Il s’en est fallu de peu, à la session de novembre 2023 à l’Assemblée nationale pour que le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, soit empêché de présenter le bilan de son gouvernement ainsi que les projets majeurs pour l’année suivante. Proprement chahuté qu’il a été par les députés de l’opposition, avec en tête le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), Cabral Libii, en colère contre l’énorme retard affiché dans le dépôt du projet de Loi de finances. L’occupant de l’Immeuble étoile marchait alors sur un fil, lui dont l’image a régulièrement été affaiblie par les nombreuses incursions d’autres personnalités de l’exécutif dans le périmètre de son action. Un Premier ministre dont le rôle est d’autant plus mis à l’épreuve qu’il porte régulièrement à s’interroger sur le sens donné à la coordination de l’action gouvernementale. Les ressources mises à sa disposition sont pourtant conséquentes. Dans la Loi de finances 2024, un peu plus de 22 milliards de francs affectés, pour l’essentiel, au fonctionnement. Dans le document de référence fourni par ses services, l’on apprend que tout cet argent doit servir, entre autres, à l’amélioration de la gouvernance administrative, économique et financière des politiques publiques, en vue de garantir la transformation structurelle de l’économie. En somme, la colonne vertébrale du passage de cet Homme devant les députés, lors de son grand oral. La question, en fin de ce compte, devient alors tant politique que morale. A savoir, quel sens donner à la coordination de l’action gouvernementale, dans un contexte où le Président, lui-même, était le premier à en moquer le fonctionnement et les résultats ? En clair, du temps, de l’énergie et de l’argent une fois encore jetés par les fenêtres, cette année encore.