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00:00On va évoquer dans un instant Bruno Rotaillot et le sujet sur l'entrisme, mais avant j'aimerais qu'on évoque cette lettre qui a beaucoup touché aussi Éric Revelle, la lettre de la maman d'Elias, ce petit jeune homme qui est mort il y a 4 mois, il a fait 14 ans, il a été tué à coup de machette par deux jeunes mineurs multirécidivistes.
00:21Cette mère lance un véritable appel à la société, à la justice, à l'éducation, aux politiques. On va écouter ce qu'elle dit avec Barbara Durand, puis je vais vous passer la parole ensuite.
00:33C'est dans une lettre ouverte que la maman d'Elias, cet adolescent de 14 ans tué sauvagement pour un téléphone portable, prend la parole.
00:414 mois après la disparition de son fils, elle se pose toujours autant de questions.
00:45Mais qui s'est moqué d'Elias ? Ces deux adolescents de 16 et 17 ans qui en toute impunité depuis 2021 réitèrent des vols avec violence ?
00:53Ces deux adolescents qui malgré une interdiction juridique d'entrer en contact se retrouvent régulièrement autour du stade Jules Noël pour commettre des délits.
01:00Dans son récit, elle insiste également sur la responsabilité de l'Etat dans la mort de son fils.
01:05Les différents ministres de la santé, de l'éducation nationale, de la justice, de l'intérieur qui n'ont pas pris la mesure depuis des années de la dérive d'une partie de la jeunesse, de son ensauvagement.
01:15De l'impact des réseaux sociaux et de la banalisation de la violence chez les adolescents entre eux et contre eux-mêmes.
01:20Une lettre bouleversante dans laquelle elle évoque encore aujourd'hui le sentiment d'injustice qui l'étouffe, de cette souffrance qui ne la quitte pas depuis qu'elle a perdu son enfant.
01:29Je m'occupe de la sépulture de mon fils et de notre famille.
01:32Je veille sur mon fils, je tente de survivre à l'absence de mon fils Elias, à ses coucous maman, à ses bisous maman, à cette carte et à ce petit cadeau que je n'aurai pas pour la fête des mères.
01:42Je patiente et je saurai qui s'est moqué de nous.
01:45Elias avait succombé à ses blessures après avoir été poignardé avec une machette à la sortie de son entraînement de foot.
01:52Orgueil, vous comprenez la colère de cette mère ?
01:55Oui, la colère d'abord, la tristesse, la tristesse infinie, la tristesse d'une mère qui perd son enfant et qui le perd de cette façon, en plus elle est insondable.
02:04Donc c'est une lettre extraordinairement émouvante.
02:06Et ce qu'elle dit est tellement vrai, c'est-à-dire que personne n'a pris la mesure de l'évolution de notre société et de la dérive d'une partie de la jeunesse.
02:17Et qui demande une approche multidimensionnelle, c'est-à-dire qu'il faut s'occuper de tout ce que nous avons détruit ou laissé détruire depuis des décennies.
02:27Voilà. Et hélas, on n'en prend pas le chemin. C'est-à-dire qu'on pleure sur chaque victime, on s'indigne de chaque fait divers, mais finalement, à part faire semblant, on ne fait rien.
02:41Rien.
02:43Sur aucun plan ? Judiciaire, social, éducatif ?
02:46Tout, tout. Regardez l'état de l'école d'abord, mais ça nous interroge aussi sur l'état de la justice, mais en particulier de notre droit pénal.
02:55Voilà, c'est qu'on ne peut plus traiter la délinquance des mineurs comme on l'a traité auparavant, parce qu'elle a changé de nature.
03:02Il faut adapter le droit pénal à l'état de la société, à l'évolution de la société.
03:07Et pour l'instant, ça n'en prend pas le chemin.
03:10C'est-à-dire que, comme il n'y a pas d'analyse de la violence, de sa nature, de ses causes et de sa nature...
03:15Les origines de la vie.
03:16En fait, on ne fait rien. C'est comme ça qu'on se retrouve avec des enfants capables de tuer un autre enfant pour un téléphone portable.
03:23Pour un téléphone portable, qu'il donnait.
03:25Ou dans une société où on a maintenant des tueurs à gage de 14 ans.
03:29De 14 ans.
03:29Voilà.
03:31Alors, Gauthier et après Eugénie.
03:32Non, c'est évidemment très important ce que dit cette mère.
03:35Ça me fait penser aussi à ce qu'a dit la veuve du gendarme Éric Comine.
03:40Ce qu'a dit plus récemment le papa de cette jeune femme qui a failli se faire enlever sur fond de crypto-monnaie,
03:49en parlant de mexicanisation de la France, quand il est venu dire sur ce plateau
03:52« Rien ne bougera tant qu'Emmanuel Macron sera là. »
03:55Donc, rien ne bougera avant 2027.
03:58Et il faut expliquer précisément ce que met en cause la maman d'Elias.
04:02Ça s'appelle la césure.
04:03La césure, c'est une réforme voulue par Nicole Belloubet, soumise au vote des députés par Éric Dupond-Morret.
04:09Alors, c'est quoi la césure ?
04:09La césure, ça consiste, vous arrêtez un mineur.
04:12Là, en l'occurrence, c'était des mineurs récidivistes, puisqu'ils ont fait précédemment ce qu'ils avaient fait à Elias.
04:19Elias, en plus, ils l'ont tué. Ils n'avaient pas tué précédemment.
04:22Vous les condamnez, vous leur donnez leur peine six mois plus tard.
04:25Et dans ce laps de temps, dans les six mois, ils ont tué Elias à coup de machette.
04:29Donc, s'ils avaient eu leur peine tout de suite, ils auraient été mis à l'ombre et ils n'auraient pas pu tuer Elias.
04:34Surtout qu'ils avaient, quoi comme interdiction ? De se voir.
04:37La belle affaire, ils vivaient dans le même immeuble.
04:39Ils sont récidivistes, ils ont reproduit les mêmes choses alors qu'ils venaient d'être condamnés et qu'ils attendaient leur peine six mois plus tard.
04:45Et cette césure, elle n'a pas été faite il y a dix ans, il y a vingt ans, il y a trente ans.
04:50Elle a été faite lors du premier mandat d'Emmanuel Macron par Nicole Belloubet et Éric Dupond-Moretti.
04:54Et donc, si on en croit le papa de cette jeune femme qui a failli se faire enlever, rien ne bougera d'ici 2027.
05:00Je crois qu'il y a deux... Cette violence juvénile, elle est protéiforme.
05:04Il y a deux grands types de menaces.
05:05Il y a d'un côté la menace, on voit de certains milieux issus de la délinquance.
05:10On a des mineurs très jeunes, multirecidivistes qui ne sont jamais punis et qui finissent par passer à l'acte de façon violente.
05:15On le voit, c'est le cas des meurtriers d'Elias, mais aussi de ce mineur afghan qui a tué le petit Matisse.
05:21On en a parlé tout à l'heure et qui, pareil, était connu pour plusieurs faits.
05:25Donc ça, c'est une violence, j'allais dire, liée à un certain type de communautarisme, de délinquance très précise.
05:33Et puis, il y a un autre type de violence qu'on voit apparaître, par mimétisme peut-être d'ailleurs, d'une jeunesse intégrée socialement qui se contamine à la violence par les réseaux sociaux.
05:42On a vu, par exemple, le meurtrier à Nantes qui a massacré une jeune fille qui s'était radicalisée sur les réseaux sociaux après avoir fait un manifeste écolo.
05:52C'est un peu ce qu'on voit dans la série Adolescence, vous savez, sur Netflix, qui raconte l'histoire d'un jeune adolescent qui se radicalise sur les réseaux sociaux et qui, par mimétisme, passe à la violence.
06:02Mais le point commun entre ces deux types de violences, cette violence, j'allais dire, mimétique, liée aux réseaux sociaux et une violence liée à la délinquance non punie, c'est le couteau.
06:11Le couteau, l'usage de la machine du couteau qui devient aujourd'hui systématique.
06:16Il n'y a presque pas une semaine sans qu'il y ait un incident, parfois gravissime, qui est lié au couteau en France et impliquant des jeunes mineurs.
06:24Et effectivement, c'est absolument désolant.
06:26Éric Revelle, il y a le volet politique de ce que dit la maman, puis il y a le volet personnel.
06:30Elle dit, je m'occupe de la sépulture de mon fils et de notre ami, je veille sur mon fils, je tente de survivre à l'absence de mon fils Elias, à ses coucous maman, ses bisous maman, à cette carte, ce petit cadeau que je n'aurais pas pour la fête des mères.
06:40Oui, comme on disait hier, c'est la fête des mères, vous imaginez la détresse de cette femme.
06:45Je trouve que le titre, et c'est pour ça que j'ai lu la lettre aussi, parce que je trouve le titre très interpellant.
06:51Qui s'est moqué d'Elias ? En sous-titre, qui s'est moqué de mon fils assassiné par des voyous qui n'auraient jamais dû être là et qui ont utilisé une machette pour le tuer, juste pour un téléphone ?
07:02Et vous savez, il y a deux choses que je retenais dans cette lettre.
07:05Il y a le factuel, tout ce qu'elle dit, les ministres en prennent pour leur grade et c'est normal.
07:09Les politiques en prennent pour leur grade et c'est normal.
07:11La société sous nos yeux s'effondre et personne ne fait grand-chose et c'est pas normal.
07:16Et puis il y a l'émotion qui est ciselée dans cette lettre, vous avez cité la fin.
07:21Et on aurait pu, peut-être, parce qu'elle s'adresse à tout le monde cette lettre,
07:26même à ceux qui n'imaginent pas un jour perdre un enfant dans ces conditions,
07:30elle aurait presque pu s'appeler « Lettre à la France ».
07:32Parce qu'en réalité, c'est la photocopie, comme le sondage est un instant T, l'opinion,
07:39c'est la photocopie tout à fait exacte de l'état dans lequel se trouve la société française aujourd'hui.
07:44C'est une lettre qui devrait être lue dans les écoles.
07:45C'est une lettre qui devrait être lue dans les écoles.
07:48Parce qu'elle est magnifique, cette lettre.
07:50Donc elle est absolument, dans tous les sens, c'est une lettre édifiante.
07:54Puisque maintenant, de plus en plus, on voit que les victimes n'obéissent pas à une sorte de doxa qu'il y avait auparavant,
08:01c'est-à-dire qu'elles devaient se taire, qu'il fallait être dans la dignité, etc.
08:05Là, on est dans la dignité et on est en même temps dans le refus.
08:09Gauthier Lebray, il me semble que la veuve de M. Comine avait dit « La France a tué mon mari ».
08:14Oui.
08:14C'était aussi clair et simple que ça.
08:16Parce qu'il me semble que celui qui a tué son mari était un étranger.
08:22Donc évidemment, on se posait la question de qui vous acceptez sur le sol de France.
08:28Mais il est en situation régulière.
08:29Il est en situation régulière, absolument.
08:31Mais la question, c'était pourquoi est-ce qu'on a mis cet individu,
08:35qu'on lui a permis d'être en situation régulière.
08:37Donc la France a tué mon mari parce qu'en plus, il était récidiviste.
08:40Ok.
08:4018 ans, vous voulez rajouter quelque chose, Louis ?
08:42Non, non.
08:43Moi, je suis assez frappé par le niveau de clairvoyance aujourd'hui des victimes.
08:46C'est-à-dire que par le passé, on pouvait se dire...
08:48Des Français.
08:49Bien sûr, mais des victimes, on se disait « Bon, le sujet est un peu compliqué.
08:53On comprend la souffrance. »
08:55Là, moi, ce qui me frappe, c'est à la fois...
08:57Ils ont tout décortiqué.
08:58Tout est décortiqué, tout est absolument par la parole, maintenant.
09:01Ça frappe au coin du bon sens.
09:02Et par ailleurs, c'est une gifle à chaque fois à l'endroit de la classe politique.
09:06Parce qu'eux, en fait, vont vous dire quoi ?
09:08« Ah, mais c'est trop compliqué.
09:09Mais vous savez, il faut changer le système. »
09:11Et puis, ils restent drapés dans leur espèce de...
09:14La République ne reculera pas.
09:16La République, avec des discours lénifiants, avec « Mais attention,
09:19oui, il faut réfléchir à une évolution du cadre,
09:21mais sans faire évoluer le droit. »
09:23On entend tout ça et je trouve que...
09:25Voilà, c'est des propos qui sont très percutants.
09:27Elles se sont très attaquées.
09:29Qui tiennent ce genre de propos, qui parlent de mexicanisation,
09:32d'en sauvagement comme la mère d'Elias,
09:34quand la veuve du sergent Comine disait, du gendarme Comine,
09:37« La France a tué mon pays. »
09:39À chaque fois, extrême...
09:39Mon mari.
09:40Extrême, mon mari.
09:41Extrême droitisation.
09:42Évidemment.
09:43Extrême droitisation.
09:43Henri Guénaud, un petit mois avant le rappel des titres.
09:45Je voudrais revenir sur ce qu'a dit Eugénie Bastier.
09:47Il y avait un mot qui m'a semblé très important,
09:49enfin qui, moi, me paraît très important.
09:51C'est la violence mimétique.
09:52C'est que personne n'a voulu prendre la mesure de cette évolution.
09:57C'est-à-dire que, de temps en temps,
09:59cette violence mimétique s'empare d'une société.
10:01Et quand elle commence à s'en emparer,
10:03presque rien ne l'arrête si on ne cherche pas vraiment à l'arrêter par tous les moyens.
10:08Et donc là, on est dans cette situation.
10:11C'est à la fois violence mimétique et anomie.
10:12C'est-à-dire que nous sommes en face de gens,
10:15et en particulier d'une partie de la jeunesse,
10:18qui n'a plus intériorisé aucune norme.
10:22Aucune norme sociale, aucune norme morale.
10:25Et effectivement, la violence qui en est est une violence mimétique.
10:29C'est-à-dire que la violence nourrit la violence par mimétisme,
10:34même par épidémie.
10:36La violence, c'est un phénomène réciproque.
10:38Et là, on est en face de cette montée de la violence.
10:42Personne ne veut en prendre la mesure.
10:44Personne ne veut prendre non plus les mesures nécessaires,
10:47d'abord pour l'enrayer, ensuite pour en soigner les causes,
10:49mais d'abord pour l'enrayer.
10:50Et ça, ça me paraît absolument désastreux.
10:53Et j'ai toujours entendu depuis des années,
10:54les gens dirent, mais non, on n'en est pas encore là,
10:56on n'en est pas là, c'est pas...
10:57Eh bien, si on en est là,
10:59et si on ne fait rien de sérieux
11:02pour enrayer cette violence mimétique,
11:04elle dévorera tout.
11:05C'est-à-dire qu'on va vers un abîme de violence
11:07qui dévorera tout le monde.
11:09Quand cette violence sort de l'homme,
11:11elle dévore tout.