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  • 04/09/2023

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00:00 - On s'arrête sur les grands dossiers de la rentrée avec vous, Sophie Vénétité.
00:03 Bonjour à vous, vous êtes secrétaire générale du SNES-FSU, c'est le premier syndicat du secondaire.
00:10 Premier enjeu de cette rentrée, la pénurie d'enseignants.
00:13 Le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé des recrutements de contractuels pour y faire face.
00:19 Quel état des lieux faites-vous en ce premier jour de rentrée scolaire ?
00:24 - Écoutez, nous on a fait notre pré-rentrée dès vendredi et encore aujourd'hui on a accueilli nos élèves.
00:30 Et force est de constater que la promesse ministérielle d'un professeur devant chaque classe à la rentrée n'est pas tenue.
00:36 Nous avons lancé une enquête auprès de nos collègues dans les collèges et lycées.
00:40 Nous avons déjà plusieurs centaines de retours qui nous montrent qu'il y a un, deux, trois, quatre, cinq, parfois six postes de professeurs qui ne sont pas pourvus, sur lesquels il n'y a personne.
00:49 Ce matin, des collègues ont distribué des emplois du temps à leurs élèves sur lesquels, par exemple, pour le professeur d'anglais, il y a marqué "Monsieur X" ou "Madame Y".
00:56 C'est donc bien la preuve que la pénurie de professeurs est encore très importante aujourd'hui.
01:01 - Il y a un mécontentement parmi les enseignants, mais aussi parmi les parents.
01:05 A l'image de ce mécontentement, le ministre de l'Éducation et la Première ministre, Elisabeth Borne, ont été accueillis par un concert de casserole ce matin lors de leur visite d'une école en Ile-et-Vilaine.
01:15 Ça ne vous surprend pas ?
01:17 - Non, ce n'est pas surprenant, un tel comité d'accueil, parce que nos collègues nous disent être très en colère en raison du fossé grandissant entre la parole ministérielle et ce qu'on vit sur le terrain.
01:27 Je le disais, Gabriel Attal avait annoncé un professeur devant chaque classe à la rentrée. On savait très bien que ça ne serait pas possible.
01:33 Et pourtant, il l'a martelé. Nous, on a vu que ce n'était pas vrai. Il martèle aussi qu'il y a une revalorisation historique des salaires.
01:41 Là aussi, ce n'est pas vrai. On n'est même pas à la promesse présidentielle.
01:45 Donc il y a beaucoup de colère de voir que, finalement, la réalité de ce qu'on vit dans les collèges et les lycées est instrumentalisée pour de la communication politique.
01:54 - On reviendra à la communication politique dans un instant, mais toujours sur le dossier des pénuries.
01:59 Emmanuel Macron souhaite une formation dès l'après-bac pour les enseignants. Vous, vous y êtes opposé. Pourquoi ?
02:06 - Tout à fait. Ça ne nous semble pas être une bonne idée, parce qu'il semble, en tout cas, que le projet d'Emmanuel Macron, ça soit de diminuer le niveau de recrutement.
02:14 Et donc ça veut dire, quelque part, diminuer un peu l'attractivité du métier.
02:18 Qui voudra être encore professeur quand on sera recruté après le bac, quand on ne sera pas forcément très bien payé, puisqu'un recrutement après le bac,
02:25 ça veut dire diminuer les qualifications et donc la rémunération. - Il n'a pas encore parlé des rémunérations.
02:30 - Oui, mais c'est vrai que, comme le niveau de rémunération est attaché au niveau de qualification, c'est forcément une des craintes qu'on peut avoir.
02:36 Par ailleurs, on sait aussi qu'il est important pour un professeur d'arriver devant ses élèves en maîtrisant un certain nombre de connaissances universitaires.
02:45 C'est ça qui crée aussi la légitimité des enseignants. Et là, c'est tout ça qui disparaît un peu.
02:51 On a surtout l'impression que, là encore, le président de la République fait un effet de communication, un effet de com' et que ce qui l'intéresse,
02:59 c'est de pouvoir faire des annonces plutôt que de se soucier de la réalité.
03:03 - Sur les annonces concrètes, en tout cas, on l'a appris ces derniers jours, le baccalauréat va changer de forme.
03:08 Les épreuves de spécialité pour les élèves de terminale se tiendront donc en juin et non plus en mars. Est-ce que pour vous, c'est une avancée, une bonne nouvelle ?
03:16 - C'est une très bonne nouvelle. C'est d'ailleurs quelque chose que nous, au SNES-FSU, on a porté ces derniers mois,
03:21 mais même depuis 3 à 4 ans, et la mise en place de la réforme du bac. On savait très bien et on l'a vu que des épreuves au mois de mars,
03:28 c'était des épreuves qui arrivaient bien trop tôt. On s'est battu, on s'est mobilisé, on est encore intervenu ces dernières semaines auprès du ministère.
03:34 On a eu gain de cause. Ça montre aussi qu'on est capable de gagner des choses en tant qu'organisation syndicale,
03:39 mais ça montre aussi que Gabriel Attal aura tout intérêt à nous écouter, à nous écouter rapidement, plutôt que de laisser passer plusieurs années,
03:47 comme ça a été le cas sur le baccalauréat, quand Jean-Michel Blanquer s'est entêté au risque de sacrifier plusieurs générations d'élèves.
03:54 Justement, Gabriel Attal a fait sa première rentrée comme ministre de l'Éducation nationale,
03:59 mais on sent malgré tout la mainmise du président de la République sur ce dossier, celle d'Emmanuel Macron,
04:05 qui affirme d'ailleurs vouloir reprendre la main sur l'éducation. Qui est votre interlocuteur, finalement ?
04:11 C'est une excellente question à laquelle même nous, on a parfois du mal à répondre.
04:16 Notre interlocuteur direct est bien évidemment Gabriel Attal et son entourage, son cabinet.
04:21 Mais c'est vrai qu'en 10 jours, on a eu trois prises de parole présidentielles, trois prises de position présidentielle,
04:26 qui sont venues percuter l'agenda ministériel, au point qu'on se demande s'il n'y a pas un remaniement qui nous avait échappé,
04:32 et si on n'avait pas un nouveau ministre de l'Éducation nationale en la personne d'Emmanuel Macron,
04:36 en tout cas un super ministre de l'Éducation nationale. C'est vrai que ça suscite des tensions, ça suscite des questions.
04:42 Il va falloir très rapidement mettre les choses à plat, sinon ça ne va pas faciliter la vie dans l'Éducation nationale.
04:48 Vous ne l'abordez pas sereinement, cette rentrée, vous, personnellement ?
04:53 À titre personnel, vendredi, j'étais très contente de retrouver mes collègues.
04:57 Là, je suis très contente de retrouver mes élèves, de découvrir mes classes cette semaine,
05:01 parce que c'est quand même le cœur de mon métier, et c'est enseigné, et j'aime ça.
05:05 Mais c'est vrai que ça se fait dans un contexte qui est assez pesant, avec des incertitudes,
05:09 et ça suscite aussi beaucoup d'amertume et beaucoup de colère.
05:14 Ce qui participe à ce contexte pesant, justement, sur le plan médiatique, en tout cas, c'est la polémique autour de la baïa,
05:20 du nom de cette longue tunique, c'est ce qui a dominé cette rentrée.
05:24 Donc la baïa qui est désormais interdite à l'école. Quel regard vous portez sur cette décision ?
05:29 D'abord, il faut être très clair. La baïa n'est pas le problème principal de cette rentrée.
05:33 Le problème principal de cette rentrée, c'est le manque de profs, et ce sont les effectifs dans les classes.
05:38 Il y a pu y avoir dans certains établissements des questions, ça a pu être un sujet parfois un peu pesant,
05:44 il ne faut pas le surestimer, il ne faut pas le sous-estimer, mais en tout cas, nous ce qu'on a constaté,
05:48 c'est qu'à chaque fois que cette question s'est posée avec une dimension de prosélytisme religieux,
05:53 ça s'est résolu par le dialogue.
05:55 Et là, la crainte qu'on peut avoir, c'est que tout l'emballement médiatique et politique du moment,
06:01 finalement, ravive des tensions, finalement, nous amène peut-être plus de problèmes qu'autre chose,
06:08 et c'est vrai que ce qui se passe depuis ce matin avec un emballement autour de savoir s'il y a oui ou non
06:13 des jeunes filles qui sont en baïa ce matin, on craint que ça ait un effet contre-productif,
06:19 alors que par le dialogue, je le répète, on arrive à faire vivre la laïcité au quotidien.
06:24 Sophie Véné-Titté, enseignante secrétaire générale du SNES et FSU, merci beaucoup.

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