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  • 18/09/2023
Après 12 ans au Sénat, le sénateur écologiste Joël Labbé ne se représente pas aux élections sénatoriales 2023. Il aura marqué l’institution par son look de rockeur, ses discours poétiques et parfois décalés, et son combat sans faille contre les pesticides. 
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Transcription
00:00 ...
00:09 -Maintenant, je ne suis plus dans l'esprit du Sénat
00:12 qui règne actuellement.
00:13 Et la cravate, je vais la tomber.
00:16 -Joël Labbé, c'est d'abord un style, une image et un ton
00:19 qui ont immédiatement détonné au Sénat.
00:22 Au moment de son arrivée dans le palais en 2011,
00:24 le nouveau sénateur assume son côté rock'n'roll.
00:28 -Ceux qui disent... Putain...
00:30 Excusez-moi, mais quand même, ils disent...
00:32 Quelqu'un qui a la gueule comme toi, qui se retrouve au Sénat,
00:36 ça montre qu'il y a des choses qui se passent.
00:38 -Il y a eu l'euphorie de l'élection.
00:40 Et arrivé ici, dans ce monde-là, qui n'est pas mon monde,
00:44 je me sens pas trop les pieds sur terre
00:46 et je me sens aussi tout petit dans tout ça.
00:48 Un peu avant, il m'a été rapporté les propos
00:51 d'un ancien sénateur du Morbihan qui a fait savoir
00:54 que c'était la honte pour le Morbihan
00:56 d'envoyer un sénateur comme celui-là.
00:58 Ca m'avait énormément touché,
01:00 mais ça m'avait aussi déterminé plus encore
01:03 pour démontrer que j'avais ma place ici.
01:05 -L'arrivée de Joël Labbé
01:07 coïncide aussi avec la bascule du Sénat à gauche.
01:10 -Pour la première fois dans l'histoire
01:12 de la Ve République, le Sénat va connaître l'alternance.
01:16 -C'est aussi la première fois que les écologistes du Sénat
01:19 parviennent à constituer un groupe.
01:21 -Pour avoir un groupe, il fallait 10 écolo.
01:24 Il y en avait 9 de sûrs.
01:25 Il y en a un qui était très improbable, c'était moi.
01:28 J'arrive pour faire le dixième dans le groupe écolo.
01:31 Le fait qu'il y ait un groupe écolo,
01:34 c'était très fort historiquement.
01:36 Une vraie ambiance entre nous, au niveau global,
01:39 un président de la République, l'Assemblée majoritaire,
01:42 le Sénat majoritaire.
01:44 Rétrospectivement, je me dis, là,
01:46 on a raté quelque chose, la gauche a raté quelque chose,
01:49 parce que c'était le moment de faire des réformes.
01:52 Il y avait toutes les clés, toutes les cartes en main
01:55 et là, pour moi, ça a été raté quelque part.
01:58 Et c'est très dommage.
01:59 -Jubilation sur les bancs de la droite,
02:02 embarras à gauche.
02:03 A la surprise générale, le Sénat a abandonné
02:06 une mesure phare du projet de réforme
02:08 sur les droits de succession, à l'origine de ce cafouillage,
02:11 l'erreur d'un élu écologiste.
02:13 -Je me suis pas trompé de couleur de bulletin.
02:16 Il fallait que je mette 12 bulletins et j'en ai mis un,
02:19 pensant que celui-là représentait l'ensemble du groupe.
02:22 Je l'aurai appris aujourd'hui.
02:24 La prochaine fois, je me tromperai pas.
02:26 -La procédure parlementaire n'est pas simple.
02:29 Les débats vont assez rapidement, les votes se succèdent
02:33 et il peut arriver qu'un collègue qui n'est pas expérimenté
02:37 se trompe. -Ca en dit long sur le fait
02:39 que, vous savez, même parlementaire,
02:41 ça ne s'improvise pas.
02:43 -Roger Carucci, là, ça ne s'improvise pas.
02:46 Là, c'est typique des sénateurs,
02:49 des gens comme ça, ils n'ont pas grand-chose à faire avec nous.
02:53 Je me suis blessé, mais ça fait partie,
02:55 ça n'a pas été la seule fois,
02:57 des choses qui m'ont permis de me construire.
03:01 Je me souviens de certaines réunions,
03:03 de certaines séances où j'avais lieu de parler,
03:06 j'avais des choses à dire.
03:07 Quand j'étais fatigué, je n'osais plus lever la main
03:10 en me disant que je passais pour un rigolo.
03:13 Je me taisais, je disais rien.
03:14 Je me retrouvais tout seul à l'hôtel le soir
03:17 en me disant que je n'avais pas de légitimité.
03:20 Au fil du temps, je me suis blindé quelque part.
03:23 J'ai travaillé, d'abord pour comprendre
03:25 comment fonctionnait tout ça, et puis, surtout,
03:28 travailler les dossiers.
03:29 -Se faire entendre, ça passe par le fond,
03:32 mais aussi par la forme, par la parole.
03:34 -La première fois où j'arrive au Sénat,
03:36 ma première intervention, je cite Bob Dylan.
03:39 Les médias, notamment Public Sénat,
03:42 me demandent le soir de venir aux actualités.
03:45 Ensuite, Libération, un journaliste de Libé,
03:48 a vu ça, il demande à faire un papier.
03:51 Il me fait une quatrième de couverture.
03:53 Un réalisateur de documentaires,
03:56 Jean-Jacques Roux, voit cette page
03:58 et dit "Celui-là, il est breton,
04:00 "il faut que je fasse sa connaissance
04:02 "pour faire un documentaire."
04:04 Il me le demande, j'accepte pour lui faire plaisir.
04:07 Au bout de six mois, il me dit "Avec le producteur,
04:10 "il faut qu'on te voie, on peut faire un documentaire,
04:13 "mais ta manière de parler ne va pas."
04:16 On te propose de mener un travail de prise de parole en public,
04:20 avec une professionnelle.
04:22 Pendant quatre mois, j'ai travaillé
04:25 avec une comédienne, metteur en scène de théâtre,
04:28 sur les techniques de théâtre.
04:30 Je leur avais dit que du coaching politique,
04:32 je ne veux pas être formaté.
04:34 On ne veut pas que tu sois formaté.
04:36 Le travail politique, c'est aussi un travail de comédien
04:39 pour faire passer les messages.
04:41 -Le message a passé, puisque Joël Labbé
04:44 et ses parlementaires ont une loi à leur nom.
04:47 La loi Labbé, du 6 février 2014,
04:49 encadre l'utilisation des pesticides
04:51 sur l'ensemble du territoire national français.
04:54 -Les pesticides sont des armes de destruction massive.
04:58 Ce sont des poisons pour l'humanité.
05:01 Je leur réponds avec d'autres armes,
05:03 ces armes chantées par Léo Ferré,
05:06 des armes qui mettent de la poésie dans les discours.
05:10 -Suite à mes informations sur les pesticides,
05:12 leur impact sur la santé et l'environnement,
05:15 j'avais annoncé, pour l'approbation du rapport,
05:18 que j'envisageais une proposition de loi.
05:20 Je descends de la tribune et on me dit
05:23 que je suis un peu utopiste.
05:24 "Tu travailles dessus, mais ta proposition de loi,
05:27 "il ne faut pas rêver, l'Europe, les lobbies, tout ça."
05:31 Moi, je réponds, je me donne un an pour y arriver
05:34 et je compte bien, parce que tous mes collègues
05:36 ont entendu les mêmes choses que moi
05:39 sur les impacts sur la santé, sur les cancers,
05:41 sur les malformations de nourrissons,
05:43 et sur d'autres pratiques qui démontrent
05:46 que l'on peut se passer de pesticides.
05:48 On était 10 écolo, trouver une majorité,
05:50 c'était pas gagner d'avance, sauf que la majorité était de gauche
05:54 et on était dedans. On a dû jouer des coups
05:56 et on a fini par trouver une majorité.
05:58 -Les espaces verts sont concernés, mais pas l'agriculture.
06:02 La loi Labey ne s'attaque pas aux principaux utilisateurs
06:05 de produits phytosanitaires, l'agriculture conventionnelle.
06:08 -L'AFNSA est toujours présente, présente partout,
06:11 et tout ce qui a trait
06:13 à l'avenir du monde agricole et paysan,
06:17 c'est l'AFNSA.
06:18 Certains parlent même de co-gestion
06:21 avec les gouvernements, quels qu'ils soient.
06:23 Donc il y a un poids énorme de ce syndicat.
06:26 -Je le dénonce depuis le début
06:29 et je me rends compte que les choses n'avancent pas.
06:31 L'ensemble des ministres de l'Agriculture
06:34 sont décevants là-dessus.
06:36 Il y en a un qui a réussi à affronter
06:39 quelque peu, c'est Stéphane Le Foll.
06:42 Dans la loi d'avenir agricole, on a pu faire passer
06:44 un certain nombre de choses qu'on avait travaillées avec lui,
06:48 notamment l'évolution vers l'agroécologie.
06:50 Mais depuis, tous les ministres de l'Agriculture,
06:53 en lien avec l'AFNSA, en lien avec les lobbies
06:56 de l'agrochimie, de l'agroindustrie,
06:58 des pesticides, tout ça,
06:59 tous les autres, pour moi,
07:01 n'ont pas été à la hauteur des enjeux.
07:03 -Il a beau lui rendre hommage, Stéphane Le Foll est ministre
07:07 quand Joël Labey pousse son coup de gueule le plus remarqué.
07:10 Un gouvernement qui refuse d'interdire
07:12 les néonicotinoïdes, ces pesticides tueurs d'abeilles.
07:15 Joël Labey enfreint le règlement du Sénat
07:18 et retire sa cravate.
07:19 -Maintenant, je ne suis plus dans l'esprit
07:22 du Sénat qui règne actuellement.
07:24 Et la cravate, je vais la tomber.
07:26 -Mon cher collègue, écoutez-moi, je vous laisse...
07:29 -Je tiens à vous le dire. -Vous pouvez continuer.
07:32 Je vous laisse, ça sera ça de moi pour vos collègues.
07:35 -Quant à vous, vous pouvez continuer de ricaner.
07:39 -Je suis encore très touché. Et puis, la colère me revient.
07:42 Quand j'ai fait ça, de colère, tout de suite, je me suis dit
07:45 que j'ai dû faire une connerie. Je suis allé à ma place
07:48 sans cravate. Le président de la Cour de média me dit
07:51 qu'il fallait remettre sa cravate, sinon, on va venir te chercher.
07:55 Non, de toute façon, je ne mets plus de cravate.
07:58 Isabelle Debré, qui préside la séance,
08:00 me fait envoyer un petit mot.
08:02 "Joël, s'il te plaît, je suis très embêté."
08:04 Elle me touche comme ça, donc je remets ma cravate
08:07 parce que je voulais pas l'emmerder.
08:09 On m'aurait dit qu'un an après, les néonicotinoïdes
08:12 auraient été interdits par la loi.
08:14 Dans le cadre de la loi biodiversité,
08:17 j'aurais pas cru, et bien c'est arrivé.
08:19 Après, je me dis, des fois, il faut faire des coups
08:22 pour faire avancer les choses. -Après 12 ans au Sénat,
08:25 Joël Labbé compte désormais laisser la place.
08:27 Il quitte le Parlement, mais pas ses combats politiques.
08:31 -La loi Labbé, je vous dis, ça reste quand même une petite loi.
08:34 Il y en a quand même une.
08:36 Dès que j'avais pour ambition qu'elle devienne européenne.
08:39 Ca, c'est pas encore arrivé.
08:41 Donc, post-Sénat, c'est une des missions
08:43 que je vais me donner, de continuer à travailler là-dessus.
08:47 Les jeunes générations ont besoin de se projeter
08:49 dans leur futur, dans un futur qui soit vivable.
08:52 Ils ont besoin de rêver, ils ont besoin d'exaltation,
08:55 ils ont besoin de vrais projets collectifs.
08:58 Il y a de quoi faire.
08:59 -Que souhaitez-vous pour la suite ?
09:01 -De garder la santé.
09:03 De garder la pêche intellectuelle.
09:07 De garder l'Agnac, aussi.
09:10 J'en ai...
09:12 [Musique]

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