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Transcription
00:00Tout autre chose à présent, on passe à la culture dans ce journal avec un film qui était très attendu au Sénégal et bien au-delà.
00:08Une si longue lettre réalisée par la réalisatrice sénégalaise Angèle Djaban transpose au cinéma le roman culte de Maria Maba de 1979 et étudié par des générations d'élèves.
00:20Le récit suit Rama Toulaye, une femme moderne trahie par son mari après 25 ans de mariage en prenant une deuxième femme plus jeune.
00:27Merci à vous Angèle Djaban d'être avec nous dans le JTA de France 24, c'est un plaisir de vous recevoir.
00:35Merci beaucoup, bonjour à tout le monde.
00:37Alors vous avez mis 10 ans, Angèle, à adapter une si longue lettre. Dites-nous d'abord, quel est votre lien avec le roman, ce roman de Maria Maba ?
00:46Mon lien avec le roman, et comme beaucoup de collégiens sénégalais, c'est l'école, parce que c'est une œuvre qui est obligatoire à l'école et puis on le lit tous.
00:59Mais beaucoup plus tard, j'ai relu le roman en tant que femme.
01:02Il y a eu plein de passages qui me touchaient, qui continuaient à me parler, à m'accompagner tout le long de ma vie.
01:12Et puis voilà, c'est comme ça que je me suis attachée à ce texte-là, comme beaucoup de femmes sénégalaises, africaines et peut-être américaines.
01:22Américaines aussi, parce qu'en Amérique, on l'apprend aussi dans les universités et en African Studies.
01:27Absolument. Je propose d'ailleurs que nous écoutions un extrait de la bande-annonce, et on en parle juste après.
01:40Quand tu confonds modernisation et occidentalisation, nous avons nos coutumes, c'est tout.
01:45Oui, quand ça vous arrange.
01:50Tu es une femme forte, très forte.
01:55Tu ne seras ni la première ni la dernière.
01:57Ramatoulaye Malinger
02:02Angèle Djaban, pour une si longue lettre.
02:16Ce roman, l'adaptation du roman de Maria Maba.
02:19Vous avez mis, je le disais en introduction, dix ans à le monter.
02:22Angèle, dites-nous ce qui a été le plus difficile à surmonter, justement, pour réaliser ce film.
02:27Il y a eu plusieurs difficultés qui n'étaient pas seulement d'ordre financier.
02:34Mais il y a aussi la difficulté de rentrer dans ce texte, on va dire fort, complexe.
02:43Mais d'autres difficultés qui sont inexplicables.
02:48Je ne pourrais pas l'expliquer.
02:49On a eu des décès, on a eu plusieurs ordis abîmés à la veille d'un tournage.
02:54Il y avait toujours quelque chose qui faisait qu'on était obligé de reporter parfois le tournage sur l'année suivante carrément.
03:03Et voilà, je dis souvent que c'était des énergies autour du projet qu'on ne peut pas vraiment expliquer de façon rationnelle.
03:11Pourtant, le film a été donc fini par être fait, montré, diffusé la semaine dernière à Dakar.
03:19Comment avez-vous vécu cette projection en avant-première ?
03:24C'est vraiment magnifique ce qui se passe au Sénégal parce que c'est un film sénégalais fait par une équipe africaine qui est en train de détrôner des blockbusters américains.
03:34Aujourd'hui, une sous longue lettre est numéro un au Sénégal en étant dans une seule salle alors que les autres films sont dans plusieurs salles.
03:40Et quand on a les chiffres, on se rend compte qu'il est vraiment devant tous les films au Sénégal et que les Sénégalais vont le voir en masse, en famille, entre copines.
03:49Et vraiment, ça fait plaisir pour le cinéma sénégalais, pas seulement pour moi, parce que c'est des Sénégalais qui vont voir du contenu sénégalais et en famille et qui en font un événement.
04:00Et ça, c'est un tournant pour le cinéma sénégalais.
04:03Parlons du fond du film.
04:05Rama Toulaye, je le disais en introduction, se retrouve trahi par son mari après 25 ans de mariage.
04:11Finalement, ça pose la question de la polygamie.
04:13À l'époque, Mariam Abba, elle écrit en 79.
04:16On a souvent salué la modernité du texte, même en 79, parce qu'elle est prise de liberté, d'indépendance et elle écrit à son amie de longue date qui, elle, est partie.
04:28Quelle est la résonance actuelle ?
04:29Comment est-ce que vous vivez ce film et ce texte aujourd'hui ?
04:32Quelle est la résonance alors que la polygamie, évidemment, est toujours en cours au Sénégal, je le rappelle, pour les téléspectateurs qui ne le sauraient pas ?
04:39Oui, justement, elle a écrit son roman en 79.
04:44On est en 2025.
04:45Mon film est placé au lendemain de l'alternance en 2000.
04:49Mais on a l'impression que les choses n'ont pas changé, malheureusement.
04:52Quand on parle des droits de la femme, de la question de la polygamie et tout ça, ça n'a pas vraiment évolué.
04:58Au contraire, on est revenu un peu en arrière sur cette question-là.
05:02Et je pense que c'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a autant d'attachements.
05:05Sur le film aussi, les gens sont en train de reporter leur amour pour le livre dans le film
05:11parce que toutes les questions que pose Mariyama dans son livre sont redevenues très actuelles, malheureusement.
05:19Et comment vous expliquez ça ?
05:20Comment vous expliquez justement qu'après 46 ans, on en soit toujours à peu près, peu ou prou au même point,
05:26voire même qu'on est reculé sur la question des droits des femmes ?
05:29Oui, je ne sais pas pourquoi.
05:32Pourtant, les femmes sont plus indépendantes, c'est des entrepreneurs.
05:36Elles s'occupent de la famille, elles portent même les familles.
05:38Et on a eu une période où il y a beaucoup de féministes qui se sont battues pour le Sénégal
05:43au point qu'on en arrive à la parité.
05:45Le Sénégal est un des rares pays où quand même la parité fait partie du fonctionnement.
05:51Et pourtant, aujourd'hui, il y a beaucoup plus de divorces et de chamboulements dans les familles
05:55parce que justement, moi, je pense qu'on en demande un peu beaucoup à la femme.
05:59On veut qu'elle soit indépendante, qu'elle voyage, qu'elle travaille, qu'elle paye tout à la maison.
06:03Et en même temps, on veut que le soir, qu'elle soit la femme, on va dire, soumise, silencieuse,
06:12qui ne doit pas participer aux décisions.
06:14Et ça devient presque schizophrénique pour la femme de devoir jouer.
06:19Autant réussir la femme moderne que tu dois être pour aider à la maison, les finances,
06:23et aussi être la femme traditionnelle et soumise et qui n'a pas le droit ni à la parole.
06:31Donc, c'est très lourd pour la femme et très épuisant.
06:34Merci beaucoup.
06:35Merci, Angèle Djaban, d'être venue présenter ce film que vous portez depuis si longtemps.
06:40Une si longue lettre, l'adaptation au cinéma de l'œuvre mythique de Maria Maba.
06:46Merci beaucoup.
06:47Et on me dit évidemment que le film est un carton au Sénégal.
06:51Merci beaucoup.
06:51Et c'est ainsi que nous refermons notre journal de l'Afrique.
06:54Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde.
06:56Et ce soir en particulier, de Dakar à Nairobi en passant par Ziegenchor.
07:00Restez avec nous car l'actualité continue sur France 24.
07:02Merci.
07:03Sous-titrage Société Radio-Canada

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