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LEX INSIDE - Outils numériques et respect des obligations de l'avocat
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02/05/2025
Outils numériques et respect des obligations de l'avocat avec Benjamin Pitcho, Associé, cabinet Pitcho Fassina Petkova.
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News
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Musique
00:00
On poursuit c'est Lex Inside, on va parler outils numériques et respect des obligations de l'avocat
00:15
avec mon invité Benjamin Pitcho, avocat associé au sein du cabinet Pitcho Fascina Petkova.
00:21
Benjamin Pitcho, bonjour.
00:23
Bonjour Arnaud.
00:23
La Cour d'appel de Paris, dans une décision du 24 janvier 2025, a validé la décision de Google de supprimer des fichiers de Google Drive et Gmail
00:34
d'un avocat qui avait stocké des images pédopornographiques dans le cadre d'un dossier pénal.
00:41
Pouvez-vous nous rappeler les faits de cette décision de la Cour d'appel de Paris ?
00:46
C'est une décision très importante qui est effectivement rendue par la Cour d'appel de Paris après une décision de première instance.
00:51
Les faits sont les suivants.
00:52
Un avocat utilise, conformément aux conditions générales de service de Google, deux services sur Google.
00:59
D'une part le Google Drive pour stocker des données qu'il utilise à titre professionnel et personnel,
01:05
et d'autre part sa messagerie Gmail qu'il utilise là aussi à titre personnel et à titre professionnel.
01:11
Il est pénaliste, il assure la défense d'un prévenu qui est poursuivi pour détention d'images pédopornographiques.
01:18
La juridiction lui envoie, comme tout pénaliste, le dossier pénal qu'il stocke sur le Google Drive.
01:24
Et dans ce dossier figure 77 images pédopornographiques.
01:28
Google est un hébergeur au sens de la loi sur la confiance dans l'économie numérique.
01:33
À titre d'hébergeur, il n'a pas à vérifier le contenu de ce qui est sur ses serveurs, pour simplifier un peu.
01:39
Il n'en demeure pas moins qu'il bénéficie, il met en œuvre un algorithme qui s'occupe au titre des dispositifs notamment américains
01:47
de lutte contre la pédopornographie, le trafic d'enfants, qui lutte donc contre ces infractions
01:52
et qui vérifie la détention et le stockage sur ses serveurs de ce type de données.
01:58
Lorsque l'algorithme découvre ce stockage par l'avocat pénaliste qui, rappelons-le encore une fois,
02:04
détenait ses dossiers parfaitement légitimement dans le cadre de son activité professionnelle,
02:08
il décide purement et simplement d'une part de supprimer la totalité des comptes et des données,
02:14
le premier temps, et deuxièmement de signaler cet avocat aux autorités américaines
02:19
de lutte contre le trafic d'enfants et la pédopornographie.
02:23
Donc l'avocat a tout perdu du jour au lendemain.
02:25
Quelle est la portée de cette décision pour les avocats ? Quelles sont les conséquences ?
02:29
Les conséquences sont immenses et c'est un avertissement qui est absolument très clair.
02:34
D'une part, il n'y a même pas eu de mise en demeure,
02:36
donc c'était très discuté devant la Cour d'appel de Paris,
02:39
puisque les conditions générales de service de Google disaient qu'en cas de difficultés
02:43
telles qu'effectivement le stockage d'éléments pédopornographiques,
02:47
Google pouvait immédiatement supprimer les accès.
02:49
Donc il a tout perdu, j'insiste lourdement.
02:52
Les conséquences sont énormes, non seulement pour les pénalistes,
02:54
qui évidemment vont manipuler des données,
02:57
mais il y a un avertissement qui est plus large, qui est destiné à la profession,
03:01
qui est de dire, attention, dans une certaine mesure,
03:03
nous ne pouvons pas, nous, avocats, mélanger ou utiliser des services
03:08
qui sont destinés très légitimement au grand public,
03:11
dans le cadre de notre activité professionnelle.
03:13
Ce qui était âprement discuté devant la Cour d'appel
03:16
était en réalité une mise en balance de deux intérêts qui sont contradictoires.
03:21
D'une part, la nécessité de la défense,
03:24
qui imposait à cet avocat de détenir ses fichiers, de pouvoir les utiliser,
03:28
et d'autre part, la lutte contre, effectivement, le trafic d'enfants, la pédocriminalité.
03:32
Et en l'espèce, la Cour d'appel a fait privilégier ce deuxième principe
03:37
en ne s'intéressant même pas, enfin, en ne reprochant pas à Google,
03:42
plus précisément, de chercher à s'intéresser à la légitimité de la détention des fichiers par cet avocat.
03:50
Donc, pour tous les avocats, non seulement pour les pénalistes,
03:52
mais pour tous les avocats, c'est un avertissement très clair,
03:54
qui consiste à dire, les raisons de la détention de données sensibles,
03:58
de fichiers sensibles, en fait, passeront après la modération
04:01
qui sera imposée par des principes supérieurs,
04:03
selon la loi américaine, selon les obligations de Google,
04:06
selon les obligations, en réalité, de tout opérateur,
04:08
et selon la loi nationale.
04:09
Quelles sont les précautions que les avocats doivent prendre
04:13
pour éviter ces mésaventures ?
04:15
Il y a bien sûr des précautions de droit commun
04:17
que je n'ai pas besoin de rappeler.
04:18
Le rappel du secret de l'instruction, on ne fait pas circuler les fichiers.
04:21
La deuxième précaution qui est évidente,
04:23
qui finalement ne relève même pas tellement de la déontologie,
04:26
mais relève de l'utilisation quotidienne dans nos structures des outils,
04:32
consiste à utiliser les outils qui sont faits pour notre profession.
04:35
Il existe soit des outils qui sont développés à l'intérieur de notre profession,
04:40
qui permettent de s'assurer ici de la tranquillité de l'utilisation,
04:44
de la sécurité des échanges.
04:47
On pense aujourd'hui que des confrères,
04:49
et entre confrères et entre consoeurs,
04:51
on s'échange des paquets de pièces qui sont très volumineux,
04:54
qui vont sur des sites internet de stockage dont on n'a plus du tout le contrôle.
04:58
Les outils qui sont développés par la profession normalement garantissent ça.
05:01
Et puis il y a des opérateurs privés,
05:03
qui sont aussi spécialisés dans le marché des avocats,
05:06
qui s'adressent à notre profession,
05:08
et qui, nous l'espérons, garantissent là aussi le respect de nos obligations déontologiques,
05:13
non seulement pour le secret professionnel,
05:17
mais aussi contre l'intrusion d'entités étrangères, de pays étrangers,
05:21
qui pourraient légitimement, effectivement, chercher à accéder à ces données.
05:25
Donc en résumé, il y a des solutions qui existent sur le marché,
05:28
les solutions de la profession,
05:30
et des solutions privées,
05:32
qui garantissent la sécurité des données.
05:34
Et c'est exactement cela.
05:35
D'autant que cet avocat avait introduit une requête,
05:39
et il faut saluer son combat entre nous,
05:40
puisqu'il s'est battu âprement.
05:43
Il avait demandé le rétablissement de Google Drive,
05:46
le rétablissement de ses e-mails,
05:47
et il a obtenu le rétablissement partiel de ses e-mails,
05:49
avec ses contacts.
05:51
Le reste est définitivement aboli.
05:52
Donc vous voyez bien que l'utilisation, encore une fois,
05:55
des outils spécialisés pour notre profession,
05:58
qu'il s'agisse de développement interne,
05:59
qu'il s'agisse de partenariat,
06:01
comme le barreau de Paris,
06:01
on a conclu sous l'impulsion de Pierre Hoffman et de Vanessa Boussardot,
06:04
bâtonniers et vice-bâtonnières,
06:06
garantissent, encore une fois,
06:07
le respect de nos obligations déontologiques,
06:09
la sécurité, le secret professionnel,
06:11
et surtout, un exercice serein de notre profession.
06:14
Concrètement, quels sont les risques pour les avocats
06:16
qui, quand même, useraient de ces pratiques ?
06:19
Alors, il y a deux types de risques.
06:20
Il y a, d'une part, les risques de suppression,
06:22
c'est exactement ce qui est arrivé à cet avocat.
06:24
Il y a, d'autre part, des risques de fuite des données.
06:26
Quand on est avocat,
06:28
on manipule quand même des données qui sont sensibles,
06:30
les données de nos clients.
06:31
On reçoit ces données,
06:33
et on reçoit ces données qui sont sensibles,
06:35
dont on doit garantir la conservation
06:37
dans le respect du secret professionnel.
06:39
Elles ne peuvent pas circuler,
06:40
elles ne peuvent pas faire l'objet d'intrusion,
06:42
encore une fois,
06:43
d'un organisme public ou privé étranger.
06:46
Donc, il faut être très attentif
06:48
à qui on envoie
06:49
et chez qui on stocke ces données.
06:51
Tout n'est pas parfait,
06:52
tout n'est pas, encore une fois,
06:53
facile à déterminer,
06:55
mais il y a, encore une fois,
06:57
ces possibilités qui nous permettent
06:59
de garantir cette absence de danger.
07:02
Après, on pourrait s'intéresser
07:03
aux obligations disciplinaires,
07:05
à la violation éventuellement.
07:06
Quels sont les risques sur ce point-là ?
07:08
Je pense que ça allait un peu loin
07:09
aujourd'hui là-dessus.
07:10
L'avocat n'est jamais un certificateur
07:11
de ses pièces, de ses données,
07:13
donc il serait, là aussi,
07:14
un peu aberrant de lui reprocher
07:16
d'avoir fait usage, à mon avis, de cela.
07:19
Dans une, comment dire,
07:20
en dystopie juridique,
07:22
il n'est pas impossible de réfléchir
07:24
sur une telle faute professionnelle de l'avocat.
07:26
Moi, je me refuse à le faire aujourd'hui.
07:28
Ce n'est pas l'objectif.
07:29
L'objectif est, encore une fois,
07:30
de rappeler ces éléments essentiels
07:32
pour dire que les outils,
07:34
alors de la profession
07:35
ou extérieur à la profession,
07:36
mais les outils grand public
07:37
ne correspondent pas à nos usages.
07:39
Ils ne correspondent pas à nos usages.
07:40
Donc, dans cette simple mesure,
07:43
le fait, et cela avait été aussi discuté
07:45
devant la Cour d'appel de Paris,
07:46
je crois que c'est l'un des éléments
07:48
qui éventuellement ont pu orienter
07:50
l'arrêt de la Cour d'appel de Paris,
07:51
c'est remarquer que cet avocat
07:53
faisait un usage mixte de ces outils,
07:56
à la fois professionnels
07:57
et à la fois personnels,
07:58
et on voit ce danger, en réalité.
07:59
Bien sûr.
08:00
C'est-à-dire qu'il y a un mélange des genres
08:02
qui crée ce problème.
08:05
Qui crée ce problème
08:05
et qui crée la légitimité, en réalité,
08:07
pour les opérateurs, pour les hébergeurs,
08:10
à nous mettre à risque,
08:11
à nous mettre en danger
08:11
et à utiliser les données
08:13
comme ils ont envie de les utiliser,
08:14
voire à les supprimer
08:15
lorsque c'est nécessaire.
08:16
Pour terminer,
08:17
c'est un usage répandu,
08:19
cette utilisation d'outils grand public,
08:22
comme vous l'avez dit,
08:23
par les avocats.
08:24
C'est quelque chose
08:25
que vous constatez fréquemment ?
08:26
Je pense que c'est un usage très répandu.
08:28
Je pense que c'est un usage très répandu
08:30
contre lequel il faut lutter.
08:31
Je pense qu'à l'heure
08:33
à laquelle l'intelligence artificielle arrive,
08:35
les problèmes vont se multiplier.
08:38
Aujourd'hui, on ne peut pas demander
08:39
à des robots d'intelligence artificielle
08:43
grand public
08:43
de rédiger des mises en demeure,
08:46
d'analyser nos conclusions.
08:48
C'est tentant, c'est facile, c'est gratuit.
08:50
C'est un truisme de le dire,
08:51
mais si c'est gratuit,
08:52
c'est nous le produit.
08:53
Il est temps, effectivement,
08:54
de migrer vers des outils
08:55
un peu plus sécurisés.
08:56
Ça va être le mot de la fin.
08:58
Merci, Benjamin Pitcho.
08:59
Je rappelle que vous êtes associé
09:00
au sein du cabinet
09:01
Pitcho Fascina Petkova.
09:04
Merci, monsieur.
09:05
C'est la fin de cette émission.
09:06
Merci à toutes et à tous
09:07
pour votre fidélité.
09:08
Restez curieux et informés.
09:10
À très bientôt
09:11
sur Bsmart for Change.
09:12
Sous-titrage Société Radio-Canada
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