En procédant à la création d’une école internationale dédiée aux formations militaires dans le domaine du maintien de la paix, en plein bruissement sur un coup d’Etat aussi inattendu que spectaculaire dans la république voisine du Gabon, le Président camerounais Paul Biya a, à sa façon, donné le clair signal de ce qu’il avait entendu les clameurs d’insoumission provenant de cette proximité. Cris de colère et de fatigue, auxquels l’Homme fort d’Etoudi – contraint de réagir, tout de même – semble avoir choisi de répondre, en jouant sur le territoire qu’il affectionne le plus. A savoir, celui d’une forme de continuité dans les transactions institutionnelles entre les grands corps de l’Etat. Dans le cas d’espèce, en mettant à disposition une nouvelle manette aux mains des militaires. Lesquels ont donc ici, un nouvel objet tout neuf et tout scintillant pour leur expansion bureaucratique, qui plus est, sur un rayonnement international. Des militaires donc, forcément heureux et, de ce fait, au pas, en discipline. Femmes et Hommes alignés, le buste debout, marchant droit sur des chemins sans imprévus, certains de faire carrière sur des frontières qui leur sont tracées. L’Ecole de Motcheboum dans la région de l’Est est ainsi de pôle qui servira de terrain de jeu à tous ceux qui, ayant fait le choix professionnel des armées, ont tout le loisir de s’y construire des itinéraires de vie souvent inattendus mais sans fantaisies, dans des pays du lointain, où résonne – à la différence de leur pays d’origine – le bruit et la fureur des colères.