- 21/05/2025
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00:00L'info en continu, c'est sur Europe 1. Punchline sur CNews et Europe 1.
00:0518h-19h, Laurence Ferrari.
00:1318h40, de retour dans Punchline sur CNews. Nous avons été rejoints par Emmanuel Hirsch.
00:16Bonsoir à vous, merci d'être là-bas.
00:17Merci.
00:18Professeur d'éthique médicale, vous publiez ce livre « Fin de la vie, les devoirs d'une démocratie ».
00:24C'est un collectif démocratie, éthique et solidarité que vous avez créé.
00:28On va évoquer évidemment cette loi sur l'aide à mourir, qui est en fait une loi sur l'euthanasie.
00:33Mais le législateur a voulu habilement détourner le mot pour qu'il fasse moins peur, évidemment.
00:40Et avant même d'entrer dans le détail de ce qui est en ce moment étudié par les députés,
00:44le vote aura lieu le 27 mai, mais là il y a de nombreux amendements qui sont étudiés.
00:49J'aimerais qu'on écoute un témoignage extraordinaire.
00:52Il s'appelle Louis Bouffard, il a 24 ans. Il était hier chez Christine Kelly, dans Face à l'Info.
00:57Il est atteint d'une maladie incurable, la myopathie de Duchesne.
01:02Et il dit des mots qui, moi, m'ont touchée au cœur.
01:05On va l'écouter et je vous passe la parole ensuite.
01:06Ce texte me crée une profonde violence.
01:12En fait, il ne faut pas oublier que la loi, elle a un message collectif.
01:17Et le message qu'elle envoie aux personnes fragiles, handicapées, malades,
01:22c'est dire « vous coûtez trop, vous êtes trop dépendants, vous êtes trop seuls,
01:26et il faudrait peut-être partir », c'est une loi, en fait, qui vise à nous peser.
01:34C'est une pression sociale à être éliminée, à être mise au banc de la société.
01:42Et moi qui vis la dégradation dans mon corps, je veux dire que malgré la fragilité que je vis,
01:48eh bien, je veux vivre.
01:51Je veux vivre et en fait, cette loi, elle a un cadre extrêmement flou.
01:57C'est-à-dire qu'elle me rend aujourd'hui éligible avec la qualification de la phase avancée.
02:04Oui, moi, je suis, avec ma maladie, la myopathie de Duchesne, dans un stade avancé.
02:10Et donc, je rentre dans le critère de la loi, dans les critères.
02:13Et c'est pour moi une profonde violence.
02:16Parce qu'en fait, ça nous invitera tous à nous poser la question.
02:22Est-ce que je ne suis pas de trop ?
02:24Est-ce que je ne suis pas de trop ?
02:25Voilà, pour ce témoignage admirable de Louis Bouffard.
02:28Je le dis pour nos auditeurs, il est en fauteuil roulant,
02:30il a perdu d'abord l'usage de ses jambes, puis de ses bras,
02:33et la maladie est évolutive.
02:35Emmanuel Hirsch, il dit « je veux vivre ».
02:37Et il dit qu'il rentre désormais dans les critères de la loi,
02:40c'est aller voter par les députés.
02:41C'est-à-dire qu'il est en fin de vie, mais il peut vivre encore 10 ans.
02:43Est-ce que vous êtes aussi touché par ce témoignage que nous ?
02:47Louis Bouffard est un ami.
02:48Et pour moi, son exemplarité, sa manière d'exprimer ce qu'il vit,
02:54et ce à quoi il croit, il croit en nous.
02:56Et on est en train de déserter un espace,
02:59qui est l'espace des personnes les plus vulnérables.
03:01Christine Kelly a reçu également Charles Bedka,
03:04qui est atteint de la maladie de Charcot,
03:06qui est un témoignage de la même force.
03:07Et on a du mal à comprendre que la priorité aujourd'hui de nos parlementaires
03:13soit de se consacrer à une loi sur l'euthanasie et au suicide assisté.
03:17Qu'il y ait cette incapacité de comprendre ce qu'est la réalité de ce que vivent les personnes
03:22qui sont dans des situations de handicap,
03:25qui sont quelquefois des personnes âgées en mort sociale,
03:27c'est les petits frères des peaux.
03:29Et notre réponse aujourd'hui, c'est une solution.
03:31Une solution qui va imposer, qui s'est déjà instillée dans la culture de nos contemporains.
03:37Aujourd'hui, quand vous êtes atteint d'une maladie, un cancer évolué,
03:42et que vous entendez à la télé que la préoccupation,
03:45c'est de savoir avec quels critères de minutie on va organiser,
03:48non pas votre fin de vie, c'est-à-dire la vie respectée jusqu'à son terme,
03:52avec des droits sociaux, avec une existence, avec des proches qui sont soutenus,
03:56bref, avec des solidarités et une fraternité.
03:58Là, l'obsession des parlementaires, et on voit la palinodie,
04:02c'est de voir les critères qui permettront moralement pour eux,
04:05puisqu'il y aura une éthique de l'euthanasie,
04:07de dire qu'on est dans le clou hors les clous.
04:09Mais on a déjà tous les dégâts, c'est-à-dire avant même que la loi soit votée,
04:13elle est déjà dans la culture.
04:15Et je donne juste un exemple qui me frappe.
04:17Dans mes activités actuelles, je suis quotidiennement dans des EHPAD
04:20ou dans des cliniques psychiatriques.
04:22Et déjà, des gens ont anticipé le fait que le suicide assisté,
04:26un suicide, ça ne s'assiste pas, mais le suicide médicalisé,
04:29va rentrer dans les pratiques courantes,
04:31puisque ça va rentrer dans le soin, dans le code de la santé publique.
04:34Et ça a déjà dégradé tout ce qui est la confiance
04:37qu'une équipe peut avoir en une personne.
04:40Donc le désastre est déjà là.
04:41Merci M. le Président de la République,
04:43mais merci aussi au Comité Consultatif National d'Ethique
04:46et le Grand Absent.
04:47S'il n'y avait pas eu l'avis 139,
04:49et je le dis clairement, du 13 septembre 2022,
04:53on n'en serait pas là.
04:54Et l'avis 139 proposait un cadre.
04:58C'est l'avis du CCNE, du Comité Consultatif.
05:00Où est le Comité d'Ethique ?
05:01L'Académie de Médecine s'est prononcé
05:02pour dire qu'il y a des dérives qui sont inacceptables.
05:05Où est-il aujourd'hui ?
05:06Pour rappeler ce qu'étaient ses fondamentaux
05:08et qui est totalement remis en cause par les parlementaires.
05:11On va écouter quand même Olivier Fallorni,
05:13qui est le rapporteur de cette proposition de loi sur la famille,
05:15parce qu'il faut entendre les deux côtés.
05:16On a entendu ce jeune Louis Bouffard,
05:19mais il y a d'autres malades aussi qui disent une autre chose.
05:23Olivier Fallorni qui affirme que jamais une loi sociétale
05:25n'aura été autant concertée que ce texte sur l'euthanasie.
05:31Jamais, je dis bien jamais,
05:34une loi sociétale d'importance
05:35n'aura été autant concertée,
05:39analysée, débattue,
05:41que ce texte sur la fin de vie.
05:43Cette maturation explique d'ailleurs aussi,
05:45sans doute en partie,
05:46l'adhésion massive des Français à ce texte,
05:49puisque toutes les enquêtes d'opinion,
05:51toutes,
05:52de même que la Convention citoyenne,
05:54indique que plus des trois quarts des Français
05:57soutiennent ce texte.
05:58Geoffrey Lejeune,
05:59si la question était posée aux Français,
06:01effectivement,
06:02et d'ailleurs c'est un petit peu la menace
06:03qu'a laissé planer le Président
06:04lors de son intervention,
06:05il pourrait y avoir un référendum.
06:07Olivier Fallorni parle d'adhésion massive des Français,
06:11de fait, toutes les enquêtes d'opinion
06:12l'ont confirmée jusqu'à présent.
06:14J'ai envie de vous poser une question,
06:15en fait, pas tellement envie de parler.
06:17Comment pensez-vous que cette adhésion,
06:20cette fameuse adhésion,
06:21s'est mise en place ?
06:22Comment ça a été possible ?
06:23Alors, je n'ai pas lu votre nouveau livre,
06:24mais j'ai lu le précédent
06:25sur l'affaire Vincent Lambert
06:26qui avait été préfacée par Michel Houellebecq.
06:28Comment, en 40 ans,
06:29ils ont réussi leur coup
06:30pour préparer les Français à ça ?
06:32Je répondrais juste d'un mot
06:33que les Français ne sont pas
06:34pour ou contre l'euthanasie.
06:35Ils ne connaissent pas.
06:36Ils sont contre la souffrance.
06:37C'est un point important.
06:39Et quand vous analysez,
06:40et les médecins aussi,
06:41et on les est tous contre la souffrance,
06:43on est aussi pour,
06:45et c'est la loi Leonetti de 2005,
06:47rappelez-vous,
06:48qui proposait,
06:49y compris avec les risques
06:50d'abréger une existence,
06:52qu'on lutte,
06:52c'est un droit fondamental.
06:54Et la complexité,
06:55c'est que la souffrance,
06:55elle n'est pas que physique,
06:56elle est aussi psychologique.
06:57quand on vit la réalité de la maladie,
06:59son évolution,
07:00et puis aussi les relégations sociales.
07:02Donc, il y a un abus dans les mots.
07:04Il y a une tromperie.
07:05On est menteur.
07:07D'abord, on nous parle d'aide à mourir.
07:08Aider à mourir,
07:09c'est les soins palliatifs
07:10qui assistent la personne.
07:11Et ce n'est pas de l'aide,
07:12c'est de la présence.
07:13C'est un compagnonnage
07:14d'humain en humain.
07:15Et c'est ce que nous demande
07:16Louis quand il s'exprime
07:18et qu'il expose sa demande aujourd'hui.
07:20On nous trompe
07:21en ne parlant pas d'euthanasie,
07:23on ne nous trompe
07:23en ne parlant pas de suicide.
07:24C'est vrai que c'est des mots graves
07:26et ils sont lourds de conséquences.
07:28Mais assumons au moins
07:29la responsabilité des mots.
07:30Et on nous trompe aussi
07:31en trouvant des espèces de fioritures
07:33pour habiller des décisions
07:35dont on sait, du reste,
07:37qu'on ne les tiendra pas.
07:38Alors, quand vous parlez de stratégie,
07:39il se fait que moi,
07:40je suis le mouvement depuis des années.
07:43Et il y a eu un moment important,
07:45c'est François Hollande,
07:46qui voulait déjà,
07:47rappelez-vous en 2012,
07:48l'euthanasie.
07:48Il n'a pas pu aller jusqu'au bout
07:49parce qu'il y a eu la malude pour tous.
07:51Et puis, il y a eu aussi
07:52M. Vincent Lambert.
07:53Et on est arrivé
07:53à la sédation profonde
07:54et continue jusqu'au décès,
07:56dont on savait très bien
07:56que certains l'assimuleraient
07:58à une euthanasie lente.
07:59Donc, la construction
08:00était déjà en place.
08:02Alors, vous avez tout un ensemble
08:03de mouvements.
08:04Quand moi, je m'exprime,
08:05aujourd'hui, on dirait
08:05que je ne suis pas un progressiste.
08:07Je précise que dans les années 80,
08:09les gens qui me feraient la critique,
08:10j'étais militant
08:11dans le domaine du SIDA,
08:12que j'ai présidé
08:13la première association nationale du SIDA,
08:15qui était Arcade SIDA,
08:16en termes de nombre,
08:17que j'ai présidé
08:18l'association nationale
08:19de la sphérose latérale
08:20à la mesotique Charcot.
08:22Donc, quand je vous parle,
08:23je vous parle avec
08:24beaucoup de résolution,
08:26avec une certaine expertise.
08:28Uniquement avec un point
08:29qui est fondamental,
08:30c'est que je ne sais pas,
08:31à titre personnel,
08:32comment je réagirais
08:33si j'étais confronté.
08:34Pour moi,
08:34un autre,
08:35à une situation.
08:35Et c'est là,
08:36et je termine sur un point,
08:37où la notion d'exception
08:38me semble importante.
08:40Et vous savez
08:40que le comité consultatif
08:42national d'éthique
08:42avait déjà,
08:43en 2000,
08:44posé la question
08:45d'exception,
08:46avec un regard du magistrat
08:47qui contrôle effectivement
08:49l'effectivité.
08:50Aujourd'hui,
08:51on va avoir une loi
08:51qui serait une loi bâclée,
08:54quel que soit
08:54ce que dit M. Falorni.
08:56Falorni n'est pas un interlocuteur,
08:57il n'est plus totalement audible.
08:58Je ne vais pas vous dire pourquoi,
08:59parce qu'on l'a entendu,
09:01on sait son affaire,
09:02il veut aller jusqu'au bout.
09:03Et malheureusement,
09:04on a le sentiment
09:04que les politiques,
09:05ils ont pris un engagement
09:06moral vis-à-vis d'eux-mêmes,
09:07vis-à-vis de proches,
09:08et quelles que soient
09:09les conditions
09:10dans lesquelles la loi sortira,
09:11il faudra qu'on la vote.
09:12La vraie question,
09:13c'est les conséquences.
09:14C'est une forme de conflit d'intérêts,
09:15puisqu'il est aussi membre d'un...
09:16Non, mais on n'en parle pas,
09:17on n'en parle pas,
09:17mais peu importe.
09:19Mais c'est tellement évident.
09:20Alors, vous le dites régulièrement
09:21dans toutes vos interventions,
09:22dans vos écrits,
09:23ça, c'est des évidences.
09:24Donc, je termine pour dire,
09:25pour moi,
09:25ce qui est important
09:26d'un point de vue éthique,
09:27ce n'est pas uniquement la finalité
09:28pour faire plaisir
09:29à certaines personnes,
09:29c'est les conséquences.
09:31Et comment quelques personnes
09:32prennent en otage une société,
09:33et comment on a aujourd'hui
09:34Louis et d'autres,
09:36mais ils sont multiples,
09:37qui disent,
09:37mais attendez,
09:38on n'a plus le droit de vivre.
09:39C'est ça, la vraie question.
09:40André Valigny,
09:41je sais que c'est un sujet
09:42qui vous touche beaucoup aussi.
09:44Oui, parce que j'appartiens
09:45au camp que l'on qualifie
09:46de progressiste.
09:47Je suis de gauche,
09:49et je suis effrayé par cette loi.
09:52Je fais abstraction
09:53de mes convictions religieuses.
09:55Il se trouve que je suis chrétien,
09:56mais je mets de côté
09:57ces convictions religieuses.
09:59Moi, je considère
10:00qu'il s'agit d'une rupture anthropologique,
10:03vous l'avez dit
10:03dans votre introduction,
10:04qui va contre l'interdiction
10:06de tuer,
10:07qui existe dans l'humanité
10:08depuis des millénaires.
10:09Et puis,
10:10je suis très sensible
10:11au discours de M. Hirsch
10:12sur cette loi
10:14qui va marginaliser,
10:16qui va culpabiliser
10:17les plus faibles,
10:19les plus isolés,
10:20les plus pauvres,
10:21qui vont se demander
10:22s'ils ne coûtent pas trop cher
10:23à la société,
10:24à leur famille,
10:25et qui vont se résoudre.
10:26La mort dans l'âme,
10:27souvent,
10:28a demandé à mourir.
10:28Moi, je pense qu'il faudrait
10:29multiplier les centres
10:32de soins palliatifs,
10:33les multiplier par 10
10:34ou par 100
10:34dans toute la France,
10:36que tout le monde
10:36puisse en bénéficier.
10:37qu'on applique
10:38la loi Claes-Léonetti
10:39et qu'on se donne
10:3910 ans au moins
10:41pour voir dans 10 ans
10:42si les choses ont évolué.
10:43Mais je le répète,
10:44je suis très opposé
10:45à cette loi.
10:45Bien sûr.
10:45Et il y a ce que disait Louis,
10:47cette pression sociale
10:48qui va peser
10:48sur ces personnes
10:49et dans ce trop.
10:51Handicapés,
10:52vulnérables,
10:53les plus pauvres aussi.
10:56Mais vous avez
10:56un des drames,
10:57c'est qu'aujourd'hui,
10:58on nous pose
10:59l'alternative
10:59soins palliatifs,
11:01euthanasie.
11:02Moi, je dis société.
11:04D'abord,
11:04il faut une responsabilité
11:05dans la société.
11:06Et tout ce qu'on entend
11:07aujourd'hui,
11:08et c'est dramatique,
11:10c'est un échec
11:11de la vie démocratique,
11:12au moment où on a besoin
11:12de faire unité,
11:13de se retrouver
11:14sur des valeurs communes,
11:15on détruit
11:16un des derniers liens,
11:17un des derniers pivots
11:18qui serait un pivot
11:19d'unité.
11:20Pourquoi je dis ça ?
11:21C'est que le désastre
11:22aujourd'hui,
11:23c'est que finalement,
11:24la société croira
11:25comprendre
11:26que finalement,
11:27les laissés pour compte
11:28du destin,
11:30les fragiles,
11:31les vulnérables
11:32qui sont déjà
11:33survulnérabilisés,
11:33qui n'ont plus d'accueil
11:35à l'hôpital.
11:35Il faut voir aussi
11:36quel est notre système
11:36de santé.
11:37Regardez le système
11:38médico-social.
11:39Bref,
11:39on est dans un contexte
11:40où on va complètement
11:41à l'encontre
11:42de ce que devraient être
11:43des priorités
11:43au niveau éthique.
11:44Édouard,
11:45t'es trop haut.
11:46Pour tordre le coup
11:47à l'argument économique
11:48qui est absolument odieux,
11:50un chiffre,
11:50les soins palliatifs,
11:52une année de soins palliatifs
11:53en France,
11:53c'est 1,5 milliard d'euros.
11:55C'est rien.
11:55C'est 0,25%
11:57du budget
11:57de la sécurité sociale.
11:59C'est 1,5ème
12:00de la hausse
12:01des salaires
12:02que les fonctionnaires
12:02se sont octroyés
12:03l'an dernier.
12:04C'est 7%
12:05du budget
12:05des cheminots
12:06et retraités
12:07de la SNCF.
12:08Donc,
12:08l'argument économique
12:09est absolument odieux
12:10et je rejoins tout à fait
12:11tout ce qui a été dit
12:12notamment par M. Hirsch
12:14et André Valigny.
12:15Multiplions au contraire
12:16les offres
12:17de soins palliatifs,
12:18ça ne coûte pas cher
12:19de cet argument
12:20et ça change
12:22beaucoup,
12:22beaucoup,
12:23beaucoup de choses
12:23dans la fin de vie.
12:24La vraie question
12:24c'est l'accès
12:25aux soins palliatifs.
12:26Et l'accès.
12:27Tous les Français
12:28n'ont pas accès
12:29aux soins palliatifs.
12:30On soulage la souffrance
12:31qui est insupportable.
12:32Et c'est déjà ça
12:33la priorité.
12:34On a cité tout à l'heure
12:35l'écrivain Michel Houellebecq
12:37mais c'est vrai
12:37que c'est toujours
12:38très intéressant
12:38parce que Michel Houellebecq
12:39c'est l'écrivain
12:40de la dépression.
12:41Quand on lit ses livres
12:42on a l'impression
12:43nous-mêmes
12:43de sombrer avec lui
12:44et donc d'une certaine
12:45douleur psychique.
12:46Et Michel Houellebec
12:47il s'est positionné
12:49et il milite aujourd'hui
12:50contre l'euthanasie.
12:52Et il dit quoi ?
12:53Il dit qu'au fond
12:53les gens qui souffrent vraiment
12:55ce qu'ils veulent
12:56c'est d'abord
12:56arrêter de souffrir.
12:57Et c'est ce que vous avez dit
12:58tout à l'heure M. Hirsch
12:59j'ai cru comprendre
13:00qu'il avait également
13:00préfacé l'un de vos livres
13:01et c'est cette idée
13:02très importante
13:03que ce qu'au fond
13:04ce que veut un malade
13:05qui souffre
13:05c'est ne plus souffrir
13:06et c'est pas forcément
13:07abréger sa vie.
13:09Cette distinction
13:09elle est très importante
13:10et il faut l'entendre
13:11surtout lorsqu'elle est
13:12dans la bouche
13:13d'un écrivain
13:14encore une fois
13:14qui décrit lui-même
13:15la souffrance
13:16qui sait très très bien
13:18le faire
13:18dans ses livres.
13:19Emmanuel Hirsch
13:20vous aviez aussi noté
13:21qu'aujourd'hui
13:21il y a pas mal d'amendements
13:23qui ont sauté
13:23sur les critères psychiatres.
13:25Expliquez-nous ce que c'est
13:26sur cette loi
13:26sur la fin de juin.
13:27Je vais vous le dire
13:28mais c'est dire
13:28que la loi sociétale
13:30du quinquennat
13:31la sera loi sur l'euthanasie
13:32je ne suis pas sûr
13:33que la destinée
13:34retiendra beaucoup
13:34de caractère éthique
13:37d'une personne
13:37qui a été souchée
13:38à Paul Ricoeur
13:39c'est-à-dire
13:40qui se met dans la tradition
13:41d'un philosophe
13:41qui a écrit aussi
13:42sur ce sujet
13:43et qui a écrit
13:44notamment sur le sens
13:45de ce qu'il y a à vivre
13:45jusqu'au terme de l'existence
13:47et peut-être
13:47le moment le plus précieux
13:48c'est précisément
13:49ce moment
13:50d'achèvement
13:50d'une existence
13:51et de transmission.
13:52Non, hier
13:53et c'était
13:53tout à fait extraordinaire
13:55il y a des parlementaires
13:57extraordinaires
13:57qui ont du courage
13:58notez qu'il n'y a pas
13:59énormément de parlementaires
14:00dans l'Assemblée.
14:01Ils sont très peu nombreux.
14:02Ils étaient 461 samedi
14:03ils étaient à peu près
14:04230 hier.
14:06Pour un sujet
14:06qui est un sujet de société
14:08quand vous dites
14:08la société est favorable
14:09ils n'osent même pas
14:11être là dans l'enceinte
14:12pour assumer
14:13une responsabilité.
14:14Et pour répondre
14:15à votre question
14:16effectivement
14:17avec beaucoup de prudence
14:18on s'est dit
14:18une personne qui est autiste
14:20une personne qui est schizophrène
14:21les maladies psychiatriques
14:23elle relève de traitement
14:24est-ce qu'elle sera
14:25en capacité de discernement
14:26est-ce qu'elle n'a pas le droit
14:27à une protection supplémentaire
14:28et ça a été réfuté
14:30ça a été réfuté
14:31au motif
14:32qu'on ne va pas faire
14:32l'inventaire
14:33des vulnérabilités
14:34parce que ça serait discriminatoire.
14:36Et oui
14:36sur cette base-là
14:38les lois qui nous ont précédés
14:392001 aux Pays-Bas
14:41et 2002
14:41on dit après tout
14:42effectivement
14:42c'est discriminatoire
14:43vis-à-vis de la personne
14:44qu'elle n'ait pas accès
14:45d'une manière assez simple
14:47à l'euthanasie
14:48au suicide.
14:49Et vous voyez
14:49ce qui est frappant aussi
14:50on a demandé
14:51que des psychiatres
14:52puissent intervenir
14:52dans l'évaluation collégiale
14:54non pas d'une manière péjorative
14:56mais pour voir
14:57effectivement
14:57si la personne
14:58est en capacité
14:59de discernement
14:59et même
15:00on avait dit
15:01ça a été réfuté
15:04a priori
15:04c'était même pas
15:05dans le projet de loi
15:06d'Agnès Fermat-Le Baudot
15:07donc vous voyez
15:08quand les gens aujourd'hui
15:09avec cynisme
15:11disent nous sommes en train
15:13de faire un modèle
15:14à la française
15:14si vous regardez
15:16l'expérience
15:17des autres pays
15:18on est déjà a priori
15:19alors que la loi
15:20n'est pas votée
15:20dans l'excès
15:22par rapport à des critères
15:23qui avaient été
15:23au départ pesés
15:24donc c'est très inquiétant
15:26c'est très insécurisant
15:28y compris pour des professionnels
15:29parce que
15:31Claire Fourcal
15:31la présidente de la SPAP
15:32dit la loi nous protège
15:33l'interdit de tuer
15:34nous protège
15:35et vous savez
15:36qu'un des éléments importants
15:38dans la loi Léonetti de 2005
15:39c'était pour les réanimateurs
15:40qui chaque jour
15:41prennent des décisions
15:42d'imitation et de traitement
15:43ils ne pratiquent pas
15:44pour autant de l'euthanasie
15:45il y a des règles
15:46et je respecte
15:47un point important
15:48c'est la collégialité
15:49c'est-à-dire
15:50si une décision doit être prise
15:51elle doit être construite
15:52elle doit se travailler
15:54intégrer la personne
15:55dans ses choix
15:55mais elle doit être collégiale
15:57et là c'est la solitude
15:58de la décision
15:58d'un médecin
15:59d'accord
16:00et c'est pas
16:01a posteriori
16:02a priori
16:02qu'on va évaluer
16:03c'est vraiment a posteriori
16:04qu'on verra
16:05s'il a été ou pas
16:06dans les clous
16:06pour autant qu'il déclare
16:07donc on est dans quelque chose
16:08qui est une zone floue
16:10mais très inquiétante
16:11Emmanuel Hirsch
16:13merci beaucoup
16:13d'être venu aujourd'hui
16:14dans Punchline
16:15sur CNews et Européens
16:16pour défendre
16:17votre point de vue
16:18et en espérant
16:19que les députés
16:20et tout ça
16:21viennent en tête
16:21au moment du vote
16:22le 27 mai
16:23merci à vous tous
16:24d'avoir participé
16:25à Punchline
16:25merci Alexandre
16:26Noémie
16:26Geoffroy
16:27Edouard
16:28et André
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