Peu auraient pu miser une pièce de monnaie à ce que cet homme, passablement ténébreux derrière ses éternels chapeaux à rebords, et arrivé à la tête de la Police camerounaise en octobre 2004 soit en mesure de tenir – comme il le fait depuis lors – une dizaine d’années à cette position professionnelle de haute intensité. C’est en effet que, derrière ses 92 sonnés, se cache un personnage qui s’est habitué à vivre de façon spartiate : peu de chaque plaisir de la vie, mais beaucoup de contraintes choisies. La contrainte du travail d’abord, celle aussi d’un éveil intellectuel et physique presque corseté. On peut alors le voir sur le terrain, comme ici à Douala en juin dernier, fringuant dans ses costumes ajustés au plus près, écoutant les récitations de ceux qui, avec lui, se partagent le privilège des décisions sur la vie des autres. Un chantier considéré comme réussi pour une Police camerounaise, qui se targue aujourd’hui d’exploiter un parc de plusieurs milliers de cameras à travers le territoire national. Enjeu de sécurisation du territoire dans le mouvement des biens et des personnes, mais aussi – on s’en doute – de contrôle, de surveillance et de punition, surtout dans le temps qui vient. Une mission que le sage homme inspecte de ce regard vif et rempli de mystères, par-devant lequel sont à ce jour passés tant de séquences de la vie publique camerounaise. Dans sa main, pour l’année qui vient, 105 milliards de budget pour apporter des solutions de toute nature aux problématiques d’équipement mais aussi de gestion d’un effectif chaque année en augmentation. Le concours national de la Police est ainsi de ceux qui attirent chaque année des hordes de jeunes gens déchaînés, certains de pouvoir avoir leur tour dans la grande marmite collective. Ainsi, entre mythe personnel et mythe institutionnel, se croise le centre de gravité d’une force donnée pour compter dans le temps d’après.