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  • 22/05/2025
Regardez Les auditeurs ont la parole avec Eric Brunet et Céline Landreau du 22 mai 2025.

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Transcription
00:00Jusqu'à 14h, les auditeurs ont la parole, Eric Brunet et Céline Landreau sur RTL.
00:06On va parler tout de suite de l'envers du décor de la cuisine française, de la gastronomie,
00:11des grands restos et des petits restos, de la restauration française et puis de la restauration italienne,
00:16quel que soit le type de restaurant. On est avec Alain qui a fait le 3210. Bonjour Alain.
00:20Oui bonjour.
00:21Les violences dans la cuisine et dans l'arrière-cuisine, ça vous parle vous Alain ?
00:25Ah ça m'a parlé oui, à une certaine époque j'en ai souffert oui.
00:28Vous étiez commis, comment on dit ?
00:32Non j'ai fait un pré-apprentissage qui s'est super bien passé et puis après j'étais en apprentissage dans un relais château
00:39et puis après je me suis retrouvé à Paris dans un très grand restaurant une fois que j'ai eu tous mes diplômes
00:44et là c'était compliqué.
00:47C'est-à-dire violence, humiliation ?
00:49Humiliation et violence oui.
00:51D'accord, vous allez nous raconter tout ça dans un instant.
00:53Il est 13h01, l'heure du rappel des titres avec Céline Landreau.
00:57Et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau qui demande au préfet de renforcer la surveillance des sites liés à la communauté juive
01:04et ça après l'attaque ayant tué hier soir deux employés de l'ambassade israélienne des États-Unis à Washington.
01:10Un couple abattu devant le musée juif de la ville.
01:14Le tueur qui a appelé à libérer la Palestine a été interpellé dans la foulée.
01:19RTL vous le révèle à une cinquantaine d'hommes a été interpellé depuis le début de la semaine en France
01:24lors du démantèlement d'un vaste réseau de pédocriminalités.
01:27Des hommes âgés de 25 à 75 ans.
01:29Un prêtre, un militaire, un ambulancier.
01:32Des pères de famille qui échangeaient sur la messagerie cryptée Telegram.
01:36C'est comme ça que les enquêteurs ont pu les remonter.
01:39Et puis cette nouvelle journée de mobilisation des taxis.
01:41La quatrième consécutive.
01:43Les artisans taxis qui se mobilisent toujours contre les nouvelles règles de tarification du transport sanitaire
01:49que souhaite imposer l'assurance maladie.
01:51Mais aussi contre la concurrence des VTC qu'ils estiment déloyale.
01:55Ils organisaient notamment des barrages filtrants aux abords de l'aéroport Charles de Gaulle à Paris ce matin.
02:01Le temps clair de l'orme pour cet après-midi.
02:04Avec, vous nous le dites depuis une heure, cette nette amélioration quand même.
02:07Absolument, ça s'assèche d'ailleurs.
02:09On a une alternance de passages nuageux.
02:12Mais aussi de belles éclaircies qui vont se développer sur la plupart des régions.
02:15Et puis pour ce qui concerne la perturbation, oui on va encore la retrouver cet après-midi.
02:19Mais plutôt sous forme d'averses.
02:21Et ça sera surtout la région Rhône-Alpes vers les Alpes et le Jura.
02:24Ces régions-là qui seront les plus concernées encore par les averses.
02:27Mais également vers les Pyrénées.
02:28Donc surtout vers les reliefs.
02:30La Méditerranée quant à elle sera à l'abri.
02:32Mais en raison du vent, ça va souffler fort.
02:3480 km heure Mistral, Tramontane, Libéjo, Insee.
02:37Le vent Corse et donc partout ailleurs, eh bien oui, davantage de soleil.
02:40Pour ce qui est des températures, en nette baisse sur le nord et à l'est.
02:4315 à 16 degrés, pas plus.
02:45Partout ailleurs, il fera entre 18 et 21 degrés.
02:47Ça sera beaucoup plus doux en Méditerranée.
02:49Ça peut même grimper jusqu'à 26 degrés.
02:51Très localement près de la côte d'Azur.
02:53Merci beaucoup Claire Delorme.
02:59Je comprends tout à fait comment fonctionne une cuisine.
03:01Je suis moi-même boulanger, pâtissier.
03:03Et l'excellence demande de la rigueur.
03:05Elle demande parfois aussi un peu de sévérité.
03:09Mais envers soi-même également.
03:10Je comprends que ce sont des métiers qui tiennent à cœur.
03:12Et quand les choses ne se passent pas comme prévu,
03:14on peut vite tout envoyer bouler.
03:17Ça n'excuse pas les comportements agressifs et les comportements toxiques.
03:21Mais on ne peut pas demander à des gens d'être constamment dans la dilettante
03:26et de faire le meilleur d'eux-mêmes.
03:28Ce n'est pas possible.
03:29Voilà ce message que nous laisse un auditeur boulanger.
03:32Vous l'avez compris, on parle des violences qu'il y a aujourd'hui
03:36dans les cuisines de nos restaurants, quels qu'ils soient.
03:38Petits, moyens, grands restaurants.
03:40Alain, vous avez subi des violences alors que vous étiez dans un grand restaurant.
03:46Jeune en cuisine, c'est ça ?
03:48Voilà, c'est ça.
03:49Au niveau de mon apprentissage, j'ai commis.
03:51C'est-à-dire que la cuisine, c'est très militaire.
03:53Il y a de la hiérarchie dans une cuisine.
03:55Vous avez des chefs, des sous-chefs, des grillardins, des entremétiers, tout ça.
03:59Donc là, vous passez dans leur main, au sens propre et au sens du terme.
04:03Parce que vraiment, pour certains, c'est compliqué.
04:05Moi, j'ai travaillé dans un grand restaurant.
04:07Une fois que j'ai eu mon CAP et mon BEP, je me suis retrouvé à Paris
04:10dans un très grand restaurant avec un monsieur qui était beaucus d'or,
04:13pour ne pas le dire, bravo, chapeau et tout.
04:15Et la première fois, vous savez que je suis arrivé dans une brigade.
04:19On était 63-64 en cuisine.
04:21Brigade, c'est tout un tas de cuisiniers, comme je viens de vous dire.
04:24Il m'a appelé.
04:25La première chose qu'il m'a dit, moi, je n'aime pas les bretons.
04:27Moi, je suis breton et fier de l'être.
04:29Il n'aime pas les bretons.
04:30Moi, j'avais 16-17 ans dans ces eaux-là.
04:33Et il m'a dit, vous allez travailler avec le second.
04:35Et puis, tout se passe bien, le premier service avec le second.
04:39Il me rappelle en me disant, qu'est-ce que vous pensez du second ?
04:41J'ai dit, écoutez, moi, je viens d'arriver.
04:43Je ne connais pas trop, mais pour l'instant, ça se passe bien.
04:45Il m'a dit, non, c'est un con.
04:46Dites-moi que c'est un con.
04:48Moi, pour être tranquille, j'ai dit, oui, c'est un con.
04:51Qu'est-ce que je voulais dire ?
04:52Je ne connaissais rien à l'époque, en 1974-75.
04:55Oui, c'est un con pour être tranquille.
04:57Le service du soir se passe.
04:59Le breton et le second sont appelés à mon bureau.
05:01Et là, forcément, dites ce que vous avez dit cet après-midi.
05:04J'ai dit, rien d'ici.
05:06Vous n'êtes pas franc.
05:07Vous avez dit que c'était un con.
05:08Et pendant six mois, six mois, j'ai nettoyé le dessous du fourneau
05:13avec de la, comment on appelle ça, du décapefour.
05:16Les mains brûlées, parce qu'on se coupe en cuisine.
05:18Quand on est un gamin, on se coupe en cuisine.
05:20Les mains dessous complètement cramées.
05:22Des coups de balai.
05:23Le coccyx quasiment cassé parce que des grands coups de sabot.
05:26T'es qu'une merde, t'es rien.
05:27Des bétilles, des coups de bétilles.
05:29Vous savez, on passe, ça ne part pas.
05:31Tu recommences.
05:32C'était que ça.
05:33– Alain, vous avez tenu combien de temps comme ça ?
05:35– J'ai tenu mes six mois.
05:37Parce que je suis hargneux, je suis breton, je suis hargneux.
05:40J'ai tenu mes six mois.
05:41Et quelques temps après, vous savez, moi je suis quelqu'un de rancunier.
05:46J'ai passé des concours gastronomiques que j'ai gagnés.
05:49Après, je me suis retrouvé à Reims,
05:51chez des gens on ne peut plus adorables, la maison Chausseler.
05:54– Formidable.
05:56– Ouais.
05:59Et quand je suis arrivé là-bas, ils m'ont pris pour leur gamin.
06:05J'ai été 14 ans dans une maison extraordinaire.
06:07J'ai développé mon traiteur, j'ai développé mon service,
06:10j'ai développé ma cuisine parce que j'étais bloqué avec toutes ces méchancetés.
06:14Et quand je suis parti de là-bas, j'ai eu des diplômes,
06:17enfin voilà, peu importe.
06:18Et je me suis dit, le jour où je le retrouverai,
06:21je l'ai retrouvé dans une thalasso tout près en Bretagne.
06:24J'ai été le voir, je lui ai dit, vous vous souvenez de moi ?
06:26Il me dit, ah oui, c'est le petit merdeux,
06:28vous savez, l'espèce de con qui ne sera jamais cuisinier,
06:30la cinquième roue du carrosse, vous vous souvenez de ce que vous m'avez fait ?
06:33Parce que c'est vraiment de la méchanceté, vous savez,
06:35les torchons qu'on ferme comme ça et qu'on fait clac, clac, comme des fouets là.
06:38Eh bien, cette ordure-là, il mettait des espèces d'agrafes au milieu,
06:42comme ça, ça vous déchirait bien la peau.
06:44Donc, ces gens-là, moi, je les bannis en cuisine.
06:47Et après, quand j'étais chef de cuisine, j'ai eu des apprentis,
06:50des apprentis qui ont 45, 50 ans maintenant, m'appellent encore,
06:54pour souhaiter la bonne année, c'est les premiers.
06:56Alain, le danger, c'est qu'on refasse ce qu'on a subi,
07:00parce que ça, ça existe beaucoup, on parle des violences faites aux femmes, etc.
07:04Il y a souvent cette espèce de terrible litanie
07:07de j'ai subi ce que j'impose aux autres.
07:10Vous, vous vous êtes dit, plus jamais, jamais je ferai un truc pareil.
07:14Ah, jamais ? Jamais ? De toute façon, je ne pouvais pas concevoir.
07:16Vous êtes construit comme ça.
07:17Je me suis construit comme ça.
07:18Attendez, la méchanceté, mais de la souffrance, quoi.
07:20Quand vous avez un chef de cuisine, vos copains s'en vont,
07:23moi, quand j'ai fait mon apprentissage, là-bas aussi, sur la boule,
07:26vos copains, ils vont à la plage, et vous, le chef, il vous dit,
07:29tiens, viens voir, toi, machin, là.
07:31Il siffle comme ça.
07:32Tu as une mairie de haricots verts et de pommes cocottes à éplucher.
07:35Les pommes cocottes, c'est des pommes de terre, etc.
07:37C'était pour le communard.
07:39Le communard, c'est celui qui fait à manger au personnel.
07:41L'après-midi, je restais à faire des pommes cocottes pour bien les tailler,
07:44et puis après, ça allait au communard pour faire de la purée pour le personnel.
07:47Tout ça pour m'emmerder.
07:48Tout ça parce que, et j'étais gentil.
07:50J'étais pas un grand gueule.
07:51Moi, j'étais un bon apprenti.
07:52J'étais à l'écoute.
07:53J'apprenais Auguste Escoffier par cœur,
07:56et il comprenait pas, à l'école hôtelière, que...
07:58L'école hôtelière, j'avais des 18, des 19,
08:00et que ce chef-là m'émettait des 12, des 13.
08:03Tout ça parce que je lui plaisais pas.
08:06Nora Boisoni, vous êtes toujours avec nous,
08:08auteur de Violences en cuisine, une omerta à la française.
08:10On a un temps, Alain, qui parle de ces violences,
08:13de ce harcèlement subi dans les années 70.
08:15Vous, ça fait des années que vous alertez sur ce sujet.
08:18Pourquoi ça change pas ?
08:19Pourquoi on n'arrive pas à faire évoluer les mentalités plus vite que ça ?
08:23Déjà, je crois que...
08:25Ça fait 10 ans que des enquêtes sortent, ça et là.
08:27Je cite dans le livre des enquêtes nominatives.
08:29Il y a les noms des chefs qui sont mis en cause.
08:31Je rappelle, ces chefs n'ont pas reconnu les violences dont ils sont accusés.
08:36Vous n'en citez aucun, vous, dans votre livre ?
08:37Je cite uniquement les enquêtes qui ont déjà été publiées.
08:40Mais non, je cite pas spécialement de noms.
08:41Pourquoi ?
08:42Parce que, justement, on le dit, ça fait 10 ans que des enquêtes sortent.
08:45Il y a des noms dans le milieu qui circulent.
08:48On sait à peu près chez qui il ne faudrait pas aller.
08:50En tout cas, chez qui c'est compliqué.
08:51Donc, tout le monde sait plein de choses.
08:53Or, on en parlait tout à l'heure, considérer des cuisiniers, des cuisinières comme des artistes,
08:59quasiment comme des ambassadeurs politiques,
09:02des gens qui ont des contrats de sponsoring à des millions d'euros,
09:05qui ont des agents et des agentes, grand bien leur face, évidemment.
09:08Mais ça, ça empêche aussi une prise de conscience, à la fois du grand public,
09:12parce que ces gens jouissent d'un capital sympathie incroyable...
09:16Des monstres consacrés, des ambassadeurs de l'excellence française.
09:19Et en plus, ça.
09:20C'est-à-dire que, d'abord, il y a capital sympathie.
09:22On les voit à la télé, souriants.
09:24Ils sont sympas avec les gens qui leur font signer leurs livres.
09:26Évidemment qu'ils ne vont pas leur hurler dessus, comme ils hurlent en cuisine.
09:29Donc, on a du mal, aussi, nous, à nous dire
09:30« Mais il a l'air tellement sympa, lui, t'es sûr ? Ah bon, t'es sûr ? Mais c'est pas juste une personne. »
09:35Et moi, la phrase qu'on m'a beaucoup dite depuis 5 ans, c'est
09:37« Mais il n'y en a pas un qui est bien ? C'est qui qui est bien ? »
09:40Mais pour moi, il ne faut pas essayer de sauver le milieu en disant
09:43« Lui, il est bien. Lui, il est bien. »
09:45C'est pour ça que je dis que ce n'est pas systématique.
09:47Oui, mais vous ne pouvez pas dire ça, Nora.
09:48Parce que s'il y a des chefs qui sont formidablement sympas avec leurs équipes,
09:51on ne peut pas les jeter avec l'eau du bain.
09:54Moi, je ne jette personne.
09:55Puis, les bains, ce n'est pas très écolo.
09:57Non, mais je ne jette personne.
09:58C'est-à-dire que, moi, je ne peux pas dire « Lui, il est super. »
10:01Parce que je ne sais pas.
10:02Parce que, ça se trouve, il a été super pendant 6 mois.
10:04Et en fait, là, quelqu'un vient arriver.
10:05Et comme le dit Alain, il l'a eu dans le pif.
10:07Et bim.
10:08Et là, vous vous rendez compte la cruauté qu'Alain nous décrit
10:10et l'émotion qu'il y a dans sa voix aussi longtemps après.
10:13Il était très ému.
10:15On va accueillir Cédric, peut-être.
10:17La femme que vous écoutez, je le rappelle, s'appelle Nora Boisoni.
10:20Elle publie « Violence en cuisine », une omerta à la française.
10:23Et c'est pour cela que nous avons décidé, aujourd'hui,
10:25dans les auditoires en la parole, de parler de ce sujet.
10:27Et on accueille Cédric.
10:28Donc, bonjour Cédric.
10:29Bonjour Céline, bonjour Éric.
10:31On vous écoute, Cédric.
10:33Eh bien, oui.
10:34Moi, j'ai fait l'école hôtelière.
10:35Alors, pas en alternance, contrairement à Alain.
10:37Je suis désolé, il y a un petit écho.
10:42On vous entend très bien.
10:44On vous entend très bien.
10:45Donc, du coup, moi, j'ai fait mon école hôtelière.
10:48J'ai passé dans des petits restos très, très bien,
10:50où ça se passait très bien, comme dans d'autres.
10:52Alors, moi, j'étais en service.
10:53Mais moi, je voyais mes collègues de cuisine,
10:55où ça se passait très mal.
10:56C'est « Ah ben, tu n'es pas assez rapide.
10:58Tu restes là plus longtemps sans être payé pour continuer. »
11:02J'ai entendu des fouets claqués aussi, des insultes.
11:06Et puis aussi dans le luxe, vu que, comme le disait Alain,
11:09le luxe demande de la rigueur.
11:11On nous demandait aussi d'être plus exigeants,
11:13donc plus attentifs.
11:15Surtout si, par exemple, le guide Michelin était dans le coin,
11:18s'il y avait des célébrités ou autre.
11:20Moi, j'étais dans les alpires, dans les étoilés aussi.
11:23Et c'est vrai qu'on avait souvent des grandes célébrités qui venaient.
11:26Et donc là, à ce moment-là, il fallait être beaucoup plus attentif,
11:30beaucoup plus précis.
11:31Et surtout, s'il vient en cuisine, pas un bruit.
11:33Il ne faut pas affacher le chef.
11:35Il faut savoir qu'en cuisine, le chef, c'est lui qui est le porte-parole.
11:39C'est lui le grand maître, même si ce n'est pas lui le dirigeant.
11:42Cédric, comment faire la part des choses
11:45entre la rigueur nécessaire à ce métier, à son excellence,
11:49et puis les violences inacceptables, intolérables, répétées, réitérées ?
11:57Où est-ce qu'on met la ligne rouge ?
12:00La ligne rouge, moi, je ne l'ai jamais mise,
12:03parce que le deuxième jour où je suis arrivé,
12:06j'avais déjà travaillé dans ce lieu-là,
12:07le chef m'a dit « Toi, je ferai en sorte que tu ne finisses pas ta saison ».
12:10Et donc, par fierté personnelle, j'ai dit « Je tiendrai jusqu'au bout ».
12:15Et le dernier jour, je lui ai allé le voir,
12:17et je lui ai dit « J'ai fini ma saison, bonne journée ».
12:20Et donc là, il n'a pas compris, comme il ne s'en rappelait plus déjà.
12:23Et il faut savoir que dans les grands restaurants,
12:25vous, vous allez bien manger, vous les clients,
12:27nous, on mange très très mal.
12:29Nous, on devait faire 600 mètres à pied,
12:33aller, 600 mètres retour, pour aller manger.
12:35La cantine n'était pas à côté.
12:37Et on mangeait très mal.
12:38J'ai perdu 20 kilos sur la saison de 6 mois, à l'époque.
12:43Et en fait, le moyen de décompression, c'était de rentrer,
12:47moi, je n'habitais pas trop sur place, donc c'était très bien,
12:49le week-end, je rentrais chez moi,
12:51enfin, mon week-end, je rentrais chez moi,
12:53et ça me permettait de voir mes amis,
12:55mais, oui, j'en ai passé des boîtes de mouchoirs à pleurer,
12:58à me dire « ça va le faire, ça va le faire »,
13:00et par fierté personnelle, je voulais rester.
13:02Mais c'était très compliqué d'entendre le chef vous insulter.
13:05C'est qui le « sadique », je ne veux pas faire de procès d'intention,
13:09mais c'est le chef, le vrai, la figure médiatique,
13:12ou c'est des petits chefs qui sont dans la cuisine,
13:15et qui mettent leur tempo à eux, et qui humilient ?
13:18Non, c'est le grand chef, comme les petits chefs sont obligés de suivre le grand chef.
13:22Moi, j'ai souvent le chef pâtissier, le second, qui venait me voir,
13:25qui me disait « Cédric, c'est bon, demain, il n'est pas là, ça va le faire ».
13:29Moi, ça m'est arrivé de faire une grosse bourde.
13:33Je ne le savais pas, on m'a donné un produit, j'ai nettoyé,
13:35ça a abîmé la cuisine qui était flambant neuve.
13:37Je ne le savais pas, j'ai pris ce qu'on m'a demandé de faire.
13:40Clairement, ça a été l'enfer pendant deux mois derrière,
13:43comme j'ai abîmé la cuisine.
13:46J'y suis pour rien, quoi.
13:49Merci beaucoup, Cédric. Restez avec nous si vous pouvez.
13:52Évidemment, on va continuer à parler de ce sujet.
13:54On va accueillir Vincent. Bonjour, Vincent.
13:56Oui, bonjour.
13:57On vous retrouve dans un instant.
13:59Vous vouliez tempérer un petit peu ce que vous venez d'entendre, c'est ça ?
14:02C'est ça. Je n'ai pas forcément un avis très contraire,
14:05mais j'ai aussi mon point de vue.
14:07Eh bien, on l'entendra juste après ça. À tout de suite, Vincent.
14:19Les auditeurs ont la parole avec Éric Brunet et Céline Landreau.
14:24J'ai travaillé pour des 5 étoiles à Paris.
14:27Pour moi, ça reste les meilleures écoles de formation.
14:30Jamais je n'ai connu de harcèlement.
14:32Par contre, vrai que j'ai connu la rigueur.
14:35Maintenant, ce que j'entends, je suis effaré.
14:38Donc, je défends haut et fort la gastronomie française.
14:42Et oui, elle doit se faire avec le respect du personnel,
14:45des gens qui nous entourent.
14:46Sinon, on n'est pas dignes de représenter ce métier.
14:51Voilà, c'est un message que vous venez de nous laisser à l'instant, chers auditeurs.
14:54Vincent est avec nous.
14:56Bonjour, Vincent.
14:57Pour ceux qui nous rejoignent, je rappelle qu'on parle aujourd'hui
14:59des violences en cuisine et arrière-cuisine des restaurants.
15:02Des petits, des grands, d'ailleurs, restaurants.
15:04Avec cette idée, quand même, qu'il y a,
15:07selon cette journaliste que vous venez d'entendre, Nora Boisoni,
15:10qui publie « Violence en cuisine, une omerta française » chez Stock,
15:14il y a quand même un système qui conduit,
15:18assez fréquemment, dans les cuisines,
15:21des violences à des attaques sexistes et sexuelles
15:25et également à des faits de harcèlement.
15:30Donc, on a eu des sacrés témoignages,
15:33ceux d'Alain et de Cédric, pour commencer.
15:35Et maintenant, c'est Vincent qui a la parole.
15:37Mon cher Vincent, on vous écoute.
15:38Oui, bonjour Eric.
15:41Déjà, bonjour tout le monde.
15:43J'entends également les témoignages des autres auditeurs
15:46qui sont, en effet, effarants et même effrayants.
15:50Ce n'est pas évidemment ça que je défends.
15:53Par contre, c'est vrai que, comme vous disiez tout à l'heure,
15:56l'excellence de la gastronomie française,
15:58qui est réputée à travers le monde,
16:00elle passe par une certaine rigueur
16:02et elle demande une certaine discipline
16:06qu'on retrouve dans les cuisines.
16:07Moi-même, je suis boulanger-pâtissier.
16:09J'ai eu plusieurs expériences.
16:10J'en ai fait un petit peu en cuisine,
16:12mais je n'ai pas eu de mauvaises expériences en cuisine.
16:14J'en ai eu des expériences en pâtisserie,
16:16où ça s'était mal placé également.
16:19Mais comment ?
16:21De mon point de vue, c'était aussi pour...
16:24Comment ?
16:25Quand ça se passait mal, je comprenais aussi
16:27qu'il fallait tirer vers le haut tout le monde
16:29et que ceux qui m'entouraient n'étaient pas tous forcément aptes et capables.
16:34Et ce n'était pas forcément méchant non plus.
16:36Il y avait des choses qui étaient méchantes,
16:38et ça, ce n'est pas normal.
16:40Mais il y avait des choses où, comme...
16:42J'avais en tête une analogie un peu facile,
16:44mais si sur la route, vous avez un mauvais conducteur à côté de vous,
16:48vous n'allez pas lui dire constamment que ça va.
16:50Il y a un moment, il faut lui dire que ça ne va pas.
16:52Il faut faire des reproches.
16:54Et ce n'est pas forcément méchant,
16:56mais des fois, c'est des reproches qui sont mal construits, en fait.
16:59Et voilà, c'était voilà.
17:02Manuel Samoa...
17:03Vous avez raison.
17:05Vincent, je suis tout à fait d'accord avec vous.
17:07C'est la question de la ligne rouge.
17:09On doit pouvoir faire un reproche à un salarié en cuisine, bien sûr.
17:13Mais à Alain, tout à l'heure, on lui a cassé des balais sur le dos.
17:17On lui a cassé le coccyx.
17:19On mettait des agrafes métalliques à l'intérieur des torchons mouillés
17:23qu'on pliait en deux et avec lesquels on le fouettait
17:26pour que ça lui abîme la peau.
17:28On mettait des agrafes métalliques dans le torchon humide
17:30avec lequel on le frappait.
17:32C'est-à-dire que là, on était tombé sur des gens qui pratiquent la violence
17:35de façon systématique, qui sont des tarés, pardon de le dire comme ça.
17:39C'est des gens qui méritent une punition égale à ce qu'ils ont fait subir.
17:43Je suis désolé, c'est insupportable ce genre de témoignage.
17:46Je l'ai entendu, ça me glaçait le sang.
17:49Mais est-ce que, Vincent, ces comportements-là ne sont pas, j'allais dire,
17:54facilités par le sentiment de toute puissance
17:56qui peut habiter certains chefs dans une brigade ?
18:00De toute puissance, je ne sais pas, en tout cas d'impunité.
18:03Parce que c'est sûr que personne ne va oser broncher quand c'est ça.
18:06C'est aussi triste, c'est que dans ces équipes,
18:10il va parfois y avoir une personne qui va prendre pour les autres
18:13et tout le monde va se conforter dans cette idée-là.
18:15C'est ça que vous y avez assisté, par exemple, à des cas d'humiliation
18:18et autour d'un silence pesant parce que personne n'ose intervenir ?
18:22En pâtisserie, oui, ça m'est arrivé de prendre un truc dans la gueule.
18:28À la fin de la journée, toute l'équipe rigole ensemble, même avec le chef.
18:31Mais on ne remet pas ça sur la table.
18:33Par contre, on ne remet pas l'autorité en question.
18:35Ça aurait été, de toute façon, catastrophique.
18:37Et le chef, de toute façon, avait une autorité toute puissante qui lui…
18:41En fait, en étant un peu l'ennemi de tout le monde,
18:44il faisait une brigade qui était très soudée.
18:49Moi, je lui pardonne bêtement, mais ce n'était pas non plus dramatique.
18:54Mais c'est vrai que, d'un autre côté, je comprends peut-être,
18:57n'ayant pas vécu quelque chose non plus de fou.
18:59Ça ne m'a pas blessé, ça blesse un peu l'égo sur le coup,
19:02mais j'avais vraiment envie de poursuivre.
19:04De toute façon, ça s'est continué comme ça,
19:06sans jamais aller plus loin dans les violences.
19:08Mais oui, c'est le genre de situation où, avec le temps,
19:12je pense que j'ai surtout compris et pardonné.
19:15Et puis, c'est tout. Après, je vais de l'avant.
19:17Il ne m'est jamais arrivé rien de grave.
19:19Ce qui m'embête toujours avec ce genre de livre,
19:24qui est, encore une fois, un livre qui recueille des vrais témoignages.
19:28Heureusement que ce livre existe.
19:30Mais je pense à tous ceux qui sont des chefs généreux.
19:33Dieu sait qu'il y a des humanistes dans le métier.
19:35Vous parlez des pâtissiers.
19:36Il y aura des pâtissiers qui sont formidables, j'imagine,
19:39et qui sont très gentils avec leur personnel,
19:41et qui arrivent même à tirer le meilleur du personnel,
19:43sans violence.
19:45On peut.
19:46Des vrais managers.
19:48Oui, un manager doit s'adapter à son audience.
19:50Et je pense que s'il y avait vraiment une bête noire dans son équipe,
19:53ce n'est pas la peine de la fouetter.
19:55Il faut plutôt la faire partir et lui dire que ça ne marche pas.
19:58Ça ne sert à rien de s'énerver contre elle.
20:01Ça, c'est mon point de vue.
20:03Mais je comprends que dans les restaurants étoilés,
20:08il y a un moment où la passion et le truc qui le tient à cœur
20:11va lui faire dire des choses mal, faire des choses mal.
20:15Par contre, je ne pardonne pas la violence.
20:17C'est débile, c'est débile.
20:19Bien, merci beaucoup mon cher Vincent.
20:23Merci à vous.
20:25Et on va continuer à faire tourner la parole et accueillir François aussi.
20:28Bonjour François.
20:29Bonjour.
20:30Eh bien François, je vous annonce que vous aurez la parole dans une minute.
20:33Ah non, c'est tout de suite.
20:35Je suis trop impatiente, Eric.
20:37Désolé, je voudrais qu'on entende François maintenant.
20:39François, racontez-nous si vous avez vous aussi été témoin,
20:43victime peut-être aussi de ces violences
20:46que l'on décrit depuis près d'une demi-heure maintenant
20:49dans le secteur de la restauration.
20:51Eh bien, un petit peu comme tous mes collègues juste avant vous,
20:55j'ai connu le petit harcèlement,
20:59ce qu'aujourd'hui on appelle le harcèlement moral.
21:01On l'a entendu, je l'ai vécu.
21:04Ça partait d'un rien et ça pouvait durer des semaines, voire des mois,
21:08comme je l'ai pu entendre chez l'un de mes collègues.
21:11Au niveau physique, oui, j'en ai eu aussi.
21:14De la part pas forcément d'un chef, c'était moi, c'était de la part du second.
21:17Mais il avait tellement un caractère difficile qu'on ne lui disait rien.
21:21On le laissait faire.
21:23Physique, physique, qu'est-ce qu'il vous faisait le second dans la cuisine, François ?
21:28Alors, ça a été les coups de torchon.
21:30J'ai pas d'agrafe, mais j'ai eu les coups de torchon.
21:33Par exemple, on faisait chauffer la petite spatule à pâtisserie
21:37qu'on posait sur le bras au moment où vous y attendiez le moins.
21:39Pour avoir une petite brûlure.
21:41On prend le petit couteau d'office, celui qui ne coupe pas très bien,
21:44histoire de vous mettre un tout petit coup sur la main ou sur un doigt.
21:48Vous savez, comme ça, ça vous pique toute la journée
21:51parce que vous utilisez du sel et tous les produits.
21:53C'était un jour, il s'est cogné dans une porte de micro-ondes
21:59parce que je ne l'ai pas fermée.
22:01J'ai débuté, c'était mes premiers stages.
22:04Je ne l'ai pas fermée, cette porte de micro-ondes.
22:06Il s'est cogné dedans, il est venu me chercher à l'autre bout de la cuisine
22:09par le col pour me dire dans l'oreille
22:13que je vais passer à l'intérieur du frigo et du micro-ondes
22:16sans ouvrir les portes.
22:17Quand vous avez 16 ans, que vous êtes timide à la base
22:20et que vous avez un mec comme ça qui vous fait peur à longueur de journée,
22:24je peux vous assurer que d'arriver au bout de sa formation, c'est difficile.
22:28J'ai eu ça en entreprise, mais j'ai eu ça aussi au lycée hôtelier
22:33où j'ai eu mon premier prof de cuisine et c'était quelqu'un qui était infâme.
22:36Quelqu'un qui était infâme et qui m'a failli arrêter ma formation.
22:41C'est là où je repose parce que je ne veux pas redonder sur tout ce qui s'est dit
22:46parce que ça n'arrive pas partout et heureusement,
22:49il y a des gens qui sont vraiment dans l'accompagnement et dans le bien-être.
22:54Et ça, il faut le souligner.
22:55Par contre, la question qui serait bien bonne à poser à la journaliste Nora Boisoni,
23:03c'est d'où ça vient tout ça.
23:06C'est ce que j'expliquais à votre collègue tout à l'heure.
23:09On est un peu comme un disque dur.
23:12On nous imprime ça longtemps avant et je ne l'ai pas ressorti tout de suite.
23:17Un jour, je me suis mis à mon compte et je me suis surpris à être infâme
23:21verbalement avec les gens parce que je voulais peut-être obtenir cette qualité.
23:27Cette qualité qu'on nous oblige finalement implicitement à avoir
23:31parce que certains clients sont de plus en plus exigeants.
23:38Et surtout, eux n'acceptent pas d'être servi en retard, d'avoir du retard,
23:43de ne pas avoir la cuisson parfaite, d'être infâme avec les serveurs.
23:47Et du coup, tout ça en fait...
23:48Donc vous dites finalement, c'est très intéressant ce que vous dites.
23:51Restez avec nous un petit moment parce que vous dites finalement
23:55cette violence induite dans les cuisines,
23:57eh bien c'est toute une chaîne qui commence parfois avec des clients
24:02qui vous font peser à vous, chef restaurateur sur les épaules,
24:07un schéma de violence.
24:08Restez avec nous.
24:10La petite musique, vous la reconnaissez, c'est celle de l'heure du crime.
24:13Jean-Alphonse Richard est dans le studio.
24:15Que va-t-il se passer, Jean-Alphonse, à 14h ?
24:17Bonjour à tous les deux.
24:18Eh bien à 14h, je vous emmène dans l'Estheron.
24:20C'est dans l'arrière-pays niçois.
24:22On est au printemps 1999 et dans ces collines,
24:24on va découvrir trois corps sans tête.
24:26Alors évidemment, on va se demander qui sont ces corps dépecés,
24:30sans tête, sans main, deux hommes et une femme.
24:32On va penser à l'œuvre d'un détraqué.
24:34On va y voir la main de la mafia des pays de l'Est.
24:37Et pourtant, c'est un tout petit bonhomme, frêle, sans envergure,
24:42sympathique commerçant en Thibes.
24:44Il est fromagé, qui va apparaître dans ce décor.
24:47Il s'appelle Michel Pinto.
24:48On lui donnerait le bon Dieu sans confession
24:51et pourtant, on le soupçonne.
24:53Pourquoi on soupçonne cet homme si sympathique ?
24:56Michel Pinto est-il le dépeceur ?
24:58Comme ça, je vous le dis tout de suite, c'est impossible à croire.
25:01Mais je vais vous raconter tout ça dans l'heure du crime.
25:04C'est à suivre à 14h.
25:05A tout à l'heure Jean-Alphonse.
25:09Et dans un instant, on continue à parler de ces violences
25:12dans le monde de la restauration des étoilés.
25:17Au restaurant de base, des violences systémiques.
25:21Comme nous le disait il y a quelques minutes la journaliste Nora Boisonia.
25:32Vous écoutez RTL midi, les auditeurs ont la parole.
25:34On va continuer à parler avec vous de ces violences
25:37dans le monde de la restauration.
25:38Mais on voudrait aussi vous entendre sur les relations difficiles
25:41entre les taxis et les VTC des taxis
25:43qui manifestent aujourd'hui encore pour dénoncer notamment
25:47une concurrence déloyale.
25:49Vous connaissez le numéro 3210 et nous on revient dans 50 secondes.
26:01Je n'aurais pas cru.
26:02Je crois qu'on avait un petit message par répondeur.
26:04Je n'aurais jamais cru que notre invitée tout à l'heure, Nora Boisonia
26:08qui a publié chez Stock, violences en cuisine, une omerta à la française.
26:12Elle parle des violences dans les cuisines des restaurants,
26:15les petits, les moyens, les grands.
26:16Je n'aurais jamais cru qu'on ait autant d'appels sur ce sujet.
26:19Et en fait, ça passionne les auditeurs.
26:21On a des sacrés témoignages.
26:22Et on était avec François juste avant cette pause.
26:24François qui est toujours avec nous.
26:25François, vous nous racontiez avoir subi, vous, des humiliations
26:28pendant votre apprentissage.
26:30Et une fois, patron, vous-même vous êtes rendu compte
26:33que vous n'aviez pas un comportement qui était souhaitable,
26:38normal même, si je puis dire, à vos yeux.
26:40Je voudrais savoir comment vous vous êtes rendu compte,
26:42à quel moment vous avez pris conscience
26:45que vous ne vous comportiez pas bien avec vos équipes ?
26:48Alors, je m'en rendais compte dans la manière où je leur parlais, des fois.
26:54Mais c'était quoi ? C'était un crier ?
26:58Oui, voilà, c'était crier.
27:00C'était dire, attends, tu ne peux pas envoyer ça comme ça.
27:02Tu te rends compte, le client, il paye.
27:03Tu lui dis une fois, tu lui dis deux fois, tu lui dis trois fois.
27:05Et tu t'aperçois qu'en fait, en face, on bloque la personne.
27:08Alors ça, j'ai pris du temps avant de me rendre compte du schéma.
27:11Parce que ça, en faisant du judo par la suite,
27:14j'ai appris à retravailler sur mon travail, sur ce que je faisais tous les jours.
27:19Et c'est comme ça que j'ai mis des mots sur ce que je faisais.
27:22Mais du coup, mon épouse me disait, tu te rends compte ?
27:25Comment tu parles aux gens ? Tu ne peux pas être comme ça.
27:27Et j'en devenais irascible avec les gens.
27:30Et pourquoi je devenais comme ça ?
27:32Et je me suis aperçu qu'en fait, mon disque dur était comme ça.
27:35On m'a appris comme ça, puisque depuis le début, on m'a parlé comme ça.
27:38On m'a toujours parlé comme ça, surtout dans les écoles.
27:41Et j'ai encore un exemple très flagrant.
27:43Aujourd'hui, ma fille est en collège et on leur met une pression dingue.
27:47Et il y a certains profs qui leur parlent.
27:50On leur dit, mais vous vous rendez compte, le niveau que vous avez, vous êtes nul.
27:53Vous n'arriverez jamais à rien.
27:55Alors que ce n'est pas ce qu'on leur demande.
27:57On leur met une pression à 14 ans.
27:59Après, vous arrivez dans le système du coup du travail.
28:02On vous met une pression aussi.
28:04Et puis un jour, vous voulez être patron.
28:06Un jour, on m'a dit, vous verrez, le top du top, c'est d'être patron.
28:08Et puis vous d'être patron, vous devez rendre des comptes à énormément de gens.
28:11Et on vous dit que ça va être la panacée.
28:13Et ça ne l'est pas.
28:14Et en restauration, vous avez le côté.
28:16C'est ce que je voulais dire tout à l'heure.
28:18Et attention à mes paroles.
28:20Je ne veux pas que ça passe pour des excuses.
28:22Je n'excuse pas les faits de violence ou du harcèlement.
28:25D'ailleurs, c'est malheureux.
28:27Mais il y en a eu, il y en a encore.
28:28Et il y en aura malheureusement encore.
28:30Parce que ça ne s'éteindra pas tout de suite.
28:32Mais c'est une piste d'explication.
28:34Par exemple, j'ai eu un client une fois.
28:36Il m'a renvoyé quatre fois la même viande.
28:38En me disant, ce n'est pas la cuisson que je veux.
28:40Et je peux vous assurer qu'en essayant toutes les cuissons possibles et inimaginables,
28:45je n'ai pas réussi.
28:47Je prenais ça pour ne pas réussir à le satisfaire.
28:50Mais tout simplement, ce mec, il avait juste envie de me chier dans les bottes.
28:54Aujourd'hui, il était dans une table de banquier et de gens influents.
29:00Et il voulait montrer qu'il était plus fort que le restaurateur.
29:03Et ce coup-là, ce n'est pas moi qui ai plu.
29:05C'est le pauvre petit salarié qui était avec moi,
29:07qui a fait une toute petite boulette,
29:09qui a renversé son petit peu avec ses petites tomates serrines.
29:12Et le pauvre, il s'en est pris plein les dents de ma part.
29:14Parce que ce n'était pas le bon moment.
29:16François, je voulais vous dire d'abord bravo.
29:18Parce que des gens qui ont une heure de grande écoute comme ça à la radio,
29:24ou même dans la vraie vie, devant leurs épouses,
29:28qui font amende honorable comme vous le faites, c'est formidable.
29:31Parce qu'en arriver à dire, en gros, je vais être un peu trivial,
29:35mais c'est moi qui étais devenu une tête de con,
29:38parce que le système, parce que tout ça.
29:40Et j'ai amendé, j'ai changé ma façon de fonctionner dans ma cuisine.
29:44Je trouve que c'est très fort d'en arriver à ça.
29:46Parce qu'on est dans un monde où personne ne s'excuse jamais,
29:50où ce n'est jamais de sa faute, c'est toujours celle des autres.
29:52Et je trouve formidable ce que vous venez de faire, François.
29:54Vraiment, bravo.
29:56Je vais même aller plus loin.
29:57J'accueille un stagiaire la semaine prochaine,
29:59qui lui a fait un premier stage et qui lui avait aussi subi des coups de torchon.
30:02C'est quand même dingue.
30:03Et là, j'ai dû le rassurer.
30:04Ma première, mes deux premières, les deux stagiaires que je vais avoir ce mois prochain,
30:07la première chose que j'ai fait, c'est de les faire venir,
30:10de les rassurer sur l'endroit et la manière dont ils allaient être traités,
30:13qu'ils n'allaient pas faire trois semaines de plonge,
30:15pas de nettoyage, pas nettoyer les hottes, etc.
30:17Parce que ça, c'est la grande punition.
30:19T'as mal travaillé, tu vas nettoyer la hotte.
30:21Merci beaucoup, François.
30:24Merci pour ce très beau témoignage.
30:26Et on salue Franck.
30:27Bonjour mon cher Franck.
30:29Bonjour Franck.
30:30Bonjour Céline, bonjour Éric.
30:32Vous avez la parole, on vous écoute.
30:34Écoutez, moi aussi, un parcours malheureusement similaire
30:38et je suis très très très heureux qu'aujourd'hui la parole se libère.
30:41École hôtelière, les premiers restaurants ont été tragiques,
30:45par des coups, par des violences, par des brimades,
30:49par des sévices aussi, des fois, qui étaient physiques.
30:54Et puis, vous savez, on va même jusqu'à faire chauffer à blanc la queue d'une casserole
30:58et on la dépose sur votre plan de travail.
31:00Et quand vous revenez, vous dites, qu'est-ce que ça fait là ?
31:02Vous la prenez à pleine main, vous êtes brûlé au troisième degré.
31:04Il ne faut surtout pas vous arrêter.
31:06Il ne faut surtout pas vous plaindre et il ne faut jamais se plaindre.
31:08Et c'est une loi de l'omerta.
31:10Ils se connaissent tous, tous les patrons se connaissent ensemble.
31:12Donc, si jamais vous quittez un établissement, son pote l'appelle,
31:15il dit, non, ça s'est mal passé.
31:17Donc, vous êtes grillé, vous n'avez plus de travail sur la ville où vous êtes.
31:20Et je suis tellement heureux qu'aujourd'hui la parole se libère
31:23parce qu'on est extrêmement nombreux à avoir souffert de ça.
31:27Qu'aujourd'hui, je suis aussi extrêmement heureux de faire changer les choses
31:31parce que je suis patron de 20 établissements.
31:34J'encadre à peu près 200 personnes.
31:36Et je mets un point d'honneur à faire respecter les horaires,
31:39le comportement, la parole
31:41et que les choses changent dans le milieu de la restauration.
31:44Avant de devenir patron, vous est-il arrivé de croiser un bon patron ?
31:50Oui, oui, heureusement.
31:52Ce n'est pas systématique ?
31:54Non, non, non.
31:55Et ce n'est pas seulement dans les restaurants étoilés.
31:58Ce n'est pas seulement dans les restaurants étoilés.
32:00C'était une pratique écourante.
32:02Il faut être des warriors, il ne faut jamais se plaindre.
32:04Et puis, quand il y en a un qui se plaint, on s'en prend à lui
32:06et on fait tout pour le faire craquer.
32:08Et malheureusement, nous, on reproduit le schéma que nos pères nous ont donné.
32:12C'est terrible parce que quand on se retourne...
32:14Comme François, vous avez constaté vous aussi
32:16que parfois vous aviez pu avoir des comportements
32:18que vous aviez décriés plus jeunes ?
32:22Oui, tout à fait, tout à fait.
32:24Et en fait, c'est ma femme qui m'a sauvé.
32:26Vous aussi, comme François.
32:27Pourquoi ? Elle vous a dit...
32:29Tu déconnes, Franck ?
32:31Non, parce qu'un jour, je lui ai dit que je voulais acheter un restaurant
32:34et elle m'a dit, si tu achètes un restaurant,
32:36paye-toi un divorce tout de suite.
32:38Elle m'a dit, tu es tellement fou en cuisine
32:40que tu vas me perdre.
32:42Et elle était enceinte et si vous voulez,
32:44il y a eu un électrochoc.
32:46Et je me suis retourné et quand j'ai vu où est-ce que j'en étais,
32:48j'ai dit, non mais là, stop, il faut arrêter.
32:50Il faut tout arrêter.
32:52Il faut vraiment se remettre en question.
32:54On ne peut pas reproduire le schéma indéfiniment.
32:56Il faut que nous, nouvelle génération, fassions changer les choses.
32:58Mais vous avez quand même eu votre restaurant.
33:00Mais en revanche, vous avez changé en cuisine, c'est ça ?
33:02Complètement.
33:04Respecter les salariés.
33:06Respecter les horaires.
33:08Mais c'était très difficile
33:10parce qu'on embauchait des gens qui étaient encore dans ce moule-là.
33:12Et à certains endroits,
33:14ça existe encore aujourd'hui.
33:16Et pour preuve, ma fille a fait une école hôtelière
33:18et elle a travaillé dans des restaurants
33:20et ça a encore pignon sur rue,
33:22ce genre de situation, malheureusement.
33:24Et donc vous lui avez dit de fuir, à votre fille,
33:26de choisir un autre lieu ?
33:28Bien sûr. Mais je lui ai dit de se battre
33:30et de ne pas accepter ça, surtout, et de dire stop.
33:32Et de dire non, bien sûr.
33:34Intéressant. Et la confusion, c'est qu'il doit y avoir
33:36des tas de restaurateurs qui se disent,
33:38si je suis comme ça, je mets un signe égal
33:40avec la qualité. Être exigeant, tapé, méchant,
33:42dur, cruel, ça veut dire que chez moi,
33:44il y a un niveau d'exigence extrême.
33:46Il y a des gens qui doivent encore fonctionner comme ça, Franck.
33:48Mais bien sûr.
33:50Vous savez, aujourd'hui, en France,
33:52on a un chef qui s'appelle Éric Guérin,
33:54qui est extraordinaire.
33:56Ce chef-là, il est appelé le Peter Pan de la cuisine.
33:58Il sauve des jeunes oiseaux,
34:00des jeunes ados qui sont un peu sur le côté
34:02et qui, justement, il met un point d'honneur
34:04à ce que dans son établissement, justement,
34:06ça soit respecté.
34:08Voilà. Et il y a des gens très, très bien
34:10dans la restauration. Et il y a des gens qui sont
34:12en train de faire changer les choses, heureusement.
34:14Et ça me fait tellement plaisir,
34:16votre émission, de pouvoir enfin dire la vérité.
34:18Merci, mon cher Franck.
34:2013h40, les auditeurs ont la parole.
34:22Pardon à Katia qu'on n'a pas pu
34:24prendre d'hommage.
34:26Dans un instant, il faut qu'on parle d'un autre
34:28thème, la cohabitation décidément
34:30très, très difficile entre
34:32les taxis et les VTC.
34:34Contactez-nous gratuitement
34:36via l'appli RTL ou au 3210.
34:3850 centimes la minute.
34:40RTL
34:44A découvrir dans le nouvel épisode des Salauds
34:46de l'Histoire.
34:48Aujourd'hui, je vous parle
34:50d'un nouvel épisode. Cette semaine,
34:52je vous raconte l'histoire de celui qui voulait
34:54qu'on le surnomme le Duce, Benito Mussolini.
34:56Il était d'abord un journaliste
34:58engagé à gauche, très
35:00à gauche en Italie.
35:02Et puis, il est devenu ce battleur
35:04charismatique. Il a inventé
35:06le fascisme. Il a inventé, créé
35:08le fascisme dans les années 1920
35:10en Italie. Le mot même de fascisme,
35:12il a installé ce régime totalitaire
35:14que vous avez peut-être, sans doute,
35:16étudié à l'école. Il était
35:18très populaire, Mussolini, dans les premières
35:20années. Et finalement,
35:22il a mis beaucoup de temps à être fragilité.
35:24Lui qui a
35:26prôné une Italie
35:28qui redeviendrait grande et digne
35:30comme aux plus belles heures de l'Empire
35:32Romain. C'était son truc, ça, l'Empire
35:34Romain, bien évidemment, à Mussolini.
35:36Mussolini qui a très, très mal fini.
35:38Je vous raconte tout ça dans Les Salauds de l'Histoire,
35:40la légende noire de Benito Mussolini.
35:42Un homme que vous
35:44découvrirez peut-être, pour certains, en tout cas,
35:46certains détails de sa vie. Et un épisode
35:48que vous pourrez écouter dès à présent
35:50sur le site d'RTL.fr.
35:52Les Salauds de l'Histoire.
35:54Les auditeurs en la parole.
35:56Eric Brunet et Céline Landreau sur RTL.
35:58On parle
36:00maintenant des taxis qui sont
36:02pour la quatrième journée, Céline Landreau,
36:04en grève.
36:06Quatrième journée de mobilisation
36:08consécutive pour les artisans taxis,
36:10avec une colère double. On a
36:12beaucoup parlé de leur protestation face
36:14au projet de l'assurance maladie qui entend revoir
36:16la tarification du transport sanitaire.
36:18Mais il y a aussi
36:20une colère dirigée contre la
36:22concurrence déloyale que représentent
36:24à leurs yeux les VTC. C'était
36:26notamment ça le motif
36:28de ce barrage
36:30filtrant ce matin aux abords de l'aéroport
36:32Paris-Charles de Gaulle. Et pour en parler,
36:34je voudrais qu'on accueille Johan. Bonjour Johan.
36:36Bonjour Céline. Salut Eric.
36:38Bonjour. Vous êtes dans quel
36:40coin de France ? Moi je suis à
36:42Besançon. Taxi à Besançon depuis
36:44huit ans. Alors déjà cette
36:46rivalité, non,
36:48ce problème avec les VTC,
36:50c'est pas un problème
36:52que des grandes grandes villes genre
36:54Paris, Lyon, Marseille. Ah non, pas du tout
36:56puisqu'à Besançon on est concerné aussi par ce problème
36:58et pourtant on est une commune de 120 000
37:00habitants, on a 44 taxis
37:02et aujourd'hui on dénombre une quinzaine de VTC
37:04depuis un peu plus d'un an. On rappelle
37:06parce que c'est pas nouveau les accusations
37:08de concurrence déloyale des taxis
37:10envers les VTC,
37:12la principale différence,
37:14si je puis dire, c'est l'achat de la licence.
37:16L'achat de la licence, oui, qui aujourd'hui nous
37:18autorise à pratiquer la maraude sur
37:20la voie publique, c'est-à-dire à prendre
37:22en charge le client à la gare ou au bord
37:24de la rue ou dans l'immédiat,
37:26alors que les VTC, eux, sont réglementés
37:28et constitutionnés à les prendre sur
37:30réservation seulement.
37:32Qu'est-ce que vous
37:34reprochez au système ?
37:36Qu'est-ce que vous voudriez changer
37:38avec les VTC ?
37:40Alors nous ce qu'on voudrait changer
37:42avec les VTC, en fait, c'est juste qu'ils respectent la loi
37:44tout simplement, une loi qui a été votée
37:46par le gouvernement français et qui
37:48impose aux VTC des règles de réservation
37:50préalables et qui leur demandent
37:52de charger sur réservation. En fait,
37:54nous, on a payé une licence de taxi.
37:56Oui, mais quand ils prennent des plateformes comme Uber,
37:58etc., et bien ils vous disent c'est une réservation,
38:00c'est une réservation, Uber.
38:02Ah oui, mais alors aujourd'hui,
38:04nous, taxis, on a aussi le droit
38:06de charger dans d'autres communes de stationnement, par exemple
38:08à Blanchon, sous votre commune, sur réservation.
38:10Mais il faut qu'on puisse l'approuver. Maintenant, aujourd'hui,
38:12le problème pourrait être réglé si on définissait
38:14une bonne fois pour toutes par décret, et c'est ce qui est prévu
38:16dans la loi, la notion
38:18de la réservation préalable. Ça réglerait tous les
38:20problèmes. Parce qu'aujourd'hui, ils sont en gare
38:22et ils maraudent. En fait, de l'application Uber,
38:24vous voyez les VTC en temps réel
38:26là où ils sont.
38:28Donc ils traînent autour de la gare de Besançon, par exemple,
38:30et ils attendent qu'on
38:32les réserve, quoi. Bien sûr, nous
38:34à Besançon... Donc en gros,
38:36ils maraudent
38:38alors qu'ils n'ont pas le droit de le faire, un peu comme
38:40vous le faites, vous les taxis, avec l'autorisation.
38:42Nous, on est 44 taxis
38:44à Besançon, on assure un service 24h sur
38:4624, c'est 12 sur 7, avec des gardes.
38:48Aujourd'hui, ils allument notre application, parce qu'on a la
38:50même application, eux, c'est nous qui l'avons inventée,
38:52ils ont repris notre modèle,
38:54ils allument notre application, quand ils voient
38:56qu'il n'y a plus de taxis à la gare aux heures de pointe,
38:58ils se pointent dans notre station,
39:00à notre emplacement taxi, et quand les gens viennent les voir
39:02et qu'ils voient une voiture qui est propre
39:04et agréable, ils leur demandent si le taxi
39:06est libre. Ils leur répondent que oui. Nous, on est
39:08en train de se battre à Besançon aujourd'hui, parce qu'en fait, sur les
39:10référencements internet, que ce soit les réseaux sociaux,
39:12que ce soit Google et tout ça,
39:14quand ils font de la pub pour le transport des personnes,
39:16le premier mot qui ressort, c'est taxi
39:18Besançon. Ils trompent la clientèle.
39:20Il y a des gens qui nous disent, on a des clients qui
39:22nous disent, on est monté dans un taxi,
39:24on pensait que c'était un taxi, et en fait, quand
39:26vous avez une facture, en fait, c'est XIVTC,
39:28et on ne voit pas de bornes, et on ne voit rien.
39:30Ils trompent tout simplement la clientèle.
39:32Ils contournent la loi. C'est comme si vous aviez
39:34un monsieur qui rentrait, en fait, dans un
39:36magasin, qui prenait un paquet de chips, qui ressort sans
39:38payer, et qui dit, ben oui, mais moi, le paquet
39:40de chips, vous ne l'avez pas encore payé, puisque
39:42je ne l'ai pas acheté. C'est du vol,
39:44et pour nous, c'est du vol de clientèle.
39:46Je vais vous dire, moi,
39:48ça fait huit ans que je suis à Besançon,
39:50j'ai remboursé des traites énormes, et nous, à Besançon,
39:52on était encore épargnés par ce problème-là.
39:54Vous pouvez rappeler, juste pour que les auditeurs
39:56soient conscients des enjeux,
39:58le prix d'une licence pour vous, Johan ?
40:00À Besançon, elle tourne à 200 000 €.
40:02À Besançon, elle tourne à 200 000 €.
40:04J'ai un gamin qui s'appelle Lorenzo, pour ne pas le nommer,
40:06qui vient d'acheter une licence, il y a six mois, à 200 000 €.
40:08Il a 26 ans.
40:10Il se bat toutes les nuits pour faire de la présence.
40:12Nous, l'intervice de garde, ce n'est pas souvent,
40:14mais en intervice de garde, on a un taxi en permanence à Besançon
40:16parce qu'il est hors de question qu'un client se retrouve sans
40:18moyen de transport à Besançon.
40:20Il est là toutes les nuits, il se bat, il a la niaque.
40:22Il a la niaque, mais en fait, quand il charge un client
40:24avec le VTC, il vient se mettre derrière lui
40:26à deux heures du matin, parce qu'en fait, il se dit,
40:28j'espère charger à mon tour, et je suis sur l'application,
40:30et qu'il le voit marauder,
40:32et qu'il le voit racoler les clients
40:34alors qu'il est VTC, il n'a rien à faire là.
40:36Ils ont l'obligation de rester chez eux
40:38sur un parking fermé, quand ils n'ont pas
40:40de réservation. Et bien, ce gamin
40:42qui vient d'investir 200 000 €, qui a une famille
40:44et qui n'a que ça pour vivre, et qui sait faire que ça,
40:46je peux vous dire, et quand il m'appelle tous les jours,
40:48moi, je suis président de la Fédération des Taxis Dudus,
40:50je suis en relation très étroite avec les autorités.
40:52Quand il m'appelle tous les jours pour me dire, écoute Johan,
40:54il faut absolument que tu m'aides, je voudrais juste
40:58que tu respectes la loi. Et aujourd'hui, les milliers de taxis
41:00qui sont à Paris, dans la rue,
41:02c'est juste pour dire aux gouvernements,
41:04aidez-nous à ce que ces gens-là
41:06respectent la loi !
41:08C'est vrai que c'est très dur, moi qui suis
41:10plutôt pour la liberté, je dois dire que
41:12c'est inacceptable que des taxis
41:14paient cette licence
41:16si chère,
41:18ils s'en dettent à vie !
41:20Et que derrière, ils aient
41:22cette concurrence
41:24qui démarre à rien du tout,
41:26à zéro centime quoi,
41:28eux, ils ne paient rien les VTC.
41:30C'est vrai Johan, c'est vrai, c'est vrai.
41:32On continue à avoir des témoignages, on va prendre
41:34Benjamin, il est par là,
41:36vous m'entendez mon cher Benjamin ?
41:38Vous êtes où vous Benjamin ?
41:40Bonjour Eric, moi je suis taxi à Rennes
41:42depuis 20 ans.
41:44Dans un instant, la Bretagne aura la parole, à tout de suite.
41:56Les auditeurs ont la parole
41:58avec Eric Brunet et Céline Landreau.
42:02On est à Rennes, on parle de
42:04la grève des taxis,
42:06on est avec Benjamin qui est chauffeur taxi, c'est ça
42:08Benjamin ? Tout à fait,
42:10oui, je suis artisan taxi
42:12à la gare de Rennes.
42:14Mobilisez-vous aussi aujourd'hui ?
42:16Alors oui, on est
42:18mobilisés, c'est-à-dire qu'il y a
42:20pas mal de taxis de Rennes qui sont
42:22rue Raspail à Paris avec
42:24tous nos collègues.
42:26Et vous, vous êtes en grève ?
42:28Vous soutenez la grève ?
42:30Moi je soutiens la grève,
42:32notamment pour
42:34la nouvelle convention,
42:36mais aussi
42:38pour cette concurrence déloyale
42:40des VTC.
42:42Ce que je voulais rajouter par rapport
42:44à mon collègue de Besançon,
42:46c'est que les VTC ont une obligation
42:48entre chaque course
42:50de retourner à leur base et à leur siège social.
42:52Ce qu'ils ne font pas, oui.
42:54Ce qu'ils ne font pas.
42:56Et si vous voulez, ce qui nous
42:58enrage finalement, c'est que lorsque
43:00par exemple à Rennes, il y a un gros salon
43:02comme le Space, comme le Carrefour de l'eau,
43:04qui sont des semaines
43:06avec normalement beaucoup d'activités,
43:08aujourd'hui, on divise par deux
43:10notre chiffre d'affaires, nous les taxis,
43:12parce que vous avez
43:1450 VTC
43:16de Paris, de Nantes, qui descendent
43:18et qui ne respectent donc
43:20pas la réglementation.
43:22Ah oui, d'accord.
43:24C'est pas des locaux,
43:26mais ils débarquent pour la semaine.
43:28Et pour nos collègues de Saint-Malo,
43:30Rennes n'est pas très loin de Saint-Malo, c'est pareil.
43:32Ils débarquent,
43:34ils installent la famille au camping
43:36et puis ils travaillent
43:38tout l'été à Saint-Malo,
43:40alors que nos collègues malloins,
43:42c'est la pleine saison pour eux,
43:44donc c'est là où ils font leur chiffre d'affaires.
43:46C'est pas au mois de janvier, vous voyez.
43:48Donc ce qu'on demande
43:50vraiment, c'est
43:52que l'Etat... C'est ce qui est très violent,
43:54Benjamin, je vous interromps une seconde,
43:56c'est pour que les gens comprennent,
43:58ce qui est très violent pour un chauffeur d'un taxi,
44:00c'est que vous avez, vous, taxi,
44:02des règles, vous êtes
44:04un métier extrêmement réglementé,
44:06et vous êtes en concurrence
44:08avec des gens, bon, quand on est
44:10utilisateur, on peut les trouver sympas, les VTC,
44:12ils sont sympas, il n'y a aucun problème, mais vous êtes en concurrence
44:14avec des VTC qui, eux,
44:16font le même métier que vous,
44:18et sont très peu réglementés.
44:20Sauf que, si vous voulez,
44:22à la base, quand la loi a été promulguée,
44:24elle faisait en sorte,
44:26justement, que les deux métiers ne se
44:28télescopent pas, et ce sont les
44:30plateformes qui ont organisé les choses.
44:32Un second
44:34élément qui nous rend...
44:36Vous voulez dire que, finalement,
44:38c'est aujourd'hui avec Uber et toutes ces
44:40plateformes que, finalement,
44:42les VTC se retrouvent
44:44un peu en infraction avec la loi, selon vous ?
44:46Tout à fait, parce que,
44:48prenez un VTC à Paris,
44:50s'il vient à Saint-Malo
44:52pour l'été, s'il n'a pas
44:54de plateforme, comment voulez-vous
44:56qu'il travaille ?
44:58Voilà. Et puis, la seconde
45:00chose que je souhaite dire, moi, quand même,
45:02c'est qu'une grande majorité
45:04des VTC sont sous le statut
45:06de l'auto-entrepreneuriat, et qu'il y a
45:08un rapport des cours des comptes
45:10qui indique que 70%
45:12déclarent zéro en fin de mois
45:14sur le portail auto-entrepreneur.
45:16Et ça,
45:18si vous voulez, ce n'est pas normal.
45:20L'État va quand même
45:22finalement
45:26porter une action contre ça
45:28en mettant en place ce qu'on appelle
45:30le précompte en 2027.
45:32Le précompte, c'est quoi ? C'est le
45:34prélèvement des charges sociales directement
45:36par les plateformes. Oui, tout à fait.
45:38Benjamin,
45:40merci beaucoup. Excusez-moi, je fais passer
45:42la parole parce qu'on n'est pas loin de 14h. Je voudrais que
45:44tout le monde puisse parler. On est avec Denis
45:46également. Pardonnez-moi de vous couper, mais je voudrais que
45:48Denis puisse parler. Bonjour, mon cher Denis.
45:50Bonjour, monsieur Gouvenet. Bonjour.
45:52Taxi, vous aussi ? Oui, taxi, taxi.
45:54Moi, je suis taxi d'une petite commune.
45:56J'ai une clientèle
45:58sur la région de Chartres, et Chartres
46:00même. Sur
46:02Chartres, il y a 40 taxis.
46:04À savoir que moi,
46:06si je viens sur Chartres comme taxi,
46:08je viens
46:10et je...
46:12Il faut que j'ai une réservation pour prendre en charge
46:14sur Chartres.
46:16Je ne peux pas...
46:18Si quelqu'un me helpe dans Chartres,
46:20je n'ai pas le droit de la prendre. Ah oui, parce que vous êtes d'une petite
46:22commune à côté. Oui, d'accord, d'accord. Je ne suis pas de Chartres.
46:24Donc moi, je respecte
46:26la loi.
46:28Il n'y a pas de souci. Quand je vais
46:30prendre un client... Alors que le VTC...
46:32Alors, c'est là où vous voulez en venir.
46:34Alors que le VTC, il peut débarquer à Chartres.
46:36Ah bah lui, il vient à Chartres,
46:38et puis le matin, vous regardez devant les hôtels,
46:40vous n'avez pas un appel, vous avez le défilé.
46:42Et là, c'est pas normal.
46:44Et quand vous allez à Paris, vous allez
46:46au pied de l'Arc de Triomphe, vous allez voir
46:48des VTC avec des plaques
46:50lituaniennes.
46:52Ah oui, j'ai déjà vu ça.
46:54Alors, dites-moi,
46:56il vient tous les matins, il sait comment
46:58chaque course, il rentre chez lui ?
47:00Ils ont des sacrées bonnes voitures.
47:02Merci beaucoup,
47:04Denis, merci Benjamin,
47:06merci à tous d'avoir un peu expliqué
47:08à tous ceux qui nous écoutent et celles qui nous écoutent
47:10cette dist...

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