Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 30/06/2023

Pillages, incendies, tirs de mortiers d'artifice, Paris et sa banlieue, tout comme d'autres villes en France, ont été en proie jeudi à une nouvelle nuit de violences après la mort mardi à Nanterre de Nahel, tué par un policier qui a été mis en examen et écroué pour homicide volontaire. Les dernières informations vendredi à 8 heures.
Retrouvez "Europe 1 Matin" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-6-9

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 - Le journal de 8h sur Europe 1, Fanny Marceau. Bonjour Fanny.
00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous. Le réveil est brutal.
00:06 Et encore, vous n'avez peut-être pas fermé l'œil de la nuit.
00:09 Partout, des explosions, des incendies, des dégradations, pillages et affrontements avec les forces de l'ordre.
00:14 40 000 policiers et gendarmes mobilisés, 667 interpellations.
00:19 La France s'est enfoncée davantage dans le chaos cette nuit.
00:22 Toute la rédaction d'Europe 1 est mobilisée ce matin pour constater les dégâts.
00:26 Direction d'abord Nanterre, l'épicentre des violences
00:29 où vous vous trouvez pour Europe 1 Geoffrey Branger.
00:31 Nanterre a semblé brûlée de toutes parts cette nuit.
00:34 - Oui, des bâtiments incendiés, des mobiliers urbains détruits, des voitures calcinées.
00:38 Ce matin, Nanterre a fait le bilan des dégâts.
00:41 Entre tristesse et colère, Marie Bouleverset vit ici depuis plus de 20 ans.
00:45 - Là, on voit un quartier complètement ravagé par la racaille.
00:53 Moi, je pense aux pauvres commerçants, aux innocents qui n'ont rien demandé, qui n'ont rien fait.
00:58 Qui retrouvent leurs voitures complètement calcinées. Je trouve ça dégueulasse.
01:04 Myriam travaille dans un hôtel qui donne sur l'est-planète de Charles de Gaulle
01:07 où les dégradations sont particulièrement importantes.
01:10 Elle ne comprend pas comment la situation a pu dégénérer à ce point.
01:13 - Désolation complète et choquée.
01:16 Le crédit mutuel, pourquoi ils ont été saccagés le crédit mutuel ?
01:19 Il y a des gens qui habitent là.
01:21 Ils attendent quoi, d'avoir des morts aussi ?
01:23 C'est triste ce qui s'est passé. C'est pas pardonnable. Il y a des gens quand même.
01:27 - Là, je suis dans le centre-ville de Nanterre.
01:29 Mais si on s'éloigne un peu, c'est à peu près la même situation.
01:32 Tous les incendies sont désormais éteints.
01:35 - Geoffrey Branger en direct de Nanterre.
01:37 Dimitri Vernet, vous êtes avec nous.
01:39 Ces scènes d'émeute d'une violence inouïe, on les a vues partout dans le pays.
01:43 - Oui, à commencer par la région parisienne, théâtre d'une violence inouïe cette nuit.
01:47 Haute Seine, Essonne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d'Oise.
01:50 Bref, c'est simple.
01:51 Tous les départements ont été touchés par ces affrontements
01:53 entre les forces de l'ordre et les émeutiers qui ont duré parfois jusqu'à 5h du matin.
01:57 Une violence qui ne s'est clairement pas cantonnée à l'île de France.
02:02 La situation a été ultra tendue sur l'ensemble du territoire
02:05 avec le même scénario à chaque fois.
02:08 Des individus très jeunes qui ciblent la police avec des mortiers d'artifice
02:11 ou encore cocktails Molotov saccageant tout sur leur passage.
02:14 Les commissariats, mairies, médiathèques et même les écoles.
02:17 C'est le cas près de Lyon, à Villeurbanne.
02:19 - Ne touchez pas à mes corps !
02:23 "Ne touchez pas à l'école" crie désespérément cette femme.
02:26 Des scènes de violence surréaliste à répétition
02:29 qui ont même permis à certains quartiers de se réunir
02:31 pour cambrioler, piller des magasins comme ce Lidl près de Nantes.
02:34 Pire, parfois, ce sont des habitations qui ont été touchées.
02:42 À Mazières-les-Messes en Moselle par exemple
02:45 où les bruits de mortiers ont laissé place aux pleurs des enfants choqués.
02:51 - Ça fait froid dans le dos, merci Dimitri Vernet.
02:54 - Oui, on a poussé de fièvre dans tout le pays.
02:56 On prend maintenant la direction de Marseille.
02:58 - Avec Stéphane Burgatte, correspondant d'Europe 1 dans la cité phocéenne.
03:01 Stéphane, sur le Vieux-Port, on constate les dégâts aussi ce matin.
03:04 - Oui, avec là aussi de nombreuses poubelles brûlées,
03:06 des abribus brisés, plusieurs boutiques également prises pour cibles,
03:11 voire même pillées, téléphonie mobile, maroquinerie, chaussures, superettes
03:15 ou encore, écoutez, ces burealistes qui constatent les dégâts ce matin.
03:19 - Allez, rentrez.
03:21 - On a pu rien, ils ont tout cassé.
03:23 Ils ont pris des cartouches, des cigarettes, tous les jeux de la FDJ,
03:27 les fonds de caisse d'argent.
03:29 Surtout dans les 50 000 euros quand même.
03:31 Et après l'enseigne, ils m'ont cassé l'enseigne, la télévision.
03:34 Vous le voyez, vous êtes à l'œil nu, vous voyez qu'il y a tout par terre.
03:37 Tout est cassé, les tiroirs sont vides.
03:39 Voilà, on est dévasté.
03:40 J'ai pas de mots, je sais même pas comment je vais me relever.
03:43 Je sais pas combien de temps je vais rester fermée.
03:44 Je comprends pas, je comprends pas comment on peut s'en prendre à nous.
03:47 - Voilà, et la façade également de la grande bibliothèque de l'Alcazar
03:50 a été prise pour cible, protégée ce matin par de grandes planches.
03:53 Tout est parti d'une manifestation en face à la préfecture en début de soirée
03:57 et des affrontements qui se sont poursuivis jusque tard dans la nuit
03:59 entre des groupes de jeunes très mobiles et les forces de l'ordre
04:02 avec l'appui du RAID et le bilan ce matin
04:04 et de 13 policiers blessés au total pour 56 interpellations.
04:08 - Stéphane Burigat en direct de Marseille.
04:10 En file dans le nord, Maximilien Carlier, vous êtes à Roubaix
04:13 où une entreprise a été incendiée.
04:16 - Effectivement, on voit toujours des flammes au troisième étage de ce bâtiment
04:19 complètement calciné, il ne reste que la structure finalement.
04:22 C'est le siège de Tessy, prestataire de service pour les entreprises.
04:26 Il y a d'ailleurs des chèques qui volent en pleine rue ou bien qu'on retrouve au sol.
04:30 Là, les salariés sont en train de vider le rez-de-chaussée,
04:33 enfin ce qu'il reste à l'intérieur, chaise, ordinateur.
04:36 Juste à côté, il y a des petits groupes de jeunes vêtus de noir qui se forment.
04:39 Karine, la responsable de Tessy, les observe inquiètes.
04:43 - Maintenant, on voit de plus en plus de regroupements de jeunes.
04:46 Certains, on pense qu'ils ont fait partie des méfaits de cette nuit.
04:50 Ils sont en train de nous narguer, je pense.
04:52 - Ça vous fait quoi ?
04:53 - Peur. Peur pour moi, pour les collaborateurs.
04:56 Non, c'est l'enfer. Franchement, on vit un truc de dingue là.
04:59 C'est horrible. Horrible.
05:01 - Et maintenant, on craint d'être pillés, ajoute-t-elle.
05:03 Près de 550 personnes vont se retrouver sur le carreau
05:06 ici pour se rendre dans ce quartier à Roubaix.
05:09 Il faut slalomer entre les carcasses de voitures encore fumantes
05:12 et les poubelles couchées totalement cassinées.
05:14 - Maximilien Carlier, on va à Strasbourg retrouver la correspondante d'Europe 1,
05:18 Mélina Fachin. Consternation et indignation ce matin aussi de votre côté
05:23 devant la mairie du quartier de Neuf,
05:25 bâtiment public visé par les casseurs
05:27 et dans lequel vous avez pu entrer tôt ce matin.
05:29 - Oui, effectivement, j'ai pu constater les dégâts à l'intérieur
05:32 de cette petite maison à colombage.
05:34 On comprend que les émeutiers sont entrés par une fenêtre,
05:36 ont mis le feu, renversé des tables, des chaises, volé des ordinateurs.
05:40 L'odeur de brûlé est encore très forte.
05:43 Ce riverain était là hier soir aux environs de 20h
05:45 et il dit avoir vu une vingtaine de personnes saccager cette mairie de quartier.
05:49 - Ils ont explosé, ils ont tout cassé en fait.
05:51 C'était vraiment cassé pour casser.
05:52 C'était vraiment, ils ont éclaté, ils les ont volés avec des pieds de biche.
05:56 Ils avaient des bidons d'essence carrément.
05:57 Ils promenaient avec des bidons d'essence de 10 litres.
05:59 C'était assez impressionnant.
06:00 On aurait cru qu'on était à la guerre sans être à la guerre.
06:03 Regardez, tout est détruit.
06:04 Les trams sont détruits, les arrêts de bus sont détruits, tout est détruit.
06:07 C'est mal au radic.
06:08 Les éboueurs ramassent en ce moment les débris un peu partout autour de moi.
06:11 On ne sait pas encore quelle est l'ampleur exacte des dégâts ici à Strasbourg
06:15 mais plusieurs quartiers ont été visés,
06:17 notamment deux collèges à Cronenbourg et a priori à Hautepierre.
06:21 - Merci beaucoup Mélina Fachin en direct de Strasbourg.
06:24 - On vous écoute à Europe un matin, il est 8h08.
06:26 - La France qui brûlait, le sentiment que par endroit,
06:29 la police malgré les effectifs pléthoriques déployés sur le terrain,
06:32 le sentiment que la police a été dépassée.
06:35 Le gouvernement maintenant, que dit-il ?
06:37 Bonjour Louis Dragnel.
06:38 - Bonjour, bonjour à tous.
06:40 - Chef du service politique d'Europe 1, Louis,
06:41 comment l'exécutif réagit-il ce matin à ces émeutes ?
06:44 - Alors déjà que ce soit au ministère de l'Intérieur ou à l'Elysée,
06:47 il y a un véritable effet de sidération à tous les étages.
06:50 Une situation jugée hors de contrôle à certains endroits.
06:53 Le bilan est jugé plus grave qu'au moment des émeutes de 2005,
06:56 avec quand même quelques différences.
06:58 Des groupes mobiles très jeunes, des gangs extrêmement violents,
07:01 pas une grande ville n'a été épargnée,
07:03 à tel point que Gérald Darmanin est intervenu personnellement
07:06 pour exfiltrer des mères menacées dans la nuit.
07:09 En dépit du record d'interpellation, 667 personnes,
07:12 à l'Elysée, on estime que la situation durera au minimum entre 3 et 5 jours.
07:17 - Emmanuel Macron est à Bruxelles pour un conseil européen,
07:20 déplacement que le chef de l'État va écourter,
07:23 retour à Paris à 13h pour présider une nouvelle cellule interministérielle de crise.
07:27 Louis, concrètement, que peut faire le gouvernement ?
07:29 - Alors je peux vous dire que les téléphones chauffent
07:31 entre le ministère de l'Intérieur et l'Elysée.
07:34 Rien n'est encore arbitré, il y a des notes qui sont en train d'être préparées.
07:38 Et clairement, à moyen terme, la mise en place de l'état d'urgence est envisagée,
07:42 même s'il ne réglera pas tout, c'est surtout politique.
07:45 Ensuite, Emmanuel Macron devrait inciter le plus de mères possibles
07:48 à mettre en place des couvre-feu.
07:50 L'enjeu, c'est aussi la capacité pour les forces de l'ordre à durer dans le temps.
07:54 L'ensemble des réservistes de la gendarmerie et de la police
07:57 devraient être annoncés par le président.
07:59 Pour terminer, à l'Elysée, on considère qu'il est fondamental
08:02 que le président affiche la force de l'état pour montrer aux Français
08:05 que désormais, c'est la fermeté qui doit primer.
08:08 - Louis Dragnel, chef du service politique d'Europe 1.
08:11 - Merci Fanny Marceau, et on retient cette information que vous nous donnez.
08:14 Louis Dragnel, le décret du couvre-feu est désormais envisagé.
08:17 Tiens, juste pour comparer, en 2005, en trois semaines des meutes,
08:21 il y avait eu 3000 interpellations, 667, rien que cette nuit.
08:25 8h10 sur Europe 1, justement on va continuer à parler de cette situation exceptionnelle

Recommandations