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  • 30/11/2023

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Transcription
00:00 direct de Dubaï, on retrouve notre invitée Lola Valéjo.
00:02 Bonjour et merci de répondre à France 24.
00:04 Vous êtes directrice du programme Climat
00:06 de l'Institut du développement durable
00:08 et des relations internationales.
00:09 Vous êtes donc sur place pour participer à cette COP
00:11 si décriée. Pour quelle raison êtes-vous allée à Dubaï
00:15 et qu'espérez-vous obtenir ?
00:17 -Déjà parce que les COP sont quand même
00:21 un moment très important,
00:24 parce que ça permet de donner de l'importance
00:28 aux petits pays vulnérables au changement climatique
00:30 qui, sinon, n'en ont pas.
00:31 Et c'est sans doute ça qui explique
00:33 le résultat très important qu'on vient d'avoir aujourd'hui.
00:36 C'est justement parce que c'est un processus qui est inclusif.
00:40 On va parler de pertes et dommages
00:41 et on va aussi beaucoup parler de transition énergétique
00:43 et notamment de sortie des fossiles.
00:46 Ca fait partie des 2 gros objets de cette COP-CI.
00:49 -L'accord dont vous parlez, c'est donc la mise en oeuvre
00:51 du fonds sur les pertes et dommages des pays vulnérables
00:53 qui a été adopté il y a quelques instants.
00:56 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce mécanisme
00:58 et en quoi est-ce qu'il est une bonne nouvelle
00:59 pour la planète et pour les pays du Sud ?
01:01 -C'est surtout une bonne nouvelle pour les pays du Sud.
01:06 C'est depuis la création de cette discussion multilatérale
01:10 sur le climat, les pays en développement
01:12 les plus vulnérables au changement climatique,
01:14 notamment des petites îles, par exemple Vanuatu,
01:17 les îles Marshall ou d'autres, font valoir
01:20 qu'elles ont très peu contribué à créer le problème
01:22 du réchauffement climatique, car elles pèsent extrêmement peu
01:24 en termes d'émissions.
01:26 Elles sont particulièrement vulnérables
01:28 aux effets du réchauffement climatique.
01:30 Et suite au retard qu'on a pris pour réduire nos émissions en ligne
01:34 avec nos objectifs de température et nos engagements collectifs,
01:39 on a eu de plus en plus de pression pour, quelque part,
01:42 compenser les pays en développement vulnérables
01:46 avec de nouveaux financements, des financements
01:48 qui sont d'une autre nature que ce qu'on appelle
01:50 traditionnellement la finance climat
01:52 et qui est là plutôt pour aider les pays à réduire
01:54 leurs émissions et à s'adapter aux impacts.
01:56 Là, c'est plutôt pour faire face aux effets inévitables
01:58 du réchauffement climatique.
02:00 -Voilà pour les petits pollueurs.
02:02 Les gros pollueurs, maintenant, ni Biden ni Xi,
02:05 les présidents américains et chinois
02:07 ne font le déplacement à Dubaï.
02:09 Alors, on est content, ça fera moins de CO2 dans l'atmosphère.
02:11 Mais le signal est envoyé quand même mauvais, non ?
02:14 -Il n'y a pas toujours ce genre de représentation présidentielle.
02:21 Je pense que ce qui est important, c'est aussi qu'il y ait quand même
02:24 une représentation de haut niveau à leur place
02:26 plutôt que de voir quel président se déplace ou pas.
02:29 Il faut regarder aussi les positions que portent ces pays-là.
02:32 En l'occurrence, les Etats-Unis,
02:33 qui ont souvent été un pays plutôt bloquant
02:35 sur cette question des pertes d'hommages
02:36 parce qu'ils ont peur, quelque part,
02:38 de s'exposer juridiquement à des procès en justice.
02:44 Les Etats-Unis ont, par exemple, promis
02:46 d'abonder ce fonds pertes et d'hommages.
02:49 Et donc, c'est un revirement qui est important
02:51 et qui, à mon avis, est plus important
02:52 que la présence ou non de Joe Biden.
02:54 Et par ailleurs, sa vice-présidente Kamala Harris
02:56 a déjà annoncé qu'elle ferait le déplacement.
02:58 -Mais sur les émissions de gaz à effet de serre,
03:01 par exemple la Chine, j'apprenais tout à l'heure,
03:03 autorise en moyenne l'ouverture de 2 nouvelles centrales
03:06 au charbon par semaine.
03:08 Ca reste quand même un problème central.
03:10 -Effectivement, on est toujours très loin
03:14 de nos objectifs de réduction d'émissions.
03:16 Et en particulier, la Chine et les Etats-Unis,
03:18 en tant que 1ers émetteurs, ont une responsabilité majeure
03:22 dans ce problème.
03:23 La Chine est dans une situation complexe
03:26 parce qu'à la fois, on a vu un regain
03:28 de l'ouverture de centrales charbon
03:32 avec la crainte autour de perdre la sécurité énergétique,
03:35 donc le besoin de continuer à alimenter l'industrie chinoise,
03:38 mais on voit aussi une énorme accélération
03:40 du déploiement des renouvelables solaires et éoliens en tête,
03:43 et aussi avec le déploiement des véhicules électriques.
03:45 Par exemple, un tiers des véhicules en circulation
03:49 à la fin de l'année seront électriques en Chine.
03:51 C'est aussi un développement
03:53 dans des technologies propres qui est sans parallèle.
03:55 Donc il faut essayer de voir le verre à moitié plein, quelque part,
03:59 et pointer comment est-ce qu'on pourrait essayer
04:02 de forcer la Chine et de l'encourager,
04:04 de montrer que c'est possible,
04:06 à réduire le charbon dans les prochaines années.
04:07 C'est vraiment cette question qui va déterminer
04:09 si on tient notre objectif climatique ou pas.
04:11 -Donc la COP 28, elle dépend du bon vouloir
04:13 de la Chine et des Etats-Unis, c'est ce que vous diriez ?
04:16 -Non, absolument pas.
04:19 Je suis désolée si je me suis fait mal comprendre.
04:22 Tous les pays qui pèsent pour 1% ou 2% des émissions,
04:25 si on les additionne,
04:27 ils pèsent pour un gros tiers des émissions mondiales.
04:30 Donc cet argument de "les petits pays ne comptent pas
04:32 et c'est au gros de bouger d'abord", ça n'a aucun sens.
04:35 On voit que l'Union européenne, par exemple,
04:36 qui a fait un choix très fort en termes de projets politiques
04:40 et de transition industrielle avec le pacte vert,
04:44 s'engage pour la transition,
04:45 même si, au niveau individuel,
04:47 les pays européens pèsent moins que la Chine
04:49 et pèsent moins que les Etats-Unis.
04:52 Néanmoins, c'est des pays qui se sont engagés
04:54 dans la course aux technologies propres.
04:56 Et on voit maintenant une sorte de course technologique
04:59 et stratégique entre ces 3 blocs,
05:01 qui est une très bonne nouvelle pour le climat.
05:03 -En tout cas, l'urgence, le La Vallejo,
05:04 c'est de sortir des énergies fossiles.
05:07 "C'est inévitable à terme",
05:09 a dit le président controversé de la COP, Sultan Al-Jaber.
05:13 Il vante, lui, les technologies de captage
05:15 et de stockage de carbone.
05:17 Est-ce que ces technologies fonctionnent et sont prometteuses ?
05:20 Est-ce qu'elles ont fait...
05:21 Est-ce qu'elles ont prouvé qu'elles fonctionnaient ?
05:26 -Ces technologies, on va en avoir besoin
05:32 pour l'atteinte de la neutralité carbone,
05:33 mais il y a effectivement plusieurs pièges
05:35 auxquels faire attention.
05:37 Le 1er, c'est de faire croire qu'on peut continuer
05:40 à utiliser les carburants fossiles,
05:43 notamment pour générer de l'électricité à échelle
05:47 et les utiliser pour capter le CO2,
05:49 alors que ces technologies-là devraient être réservées
05:51 à certains usages suivant le GIEC
05:54 qui sont particulièrement difficiles à décarboner,
05:56 notamment les émissions dans l'industrie lourde.
05:59 Le risque, c'est, quelque part, d'utiliser cet écran de fumée
06:04 pour continuer à justifier le déploiement continu
06:08 des énergies fossiles
06:10 au lieu de le réserver aux usages où il est prioritaire.

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