Habitué à tomber la chemise et jouer les mannequins, sur les chantiers routiers poussiéreux du de bout du monde, Emmanuel Nganou Djoumessi s’est depuis longtemps habitué aux quolibets et dénigrements de tous ceux qui voient en lui l’incarnation toute faite des errances managériales du gouvernement dans la conduite des projets. Un homme qui, caracolé à la tête du ministère des Travaux publics depuis en octobre 2018, a depuis eu peine à transformer ses promesses en résultats, en dépit de tonitruantes visites sur le terrain, comme ici sur le tronçon Babadjou-Bamenda, en mai 2022. Chantier pourtant lancé en 2017 sur un linéaire de plus 50km à peine et dont les travaux, pourtant prévus pour être livrés en 2019 sont toujours, à ce jour, inachevés. Dans sa bouche, les explications ne manquent jamais. Grande a donc été l’incrédulité générale lorsque, de sa propre bouche, le président de la République est venu, au cours de son adresse à la nation du 31 décembre dernier, présenter un bilan on ne peut plus élogieux à la dernière année de Monsieur NGANOU DJOUMESSI sur le terrain.
Traduction logique dans la répartition des enveloppes budgétaires pour 2024 : le Ministère des Travaux publics s’en tire avec la plus grosse part, à 570 milliards de francs CFA, soit une hausse de 82 milliards en valeur absolue. Un chiffre astronomique – presque le triple de l’ensemble du budget d’un pays comme la Centrafrique – qui rend d’autant plus aigu la grande question que tout le monde se pose, à savoir : à quoi bon afficher tous ces chiffres si, au bout du compte, rien de palpable n’advient sur le terrain, à l’instar de ce chantier sans fin de l’autoroute Yaoundé-Douala, dont la finalisation n’a, depuis, de cesse d’être repoussée…