00:00On va continuer avec vous à parler football et même d'arbitrage avec votre invitée, l'ancienne arbitre internationale, Manuela Nicolosi.
00:10Bonsoir.
00:10Bonsoir.
00:11Bonsoir Manuela, merci d'être avec nous.
00:13Alors je rappelle un petit peu qui vous êtes.
00:15Vous êtes ancienne arbitre internationale, tout juste retraitée d'ailleurs.
00:19Vous avez fait notamment partie de l'équipe d'arbitrage aux Jeux Olympiques de Rio 2016, Tokyo 2020.
00:25Vous avez fait plusieurs Coupes du Monde féminines, dont la finale en 2019 en France.
00:28La Super Coupe d'Europe masculine en 2019, Chelsea-Liverpool.
00:32Même plusieurs fois aussi arbitre en Ligue 1 avec un trio 100% féminin.
00:37Et votre dernière expérience d'ailleurs, c'était samedi dernier lors de la finale de la Kings League World Cup Clubs.
00:42On va en parler tout à l'heure.
00:44Là, on vient juste de parler de la Coupe du Monde des Clubs qui se passe aux Etats-Unis, où Chelsea a battu Los Angeles.
00:49Et il y a plein d'expérimentations arbitrales durant la Coupe du Monde des Clubs.
00:52C'est un petit peu une épreuve test, notamment avec des caméras posées sur les arbitres, des micros aussi.
00:58On entend les arbitres expliquer leurs décisions à la télévision.
01:02Vous, en tant qu'ancienne arbitre, que pensez-vous de ces initiatives ?
01:06Tout d'abord, merci de m'avoir invité ce soir.
01:09Je pense que c'est bien, parce que toute technologie, au fait, ça apporte quelque chose de nouveau.
01:16Et le fait de communiquer aussi au public les décisions de l'arbitrage,
01:19ça permet peut-être de créer moins de contestation après.
01:24Nous, on l'a déjà utilisé à la Coupe du Monde féminine en Nouvelle-Zélande.
01:28On avait déjà les micros. On n'avait pas la caméra, mais on avait les micros.
01:31Et c'était bien d'expliquer. Au moins, l'arbitre, quand il va à la VAR, il explique après pourquoi il change sa décision ou pourquoi pas.
01:40Parce que c'est vrai que l'une des problématiques, d'ailleurs, c'est que quand on est dans le stade,
01:43on ne sait pas ce qui se passe. On ne sait pas quelle est la décision de l'arbitre.
01:46Et parfois, la télévision, en tout cas, c'était le passé. On ne le comprenait pas très bien.
01:50Maintenant, il y a la VAR, il y a le vidéo arbitrage. Ça évolue dans ce sens-là.
01:53Toujours pour parler des caméras, donc, la Fédération française de football aussi va équiper des arbitres de caméras dans le football amateur
02:00pour lutter contre les violences. Ça a été annoncé aujourd'hui.
02:03Est-ce que, selon vous, c'est une bonne idée ? Est-ce que, durant votre carrière, vous avez été victime parfois d'actes de violences ou de comportements agressifs ?
02:10Malheureusement, oui. J'ai dû appeler la police trois fois pour m'aider à sortir du stade
02:15parce que le public, au fait, ne me laissait pas sortir. Il m'est menacée de mort.
02:20Et si on pense que c'est juste un sport, entre guillemets, devoir appeler la police pour sortir du stade, c'est...
02:26Ça va trop loin.
02:27Ça va loin. Et cette année, en plus, mes collègues de Ligue 1 sont obligés d'être escortés par la police
02:32pour aller au stade ou pour sortir du stade.
02:35Donc, c'est vrai que la violence, malheureusement, ça fait partie du foot.
02:41Le fait d'avoir une caméra, je trouve que ça permet aussi, peut-être, de calmer un peu les esprits.
02:47Parce qu'avoir une caméra, ça permet aussi d'écouter ce que les joueurs nous disent.
02:51Parce que c'est bien d'avoir un micro sur soi, mais parfois, on nous écoute juste et on dit, voilà, l'arbitre, il a trop réagi.
02:59Mais parfois, c'est parce que peut-être les joueurs, ils nous contestent tout le match.
03:03Une fois, deux fois, trois fois, plusieurs fois.
03:06Et à un certain moment, on est obligé de hausser aussi le temps.
03:09Donc, la caméra, ça permet de mieux cerner la conversation, c'est ça ?
03:12En tout cas, la volonté de la Fédération française de football, c'est de s'en servir comme un élément de dissuasion.
03:17Comme les joueurs savent qu'ils sont enregistrés, a priori, ça devrait les calmer et peut-être contester moins
03:23et peut-être devenir moins violents.
03:25Alors, vous avez été arbitre international FIFA de 2010 à 2024, donc à l'an dernier.
03:31Est-ce que, selon vous, c'est plus difficile d'être une femme pour devenir arbitre ?
03:36Je dois être honnête, oui.
03:39Parce qu'au fait, déjà, c'est difficile d'être arbitre.
03:42Parce que chaque dimanche, les joueurs testent, au fait, notre autorité, notre connaissance de règlement.
03:48Et si, justement, on s'est fait respecter.
03:51Et quand on arrive, on est une femme, c'est encore plus difficile parce que, malheureusement, les préjugés sont en ligne de femme
03:58et tu ne comprends rien au foot.
04:00Donc, ils ne vous prennent pas au sérieux ?
04:02Pas de suite.
04:03Surtout, on va dire, si on est blonde et on a des formes, on est une femme, quoi.
04:12Malheureusement, il y a encore la chose, le préjugé...
04:15Comment on fait pour être prise au sérieux, pour avoir une autorité ?
04:18Alors, il faut démontrer.
04:20Voilà, il faut être sur le terrain, il faut être bien sûr de ses décisions.
04:25En fait, je dois me montrer toujours sûr au 100% de mes décisions.
04:29Et je dois montrer aussi que j'ai du caractère.
04:32Malheureusement, c'est ça.
04:33Sans ça, c'est difficile d'être respecté par les droits.
04:36Exactement.
04:36Après, ça, c'est au niveau inférieur.
04:39Quand tu arrives au niveau professionnel, par exemple, tout le monde te connaît.
04:43Tout le monde connaît ton histoire.
04:44Tout le monde connaît les matchs que tu as faits.
04:46Et donc, si tu es là, ils savent que c'est parce que...
04:48C'est parce que tu es légitime.
04:49Exactement.
04:50Là, tu commences à avoir l'autorité.
04:52Tu commences à être légitime.
04:53Mais il faut y arriver pour l'avoir, malheureusement.
04:56Alors, samedi dernier, vous avez eu une nouvelle expérience dans l'arbitrage.
04:59C'était lors de la finale de la King's League World Cup.
05:01C'est une compétition créée par l'ancien joueur Gérard Piquet.
05:04pour simplifier sa mélange du football et du divertissement,
05:08un peu comme dans un jeu vidéo, parfois.
05:10Comment ça a été, cette expérience ?
05:11Parce que c'est vraiment quelque chose de nouveau qui n'existait pas il y a encore quelques mois.
05:15Tout à fait.
05:15C'était quelque chose de différent.
05:18Surtout parce que les règles changent, au fait, pendant le match.
05:21Il n'y a pas tout le temps les mêmes règles.
05:23Et c'est vrai que c'est intéressant parce qu'au fait, c'était un nouveau défi.
05:28Mais surtout parce que le public est différent.
05:31C'est un public très jeune qui aime les jeux vidéo.
05:34et donc qui aime justement les choses qui ne durent pas longtemps
05:37parce que chaque demi-période, au fait, ne dure que 20 minutes.
05:41Et en plus, tu as le pénalty du président.
05:43Tu as le président qui est des hommes des tribunes pour tirer un pénalty.
05:47Tu as la carte secrète.
05:49Donc chaque équipe a une carte à jouer pendant le match.
05:52Et c'est interactif.
05:55Et j'ai trouvé cela très intéressant.
05:57En plus, j'étais la seule femme arbitre.
05:58Donc j'étais heureuse.
06:00Et ça a été facile de vous faire respecter ?
06:02La plus facile peut-être que chez les professionnels ?
06:05C'était beaucoup plus facile.
06:07Oui, tout à fait.
06:08Bon, merci beaucoup.
06:09En tout cas, Manuela Nicolosi, d'être venue sur notre plateau
06:12pour parler un petit peu d'arbitrage féminin.
06:14On a compris qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.
06:17Et peut-être que les nouveaux dispositifs testés à la Coupe du Monde des clubs
06:20vont en tout cas aider les arbitres à se faire un peu plus respecter
06:24et peut-être aussi réduire toutes ces contestations
