer.
52:55C'est quand je vois l'amélioration que j'ai le goût de l'avenir.
52:59Mais améliorer comment ? C'est de ça qu'on parle.
53:01Bon, comme je vous ai dit, j'ai tout un programme.
53:03Oh, mais vous n'allez pas dévoiler ici.
53:05J'ai tout un programme, donc j'ai des choses d'abord que je dois résoudre au fur et à mesure.
53:10D'accord.
53:10Bon, par exemple, je peux dire si je suis ici, j'ai tout un programme,
53:14je sais que voilà ce qui m'empêche d'aller là, voilà ce qui m'empêche d'aller là,
53:16il faut d'abord résoudre ci, après là, et là, pour en arriver là.
53:20C'est un peu comme ça.
53:21Merci.
53:23Merci beaucoup.
53:24Donc, merci à nos très chers invités, Estelle, Jean-Paul, Pierre.
53:29Merci à notre très cher public.
53:31Merci au professeur Raymond Bédé et à vous, nos amours de téléspectateurs.
53:36Merci beaucoup pour votre fidélité, pour votre soutien.
53:40Désolée vraiment pour un geste, un mot qui vous a peut-être heurté.
53:44Merci de rester fidèles, et nous prions Dieu, parce qu'on se retrouve certainement pour une autre édition,
53:50mais d'ici à ce qu'on se retrouve, prions Dieu de venir,
53:52et alors, très abandonnant, notre très chère invité.
53:55Au revoir.