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  • 26/05/2025

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00:00Henri Guénouillac, il nous reste quelques minutes.
00:01J'aimerais vraiment aborder un sujet très important
00:04puisque les députés vont voter demain
00:06le texte sur l'euthanasie,
00:08projet de loi sur la fin de vie
00:10comme ils l'ont intitulé,
00:11avec deux votes solatelles qui sont
00:13programmés demain, l'un sur les soins palliatifs,
00:16l'autre sur ce qu'on appelle le droit à l'aide à mourir.
00:18J'aimerais vous faire écouter le témoignage de Jeanne Amourousse
00:20qui est infirmière en soins palliatifs
00:21qui dénonce ce texte
00:23qu'elle trouve trop peu encadré et j'aimerais avoir votre avis dessus.
00:27Il y a des patients qui arrivent
00:28avec des demandes de mort en disant c'est trop difficile,
00:30j'en peux plus, faites quelque chose pour que ça s'arrête.
00:32Et notre posture, elle est justement
00:34d'écouter, d'essayer de comprendre et de prendre
00:36en charge tous ces symptômes-là qui sont difficiles.
00:38Personne n'a envie de mourir, en revanche,
00:40il y a beaucoup de gens qui n'ont pas envie de vivre dans certaines conditions
00:42et notre boulot tous les jours, c'est de pouvoir
00:44améliorer le plus possible la qualité de vie
00:46et ces demandes, elles disparaissent.
00:47Donc il y a vraiment quelque chose qui nous a paru complètement
00:49vraiment désincarné de ce qu'on vit tous les jours
00:52avec en plus,
00:54on utilise alors des mots très jolis,
00:56aide à mourir, mais moi de l'aide à mourir, j'en fais tous les jours.
00:58La réalité, c'est l'euthanasie,
01:00le suicide assisté, c'est donner la mort
01:01à quelqu'un. Voilà, donc ça a été aussi
01:04je pense qu'ils ont réussi en ce combat-là
01:05d'essayer de pouvoir changer les mots
01:08pour qu'ils soient plus doux, mais parce qu'en fait
01:09la réalité, elle est extrêmement violente.
01:12On nous a parlé d'un texte
01:13d'exception pour des cas très particuliers.
01:16En fait, c'est un texte qui ouvre
01:18l'euthanasie et le suicide assisté à un
01:20panel de gens hyper large,
01:21à des patients qui ne sont pas qu'us en fin de vie.
01:25D'après, on fait
01:26des estimations, ce serait plus d'un
01:28million de patients qui pourraient être concernés
01:29par ça. Donc, ce n'est pas un texte encadré,
01:31c'est un texte qui donne beaucoup de pouvoir
01:33aux médecins, mais aussi aux infirmières, parce que
01:35on est quand même le seul pays au monde
01:37qui légaliserait le fait que les infirmières
01:39puissent faire le geste
01:41létal. On est quand même une
01:43profession qui ne va pas bien, qui est en
01:45crise de vocation hyper forte,
01:48et là, on nous donnerait
01:49un pouvoir immense.
01:51pour ce témoignage de cette infirmière
01:53ce matin chez Romain Desarbes, Henri Guenot, ce texte.
01:55Je suis entièrement d'accord de le dire, mais
01:57il faut bien comprendre une chose.
02:00Oui, c'est extrêmement violent.
02:02Non, tous les gens qui disent
02:03aujourd'hui je suis pour
02:04ne sont pas forcément pour le jour où ils sont
02:07eux-mêmes. Ils sont tout près,
02:09ils se sentent tout près de la
02:11fin. La plupart des gens,
02:13en fait, même à la fin,
02:15veulent vivre, que le problème est évidemment
02:17Si leur douleur est soulagée, bien sûr.
02:19Et pas autre chose, mais surtout,
02:21il faut bien comprendre, quand on
02:23ouvre cette porte, l'expérience des autres
02:25pays le montre, on peut prendre toutes les
02:27précautions qu'on veut, elles sont toutes
02:28balayées. Voilà. Donc,
02:31moi je suis
02:33intimement contre
02:35ma conscience, c'est contre
02:37le fait qu'on
02:39ouvre cette porte. On pouvait s'en tenir
02:41à la loi
02:42Clé-Leonetti. Déjà, on est
02:45allé, je trouve, très loin
02:47dans cette zone grise, où la loi, au fond,
02:49n'a pas grand-chose à faire
02:50et où chacun
02:53est en face de sa
02:55conscience. Et puis, il y a quand même quelque chose
02:57d'énorme à obliger les médecins,
02:59quasiment, qui sont là pour soigner.
03:01La médecine s'est faite pour soigner,
03:03s'est faite pour sauver la vie.
03:05On va les faire complices
03:07du suicide assisté ou
03:09de l'éthanasie. Voilà ça. Alors, je sais
03:11que ce problème n'est pas simple.
03:12Délit d'entrave. Il y a un délit d'entrave
03:15pour ceux qui veulent empêcher.
03:16Délit d'entrave est vraiment, pour moi, la goutte d'eau
03:18qui fait déborder le vase parce qu'on est vraiment sur une...
03:20On va condamner des gens qui veulent vous décourager.
03:22C'est une attente à la liberté d'expression en réalité.
03:24C'est vraiment une attente profonde à la liberté d'expression,
03:27à la liberté de conscience. C'est-à-dire que...
03:28Et c'est déjà le cas, pardon, sur l'IVG, mais le délit d'entrave
03:30à l'IVG aujourd'hui est employé pour
03:32tout, n'importe quoi. C'est-à-dire que
03:34c'est une façon extrêmement étendue
03:36qui fait que vous n'avez même plus
03:38de débat possible sur cette question.
03:40Et sur l'euthanasie, ça va être
03:42la même chose. C'est-à-dire que le fait même de
03:44proposer une alternative
03:46ou d'essayer de dissuader quelqu'un qui voudrait
03:48mourir, pardon, excusez-moi, mais c'est ce qu'on fait.
03:50C'est deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.
03:52Et comment, d'un côté, on n'a pas le droit de dissuader
03:54et de l'autre, le délit
03:56de non-assistance à personne en danger, si quelqu'un se jette d'un pont,
03:58on est bien obligé de l'arrêter.
04:00C'est absolument lunaire.
04:01Le délit de non-assistance à personne en danger face à quelqu'un
04:04qui veut se suicider et que la loi
04:06nous oblige aujourd'hui à dissuader et de se suicider,
04:09à un suicide assisté
04:10et même encouragé.
04:13Et si vous essayez de l'empêcher,
04:16ça devient un délit.
04:16Mais je trouve que c'est du point de vue de la conscience humaine
04:19que c'est quand même un vrai...
04:20Si cette loi a été adoptée demain à l'Assemblée nationale,
04:22ce serait une rupture anthropologique pour vous ou pas, Henri Guano ?
04:25Oui, une de plus.
04:26Une de plus.
04:27Je ne suis pas convaincu que la loi suffise
04:31à organiser
04:33une vraie rupture anthropologique.
04:35C'est-à-dire qu'il arrivera
04:37un moment où
04:38l'anthropologie profonde,
04:41si je peux m'exprimer ainsi,
04:42va se révolter contre tout ça.
04:45Mais ce sera violent.
04:48On crée une espèce de perturbation
04:50très profonde
04:51des sociétés,
04:53des consciences,
04:54de ce qui fait le fondement
04:56de notre propre civilisation
04:57et de notre propre humanité.
04:59Je trouve que ça va...
05:02On ne mesure pas
05:03les dégâts,
05:05c'est toujours la même histoire.
05:06Comme disait
05:07Régis Debray,
05:08l'homme d'État
05:09est celui qui veut
05:10les conséquences
05:10de ce qu'il veut.
05:11La personne ne veut vraiment
05:12les conséquences
05:13de ce qu'il veut.
05:14Mais je pense que c'est très bien
05:15de faire ça
05:16parce que c'est l'air du temps.
05:18Un dernier mot là-dessus,
05:19Joseph, rapide ?
05:20Pour moi,
05:20c'est le premier pas vers l'eugénisme.
05:22Donc la sélection de l'espèce.
05:24C'est le premier pas.
05:25Bon.
05:26C'est le début.
05:27C'est l'ouverture.
05:28C'est là où,
05:28quand on dit
05:29qu'il y a un basculement
05:30anthropologique,
05:31les mots sont extrêmement justes.

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