Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • hier

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00On ouvre ce journal par ce focus sur les enjeux de la présidentielle camerounaise du 12 octobre prochain.
00:07A 92 ans, Paul Biya au pouvoir depuis 1982 se représente pour un huitième mandat dans un contexte de crise économique,
00:15de violence dans les régions anglophones, de fatigue démocratique et de mobilisation d'une jeunesse en quête d'alternance.
00:23Cette élection pourrait bien cristalliser toutes ces frustrations d'un peuple divisé.
00:28L'opposition est fragmentée et tente de s'unir face au pouvoir qui cherche à se pérenniser.
00:34On en parle avec aujourd'hui Roger-Nicolas Oyono-Mengue, attaché de recherche et d'enseignement,
00:39doctorant au laboratoire des Afriques dans le monde de Sciences Po à Bordeaux.
00:43Merci beaucoup d'être là avec nous.
00:46Merci beaucoup Fadi Mata.
00:47Alors, Paul Biya a annoncé se présenter à un huitième mandat en préparant cette émission.
00:54Vous nous avez dit que c'est une surprise uniquement pour ceux qui ne connaissent pas la politique camerounaise.
00:59Expliquez-nous.
01:00Oui, merci de m'avoir invité et merci à tous les téléspectateurs qui nous écoutent ce soir.
01:07C'est vraiment pas une surprise pour quiconque connaît le Cameroun de voir le président de la République,
01:14Paul Biya, en fait, décider de se représenter à cette élection parce qu'il y avait déjà eu des prémices.
01:20En ce qui concerne des prémices, il faut voir qu'au lendemain de l'élection présidentielle de 2018,
01:27il y avait déjà un ensemble d'appels à la candidature depuis 2020, ce qu'on appelle les motions de soutien.
01:35En fait, c'est des sortes de lettres qui viennent de tous les bords et qui appellent le président, par exemple, à rebriguer un certain mandat.
01:43Et depuis 2021, il y a eu un appel à la Léquier. En fait, c'est un département du centre Cameroun qui appelait déjà Paul Biya à être candidat.
01:52Et au-delà de ça, il y a eu d'autres appels qui ont suivi.
01:55Et au-delà de ces appels, il faut également regarder les différents discours du président de la République.
02:00Le 31 décembre, par exemple, 2024, il avait presque dit littéralement,
02:04« Ma détermination à vous servir restait intacte ».
02:08Et du coup, malgré les hésitations qui, aujourd'hui, ne devraient pas surprendre,
02:15parce que le président Biya, quand on regarde dans sa manière de gouverner,
02:19il y a toujours eu cette manière de créer de la rumeur, de créer le suspense,
02:24pour, à la fin, se relégitimer en sortant comme étant l'unique puzzle ou la pièce mécresse de ce puzzle.
02:34Alors, on reviendra sur le système Biya, mais juste une question.
02:38Comment cette annonce est perçue par la population camerounaise
02:42et, en particulier, par la jeunesse camerounaise ?
02:45Oui, il faut dire que moins de, plus de, sensiblement, 60 à 62 personnes
02:51poussant de la population camerounaise ont moins de 25 ans.
02:54Et quand on regarde cette jeunesse, c'est quand même une jeunesse, en fait, au quotidien,
02:58qui souffre, en fait, de beaucoup de maux qu'on peut retrouver dans d'autres pays,
03:03mais particulièrement dans le contexte camerounais.
03:05Ça fait quand même un peu un taux de chômage élevé.
03:07Ça fait, en fait, les débats d'aller parfois chercher vers les voies les plus prospères,
03:13à savoir des pays européens.
03:15On a regardé, par exemple, sur la guerre en Ukraine,
03:17certains jeunes camerounais qui sont pris comme des soldats en Russie.
03:21Cela montre, en fait, l'état, en fait, de cette jeunesse, en fait, aussi,
03:25qui ne sait à quel sens s'en vouer.
03:27Or, il y a également, d'un autre côté, une minorité d'une autre jeunesse,
03:30par contre, qui est dans des grands, qui bénéficie, en fait, de certains avantages.
03:35Ça peut être, en fait, les fils des grands barons du régime
03:38qui réussissent facilement à certains concours,
03:40par des méthodes, parfois, pas toujours des critères d'excellence qu'on reconnaît,
03:45en fait, ce qui fait qu'il y a, en fait, une perception clivante.
03:48Il y en a certains qui vont soutenir cette candidature.
03:51Il y en a d'autres, également, qui ne vont pas soutenir cette candidature.
03:55Est-ce que ce que vous expliquez, là, ça participe de ce que vous avez appelé
03:58le système BIA ? Est-ce que c'est ça ?
04:00Oui, c'est clairement ce que j'appellerais le système BIA.
04:03Autrement dit, un système, en fait, qui est basé essentiellement
04:05sur des questions de loyauté, en fait, des loyautos politiques.
04:08La loyauté, il va, en fait, sur des questions de solidarité,
04:11à la fois ethnique et des solidarités vis-à-vis du système.
04:14Et où lui-même, en fait, il est le parent de ce système,
04:17la pièce maîtresse, de telle enseigne qu'aujourd'hui,
04:20c'est pourquoi je vous parlais, qu'il n'y a pas de surprise.
04:22Ça fait que tant qu'il est en vie et tant qu'il veut se présenter
04:24à l'élection présidentielle, il y aura toujours, en fait,
04:27des forces qui glissent vers une sorte de consensus,
04:31en fait, à accepter sa candidature, parce que dans ces systèmes de loyauté...
04:35Mais comment ce système peut-il perdurer aussi longtemps ?
04:38On a parlé de 42 ans au pouvoir.
04:41Est-ce que ce système montre des fragilités ou pas du tout ?
04:44Oui, ce système montre que des fragilités.
04:46Vous pourriez d'ailleurs lire cet ouvrage de Marie-Emmanuel Pomerol
04:49sur de la loyauté au Cameroun,
04:51où elle essaie de montrer les crises, en fait, qui existent dans le système,
04:54parce que tantôt, les gens restent sur la longue durée du système,
04:58quand même, qui, je rappelle, aujourd'hui, ça fait 42 ans, 8 mois,
05:01bientôt 43 ans.
05:02Mais en fait, il faut comprendre le fonctionnement de ces systèmes.
05:05Ces systèmes fonctionnent premièrement, comme j'appelle,
05:07par une sorte de redistribution du gâteau national, en fait,
05:12en thème de poste, c'est qui fait qu'il y a beaucoup de soutien,
05:15que ce soit du côté du nord au sud, de l'est à l'ouest,
05:18en fait, il y a une sorte de redistribution.
05:20Mais ça, ça répond à des logiques ethniques ?
05:22Ça répond, oui, ça peut être des logiques ethniques,
05:25c'est qu'ils vont appeler des logiques sociologiques, en fait,
05:28et qui créent une sorte de consensus, une sorte de paix nationale,
05:32c'est qui fait en sorte que ça se reproduit également
05:34de générations de pères en fils,
05:36mais même si ce qu'on va appeler le petit peuple souffre,
05:39mais ce petit peuple aussi, parfois,
05:41peut bénéficier de certains systèmes de rente,
05:43parce qu'il participe de manière psychologique, en fait,
05:48intériorisée, à pouvoir, en fait, renforcer ce système.
05:51– D'accord, mais parlons maintenant de l'opposition,
05:56qui paraît morcelée.
05:58Expliquez-nous, par exemple, le cas de Maurice Camteau,
06:02qui a, au dernier moment, annoncé qu'il se présentait
06:05sur la bannière d'un autre parti que le sien.
06:08– Oui, le manidem.
06:09– Pour espérer, expliquez-nous.
06:11– Oui, le cas de Maurice Camteau est vraiment un cas,
06:16je dirais, c'est le cas qui fait trop de débats,
06:17actuellement, au Cameroun, parce qu'au départ,
06:19en fait, Maurice Camteau avait déjà été candidat
06:22à cette élection présidentielle,
06:24et ça fait qu'il y a quand même, en fait,
06:26un ensemble de chercheurs qui pensent que
06:28la Constitution camerounaise voudrait que tout le monde
06:31soit candidat, en fait, et c'est une élection,
06:33sauf qu'en fait, il y a ce débat entre des juristes camerounais
06:36sur est-ce que Maurice Camteau peut être candidat,
06:38en fait, avec le MRC,
06:40sauf qu'en fait, on a une vidéo où Maurice Camteau,
06:42lui-même, il avait plus ou moins dit qu'il sait
06:44que s'il ne participe pas aux élections législatives
06:46et municipales, en fait,
06:48il ne pourra pas prendre part, en fait,
06:50à l'élection présidentielle.
06:51Donc, ça fait que cela est discuté,
06:53de savoir s'il sera candidat ou pas,
06:55et là, même sur le Manidem,
06:56quand je regardais, en fait, des dernières informations,
06:59cela semble être plus compliqué,
07:00parce qu'en fait, il y aura une loi qui contourne,
07:02en fait, un ensemble de dispositions
07:05qui voudrait que, pour que vous démissionnez
07:07de votre propre parti,
07:08vous devez aller acter la chose vers le gouverneur,
07:10et quand on sait que tous ces gouverneurs, aussi,
07:13en période électorale,
07:14sont nommés par le pouvoir central.
07:16Donc, c'est un peu compliqué, en fait, sur la question.
07:18Je crois qu'il faudra voir ce que le Conseil constitutionnel
07:21pourra dire sur cette question.
07:24Mais il faut voir aussi que ça déstabilise,
07:27quelque part, un peu, les militants du MRC,
07:29parce que je ne sais pas s'il y a un thème idéologique,
07:31également, les militants du MRC,
07:34et ceux du Manidem, en fait,
07:35en thème de discussion,
07:36je ne sais pas comment ça va vraiment se passer.
07:39Je crois quand même qu'il y a un peu de clivage.
07:40Au sein des deux partis.
07:43Merci beaucoup, Roger-Nicolas et Yono Mengé.
07:45Merci d'être venu sur France 24
07:48pour nous faire ce décryptage, justement,
07:50de la politique et de la prochaine présidentielle camerounaise
07:53qu'on nous suivra, évidemment,
07:54sur nos antennes sur France 24.
07:56Merci beaucoup.
07:56Merci à vous d'avoir invité.
07:57Merci.
07:58Merci à vous.
07:59Merci.
08:00Merci.
08:01Merci.
08:02Merci.

Recommandations