00:00Le meurtrier du docteur Alban Gervais poignardé à Marseille en 2022 devant l'école de ses enfants ne répondra jamais de ses actes devant la justice
00:08puisque les juges ont décidé de suivre les expertises psychiatriques qui concluent à l'abolition du discernement du meurtrier en le rendant pénalement irresponsable.
00:17Et forcément c'est une annonce difficile pour Christelle Gervais, la veuve de la victime, invitée ce matin de repas.
00:23J'aimerais qu'il y ait un juge d'application des soins, que les psychiatres qui autorisent la sortie de ce patient engagent leur responsabilité sur le plan médical
00:31comme le font finalement tous les médecins quand ils décident de laisser sortir un patient des urgences, du bloc opératoire, etc.
00:38On a demandé que le meurtrier d'Allemand ne se présente pas dans les bouches du Rhône et ça nous a été refusé.
00:43On nous a même refusé un éloignement hors de la ville de Marseille.
00:47Ça je pense que ce n'est pas acceptable pour mes enfants et moi.
00:49Alors mes enfants, pour être honnête, je leur ai menti, je leur ai dit qu'ils n'auraient pas le droit de venir sur le département.
00:56Ce n'est pas le cas et je pense que nous ça nous expose quand même à une inquiétude bien trop importante.
01:00Vous avez peur de le recroiser ?
01:02Bien sûr. Il est venu deux fois devant l'école où étaient scolarisés mes enfants et où Allemand a été tué.
01:08Il est venu le vendredi, il est revenu le mardi.
01:11Son téléphone avait borné les jours précédents déjà dans le quartier.
01:15Bien sûr que c'est quelque chose qui me terrifie.
01:17Voilà, Christelle Gervaise ce matin au micro de Dimitri Pavlenko sur Europe 1.
01:22Il y a de la colère, il y a de l'indignation, de l'inquiétude et aussi des questions.
01:26Alors je vous la pose, Gilles-William Gonaldel, est-ce qu'il faut judiciariser le parcours des criminels atteints de troubles psychiatriques ?
01:32Écoutez, moi j'ai connu ça dans l'affaire Sarah Halimi.
01:36D'ailleurs ça se ressemble.
01:38Parce qu'on nous a expliqué, d'abord les psychiatres, les experts psychiatres judiciaires n'étaient pas d'accord entre eux.
01:47Et il y en avait qui pensaient qu'il était responsable.
01:49Et l'autre qui pensait que puisqu'il s'adonnait au cannabis, il avait des bouffées délirantes lorsqu'il s'adonnait au cannabis.
02:00Très bien.
02:01Donc du coup, effectivement c'est une frustration terrible pour la famille qu'on peut imaginer.
02:07Mais ce qui est encore pire, c'est que dans le genre de cas...
02:11Là aussi on est sur un consommateur de cannabis qui n'avait pas de quasi-judiciaire mais des condamnations.
02:16C'est la même histoire.
02:17C'est d'une certaine manière.
02:18Ce qui veut dire qu'il va être sevré de cannabis, donc en toute logique, dans un an, dans six mois, dans trois ans, je ne sais pas, il pourra ressortir.
02:30Et donc à nouveau il pourra s'adonner également au cannabis et être à nouveau dangereux.
02:35C'est terrible non seulement sur le plan moral, mais c'est terrible également sur le plan de la prophylaxie par rapport au...
02:42Voilà.
02:43Et ce qui est terrible aussi, je termine là-dessus, c'est qu'en plus en France, si vous voulez, s'il n'y a pas de responsabilité pénale, c'est que d'une certaine manière, ce n'est plus un fait de société.
02:56Je peux vous dire qu'en Norvège avec Breivnik qui était tout aussi spécial que cela, là on y a vu quand même quelque chose de politique.
03:04On a publié la liste des intellectuels français qui lisaient du Breivnik tous les jours.
03:08Donc il y a aussi une sorte d'échappatoire politique.
03:11Dès l'instant, on peut se protéger derrière la psychiatrie.
03:13Vous parlez de responsabilité, Gabriel Cluzel, il y a aussi la responsabilité des médecins.
03:17Est-ce qu'il ne faut pas aussi, quelque part, engager leur responsabilité ?
03:20Écoutez, vous avez raison.
03:21Je pensais aussi au cas de Saralimi, il y a aussi le cas de Timothy Bonnet à Villeurbanne, vous savez, qui a été poignardé à l'âge de 19 ans.
03:30C'est un jeune apprenti pâtissier qui était très prometteur, qui avait même fait un stage dans les cuisines de l'Elysée.
03:36Il allait à un concert, il était à un abri de bus.
03:39Et je crois que c'était un réfugié afghan qui l'a poignardé, agressé en criant à la Ouagbar.
03:46Et de la même façon, on a conclu à l'irresponsabilité.
03:50Il se trouve que je suis en contact avec quelqu'un de sa famille qui est proprement révolté.
03:55Parce qu'il m'explique en plus qu'aujourd'hui, au-delà de la grande frustration de ne pas avoir de procès,
04:01puis c'est un peu, j'ai dit, oui, il y a ma raison, c'est un peu circulé, il n'y a rien à voir.
04:04Une fois qu'on a décidé que le gars était fou, on dit, ah bah oui, qu'est-ce que vous voulez ?
04:08Enfin, il était fou, mais il passait cependant pour ne pas avoir, être motivé par des raisons religieuses.
04:17Quand vous créez à la Ouagbar, vous avez quand même une motivation religieuse, il y a quelque chose derrière, bref.
04:22Et donc, au-delà de cette frustration de ne pas avoir de procès, il y a aussi la peur,
04:29c'est ce qu'a exprimé Madame Gervaise, de voir sortir l'assassin.
04:32Oui, parce qu'on n'a aucune information sur la durée.
04:35Ce qu'elle m'expliquait, c'est que, voilà, elle n'a aucune information sur la durée,
04:38et même sur le lieu où il était détenu, on essaie d'envoyer des colis,
04:42et on se dit que s'ils nous reviennent sans, avec la mention, il n'y a plus d'adresse, voilà,
04:49il n'y a plus de correspondants, je ne sais pas quelle est la mention de la poste exacte,
04:52eh bien, on saura ainsi qu'il n'est plus dans cet hôpital psychiatrique-là.
04:56Vous voyez, cette, comment dire, cette confusion, cette grande ignorance dans laquelle sont tenues les familles,
05:05qui génère à la fois de la colère et de la peur, voilà, tout simplement.
05:09Et ça, c'est vrai que ça me semble extrêmement important à signaler.
05:12Et deuxième point aussi, vous savez, on nous répète à l'envie que nos hôpitaux psychiatriques sont débordés,
05:19vous êtes d'accord ? On nous dit, c'est affreux.
05:21Eh bien, dans les critères pour accueillir des réfugiés, il y a des critères de soins,
05:28et notamment les maladies psychiatriques.
05:30Or, on sait, c'est reconnu par les associations qui s'occupent de personnes avec des trajectoires migratoires,
05:37comme on dit pour faire chic, eh bien, que celles-ci, ayant rencontré diverses offrandes,
05:40ça peut s'expliquer, hein, chez elles, eh bien, sont plus souvent atteints de troubles psychiatriques.
05:46Donc, la prudence élémentaire, au vu de tous ces faits, au vu de notre incapacité à gérer sur le plan psychiatrique les malades,
05:53serait de ne plus accueillir de malades psychiatriques venant de l'étranger, ça paraît assez évident.
05:58Alors, Gilles-William, comment, justement, sont gérés ces malades psychiatriques, puisque vous connaissez bien ce dossier ?
06:03Est-ce qu'ils sont régulièrement réévalués ? Dans quelles conditions sont-ils retenus ?
06:08Ils sont examinés, ils sont examinés périodiquement, mais encore une fois, la psychiatrie, ça n'est pas une science d'une exactitude parfaite.
06:22Personne ne montra pas l'idée qu'il y a une sorte d'épidémie psychiatrique chez les fous d'Allah.
06:26Je veux dire, il ne faut pas être un modèle d'équilibre, déjà, quand vous allez vous faire sauter dans une pizzeria avec une bombe.
06:33Donc, par définition, ces gens-là ont quand même un petit quelque chose.
06:40Donc, pardon, mais moi, je suis très, très, très dubitatif là-dessus.
06:44Vous pensez que la justice peut évoluer dans ce sens ?
06:47C'est-à-dire, on parle de responsabiliser, par exemple, les médecins qui sont chargés, justement, de suivre le parcours de soins de ces fous, puisqu'on ne juge pas les fous, nous, en France.
06:57Écoutez, moi, dès l'instant où on me certifie que, si c'est un hôpital psychiatrique, si c'est une prison psychiatrique fermée pour certaines personnes et qui reste l'éternité, je m'en fous.
07:10Mais est-ce que ces malades restent, justement, pour l'éternité, comme vous le dites ?
07:14Pas du... mais pas actuellement du tout.
07:16Oui, c'est ça. C'est quoi la durée moyenne, par exemple, si on peut parler de durée moyenne ?
07:20Vous savez, rien, tout passe dans 5 ans.
07:24Dans 5 ans, malheureusement, cette histoire-là, elle sera oubliée, tout passe.
07:30Elle sera oubliée, vous aurez un médecin, peut-être de bonne foi même, qui, lorsqu'il l'aura examiné, qu'il l'aura entendu, le type doit sans doute être très gentil,
07:40va lui expliquer qu'il est maintenant totalement guéri, il y a une tentation, il y a un risque qui lui donne qu'il le fasse sortir.
07:48C'est comme ça, la vie, souvent. Si vous voulez, vous avez des médecins qui ne sont pas très politisés, qui peuvent parfaitement passer à travers.
07:55Ce que vous nous dites, c'est que ce type de...
07:57Aujourd'hui, concrètement, le Mohamed L, meurtrier de M. Gervais, il est détenu, il est retenu pour l'instant.
08:05Mais on ne sait pas pour combien de temps, à quel moment cette information est donnée aux familles des victimes.
08:09Mes chers amis, M. Traoré, qui a été jugé à la fois antisémite et dingue d'une certaine manière,
08:19je suis incapable de vous dire s'il est encore dans une étape psychique.
08:22Vous parlez de Mireille Knoll, du procès de Mireille Knoll.
08:23Oui, non, de Saralimi.
08:25De Saralimi, oui.
08:26Eh bien, je suis incapable, je suis incapable de vous dire s'il est encore dans un hôpital psychiatrique ou en liberté.
08:32C'est complètement fou, ça.
08:33C'est dingue.
08:34Mais je suis incapable de vous dire.
08:36On ne sait pas où il est.
08:36Mais je n'ai pas moyen de le savoir.
08:39Et donc...
08:40Est-ce que ce n'est pas là-dessus qu'il faut travailler concrètement ?
08:41Parce que sur le suivi de ces personnes atteintes de troubles psychiatriques graves...
08:47Mais il y a tellement à faire.
08:48Vous savez, ils sont nombreux.
08:51Ils sont extrêmement nombreux.
08:53C'est le sécisif, d'une certaine manière.
08:55Mais pardon, je comprends, je comprends, je partage, et l'indignation, et l'inquiétude de Mme Gervais,
09:01dont d'ailleurs, je vous signale, lorsque c'est arrivé, ça a été le maire...
09:06Il va chercher les mômes devant une école catholique, c'était le maire le plus total.
09:11Le statut d'affectivement des victimes, voilà.
09:13Il y a des bonnes et des moins bonnes victimes.