En venant s’extasier avec autant d’emphase devant ce qu’il a présenté avec verve comme une merveille architecturale, Luc ATANGANA MESSI, le Maire de la ville de Yaoundé a revêtu le plus beau de ses costumes afin de venir, lui aussi faire vanité devant les importants de ce pays, pour rappeler l’évidence selon laquelle l’agglomération qu’il dirige est heureuse de faire fière allure. Cela, alors même que, au même moment, et pas si loin de l’endroit où se déroulait cette cérémonie – au marché central, par exemple où s’est établie un immense cratère – la ville de Yaoundé n’a pas eu de cesse d’afficher le pire des visages que l’on serait en droit d’attendre d’une ville prétendument moderne. Comble de l’ironie que d’avoir l’audace de systématiquement accoler le reflet de leurs impérities au nom de Paul BIYA, devenu véritable fétiche du discours public. A l’évidence donc, un Maire totalement dénué de scrupules devant le délabrement total de sa capitale, qui couvre de honte ses habitants, dans tous les quartiers. Dans certaines zones de la ville, la régression est telle que l’on se demande si le temps n’est pas revenu pour un retour à l’âge de la pierre taillée. Yaoundé de la boue, Yaoundé de la misère, Yaoundé de l’effacement des grandes capitales africaines. Yaoundé, par ailleurs, avec ses tas d’ordures qui font montagne nauséabondes dans tous les coins de rue. Yaoundé, capitale d’un pays habituée aux maquillages cosmétiques lorsque vient le temps des apparats. On badigeonne alors les rues pour couvrir l’indécence d’une ville qui retourne et se retourne dans le glauque. Yaoundé, dont le seul point d’observation acceptable est de s’élever le plus haut possible vers le ciel, pour fuir le naufrage que la ville a fini par devenir aux yeux de tous.