00:00On va retrouver Jean-Noël Barraud depuis New York, où la conférence de l'ONU sur la Palestine a débuté hier.
00:08Une conférence qui se poursuit et dont la France plaide en ce moment pour une solution à deux États.
00:15Jean-Noël Barraud, ministre français de l'Europe et des affaires étrangères.
00:19Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous sur France 24.
00:23Vous estimez donc que la solution à deux États est le seul chemin pour parvenir à la paix.
00:27Vous confirmez ainsi la volonté d'Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien.
00:32Pourquoi le faire seulement maintenant ? Qu'est-ce qui a changé ?
00:38Parce que la solution à deux États, qui est la seule susceptible de ramener la paix et la stabilité dans cette région, est en danger de mort.
00:47Et qu'il fallait créer les conditions pour qu'elles redeviennent crédibles.
00:51C'est pourquoi nous avons décidé il y a à peu près neuf mois avec l'Arabie Saoudite de prendre une initiative, de créer une dynamique conduisant les parties prenantes,
01:03à la fois l'autorité palestinienne, les pays arabes de la région, mais aussi l'ensemble de la communauté internationale, à prendre des engagements.
01:10Ces engagements se cristallisent aujourd'hui à New York avec une déclaration des pays participants qui est historique et qui est inédite.
01:20Puisque les pays arabes, les pays de la région, du Proche et du Moyen-Orient, pour la première fois, condamnent le Hamas, condamnent le 7 octobre,
01:30appellent au désarmement du Hamas, appellent à son exclusion de toute forme de participation à la gouvernance de la Palestine
01:36et expriment de manière claire leur intention d'avoir à l'avenir des relations normalisées avec Israël
01:43et de s'insérer aux côtés d'Israël et du futur État de Palestine dans une organisation régionale à l'image de l'ASEAN en Asie ou de l'OSCE en Europe.
01:54C'est un pas décisif qui est franchi et qui a été rendu possible notamment par la décision du président de la République.
02:01Et à l'instant, il y a le Royaume-Uni qui annonce qu'il va reconnaître aussi la Palestine.
02:07Si Israël ne prend pas certains engagements, est-ce que vous saluez cette décision du Premier ministre Keir Starmer ?
02:14Il y a une dynamique qui est en place ?
02:15Je la salue. Effectivement, le Royaume-Uni se joint à l'élan qui a été créé par la France pour la reconnaissance de l'État de Palestine
02:27avec ses décisions capitales qui ont été annoncées par la France et le Royaume-Uni.
02:33Avec les efforts conjugués de toute la communauté internationale rassemblée ici à New York,
02:38nous voulons enrayer le cycle de la violence et de la guerre et réouvrir la perspective de la paix au Proche et au Moyen-Orient.
02:47Les États-Unis, eux, ils ne participent pas à cette conférence qui a lieu en ce moment à New York.
02:51Ils dénoncent, concernant votre initiative de prôner une solution à deux États,
02:58ils dénoncent une initiative improductive, inopportune, qui s'apparente à un coup de publicité.
03:03Donald Trump a lui aussi estimé que la déclaration un peu plus tôt jeudi dernier d'Emmanuel Macron n'a pas beaucoup de poids.
03:08Qu'est-ce que vous leur répondez ?
03:13D'abord, nous soutenons les efforts menés par les États-Unis aujourd'hui dans la région
03:18pour aboutir au cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas
03:23et à l'accès sans entrave de l'aide humanitaire.
03:27Mais pour obtenir un cessez-le-feu, encore faut-il pouvoir dessiner les contours de l'après-guerre
03:31et l'horizon politique qui s'ensuit.
03:33C'est l'objectif de cette conférence des Nations Unies que la France préside avec l'Arabie Saoudite.
03:40Et dans le document que nous venons d'adopter avec les pays qui y ont participé,
03:45nous traçons une perspective crédible qui va contribuer positivement à ce qu'un cessez-le-feu puisse intervenir à Gaza.
03:54Par ailleurs, ces efforts que nous avons menés, ces concessions que les uns et les autres ont faites
04:00permettront le moment venu aux États-Unis de reprendre la logique des accords d'Abraham
04:07qu'ils avaient initiés au moment du premier mandat du président Trump.
04:11Nous espérons que ce moment viendra.
04:14Mais dans l'attente, il était évidemment inenvisageable de rester les bras ballants.
04:21– Jean-Noël Barraud, Bruno Daroux, à mes côtés, veut vous poser une question également.
04:25– Oui, bonjour monsieur le ministre.
04:27Vous avez déclaré à New York en fait que la solution à deux États était la seule alternative,
04:33la seule possibilité qu'il n'y avait pas d'alternative.
04:36Vu la situation sur le terrain, pour le moment la solution à deux États, vous l'avez dit vous-même,
04:41est quasiment en état de mort.
04:44Est-ce qu'il n'y a pas quand même une alternative si c'est que peu à peu ce gouvernement israélien actuellement en place
04:50procède à la fin définitive de l'idée de tout État palestinien, annexe la Cisjordanie, bref, réalise le grand Israël ?
05:00– Vous avez raison, l'alternative à la solution des deux États, c'est l'état de guerre permanente.
05:10Et ce que nous observons aujourd'hui, c'est que la solution à deux États est menacée par d'un côté les partisans du grand Israël,
05:17qui veulent nier aux Palestiniens le droit à disposer d'eux-mêmes,
05:21et qu'elle est attaquée par de l'autre côté les partisans du Hamas ou d'autres,
05:28qui considèrent que la Palestine va du Jourdain à la mer.
05:33Par la décision historique qu'il a prise, que le président de la République a prise,
05:41que le Premier ministre britannique vient de prendre et que d'autres prendront,
05:46par les engagements qui sont pris aujourd'hui à New York par les pays arabes,
05:51nous donnons raison à tous les autres, au camp de la paix contre celui de la guerre.
05:56Nous réouvrons la possibilité d'une paix qui passera par deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité,
06:05avec la sécurité pour Israël et le droit des Palestiniens à disposer de leur propre État.
06:10– Hier, pour la première fois, deux ONG israéliennes ont utilisé le terme génocide
06:14à propos de ce qui se passe à Gaza.
06:16Plusieurs pays ont qualifié ainsi ce qui se passe dans l'enclave palestinienne.
06:19C'est le cas notamment de l'Espagne ou encore de l'Afrique du Sud.
06:22Quelle est la position de la France aujourd'hui ?
06:28– Le gouvernement de la France n'a pas de position à avoir
06:32sur ce qui relève de la qualification juridique des faits
06:37et ce qui appartient aux juridictions internationales.
06:40Ce que je puis dire, c'est que la situation à Gaza est catastrophique.
06:45Gaza est désormais un mouroir où, comme je l'ai dit hier à la tribune
06:49de l'Assemblée générale des Nations Unies, les corps portent les stigmates de la famine
06:54et les esprits sont gangrénés par la terreur.
06:58Il est inacceptable que dans des fils de distribution humanitaire,
07:02des femmes et des enfants soient pris pour cible et abattus froidement.
07:06C'est une honte et cela doit cesser.
07:09C'est la raison pour laquelle la réunion qui s'est tenue aujourd'hui
07:12ou qui se tiendra dans quelques minutes à Bruxelles est si importante.
07:16Elle conduira l'Union européenne à donner de la voix
07:20pour que le gouvernement israélien entende enfin les attentes qui sont les nôtres,
07:26l'accès de l'aide humanitaire et la fin du système militarisé de distribution de l'aide,
07:32le paiement par le gouvernement israélien des 2 milliards d'euros qui sont dus à l'autorité palestinienne,
07:38la fin et l'abandon des projets funestes de colonisation de la Cisjordanie
07:42et en particulier le projet E1 qui, avec 3400 logements, couperait en deux la Cisjordanie
07:50et porterait un coup fatal à la perspective des deux États et de l'émergence d'un État de Palestine.
07:56Alors il y a cette guerre à Gaza dont on parle évidemment et en parallèle il y a toujours la guerre en Ukraine qui se poursuit.
08:04Hier Donald Trump a lancé un nouvel ultimatum à la Russie, 10 à 12 jours pour en finir avec cette guerre.
08:11Ça va dans le bon sens même s'il y a peu de chances que Vladimir Poutine cède aux exigences américaines.
08:17Vous m'entendez Jean-Noël Barraud ?
08:28Voilà petit problème de connexion avec New York Bruno Daru.
08:33Donc on a entendu Jean-Noël Barraud qui n'a pas pu s'exprimer sur les autres sujets.