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Transcription
00:00On passe à présent à notre focus du dimanche soir qui s'intéresse ce soir aux armées africaines.
00:06Manque de capacité aérienne, morale en berne, coopération régionale limitée, les défis sont immenses
00:12et les nouveaux acteurs comme la Russie, la Turquie, tentent de combler le vide laissé par les partenaires occidentaux.
00:19Quelle stratégie pour l'Afrique de l'Ouest dans son contexte ?
00:22Nous faisons le point avec Jonathan Guiffard, chercheur associé à l'Institut français de géopolitique
00:27et expert associé à l'Institut Montaigne en direct depuis Londres.
00:32Jonathan Guiffard, merci d'être avec nous et de nous rejoindre sur le JTA.
00:36Dites-nous, quel constat global peut-on d'abord dresser de la situation sécuritaire en Afrique de l'Ouest
00:41aujourd'hui entre les pays du Sahel en guerre et les pays côtiers qui, eux, renforcent leurs dispositifs préventivement ?
00:50Alors, tout d'abord, merci de votre invitation.
00:53Ce qu'on peut dire de la situation sécuritaire, c'est qu'effectivement, la situation se dégrade au Sahel.
00:57Dans les pays de l'AES, Mali, Burkina Faso, Niger, les combats commencent à toucher le Bénin, le Togo depuis déjà plusieurs mois.
01:07Et vous avez, comme vous l'avez dit, des pays comme le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Ghana,
01:11qui se préparent à une éventuelle offensive, peut-être pas demain,
01:16mais dans peut-être les mois ou années à venir par les djihadistes.
01:20Donc, on a une situation relativement dégradée dans la région.
01:23Et quelles sont, pour vous, les faiblesses structurelles, peut-être, des armées ouest-africaines,
01:31en particulier en matière de commandement et de capacité aérienne ?
01:34Et pourquoi ces lacunes persistent-elles, malgré la formation des données par certaines armées occidentales ?
01:43Alors, vous avez effectivement un premier problème assez majeur, qui est la couverture aérienne.
01:49Depuis le départ de la France, par exemple, du Sahel, l'espace aérien est redevenu libre, entre guillemets, d'accès,
01:57et permet aux djihadistes de mener beaucoup plus facilement des attaques contre les armées nationales.
02:01Les armées nationales, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, manquent de moyens.
02:06Elles manquent d'hélicoptères, elles manquent d'avions, elles manquent de drones.
02:09Elles ont un problème capacitaire pour pouvoir répondre à cet enjeu-là.
02:12Et les nouveaux partenaires, que sont la Russie, bien entendu, mais vous l'avez dit aussi, la Turquie et même parfois la Chine, dans cette région,
02:21apportent des capacités relativement limitées en la matière et donc ne permettent pas de combler ce vide.
02:26Après, vous avez un problème de commandement, comme vous avez dit, qui est un problème plus général de chaîne de commandement et de morale.
02:32Les forces armées ont énormément de problèmes.
02:35Elles ont des attaques qui font des bilans effroyables.
02:40Et face à cette situation, c'est assez difficile de tenir la ligne quand vous avez un commandement défaillant.
02:46Mais comment évoluent les partenariats extérieurs ?
02:49Vous avez parlé de la Chine, de la Russie et de la Turquie.
02:53Est-ce qu'elles prennent vraiment le relais de la France, de l'Union européenne ou des États-Unis ?
02:57Ou s'agit-elle de solutions partielles ?
03:01Non, il s'agit pleinement de solutions partielles.
03:04Quand la France était au Sahel, elle était engagée avec son armée, avec son propre dispositif à mener des opérations avec ses partenaires et avec l'ensemble de ses capacités.
03:14La France part.
03:15Vous avez la Russie, par exemple, qui arrive, mais qui arrive avec des capacités limitées, des mercenaires, des conseillers, de l'équipement, des armes.
03:23Des armes, très clairement, mais pas suffisamment et ne mènent pas suffisamment d'opérations par elles-mêmes.
03:28Donc, vous avez quand même une situation qui a changé de ce point de vue-là.
03:31La Turquie, elle arrive, elle vend de l'équipement, elle vend des drones, notamment, qui commencent un peu à changer ici ou là la situation,
03:37mais qui restent assez limitées et en nombre et dans leur usage.
03:41La Chine a toujours mené, on va dire, une coopération liée à la fois à l'équipement et à l'exercice, les exercices conjoints, par exemple,
03:48mais pas nécessairement au Sahel, plutôt avec des pays dont elle a l'habitude de travailler, comme par exemple la Tanzanie ou le Nigeria.
03:53On vous a entendu sur l'équipement.
03:58On doute d'ailleurs que ça fasse vraiment la différence sur le terrain.
04:02On a vu des abandons de garnisons, des armes tombées entre les mains des djihadistes.
04:07Et c'est quelque chose qui est récurrent dans les interrogations, j'ai envie de dire, des téléspectateurs qui se disent
04:14comment est-ce que ces armes finissent dans les bras des djihadistes ?
04:18Comment, finalement, améliorer l'efficacité globale des armées, malgré ce problème récurrent ?
04:25Vous le dites vous-même, effectivement, ce problème…
04:28En fait, l'équipement est un problème parce que beaucoup d'armes ont été récupérées par les djihadistes.
04:33Donc, il faut renouveler ces équipements, c'est une première chose.
04:35Mais ce n'est pas suffisant.
04:37Et en réalité, quand vous faites face à une attaque djihadiste très coordonnée à 5 heures du matin,
04:42les armes ne suffisent pas, c'est d'abord un problème de commandement.
04:45Maintenant, vous avez des armes aussi, vous avez les capacités dont je vous parlais tout à l'heure,
04:48capacités aériennes, par exemple des véhicules.
04:51Ils ne sont pas en nombre suffisant actuellement au Sahel.
04:54Et donc, vous avez vraiment ce triple sujet qui est un sujet d'un côté d'équipement, un sujet de formation,
04:59parce qu'il y a beaucoup de gens qui sont décédés dans les armées nationales, par exemple sahéliennes,
05:03et qu'il faut renouveler, donc qu'il faut former.
05:04Et vous avez aussi ce problème de confiance qui est dû à l'existence ou non d'un partenariat.
05:09Les soldats se battent pour leur vie, tout bêtement.
05:11Et donc, s'ils n'ont pas confiance dans la capacité à tenir face à l'adversaire, ils ne peuvent pas évoluer.
05:16C'est pour ça que ça, c'est des leçons que les pays autour du Sahel apprennent,
05:20apprennent avec des partenaires, que ce soit des partenaires européens, occidentaux,
05:23ou avec d'autres partenaires comme la Turquie ou les Émirats arabes unis.
05:26Au-delà du volet militaire, quelles sont les conséquences politiques de cette militarisation croissante
05:31avec des armées par ailleurs de plus en plus présentes, à la fois dans l'espace public
05:36et parfois même au pouvoir, on l'a vu dans le Sahel.
05:40Oui, tout à fait. Je pense que c'est même une tendance assez inquiétante de manière générale.
05:45Il y a un retour des militaires au pouvoir dans beaucoup de pays.
05:49En Afrique de l'Ouest, on l'a vu, bien sûr en AES, mais pas seulement.
05:52Vous le voyez au Tchad, vous le voyez en Guinée, dans beaucoup d'endroits du continent.
05:56Bien entendu, face à cette situation sécuritaire, les gens ont naturellement confiance dans les militaires,
06:02d'autant qu'il y a, vous l'avez vu et vous l'avez dit, un moment souverainiste,
06:06un moment de volonté de retrouver de la dignité politique, de l'autonomie.
06:10Et donc, les militaires incarnent cette tendance.
06:13Le problème, c'est que les militaires ne font pas de la politique initialement.
06:17Et le problème des militaires qui font de la politique, c'est qu'ils ne font plus vraiment leur métier,
06:20qui est de combattre et de défendre les populations.
06:22Et il y a un mélange des genres qui s'opère.
06:24Et je pense que c'est une tendance à observer.
06:27Merci beaucoup, Jonathan Guiffard, pour ce décryptage.
06:30Merci beaucoup.
06:32Et de deux pour les pays.

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