Pris dans le vertige d’une ville qui n’a pas eu de cesse de s’enfoncer dans la honte, Luc ANTAGAN MESSI, le Maire de la capitale Yaoundé, a fini par incarner, bien malgré lui, les travers d’une gouvernance publique qui s’embourbe de jour en jour dans un interminable lot de contradictions. Contradiction d’une décentralisation qui ne marche pas, en dépit des promesses répétées du Président de la République lui-même, en la matière. Dans quelle direction faut-il donc aller, dans ces attentes de transformation de la vie collective qui, faute de reposer sur des concepts opératoires clairs et des méthodologies rodées, ont fini par ne plus être que la surface de jeu de tous ceux qui ont capacité ou vocation à se revêtir du costume de héros. La charge émotionnelle des citoyens est ainsi dirigée vers des formats de leadership essentiellement dessinées autour de l’Homme miraculeux. L’homme possesseur de toutes les qualités et de toutes les forces. Une personne, non pas humaine, mais surhumaine afin de masquer le vide sidéral qui submerge des institutions notoirement peu capables de coordination et de qualité. Du coup, reclus au fond de la caverne, les Camerounais en sont réduits à comparer les individus les uns autres, à les mesurer et à se réfugier dans une nostalgie qui traduit leur impossible accès à l’avenir. Dans le cas de Yaoundé, faire désormais de Gilbert TSIMI EVOUNA, l’ancien édile, le miroir vers lequel se dirigent tous ceux qui se lamentent de la situation actuelle. Le Cameroun a depuis longtemps fait le choix d’établir des personnalités ternes aux parcours peu enchanteurs, sur des positions publiques demandant de la force, de l’énergie et de l’imagination. A la place, des reproducteurs de cette bourgeoisie bureaucratique vorace qui, in fine, rend tout le monde perdant – y compris eux-mêmes. Les villes de Douala et de Yaoundé, couplée dans un égal anéantissement, sont à cet égard le funeste résultat de ce choix, qui produit un jeu à sommes nulles. Mais cela, jusqu’à quand ?