Grande est finalement l’ironie de l’espace public camerounais, où il est fréquent de croiser certains acteurs en plein déploiement, tenir des discours pour le moins lunaires, sur des aspects se portant notamment à la gouvernance des institutions – et, en particulier, à la gestion financière. C’est ce que l’on pourrait objectivement penser de ces Représentants de l’Assemblée nationale, en visite récente à la Chambre des comptes de la Cour suprême, où ils ne se sont pas privés de prodiguer des leçons de bonne gestion des structures publiques à tous ceux qui en ont la charge. Des représentants qui se promènent avec des phrases toutes faites, loin de leur monde, et en particulier du fracas dévastateur dans lequel est actuellement perdue l’Assemblée nationale du Cameroun, engloutie dans des péripéties de pratiques corruptives et d’un népotisme ayant atteint des sommets. On parle ainsi d’un trou dans la trésorerie de la Maison, de l’ordre de 03 milliards de F. CFA dont la disparition est, à ce jour, totalement inexpliquée. Les députés de la Nation, censés être des Représentants du peuple, se retrouvent ainsi humiliés, portés aux devants de l’actualité, par une réputation tragique, qui achève d’interroger sur leur rôle de gardien des institutions dans ce zigzag sans fin où ce qui se passe provoque autant d’applaudissements que d’indignations chez-eux-mêmes. Il va sans dire que le prestige de cette Maison n’aura jamais été aussi faible. Pris dans la tourmente d’une gestion qui titube dans les errements d’une époque où la seule culture politique a été, jusqu’alors, d’applaudir plutôt que de poser des questions et demander des comptes.