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  • 14/11/2023

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Transcription
00:00 On en parle avec Michel Yakovlev,
00:03 ancien vice-chef d'état major du SHAPE de l'OTAN,
00:07 également du commandement suprême interallié pour les opérations de l'OTAN.
00:10 Bonsoir à vous, merci d'être avec nous.
00:12 Bonsoir.
00:13 L'Ukraine, qui doit se préparer aux frappes russes sur les infrastructures cet hiver,
00:16 c'est vraiment une sorte de mise en garde de Zelensky.
00:20 Pourquoi redoute-t-il l'hiver qui approche ?
00:24 Alors bon, il redoute la tension sur le réseau électrique,
00:27 comme l'année dernière, les Russes l'année dernière
00:30 ont fait une campagne délibérée de destruction du réseau électrique.
00:36 Ils ont échoué pour plusieurs raisons.
00:39 La première, c'est qu'ils n'ont pas tout tiré uniquement sur le réseau électrique,
00:44 puisqu'ils aimaient aussi détruire des bâtiments et des écoles et des maternelles.
00:48 Donc ils ont gaspillé des munitions sur des cibles qui n'étaient pas le réseau électrique.
00:54 Et la riposte de l'Ukraine, aidée par le monde occidental, s'est avérée efficace,
00:59 y compris une riposte industrielle pour réparer rapidement.
01:03 Mais on est reparti pour un tour, sans doute, cet hiver.
01:05 Et est-ce que ce sera justement plus difficile,
01:08 puisqu'ils ont réussi finalement à faire face l'année dernière ?
01:12 Honnêtement, je ne sais pas.
01:14 D'une part, le réseau ukrainien est sans doute plus résilient qu'il ne l'était avant.
01:21 Et sans doute, les Russes ont moins de munitions qu'ils n'en avaient l'année dernière,
01:25 puisque l'année dernière, ils avaient leur stock en gros d'avant-guerre, qu'ils avaient peu entamé.
01:30 Et maintenant, leurs tirs sont limités à la capacité de production mensuelle.
01:36 Donc en revanche, ils ont acquis beaucoup de drones à pas cher chez les Iraniens,
01:42 qui sont assez efficaces pour un certain nombre d'infrastructures disséminées et difficiles à défendre.
01:49 Donc franchement, je ne sais pas qui l'emportera.
01:53 Est-ce que la contre-offensive ukrainienne patine ?
01:57 Est-ce qu'on peut dire ça ?
01:58 Si j'allouge, très franchement, c'est mon sentiment depuis l'été dernier.
02:02 Je m'étais dit, si l'offensive au bout de quelques semaines ne passe pas,
02:05 il faut arrêter de taper sur le mur, si vous voulez.
02:08 Je pense que maintenant, les deux camps sont épuisés.
02:12 Ils sont comme des boxeurs dans les bras l'un de l'autre.
02:15 Chacun a cru que l'autre aurait un collapsus.
02:18 Et donc a continué à pousser et à frapper comme il a pu.
02:22 Mais maintenant, les deux camps sont à bout.
02:24 Vous les mettez à égalité ?
02:27 Oui, je pense.
02:28 En tout cas, je ne vois pas un des camps capable de relancer du mouvement et de percer l'autre.
02:34 Kersen, manifestement, il y a eu des bombardements russes.
02:38 Les chiffres varient, mais on parle plutôt de deux morts et dix blessés.
02:42 Ça s'est passé samedi, alors que c'était le premier anniversaire de la libération de Kersen par son armée.
02:48 Est-ce que ça veut dire que ça reste vraiment cette zone un objectif important pour les Russes ?
02:54 Non, c'est le côté festif des Russes.
02:56 Quand on fête un anniversaire, on bombarde les gens.
02:58 C'est leur truc.
03:00 Ça n'a pas plus de signification que ça.
03:04 Ce n'est pas la première fois qu'ils bombardent Kersen, d'ailleurs, depuis un an.
03:06 Donc bon, il n'y a rien de spécial.
03:10 Pour vous, le front se trouve où ?
03:13 Le front est, comme je le lis sur les cartes, sur le Nièvre jusqu'au nord du lac.
03:23 Et puis après, voilà.
03:25 Le front est stabilisé.
03:26 À cet égard, la tête de pont ukrainienne sur la rive gauche du Nièvre, pas loin de Kersen,
03:36 de mon point de vue, elle est sans signification tactique.
03:39 C'est pour ça que les Russes, je pense, ne s'énervent pas plus que ça.
03:42 Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
03:44 Quand on dit tête de pont, ça suppose un pont.
03:49 Pour l'instant, les Ukrainiens ont passé quelques moyens,
03:52 quelques centaines d'hommes et quelques blindés légers, des blindés qui flottent.
03:56 Ce n'est pas suffisant pour aller jusqu'à la mer d'Azov et libérer la Crimée, si vous voulez.
04:01 Donc, les Ukrainiens n'ont pas les moyens, a priori, de, comme disent les techniciens,
04:08 de boucler un pont, c'est-à-dire de construire un pont flottant
04:11 qui permettrait là, du coup, de s'engager massivement.
04:15 Donc, tant qu'ils en sont réduits à ça, ça reste très échantillonnaire
04:20 et donc c'est une petite force isolée de l'autre côté de la rivière.
04:23 L'opinion internationale est focalisée, bien sûr, sur le Proche-Orient.
04:26 Zelensky, est-ce qu'il en souffre ?
04:27 Est-ce que c'est dur pour les Ukrainiens aujourd'hui
04:29 parce qu'ils sont beaucoup moins médiatisés, à votre avis ?
04:32 Ça joue sur le moral ?
04:34 Je dirais, c'est plus en ce que ça arrange Poutine que en ce que ça dérange Zelensky.
04:41 Oui, Zelensky n'est plus… enfin, l'Ukraine, pardon,
04:46 n'est plus le sujet majeur tous les jours de tout le monde
04:50 et glisser dans l'oubli est une vraie inquiétude pour les Ukrainiens,
04:56 mais c'est surtout du côté de Poutine.
04:58 Poutine qui se nourrit du chaos et qui, là, a trouvé un rebond extraordinaire
05:06 et un rôle au Moyen-Orient en plus.
05:09 Donc, c'est plus dans la théorie du chaos généralisé qui arrange les Russes
05:14 que l'affaire de Gaza nous gêne.
05:19 Plus qu'une sorte de rétrogradation de Zelensky.
05:24 Le ministre allemand de la Défense a annoncé un doublement de l'aide,
05:28 un 8 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine en 2024.
05:32 Les Européens restent quand même mobilisés ?
05:37 Oui, semble-t-il, les Européens sont mobilisés
05:39 et ils le sont plus qu'on ne veut bien le dire
05:43 et plus unis en réalité qu'on ne s'en rend compte,
05:46 si vous voulez, en dehors des discours et tout.
05:48 En réalité, il y a une vraie aide.
05:51 Les Allemands sont très allants là-dessus.
05:54 J'étais à une conférence en Allemagne récemment
05:56 et ils sont très fiers du chiffre, d'être les plus généros donateurs.
06:00 Derrière les Américains, je crois qu'ils ont dépassé les Anglais en chiffrage.
06:04 Donc, dans cette compétition pour la vertu,
06:08 les Allemands veulent courir en tête, si vous voulez.
06:13 Donc, c'est plutôt encourageant pour les autres en réalité,
06:15 ça met la pression sur les autres.
06:17 Etats-Unis, puisque vous en parliez à l'instant,
06:19 est-ce que l'aide à Israël pourrait remplacer l'aide à l'Ukraine aux Etats-Unis ?
06:23 Alors, dans les esprits, oui, mais techniquement non,
06:26 parce que pour la plupart, ce ne sont pas les mêmes munitions.
06:32 Par exemple, les attaques MS ou des bombes pour l'aviation ukrainienne.
06:38 Alors, les bombes peuvent arranger les Israéliens,
06:42 mais pas les attaques MS.
06:44 En fait, il y a plusieurs.
06:46 Il y a les munitions d'artillerie et les roquettes
06:49 qui sont d'intérêt pour les Ukrainiens, pas forcément pour les Israéliens.
06:53 Et à l'inverse, il y a certaines catégories de missiles
06:56 qui sont d'intérêt pour les Israéliens et pas pour les Ukrainiens.
06:58 Donc, techniquement parlant, je pense qu'on n'épuise pas les mêmes stocks.
07:04 Après, il y a évidemment la politique.
07:05 De ce point de vue-là, la vraie concurrence, c'est peut-être Taïwan en réalité.
07:07 Ah, intéressant. Merci beaucoup d'avoir été avec nous, Michel Diakovleff.
07:11 Merci à vous.
07:11 Merci d'avoir répondu à nos questions.

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