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  • 31/05/2025

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Transcription
00:00Bienvenue dans Ponctuation sur la CRTV, le magazine consacré aux livres.
00:21Des mots pour briser la chaîne de la haine, c'est bien possible.
00:26Se convainc un certain nombre de poètes qui se sont réunis à l'initiative d'Éric Théophile Tchonke pour publier ensemble pour un Cameroun uni indivisible des mots qui sont des armes miraculeuses.
00:44Pour faire chorus avec Aimé Césaire qui pensait que la poésie est capable justement d'accéder un revers à cet univers qui va à la dérive.
00:56Cet ouvrage nous en parle, nous l'ouvrons tout de suite.
01:00Éric Théophile Tchonke, bienvenue dans Ponctuation.
01:03Merci, bonjour, grâce à vous.
01:06Je précise que vous êtes éditeur, patron des éditions du Midi.
01:12Il n'est pas midi, hein, dans l'espace moral éthique du Cameroun, c'est plutôt le soir.
01:21Et vous voulez que Midi revienne, qu'on règle l'horloge au Midi des bonnes valeurs à travers ce projet.
01:27D'abord, c'est quoi le déclic ?
01:31Bien évidemment, toute écriture a toujours un déclic.
01:36Vous constatez comme moi que dans les réseaux sociaux, dans les taxis, un peu partout dans la rue, dans les quartiers, sur les plateaux de télévision et de radio,
01:47on vit de plus en plus des propos haineux.
01:51Et une émergence de tribalisme dans le comportement des uns et des autres.
01:59Et j'ai trouvé opportunité de réunir quelques poètes pour qu'on puisse apporter aussi notre petite contribution à l'éradication de ces fleurs.
02:08Alors, est-ce que c'est si grave que ça ?
02:09Ou est-ce qu'on n'amplifie pas trop en constatant qu'il y a les discours de haine ?
02:14Puisqu'on va au marché, on va dans les taxis, on ne voit pas les bagarres pour ça.
02:17Est-ce que la Côte d'Alerte est atteinte ?
02:20Parlant de Côte d'Alerte, je dis qu'elle est très profonde, c'est pour cette raison que même le gouvernement,
02:29à travers le ministère de l'administration territoriale, et à travers même des institutions comme Antique,
02:37ils sont en train de mettre vraiment des solutions en branle pour pouvoir résoudre ce problème.
02:43parce que nous devons nous sentir chez nous, partout, à tout temps, en tout lieu.
02:49Alors, le préfacier, Pauline Ongonon, souligne quand même quelques séquences vécues, je crois, en 2020,
02:59sur les réseaux sociaux, on parlait, on a vu surgir les notions de sardinard, tontinard,
03:05et les gens s'invectivaient, tout à plaisir, carrément.
03:12Oui, exactement, c'est pour cela que même dans l'un de mes poèmes titrés,
03:16les astuces contre la haine et le tribalisme,
03:21j'appuie en disant que des thèmes tels que, ou quoi, bâmer, anglo, tout ça,
03:26nous devons nous éloigner de tels propos, parce que c'est déjà proche du tribalisme.
03:31Mais ça, ça n'existe plus, ce n'est pas nouveau, on croit, tous les petits mots,
03:37dans tous les pays, il y a ces petits mots, mais quel est le fait qui fait problème ?
03:41C'est vrai que ces mots-là existent depuis, mais c'était utilisé pas dans le sens de tous les jours,
03:48de plus en plus aux yeux.
03:50Vous constatez, lorsque vous vous présentez à quelqu'un,
03:53s'il n'arrive pas à vous demander directement, vous dites, vous êtes doux.
03:55Ça devient très régulier.
03:58Et il y a même la réaction de...
04:00Mais vous pouvez répondre, vous êtes doux, mais je suis doux.
04:04C'est juste que, selon cette expression,
04:07n'est pas dans le sens de vouloir juste connaître votre...
04:11Pouvoir connaître votre genre, pour se positionner par rapport peut-être au débat que vous allez avoir,
04:15par rapport peut-être au service que vous sollicitez, par rapport au CICI,
04:17et ça devient très dangereux dans les familles.
04:21Vous avez constaté, mais la dernière fois qu'il y a un joueur, un lundant qui a tenu un propos,
04:26on a des cités peut-être intimes, qui a rejailli.
04:30Mais est-ce que c'est pas les réseaux sociaux, effectivement, qui posent problème ?
04:33Est-ce que c'est pas le fait que cet espace où tout le monde s'exprime et met tous les ressentis ?
04:40Parce que lui, il s'est exprimé comme les gens le font partout dans les maisons,
04:45ça se passe partout dans le monde comme ça.
04:46Ça, c'est clair.
04:47Mais une fois que c'est mis sur les réseaux sociaux, ça prend une autre ampleur.
04:51Oui, mais au-delà du réseau social, même si c'était lors d'une interview que vous, Serge Fout,
04:57vous avez accordé, il tient un propos comme celui-là, et avec sa qualité de lieu indontable,
05:04un lieu indontable, ça veut dire que c'est un savoir, il est du littoral, il représente la nation.
05:10Donc c'est un modèle pour toute la nation entière, parce que celui qui est de l'Ouest aimerait être comme ce joueur,
05:16souhaiterait que ce joueur donne le meilleur de lui-même pour un Cameroun victorien.
05:19Et qui ne doit pas faire montre de réplique d'identité.
05:22Exactement.
05:23On va voir ce que disent les poèmes qui constituent le cœur battant de cet ouvrage.
05:29On commence déjà par l'un de vos poèmes que vous nous proposez.
05:33Astuce contre la haine et le tribalisme.
05:37Pour lutter contre le tribalisme, il faut ignorer les insultes, car elle déclenche la colère et l'indignation,
05:45car elle entretient le rejet de l'eau, ignorer l'invectif et l'âme pour détruire les promoteurs de la haine.
05:51Pour lutter contre la haine, il faut maîtriser ses émotions, en étant maître de ses pensées,
05:57en sachant que la vérité n'est pas relative, et en s'interrogeant sur les méfaits de la violence.
06:04Pour lutter contre le tribalisme, il faut chercher à connaître l'autre,
06:07il faut accepter la contradiction en s'éloignant des affirmations gratuites,
06:12en évitant les généralisations actives.
06:15Pour lutter contre la haine, il faut rester logique et critique.
06:19Il faut éviter les stéréotypes, dans notre langage, en partageant responsable sur les réseaux sociaux,
06:26en évitant d'être amplificateur de la haine.
06:29Voilà. Par exemple, on peut s'arrêter à ce niveau-là.
06:33C'est des astuces, mais on vous dira, mais ça on le savait déjà,
06:36puisqu'il y a des épisodes de calme.
06:40Question, j'ai envie de savoir, est-ce que ce n'est pas la compétition politique
06:44qui est le terreau qui permet l'aggravation ou la montée de ces ismes-là,
06:53notamment du tribalisme ?
06:55Ne pas dire, partenariat, c'est pas bien avec vous, c'est...
06:58Moi, je pose une question, c'est pour mon avis.
06:59C'est une question, mais je crois que c'est un des éléments.
07:02Un des éléments, je crois que l'un des plus grands éléments depuis quelques années,
07:06avec ces partis politiques qui sont en concurrence,
07:11et peut-être parce qu'il faut porter le héros,
07:16il faut tout faire pour détruire l'autre, pour dire qu'il n'est pas de notre région,
07:21pour vraiment...
07:22Même dans les réseaux, ça devient vraiment comme une compétition entre...
07:25On porte le héros et on fait les autres des héros.
07:28Des héros.
07:28Voilà. Mais quand même, si vous prenez l'exemple du Rwanda,
07:35avec la résolution du problème tribaliste qui a conduit au génocide,
07:41l'éducation a quand même un rôle à jouer, non ?
07:43Un très grand rôle.
07:45Voilà.
07:45Un très grand rôle.
07:46Avant les partis politiques, alors on va voir une éducatrice, enseignante,
07:51qui est critique d'art, José Méli.
07:53Vous l'invitez à ce banquet du verbe des mots.
07:59Elle est à la table avec justement ces mots, José Méli.
08:03José se mêle de ça, hein ?
08:05On va peut-être vous permettre de lire le feu de l'unité,
08:09puisqu'elle est poète aussi, hein ?
08:11Elle est poète.
08:11José Méli, en page 45.
08:14Des nuages sombres obtus dans le ciel de ma terre s'amoncèdent.
08:19Horizon fractionné par la haine, firmament strié de flèche de la violence.
08:24Des morts immondes, des vaccins à foison, les flots infâmes, d'inconscience, intolérance.
08:31Héros perfides aux iniques desseins, attissant au grain des clans, des pics d'extension.
08:37Sémence putressante, certies d'insidieuses facéties, graines de repris identitaires, arrosées de coupes de violence.
08:46Sur les centres d'antiques querelles, chevauchées chimériques, des paradis illusoires du schisme.
08:52Pour des mercantilistes partitions, mais le Ngoqulitouba à la Damaoua, du cœur du Nuno-Rive de la Sanaga,
09:00des steffes et des savannes, des forêts et des plaines, de toutes les tribus de la patrie,
09:06et chemines en liesse, au son d'une vête et du didelman, des tambours et des tam-tam.
09:11Oui.
09:12Les mots raison, livrombistes, d'ailleurs, les mots de José Méli.
09:18Est-ce que le verbe peut aider à guérir ça ?
09:22Je parlais à l'introduction des armes miraculeuses, c'était la conviction des Messésère.
09:27Ces armes miraculeuses, le verbe peut-il aider à guérir les cœurs ?
09:33D'où jaillissent, justement, ces éléments de haine.
09:38Oui, comme vous l'avez si bien dit dans vos premiers propos,
09:41la poésie est l'une des armes pour dénoncer, ou bien pour apporter, pour valoriser une situation donnée.
09:51Et vous voyez, dans son poème, elle fait éloge de la diversité du pays,
09:57et elle pense que nous devons être contents de cette diversité qui fait la fierté du Cameroun.
10:05Et à travers les verbes, on peut toucher le cœur de chacun d'entre nous.
10:10Et je crois que c'est cette tribune-là que nous avons utilisée pour...
10:13Ok, il y a un deuxième poème d'elle,
10:15« Au pied de l'arbre à palabre, les arbres et les collines en liesse célèbrent le cocktail de la diversité
10:21dans les sylves éternelles de notre patrimoine irisé,
10:26sur les chemins de la sérénité où s'éclipsent les voraces manœuvres de la zizanie et du schisme,
10:34débusquées par leurs délicieuses plaidoiries.
10:37Au pied de la fraternité retrouvées, les dignes-fils de mon pays déversent le nectar de l'unité
10:44en libation sur le tel de la paix, dans les flots de la tolérance,
10:49charriant le fiel de la haine, des rancœurs exorcisées.
10:53Les suspicions cruelles faisant voler l'édifice et un éclat,
10:58s'évanouissant au pied de l'arbre à palabre, source du pardon,
11:02coulée de réconciliation, bâtie sur la mémoire des véritables fondateurs de notre patrie continent,
11:10prestigieuse par sa diversité.
11:14José Méli, qui est poète, qui est enseignante,
11:18qui joue d'ailleurs le rôle d'inspecteur des langues,
11:23elle est éducatrice.
11:25L'éducation, c'est aussi M. Guillaume Nana, que vous avez fait venir.
11:29Guillaume Nana aussi est une référence, et vous parliez de l'éducation tout à l'heure.
11:35Il a un livre qui a été au programme camerounais pendant plusieurs années,
11:40et même dans les universités, je me rappelle que je suis rentré à la maison une fois,
11:45ma fille m'a donné le suivi d'un livre, et il a dit que c'est de Guillaume Nana.
11:49Je l'ai appelé immédiatement, et je comprends que c'est quelqu'un.
11:51Même dans les universités, les enseignants, les professeurs utilisent ces œuvres pour encadrer les enfants.
12:00Donc, moi, je pensais qu'il était important d'avoir des gens aussi de telles costumes.
12:07La ronde des poètes, pas ce qui existe comme association,
12:11mais cette ronde des mots à travers ce recueil de poèmes,
12:16questionne demain.
12:17C'est-à-dire, aujourd'hui pour demain, il faut pouvoir bâtir demain.
12:21Et là, il nous propose un premier poème, « Et demain ? »
12:24« Et demain ? »
12:25Il me manque de mots pour dire le chemin de croix d'un peuple qui, sur nos yeux, se fissurent.
12:32Un quotidien de repli sur soi qui pousse désormais à mener une existence de vat en guerre
12:37que notre silence amplifie.
12:40Silence des cœurs au cœur de nos vies.
12:42Notre pays, petit à petit, se déconstruit.
12:45Devant le cynisme verbeux, des êtres sans cœur, des politiciens et des intellectuels
12:53qui prennent la société en otage.
12:56Alors, on s'arrête un peu sur ça.
12:57Deux mots.
12:58Politiciens et intellectuels.
13:01Il y a une péjoration dans cette expression ?
13:03Oui, dans sa réaction, ça veut dire qu'il touche tout ce qu'on a dit tout à l'heure, les partis politiques.
13:13Oui, mais là, il les moque pas seulement les partis politiques, parce que les politiciens, oui.
13:17Mais il y a des politiciens qui n'ont peut-être pas de partis.
13:19Les intellectuels.
13:20Ils sont politiciens.
13:22Dans le chien, on voit ici la symbolique du traître.
13:25Exactement.
13:27Donc, c'est les politiciens au rat des pacurettes, au rat du sol.
13:33Les politiciens sans véritable consistance.
13:37Voilà.
13:38Et des intellectuels.
13:39Intellectuels.
13:41Les intellectuels.
13:42Aussi, c'est des caprices.
13:43Intellectuels, il ne dit pas intellectuels, hein, intellectuels.
13:46Ce sont des intellectuels sans consistance, si je peux aussi prêter le mot que j'avais utilisé tout à l'heure.
13:52Et ils pensent que ces deux-là sont des personnes qui entraînent d'autres.
14:01Oui, parce que, ou qui peuvent penser, on va dire, l'adversité, la haine, c'est des théoriciens de la haine, ici, quand il y a un intellectueur.
14:09On entend souvent des gens défendre des théories qui n'ont rien de républicains.
14:15On entend des politiciens s'engager pour la conquête des voix dans la négation de l'autre.
14:23Voilà.
14:24Donc, c'est un peu ce qu'ils...
14:25Et ils drainent tous ceux qui sont derrière eux, dans cette posture.
14:29Ils poursuivent une fragmentation de notre peuple en groupuscules désormais hostiles.
14:34Et notre pays, pour son grand malheur, hurle, pleure, gesticule, mais se laisse désintégrer en silence.
14:43Je vous posais cette question tout à l'heure.
14:46Est-ce que vos mots ne vont pas plus vite que la musique ?
14:49Non, je pense que même dans nos quartiers, même dans nos écoles, ça devient une gangrène.
14:55Est-ce que la gangrène n'est pas plus à la télé, dans les réseaux sociaux, que dans la vie réelle ?
15:02Je vous donne un exemple.
15:03Nous sommes à Yaoundé, capitale du Cameroun.
15:05Si vous faites le tour des restaurants, la nourriture qui est numéro un au classement des repas les plus mangés à Yaoundé, c'est le héros.
15:16Ça c'est quoi ?
15:17Qui vient du sud-ouest.
15:18Ça c'est quoi ?
15:18Avec le tarot.
15:19Le deuxième plat, le deuxième plat, c'est le hachou.
15:24Le tarot, sauce jaune.
15:27Nord-ouest-ouest.
15:29Dans la capitale Yaoundé.
15:30Est-ce que ça, ce n'est pas le démenti formel qu'en matière de plat, on s'en fout de savoir de quelle tribu ça vient ?
15:39Et que les gens mangent ici, du nord au sud, de l'est à l'ouest, que la langue, elle n'a pas besoin de connaître la tribu.
15:47Je suis d'accord pour ce qui est des mains.
15:50Si vous observez aussi un peu à côté, par exemple, quand les liens d'Ontarpe jouent, vous, après un but, vous voyez comment les gens sortent, ils embrassent les voisins qui ne l'a même pas.
16:00Et tous les Camerounais comptent sur André Ounana.
16:02Ils sont unanimes.
16:04Ou sur Abouchou.
16:05Voilà.
16:06Ils sont unanimes, ils sont solidaires.
16:08Vous les mets, c'est vrai, vous entrez dans un retour, que vous soyez de tête, vous arrivez à manger.
16:12Pourquoi nous ne pouvons pas ?
16:14Maintenant, prenons un autre exemple.
16:16Et ça, si vous lisez l'ouvrage d'Abaka Hamat, Nous sommes presque tous déplacés.
16:22Il parle de ces facteurs de déplacement et vous dit comment les gens se sont retrouvés les uns les autres côte à côte dans ce Cameroun par le fait des nécessités et par les mariages.
16:37En plein cœur, des débats sur les réseaux sociaux, les gens de toutes les tribus se croisent.
16:46Les cœurs vont envoyer balader ces logiques de repli identitaire.
16:52L'amour triomphe.
16:53Est-ce que les mariages ne sont pas le démenti formel de ce que donnent l'entrée des réseaux sociaux ?
17:03C'est là le démenti.
17:06C'est le même cas épousé de l'autre région.
17:14Quand vous l'observez sur les réseaux sociaux, il a une autre casquette.
17:18Mais ça, c'est l'inconscient.
17:18C'est comme si les gens déportent de lui en lieux les différents casquettes.
17:23Et peut-être parce qu'il n'est pas du même parti politique que tel.
17:27C'est vrai que c'est différent.
17:28Et à un moment donné, quand le débat devient houleux, il vous dit, mon épouse, elle est de telle région.
17:33Pour vous démontrer qu'il n'est pas tribaliste.
17:36Tribaliste.
17:37Mais dans les propos que vous le suivez, des fois en compte, il y a des...
17:42Le tribalisme se fait ressentir.
17:45À fleur de mots.
17:46À fleur de mots.
17:46Il y a du tribalisme à fleur de mots.
17:48Qui intervient.
17:50En tout cas, beaucoup de choses peuvent se dire de cette manière.
17:53Mais on vit des étapes qui montrent que le vivant ensemble harmonieux est une construction.
17:59Ouvrons d'autres...
18:00Parce qu'il y a beaucoup d'autres contributions dans votre ouvrage.
18:02Il y a même les jeunes.
18:03Oui.
18:04Il y a des jeunes qui interviennent.
18:05Là, il y a des filles.
18:07La vingtaine à peine sonnées.
18:10Qui sont presque à la sortie ou étudiants déjà.
18:15Est-ce qu'on peut entendre quelques...
18:16On a la douce, la douce, sans soutien.
18:21Page 37.
18:23Trocette.
18:23Trocette.
18:23J'ai grandi ici dans un milieu saugrené où personne ne s'est fait du souci pour l'autre.
18:30J'ai grandi ici dans un milieu saugrené où pour tous, la familiarité n'est point une
18:35divise.
18:36J'ai vécu ici dans un environnement sous-marche où c'est chacun qui régit ses règles selon
18:42ses principes.
18:43J'ai vécu ici dans un environnement sous-marche où le soutien, la solidarité ne s'imbrique
18:49chez personne.
18:51Dans ce milieu où se confondent haine et amour, dans ce milieu où se mêlent hypocrisie
18:55et sincérité, dans ce milieu où s'embrassent loyauté et trahison, dans ce milieu où je
19:01suis né, j'ai appris à vivre avec altruisme.
19:04Oui.
19:05Mais on peut dire que si elle avait vécu l'expérience de New Bell, elle ne dirait même
19:09pas ça.
19:09Nouveau-Gada, New Bell, Nylon, ici ou là, il y a tous ces quartiers où pour aller
19:16chez soi, on passe par le salon ou la cuisine de l'autre.
19:20Et quand il est midi, tous les enfants sont au groupe, là où il y a les senteurs culinaires
19:25et ils mangent le même repas que chaque maman.
19:28Ils chantent ensemble, ils jouent ensemble.
19:30Ils grandissent ensemble et autres.
19:31Mais ce Cameroun, il est là.
19:33Oui, c'est vrai que, comme vous le dites, il y a beaucoup d'éléments qui démontrent
19:38le démentis.
19:40Mais, il est...
19:42Vous alertez.
19:43Vous vous dites, attention à ce nouveau vent-là.
19:46Il faut travailler, il faut faire quelque chose pour vraiment soit arrêter, soit diminuer
19:52cet élan, pour vraiment être harmonieux.
19:55On va lire rapidement un fragment de tout petits enfants.
20:01De tout petits enfants, des rires aux éclats, si agréables à entendre, tels de joyeux
20:07petits éléphants qui, à merveille, s'entendent comme des frères tendres.
20:12Un bonheur incommensurable pour les parents.
20:14Puis, ils grandissent, on dirait de jeunes bourgeons, choisissent chacun leur chemin, tous
20:20les uns différents des autres, et parfois s'éloignent tout doucement, laissant malheureusement
20:25libre cours à la jalousie.
20:27Chacun a la poursuite de son destin.
20:29Certains font preuve de durs labeurs et en sont naturellement récompensés.
20:33Cependant, ce n'est pas le cas de tout le monde.
20:35Ils sont donc en proie à une haine sans fondement.
20:39Alors, elle décrit quelque chose qui est naturel.
20:44Vous vivez quelque part et puis vous grandissez, vous allez ailleurs.
20:49Est-ce qu'on ne peut pas dire que la question de la haine, qui s'entend ou s'impose dans
20:55l'actualité chez nous, c'est aussi la même vibration dans le monde entier ?
21:01On a un conflit actuellement.
21:03C'est vrai, parce que dans le monde entier, la haine de plus en plus est en train de se
21:07développer, mais il y a toujours des centres d'intérêt.
21:10Quand on va prendre le capitaine d'Israël et tout ça, vous voyez, il y a les pro-Israël,
21:14il y a les Antilles, à cause des intérêts qu'ils ont chacun de son côté.
21:19Même ici, dans cette haine, il y a peut-être des centres d'intérêt.
21:23Il y a, par exemple, on a parlé du côté politique, parce que je suis de tel parti,
21:26l'autre, je vais tout le rendre zéro pour tirer plus haut mon héros.
21:30Les centres d'intérêt ne sont pas les mêmes.
21:35Dans d'autres environnements, je crois que nous vivons au Cameroun, pour moi, si nous
21:39pouvons faire tout et tout, pour que cette haine la diminue, afin d'avoir vraiment un
21:43Cameroun unique, indivisé, parce que quand vous regardez même l'entendre du nos
21:47autres, tout ça, ce sont des situations qui ne sont pas très belles à voir, à écouter
21:54chaque jour.
21:55Dernièrement, je crois que le week-end dernier, on parlait de cette saleture qui s'est
21:59passé, ce sont des citoyens camerounais.
22:03Pourquoi tout cela ?
22:04Non, mais bon, vous savez, il peut y avoir des turistes sans que ce soit la haine, forcément.
22:08Il y a plusieurs raisons, plusieurs choses, plusieurs causes et plusieurs entrepreneurs
22:12devant et derrière des situations de guerre.
22:17Mais ça, il faut dire que cette guerre a des origines coloniales.
22:21coloniales, c'est la séparation du Cameroun le 4 mars 1916 par la bipartition par français
22:29et anglais qui crée un Cameroun divisé et toute l'histoire est derrière.
22:34On vit ces conséquences-là.
22:35Je voulais savoir, est-ce que ça suffit de faire un recueil de poèmes ? Est-ce que
22:39la poésie ne peut pas se dire autrement ? Est-ce que vous ne pouvez pas prendre d'assaut
22:43d'autres espaces d'autotribunes ? Oui, je crois que c'est un choix qui a été fait.
22:49C'est vrai, ce choix est critiquable.
22:52On peut, après la poésie, prendre d'autres actions.
22:55Ou même, la poésie peut se faire autrement, c'est-à-dire qu'elle peut se faire chanson.
23:00La poésie peut se déclamer sur les scènes.
23:04Dans des endroits où il y a des regroupements.
23:06La poésie peut s'inviter à l'Assemblée nationale, par exemple.
23:09Par exemple, à l'occasion de ces sessions actuellement, parce qu'ils sont les députés
23:15de la nation, on déclame avec eux.
23:18Et je crois qu'ils peuvent être aussi porteurs de ces messages-là dans les différents
23:22endroits où ils vont se retrouver.
23:23Justement sur la poésie et l'engagement politique, on sait que les premiers poètes
23:27camerounais étaient engagés, très engagés.
23:30On est à la veille des indépendances.
23:34La poésie, comme la littérature en général, lutte contre le...
23:39le pacte colonial, le jeu colonial, mais il y a une poésie également de libération,
23:44une poésie qui remet en question les malfaçons et même la mauvaise gouvernance.
23:49Le milieu politique, s'il se documente, s'il est documenté, mais je crois qu'il est documenté,
23:55connaît les vers et le verbe des poètes camerounais.
24:00Est-ce que l'on ne pouvait pas vous servir de ça pour faire une offensive ?
24:08Ce sont des projets qui sont, comme vous avez parlé tout à l'heure, de la ronde de poètes.
24:11Je crois qu'à un moment donné, la ronde de poètes était en retrait.
24:15Elle devient de plus en plus animée.
24:19Je pense qu'à l'issue des différents rencontres, les poètes vont mûrir des projets comme
24:24ceux-là, et c'est très bien d'avoir des personnes qui apportent des idées nouvelles
24:30pour pouvoir contribuer à l'amélioration des conditions de vie du citoyen camerounais
24:36ou de la vie sociale.
24:38Je lis dans les pages du Miner que ce recueil n'est pas le seul projet éditorial.
24:47Il fait partie d'un projet éditorial.
24:48Il y a tout un catalogue.
24:53Ici, c'est le cinquième.
24:55Le premier, c'était toujours un contrat de dérive.
24:59À travers le manque de respect aux policiers, nous avons tenu,
25:02j'ai pensé qu'il était important de réunir aussi les poètes,
25:05le calumet de la paix avait raison entre nous.
25:08Dans cet ouvrage, nous rendons hommage aux policiers
25:11et nous demandons qu'on le respecte.
25:13Il faut vraiment confirmer le calumet de la paix pour vivre ensemble harmonieux.
25:17avec les gardiens de la paix.
25:19Avec les gardiens de la paix.
25:20Le second, on rend hommage à tous ceux-là qui sont dans l'oeuvre,
25:25que ce soit au nord-ouest-sud-ouest,
25:27que ce soit dans le grand nom un peu partout,
25:28pour la sécurité, pour protéger notre nation.
25:31Révérance aux héros de la paix, de la stabilité.
25:34On rend hommage aux forces armées et aux défenses.
25:37Le troisième, on rend hommage aux liens indontables.
25:41Le titre, c'est Ensemble pour la sixième étoile.
25:45Nous sommes derrière les liens indontables, tous,
25:48pour 40, peut-être du retour en Côte d'Ivoire,
25:52qui rentrent avec le trophée.
25:54Et ce sont des livres.
25:55Il y a le dernier, 21 ans, le quatrième,
25:57qui est un cri de cœur contre la violence
26:00et les stupéfiants au milieu scolaire.
26:02Ça, c'est aussi des flux qui sont très réguliers
26:06dans notre milieu environnement scolaire et éducatif.
26:09Et nous essayons d'apporter notre contribution
26:13par des mots, par le verbe,
26:16pour lutter contre ces fléaux.
26:18Il y a des projets suivants sur l'incivisme routier
26:23et sur le désordre urbain.
26:26Merci d'être venu, Eric Théophile Tchoumque,
26:30dans cette édition de pontuation,
26:32pour voir comment vous pontuez, vous,
26:34votre gestion éditoriale, parce que vous êtes éditeur.
26:36Oui, depuis novembre 2019,
26:40nous sommes à plus de 260 titres publiés.
26:45Mais vous courez vite, hein ?
26:47Oui, il y a la célérité, il y a le fait aussi que...
26:51Il n'y a pas la précipitation dans ça ?
26:54On peut, les gens peuvent penser cela,
26:56mais quand ils n'ont pas côtoyé vraiment la histoire de midi,
26:58parce que si vous parlez de la précipitation,
26:59vous connaissez des auteurs qui nous font confiance.
27:02Le gouverneur Abaka, par exemple,
27:03nous sommes à 12 ouvrages publiés avec lui.
27:05Je crois que chacun de ces livres a une profondeur,
27:09il y a de la qualité.
27:11Et en parcourant même nos publications,
27:14on te donne le maximum pour toi l'été.
27:17Lorsqu'on parle de précipitation,
27:18ça veut dire que dans les livres, il y a les fautes,
27:21il y a de l'impréparation qui peut te faire ressentir.
27:25Mais je pense que sur tous nos titres,
27:28nous donnons le marcement pour les livres de qualité
27:33et assurer une promotion convenable pour chacun de nos auteurs.
27:36Ça, c'est l'une de nos particularités.
27:38OK, en tout cas, vous avez fait Mozart...
27:39C'est l'occasion de vous dire merci pour tout ce que vous faites pour la littérature
27:41et pour tous les éditeurs, d'ailleurs, parce que vous...
27:44C'est notre devoir.
27:45Voilà, vous êtes vraiment les démentis du tribalisme.
27:48Si vous travaillez avec tout le monde...
27:50C'est notre devoir.
27:50Et vous portez la littérature.
27:53Et si toutes les télévisions, aussi bien tous les journalistes faisaient ça,
27:56il n'y a pas que la littérature...
27:57C'est le devoir du gouvernement carounais par la CRTV.
27:59C'est notre rôle.
28:01Et c'est assurer la promotion de la pensée,
28:04la production du sens.
28:06Merci beaucoup d'être venu à Pontuation.
28:08C'était bon, Pontuation,
28:10et là, on mettait la focale sur l'unité nationale,
28:16à travers la poésie,
28:17la nécessité d'être ce peuple qui est si singulier
28:21parce qu'il est pluriel.
28:23À mardi prochain.