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L'édito de Mathieu Bock-Côté 2/2 : «Immigration en Europe : une question existentielle»
CNEWS
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14/09/2024
Dans son édito du 14/09/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur l'existentialité supposée - ou non - de l'immigration en Europe.
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Non, ça je crois que c'est ce qu'on se dit des deux côtés du débat politique
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pour se donner l'impression que ce qui se passe est important.
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Donc d'un côté, on a la gauche, on a le régime au sens large qui dit c'est terrible.
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Dès lors qu'on ralentit l'immigration massive,
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ils ont l'impression qu'on bascule dans les heures les plus sombres de l'histoire.
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Et de l'autre côté, on prend des mesurettes qu'on veut présenter comme de très grandes mesures
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pour donner l'impression que vous voyez, on a décidé, on a des muscles et on les utilise.
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Mais au final, on demeure néanmoins dans un logiciel,
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un logiciel qui est fondé sur la sacralisation du droit d'asile,
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la sacralisation du droit au regroupement familial,
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dans un logiciel qui traite l'immigration sur un mode individualisé plutôt que collectif.
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Donc un logiciel qui ne peut que favoriser l'immigration massive.
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Reste à voir si on est capable d'en contenir les flots,
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mais on n'est pas capable, cela dit, de stopper la chose.
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Stopper l'immigration, formule d'extrême droite.
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Moratoire sur l'immigration, formule d'extrême droite.
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Mais non, formule du nouveau premier ministre français Michel Barnier en 2021.
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Ayons à l'esprit que cette idée d'un moratoire sur l'immigration nous est venue
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d'un premier ministre qui incarnait le gaullisme centriste le plus modéré.
01:11
On comprend que lorsque une figure politique qui a sa trajectoire dit une chose semblable,
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ça témoigne d'une « prise de conscience ».
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Ensuite, n'oublions jamais le raisonnement qui continue de dominer la vie publique.
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C'est un raisonnement en trois temps.
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1. L'immigration massive n'a pas lieu.
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Ça n'existe pas. Ça n'existe pas.
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Pourquoi vous en parler? Vous êtes dans une théorie conspirationniste, cher ami.
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Ensuite, c'est vrai que ça existe, mais c'est fondamentalement positif.
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Nous ne pouvons que nous réjouir.
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Et finalement, c'est vrai que ça a causé d'immenses ravages,
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mais on n'y peut rien, aussi bien s'adapter.
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Donc ça, c'est un logiciel qu'on a vu dans tous les pays.
01:45
Le mouvement auquel on assiste est à l'échelle de l'histoire.
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Parce qu'il faut toujours penser à l'échelle de l'histoire.
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Il ne faut pas penser à l'échelle du quotidien ou de l'actualité.
01:52
Il faut penser l'actualité comme un moment de l'histoire.
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Qu'est-ce qu'on voit?
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C'est ce qu'on pourrait appeler l'inversion du mouvement colonial dans l'histoire.
01:58
Une forme de contre-colonisation qui se déploie aujourd'hui dans le monde européen.
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Donc les populations venues d'autrefois des empires coloniaux européens
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qui remontent vers l'Europe.
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C'est la ruée vers l'Europe, pour reprendre la formule de Stephen Smith.
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Et aujourd'hui, on voit que l'Europe est incapable de gérer ces vagues migratoires.
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Il y a une forme d'inversion de la légitimité, vous le noterez.
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Aujourd'hui, autrement dit, les populations venues de l'extérieur de l'Europe,
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extra-européennes, sont censées nous apporter l'ouverture, la diversité,
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les lumières d'un monde enfin métissé.
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Et les populations européennes qui se refusent de cela sont accusées de racisme
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comme si elles étaient prisonnières d'une psychologie réfractaire devant les progrès.
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Donc le discours qu'on prêtait hier aux colonisateurs européens
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et qu'ils avaient amené le progrès aux colonisés,
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aujourd'hui on inverse la logique.
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Ce sont les Européens qu'on veut civiliser par l'immigration massive.
02:50
La réalité des choses, néanmoins, c'est qu'il y a aujourd'hui des territoires
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conquis à certains égards en Europe, pour reprendre la formule de certains,
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Londres, la Belgique, certains territoires français,
03:00
sont des territoires où les normes juridiquement,
03:03
on est encore en France, en Belgique, en Grande-Bretagne,
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mais la population qui est là porte une culture
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qui n'est plus historiquement celle de ces peuples européens.
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Et dans ces phénomènes, on voit aussi monter de l'insécurité,
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mais ce n'est plus de l'insécurité normale,
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c'est en fait un nouvel ordre qui s'impose,
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pression sur les systèmes sociaux,
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ça on en parle partout dans le monde aujourd'hui,
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on se rend compte que les systèmes sociaux sont en train d'écraser
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sous le poids de la population nouvelle,
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des possessions culturelles,
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et aussi mise en minorité des peuples historiques européens.
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Et ça on le voit partout et c'est peut-être la dimension la plus importante
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et la moins nommée dans tout cela.
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Vous parlez, Mathieu Bocoté, de mise en minorité
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des peuples historiques européens.
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Qu'entendez-vous par là?
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C'est une catégorie importante, je crois.
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Parce qu'aujourd'hui, on est enfermé dans une définition
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strictement juridique de la nationalité.
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Donc on nous dit, finalement, il n'y a pas de problème,
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il ne peut pas y avoir de mise en minorité
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parce que le droit fait le peuple.
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Mais quoi qu'on en dise, à l'échelle de l'histoire,
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un peuple, ce n'est pas qu'un tampon administratif
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ou un tampon juridique.
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Qu'est-ce qu'on voit? D'un côté, il y a une certaine gauche
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qui réduit la nation au vivre ensemble diversitaire.
04:08
À droite, il y a la réduction de la nation
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aux catégories du marché.
04:14
Ce sont ces Allemands qui disent, finalement,
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le peuple allemand s'en fiche.
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L'essentiel, c'est d'amener des travailleurs
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pour faire une pression à la baisse sur les salaires.
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C'est quand même la même logique qui s'applique partout.
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Donc la nation, le peuple historique,
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c'est-à-dire un peuple qui s'inscrit dans l'histoire,
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un peuple qui est travaillé par les générations,
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un peuple qui a son enracinement,
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un peuple qui est capable d'accueillir des gens
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qui viennent d'ailleurs, évidemment,
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mais dans des quantités raisonnables.
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Et lorsque ces gens sont capables et veulent s'assimiler,
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il y a une distance culturelle immense
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entre celui qui arrive et celui qui accueille.
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Depuis les années 80, en fait,
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on en est venu à croire que toute définition
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du peuple substantiel,
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c'est un langage caché pour parler de la race.
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Mais pas du tout. Un peuple n'est pas une race.
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Les deux concepts sont à dissocier.
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Et tout ce qu'on a voulu faire, en fait,
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c'est de vous parler de peuple, d'identité, de culture,
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racisme, xénophobie, racisme, xénophobie
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pour interdire de voir l'existence de ces peuples,
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de les remarquer, de les noter.
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Mais là, aujourd'hui, à l'échelle de l'histoire,
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on constate la mise en minorité.
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C'est la pire chose qui peut arriver à un peuple.
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Parce que devenir étranger chez soi,
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c'est le pire sort qui peut arriver à un individu
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comme à un peuple. Et aujourd'hui, je crois
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que c'est la grande angoisse des Européens,
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la peur de devenir étranger chez soi.
05:22
C'est la question posée par l'immigration massive.
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