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  • 08/07/2024

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00:00On pense à présent les Sénégalais. Là-bas aussi, le pouvoir a récemment changé de main avec l'arrivée de Bastille Radio Maïfai.
00:05Bonjour Sarah Sacco, on vous retrouve en direct de Dakar. Quelle tonalité relevez-vous ce matin dans la presse sénégalaise ?
00:14Bonjour Julien. Alors ici, pas de gros titres ou très peu sur ces législatives françaises.
00:20Pas de débats enflammés non plus sur les réseaux sociaux.
00:23Le moins que l'on puisse dire, c'est que les législatives ont été suivies de très loin ici au Sénégal
00:29et qu'elles ont peu passionné. Pas de réaction officielle pour l'instant, mais ce que je peux vous dire à ce sujet,
00:36c'est que la nouvelle de la victoire relative de la gauche a certainement été bien accueillie en haut lieu
00:43puisqu'on le sait, l'un des partis de cette coalition, la France Insoumise, a des liens assez privilégiés avec le PASTEF qui est aujourd'hui au pouvoir.
00:52Jean-Luc Mélenchon a toujours soutenu dès la première heure le parti dans son bras de fer avec l'ancien régime.
00:59Il avait même fait le déplacement à Dakar en mai dernier. On l'avait vu apparaître aux côtés d'Ousmane Sonko, le Premier ministre et chef du PASTEF.
01:07Donc a priori, plutôt bien accueillie cette victoire relative de la gauche.
01:12Alors il y a quand même des gens qui ont suivi un petit peu ces législatives depuis le Sénégal.
01:18Il y a d'abord 20 000 Français installés, des Français, des binationaux notamment,
01:24qui nourrissaient des inquiétudes quant à une montée en force du Rassemblement National et craignaient un regain de xénophobie.
01:32Et puis il y a ces Sénégalais qui ont un lien étroit avec la France. Certains ont de la famille en France, d'autres veulent partir étudier en France,
01:38d'autres travaillent entre la France et le Sénégal.
01:41Et du côté de ces gens-là également, c'est un ouf de soulagement insatisfait ce lundi après ces résultats
01:48puisqu'ils craignaient également une montée en force du Rassemblement National et la xénophobie qui auraient pu suivre.
01:55Merci beaucoup Sarah Sacco pour ce compte-rendu depuis Dakar.
01:58Célie Cabas est avec nous, journaliste et écrivain, président du Centre International d'Études et de Réflexions sur le Sahel.
02:04C'est vrai que l'exemple sénégalais est très intéressant.
02:07Sarah, nous rappelez la visite de Jean-Luc Mélenchon récemment, invitée par Bassirou Dioumaïfa et par Ousmane Sonko surtout,
02:15qui est aujourd'hui Premier ministre du Sénégal. Qu'est-ce qui les rapproche finalement ?
02:20Je crois qu'il y a un socle commun de l'idéologie.
02:23Tous sont des partis de gauche et la posture panafricaniste du PASTEF est souvent bien accueillie.
02:29Le combat pour des relations équilibrées, plus équilibrées entre la France et l'Afrique.
02:36La question aussi de l'évolution du France-EFA, la question de l'évolution du rapport entre la France et ses anciennes colonies
02:43qui sont défendues par la France insoumise et qui sont partagées par le PASTEF
02:49font qu'il y a une proximité entre le PASTEF et la France insoumise.
02:53Et Jean-Luc Mélenchon lui-même, pendant la période où le pouvoir à Paris soutenait un peu Macky Sall,
03:00y compris dans sa volonté de rester au pouvoir, Jean-Luc Mélenchon était du côté de l'opposition sénégalaise.
03:08Et pendant la période de la répression, puis il le faut oublier, Jean-Luc Mélenchon avait pris clairement position
03:13contre l'exercice du pouvoir par le président Macky Sall qu'il trouvait répressif.
03:17Et à l'inverse, Macky Sall, je crois, avait reçu Marine Le Pen.
03:20Ça avait fait grand bruit. Ça révèle quoi, ça ?
03:22Exactement. Macky Sall avait non seulement reçu Marine Le Pen, mais à l'époque, il y avait une controverse.
03:27Est-ce que le président sénégalais avait donné ou non de fonds pour soutenir le Rassemblement national ?
03:35Une polémique s'était installée au Sénégal. Le pouvoir n'avait pas démenti.
03:39Mais beaucoup d'adverseurs du pouvoir disaient que Macky Sall avait fait un geste financier à l'endroit du Rassemblement.
03:44Et parce que, bon, je pense que Macky Sall, non seulement pas qu'il ait une proximité idéologique avec le Rassemblement,
03:50mais cherchait à avoir une assise plus large, qu'on ne dise pas que simplement il le soutenit par Macron,
03:55pour qu'on comprenne que dans la classe politique, y compris à l'extrême droite, qu'il avait du soutien,
04:00parce que lui était quand même dans un projet de rester au pouvoir.
04:03Vous parliez de cette réforme du franc CFA, qui est très attendue en Afrique par les Sénégalais aussi.
04:10C'est ce qu'avait porté Basse et Radio Maïfai lors de la présidentielle.
04:14Est-ce que ça pourrait être un marqueur du changement, peut-être aussi avec cette nouvelle donne en France,
04:21puisqu'il n'y a aucune majorité qui se dessine pour l'instant ?
04:23Je crois que ça va être le marqueur.
04:25Si jamais, on fait l'hypothèse, si jamais la gauche devait arriver au pouvoir,
04:31ici en France, si elle devait former le gouvernement et le diriger,
04:34il y aurait des domaines partagés entre le président de la République et le gouvernement.
04:38Et en ce moment, on a pu le voir lors de la cohabitation de 1997 à 2022,
04:43avec Léonard Jaspin et Chirac, il y avait une intonation, il y avait un changement.
04:48Et dans le cas d'espèces aussi, à mon avis, il y aurait quelques dossiers importants,
04:52à savoir par exemple l'aide publique au développement,
04:55que le régime actuel français a commencé à diminuer,
04:58qui pourrait être maintenu par la gauche si elle venait au pouvoir.
05:01Et ça aurait été aggravé avec l'extrême droite, à l'inversant ?
05:03Absolument, elle aurait, oh là là, elle aurait, à mon avis,
05:06l'extrême droite, au nom de la préférence,
05:08aurait accéléré même la diminution de l'aide publique au développement.
05:12La question migratoire, à mon avis, si c'est la gauche qui arrive au pouvoir,
05:15il y aurait un changement, pas un abandon, mais il y aurait une meilleure concertation.
05:21Vous savez, récemment, il y avait un projet d'assujettir le volume de l'aide publique au développement
05:26au fait que les pays acceptent leurs ressortissants, que la France allait être expulsée.
05:30Il y a eu la question des tensions entre Paris et les pays du Maghreb,
05:34particulièrement sur le fait qu'ils ne délivraient pas l'essai passé pour accueillir leurs ressortissants.
05:39Il y avait quand même un certain nombre de tensions qui, à mon avis,
05:42pourraient aujourd'hui connaître une sorte de décrispation.
05:45Sur le plan même de, y compris pour moi, si compte tenu de la diplomatie verticale
05:51qui a été celle de Macron en donnant des ordres au pays, des coups de menton,
05:55si aujourd'hui la gauche s'installe au pouvoir, il y aurait quand même un premier début de décrispation
05:59qui permettrait peut-être de renouer même les liens avec les pays du Sahel
06:03où, par exemple, si vous prenez, il n'y a plus d'ambassade de France à Niamey, ce qui est inédit,
06:08il n'y a pas d'ambassadeur de France ni au Niger, ni au Burkina, ni au Mali.
06:13Donc tout ça, à mon avis, si la gauche s'installe au pouvoir,
06:17elle aura la volonté de ressouder, de commencer à ressouder les liens
06:21et on verra comment cela pourrait évoluer.
06:23On va en reparler et on va voir aussi dans un instant ce qu'on en pense au Maroc.
06:27Vous parliez des visas, c'est assez important.
06:29Mais d'un mot, Sidi Kabbah, vous connaissez bien le Sahel et ces régions-là.
06:35Sarah le disait, ça n'a pas du tout intéressé la soirée électorale.
06:39Nos amis africains, pour quelle raison, d'après vous, pourquoi il y a ce désintérêt ?
06:43La gauche, la droite, finalement, c'est la même chose ?
06:45Oui, à réalité, il n'y a pas de rupture.
06:48Il n'y a pas de rupture fondamentale entre la gauche et la droite lorsqu'elles arrivent au pouvoir.
06:52Il y a quelques évolutions.
06:53En 2012, François Hollande a succédé à Sarkozy.
06:59On n'a pas senti la véritable rupture.
07:02Il y a eu quelques évolutions symboliques.
07:03Et en 2017, lorsque Macron est arrivé à la place de François Hollande,
07:10là aussi, on n'a pas senti de véritable rupture,
07:13même s'il y a une évolution par rapport aux restitutions, par rapport aux francs CFA,
07:17qui sont des demi-mesures, qui étaient totalement symboliques,
07:20qui étaient moins attendus.
07:22Aujourd'hui, à mon avis, ce qui aurait peut-être attiré l'attention
07:29et suscité de gros titres dans la presse, comme Sarah le disait,
07:32c'était si le renseignement avait gagné.
07:35Ça aurait eu un impact à la fois pour l'avenir et pour le présent,
07:39puisque beaucoup de ces pays africains ont des diasporas importants ici en France.
07:43On va faire accrocher Cédicaba par Rabat, au Maroc, où nous attend Victor Moria.
07:47Bonjour, Victor.
07:48Quel est le sentiment qui domine aujourd'hui ?
07:51Le soulagement pour les nombreux binationaux ?
07:55Tout à fait, c'est un sentiment de soulagement,
07:57puisque, comme vous l'avez dit, il y a une énorme diaspora marocaine en France.
08:011,7 millions de Français d'origine marocaine ou marocain
08:05sont présents sur le sol français.
08:07Évidemment, beaucoup sont binationaux et ont été ciblés pendant la campagne
08:11par un certain nombre d'élus du Rassemblement
08:13ou de candidats à l'élection du Rassemblement national.
08:16Ces binationaux, ces Français d'origine marocaine ont de la famille ici au Maroc
08:20et cette famille s'inquiétait de l'issue de ces élections
08:23et de quelle allait être la vie de leur famille sur le sol français.
08:28Autre inquiétude que vous avez mentionnée à l'instant,
08:30c'est la possibilité d'aller voyager, visiter cette famille,
08:33ou d'aller étudier ou travailler en France ponctuellement,
08:36comme cela se fait très régulièrement pour les Marocains ici.
08:39Avec l'épisode de la crise des visas que vous mentionniez également il y a deux ans,
08:44où 50% des visas avaient été réduits,
08:46cela avait heurté les marocains francophiles
08:49qui souhaitaient garder ce lien avec la France.
08:51Une fois encore, alors que cette crise des visas était enfin passée,
08:54ils craignaient que cette distance se réinstalle à nouveau et dans la durée,
08:59dans le cas où l'extrême droite était arrivée au pouvoir.
09:02Et certains, à l'inverse, au Maroc, Victor,
09:05espéraient une victoire de la droite dure et de l'extrême droite.
09:08Et là, c'est la question du Sahara occidental dont il est question.
09:12Alors, même si cela reste plus marginal
09:14que tous ceux qui seraient directement impactés par une victoire de l'extrême droite,
09:19mais effectivement de nombreux nationalistes qui se disent patriotes
09:23mettent en avant cette question du Sahara occidental
09:26puisque dans les discours officiels,
09:28seul Éric Ciotti, ou une partie de la droite républicaine,
09:32mais aussi de l'extrême droite française,
09:34affirme vouloir reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
09:39Or, ce territoire disputé depuis bientôt 50 ans
09:43entre les indépendantistes sahraouis soutenus par l'Algérie et l'État marocain,
09:48ce territoire est devenu la cause nationale du Maroc depuis plusieurs années,
09:52et notamment depuis deux ans,
09:54puisque le roi Mohammed VI avait déclaré que le Sahara était le prisme
09:57à travers lequel le royaume envisageait son environnement international.
10:00Et bien, pour ces Marocains qui ont bien reçu ce message,
10:03peu importe quelle force politique viendrait à reconnaître le Sahara,
10:07la souveraineté du Maroc sur le Sahara au nom de la France,
10:10tant que celui-ci le fait,
10:11et même si cela pourrait aller contre les intérêts personnels de ces Marocains
10:15dans leurs liens qu'ils peuvent avoir avec la France.
10:17Merci beaucoup Victor Moria.
10:19On l'a vu, Cédric Abba, il y a parfois des intérêts convergents
10:21entre l'extrême droite française et les attentats en Afrique
10:24en termes de souveraineté.
10:25On parlait du Sahara occidental,
10:27c'est aussi le cas par exemple au Niger, au Mali, au Burkina ?
10:30Oui, dans certains milieux,
10:34il était espéré une victoire du Front National
10:37pour achever la rupture qui a commencé,
10:40en se disant que si le Front National arrivait au nom de la préférence nationale,
10:44il va recentrer ses intérêts en France
10:49et que la politique extérieure ne serait pas intéressante pour lui
10:53et qu'au nom de cette convergence d'opposition, il y aurait une rupture.
10:58Le cordon ombilical allait être définitivement coupé avec le Front National.
11:01Donc, c'était ce calcul qui a été fait.
11:03Mais aujourd'hui, puisque cela ne s'est pas produit,
11:06à mon avis, il y a à espérer qu'il y ait une évolution
11:09sans aller jusqu'à la rupture
11:11parce qu'il y a quand même des liens ancestraux très forts
11:15entre la France et ces pays-là.
11:17On a parlé des binationaux, on peut parler aussi des diasporas.
11:20Il y a environ, d'après certains chiffres, environ 100 000 Maliens en France.
11:24Donc, tout ça ne peut pas être passé par porte et préfix.
11:27Qui est parfois attiré par le Rassemblement National.
11:29Oui, absolument.
11:30Mais qui, de mon point de vue, vont continuer à être le pont,
11:35le passerelle entre la France et ces pays,
11:37y compris les pays du Sahel avec lesquels, aujourd'hui, il y a de très grandes tensions.
11:41Est-ce que ce flottement dans la vie politique française aujourd'hui,
11:44puisqu'il n'y a pas de majorité absolue,
11:46risque d'avoir aussi des effets sur la coopération militaire ?
11:49On est en train de suivre depuis plusieurs années maintenant
11:52cette redistribution sur les bases militaires que la France a en Afrique.
11:58Non, c'est absolument important de surveiller cela.
12:00Il y a déjà sous Macron, à la fin de Macron, si on peut dire, une évolution,
12:04puisque la France a décidé de redimensionner sa présence militaire en Afrique.
12:08Il n'y aurait qu'environ 100 soldats au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Gabon.
12:14Mais on va regarder pour voir si la France, avec l'arrivée d'une gauche,
12:20si elle venait au pouvoir, va franchir le pas de la rupture définitive,
12:23de la fermeture des bases.
12:24Parce que la jeunesse africaine, et une partie de l'opinion,
12:27réclame cette fermeture des bases.
12:29Mais le pouvoir de Macron a décidé de prendre en compte ces revendications,
12:32mais sans aller jusqu'à la rupture.
12:34Et je pense que les prochains jours vont nous édifier sur la possibilité
12:38d'une fermeture totale de ces bases et une évolution,
12:41particulièrement sur la question du franc CFA et la question migratoire.
12:44Rapidement, qu'est-ce qui a créé l'incompréhension au Sahel ?
12:47L'incompréhension au Sahel a été créée par le fait que la France n'a pas pris en compte
12:51l'évolution des pays du Sahel et s'est restée dans sa posture d'une diplomatie verticale.
12:57Et en plus, je crois que le style Macron a aussi aggravé les choses
13:01avec ses injonctions, avec ce coup de menton.
13:04Ça a alimenté l'incompréhension et la France se trouve aujourd'hui
13:08en mauvaise posture au Sahel.
13:09Merci infiniment Cédric Abba pour vos explications.

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