- 15/05/2025
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00:00:00Il est 13h30, donc bonjour à toutes et à tous. Je vous remercie de vous être connecté pour ce
00:00:08premier webinaire de notre maintenant cinquième cycle, les mots des transitions, donc cette fois-ci
00:00:14autour du mot empreinte, que nous allons décliner à travers les mots empreinte écologique, empreinte
00:00:19carbone et empreinte matière. Donc ces webinaires, les mots des transitions, ils vous sont proposés
00:00:25par la Fabrique d'Innovation pour les Transitions, dans laquelle je suis leur 4e chef de projet,
00:00:31et donc nous sommes en partenariat pour ces webinaires avec Studio Reset, qui est représenté
00:00:36aujourd'hui par Sarah Laurent, qui est connectée avec nous aujourd'hui. Et avant de débuter ce
00:00:43cycle de webinaire, je me permets de vous faire une rapide présentation de ce qu'est la Fabrique
00:00:47d'Innovation pour les Transitions. Donc il s'agit d'une fabrique qui appartient au Secrétariat
00:00:52général des ministères aménagement du territoire et transition écologique, et qui est située plus
00:00:58exactement au sein de la sous-direction de l'innovation pour les transformations. Et donc
00:01:03notre fabrique, elle propose à la fois une offre, mais aussi des méthodes pour accompagner les
00:01:09transformations, mais aussi pour partager sur les enjeux de transition. Donc pour cela nous avons,
00:01:15nous proposons à la fois de l'acculturation, de la montée en compétence sur les enjeux de
00:01:20transition. Nous proposons aussi de l'expérimentation de projets, de l'expérimentation, pardon, et de
00:01:27l'émergence de projets auprès des territoires. Et enfin de la transmission d'outils et de
00:01:32ressources, donc en lien justement avec les transitions, mais aussi de l'outillage du projet
00:01:37par exemple. Et donc on propose à la fois des formats qui sont à destination de tous les agents
00:01:43de notre pôle ministériel, mais aussi des actions plus ciblées vers finalement des acteurs de
00:01:48transition. Et plus concrètement sur le volet justement acculturation, nous avons différents
00:01:56formats de sensibilisation qui vont des fresques et ateliers collaboratifs par exemple, en passant
00:02:02par des parcours qui peuvent être élaborés sur mesure, en allant sur des formats plus poussés
00:02:08comme le cycle supérieur du développement durable. Et donc cette série de webinaires, les modes et
00:02:14les transitions, ils appartiennent donc plus globalement au cycle de webinaires inspirants.
00:02:19Et donc on vous donne rendez-vous les lundis de 13h30 à 14h30 pour un décryptage de mots ou de
00:02:28concepts associés aux transitions socio-écologiques. Et comme vous le savez peut-être déjà ce cycle se
00:02:37compose donc de trois webinaires, empreinte écologique, empreinte carbone et empreinte
00:02:41matière. Et donc à chacune de ces sessions, nous aurons donc le plaisir d'accueillir Aurélien
00:02:47Bouteau, qui se présentera par la suite et qui nous expliquera finalement les particularités de
00:02:53ces différents termes. Et donc pour ce 12 mai, on débute le cycle avec finalement la notion
00:03:00fondatrice qui est l'empreinte écologique, donc d'où vient ce concept, cet outil, pourquoi avoir
00:03:08choisi le mot empreinte et que cela permet-il de mesurer ou de ne pas mesurer. Donc Aurélien
00:03:15pourra donc nous le détailler aujourd'hui. Et avant ça, donc je passe la parole à Sarah.
00:03:20Merci Laure. Bonjour à toutes, bonjour à tous. C'est ravi de vous retrouver pour ce cinquième
00:03:25cycle. Donc je suis Sarah Laurence, la co-fondatrice du studio Reset. Et avant de laisser la parole à
00:03:31Aurélien, quelques rappels sur la manière dont ce webinaire sera organisé. Le webinaire est
00:03:38enregistré, donc vous retrouverez le replay à votre disposition ainsi que le document qui va
00:03:43vous être présenté dans le mail que Laure vous enverra à la suite de ce webinaire. On aura un
00:03:51temps de questions réponses avec Aurélien à la fin de sa présentation, donc n'hésitez pas pendant la
00:03:59présentation d'Aurélien à saisir vos questions dans l'onglet Q&R de Zoom et puis on vous sollicitera
00:04:06au travers de deux types de questionnements. Donc on vous transmettra plusieurs questions de sondage
00:04:15pendant la présentation, donc une boîte de dialogue apparaîtra directement sur votre écran
00:04:20et vous pourrez y répondre directement. Et puis en fin de webinaire, si vous l'acceptez, on vous
00:04:30demandera de prendre quelques secondes pour répondre à quelques questions de satisfaction pour vérifier
00:04:35que le webinaire correspondait à ce que vous attendiez. Ces retours sont toujours, on les lit
00:04:40avec attention, ils sont toujours très importants pour nous. Donc un grand merci par avance. Et bien
00:04:46je vous laisse la parole Aurélien pour vous présenter et pour qu'on puisse enchaîner sur la
00:04:53suite. Merci de l'accueil, bonjour à tous. Je m'appelle effectivement Aurélien Boutot, je suis
00:05:02consultant indépendant et chercheur également. Je fais aussi pas mal d'enseignement dans différents
00:05:10organismes et depuis maintenant un peu plus d'une vingtaine d'années, je travaille notamment auprès
00:05:15d'acteurs publics sur les questions de transition écologique. Et parmi mes sujets on va dire de
00:05:20compétences un peu plus spécifiques, il y a aussi à mon activité de recherche. Et effectivement tout
00:05:25les outils d'évaluation comme l'empreinte écologique et l'empreinte carbone, l'empreinte
00:05:31batière, donc ces différents outils dont on va parler. Effectivement comme mentionné dans le
00:05:36diaporama, je suis notamment co-auteur d'un ouvrage parlé dans les années 2000 qui s'appelle
00:05:41l'empreinte écologique, qui a été réédité depuis, réactualisé, et qui aborde non seulement la
00:05:47question de l'empreinte écologique, mais aussi d'autres empreintes environnementales dont on va
00:05:51parler. Voilà, je vais prendre la main sur le diapo. Voilà, j'espère que vous avez tout
00:06:03correctement. Donc j'ai prévu une intervention en quatre parties. On va commencer par la première
00:06:10partie sur un petit peu la jeunesse de l'empreinte écologique, qui permet aussi de faire une
00:06:14introduction un petit peu plus large sur d'où vient cette notion d'empreinte, dont on a parlé
00:06:18à plusieurs reprises. Il se trouve que l'empreinte écologique est le premier outil à avoir utilisé
00:06:23cette notion d'empreinte, c'est aussi la raison pour laquelle on commence aujourd'hui par parler
00:06:28de l'empreinte écologique. Aux origines, il y a un travail de deux chercheurs qui travaillent à
00:06:34l'université de Vancouver, des chercheurs en géographie et aménagement, urban planning,
00:06:40en anglais, donc William Rees et Mathis Vacquier-Nagel. Leur question de recherche était
00:06:45la suivante, c'était d'essayer de comprendre à quel point les villes sont dépendantes de
00:06:50l'extérieur de leur territoire pour leur approvisionnement, et puis comment essayer
00:06:54de représenter cette dépendance. Alors à ce moment-là, quand ils commencent leur recherche,
00:06:59ils ne parlent pas encore d'empreintes, mais c'est vraiment l'objet de leur recherche et ce qui va
00:07:04en fait donner naissance à l'idée de l'empreinte écologique, et à cette définition qu'on peut
00:07:10d'ores et déjà donner de l'empreinte écologique, qui est leur question de base, qui était quelle
00:07:14surface biologiquement productive, je reviendrai sur ces notions-là, quelle surface de terre et de
00:07:19mer est nécessaire pour produire les services issus de la nature dont un individu ou une société
00:07:25dépend. C'est ça l'empreinte écologique. Avant de rentrer un petit peu dans le détail de comment
00:07:30fonctionne l'outil, bien entendu, on va d'abord faire un petit rappel sur la genèse de la notion
00:07:36d'empreinte. A l'origine, les deux chercheurs, Mathis Wacker-Nagel et William Rees, n'avaient
00:07:44pas utilisé cette notion d'empreinte. Par contre, ils ont assez vite fait référence plutôt à l'idée
00:07:50d'emprise. Le terme qu'on utilisait en français, ce serait celui d'emprise. En cherchant un petit
00:07:59peu un terme, à l'origine, ils utilisaient notamment la notion de capsule. Il y avait cette
00:08:05idée un petit peu de cloche, quelle est la surface dont on dépend. Ils avaient utilisé la notion de
00:08:13capsule et puis à un moment donné, dans des échanges entre eux, il y a un témoignage qui
00:08:20montre que c'était dans le cadre d'un échange comme ça de bureau. William Rees avait posé son
00:08:26ordinateur sur une table et était surpris par la faible emprise de ce petit ordinateur sur son
00:08:32bureau. Il a utilisé ce terme de footprint en anglais, donc empreinte, trace de pas. On peut
00:08:42aussi traduire par emprise. Finalement, cette notion a tout de suite sonné pour eux. Ils se sont
00:08:48dit que c'est ça qu'on cherche à traduire, c'est cette notion d'emprise, d'empreinte. C'est le
00:08:54terme qui a été retenu. Ils ont adossé à ce terme d'empreinte la notion d'empreinte écologique.
00:08:59C'est comme ça qu'est né le terme d'empreinte. À partir des années 90, on a commencé à utiliser
00:09:05le terme d'empreinte sous cette définition-là. Évidemment, ça n'enlève pas les anciennes
00:09:11définitions qui préexistaient, l'empreinte dans le pas, l'empreinte dans le doigt, etc., mais ça
00:09:16élargit la définition de l'empreinte d'abord autour de l'empreinte écologique. Petit rappel
00:09:24de contexte historique. On est pendant les années 90, à ce moment-là, dans un contexte où il y a
00:09:32une émergence très forte de la notion de développement durable. Et puis déjà, depuis une
00:09:37bonne vingtaine d'années, une critique des indicateurs dominants, notamment du produit
00:09:44intérieur brut, avec des travaux qui sont menés dans les années 70 autour du bonheur national
00:09:49brut, mais aussi plein d'autres indicateurs alternatifs, dont un certain nombre d'indicateurs
00:09:54monétaires, notamment. Et puis, cette vogue pour les indicateurs alternatifs va se renforcer dans
00:10:00les années 90, notamment sur les aspects socio-économiques, avec en 1990 la publication
00:10:05du premier rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement, dans lequel est proposé
00:10:11un indicateur qu'on appelle l'indicateur de développement humain, et puis un certain nombre
00:10:16d'autres indicateurs. On peut citer le Giniune Progress Indicator, l'indicateur de progrès brut
00:10:20ou réel qui est proposé par des économistes à ce moment-là, qui essaie de montrer ce que le
00:10:26PIB mesure mal, de rajouter une valeur à ce qu'il ne mesure pas, et d'enlever la valeur de ce que le
00:10:32PIB détruit, entre guillemets, de ce que les activités économiques détruisent. Et l'emprunte
00:10:36écologique apparaît à ce moment-là comme un indicateur un peu alternatif qui, lui, va se
00:10:40focaliser sur la question environnementale. Voilà, c'est un petit peu le contexte historique.
00:10:45Effectivement, dans les années 90, notamment à partir du moment où le développement durable
00:10:49va devenir incontournable, il y a une espèce de bouillonnement, de création sur les indicateurs
00:10:55alternatifs pour essayer de traduire la notion de durabilité écologique. Au début des années 2000,
00:11:01par exemple, il y a plus de 300 indicateurs de développement durable qui étaient recensés au
00:11:06niveau international. L'emprunte écologique apparaît dans ce contexte de bouillonnement,
00:11:10c'est un indicateur qui va avoir beaucoup de succès, on va dire que c'est celui qui va
00:11:14gagner la bataille des indicateurs de durabilité écologique, parce que c'est celui qui est peut-être
00:11:20parvenu le mieux à résumer de manière synthétique la notion de durabilité écologique. Effectivement,
00:11:26si je résume, pourquoi l'empreinte écologique est née ? Pour contourner les limites du produit
00:11:33intérieur brut, je l'ai évoqué, pour essayer de mesurer le caractère insoutenable du modèle
00:11:38de développement occidental, notamment au regard des sollicitations que ce modèle de
00:11:43développement exerce sur la sur la planète, proposer une vision la plus simple et la plus
00:11:49synthétique possible de l'impact des activités économiques sur la planète, et autant que
00:11:54possible quelque chose d'appropriable par le grand public, et pour finir, vraiment cette idée de
00:12:01proposer un indicateur synthétique capable de mesurer la durabilité écologique, un petit peu
00:12:08comme le produit intérieur brut mesure le développement économique, avec au passage,
00:12:12je préviens d'emblée, les mêmes avantages et les mêmes inconvénients que le produit intérieur brut,
00:12:16c'est-à-dire un indicateur très synthétique, peut-être trop synthétique, mais en tout cas,
00:12:21qui permet de résumer une multitude de choses en une seule donnée, avec une unité de mesure
00:12:28commune. Alors le PIB, évidemment, on transforme tout en dollars, avec l'empreinte écologique,
00:12:33on va voir, on transforme tout en des surfaces, notamment des surfaces de terre et de mer.
00:12:39Ça, c'était la première partie sur le contexte très rapide dans lequel est apparu l'empreinte
00:12:45écologique. Maintenant, on va rentrer un petit peu plus dans le détail sur comment fonctionne
00:12:51l'empreinte écologique, rentrer un petit peu dans les mécaniques, les principes de base de
00:12:57l'empreinte écologique. Pour atteindre cet objectif de synthèse, l'empreinte écologique part du
00:13:07principe suivant. Principe très général, on est dans, à ce moment-là, souvenez-vous,
00:13:11début des années 90, on définit la notion de durabilité écologique, on parle de développement
00:13:16durable, donc le développement, ok, on connaît bien, la plus-value, la nouveauté, c'est la notion
00:13:22de durabilité écologique. Comment traduire cette notion de durabilité ? Il y a plein de débats à
00:13:27ce moment-là, mais notamment, on voit émerger deux conditions à la durabilité écologique. Pour
00:13:35que le développement ou pour qu'un système socio-économique soit écologiquement durable
00:13:41ou soutenable, il faut que ce système socio-économique respecte un minima de conditions.
00:13:48Première condition, il ne faut pas consommer davantage de ressources renouvelables que
00:13:53l'écosystème est capable d'en fournir durablement, donc capable d'en renouveler. Il y a cette notion,
00:13:59alors je ne suis pas sûr que la renouvelabilité soit un terme qu'on trouve dans le dictionnaire
00:14:03français, par contre, en anglais, ça existe, on parle de Renewability, donc capacité de
00:14:09renouvellement. Donc, il y a cette idée que pour qu'un système soit durable, il faut qu'il consomme
00:14:14des ressources sans dépasser les capacités de renouvellement de ces ressources. En exemple tout
00:14:19simple, si vous exploitez une forêt, en imaginant que cette forêt produit 15 tonnes de bois par
00:14:25hectare et par an, si vous voulez avoir une gestion patrimoniale de cette forêt, il ne faut
00:14:30pas couper plus de 15 tonnes de bois par hectare et par an. Donc ça c'est la première condition de
00:14:37la durabilité écologique. La deuxième condition, au moins aussi importante, c'est que l'activité
00:14:45humaine va générer aussi un impact sur l'environnement sous la forme d'un certain nombre
00:14:49de déchets, de pollutions qui sont générés dans les écosystèmes. Donc idéalement, il ne faut pas
00:14:54produire plus de pollution que l'écosystème est capable d'en assimiler. Donc là, ça renvoie un
00:14:59petit peu à la notion de capacité de charge en écologie, même si en écologie la notion de
00:15:03capacité de charge est en fait un petit peu plus large, je ne vais pas rentrer dans le détail, mais il y a
00:15:07cette idée qu'on émet des déchets dans la nature, les capacités de la nature sont potentiellement
00:15:12limitées pour assimiler, recycler ces déchets. Là aussi, je vais prendre un exemple tout simple que
00:15:18tout le monde comprend et connaît, c'est l'exemple du CO2. L'humanité va émettre 30 ou 40 milliards
00:15:25aujourd'hui de tonnes de CO2 dans l'atmosphère, or les capacités de séquestration de ce qu'on
00:15:29appelle les puits naturels de carbone sont estimées entre 10 et 15 milliards de tonnes. Donc on voit que
00:15:35si on ne voulait pas que ce CO2 devienne une pollution qui va s'accumuler dans l'atmosphère
00:15:40et générer le changement climatique, il faudrait idéalement ne pas dépasser 10 à 15 milliards de
00:15:45tonnes de CO2 par an au niveau global. D'ailleurs, la neutralité carbone est calculée sur cette base.
00:15:56En gros, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que l'économie humaine, les sociétés humaines fonctionnent
00:16:01comme n'importe quel organisme vivant. Elles vont ponctionner dans la nature un certain nombre de
00:16:05ressources et puis elles vont émettre dans la nature un certain nombre de polluants, de déchets.
00:16:11On peut du coup comparer l'économie humaine à une espèce d'organisme vivant. L'idée de
00:16:18l'empreinte écologique, c'est d'essayer de mesurer cet impact environnemental en s'intéressant à une
00:16:27partie de ce capital naturel, ce que les économistes ont appelé le capital naturel critique. Je ne rentre
00:16:32pas dans le détail, mais c'est la partie vivante du capital naturel. La particularité commune de
00:16:42tout ce qui est vivant, quasiment tout ce qui est vivant sur Terre, c'est qu'à un moment donné,
00:16:45il faut faire appel aux mécanismes de photosynthèse. Il faut des surfaces dites biologiquement
00:16:51productives capables de faire ce travail de photosynthèse. On va essayer de mesurer,
00:16:55avec l'empreinte écologique, les surfaces de terre et de mer qui sont nécessaires pour produire
00:17:03ces services dont on a besoin, produire des ressources renouvelables et absorber un certain
00:17:08nombre de nos déchets et polluants. L'unité de mesure qui est retenue, c'est les surfaces
00:17:13biologiquement productives. De la même manière que le PIB va tout réduire à des échanges qui
00:17:20font l'objet d'échanges monétaires, on va s'intéresser à cette partie du capital naturel
00:17:25qui a besoin de mobiliser des surfaces pour faire de la photosynthèse, produire des ressources ou
00:17:31assimiler par exemple le CO2 qu'on va générer. C'est vraiment le principe de base qui est
00:17:36important de comprendre. À partir de là, l'empreinte écologique va faire cet exercice de
00:17:44comptabilisation. Et plus qu'un indicateur, l'empreinte écologique, c'est une espèce de
00:17:51système comptable. Qui dit système comptable dit deux colonnes. D'un côté, on va regarder les
00:17:59surfaces biologiquement productives qui sont nécessaires pour satisfaire les besoins de
00:18:04l'économie humaine. C'est en quelque sorte la demande, ce dont on a besoin. Et ça, c'est vraiment
00:18:09ce qu'on appelle l'empreinte écologique. C'est ce que l'économie consomme. Mais pour savoir si la
00:18:14situation d'une économie est soutenable, il faut que je sois capable de comparer cette empreinte
00:18:19écologique à ce qu'on appelle la biocapacité, c'est-à-dire la quantité de surfaces biologiquement
00:18:24productives qui est disponible. Donc, quelle est l'offre ? Qu'est-ce que la nature met à notre
00:18:30disposition comme surface biologiquement productive ? Je reviendrai sur la biocapacité tout à l'heure
00:18:35pour vous montrer que derrière, il y a des surfaces de forêts, il y a des surfaces de pâturage, il y a
00:18:40des surfaces d'océans, etc. Mais voilà, on est dans cette idée qu'il faut comparer les deux. C'est
00:18:48le grand intérêt d'ailleurs de l'empreinte écologique, c'est d'avoir une espèce de système
00:18:53comptable qui permet de comparer les deux. Alors maintenant, si je rentre un petit peu plus dans le
00:18:56détail sur comment on calcule l'empreinte écologique, la partie en vert fond, c'est là,
00:19:00et je reviendrai sur la biocapacité après. L'empreinte écologique, par exemple, quand je veux
00:19:05calculer l'empreinte écologique de la France, l'organisme qui fait ce calcul, qui s'appelle le
00:19:11Global Footprint Network, va s'intéresser aux statistiques de consommation d'un pays comme la
00:19:21France. Et puis, il va essayer de traduire tout ce qui est consommé sur un territoire, par exemple
00:19:27à l'intérieur de la France, il va essayer de regarder quelles sont les surfaces de terre et de
00:19:31mer nécessaires pour produire tout ce qui a été consommé pendant une année donnée. C'est ça
00:19:38l'empreinte écologique, donc l'ensemble des surfaces biologiquement productives nécessaires
00:19:42pour répondre aux besoins d'une économie donnée, soit pour fournir des ressources biologiquement
00:19:49renouvelables ou de la biomasse, soit pour assimiler un certain nombre de déchets, et en
00:19:53particulier, le principal déchet qui est pris en compte, le polluant qui est pris en compte dans
00:19:58l'empreinte écologique aujourd'hui, c'est le CO2, qui potentiellement, le CO2 peut être réassimilé
00:20:04par la biosphère, les puits naturels de carbone. Donc c'est ça l'empreinte écologique, alors quand
00:20:11on regarde un petit peu plus dans le détail, je reprends l'exemple de la France sur le même
00:20:15schéma, donc quand on calcule l'empreinte écologique d'un pays comme la France, comme je
00:20:20le disais, on va regarder tout ce qui est consommé dans un pays donné comme la France. Par exemple,
00:20:25je commence par les surfaces forestières, pour prendre cet exemple-là, on va regarder la quantité
00:20:31de bois qui a été consommé en France pendant une année donnée. Alors du bois, il y en a dans
00:20:36plein de choses, vous imaginez, il y en a dans de l'ameublement, il y en a dans des bâtiments,
00:20:40il y en a dans le bois qui est utilisé pour le chauffage des bâtiments, il y en a dans des
00:20:47emballages carton, il y en a pour produire du papier, etc. Donc on fait une estimation de la
00:20:52quantité de bois qui est consommée par la France pendant une année donnée. Comment on va transformer
00:20:57ces milliers de tonnes de bois en une surface ? On va regarder quelle est la productivité moyenne
00:21:06des forêts mondiales et donc on va regarder quelle est la surface moyenne de forêts mondiales qu'il
00:21:12faut utiliser pour produire la quantité de bois qui a été consommé en France pendant une année
00:21:18donnée. Pourquoi on prend des moyennes mondiales ? Pour deux raisons. D'abord pour pouvoir faire
00:21:23ensuite des comparaisons internationales et puis aussi parce que si vous achetez du papier,
00:21:27il y a de bonnes chances que ce papier devienne peut-être d'une forêt française mais peut-être
00:21:31d'une forêt nord-américaine ou du nord de l'Europe, etc. On va utiliser des sols un petit
00:21:39peu partout sur la planète. On fait ça pour la forêt, on fait ça pour les surfaces agricoles,
00:21:45donc là tout ce qui est par exemple alimentation, textiles, otons, etc. On va regarder derrière
00:21:54toutes les choses qui sont consommées, quelles surfaces ont été mobilisées pour produire cette
00:21:59biomasse. On rajoute à cela les ressources halieutiques également parce que ce n'est pas
00:22:05que des surfaces émergées, il y a aussi des surfaces d'océans qui sont utilisées pour
00:22:09produire par exemple des ressources halieutiques, du poisson, des crustacés. On va rajouter aussi
00:22:15les surfaces qui sont urbanisées parce que la plupart des surfaces urbanisées utilisent un sol
00:22:20qui avant était utilisé soit pour produire du bois, soit pour produire de l'alimentation,
00:22:27des surfaces agricoles ou forestières. Tout ça, ce sont des vraies surfaces qui sont utilisées
00:22:34pour répondre aux besoins de consommation d'une population donnée, par exemple la France,
00:22:39les français. On rajoute à cela, je l'ai évoqué tout à l'heure, un certain nombre de pollutions et
00:22:45notamment les émissions de CO2, notamment les énergies fossiles. Il ne faut pas oublier que
00:22:51les énergies fossiles, parfois j'appelle ça de la photosynthèse en boîte, les énergies fossiles.
00:22:58Oui, c'est de la photosynthèse qui a eu lieu il y a plusieurs dizaines de millions d'années. Cette
00:23:04photosynthèse a produit des végétaux qui se sont décomposés. Une partie de cette décomposition a
00:23:10fini après plusieurs millions d'années par donner des hydrocarbures qui aujourd'hui sont brûlés,
00:23:17rejetés dans l'atmosphère sans pour autant que les capacités de la biosphère soient suffisantes
00:23:21pour réabsorber ce CO2. Il y en a une petite partie qui est réabsorbée, ce CO2, par les océans,
00:23:27par la biomasse. Mais l'essentiel aujourd'hui, il va dans l'atmosphère. Il est transféré dans
00:23:32l'atmosphère, générant le changement climatique. L'hypothèse qui est prise ici par l'empreinte
00:23:36écologique, c'est de regarder comment je peux traduire ce CO2 en une surface. En fait, on va
00:23:42regarder, à minima, quelle surface de forêt, spécifiquement consacrée à la séquestration du
00:23:48carbone, il faudrait pour réabsorber ce CO2 et éviter qu'il aille s'accumuler dans l'atmosphère.
00:23:53Je précise bien, c'est une hypothèse méthodologique. Ce n'est pas du tout une
00:23:58préconisation. On ne dit pas voilà ce qu'il faut faire. Je dis ça parce qu'aujourd'hui,
00:24:01il y a effectivement tout un débat sur la géoingénierie. Pourquoi on ne planterait pas des
00:24:05forêts pour absorber le CO2 ou retirer du CO2 de l'atmosphère ? L'empreinte écologique dit
00:24:09ce n'est pas ce qu'il faut faire. Par contre, si on voulait utiliser une surface pour éviter que
00:24:15ce CO2 aille dans l'atmosphère, voilà à minima la surface qu'il faudrait consacrer pour absorber
00:24:20ce CO2. Le grand avantage de cet outil, c'est qu'on va transformer des milliers de données
00:24:26statistiques physiques, des tonnes de différentes choses, en des unités de surface.
00:24:34Ça, c'est le principe générique de l'empreinte écologique. Premier principe et puis deuxième
00:24:40principe avant de faire une petite question, une petite pause pour voir si vous avez bien suivi.
00:24:44Le deuxième principe qui est hyper important et qui va être repris par la suite par tous les
00:24:50outils qu'on appelle empreintes. Le principe sous-jacent, c'est d'intégrer les impacts
00:25:00environnementaux qui sont importés. C'est-à-dire que quand je calcule l'empreinte écologique d'un
00:25:05pays comme la France, je vais vraiment me focaliser sur l'empreinte écologique liée
00:25:10à la consommation finale des Français. C'est-à-dire que je vais faire la chose suivante,
00:25:15je vais enlever tout ce qui a été produit en France mais qui n'est pas consommé en France,
00:25:20donc la partie qui est exportée, la partie de notre production qui est exportée, je l'enlève.
00:25:24Par contre, je vais ajouter tout ce qui a mobilisé des surfaces en dehors de la France pour produire
00:25:29des choses qui sont importées et consommées en France. Pourquoi c'est important de le faire ?
00:25:33D'abord parce qu'on produit des biens et des services qui proviennent du monde entier et
00:25:38ce serait trop facile de se dire que finalement ce n'est pas notre responsabilité. Et puis justement,
00:25:45parce qu'il faut éviter cette tentation de certains pays, notamment des pays les plus riches,
00:25:50de dire qu'on n'a qu'à délocaliser nos pollutions. L'idée centrale, c'est d'éviter ces transferts de
00:25:59pollution et vraiment s'intéresser au mode de vie d'un pays et à l'impact lié à ce mode de
00:26:05vie. C'est un parti pris important qu'on va retrouver dans tous les outils de type empreinte.
00:26:10Donc comme je l'évoquais rapidement, je ne vais pas rentrer dans le détail, là j'ai juste pris,
00:26:13parce que j'avais des images correspondant à la Grande-Bretagne, mais on a pu faire pareil sur la
00:26:18France, le principe général pour prendre l'exemple du CO2. On va regarder l'impact direct des ménages.
00:26:24Vous voyez que l'impact direct des ménages, par exemple pour le cas de la Grande-Bretagne,
00:26:28quand est-ce que vous émettez en tant que ménage directement du CO2 ? Quand vous achetez de l'essence
00:26:34pour votre voiture et quand vous achetez du carburant pour vous chauffer, par exemple. Le
00:26:38reste, c'est des choses qui sont incorporées dans ce que vous achetez. C'est des émissions qui ont
00:26:42lieu pour produire ce que vous achetez, c'est-à-dire votre alimentation, les produits
00:26:46manufacturés. Et ces produits manufacturés, ils ont pu être manufacturés en France ou à l'autre
00:26:51bout du monde. Donc en fait, le parti pris des outils de type empreinte, c'est de faire ce
00:26:56différentiel entre import et export pour vraiment voir dans ce que je constate, qu'est-ce qu'il y a
00:27:02comme contenu en CO2. Si je prends l'empreinte carbone, par exemple, dans le Britannique, je me
00:27:06rends compte que 85% de l'empreinte carbone dans le Britannique, pour prendre l'exemple du volet
00:27:11CO2, c'est des choses qui sont incorporées dans ce qui est consommé, qui a été produit pour partie
00:27:16en Grande-Bretagne et pour grande partie aussi à l'étranger. Donc ça, c'est le deuxième parti
00:27:24pris important de ces outils de type empreinte. Merci Aurélien. Du coup, avant que vous nous
00:27:32détaillez la suite, on a une première question-sondage qui va apparaître juste à votre
00:27:39écran. Et c'est finalement pour un petit peu anticiper la suite. Avec la question, est-ce que
00:27:43vous avez déjà entendu parler du jour du déplacement de la Terre ? Donc est-ce que pour vous, oui, c'est
00:27:49une notion que vous connaissez bien, vous savez ce qu'il y a derrière ? Est-ce que finalement,
00:27:54c'est un oui parce que vous avez déjà entendu parler de ce jour, mais vous ne savez pas forcément
00:28:00de quoi il s'agit dans les détails ? Est-ce que vous n'avez jamais entendu parler de cela ? Ou bien
00:28:06est-ce que vous êtes plutôt indécis sur la réponse, vous n'êtes finalement pas très sûr ? Et
00:28:12donc vous pouvez en quelques secondes répondre directement sur votre écran.
00:28:36Alors, parmi les résultats, vous êtes donc 63%. Oui, je sais précisément de quoi il s'agit.
00:28:42Vous êtes 32% à n'avoir entendu parler, potentiellement par-ci, par-là, mais vous ne savez
00:28:48pas ce qu'il y a derrière en détail. Vous êtes 0% à ne jamais en avoir entendu parler. Et finalement,
00:28:535% à ne pas forcément être très très sûr. Donc Aurélien, est-ce que vous avez un commentaire
00:29:00à apporter par rapport à ces résultats ? Non, je ne suis pas très surpris. C'est vrai que c'est
00:29:05un événement dont on entend parler quasiment tous les ans maintenant, depuis un certain temps.
00:29:12Donc, j'ai ravi que la plupart sachent de quoi il s'agit, ou en ont au moins entendu parler.
00:29:18Effectivement, on va le voir, le jour du dépassement, en fait, il est né de l'empreinte
00:29:24écologique. C'est une manière de traduire le résultat de l'empreinte écologique. En très
00:29:28longtemps, on a popularisé un petit peu les résultats de l'empreinte écologique en parlant
00:29:32de consommer X nombre de planètes, ce qu'on va voir. Et puis après, une autre manière de le
00:29:37présenter, ça a été le présenté à travers ce moment du jour du dépassement, sur lequel on va
00:29:42revenir, puisque maintenant on va évidemment passer au résultat, donc je passe à la suite.
00:29:46Effectivement, ça permet de bien faire le lien avec ça. Je vous ai dit tout à l'heure, on a deux
00:29:56colonnes dans l'empreinte écologique. D'un côté, la biocapacité. La biocapacité, elle est calculée,
00:30:04elle change très peu d'une année sur l'autre. On va regarder quels sont l'ensemble des surfaces
00:30:10biologiquement productives disponibles sur Terre. En gros, une fois que vous avez enlevé le pôle
00:30:14nord, le pôle sud, la partie centrale des océans dans lesquels on ne va pas pêcher, les déserts,
00:30:19le sommet des montagnes, etc. Les surfaces vraiment biologiquement productives, capables de
00:30:26la production de photosynthèses relativement importantes et utilisables par l'humanité,
00:30:31on retrouve à peu près un petit quart de la surface de la planète. Ça représente environ
00:30:3612 milliards d'hectares au niveau global. Ça, c'est la biocapacité au niveau mondial. Et l'empreinte
00:30:41écologique qu'on va calculer en face, aujourd'hui, on estime qu'elle est entre 18 et 19 milliards
00:30:47d'hectares. Une fois qu'on a additionné l'empreinte écologique de tous les pays du monde, ce que fait
00:30:53le GFN que j'évoquais tout à l'heure, le Global Foodprint Network, tous les ans, on arrive à une
00:30:59somme de 18 à 19 milliards d'hectares. Effectivement, il y a deux manières de présenter ce résultat.
00:31:07Il y a un déficit écologique, ça veut dire que l'humanité consomme chaque année davantage de
00:31:12services issus de la nature que la nature est capable d'en régénérer. Ça équivaut à peu
00:31:18près à une planète et demie. Si vous faites le ratio entre les deux, ça veut dire qu'en moyenne,
00:31:24il faudrait une planète et demie pour répondre de manière pérenne à nos besoins. Et une autre
00:31:30manière de le présenter, c'est de se dire qu'à partir du mois de juillet ou fin juillet début
00:31:35août, l'humanité a consommé l'équivalent d'une planète parce que la planète est capable de
00:31:40régénérer comme service pendant une année et le reste de l'année, ça va être l'équivalent
00:31:44d'un déficit écologique. Soit on va émettre des polluants du CO2 dans l'atmosphère au-delà de ce
00:31:51que la nature est capable de reséquester, soit on va utiliser des ressources renouvelables au-delà
00:31:57de leur capacité de régénération. C'est ce qu'essaye de traduire de manière synthétique l'empreinte
00:32:02écologique. Le jour du dépassement, il arrive à
00:32:14peu près au mois de fin juillet, début août, ça dépend des années. Malheureusement, la tendance
00:32:20a continué encore à se rapprocher dans le temps. On était mi-août, on est plutôt début août, voire fin juillet.
00:32:27Donc ça, c'est le principe générique et c'est les résultats au niveau global. Ce qui est intéressant
00:32:33quand même, c'est d'essayer au-delà de ce résultat global, l'intérêt d'un outil comme l'empreinte
00:32:38écologique, c'est de montrer aussi qu'il y a des écarts importants. Si je me contente
00:32:42de, sur un graphique, reporter les résultats qu'on vient d'évoquer, si je ramène les
00:32:48hectares, là j'ai mis HAG, ça veut dire hectare global. Je fais une petite parenthèse là-dessus,
00:32:54l'unité de mesure de l'empreinte écologique, c'est l'hectare global. C'est un petit peu comme
00:32:58quand on parle des dollars en PIB, on parle de parité de pouvoir d'achat. On ne rentre pas
00:33:05dans les tailles, on va juste retenir l'idée d'hectare. Les fameux 12 milliards d'hectares
00:33:12qu'on a au niveau global, si je le ramène par habitant, la biocapacité disponible par habitant,
00:33:16ça fait 1,7 hectare par habitant à peu près. Je ne sais pas si vous visualisez, un terrain de
00:33:23foot ça doit faire un demi hectare, donc là on est un peu plus de 3 terrains de foot en équivalent.
00:33:28Notre empreinte écologique est déjà en moyenne supérieure, autour de 2,6. Donc on a
00:33:35un déficit écologique de presque 1 hectare par habitant. Ceci étant dit, ça c'est les résultats
00:33:42globaux moyens. Ce qui est intéressant, c'est de regarder comment se répartissent ces résultats.
00:33:48Et si je prends la moyenne de 2,6 hectares par habitant d'empreinte écologique et je la décompose
00:33:56par grand continent, je pourrais le faire par nation, mais pour avoir un peu plus de visibilité,
00:34:01je peux le faire par continent. Je me rends compte qu'il y a des très fortes inégalités
00:34:06entre continents, avec deux extrêmes. L'Amérique du Nord, avec une empreinte écologique autour de
00:34:13un peu plus de 7 hectares par habitant, ça veut dire que si chaque habitant de la planète vivait
00:34:19comme un nord-américain, il faudrait à peu près 4 planètes comme la nôtre pour arriver à pérenniser
00:34:24nos besoins. A l'autre opposé, le continent africain, lui a une empreinte écologique par
00:34:30habitant qui est beaucoup plus faible, qui est encore largement soutenable avec moins de 1,5
00:34:35hectare par habitant. L'Europe se trouve aux alentours de 4 hectares. J'ai dû visualiser
00:34:42ici la France. La France a à peu près 70 millions d'habitants, donc en gros 1% de la
00:34:49population mondiale, et avec une empreinte écologique qui est de l'ordre de 4,5 hectares
00:34:55par habitant. Voilà en gros comment on se positionne au niveau global. Certes, on n'est
00:35:00qu'à 1% de la population mondiale, mais si chaque habitant de la planète vivait comme un français,
00:35:05il faudrait deux planètes et demie pour répondre aux besoins de chacun. Cette empreinte écologique,
00:35:10je n'ai pas le temps de rentrer dans le détail, mais voilà grosso modo comment elle se décompose.
00:35:14La partie alimentation arrive en tête, ensuite on a une partie non négligeable sur la mobilité.
00:35:20Alors la mobilité, ça va essentiellement être de l'empreinte carbone, alors que l'alimentation,
00:35:24va beaucoup être des surfaces de culture pour produire ce qu'on va consommer. 16% pour les
00:35:30biens, 7% pour les services, 10% pour l'empreinte publique, le fonctionnement des services publics,
00:35:36et puis le 15% que vous voyez en foncé, il va se répartir dans différents autres domaines. C'est
00:35:44en gros l'amortissement. Par exemple, quand vous achetez un véhicule, avant même de fonctionner,
00:35:48ce véhicule a émis du CO2. Il va s'amortir sur la durée de vie du véhicule. Voilà,
00:35:54c'est ce CO2 par exemple, cette empreinte écologique d'un t-shirt, sa production sur la
00:35:59durée de vie du t-shirt, ça va apparaître dans les 15% de l'empreinte écologique. Donc voilà ce
00:36:07qu'on peut dire des résultats de l'empreinte écologique de manière très simplifiée. Je
00:36:12voulais juste terminer la présentation des résultats par deux choses. D'abord, ce qu'on
00:36:18disait tout à l'heure, le cas de la France, 2,5 planètes si chaque habitant de la terre vivait
00:36:27comme un Français, une chose à retenir. Et puis vous entendez peut-être parfois aussi parler du
00:36:33jour du dépassement au mois d'avril, ça c'est juste l'hypothèse de si chaque habitant vivait
00:36:39comme un Français, le jour du dépassement au niveau mondial aura lieu à peu près autour de
00:36:46la mi-avril. On l'aurait déjà dépassé aujourd'hui. Je voulais terminer la présentation des résultats
00:36:54en faisant un petit exercice pour toujours rebondir sur ces questions d'inégalité. Et
00:36:59puis vous vous rappelez ce que je vous disais tout à l'heure, c'est que l'empreinte écologique est
00:37:02née dans un contexte où on parlait beaucoup de développement durable. Au début des années 90,
00:37:08c'est le moment de Rio de Janeiro et on a des indicateurs de développement. Parmi ces indicateurs
00:37:14de développement, on voit l'indicateur qui émerge à ce moment-là qui est l'indicateur de développement
00:37:18humain. On essaye de trouver des indicateurs synthétiques de durabilité écologique et là il
00:37:22y en a un qui va s'imposer, c'est l'empreinte écologique comme je viens de vous l'expliquer.
00:37:28Je m'étais amusé à faire un exercice quand j'ai fait ma thèse de doctorat, j'avais retracé l'histoire
00:37:34du développement durable en montrant que le développement durable était né d'une espèce
00:37:38de confrontation entre ces deux enjeux, la durabilité écologique et le développement
00:37:43humain. L'objectif du développement humain, c'est d'essayer d'arriver à concilier ces deux
00:37:49objets. En prenant ces deux indicateurs, qu'est-ce qui se passe quand je les croise ? Je
00:37:56peux d'abord fixer un seuil de soutenabilité écologique, c'est le fameux 1,7 hectares par
00:38:02habitant. Là j'ai mis 1,8, c'est l'ancien seuil, maintenant on est plutôt à 1,7 mais peu importe.
00:38:06Donc idéalement, il faudrait que chaque un d'entre nous ait une empreinte écologique inférieure à 1,7
00:38:12hectares par habitant. Quand je dis chacun d'entre nous, c'est qu'en moyenne au niveau
00:38:15mondial, on est moins d'1,7 hectares par habitant d'empreinte écologique. Ça voudrait dire qu'on
00:38:21serait écologiquement soutenable. Si je prends l'indice de développement humain, les Nations
00:38:26Unies publient chaque année le résultat des nations du monde et les Nations Unies considèrent
00:38:31qu'un pays développé, c'est un pays qui a un indice de développement humain supérieur à 0,8. Je
00:38:38précise juste que dans l'indice de développement humain, vous avez trois choses. Le produit
00:38:42intérieur brut, le niveau de revenu, un indicateur relatif à la santé, en l'occurrence c'est
00:38:50l'espérance de vie, et puis un indicateur relatif à l'éducation et à la scolarisation. Donc on a
00:38:58trois indices comme ça, qu'on agrège, on obtient un indice quand on fait une moyenne et ça donne
00:39:03un score entre 0 et 1. La France est autour de 0,9 pour vous donner une idée. Donc pour être
00:39:09écologiquement soutenable, il faut moins d'1,7. Donc en fait, en croisant ces deux indicateurs,
00:39:15on peut traduire de manière très synthétique le développement soutenable, arriver à concilier
00:39:21ces deux exigences, un niveau d'IDH supérieur à 0,8, une empreinte écologique inférieure à 1,8.
00:39:28Et quand je regarde les résultats des nations du monde, je me rends compte qu'aujourd'hui personne
00:39:32n'arrive à concilier ces deux enjeux. Ça veut bien dire qu'effectivement, le développement durable,
00:39:37on en a beaucoup parlé, mais on n'est toujours pas arrivé à atteindre cet objectif. Je ne rentre
00:39:41pas dans le détail, mais vous comprenez qu'évidemment tout cela est très marqué par le
00:39:45niveau de développement. On voit aussi que cette espèce de courbe du développement a tendance à
00:39:49s'aplatir à un moment donné. Alors sans rentrer dans le détail, en haut à droite, vous avez des
00:39:54pays comme le Canada, les Etats-Unis, l'Australie. Ensuite, vous avez les pays de l'Europe de l'Ouest,
00:39:59parmi lesquels la France. Ensuite, vous avez un groupe de pays, l'Europe de l'Est, l'Amérique
00:40:03latine. Et puis après, vous avez des pays émergents ou en développement, notamment l'Afrique du Nord,
00:40:10l'Asie, l'Amérique latine, et puis les pays les plus pauvres d'Afrique et d'Asie. Le grand intérêt
00:40:15de ce petit exercice graphique, c'est que ça permet de montrer qu'en fait, quand on parle de
00:40:19développement durable et qu'on se donne des outils pour mesurer la durabilité écologique,
00:40:22comme l'empreinte écologique, on se rend compte qu'en fait, les pays du Nord ont autant d'efforts
00:40:27à faire pour devenir écologiquement soutenables que les pays du Sud pour devenir développés. Il n'y a
00:40:32pas de modèle en matière de développement durable et on a un vrai enjeu de transition écologique pour
00:40:37atteindre cet objectif. Ça montre aussi que l'empreinte écologique peut permettre de donner
00:40:43un contrepoids à l'hégémonie du PIB et l'invite à questionner le modèle de développement occidental
00:40:49parce qu'on sait très bien que si on invite les pays qui aujourd'hui sont en bas à gauche à suivre
00:40:54le même chemin que nous, ce n'est pas soutenable. Ça permet quand même de montrer ça. Pour terminer,
00:41:03et en arriver à la dernière partie, ce qu'il faut retenir, c'est que l'empreinte écologique a eu
00:41:11cet impact-là. Elle a montré quand même la soutenabilité écologique de notre modèle de
00:41:15développement, ce qui lui a valu quand même un certain nombre d'attaques légitimes. Je vais
00:41:20conclure là-dessus. On arrive à cette conclusion sur les limites et les controverses autour de
00:41:28l'empreinte écologique. Je les évoque rapidement. Ce qu'on peut dire déjà, c'est qu'on a un outil
00:41:35qui est extrêmement synthétique, très pédagogique, qui arrive à concurrencer
00:41:40par certains aspects le produit intérieur brut, qui est scientifiquement robuste. Je n'en ai pas
00:41:44beaucoup parlé, mais il y a eu dans les années 90 et 2000 des dizaines voire des centaines de
00:41:49publications scientifiques sur l'empreinte écologique. Fort impact médiatique, on en a
00:41:55parlé avec le jour du dépassement, dont vous avez tous entendu parler. Ceci étant dit,
00:42:00évidemment, comme tout indicateur synthétique, il a un certain nombre de limites. D'abord,
00:42:05il a un périmètre limité. Il y a certains aspects fondamentaux de la soutenabilité écologique qui
00:42:09ne sont pas pris en compte. Je l'ai évoqué tout à l'heure, l'empreinte écologique se limite à ce
00:42:14que j'ai appelé le capital naturel critique, la partie vivante du capital naturel. On est sur
00:42:19des éléments organiques. On ne prend pas en compte les minerais, l'eau, des choses comme ça,
00:42:24qui sont aussi des enjeux de durabilité importants. La biodiversité n'est pas directement prise en
00:42:29compte dans l'empreinte écologique. Au contraire, si je me dis que pour accroître la productivité,
00:42:35je vais détruire des forêts et les remplacer par des surfaces agricoles, ce n'est pas bon pour la
00:42:40biodiversité. Il y a des éléments comme les radiations qui ne sont pas pris en compte.
00:42:44Si je développe le nucléaire, il faut que je sache que ce n'est pas pris en compte,
00:42:47ce n'est pas comptabilisé potentiellement ces risques-là dans l'empreinte écologique.
00:42:51Donc attention à ne pas, au nom d'une réduction de l'empreinte écologique,
00:42:56mener des politiques qui ne seraient pas pertinentes de ce point de vue-là. Finalement,
00:43:00c'est une critique qu'on peut adresser à tout indicateur synthétique. C'est d'ailleurs ce
00:43:07qu'on reproche souvent au PIB, de se focaliser trop sur le monétaire. On peut faire le même
00:43:13type de reproche à l'empreinte écologique. Autre limite, on a par exemple des facteurs de
00:43:19conversion qui sont très discutés. Aujourd'hui, pour prendre le cas de la France, l'empreinte
00:43:24carbone, l'empreinte CO2, c'est à peu près la moitié de l'empreinte écologique de la France.
00:43:28Donc je pars d'une quantité d'émissions de CO2, je la traduis en hectares. Aujourd'hui,
00:43:35on a pris pas mal de précautions, c'est-à-dire qu'on a tendance à avoir une hypothèse assez
00:43:42basse. On a une empreinte carbone qui est plutôt faible par rapport à d'autres hypothèses qui
00:43:48pourraient être plus importantes. Donc en gros, on a pris des hypothèses de séquestration du
00:43:52carbone très importantes par des forêts qui seraient vraiment dédiées à ça, à la séquestration du
00:43:58carbone. Or, ce sont des hypothèses qui sont évidemment discutables. Cela veut dire aussi
00:44:05que si on prenait des hypothèses peut-être plus scientifiquement sûres, l'empreinte écologique
00:44:12serait encore plus forte. Mais le volet carbone de l'empreinte écologique sera aussi encore plus
00:44:16fort. Donc ça, c'est aussi une critique qu'on peut avoir à l'encontre de l'empreinte écologique.
00:44:24Hautes limites, le droit d'accès aux données. L'empreinte écologique a fait assez peu l'objet
00:44:32de soutien de financement public. Donc c'est une ONG qui s'appelle le Global Footprint Network
00:44:38aujourd'hui qui développe cet outil et qui fait les calculs à l'échelle internationale chaque
00:44:44année. Qui le fait de manière très transparente parce qu'en fait les membres du GFM sont
00:44:48essentiellement des scientifiques. C'est la communauté scientifique qui participe de cet
00:44:53organisme-là. Mais avec des financements qu'il faut aller chercher à droite et à gauche. Et
00:44:59aujourd'hui, notamment pour pouvoir se financer, le GFM propose des services et notamment quand
00:45:05vous voulez calculer par exemple l'empreinte écologique à l'échelle d'un territoire en
00:45:09France, il faut que vous disposiez d'une matrice de calcul dont l'accès est potentiellement payant.
00:45:16Donc ça peut poser question évidemment si on veut demain que cet indicateur soit un indicateur
00:45:22public. Ce qu'il est dans certains pays. Par exemple la Suisse a décidé de faire un indicateur
00:45:27officiel du suivi de ces politiques. Et puis enfin, dernière limite qu'on identifie parfois
00:45:35dans la littérature, il peut y avoir derrière l'idée d'empreinte écologique une vision un
00:45:40peu culpabilisatrice. Je vous invite à calculer votre empreinte écologique. Il y a plein de
00:45:45logiciels aujourd'hui en ligne qui permettent de calculer votre empreinte écologique. Notamment
00:45:50sur le site, on a mis quelques liens par la suite, le site du GFM, le Global Footprint Network.
00:45:56Le principe de tous ces indicateurs d'empreintes, c'est qu'on impute l'impact au consommateur
00:46:02final. Pour éviter ce que j'évoquais tout à l'heure, le fait qu'on puisse délocaliser des
00:46:06pollutions à l'autre bout de la planète. Alors souvent évidemment, ça peut renvoyer l'idée que
00:46:13finalement c'est au consommateur et à lui seul de changer son mode de vie pour arriver à réduire
00:46:20son empreinte écologique. Évidemment, ce n'est pas du tout la réalité. J'aurai l'occasion notamment
00:46:26sur l'empreinte carbone de rentrer beaucoup plus dans le détail et de vous montrer qu'il y a au
00:46:30moins la moitié, peut-être les trois quarts de l'empreinte écologique aujourd'hui qui peut être
00:46:34réduite soit par les industriels, soit par des comportements collectifs de changement d'organisation.
00:46:42Et puis il y a un tiers, un quart de l'empreinte écologique qui peut être réduite par des
00:46:47changements de comportement individuels. Mais c'est vrai que souvent, quand on fait son calcul
00:46:52d'empreinte écologique, on se rend compte de l'énorme écart qu'il y a entre là où on en est
00:46:56et là où il faudrait aller. Ça peut renvoyer une image un petit peu culpabilisatrice du consommateur
00:47:01qui doit mieux faire ses choix de consommation, etc. Voilà, ça c'est un reproche qui est fait
00:47:06parfois aussi à l'empreinte écologique. Voilà, je crois que c'est tout ce que j'avais prévu vous dire.
00:47:11Ah oui, si, peut-être en synthèse, en conclusion, avantages et inconvénients. Donc l'empreinte écologique,
00:47:17premier indicateur synthétique qui permet vraiment de représenter la soutenabilité des activités
00:47:24humaines sur la planète, indicateur qui a plein d'atouts, notamment sa dimension synthétique,
00:47:29facile d'appropriation par le grand public, qui s'appuie sur un corpus scientifique vraiment très
00:47:34solide, je n'ai pas beaucoup insisté là-dessus, mais c'est quand même important de le dire et de le rappeler,
00:47:37qui présente un certain nombre d'inconvénients que je viens d'évoquer. Et juste pour faire le lien
00:47:44avec ce qu'on va évoquer la prochaine fois, moi j'ai beaucoup travaillé aussi sur les questions
00:47:48de limites planétaires parce qu'on s'est rendu compte avec les collègues quand on travaillait
00:47:52sur l'empreinte écologique dans les années 2000 et 2010 que l'empreinte écologique a plein
00:47:57d'inconvénients, mais elle a aussi des limites, il y a plein de choses qu'elle ne prend pas ou mal en
00:48:01compte. Et en fait, à partir de ce moment-là, il y a d'autres référentiels qui sont apparus comme
00:48:06le référentiel des limites planétaires, sur lequel je n'ai pas le temps de développer, mais que vous
00:48:12connaissez sans doute. Et en fait, on se rend compte que les outils de type empreinte se sont développés
00:48:17quasiment sur chacune des limites planétaires qui existent aujourd'hui. On va trouver, par exemple,
00:48:22sur le climat aujourd'hui, il y a l'empreinte carbone, dont on va parler la prochaine fois, dans le
00:48:25prochain séminaire. Il y a des empreintes sur les flux d'azote ou les flux de phosphore. Voilà, on va
00:48:32retrouver aujourd'hui des empreintes sur plein d'autres limites planétaires. Et c'est important
00:48:37parce que ça permet de montrer que l'empreinte écologique est peut-être trop synthétique,
00:48:42peut-être trop simple sur certains aspects, mais on a d'autres empreintes beaucoup plus spécifiques,
00:48:47beaucoup plus précises, si on veut rentrer plus dans le détail. Donc ça veut dire qu'en fait,
00:48:52on a tout pour bien faire aujourd'hui. On a un outil synthétique parfait pour prendre conscience
00:48:56des enjeux. Et si on veut rentrer plus dans le détail, on a des empreintes environnementales
00:49:00plus spécifiques, comme celles qu'on aura l'occasion de voir lors des prochains séminaires.
00:49:05Voilà, j'ai été un petit peu long. Merci beaucoup Aurélien. Et bien du coup,
00:49:11rapidement avant de passer à la partie questions réponses, on a une deuxième et dernière question
00:49:17sondage à vous poser pour faire la conclusion de cette présentation. Finalement, on voulait
00:49:22vous demander si cet outil, l'empreinte écologique, vous semble pertinent pour comprendre l'impact des
00:49:28activités humaines sur la planète. Donc est-ce que c'est un grand oui pour vous,
00:49:33puisqu'il permet de visualiser très simplement la consommation des ressources nécessaires pour
00:49:38soutenir nos modes de vie ? Est-ce que c'est plutôt un oui-mais, puisqu'il est facile à
00:49:43procréation, mais finalement, il ne favorise par exemple pas le passage à l'action ? Est-ce que
00:49:48pour vous, c'est un non, puisqu'il met le poids sur l'action en matière de lutte contre le
00:49:54changement climatique, l'érosion de la biodiversité pour le consommateur et le citoyen ? Mais
00:49:59finalement, voilà, ça devrait être aussi porté à l'échelle collective. Est-ce que pour vous,
00:50:05c'est un non ? Je trouve cet outil trop simpliste ou réducteur ? Ou bien finalement,
00:50:10vous ne savez pas encore, vous n'avez pas encore à ce stade d'avis sur la question ?
00:50:24Et donc, parmi les résultats en tête, vous êtes 59% avec un oui, mais il est facile d'appropriation,
00:50:44mais il ne favorise pas le passage à l'action. Ensuite, 34% pour le oui, puisqu'il permet de
00:50:50visualiser simplement la consommation de ressources nécessaires. 3% pour un non,
00:50:56il ne met le poids sur l'action auprès du consommateur et du citoyen. 3%, je ne sais pas,
00:51:04je n'ai pas encore d'avis. Et 0% pour non. Je trouve cet outil trop simpliste ou réducteur.
00:51:09Je ne sais pas si Aurélien, vous avez envie de commenter ces résultats avant de passer aux
00:51:15questions-réponses ? Oui, j'ai un collègue qui s'appelle Jean-Gabriel, qui a beaucoup travaillé
00:51:20sur les indicateurs alternatifs qu'on évoquait tout à l'heure. Il dit que pour lui, un indicateur,
00:51:28c'est une durée de vie limitée dans le temps, c'est-à-dire que c'est pertinent à un moment
00:51:34donné pour traduire une question qui est au cœur des préoccupations. Ça ne veut pas dire que les
00:51:39questions liées à l'empreinte écologique ne sont plus aujourd'hui appropriées ou pertinentes,
00:51:43au contraire, elles le sont plus que jamais. Simplement, je pense que l'empreinte écologique,
00:51:47elle est super pertinente pour faire prendre conscience d'un enjeu global qui est la
00:51:57soutenabilité écologique. Par contre, quand il s'agit de passer à l'action, on a besoin d'outils
00:52:02un peu plus fins. C'est là que c'est intéressant d'avoir des outils plus spécifiques, comme
00:52:08l'empreinte carbone, l'empreinte matière, l'empreinte azote, qui permettent de rentrer un
00:52:12petit peu plus dans le détail. Il faut aussi dire que dans ma présentation, je n'ai pas non
00:52:16plus, et je pense qu'on en est là, on en est à ce stade-là aujourd'hui, où il faut des outils plus
00:52:20spécifiques, plus précis. Je n'ai pas non plus évoqué dans le cadre de ma présentation, je n'avais
00:52:25pas le temps, mais il y a quand même des acteurs publics et même des acteurs privés qui ont
00:52:29utilisé l'empreinte écologique pour passer à l'action. Ça ne marche pas trop mal, c'est un
00:52:35outil qui n'est pas inintéressant de ce point de vue-là, mais c'est vrai qu'on atteint vite un
00:52:39certain nombre de limites liées à la dimension très globale de l'indicateur. Je suis de toute
00:52:47façon assez d'accord avec l'opinion qui se dégage générale et qui me semble assez représentative
00:52:53de là où on en est aujourd'hui dans ce qu'il faut faire de l'empreinte écologique. Loin d'être
00:52:58obsolète, l'outil est toujours pertinent, mais il faut l'utiliser à bon escient.
00:53:02Merci Aurélien, on va passer aux questions des participants. Une première question un petit
00:53:11peu technique, à savoir quand on regarde les surfaces qui sont nécessaires pour produire
00:53:16du bois ou des denrées alimentaires, est-ce qu'on prend en compte l'impact de ces cultures sur la
00:53:22capacité des sols à produire ? Dit autrement, est-ce qu'on prend en compte le mode de production ?
00:53:27Puisque selon les modes de production, on n'a pas forcément les mêmes effets sur la capacité des
00:53:34sols à produire. Très bonne question. Alors ça, ça fait l'objet de nombreux débats au sein de
00:53:39l'empreinte écologique. En réalité, on ne prend pas en compte, c'est aussi une des raisons pour
00:53:43lesquelles aujourd'hui l'empreinte écologique sous-estime un petit peu le véritable impact,
00:53:46c'est qu'on ne prend pas en compte les potentielles pertes de productivité à terme d'un sol qui serait
00:53:53sur-exploité. On prend en compte la productivité aujourd'hui avec les modes de production, par
00:54:01exemple agricoles, d'aujourd'hui. On sait très bien que cette productivité est sous perfusion,
00:54:07entre guillemets. Ce qu'on va quand même prendre en compte, par exemple si vous utilisez massivement
00:54:14des engrais, il se trouve que la production d'engrais est très émettrice de gaz à effet de
00:54:19serre. Et ça, c'est des choses qu'on va prendre en compte. Ça va se retrouver dans l'empreinte
00:54:23carbone de la production. Par contre, vous allez potentiellement utiliser, parce que vous avez une
00:54:29plus forte productivité à hectare, vous allez utiliser moins de surface. Et donc, vous avez,
00:54:34avec ce mode de production, une empreinte écologique plus faible en termes d'utilisation
00:54:38de surface agricole, potentiellement compensée par une empreinte carbone plus importante. En tout
00:54:44cas, ça ne prend pas en compte le fait que vous êtes en train de potentiellement détruire un sol
00:54:47qui, une fois que vous allez vous passer d'un trans, sera peut-être plus du tout productif.
00:54:54Cette perte nette de capital naturelle, si je parle comme un économiste, ce n'est pas pris en
00:55:00compte aujourd'hui dans l'empreinte écologique, ou très mal, très indirectement. Effectivement,
00:55:04ça c'est aussi une limite qu'on aurait pu évoquer dans l'empreinte écologique. Donc,
00:55:09c'est pris en compte, mais indirectement, seulement par le volet carboné de l'intensification et la
00:55:17production d'engrais. Autre question, comment l'empreinte écologique mondiale évolue au fil
00:55:27du temps ? Vu que le Global Food Content Work fait des publications tous les ans, j'imagine
00:55:31qu'on a une bonne idée de ce qui s'est passé dans le passé. Est-ce qu'on a aussi des prévisions
00:55:36dans le futur ? L'empreinte écologique de l'humanité, les calculs ont été faits de
00:55:43manière rétrospective. On arrive à avoir des données, notamment au niveau international,
00:55:48relativement fiables jusqu'en gros les années 60. On peut faire cette construction. Jusqu'à
00:55:54aujourd'hui, depuis les années 60, l'empreinte écologique de l'humanité a été multipliée à
00:55:59peu près par 3. Sur cette période, la population humaine a été multipliée par un peu plus de 2,
00:56:042,5. Déjà, le facteur démographique est non négligeable de cette augmentation,
00:56:09mais on voit aussi que ce qui a explosé sur cette période, c'est l'empreinte CO2,
00:56:13l'empreinte carbone. C'est aussi la manière d'utiliser les ressources, d'intensifier,
00:56:19et puis l'utilisation d'énergie fossile qui a fait exploser l'empreinte carbone.
00:56:24Donc ça, c'est les évolutions. Quand on regarde dans les pays riches, on voit une
00:56:30stagnation de l'empreinte écologique dans pas mal de pays riches, comme la France,
00:56:35depuis maintenant 10, 20, 30 ans, mais pas vraiment de baisse, en tout cas pas de baisse
00:56:40significative. Donc ça, c'est sûr. Par contre, les pays en développement, eux, continuent à
00:56:47voir l'empreinte écologique augmenter. Donc, l'un dans l'autre, ce qu'on constate, c'est que les
00:56:56pays les plus riches n'arrivent pas à baisser suffisamment. Les pays en développement augmentent
00:57:00avec un facteur démographique qui vient aggraver la problématique. Donc, au global,
00:57:05on a une empreinte écologique qui continue à augmenter au niveau global, un niveau qui est
00:57:10déjà trop important. C'est une des raisons pour lesquelles, effectivement, on l'a évoqué,
00:57:14le jour du dépassement est de plus en plus tôt, même si ça commence à se stabiliser.
00:57:21Et dernière question qui fait un peu lien avec ce que vous venez de dire,
00:57:27c'est que vous avez mentionné qu'il y avait un certain pays dans le monde, surtout sur le
00:57:31continent africain, pour lequel une planète suffisait à l'échelle d'une année pour
00:57:40subvenir aux besoins de ces populations. Que retenir de cette information-là ? Est-ce que
00:57:50c'est juste une question de niveau de développement ? Est-ce qu'il y a d'autres
00:57:57choses à retenir de cette information ? Ils réussissent à être sous le niveau de renouvellement ?
00:58:03En fait, quand on regarde les principaux pays qui ont une empreinte écologique aujourd'hui
00:58:11globale insoutenable, ils ont tous un niveau de développement humain qui est faible. Parmi les
00:58:17pays, il y en a qui sont quand même assez proches d'arriver à concilier les deux. Il y a même un
00:58:27pays qui, historiquement, y est arrivé. Et quand je m'en suis rendu compte, ça avait fait un peu de
00:58:32bruit parce que du coup, par la suite, l'information s'était répandue. Une année ou deux de suite,
00:58:39il y a Cuba qui est arrivé dans la bonne case. Ça peut interpeller, parce qu'on peut se dire
00:58:44que Cuba, ce n'est pas un modèle économique forcément très enviable, et je ne parle même
00:58:49pas du modèle politique. Par contre, ce qui était intéressant dans le modèle de Cuba, c'est que la
00:58:53raison pour laquelle Cuba était dans la bonne case, je crois que c'est encore le pays qui est le plus
00:58:56proche, très proche du 0,8. Pourquoi Cuba est assez proche ? C'est d'abord parce qu'en matière de
00:59:06développement humain, même si le PIB de Cuba est très faible, sur les deux autres variables du
00:59:10développement humain qui sont la santé et l'éducation, là on peut dire ce qu'on veut du
00:59:14modèle castriste, mais le choix politique a été fait de mettre le paquet là-dessus. Du coup, ils
00:59:19ont un niveau de développement humain qui est élevé par rapport à leur niveau de PIB. C'est la
00:59:24première chose qui fait que voilà. Et pourquoi en termes d'empreintes écologiques, ils ne sont pas
00:59:28trop mauvais ? En fait, ce n'est pas du tout un choix politique pour le coup. C'est essentiellement
00:59:32à cause de l'embargo pétrolier qui a fait que dans les années 90, Cuba a dû faire une transition
00:59:39carbone extrêmement rapide et extrêmement brutale. Je n'aurais pas voulu vivre à Cuba à ce moment-là,
00:59:44mais du coup, il a fallu se passer... Par exemple, on parlait des intrants, des engrais, des choses
00:59:51comme ça. Il a fallu convertir l'agriculture cubaine à l'agriculture biologique, ou un équivalent
00:59:57d'agriculture biologique. Il a fallu se passer de pétrole dans plein de domaines. Evidemment,
01:00:03ce volet empreinte carbone a fortement réduit. Mais voilà, ça n'a pas été fait démocratiquement,
01:00:08ça n'a pas été choisi. En tout cas, on a un pays qui s'en est un petit peu approché de l'idéal,
01:00:16mais complètement malgré lui, et pas comme il faudrait le faire bien entendu. C'est juste pour
01:00:20vous montrer un petit peu les choses à arbitrer, sachant que pour nous, évidemment, l'enjeu c'est
01:00:24bien d'arriver à maintenir notre développement humain en divisant par deux ou trois notre
01:00:28empreinte écologique. Ce qui passe par de la sobriété dans nos consommations, une modification
01:00:36de nos comportements de consommation, et deux, c'est au moins aussi important, un changement des
01:00:41modes de production. Il faut produire notre énergie de manière différente, il faut décarboner l'économie.
01:00:46Il faut sans doute... En fait, il faut produire et consommer moins et mieux. C'est ça le message
01:00:54clé. C'est vrai avec l'empreinte écologique, mais vous pouvez le faire pour toutes les
01:00:58autres variables. Si on veut arriver à ce niveau de rupture, il faut sans doute jouer sur les deux.
01:01:06Merci beaucoup Aurélien. On va s'arrêter là pour aujourd'hui. Je vous mets à disposition
01:01:13les quelques questions de satisfaction. Laure, je te laisse le mot de la fin.
01:01:20Oui, merci beaucoup Aurélien. Merci également à toi Sarah. Merci pour votre participation et
01:01:28merci aussi d'avance de remplir le questionnaire d'évaluation. Il y a seulement quatre petites
01:01:33questions et ça nous permet vraiment déjà de pouvoir faire pivoter parfois nos présentations
01:01:38et ce qu'on vous propose dans le cadre de ces webinaires. Pour la suite, on vous donne rendez-vous
01:01:43le 16 juin et le 30 juin pour empreinte carbone et empreinte matière. Je vous renverrai les liens
01:01:49si vous n'êtes pas déjà inscrit pour vous inscrire à ces webinaires. Évidemment,
01:01:56cette session-là a été enregistrée. On vous mettra à disposition sur notre site internet le replay,
01:02:04comme tous les autres webinaires de nos autres cycles. N'hésitez pas à consulter notre site
01:02:11internet pour visionner les autres replays et aussi à vous abonner à notre newsletter si
01:02:18vous souhaitez suivre nos actions. Je vous enverrai la présentation également par mail
01:02:23avec également le questionnaire. Je vous remercie encore et à bientôt pour le 16 juin.
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